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 on my wings (casper)

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Nur Al Shaikhly

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MessageSujet: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyJeu 31 Mai - 12:39


Faut pas croire que ça soit si facile de s’amuser avec un canon. Déjà on n’en croise pas tous les jours et puis quand on fuit comme la peste les soirées korpo (la faute à Artie), ça n’aide pas. Ça sans parler de l’emploi du temps de merde qu’on a. Heureusement, il y a ce qu’on appelle le wingmate impertinent et ces appli indécentes. Deux options toujours en test faut bien l’avouer.
D’un côté, je n’en reviens toujours pas que ma mère ait mis son nez dans mes vieilles amitiés. De l’autre, ça a dû l’inquiéter que je repasse plus souvent à la maison, donc elle a saisi l’occasion. Elle peut pas s’en empêcher de toute façon. Heureusement que mon père sait retenir ses ardeurs sinon je serai déjà mariée au petit-fils de machin et blablabla. En revanche, revoir Casper, ça a vraiment été sympa. Ça remontait à quand la toute dernière fois ? On avait 16-17 ans ? À se faire chier comme des rats morts dans une de ces soirées trop mondaines pour des adolescents. Remarque, il pouvait déjà donner le change face aux vieux richoux en s’embarquant dans des tirades ennuyeuses. J’préférais esquiver et au moins essayer de faire le mur malgré les chaperons.

Mais ce soir, comme l’autre soir, pas de chaperons. Juste du temps pour s’amuser, et des gens à attraper. Enfin, personnellement je ne suis pas convaincue qu’on puisse faire ça correctement dans un stripclub peu importe son standing. J’espère que mes stan smith passeront. Au pire j’remonterais ma robe rouge cintrée pour laisser un peu plus de place aux bas. Mais de toute façon vu la concurrence sur la scène, il y a peu d’intérêt à s’prendre la tête pour ça, regarder à côté d’soi ne doit pas être une priorité dans c’genre de lieux. Enfin, à tester aussi.
Les petits yeux insolents de Monsieur-je-sais-tout m’accueillent. Une tête-à-claques depuis sa naissance j’suis sûre, mais il a bien grandi depuis, ça c’est une autre certitude. Merci pour la serviette. J’me dépêche. C’est toujours ma hantise d’avoir l’odeur de l’hôpital scotchée à la peau. Je ne prends même pas le temps de fureter dans son appart’, il y aurait probablement plein de choses à regarder pour percer les mystères de Casper. J’pourrais peut-être après, qui sait… Au fait, la photo de profil que tu as prise l’autre fois, elle fonctionne bien !, que je lance à travers la porte de la salle de bain en me déshabillant. J’pourrais faire un blog sur tinder tellement c’est drôle. C’est très égocentrique, nos caprices de gamins gâtés, mais on est censés avoir l’habitude tous les deux. Peu importe qu’il m’accompagne, adhère ou non dans mes nouveaux travers, j’ai décidé la semaine dernière de passer à la vitesse supérieure. Sans direction définie, ça ne peut que bien se finir de toute façon. Ça sonne presque comme une crise d’ado alors que je n’ai même pas encore totalement atteint l’âge adulte. En dehors des études et de l’hôpital, je ne crois pas être très réputée pour ma maturité de toute façon. Et puis j’ai un nouveau credo auquel je dois me tenir. J’m’en fous. De ce qui peut arriver. De tout. J’entrouve la porte pour laisser ma tête dépasser dans l’entrebâillement, juste avant que je ne file sous la douche. Et ne crois pas que tu ne me diras pas à qui tu envoies des dickpic à un moment ou à un autre. Grand sourire et je disparais. Une dizaine de minutes plus tard, cheveux essorés et enroulée dans la fameuse serviette, j’sors à la recherche d’un sèche-cheveux, plutôt convaincue qu’il n’en aura pas. Mais sait-on jamais. Au fait, pourquoi un stripclub ? C’est pas là où j’penserais aller en premier pour ce qu’on a prévu mais… si il y a à boire, ça m’va. Je hausse une épaule désinvolte, mais espérant tout de même que je pourrais trouver quelque chose de plus fort que de simples cocktails.
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Casper Pryce

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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyLun 11 Juin - 20:45

Vingt piges dans le salon familial, les mains croisées dans le dos à attendre la fin de la soirée, regard happé par la jolie ado à l’autre bout de la pièce. Vingt piges et le cœur qui claque un peu vite au rythme des congratulations dont on le gratifie pour quelque chose qui lui semble anodin, un doctorat en poche et un brillant avenir devant lui. Vingt printemps, il s’en fiche un peu de ces vieux riches qui parlent d’un passé qu’on ne connaîtra plus jamais, alors il va s’adosser au mur à côté de la jeune-fille. C’est comme s’il y avait un magnétisme naturel, entre eux, une alchimie indescriptible, à se comprendre sans se parler, les yeux au plafond pour dénigrer la foule honteusement riche au milieu de laquelle ils nagent. Et puis plus rien, l’oubli, l’éloignement des parents et de leur cercle d’amis, la vie de prof tellement banale et la coke dans les chiottes du bahut, la descente aux enfers avec un sourire jusqu’aux oreilles pour faire croire que tout va bien. Se faire croire, y a pas meilleur acteur que celui qui endosse son rôle au point d’oublier ce qu’il est réellement. Ça l’aide, faut croire, à garder des amis et à s’en faire d’autres. Ça l’aide et il y a un bout de lui qui pense que si Nur l’a recontacté, c’est parce qu’elle avait gardé le souvenir du garçon qui sourit aux étoiles et ne se prend pas au sérieux. Alors le nez dans le téléphone, il lui écrit, l’invite à sortir quelque part pour se défouler, une énième soirée après les quelques unes qu’ils ont enchainées ces derniers temps. L’envie de claquer le fric qu’ils ont dans la démesure, de se vautrer dans le vice, Casper enfin heureux d’avoir trouvé une compagne de jeu. Et quelle compagne. Elle creuse les fossettes dans ses joues lorsqu’il lit ses réponses, honteux que ça ait commencé avec une photo de bite avortée mais ravi de la tournure que prennent les évènements. Ce soir, il n’a rien prévu, pas plus que d’habitude. Il n’est pas du genre à faire des plans longtemps à l’avance, préfère laisser une place à l’imprévu, surtout quand il s’appelle Nur et qu’il est d’accord pour une nouvelle escapade nocturne.
Son poison du soir, c’est l’héro. Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas touché, à vrai dire, peut-être parce que Nova lui avait dit un jour que ça le foutrait par terre et qu’il savait pertinemment qu’elle avait raison, ou peut-être aussi parce qu’il s’était aperçu que la drogue était un puits sans fond pour ses finances et qu’il risquait de ne plus avoir de quoi se payer à bouffer s’il continuait de consommer autant. Il ne sait pas pourquoi il a cherché à en racheter, pourquoi il a réussi, pourquoi il en a besoin après tellement d’années à ne pas se piquer. Faut croire qu’ils avaient raison, ses potes de jeunesse, les mauvaises fréquentations qui l’avaient contaminé. Une fois que le fruit moisi est dans le panier, il n’y a aucun moyen d’éviter la propagation, c’est comme tenter de sauver une jambe alors que la chair est putréfiée. Sonnette. Il range son matos dans le tiroir de sa table de chevet, se précipite à la porte et enfile son plus beau sourire pour accueillir Nur.

Belle, comme toujours. Ça attire son regard vers le bas, juste une seconde le temps d’apercevoir son décolleté avant qu’elle ne file sous la douche en s’adressant à lui d’un ton goguenard. Il mentirait s’il disait qu’il n’y a pas un bout de lui qui a envie de la sauter. Faut toujours qu’il foute tout en l’air de toute façon, avec tous les gens qui lui plaisent, incapable de contrôler l’impulsion pavlovienne qui consiste à se foutre à poil devant des formes agréables. Et pas que des formes. Si c’était seulement ça, ça serait tellement plus simple, s’il n’y avait que l’attirance physique, le désir bestial, s’il n’était pas excité à la seule idée de pouvoir tenir une conversation intéressante avec quelqu’un. Passer une nuit sur un toit. Faut pas penser à Eoin maintenant, même s’il ne faut pas penser à ça non plus. Même s’il sait pertinemment qu’elle est en train de se foutre à poil à quelques mètres de lui. « Ce n’est pas la photo qui fonctionne, Nur. C’est toi. » C’est vrai et elle doit sûrement en être consciente, au fond. Il voit bien qu’elle attire les regards des hommes, qu’elle sait jouer de ses charmes et qu’elle a raison de le faire. Les mecs ne se gênent pas, eux, pour traiter toutes les filles comme des bouts de viande. « File te laver au lieu de parler de ma queue », énorme sourire sur les lèvres alors qu’il s’assied sur un fauteuil du salon qui donne juste sur la porte de la salle de bain. Ça ne devrait pas être si drôle, en fait, c’est même plutôt pitoyable. Tout porte à croire qu’il fréquente Eoin et pourtant, il continue d’envoyer des photos de ce genre à d’autres types. Pas aux nanas, évidemment, elles n’aiment pas ça et il le sait, c’est peut-être pour ça qu’il continue de plaire autant même s’il agit comme un mec marié depuis quelques semaines. Il attrape son téléphone, balaie l’écran pour relire les quelques textos échangés avec son révolutionnaire depuis la fameuse soirée sur le toit et les nombreux moments qui ont suivi, à s’échanger des baisers comme des vierges effarouchées. C’est à peine s’il entend Nur sortir de la salle de bain. Il lève les yeux lorsqu’elle s’adresse à lui, échappe un rire. « On n’est pas obligé. Vraiment. On peut même rester boire ici si tu veux. Je n’avais pas envie d’être seul, c’est tout. » Seul dans une coloc’, ça paraît sordide. Mais faut croire que quand l’attention n’est pas portée sur lui, il se sent complètement dépossédé d’amis. Pauvre petite bête de foire. « Tu cherches quoi ? » Il se lève, entre dans la salle de bain encore embuée et attrape une caisse posée en hauteur sur le meuble à côté du miroir. Un rangement pour chacun, fallait bien qu’ils trouvent un moyen de s’organiser à cinq. C’est tout ce qu’il leur est venu à l’esprit, faut croire. « Si tu veux des affaires de fille, il doit y avoir le nécessaire là-dedans. C’est à Nova, tu peux te servir. » Il n’aurait même pas osé songer à prendre la caisse de Juno, faut dire. Si c’est pour se faire trucider après, y a d’autres moyens plus efficaces. « Je te sers un verre ? » Et c’est plus qu’une invitation, en réalité. C’est un moyen de l’inciter à s’évader, de lui demander de lui accorder ça, juste ça, plus que l’héro, la coke, l’herbe, plus que tout ce qu’il pourrait prendre pour planer un peu. Ce dont il a vraiment besoin, c’est d’une amie.


Dernière édition par Casper Pryce le Jeu 9 Aoû - 23:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyMer 18 Juil - 21:52


Ce n’est pas la photo qui fonctionne, Nur. C’est toi. J’ricane, planquée dans sa salle de bain, mais ça fait du bien à l’égo. Que ça fonctionne et qu’il ait raison. J’sais pas pourquoi j’avais oublié. File te laver au lieu de parler de ma queue. Là, le rire est franc quand il transperce ma gorge. Ça faisait longtemps. ça fait du bien. De toute façon, depuis qu’on se retrouve de temps en temps pour s’amuser, j’me sens mieux. Tête et corps plus léger en sa présence. Dommage qu’il ne soit pas chirurgien cardiaque, il aurait peut-être pu aussi s’occuper des dysfonctions en place de ce côté-là. On peut parler d’autres queues si tu préfères… Ou de tes fesses si c’est ce que tu veux ?! L’eau de la douche fait couler les autres idioties que j’avais en stock, digne d’une gamine de douze ans. Et par la même occasion, toutes les tensions accumulées dans la journée finissent au fond du syphon. Mais j’me laisse pas le temps de traîner dans la douche, à gaspiller son eau. J’ai même rarement été aussi rapide. C’est juste que sa proposition m’intrigue beaucoup trop pour passer à côté.
On n’est pas obligé. Vraiment. On peut même rester boire ici si tu veux. Je n’avais pas envie d’être seul, c’est tout. Ah non non on sort ! Parce qu’en fait, si je me laisse tomber sur ton canap’, j’me relève pas avant demain. La sensation fichée dans les muscles d’être au bout du rouleau, mais savoir en même temps qu’on peut continuer tant qu’on ne s’arrête pas. Fourmis dans les cuisses, c’est presque de l’obstination que de rester debout pour voir jusqu’où le corps peut tenir. C’est le rodéo dans lequel je me suis lancée en commençant médecine -comme à peu près tous mes camarades de fac. Et je n’ai jamais été dans un stripclub, alors je veux voir ça..., que j’avoue sans honte, sourire carnassier glissant sur mes lèvres. Mais derrière tout ça, j’suis incapable d’avouer ce pourquoi j’suis là moi aussi comme il vient de le faire si simplement. Je n’avais pas envie d’être seul ce soir, c’est tout. J’l’ai admis dans mes disputes avec Artie, mais avec Casper, alors qu’on renoue seulement, j’ai pas envie de montrer que je supporte pas la solitude et que j’ai besoin d’un minimum de complicité. J’montre pas totalement combien j’suis contente qu’il soit là, d’être là. Heureusement qu’il est là.
Le sèche-cheveux en main, dégoté dans les affaires de la dite-Nova, j’lui laisse entendre que rencontrer ses coloc’ un de ces quatre ne me dérangerait pas, au contraire. Si jamais il faut que je me trouve une nouvelle coloc’... ça peut être mon radeau de sauvetage ici. Hors de question de retourner définitivement chez les parents et avec Reza. Je garde pour moi ma petite réflexion. Mon verre aurait dû être servi et prêt pour ma sortie de douche, voyons ! Comportement mimé de ces petites bourges qu’on dénigrait à notre adolescence. J’veux bien. N’importe quoi avec de la vodka. Et le temps qu’il prépare, je me retourne dos à lui, échange rapidement sa serviette de bain contre ma robe sans pudeur, trop habituée à se changer en public dans les vestiaires de l’hôpital. C’est vite fait pour que je puisse me concentrer sur l’ultime petite mission que je peux espérer accomplir dans le peu de temps que j’aurais à profiter d’être ici : fouiller dans les affaires de Casper. Parce que 1. Même si ce n’est plus la première sortie qu’on se prépare à faire ensemble, il ne m’a pas encore tout dit. Et il ne me racontera pas forcément les choses avec facilité. Parce que 2. Y a toujours une petite part de lui inaccessible, bien cachée derrière son esprit affûté. C’est une sorte de bouclier. Ça doit lui faciliter la vie autant que la lui compliquer. Distance lunaire difficilement perceptible à ceux qui ne regardent pas vraiment les gens. Ça participe à son charisme. Ça compose sa gravité et influence les approches.
Alors je passe direct par la case zieutage entre les étagères, dans les tiroirs… J’ai failli demander “elle est où ta chambre ?” pour pousser le vice, mais je me suis ravisée. Rester sage. Pas de quiproquo. Pas les mêmes erreurs encore et encore. Bon alors ce soir… vu que tu l’as proposé si gentiment, on fait ce que tu veux, je te suis., que j’annonce distraitement mais impatiente parce que tout est trop rangé. Y a rien de compromettant à se mettre sous la dent. J’vais finir par être déçue. Amuse me., que je lui reproche presque d'une oeillade boudeuse comme si il pouvait lire dans mes intentions. Mais il nous faut des règles. La voix exigeante se pose, rapidement rattrapée par le sourire goguenard de l’enfant intrépide qui échappait au garde du corps de ses parents. No kicking, no biting and no rabbit punches., que j’ajoute, grands yeux hissés vers les siens avec ce mélange ingénu d’innocence et de défi. J’imagine déjà la scène au club où il dira le mot de trop avec son flegme d’arrogant. L’autre se sentira trop con (certainement parce qu’il l’est) et prendra la mouche. Escalade vite arrivée, j’suis pas sûre de pouvoir parier sur lui en cas de bagarre et on sera peut-être tous mis à la porte, mais j’suis plus à ça près niveau péripéties nocturnes. Oh laisse-moi me maquiller un peu et j’suis prête. Un peu de mascara, de rouge sur les lèvres, pas besoin d’en faire plus vue les lumières en scène ce soir. Est-ce que des mecs feront du striptease aussi ? Ça risque de me dégouter mais ça peut être drôle à regarder. Si ça se trouve les mecs peuvent être souples quand ils veulent... T’aurais pas un peu plus fort que de la vodka d’ailleurs ? … Parce que tu m’as prise au dépourvu ce soir, j’ai rien sur moi en extra... Et je rappelle la règle numéro 1 de tout ça : s’amuser. Alors quand je quitte le miroir pour revenir vers Casper pour choper mon verre, j’essaye de me promettre de n’insister qu’une dernière fois. À qui tu as envoyé cette photo ?. Nope. Finalement je ne lâcherais pas l’affaire. Allez raconte-moi et je serais sage. Croix de bois croix de fer, si je mens tu vas en enfer sans me distraire.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyVen 10 Aoû - 0:19

Tout est un peu trop calme. Peut-être que c’est juste un climat qui ne va pas à Casper, au fond, lui qui aime un peu trop quand ça s’agite, quand les assiette volent, quand l’ambiance s’électrise, lui qui dévaste tout ce qui peut croiser son chemin avec l’inébranlable détermination d’un fauteur de trouble, rompu à l’exercice après trop d’années passées sous le même toit que Juno. Électrique. Il regarde Nur et y a un hémisphère de son cerveau qui dérive un peu, flotte en indépendance, l’étendard de la luxure au fond des pupilles quand il repense aux jeunes adultes qu’ils étaient, dans l’ambiance enfumée d’un salon rempli du gratin de Savannah, le verbe encore trop jeune mais suffisamment mûr pour sucrer leur échange. De la vodka, l’adolescente est devenue adulte comme une chrysalide fendue en papillon, y a rien d’éphémère dans la débauche qu’elle camoufle habilement avec de la politesse. Comme on leur a appris à eux, les gamins de la haute, ceux qui n’ont jamais connu la misère, le besoin, ceux pour qui manger n’a jamais été un luxe, ceux pour qui s’affamer a souvent été une mode. De la vodka, il obtempère, va fureter jusqu’à la cuisine pour dénicher deux verres à liqueur et une bouteille qu’il ramène aussitôt au salon. Nur est encore dans la salle de bain et il l’entend parler, n’écoute pas vraiment. De façon surprenante, parce que d’habitude il se préoccupe de ce que ses amis peuvent dire, penser, mais que les mots de sa partenaire sonnent en écho entre les quatre murs de son crâne. No kicking, no biting et quoi déjà ? Il est sûr qu’elle tire ça de quelque part, aucun moyen de savoir d’où. Dur de remiser l’image de l’intellectuel qui passe le plus clair de son temps entre les vieux films VHS qui tournent en boucle sur sa télé cathodique et ses vieux livres qui prennent la poussière sous les sachets de cocaïne. Est-ce qu’elle l’aimerait autant si elle savait qu’il a un cœur en poudre, Nur ? Est-ce qu’elle serait seulement là, à se maquiller dans sa salle de bain en faisant des plans pour leur future soirée. Si elle savait. Si elle savait que les extras, c’est tout ce qu’il a, qu’il peut sûrement la fournir suffisamment pour qu’elle clamse de trente overdoses, qu’il ne saurait même pas la réveiller si ça devait arriver parce qu’il n’a jamais été du genre à réfléchir aux conséquences, flambeur de l’instant. Le bout des pieds sur des braises ardentes, il attend qu’elle arrête sa course à côté de lui et s’empare du shooter de vodka, pour le saisir au même moment et faire doucement s’entrechoquer les deux verres. « J’ai pas mal de choses beaucoup plus fortes que la vodka, tu sais. » Beaucoup, elle n’est pas prête. Beaucoup trop. Le petit génie au crâne tout bousillé, ça fait des étoiles quand il ose l’évoquer, des bouts d’étincelle dans le cœur, incendie de forêt. « Viens », il dit quand Nur redemande à qui était destinée la photo litigieuse. Il ne sait pas trop si c’est la honte qui parle mais il ne confiera rien tant qu’ils seront au milieu du salon. Pas avec quatre colocataires qui risquent de débarquer d’un moment à l’autre. Lorsqu’ils sont enfin dans sa chambre, il ferme délicatement la porte, appuie ses fesses contre son bureau. Attrape nonchalamment une bouteille de whisky qui traine entre deux copies, pas sûr qu’elle ait sa place ici s’il veut passer pour quelqu’un de respectable. Nur le connaît. Elle sait qu’il ne l’est pas. Son verre servi, il avance le goulot vers le shooter de sa camarade d’infortune pour le remplir à nouveau. « C’était juste un mec d’Internet. Le genre de personne que tu vois une fois et à qui tu ne reparles jamais. » Il ne sait pas, Casper, si Nur connaît les inclinations de son cœur, si elle sait qu’il n’a jamais vraiment pu se décider entre homme et femme et qu’il a finalement choisi de ne jamais le faire, au fond, de ne pas se ranger dans un camp ou l’autre alors qu’il y a tellement de jolis possibles à explorer. « C’était plutôt stupide. » Stupide, ça ne ressemble pas à un génie. Là encore, elle le connaît. Il ne faut pas le pratiquer depuis très longtemps pour savoir qu’il manque parfois de recul et que son jugement peut s’en trouver faussé. Cul-sec, le verre est déjà vide. Le goulot ne tarde pas à se renverser de nouveau dans le verre. « Enfin, je suis content que ça soit toi qui l’aies reçue, au final. » La photo, s’entend. Surtout parce que ça n’a pas marché. Il croit. « C’est vrai que ça n’a pas marché sur ton portable ? » Éclat de rire en fond de gorge, il a de la veine que la seule fois qu’il envoie une dickpic à l’une de ses potes, ça ne fonctionne pas. Il ferme les yeux, pose un instant la paume de sa main contre sa tempe. Vaine tentative de savoir s’il perd totalement la tête ou pas, à parler de photos de sa bite avec Nur. « Tu veux voir l’originale ? » Sourire au coin des lèvres. Il a vraiment perdu la tête.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyMer 22 Aoû - 10:32


J’ai pas mal de choses beaucoup plus fortes que la vodka, tu sais. Alors ? Qu’est-ce que tu attends ? Fais-moi rêver, fais-moi danser, donne-moi de ces paillettes réservées aux adultes pour que mes veines en explosent. Mais mes exigences restent au fond de mes yeux rivés sur lui, comme si je m’attendais à ce que, grâce à son QI de génie, il puisse lire dans mes pensées. Avec l’évolution humaine, rien n’est moins sûre. Si ça se trouve, un jour ça sera possible et ça nous facilitera (ou compliquera) la vie. Hormis à cet instant précis où j’aimerais qu’on extirpe tous les noeuds d’ma cervelle… le reste du temps, vaudrait peut-être mieux pas y avoir accès. Viens. Et docile, je le suis. Parce que je sens bien qu’il pourrait se confier, mais pas dans le salon ? Parfois, Caz me perd et je me demande si il n’a pas un petit délire paranoïaque. Si ça se trouve, il vit l’enfer dans sa coloc’ ?! Qu’est-ce que tu vas me révéler dans ta chambre ? Un complexe narcissique avec un pan entier de placard épinglé de photos de ta bite ? C’est la vodka qui parle. Bien sûr. Aurais-je échoué à le faire rire ? J’vais finir par croire qu’il est devenu sérieux l’garçon. C’était juste un mec d’Internet. Le genre de personne que tu vois une fois et à qui tu ne reparles jamais. J’suis déçue de ne rien voir d’incriminant dans sa chambre. Ça mériterait une fouille plus poussée. Mais non t’inquiète. Vaine tentative de le rassurer, il n’écoute pas. C’était stupide. J’approche de nouveau pour qu’il me resserve un doigt de whisky. C’est sûre que, perso, quand j’envoie des nudes, j’montre pas directement mon clito. Mais c’est un choix. Faut qu’ils galèrent un peu avant quand même, sinon c’est pas drôle. Et au moins ils ont la chance de prouver qu’ils sont doués dès le début. Surtout pas à une fille. Brûlure addictive qui glisse dans la gorge, un petit frisson suit la même pente dans mon dos. Parce que c’est toujours plus… suggestif et sexy entre filles ? Pourquoi on parle de tout ça déjà ? Ah oui, ma faute. Mais ça va devenir gênant si on continue. On avait jamais eu ce genre de conversation avant alors qu’on s’est connu en plein boom hormonal à l’époque. Weird. Disons que c'était juste ta façon de montrer ton désir ? Ou juste comment tu es gaulé ? ... Les théories sur les mecs ? Aussi vieux que le métier de pute je présume. Vous ne faites pas des concours de dickpic quand même ?? Vraie question cachée derrière un rire clair. Faudrait que j’arrête de boire. Ce whisky grimpe bien trop vite à la tête. Il faudrait faire tout un tas de choses, ou ne pas faire tout un tas de choses. Mais je n’ai jamais été très douée pour obéir au bon sens. Et quand j’essaye certains petits cons me compliquent la tâche. Est-ce que ça veut dire que je n’ai pas de raisons de tout lâcher ? Que peu importe les conséquences, il suffira s’en foutre ? Plus facile à dire qu’à assumer. Enfin, je suis content que ça soit toi qui l’aies reçue, au final. C’est vrai que ça n’a pas marché sur ton portable ? Je cogne mon verre contre le sien, tout sourire, perds pas la main. Mais oui j’ai une petite croix rouge. Trop lourde. C’était en 3D ou quoi ? Je me marre à nouveau et cette fois c’est mon épaule qui bouscule son bras. En réalité, il y a peut-être eu une censure naturelle. Tatata. Interdiction. Il ne faut pas. Tu veux voir l’originale ? Et le whisky glisse dans le mauvais tuyau. J’manque de tout recracher et de m’étouffer en même temps. Je ne m’y attendais pas à celle-là, et son sourire me met le doute. C’était une blague ou pas ? Oh mais nan... nan nan. Pas comme ça. Je sais que tu rêves d’une petite branlette sur ce bureau où tu corriges les copies de tes élèves, mais quand même, un peu de respect. Apparemment, c’est en option dans toutes mes amitiés avec les mecs ? J’sais pas, il doit y avoir un défaut dans l’alchimie de mes relations. Je retiens difficilement la colère rancunière qui aurait bien envie de se lâcher encore un peu. Mais c’est pas lui la cible, alors j’sers les dents et lui rend son sourire. C’est pas parce que je suis sur Tinder que, pour toi, voir ta bite va suffire pour m’avoir. Faut bien que je reste sur ma lancée de railleries. Yep on se détourne pas et on fonce en mode rocket. Mes fesses quittent son bureau, direction la porte de sa chambre. Allez ! Tu m’as promis un club de striptease. J’veux baver devant des meufs plus belles et j’veux voir comment l’audience réagit. Expérimentation. J’me vois bien sympathiser avec une danseuse en plus… Mais d’abord. Les yeux noirs fixés sur lui. L’intensité pour cacher le désespoir de vouloir faire taire tout ce qui tourbillonne entre ma tête et mon coeur. J’attends quelque chose de plus fort. Tu tiens tes promesses ou pas, Caz ?
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Casper Pryce

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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptySam 25 Aoû - 19:28

Encens. C’est sombre et ça enivre, le parfum qui se répand dans la chambre comme si on y mettait le feu, une trainée de poudre prête à brûler. Les questions de Nur qui fusent et le sourire de Casper qui ne fléchit pas, toujours au zénith, à se paumer dans le soleil de la voix de son amie, les yeux qui dévient dangereusement vers sa poitrine sans qu’il ne s’en cache vraiment, absolument pas gêné et même un brin excité, une lueur d’envie qui s’allume dans le regard parce que Nur parle et qu’il n’écoute plus vraiment, parce que l’alcool coule un peu trop vite dans ses vaisseaux de sang. Soudain il se sent bête, nerveux de montrer une image de lui beaucoup moins lisse que celle qu’il s’est toujours plu à dévoiler, peut-être parce que Nur n’est pas simplement une erreur de destinataire mais qu’elle est avant tout une amie. Le sourire qui fane et ses yeux qui tombent sur ses chaussettes, il inspire doucement. « Et bien j’aurais pu lui parler de ma passion pour Oscar Wilde ou lui réciter mes citations préférées de Joseph Conrad, mais on savait tous les deux qu’on n’allait pas discuter littérature si on se rencontrait un jour », il murmure dans l’intimité de la chambre, le cœur qui se serre doucement à l’évocation de ses passions solitaires, entre belles lettres et belles bites. Pas de concours de dickpics à l’horizon, plutôt une peur solide à l’idée de laisser entrevoir le quart de sa personnalité torturée. Il se trouve trop intelligent, pas assez. Pas suffisamment pour ne plus penser à rien et se laisser juste guider par son désir, il préfère faire croire qu’il est juste bien monté. Ce qui ne marche pas avec Nur, d’ailleurs, parce qu’elle joue des coudes à côté de lui et qu’il pense un peu trop à la douche d’il y a quelques minutes, à son corps nu à quelques mètres de lui, à la sensation de vertige quand il dirige ses yeux ailleurs que sur son décolleté. Elle manque de s’étouffer à sa proposition, pourtant, et ça le fait rire jaune, ses yeux qui glissent un peu plus loin pour cacher la frustration, gober les émanations d’alcool qui filtrent au travers. Son souffle se perche en l’air, le temps de l’écouter parler, rejeter l’idée avec un peu trop de négations pour que ça lui paraisse honnête. Il y a toujours eu quelque chose, entre eux, trois fois rien mais suffisamment pour que ça ne lui paraisse pas étrange, à lui, l’idée de se foutre à poil et de s’emboiter comme si demain n’existait pas. Il a le teint marmoréen, avec juste une touche de grenat sur les pommettes. « Un seul non aurait suffi », qu’il souffle doucement en plantant son regard dans celui de la brune, les dents qui se serrent en un sourire crispé. Il n’y a pas de question de respect, il pense. Pas quand on a envie de quelque chose et que c’est réciproque, pas quand les règles sont fixées à l’avance. On baise, souvent, on s’embrasse même pas si tu veux, on continue de picoler et de sortir dans des bars un peu glauques, de choper le moindre bout de peau qui passe. Comme si demain n’existait pas. C’est ce qu’il aimerait lui dire, peut-être. Au lieu de ça, il l’écoute parler, retient sa main du bout des doigts quand elle se dirige vers la porte. « C’est par ici. » Ce truc plus fort qu’elle veut, qui l’appelle, cette envie de devenir mauvaise, de laisser ses pires penchants prendre le dessus. Il plie les genoux, attrape la petite pochette cachée sous sa table de nuit, se tourne vers le bureau pour déplier soigneusement le matériel. Junkie. Il ne sait pas si c’est sage de dévoiler tout cela à Nur, de lui montrer la pire facette de lui-même, celle dont il est le moins fier, celle qui le bouffe de l’intérieur, qui menace de ne laisser de lui qu’une enveloppe vide à chaque fois qu’il refait ces gestes mécaniques. Ouvrir le petit sachet, répartir soigneusement la poudre et tracer des rails un peu trop réguliers, juste deux cette fois-ci, sans accorder le moindre regard à Nur. Concentré sur le rituel devenu habitude. Sale habitude. Finalement, il se retourne, lui tend une paille en fer du bout des doigts. « Elle est désinfectée. » Ça ferait mauvais genre, avec un médecin dans la pièce. Et il y a souffle dans sa poitrine parce qu’il frôle la tachycardie à la simple idée de vicier quelqu’un qu’il aime autant, le tabou trop présent, partout autour d’eux, drogue et cul qui se confondent, fêlent des éclats dans leurs regards. Quand elle va pour attraper la paille, il fait un mouvement en arrière, une seconde à peine. « J’ai envie de coucher avec toi. » C’est soufflé doucement, naturellement, sa contenance ne se fait pas la malle alors qu’il délie ses doigts pour glisser la paille dans la paume de Nur. Il a envie depuis longtemps, peut-être depuis qu’il la connaît, au moins depuis qu’ils se sont retrouvés, qu’ils servent d’excuse minable à l’un ou à l’autre pour attraper le regard d’une proie facile. « Ce n’est pas une question de respect, Nur. C’est une question de savoir si tu as envie toi aussi. Et si ce n’est pas le cas, je ne t’en voudrai pas. » C’est juste une question d’honnêteté.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyMar 28 Aoû - 22:26


Un seul non aurait suffi. Aïe, je l’ai vexé. Je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas répliquer et laisser passer. Y a pas que l’égo des mecs qui doit être une priorité dans la vie. Et puis encore une fois, j’devrais m’excuser de prendre un peu plus au sérieux mes amitiés ?! Non. Alors voilà, faut user d’humour pour arrondir les ongles et recentrer les choses, rappeler les promesses et les règles même si elles sont tacites. Fais chier putain. J’en ai marre d’être raisonnable. C’est par ici. Il cède enfin. Mais toujours doucement, comme si il marchait sur des oeufs, presque comme si il voulait me protéger. J’peux le faire si tu veux. J’ai l’habitude et pas que pour ça avec les soirées médecine... C’est dit avec le sourire dans la voix, comme pour le rassurer, mais il est déjà à l’oeuvre, et impossible de ne pas noter qu’il sait faire lui aussi. Les élèves brillants mais pas aussi glorieux que les apparences peuvent le laisser croire, pas vrai ? On a tous nos défauts, nos penchants. Et il a l’air d’avoir l’habitude, mais pourquoi je poserais des questions sur ses sales manies quand c’est ce que je veux aussi ? Elle est désinfectée. Je l’ai regardé procédé presque fascinée, de retour le cul sur son bureau. J’lui souris et tends la main, étrangement fébrile, comme si nos parents allaient débarquer d’une minute à l’autre et nous prendre en flag avec notre bêtise. J’ai envie de coucher avec toi. Il a dit ça doucement mais j’ai pourtant l’impression vient de céder en moi. Le pont qui emmène mon sang jusqu’à mon coeur s’est écroulé sur lui-même, trop surpris et j’ai loupé un battement ou deux. Mes lèvres s’entrouvrent mais se bloquent vite, prises au dépourvu. Ce n’est pas une question de respect, Nur. C’est une question de savoir si tu as envie toi aussi. Et si ce n’est pas le cas, je ne t’en voudrai pas. J’déglutis et cherche au creux de ses yeux si il est bien sérieux. Et quelque part, j’suis déçue et triste, parce que pour lui aussi, j’me résume à un corps, un trou, de quoi vider les frustrations qu’on endure à cause d’autres ou juste parce que c’est facile, j’suis là, accessible, alors ouais, autant y aller, elle prend pas la tête Nur, elle dira pas non pour s’amuser, pour quand ça ne compte pas. Okay, soit. J’peux être cette fille-là après tout. Pas besoin de la partie “amie”. Juste l’occasion d’un corps ondulant, ça suffit. Après tout, c’est que ce que je cherche aussi avec cette putain d’appli. Mais là, c’est encore plus facile du coup. Ouais, moins chiant. On gagne encore des étapes. J’sais pas pourquoi ça m’vient pas aussi facilement en tête. J’suis vraiment conne parfois. Alors mes iris se baladent sur sa silhouette sans s’en cacher. C’est sûr que découvrir Casper autrement, y aurait rien de plus intéressant et… excitant là maintenant. J’regrette même pendant un instant que la photo n’ait pas fonctionnée sur mon téléphone. Et puis, il a raison, j’ai des choses à avouer, des choses que je lui aurais probablement dit un jour alors que j’aurais été trop défoncée. Mon regard revient droit dans le sien, solide, sûr de lui, tandis que les mots sur le bout de ma longue force la chaleur dans mes joues. Tu sais que j’ai fantasmé sur toi quand j’avais seize ans. J’t’aurais bouffer à l’époque. Ou j’l’aurais laisser faire l’inverse. J’souris à l’idée. Et tu crois sérieusement que quelqu’un pourrait ne pas avoir envie de toi ? Mes yeux retombent sur mes cuisses et mes dents échouent dans ma lèvre inférieure… tout ça parce que mon palpitant à piquer un sprint en imaginant trop vivement les mains de Cas’ sur ma peau. Pas que j’sois n’importe qui, mais je m’inclus dans le lot cette fois… J’ai souvent eu envie de te dire de la fermer et de m’embrasser à la place. Petit rire qui revient alors que je me redresse, le regard espiègle qui le poursuit. Mais j’suis surtout étonnée de l’inverse. J’ai toujours cru être une gamine capricieuse que tu devais supporter parce que nos parents le voulaient. True story. J’étais persuadée qu’il préférait parler avec les grands de ce monde plutôt qu’avec moi qui voulais en échapper. Mais puisque je me trompe sur beaucoup de choses et beaucoup de gens en ce moment, ça n’a pas vraiment d’importance, quand je me penche dans sa direction… la main dans la coc’ déjà aux oubliettes tandis que l’autre vient agripper son t-shirt pour le tirer vers moi. Et donc… maintenant que les choses sont dites, tu vas me laisser parler encore longtemps… ?, que je souffle, les lèvres-plumes flirtant avec les siennes, le regard perçant, déjà prêt à mettre à nu toutes ses envies, à les mêler aux miennes, comme désiré.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyJeu 30 Aoû - 10:22

Un moment, il se demande s’il a dit ce qu’il fallait, fait ce qu’il fallait, s’il ne se noie pas une fois de plus dans des considérations ridicules, des idylles mortes avant d’avoir démarré, s’il n’aurait pas seulement dû se contenter de laisser Nur se jeter son rail avant d’aller investir les salles enfumées du Gentlemen’s Club. Il n’est pas du genre à cacher ce qu’il ressent, Casper, pas du genre à mettre ses sentiments sous clé dans un coffre inaccessible, à mettre le paquet dans l’océan pour que personne ne puisse le retrouver. Il dit ce qu’il pense, un peu trop, il crie ce qu’il ressent quitte à ce que ça bouscule, à ce que ça fasse mal, à ce que ça fasse peur, parce qu’il sait qu’il n’est pas simple à aimer, qu’il n’est pas facile à vivre, qu’il est un peu comme le vent et qu’il peut faire peur quand on se dit qu’il peut s’évaporer à tout moment. Un moment, donc, il se demande s’il ne faudrait pas faire machine arrière, échapper un rire franc, dire qu’il ne le pensait pas, qu’il plaisantait, qu’ils sont amis et que ce serait dingue de parler de ça, de penser à ça. Un moment, et puis Nur commence à parler et il se raidit, écoute attentivement. Bien sûr qu’il sait qu’il attire les regards, bien sûr qu’il en a conscience, ce serait stupide de prétendre que tous ceux qui partagent son lit le font de façon totalement fortuite, que c’est l’heureux fruit du hasard s’il obtient les faveurs de tous les gens qui lui plaisent un peu, qui attirent son œil. Peut-être qu’il s’imaginait que ce serait différent avec Nur, trop jeune quand ils se sont connus, trop sage, trop propre sur elle pour avoir des idées lubriques, des pensées lascives, peut-être qu’il pensait que rien de tragique ne découlerait d’eux parce que leurs parents se connaissent et que ça se saurait trop vite. Mais une autre éventualité le heurte soudain, le bouscule, l’amène à croire que peut-être, aussi, ils n’ont pas voulu s’écouter, peut-être qu’ils s’attirent depuis longtemps déjà, deux pôles opposés d’un aimant. Peut-être qu’ils veulent quelque chose de moins mièvre et de moins blessant, quelque chose qui n’accroche pas trop le cœur mais aide à vivre, à respirer, à se sentir bien. A avancer.
Pourquoi il la laisse parler, il n’en sait rien. Quand elle pose la question, il remarque tout juste qu’elle s’est rapprochée, la bouche à quelques millimètres de la sienne et le corps qui ondule presque, il n’a même pas senti ses mains se poser sur ses hanches par automatisme, s’adapter à ses courbes, et le déclic s’opère quand il réalise qu’elle est là, qu’elle ne partira pas, qu’elle n’est pas un objet de son imagination mais qu’elle est réelle, palpable. Il en a envie. Il a envie qu’elle vibre sous ses doigts, qu’elle frissonne sous ses lèvres, il a envie qu’elle lui serve de porte de sortie, de délicieux exutoire, qu’elle l’arrache à ses tourments, à la poudre qui fait tourner son sang. Il ne met qu’une fraction de seconde à attraper ses lèvres. Elle a un goût sucré, Nur, un goût de bonbon et de douceur, et aussi un peu d’interdit, un peu d’on ne pourra jamais rattraper ça, un peu d’on va tout gâcher. Un goût de reviens-y. Secondes, minutes, heures, ils se retrouvent sur le lit sans qu’il n’ait vraiment eu le temps de comprendre, d’anticiper, les sons qui lui parviennent sont un peu trop étouffés, comme la  fermeture éclair de la robe de Nur qui glisse fugacement entre deux baisers ou le t-shirt de Casper qui tombe sur le sol dans un bruit sourd. Le reste de l’ambiance ne se fait qu’en soupirs, en murmures langoureux qui se perdent dans l’air. Il a toujours accordé beaucoup d’importances aux préliminaires, Casper, à moins que ce ne soit la peur de tout faire déconner qui le submerge, l’angoisse paralysante de s’apercevoir qu’ils n’auraient pas dû, que ça les a détruits, qu’ils ne sont plus rien d’autre que des inconnus une fois l’acte passé. Il en a envie, oui, ça lui file des poignards dans le ventre, réveille une excitation brûlante dans la région sud de son corps, engourdit ses muscles de plaisir. Il ne lui reste que son pantalon, barrière ultime de son intimité, et quand il s’en aperçoit il baisse les yeux sur le corps de Nur, observe pudiquement les formes révélées par la chute de sa robe et les derniers lambeaux de vêtement qui se présentent à lui. « Je vais le répéter », il murmure, les phalanges qui effleurent doucement sa joue. « Tu veux voir l’originale ? » Et la question sonne bête maintenant, évidente à en pleurer, ils ne seraient sûrement pas allongés sur un lit si ce n’était pas le cas. Ses doigts s’attardent un peu trop du côté de son soutien-gorge, timides à en effleurer sa peau comme du papier de soie, comme si elle était trop fragile et pouvait se briser entre ses mains. Il a trop de tendresse au fond du cœur pour elle, trop d’amour profond, sincère, de considération pour ce qu’elle est, pour ce qu’ils sont, trop de délicatesse par rapport à ce qu’il éprouve pour toutes ces autres conquêtes. Avec un sourire, il souffle, « on devra reprendre une douche, après ». On, nous, sa belle amie et lui.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyLun 3 Sep - 0:36


Qui aurait cru ? Qui aurait cru que Casper embrassait de cette façon ? Qu’il caressait de cette façon ? Pas moi. Sensation nouvelle, les sens qui en frémissent un peu trop, laissés confus par la douceur de son toucher. Il a juste envie de baiser, il a juste envie de baiser. Elle essaye de faire tourner ça en boucle dans ses pensées et de s’y accrocher pour pas perdre le fil entre les souffles lascifs et les gestes qui envahissent la peau. Et les baisers qui renversent, chauffent le sang à blanc comme de la poudre à dynamite. L’avidité déboule dans le creux de ses organes, l’impatience s’en mêle quand ses lèvres s’échouent dans son cou et que ses dents cherchent doucement leur chemin sur sa mâchoire parfaitement taillée, quand ses doigts s’agrippent à ses épaules plus larges qu’elle ne l’aurait crues, quand son corps cherchent à suivre les courbes du sien et quand ses mains se faufilent dans son dos pour se frayer un chemin jusqu’au tissu plus bas. L’air qui crépite un peu plus à chaque étreinte et le désir qui fait écho au sien dans des soupirs chauds. Je vais le répéter. Ses pupilles sombres tombent dans les siennes et ses doigts lui filent des frissons. T’as pas le droit d’être mignon. Tu veux voir l’originale ? Elle peut pas m’empêcher de glousser comme une gamine avant de déposer ses lèvres sur son menton alors que ses hanches cherchent les siennes plus vivement. Elle hume un oui. Et affublée d’une capote ça serait mieux. Faut casser cette pudeur, même si elle grimpe aussi en elle. Parce que c’est bizarre de se mettre nue devant lui. Parce qu’il va forcément la voir autrement après ça et que c’est assez perturbant pour ne pas vouloir l’assimiler là tout de suite au milieu des corps qui se mêlent. Alors oui, faut casser cette délicatesse qu’il a. Surtout quand il veut laisser de côté l’amitié pour un bout de chair. Assume Casper putain, assume. Et elle aussi elle assumera d’essayer de tout séparer dans des cases pour sa propre survie. Sinon elle ne s’en sortira pas, sinon son palpitant va s’écorcher un peu plus sur ces amitiés déglinguées, trop nouées à ses veines. J’peux avoir le mauvais rôle ici aussi. J’peux assumer pour deux. C’est pas grave. On devra reprendre une douche, après. C’est évident. Pourquoi tu penses déjà à l’après ? Est-ce qu’il a vraiment besoin qu’elle lui rappelle où ils sont et ce qu’il a commencé ? Oui oui, si il faut, elle prend les rennes, le fait rouler sur le dos, grimpe, l’envahit et lui dévoile ce qu’il veut. Sans trembler, sans trembler. T’as pas l’esprit assez occupé apparemment..., qu’elle souffle à son oreille alors que ses mains filent vers sa fermeture éclair. Et enfin la chute. Sa bouche qui dévale son torse, trace des lignes imaginaires entre ses grains de beauté alors que le feu sévit entre les doigts concentrés sur cette partie de lui qu’il voulait tant lui montrer. Après ça, ses lèvres n’ont plus quitté sa peau. Traînée de poudre pour le faire céder en premier. Parce que c’est lui qui a commencé… Puérile. Immature. Parce qu’il est hors de question de faire craquer une allumette si c’est pour ne pas la laisser se consumer. Y a jamais rien eu de timoré chez Nur, surtout pas quand elle fait des erreurs. Et c’est ça ses pires penchants qui prennent le dessus, dominent et entraînent les autres à tonner avec elle. Parce qu’il y aura toujours l’électricité attachée à sa peau de parchemin. Le vertige d’une pulsion à laquelle elle s’adonne avec cette passion quasi mortelle. Qu’il s’éparpille à cause d’elle, parce qu’elle a le contrôle à cet instant, parce que son attention n’est que sur lui et rien d’autre. Et c’est simple. Et c’est peut-être ce qu’il faut. La meilleure dérive. Se laisser avoir par un autre petit con, mais cette fois, en avoir conscience et y plonger sans retenue. Que les secondes et minutes qui crépitent durent des heures. Qu’elle lui fasse oublier ce qu’il veut comme lui a promis de le faire pour elle. Après tout, c’était ça le deal. Qui tient les comptes de notre bêtise de toute façon ? Est-ce que c’est si grave de jouer les incendiaires par la même occasion ? Son souffle chaotique n’a pas l’air contre. Et le sourire satisfait de Nur non plus. Parce qu’il a décroché comme elle le voulait alors que rien n’est fini. Tu me crois encore fragile et douce ? Certes, le baiser furtif au coin de sa bouche contraste avec l’intensité d’avant, mais c’est lui qui a voulu changer la donne en premier, à lui d’accepter les virages qui vont avec. Surtout quand ils peuvent s’étirer des heures durant et que l’idée du Gentleman’s club peut être effacé de cette soirée.
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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyLun 3 Sep - 13:45

L’agonie est douce, elle a un parfum de plaisir, de tentation et d’interdit, une odeur de délicieuse erreur et le goût d’une sucrerie croquante, le supplice est terrible et l’air roule douloureusement dans les poumons de Casper lorsqu’il entend le son de la braguette qui s’ouvre et qu’il voit Nur disparaître un peu plus bas. C’est de frustration que ses crocs de plantent dans sa lèvre inférieure, les paupières fermées pour mieux endurer, mieux sentir, pour laisser ses muscles se tendre et réagir aux caresses buccales de sa compagne, murmurer hors du temps à quel point elle l’atomise, elle le rend dingue, elle le détruit du bout des ongles et de la langue, les soupirs de plus en plus lascifs hors de sa bouche, à en faire trembler les murs de honte. Rapidement il ressent comme une sécheresse dans son palais jusqu’aux amygdales, le corps presque cambré sous les mains de Nur et l’afflux de sang excessif menaçant de briser ses ventricules, juste au moment où elle se redresse, vient embrasser sa mâchoire. Les mots qui suivent lui arrachent un rire discret dont le seul but est d’éloigner l’attention de ses joues qui brûlent de plaisir, de son cœur qui joue du tambour dans la pièce trop silencieuse. « C’est un défi ? » La question semble presque jouer en écho alors que son bras gauche tâtonne sur la table de nuit, finit par attraper un préservatif planqué dans le tiroir. Trop prévoyant, trop habitué, séducteur à l’excès qui découche un peu trop souvent. Maintenant qu’il y pense, il n’a jamais fait l’amour dans cette pièce, jamais ramené quelqu’un dans son cocon, l’endroit sûrement le plus intime pour lui, le plus immensément personnel. Il se fige un instant à cette pensée, lève de nouveau les yeux vers Nur dressée sur lui, fière et belle, noyée dans sa masse de cheveux ébènes qui ne laisse entrevoir d’elle que sa bouche en bouton de rose et ses grands yeux sombres comme la nuit. Ils ont beau dire que ça ne signifie rien, il y a forcément un sens, une finalité, forcément des attentes et il y aura fatalement des déceptions, parce qu’il n’y a que comme ça qu’il respire, que comme ça qu’il vit. S’il la lâche un instant, ce n’est que pour ouvrir l’opercule de la capote, s’en vêtir pudiquement et attraper ensuite la nuque de Nur pour l’attirer à lui et l’embrasser encore, le corps qui se redresse pour basculer en avant, la coucher sur le dos. Langue contre langue devient langue contre sein puis contre lèvres parce que c’est à son tour de descendre, à son tour de lui arracher de longs gémissements plaintifs, les paumes qui poussent doucement ses cuisses pour les passer au-dessus de ses épaules sans pour autant arrêter ses baisers indécents, aspirer aléatoirement la peau de son bassin pour y laisser des suçons violacés. Et lorsqu’il la sent se cambrer davantage, respirer plus lourdement, lorsqu’il sent ses ongles se planter dans ses cheveux, il remonte doucement, entrainant les jambes de Nur avec lui, et finit par presser leurs bassins l’un contre l’autre pour leur extirper le premier cri d’une longue série, l’acte qui s’étale en longueur, en frémissements à peine assumés, les corps mélangés dans la sueur dans l’atmosphère pleine, vaporeuse, incandescente. Il l’embrasse, beaucoup. Il prend son temps aussi, le temps de sentir la grâce monter en elle jusqu’à crisper ses muscles, la rendre dure et ardente, il laisse agir le poids des minutes qui s’étirent inlassablement, des mouvements qui s’espacent lorsqu’il la sent sur le point de s’échapper à la petite mort, des yeux qui ne cessent de la dévorer comme s’il craignait de la voir disparaître. Quand finalement vient l’orgasme, il expire tout contre elle, la retient, phalanges imprimées dans ses épaules fines, aspire longuement sa bouche comme pour lui montrer qu’elle n’est pas que ça, qu’elle ne pourrait jamais l’être, qu’ils vont sûrement se briser à force de se mentir mais qu’il n’échangerait sa place pour rien au monde, là tout contre elle. Et ça transpire au milieu des regards tendres qu’il lui adresse, des baisers dont il saupoudre doucement sa peau, des caresses de son pouce sur la courbe de ses seins. « Tu es belle », il murmure, alors qu’il voudrait lui dire qu’il l’aimera toujours, qu’elle est son amie, un bout de son monde, un bout de sa vie. Elle n’est pas bête, Nur. Elle saura le deviner.
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Nur Al Shaikhly

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MessageSujet: Re: on my wings (casper)   on my wings (casper) EmptyJeu 27 Déc - 14:07


Sensations. Vibrations. Défragmentation. Explosion. Sa concentration nouée uniquement à ça. Sa peau, la bouche, les lèvres, les mains de Casper. Partout. Envahissant. Étourdissant. Et pendant quelques instants, y a que ça qui la touche. Le reste a disparu, se fait submerger par l’intensité. C’est un peu trop bon. Une connivence par-dessus l’autre. Peut-être un arrière-goût de faute… pas encore, mais bientôt. Et elle l’a déjà senti possessif, comme si il voulait s’assurer qu’elle n’oubliera pas ce qu’ils ont fait... malgré tout ce qu’elle pourrait en dire par fierté, par peur de se blesser encore. Elle en verra les marques plus tard, se demandera forcément si elle regrette ou non. Et le doute se jettera encore sur son coeur affaibli par ces derniers mois. Parce qu’elle a beau se donner des airs durs, gronder un peu trop, lâcher des mots brutaux comme des mines anti-douceur et antipersonnelles, Nur s’est fragilisée, craquelée sous les chocs. Est-ce qu’il en faut peu pour s’immiscer dans les failles ? Ou est-ce que malgré tout, c’est elle qui emprisonne les autres dans ses sables mouvants ?

Tu es belle. Elle ne veut pas l’entendre. Elle ne l’entendra pas. Pas quand elle ruine une nouvelle fois une amitié en cédant à l’appel de la chair. Parce que c’est plus facile comme ça pour détourner les pensées tortueuses du vrai problème, des vraies questions… et des sentiments trop réels. Et finalement, c’est ce qu’elle cherchait en organisant ces soirées de diversion avec Casper comme complice. Oublier, y échapper. S’oublier, s’échapper. C’était pas prévu que ça se passe réellement et concrètement avec lui. Mais l’objectif est atteint, elle a pas b’soin de plus. Elle s’en convainc. Alors Nur fera tout pour ne pas aimer, ne pas approuver ses manières douces, ses gestes tendres qu’il lui donne trop facilement. Comme si ils avaient conclu un pacte de s’laisser aller aux sentiments juste parce qu’ils ont eu l’occasion de baiser une fois. Alors égoïstement, presque cruellement… elle ne le lui rend pas. Elle ne répond pas. Elle détourne même le regard, se retient difficilement de sourire. Pas bête, mais bornée. La flatterie ne te garantira pas un second round. Ça serait même une mauvaise idée pour nous deux. Le sentiment est trop éphémère pour que le bien l’emporte sur le reste qui moisit entre ses côtes. Si il y avait eu une possibilité de sérieux, ça aurait eu du sens. Mais l’un comme l’autre ont leurs démons déjà incrustés au coeur pour les torturer. Alors ouais, elle mérite pas l’compliment. Elle mérite pas son attention. Et peut-être même plus son amitié...
Le temps a filé entre leurs ébats, elle s’demande si ils pourront rejoindre le club comme c’était prévu. L’idée paraît pourtant lointaine, déjà hors de portée quand elle cherche une clope, une excuse pour s’extirper du lit. C’est plus facile avec des étrangers. Elle le savait, et ça se plante déjà dans ses os. Même si l’exutoire était bon, même si ça a fait du bien, -ombres portées, ombres emportées : c’était une erreur. Again. Et le regard qu’elle vrille sur lui la trahit. Comme un “désolée, mais j’peux pas recommencer”, alors qu’elle pourrait tout aussi bien avoir envie de l’embrasser. So fucked up. Et à cet instant, il le sait forcément, qu’elle va faire comme si rien ne s’était passé tout l’évitant en même temps. Elle n’est pas douée avec les vices et les péchés Nur. Une volonté de déraison qu’on n’assume plus, devenue trop sensible au toucher quand on y a goûté une fois. Alors faut faire front, renfiler des barbelés. Experte en déni. Kid.

Le tissu noir retrouve ses fesses qui se posent à nouveau sur son bureau. Le briquet craque et l’incandescence s’effrite déjà alors qu’elle regarde d’un nouvel oeil les affaires de Casper. J’parie que tu préfères découcher ailleurs... Y a trop de vrai, trop de lui ici. Et peut-être bien quelques secrets bien planqués parce qu’ils en ont tous. L’air cendré qui gonfle sa poitrine la fait se sentir privilégiée. Elle ne peut pas nier que, ça, ça la flatte vraiment autant que ça pourrait la secouer. Faudra qu’on reparle des extras... Elle n’a pas oublié ce qu’il lui a promis. La perdition. Aussi tentatrice que facilement tentée, c’est ça quand on est vulnérable. Il doit en avoir l’habitude. Et elle sait qu’il y est aussi sensible. Elle l’a peut-être compris dans sa chair à cause de cette nuit qu’ils ne pourront pas oublier malgré tous leurs efforts, et le monde de dehors qui continue de tourbillonner. Le rappel à l’ordre est même brutal quand son téléphone vibre quelque part dans la pièce. Le temps de le retrouver, le temps de refaire surface. Oh fuck ils sont à court de personnel aux urgences, j’dois y aller... Horrible à dire, mais pour une fois que cette réalité l’arrange, elle ne crachera pas dessus.

Il peut pas savoir comme elle aimerait lui dire “merci”. Mais au lieu de ça, elle fait ce qu’elle sait faire de mieux. Un “on s’appelle” et on s’échappe.

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