01 ; chère italie, ta douce lumière n'a pas su marquer son jeune esprit d'intrépide molosse. filtrer entre les frondaisons de son cœur. chez toi, il a grandi entre tes amoncellements d'arbres et ce vieux lac trop profond pour s'y baigner et cadenassé par un vieux mythe. ta longue tradition de préservation de la nature a été ses premiers mœurs inculqués, qu'il n'a jamais respecté, et ostensiblement les derniers. après tout, son côté aquoiboniste n'a que faire des problèmes de la vie. à commencer par les siens. dès son plus jeune âge, en lui émergeaient cette insensibilité au monde et indifférence à la souffrance. on ne pouvait qu'y voir un p'tit gars trop sage pour son âge, aussi renfermé qu'une moule, qui n'éprouvait pas le moindre sentiment. ses parents croyants y voyait le mal et son père de nature dramatique ressentait le diable. l'enfant ne rit pas, ne pleure pas, ne sourit pas, ne crie pas. mais l'enfant pense. il réfléchit le gosse.

   02 ; l'esprit aussi vide qu'une sépulture en pleine nuit, il a mûri. ce mois d'août, quand il s'enfonçait dans la profonde adolescence, a été le début à tout. car l'âge des premières fois était venu : premier splif consumé derrière les vergers d'un vieux cultivateur, première fois qu'il sacrifie à venus dans les vallées perdues, lui et elle nus dans ces contrées pleines de sable chaud, premières soirées d'ivresse, à rentrer ivre mort, la mâchoire à moitié cassée et le regard foudroyé par les excès d'une nuitée qu'on souhaite oublier. son dévergondage était d'une si forte intensité que sa mère à cesser ses croyances. entraînant avec elle son père ébranlé. de toute façon, charlie les jugeait prudhommesques, ces balivernes. il n'avait pas le temps ni l'envie d'accorder quoi que ce soit à un type mort qui pousse les gens à croire des choses qui ne l'intéressent oh diable pas.

   03 ; lui, il se demande toujours si ses parents ont fait des études spécialisées dans l'art du comédien. cet art qui les ont poussé à commettre l'irréparable, à faire d'une pierre deux coups. ce soir-là, ils l'ont joué à la sauvage et ont même réussi à attirer le diable. l'erreur d'un soir, l'oubli du retrait et toutes les babioles auxquelles ils ont négligé l'utilité. là revoilà enceinte. dans le foyer, la peur a posé ses valises, cette peur d'enfanter d'un second démon. le visage des paternels a été couvert d'un large voile blanc pendant les 9 mois de grossesse. et une fois né, l'enfant regret devint tout ce que son grand frère n'eut pas été. des pleurs à déclencher des tempêtes, des cris à faire tomber la foudre, une violence précoce. il fallait s'en débarrasser, mettre un terme à cette famille ratée et tout repeindre, flambant neuf. au moment du coucher, le père halstead s'est approché de l'enfant hurlant comme une sirène pour ramener à son doux visage d'ange la douceur ou la rage à brûle-pourpoint. le bambin s'est tu après que ces os se soient crispés, que son mécanisme corporel devienne détresse et lentement, il eut rendu l'âme.