Elle a ouvert les yeux... dans une chambre d'un hôpital anglais, tenue contre sa mère en sueur, en pleurs mais ravie. C'était un bébé qui n'était pas attendu, pas désiré mais les deux parents submergés par l'émotion pouvaient faire croire le contraire. Bien sûr ce n'était qu'un bref moment d'amour mais c'est cet amour qu'Aimée a découvert en ouvrant les yeux. Quand une sage-femme entra pour les papiers le couple a commencé à retomber; pas de nom pour l'enfant, pas de lieu pour la faire grandir, pas d'amour à lui donner. Alors non, son prénom ne vient pas de ceux qui l'ont engendré mais d'une infirmière naïve piégée par la situation. C'est pour ça qu'elle n'aime pas son prénom; il n'est qu'un quiproquo.

   Elle a prononcé... "maman" très tôt pour une enfant, ça aurait pu être une fierté mais non. Non, ce n'était que sa chouineuse de fille qui essayait d'attirer encore et encore l'attention de ses parents. Aimée avait un chic pour ça mais ses parents avaient eux un don pour l'ignorer. Des fois, ils l'oubliaient ou la laissaient une heure dans sa chambre sans réel motif; pour juste ne pas l'entendre. Retour à la réalité, à une responsabilité qu'aucun de ses créateurs ne voulaient assumer à chacun de ses pleurs. Personne ne supporte les enfants chiants mais eux n'aimaient déjà pas les enfants qu'ils croisaient en ville alors devoir en supporter une à vie... Alors oui, une gorgée de n'importe quoi de fort la faisait vite taire cette petite peste. Mais sans grande surprise, sa mère ne pouvait pas assumer d'avoir engendré une fille inutile qui lui faisait presque saigner les oreilles par ses crises égocentriques. Alors plus tard Aimée a dit "au revoir" son nounours à la main en regardant sa mère, cigarette entre les lèvres et ses baguage à la main. La fillette n'avait pas compris qu'elle ne la reverrait jamais.

 Elle s'est battue... avec une fille de son école primaire la première fois. Aimée a longtemps eu peur qu'on s'en prenne à elle, ne se sentant pas capable de se défendre elle restait discrète. Enfin jusqu'à ce qu'une de ses camarade de classe lui dit qu'une "fille comme Aimée n'avait rien pour elle, pas de mère, pas un bon père, que comme elle n'était ni belle, ni intelligente elle serait sans travail et sans avenir comme son papa". Alors elle n'a pas voulu se battre devant tout le monde, elle a endossé la haine et la peine, s'est tu et a retenu ses larmes d'enfant fragile qu'elle a été. Mais une fois sortie, son sac encore sur le dos et ses deux couettes détachées pour libérés ses cheveux sauvages elle avançait sourcils froncés vers la petite qui riait. Son rire se stoppa quand la main d'Aimée et la joue de la gamine entraient en contact sans aucune forme de tendresse. La petite se mit alors à crier, non pas seulement suite à la claque, surtout car miss Nightingal lui tirait les cheveux. Une bagarre d'enfants certes, mais la première d'une lignée...

Elle a été diagnostiquée...  dépressive à ses onze ans. Son père la couvait énormément pour compenser l'absence de sa mère mais quand il a trouvé une nouvelle femme l'enfant s'est retrouvée non pas avec une mère de substitution mais sans mère ni père. Ce dernier bien trop occupé à mener ce mariage à bien a délaissé son enfant sans même vraiment s'en apercevoir. Lors d'une visite chez le médecin pour un quelconque vaccin Aimée était une enfant vide. Ni sourire, ni mot ne détendit l'atmosphère ce qui était bien loin de ses habitudes. Alors le médecin la garda une heure, peut-être bien deux pour lui parler et il en conclut une petite dépression. Ce n'était qu'un mal qui n'a pas pris racine, qu'un trouble qui s'est évaporé. Mais qui pourtant semble persister en elle comme la gangrène qui génère ses troubles. A moins qu'elle se sache juste pas gérer ses émotions... Je vous ai dit qu'elle était hypocondriaque ?

Elle a découvert... une passion un soir où elle était seule chez elle avec aucune occupation. Pour combler le temps elle gratta pendant de longue minutes son crayon à papier mordillé contre une feuille blanche arraché d'un de ses carnets de notes servant à ses cours. Elle dessinait ce qui se trouvait devant elle; un grand tableau minimaliste représentant une femme qu'on reconnaissait bien à la courbe de ses hanches et de ses seins qu'elle semblait cacher avec ses deux mains, sa coiffure rappelait les années cinquante ce qui se confirmait par le long collier de perle qui descendait se camouflé dans ses bras au niveau de sa poitrine. Le temps défila mais la concentration masqua ce ressenti. Elle se sentait à l'aise et fière de sa production. Si fière qu'elle recommença toute la soirée à dessiner les choses qui l'entouraient.

Elle a bu... la gorgée de trop dans une soirée entre ami à ses seize ans. Sa première cuite en soit. Elle ne s'en souvient que très vaguement; tout a commencé chez l'homme qu'elle fréquentait à l'époque dans un petit appartement un peu miteux. Il lui a fait boire une bière puis deux. Puis ils se sont éloignés avec un verre de vin seuls dans la cuisine. Ils s'aimaient c'était flagrant, entre boire et s'embrasser, les mains qui touchent le corps de l'autre, les mots doux qui fusent en un murmure. Mais l'alcool lui montant à la tête la brunette commençait à en avoir du ton mielleux de son homme partait danser et découvrir de nouvelles saveurs dont la vodka, le début de plus bel amour de sa vie. Même si elle a passé la fin de la soirée à vomir ses tripes dans la rue. Le lendemain n'a pas été plus glorieux; mal de crâne, tête qui tourne, réveil dans le froid sur un banc d'une rue inconnue. C'est ce jour là qu'elle se promit pour la première fois d'arrêter de boire.

Elle a vu le sang coulé... de sa lèvre inférieure après un coup humiliant porté au visage. En tremblant elle se relevait grâce à une poubelle qui lui servait d'appuie pour en réalité hurler en regardant au loin, comme pour distraire l'agresseur, qui naïvement tourna la tête jusqu'à ce que son corps suive. Alors elle ne fuit pas comme elle aurait dû faire, non, portée par la haine elle emporta rageusement le couvercle métallique de la poubelle dans l'épaule de l'homme faisant un nouveau volte face. Son regard était marquant, significatif, si les yeux de ce garçon pouvaient parler ils diraient "Cours beauté... Bientôt tu ne pourras plus.". Les quelques pas à reculons d'Aimée ne la sauvèrent pas des deux paluches qui s'agrippèrent à son cou, portant ainsi son maigre corps au dessus du sol, de peu certes. La bagarre fut intense pour les deux camps; parce que s'acharner à frapper demande une force pour maximiser la douleur et parce que ne pas craquer et rester digne demande un mental. Aimée ce jour là a souffert, terriblement, mais pas une larme, pas un cri ne l'a exprimé.

Elle a couché... contre de l'argent deux fois dans sa vie. Alors oui c'est une chose qu'elle ne dit pas, par honte ou par tabou, même elle, ne sait vraiment. Sa première passe elle l'a faite ici, à Savannah quelques jours après son vingtième anniversaire. Elle travaillait au bar quand une main s'est posée violemment sur ses femmes dans une claque qui dressa ses poils. Elle se tourna furieuse, le regard prêt à se venger en abattant sa propre main sur le visage de cet homme ni charmant, ni courtois, juste un pervers alcoolisé. Mais elle ne fit pas, sa main se posa sur la table pour saisir les billets qu'elle compta à l'épaisseur du papier; une petite trentaines de billets soit entre trente et trois-cent dollars. L'homme lui promis dans un murmure qu'en échange d'un coup elle aurait le double de la somme alors Aimée a redressé sa main, vu les trois cents dollars lui appartenir. Abattue par son manque d'argent elle accepta la somme et l'homme pour une petite heure qui la hante encore.

Elle est tombée amoureuse... d'un jeune homme à son arrivée à Savannah. Agée alors de dix-neuf ans elle croisa un homme dans les couloirs de son immeuble à plusieurs reprises. Son charisme et son petit sourire en coin lorsqu'il posait son regard sur Aimée la charma, elle avait été pour la première fois attendri par la gente masculine. Alors il lui avait parlé pour l'inviter à prendre un café chez elle, de mémoire pour fêter son arrivée en ville. Bien-sûr emportée par l'envie de lui parler, de le connaître elle accepta et s'empressa de se préparer. Par se préparer il faut comprendre qu'elle enfila un pull en laine non troué et un jean noir taille haute qui n'avait rien d'extraordinaire même si il lui allait plutôt bien. Le café se prit, la discussion se passa pendant plus d'une heure et une fois la porte fermée ils se contentaient de se dire bonjour. Alors oui l'amour n'a été que de courte durée mais c'était un premier coup de coeur qui s'est juste éteint.

Elle s'est droguée... d'un jeune homme à son arrivée à Savannah. Agée alors de dix-neuf ans elle croisa un homme dans les couloirs de son immeuble à plusieurs reprises. Son charisme et son petit sourire en coin lorsqu'il posait son regard sur Aimée la charma, elle avait été pour la première fois attendri par la gente masculine. Alors il lui avait parlé pour l'inviter à prendre un café chez elle, de mémoire pour fêter son arrivée en ville. Bien-sûr emportée par l'envie de lui parler, de le connaître elle accepta et s'empressa de se préparer. Par se préparer il faut comprendre qu'elle enfila un pull en laine non troué et un jean noir taille haute qui n'avait rien d'extraordinaire même si il lui allait plutôt bien. Le café se prit, la discussion se passa pendant plus d'une heure et une fois la porte fermée ils se contentaient de se dire bonjour. Alors oui l'amour n'a été que de courte durée mais c'était un premier coup de coeur qui s'est juste éteint.