“to the great beyond” & Il s'est retrouvé comme un con, dans l'ascenseur, avec Billy bourré. Il la regardé, il avait fermé les yeux l'autre, en face, il était parti bien loin, dans ses délires d'ivrogne. Nolan la regardé, il a espéré de toutes ses forces que, comme la dernière fois qu'ils étaient seuls dans un espace clot, il l'embrasse. Il l'embrasse, qu'il l'embrasse, qu'ils s'empressent, qu'il l'embrasse elle. Qu'il l'embrasse à en perdre son identité, son genre, sa famille, sa patrie, sa foi, sa profession, son univers, qu'il l'embrasse pour faire tout bouger autour d'eux.
Le silence, le néant sur ses lèvres, c'était plus dur à encaisser que prévu. Il l'a simplement aidé à trouver ses clés, l'a fait tomber sur le canapé. Il l'a regardé quelques secondes ... Ailleurs, il est parti Billy, plus avec lui, glisser un merci étouffé entre les coussins, et voila Nolan qui met les voiles.

C'était y'a un mois.
Maintenant Nolan attend.
Regarde son portable, regarde ses messages, regarde sa boite au lettre, regarde le bar en bas du cabinet, regarde, attend, espère, désespère.
Nolan désespoir qui déambule de son bureau à chez lui, de chez lui à son bureau, qui travaille pour s'abrutir, qui travail pour mieux mourir vieux, et seul, vu comme c'est lancé.
D'abord un jour sans nouvelles. Puis deux. Ils se transforment en une semaine, en deux semaines, trois, lui il en perd le sommeil, il en perd la tête. Il visualise une bouteille, et Billy, un choix à faire entre les deux. Il repousse le moment où il fera le choix, il repousse l'échéance, la disgrâce, la violence. Il a le souffle court quand il se réveille, il rêve de lui. Il a 21 ans de nouveau. Il devient fou de nouveau, il pense qu'à lui de nouveau, dans son silence, dans sa beauté, dans son éternité.
Il a 21 ans de nouveau, et il en crèvera cette fois, il l'avait prédit. "la prochaine fois qu'on arrêtera de se voir, parce que oui, on finira par arrêter d'se voir, comme à chaque fois, bah là j'sais pas c'qui va m'arriver." Nous y voila, prêt à crever. Prêt à crever, Nolan t'es prêt ? Parce que ça va peut-être arriver.

Au lieu de ça, un jour il va chez lui. Après le boulot, tranquille, l'air calme, intérieur couleur tempête. Il tombe sur son frère, son coloc.
Il se dit que ça attendra, il se dit que l'univers ne veut pas, il se dit qu'au final, il peut vivre sans lui (faux, archi-faux). Donc, il rentre chez lui, il dort, et quelques jours passe.

Une nuit il se réveille.
Il est paniqué.
Il veut pleurer. Ou boire. Il sait pas.
Au lieu de ça, il s'habille. Jean, pull, manteau, pompes, il se taille, il regarde pas l'heure, il réfléchit pas. Il met les voiles, de nouveau, vers chez lui. Le code désormais il le connait, l'ascenseur aussi, il ferme les yeux et n'imagine surtout pas ses lèvres se poser contre les siennes. Il arrive à son étage, il toque à sa porte, il attend.
Il ouvre finalement Billy.

Il pourrait dire quelque chose, il pourrait s'expliquer, il pourrait parler. Sa langue est nouée. Il traverse la distance, il le prend dans ses bras, le serre le plus fort possible contre lui.

 

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“to the great beyond” & Ca fait simplement trop d'un coup. C'est juste trop dur à encaisser, le manque de son sourire, le manque de sa voix, le manque de sa présence rassurante. Petit à petit, ces derniers mois, il s'est habitué à l'avoir de nouveau près de lui, le plus souvent possible, le plus longtemps possible. Il veut pas que ça s'arrête, il regrette d'avoir tout arrêté.
Et le voyant, tout revient rapidement en mémoire, tout se précipite contre son corps, contre son coeur. Il réalise l'étrange douleur, il réalise qu'il ne sait pas contenir tout ce qu'il éprouve pour lui, ça déborde, ça fait mal, ça rend dingue. Et il veut pas finir dingue, il est pas près pour ça, il est pas près pour ça, jamais. Il le serre contre lui, comme si ça allait tout résoudre, ses soucis, son travail, sa famille, ses amours.
Mais il n'a qu'un amour, c'est lui.
Et alors que, doucement, le contact se finit, que la porte se referme derrière eux, tombe la question providentielle. Ca va pas, bien sûr que ça va pas. Il pourrait lui répondre "bien sûr, ça va tout à fait bien", il ne le croirait pas. Alors pendant un court instant, Nolan hésite. Il réfléchit, qu'est-ce qu'il pourrait dire, qu'est-ce qu'il devrait dire. Il s'appuie contre la porte... Il regarde ses pieds.
Devant Billy, il se sent toujours comme un ado qui n'a aucune expérience, qui découvre les déboires de l'amour, qui en fait les frais. Il se sent comme un gosse, qui n'y connait rien, qui voudrait tout faire bien, qui n'arrive à rien. Il le regarde finalement : " Non c'est pas la forme." Embrasse le, prend le de nouveau dans tes bras, fais quelque chose, témoigne, ne parle pas.
Mais il ne bouge pas.

 

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