Faire la manche, tendre la main, retour aux bonnes vieilles habitudes maintenant qu’il fait beau. Les pièces qui tintent dans sa gamelle posée devant elle alors qu’elle regarde les passants avec un sourire reconnaissant coincé sur le visage. Elle flotte Jael, dans sa robe bleue un peu usée, couleur délavée par le temps passé à rester assise coincée sur le pavé. Elle en a plus besoin pourtant, compte en banque qui déborde d’argent hérité, argent sale, argent rougit qu’elle refuse de toucher. Alors elle reprend ses habitudes Jael, maintenant que Peter n’est plus là pour faire tourner la barraque, y a plus que jamais besoin d’argent.
En un sens ça lui avait manqué, la simplicité des beaux jours, craies colorées autour d’elle pour dessiner à même le sol, des royaumes imaginaires qui prennent naissance dans son cerveau dopé aux pilules qu’elle a gobé le matin. Oui. Ca lui avait manqué. Quand tout allait encore bien, avant que Merle ne parte, avant que Jed revienne dans sa vie, avant que tout explose, que tout implose.
Ding ding le téléphone qui vibre dans sa poche et qui la fait sursauter, la tirant hors de ses pensées. Jael fronce les sourcils quand elle voit le nom apparaitre sur l’écran : Mihail. Combien de temps depuis la dernière fois ? Silence radio, leur engueulade, le cœur cassé, le cœur brisé. Elle lui a fait du mal sans comprendre vraiment pourquoi. Je te veux juste pour moi alors qu’elle a le cœur morcelé, incapable de donner la totalité.
Le message qui lui fait quelque chose de bizarre dans la poitrine, comme un pincement au cœur quand elle lit les quelques mots mal orthographiés. La réponse vient directement, sourire timide aux lèvres, elle perd intérêt de ce qui se passe dans la rue, recroquevillée contre son mur elle a les yeux rivés sur l’écran, en attente d’une nouvelle bulle de conversation. Ding ding. Echange qui s’enchaine, sourire qui grandit, ça recolle les morceaux. Il veut la voir. Juste elle. Y aura pas Eoin pour la fusiller du regard. Juste elle et lui, et des pizza, rabibocher leurs cœurs. Elle a besoin de ça.
Terriblement.
Parce qu’elle est seule Jael. Tellement seule dans cette maison pourtant bondée. Elle est seule parce qu’il n’y a plus Merle pour l’aider, parce qu’elle ne peut plus toucher Peter, parce que la nuit y a personne dans le lit contre qui se lover pour pleurer. Sans attendre elle se redresse Jael, attrape ses craies, sa gamelle trop vide et les pièces qui disparaissent dans le fond de sa poche, direction River Street.

Il lui faut bien trente minute pour arriver devant la porte de Mihail. Adresse gravée dans sa mémoire, elle a le cœur qui bat trop fort. Rapidement elle passe une main dans ses cheveux en bataille, essaye d’arranger un peu son apparence débraillée. Surement que ça doit pas marcher mais pas grave. Doigt qui appuie sur la sonnette, c’est son sac à dos qu’elle place devant sa tête, comme pour se cacher. Tu te souviens Mihail ? De cette fois au marché de Noël ? Gage de paix, lui montrer qu’elle l’a pas oublié, et quand la porte s’ouvre c’est un « RAWR » retentissant qui franchit ses lèvres amusées.

C'est par pur défi qu'il a recontacté Jael. Il est sûr qu'elle lui fera toujours le même effet, il est sûr qu'elle a pas changé en quelques mois et qu'elle sera toujours cette extraterrestre un peu trop charmante, les pupilles éclatées et les sourires aussi spontanés que les larmes qu'il a dû étancher plus d'une fois, cette émotivité à fleur de peau qui lui donne l'impression qu'il pourrait la connaître plus facilement que le chaos ambulant qu'il est lui-même, et pourtant elle a cette foutue manie de rester quand même insaisissable. Il sait qu'il l'aime encore comme il n'a jamais aimé une fille et qu'il sera encore frustré parce qu'il ne l'aura jamais pour lui tout seul. Mais il s'est fait une raison. Peut-être. C'est ça le défi. Prouver qu'il a changé, lui. C'est allé vite, c'est difficile de savoir si c'est durable, mais il a envie d'essayer. D'être un peu plus ouvert, un peu plus compréhensif, un peu moins égoïste, un peu moins possessif. Il a envie d'essayer parce qu'il est frustré, aussi, parce qu'il est énervé, parce qu'il a rien pour se défouler lui, pas de gâteau à envoyer valser par la fenêtre — il se demande si Tito l'a vraiment fait mais il ira pas voir, qu'il aille se faire foutre. Enfin. Pas aujourd'hui. Il est énervé donc impulsif, il a pas envie d'être seul et il a pas envie de penser à ce sale con, et Tag ne va pas rentrer avant des heures et il a pas juste envie d'un ami — si c'est bien ce qu'ils sont. Encore un truc pas clair, au moins avec Jael il est un peu plus fixé. S'il a fallu qu'il s'égare dans les draps d'un mec pour élargir ses horizons, soit, il peut pas revenir en arrière de toute façon. Mais maintenant il veut bien laisser ça derrière lui, en tout cas il arrive à s'en convaincre. Il ignore les cris d'alarme de sa raison qui lui dit qu'il agit pour les mauvaises raisons. Il lui fera pas de mal à Jael, c'est pas vrai, jamais. Si elle veut toujours de lui, lui il sait qu'il veut d'elle, alors il lance son pavé dans la marre et il attend. Pas longtemps. Son portable vibre quelques minutes après son premier message et si leur échange n'était pas interrompu par celui avec Tito il aurait déjà le cœur léger. Il y croit. Il y croit encore plus quand elle lui dit qu'elle va apporter de quoi s'envoler un peu.

Il commence sans elle, s'allume un premier joint, envie d'être déjà loin quand elle arrivera, envie d'être bien et d'être disponible pour elle, juste pour elle. Il a le sourire vague et les paupières un peu lourdes quand il lui ouvre la porte. « RAWR ! » rugit le sac qu'il lui a offert pour Noël. Ça lui fait tellement plaisir de voir qu'elle l'a pas abandonné dans un coin quand il a fait la connerie de lui dire stop, de voir qu'elle est toujours pareil comme il l'aime, qu'il lui arrache le sac des mains pour l'attirer contre lui et la serre dans ses bras. « Hey ma Jaja. » On a dit pas possessif, Mihail. Tu commences mal. Il s'écarte pour lui sourire, les yeux un peu rougis par la weed. « Normalement les pizzas vont pas tarder. » Il les a commandées un peu après qu'elle ait dit qu'elle se mettait en chemin. Il la bouffe des yeux un peu trop longtemps, les pupilles qui fixent, le cerveau qui freeze. Et puis il cligne des paupières et la pousse doucement pour la faire entrer et claquer la porte derrière elle. « Alors tu t'es fait des thunes ? » Même si elle a arrêté de faire la manche plus vite que prévu pour le rejoindre. Ça le flatte pas mal. C'est peut-être grâce au joint qu'il arrive à faire comme s'ils s'étaient vus juste quelques jours plus tôt, comme si c'était normal. Là tout de suite ça lui paraît naturel et c'est pas seulement un artifice, c'est ce qu'il aime quand il est avec elle.

Hey ma Jaja. Et la façon qu’il a de libérer l’espace entre eux deux pour l’attraper, l’attirer contre lui. Elle se perd un instant la dedans Jael, les yeux qui se ferment brièvement et le sourire si grand plaqué au visage. Il lui a manqué. Tellement, tellement, tellement. Il a manqué ouais, depuis la dernière fois où il a dit tout arrêter. Elle a jamais vraiment compris Jael, soldat débutante dans le bataillon des relations humaines, pas foutue de piger comment tout cela marche. Alors elle profite comme elle peut de l’instant, de l’étreinte fugace qui prend fin un peu trop tôt alors que Mihail s’écarte.
Il a les yeux rouges et sens la weed, preuve qu’il ne l’a vraiment pas attendu et qu’il est déjà un peu plus loin sur le chemin, qu’elle a du retard à rattraper si elle ne veut pas rester sur le banc de touche. Normalement les pizzas vont pas tarder. Pizza. A la mention de la nourriture y a son ventre qui se met à gronder, déjeuner sauté à rêvasser sur le pavé la main tendue vers les passants. Y a un sourire immense qui se dessine sur son visage alors qu’elle franchit le pas, dépose un rapide baiser sur la joue de Mihail avant de battre des mains. Heureuse. « Timing parfait pour une soirée parfaite » qu’elle lance trop enjouée, alors qu’il la pousse doucement dans le dos pour l’inciter à entrer.
Alors tu t'es fait des thunes ? Jael ne répond pas tout de suite, occupée à défaire les boucles de ses chaussures envoyant valser ses talons quelque part dans l’entrée avant de se redresser, déjà plus libre de ses mouvements. « Un peu. » elle hausse les épaules avant de soupirer. « Il fait beau, les gens sont heureux, ça marche un peu mieux. » mais c’est pas non plus la grande fortune, de quoi payer la bouffe pour demain pour les autres. Ca lui fait comme une boule au ventre de penser à ça, à l’argent sur son compte qu’elle refuse de toucher, sourire qui vacille un peu alors elle envoi le tout bouler et en quelques bonds elle est de nouveau face à Mihail, sourire de gamine au visage elle attend pas qu’il soit prêt pour lui sauter dessus, les jambes autour de sa taille, elle serre fort ses bras derrière sa nuque avant de rigoler. Foutu koala, l’habitude d’être trop tactile, d’être trop joueuse, comme un chat qui grimpe un peu partout pour quémander de l’attention. « On a dit Jurassic Park. J’espère que tu mens pas sinon je te lâcherais pas » et le défi dans les pupilles alors qu’elle se met à rigoler, éloigne la mélancolie et la misère pour remplacer le tout par une joie brûlante d’être de nouveau accepté auprès de lui.

Vu l'état cataclysmique de sa vie ces derniers temps, il sait pertinemment qu'en refermant cette porte il ne s'accorde qu'un répit, une soirée bien au chaud dans l’œil du cyclone. Il mentirait s'il prétendait qu'il ne se prend jamais la tête en ce qui concerne Jael, sinon il n'aurait pas coupé court à ce qu'il y avait entre eux précisément parce qu'il avait peur d'avoir mal, mais la voir là dans son salon pour une banale soirée film et pizza — et défonce, admettons —, ça lui rappelle ce que c'est qu'être jeune et insouciant. Quand est-ce qu'il a oublié ça ? Quand est-ce qu'il s'est mis à boire et à fumer pour s'évader et plus du tout pour s'amuser ? Il aurait pas de mal à trouver de bonnes raisons de rejeter la faute sur son père, ses sœurs ou les ravisseurs de sa mère, il connaît pas d'autre famille remuée par autant de merdes, mais la première chose qui lui vient à l'esprit c'est Tito. C'est pas vrai, mais il a envie de lui en vouloir ce soir. Ce qui pour l'heure fait de Jael sa sauveuse, un soleil dans la nuit noire, etc. Et elle le fait sourire jusque dans ses yeux déjà un peu éclatés.

« Un peu. Il fait beau, les gens sont heureux, ça marche un peu mieux. » Il comprend pas qu'elle soit pas pétée de thunes vu comme elle est jolie, mais bon c'est déjà ça. Il comprend pas non plus qu'elle essaie pas de trouver un vrai job, mais ça, il a le sentiment que c'est lié à tous les mystères de son passé et de sa situation qu'il n'a jamais osé lui demander d'éclairer. Quand ils ne font que frôler le sujet, elle a les yeux qui s'embuent et le sourire faux. Il aime pas la faire pleurer, et il sait qu'il l'a fait plusieurs fois quand même. « J'mens jamais, » il fait avec un clin d’œil. C'est un mensonge. Mais là, il disait vrai, il a téléchargé Jurassic Park y a longtemps déjà à cause d'elle — en toute illégalité bien sûr. Il se dirige vers le coin cuisine, sort deux verres d'un placards, deux bières fraîches et une bouteille de Mountain Dew qu'il vient poser sur la table basse. « Tu m'as ramené quoi alors ? » il demande en se vautrant dans le canapé défoncé, la main tendue pour l'attraper elle ou bien la drogue qu'elle déposera dans sa paume, c'est au choix.  

J'mens jamais et quelque part au fond d’elle, elle sait que c’est faux. Pas besoin d’être savant pour le voir dans son regard rougit. Mais elle fait semblant, pas besoin de s’inquiéter sur ça, tant qu’il ne lui ment pas à elle, elle ne s’en offusquera pas. Alors elle le suit en sautillant, sourire plaqué sur les lèvres, quand la gamine reprend la place sur l’adolescente, l’envie de retourner à ses cinq ans, quand c’était pas si compliqué que ça.
Tu m'as ramené quoi alors ? qu’il finit par demander alors qu’elle l’imite en sautant à son tour sur le canapé. Les fesses qui s’enfoncent un peu trop vite dans le creux des coussins défoncés, y a comme un sourire taquin qui se dessine sur ses lèvres. « On dit s’il te plait ô grande Jael, que m’a tu ramené comme offrande, à moi pauvre mortel » visage trop proche, trop loin, elle tangue un peu avant de raffermir sa prise sur le rebord du canapé. Elle veut pas craquer, pas comme ça, pas question de se faire mettre à la porte maintenant pour un dérapage incontrôlé, pour son cœur débile, pour ses beaux yeux à lui. Il lui a trop manqué.
Jael qui se redresse un peu pour enlever son sac et le poser entre elle et lui, un peu comme un tour de magie elle prend son temps pour ouvrir le tout, chantonne un roulement de tambour pour faire monter la pression. Ce qu’elle a ramené ? De tout et de rien, des restes de fond de poches, cachets d’ecsta en forme de cœur, quelques grammes d’herbe, flacon de LSD malgré l’interdiction. Plus envie de jouer selon les règles et déjà les souvenirs de l’overdose qui s’éloignent, qui se taisent, l’addiction bien plus forte que la peur, le dégout. « Fais ton choix, moi je te suis » suicide en groupe, elle s’accrochera à lui dans la chute, pour pas finir toute seule. C’est égoïste, pour ça qu’elle est si douée dans ce qu’elle fait, quand elle partage ses seringues, ses pilules qui font rêver. « Mais tu dois le mériter » qu’elle finit par murmurer, yeux dans les yeux, alors qu’elle referme lentement le tout, défi dans la voix. Après tout, elle est venue pour jouer, pas pour bosser.

« On dit s’il te plaît ô grande Jael, que m’a tu ramené comme offrande, à moi pauvre mortel. » Il hausse un sourcil. En fait les deux mais c'est pas ce qu'il essayait de faire, le truc c'est que c'est difficile de se concentrer sur ses expressions faciales quand 1) il sent plus toutes ses terminaisons nerveuses, 2) y a Jael qui vient de manquer de se crasher sur lui. « Ben voyons. » Par contre ses paupières lourdes sont du plus bel effet avec sa grimace dédaigneuse. Il l'aurait pas empêchée de se crasher contre lui. Faut bien le dire. Il l'aurait retenue juste assez pour éviter la collision entre leurs fronts et puis il l'aurait retenue tout court, là contre lui, et il aurait sûrement pas su quoi faire après alors c'est sans doute mieux comme ça. Pourtant il y pense tout le temps qu'elle se retourne pour fouiller dans son sac, à ce qu'il aurait pu faire, ce qu'il a envie de faire, ce qu'il devrait pas faire. Les images nagent dans son crâne et assez vite elles sont prises dans un tourbillon de possibles pas tous jolis.

Et puis il y a le sac ouvert sous ses yeux. Cachetons, herbe et un flacon d'acide. « Fais ton choix, moi je te suis. » Jael est peut-être un peu une toxico. Lui il ouvre des yeux ronds mais elle doit pas faire attention. Il laisse sa main planer au-dessus comme un gamin qui sait pas quels bonbons choisir. Il manque pas de weed alors ça c'est exclu d'office. L'ecstasy il sait qu'il aime ça et il gère pas mal la descente, par contre le LSD il connaît pas. Se lancer dans un truc nouveau alors qu'il est déjà défoncé et pas de la meilleure humeur qui soit n'est sûrement pas une riche idée, mais... « Hm. Des fois j'aime pas faire des choix. » Oups. C'est lui qui dit ça. De toute façon elle veut pas le laisser faire son choix tout de suite, apparemment. « Mais tu dois le mériter. » Il fait une moue. Il a envie de sourire, mais ça se voit pas hein ? « En endurant Jurassic Park ? J'ai promis c'est bon. » Et ce serait peut-être plus rigolo avec du LSD.
Driiiiiiiing. Ça le fait sursauter violemment. Il se lève pas tout de suite, la paranoïa induite par la weed le fait douter une seconde de qui peut se bien trouver en bas. Jael qui se balade sans stress avec sa petite pharmacie, elle aurait pas ramené des gens dangereux ou des flics ? Et puis ça sonne à nouveau et son estomac gronde. « Ah putain les pizzas. » Il est à deux doigts de lui demander d'y aller mais puisqu'il doit se montrer méritant... Il se lève pour aller répondre à l'interphone. Une minute plus tard, il claque la porte au nez du livreur — c'est pas méchant, avec Mihail les portes ne peuvent que claquer — et dépose les deux boîtes à côté des boissons. « C'ce que tu préfères. » Il est pas sûr sûr en fait mais sur les deux y en a bien une qui doit l'être, et puis il lui fait un sourire angélique et des yeux doux qui devraient compenser au pire. Avant de se laisser retomber dans le canapé en pouffant de rire. Il fait un dernier effort pour attraper les deux bières et les décapsuler d'un geste expert avec son briquet, et tend la sienne à Jael. « À ta santé Ô grande Jael. Si j'mérite tu m'laisses essayer tes talons aussi ? » C'est qu'une blague, il doit faire quatre ou cinq pointures de trop, et en vrai ça l'a jamais autant attiré que le maquillage.

Hm. Des fois j'aime pas faire des choix. Si elle était un peu moins allumée, peut être qu’elle approuverait, peut être aussi qu’elle lui mettrait ça sous les yeux comme une évidence. Tu vois toi aussi t’aime pas choisir, tu peux pas être monogame envers les drogues, envers les cœurs, envers les âmes. Mais c’est pas le moment, pas l’endroit, de toute façon surement qu’elle choisira pour lui, quelque chose de doux, de simple, quelque chose de sucré pour pas le faire chuter. Elle est pas mauvaise à ce point, pas envie de le transformé en camé dans le besoin. En endurant Jurassic Park ? J'ai promis c'est bon. Elle prend l’air outré, main sur la poitrine, l’autre pour donner un coup de poing dans l’épaule de Mihail. « ENDURER ? Ptin je retiens là. Tu me fais mal au cœur mec, je crois que je vais repartir » l’air dégouté un peu, elle dure pas longtemps, explose de rire parce qu’elle sait pas rester sérieuse plus de quelques instants.
C’est la sonnerie de la porte d’entrée qui vient les déranger, ça semble faire sursauter Mihail, Jael elle s’en fout un peu, trop occupée à dévisager le jeune homme, surement qu’il tombe déjà en délire parano, ça la fait marrer. Ah putain les pizzas. « Oui les pizza. Tu va ouvrir ou faut que je fasse tout moi-même ici ! » impérieuse, princesse, elle fait sa belle en redressant la tête, attendant que son prince charmant aille vaincre le dragon pour lui rapporter à manger. Et il le fait, une minute après il est là, les pizza posées, boissons avec, l’estomac de Jael qui gronde comme un réflex pavlovien. C'ce que tu préfères. Donc une hawaïenne. Ouais. Avec des ananas. Trahison, disgrâce, du genre à faire tordre la bouche à Peter quand c’est elle qui commande, pauvre incomprise. « Tu t’en es souvenue » qu’elle murmure soudain touchée, des étincelles dans les yeux, il gagne des points, c’est certain.
À ta santé Ô grande Jael. Si j'mérite tu m'laisses essayer tes talons aussi ? Elle attrape la bière et la fait tinter contre celle de Mihail, avant de la porter à ses lèvres, laisse planer le doute le temps d’avaler une bonne gorgée qui lui fout le hoquet. Nouveau rire. Nouvelle gorgée. Nouveau hoquet. « Chai pas si tu mérite ça aussi. » elle se rapproche un peu plus fait mine d’inspecter les pieds de Mihail. « T’as de la chance c’est des sandales » le genre de compensées immenses avec lesquelles elle marche en équilibre sur le pavé. Reposant la bière sur la table elle se baisse pour détacher les lanières de ses chaussures, les tends à Mihail, comme une lueur de défi dans le regard. « Si tu passes pas l’épreuve…… » elle laisse le reste silencieux, le laisse choisir la punition, ce dont elle le privera, ou alors la récompense qu’elle lui offrira. « Allez j’attends » agite les chaussures devant le visage du jeune homme.