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 saturday night fever (vivi)

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MessageSujet: saturday night fever (vivi)   saturday night fever (vivi) EmptyDim 9 Sep - 12:52

Miraculeusement, Jo s’en sort cette fois-ci avec un pantalon. Hyper moulant, mais il a le mérite de couvrir ses jambes – elle a bien fait de pas s’épiler ces derniers jours (quoique généralement ce stratagème ne fonctionne pas, Vivi étant prête à lui sortir de la cire à tout moment). Comme d’habitude, elle sait pas trop comment elles ont pu en arriver là. La gamine lui a demandé si elle voulait passer, Jo avait dit ok et une fois la nuit tombée, elle se retrouve maquillée comme un camion volé (tout du moins est-ce son avis, mais faut dire qu’elle est pas du genre à beaucoup se farder) et sapée comme une star de téléréalité. Mais avec un pantalon. Et rien que ça, c’est un peu une petite victoire. Jo est moulée de la tête aux pieds. Vivi lui a dégotté un body au dos nu, un jean taille haute et ce qui passerait pour de très jolies sandales à talon haut pour toute personne ayant une once de féminité en elle, ce qui exclue malheureusement Cooper. Ca lui fait déjà mal d’imaginer dans quel état seront ses pieds vernis dans quelques heures et son sac à main la gonfle : la lanière en faux cuir noir n’arrête pas de glisser de son épaule, ce qui contribue grandement à sa mine actuelle : Jo fait la gueule. Mais Jo fait tout le temps ou presque la gueule. Ca fait longtemps que ça impressionne plus personne, et surtout pas Vivi Bing. Cette gamine a un don indéniable pour lui faire faire ce qu’elle ne ferait jamais seule, ou avec qui que ce soit d’autre. Elle n’aime pas les regards qui se tournent vers elle. Son mascara, son eye-liner et ses paupières fardées doivent lui donner un espèce d’air de tigresse énervée. Mais de toute évidence, c’est pas ça que les gens regardent. C’est vrai que les fringues qu’elle porte actuellement auraient tendance à faire porter l’œil des passants ailleurs que sur ses yeux à elle. Jo n’a jamais aimé ça et c’est pas prêt de changer. Elle n’a jamais collé aux stéréotypes féminins et ne s’est jamais sentie à l’aise vis-à-vis de ces derniers. A l’âge où Vivi manipulait ses premières poupées, son père lui apprenait à manier les armes à feu. Quand Vivi dansait dans son salon ou se rêvait grande et belle, Jo donnait des coups dans des sacs de frappe à la salle de boxe et montait sur le ring. Pourtant, c’est pas non plus comme si elle voulait absolument pas être là. Les trucs de fille ont pendant longtemps été observés de loin par Jo qui, quelque part, nourrissait l’envie de leur ressembler, au moins un peu. Elle était pas une fille, elle ? Alors avec Vivi, ça part d’un délire. Lui prend l’envie de se servir de Jo comme d’une poupée vierge et de lui faire un relooking complet pour se transformer en Barbie, la blancheur et le rose en moins – Jo n’aime pas le rose. Et puis une fois que Jo est transformée, la gamine l’entraine dehors. Elles vont dans des bars, elles discutent, Vivi la pousse à se laisser draguer ou à aller draguer, ce qui ne fonctionne jamais – pas le genre de Cooper de parader ou d’être impressionnée par une quelconque démonstration. Ce soir, elles se sont encore posées nulle part. Les filles marchent dans la rue, Jo essayant de suivre plus ou moins bien la cadence de Vivi perchée sur des talons aussi hauts que les siens. Et puisqu’elle n’aime pas faire moins bien que les autres, puisque Jo est irrémédiablement compétitrice, sa fierté en prend un coup. Elle a l’impression d’avoir la démarche d’une gourdasse dégingandée derrière celle impeccable de sa petite sœur de cœur. « Putain. Ca me fait vraiment chier ces talons de merde. » Elle râle, marmonne dans sa barbe et lance des regards assassins aux malheureux qui la croisent, tant elle est persuadée qu’ils ne peuvent que se foutre de sa gueule dans cet accoutrement. Ca lui va pas. Ca lui correspond pas. Et là, elle donnerait tout pour qu’elles s’arrêtent quelque part et que le supplice cesse. Elle préfère encore laisser ses pieds se reposer dans le vide, le cul posé sur une chaise de bar, que de les supplicier encore et encore. « Il est encore loin ton bar, Vi ? Parce que j’en peux plus. Encore dix mètres et mes pieds se mettent à saigner. » C’est faux, évidemment. Par contre, sa douleur s’est déjà installée. Et c’est sûrement pas Vivi qui sera mécontente de la voir réclamer d’arriver dans ce foutu bar, et peu importent les raisons. De nouveau, la lanière de son sac à mains glisse de ses épaules et cette fois-ci, ce dernier tombe sur le sol et ouvre sa gueule, déversant l’ensemble de son contenu sur le trottoir. « Putain. » Exaspérant.
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