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 hit the road (jax)

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MessageSujet: hit the road (jax)   hit the road (jax) EmptyMar 4 Sep - 12:52

C’est ce qu’on appelle plus communément être dans la merde jusqu’au cou. Et c’est pas pour Jo. Comparé à Jax, Jo est un peu dans la merde. Parce qu’avoir un de ses amis dont on connait parfaitement les activités comme suspect numéro un d’un meurtre, c’est pas l’idéal pour un flic. M’enfin être le suspect numéro un dans une affaire de meurtre, c’est pire. Surtout quand tout – tout – va dans le sens de ce qui n’est, pour le moment, qu’une simple théorie. Mais tout concorde. Une semaine plus tôt, on l’appelait pour aller faire un tour dans l’underground. Des personnes se plaignaient de l’odeur de mort qui se dégageait d’un appartement voisin du leur et puisqu’on ne lui donnait que des merdes, Jo avait dû se taper la découverte d’un cadavre – l’expression ça sent la mort prend tout son sens dans ce genre de moment – et s’il était certainement le mec qui vivait dans le fameux appartement, sa gueule défoncée rendait difficile une quelconque authentification par les voisins ou l’entourage. Il avait pris cher. La suite, c’est les scientifiques qui l’ont prise. Et puisque Jo avait découvert le corps, on la tenait informée de l’avancée de l’enquête. Rapidement, elle s’est rendue compte que le type mort était un de ceux qui s’était fait fracasser la gueule par Jax. Jax qui ne répondait pas à ses appels, pas à ses textos et qui avait, semble-t-il, disparu dans la nature. Au début – quand elle ne savait pas encore le lien qu’il y avait entre le macchabé et son ami – Jo s’était inquiétée mais avait conservé son air blasé habituel. Il reviendrait certainement au bout d’un certain temps. On a tous, à un moment ou à un autre, besoin de se retrouver tout seul, tranquille. Un truc pas cool avait dû arriver et Jax finirait par être de retour comme si de rien n’était. Ca, Jo peut le comprendre. Elle-même n’aime pas déballer sa vie, même à ses amis. Même quand ça va mal. Même quand c’est évident que ça va mal. Alors Jo peut comprendre. Mais comme on est parti, Jax, sur le papier, n’a pas l’air d’aller juste mal. Il a l’air d’avoir tué quelqu’un. Tout concorde : le moment où les types de la scientifique lui ont dit que la victime était morte, c’est le moment où Jax a disparu de la circulation. Jax, dont elle connait les activités. Jax, dont elle sait qu’il a cassé la gueule à la victime. Jo serre les dents. Elle a un nœud énorme à l’estomac. Elle peut pas s’empêcher de se dire qu’en tant que flic, elle devrait l’arrêter parce que c’est trop gros, qu’il y a forcément un lien et qu’avec de la chance, c’est pas celui qui parait le plus évident. Elle peut pas s’empêcher de se dire qu’elle va devoir témoigner contre son ami, que tous les autres vont sûrement lui tourner le dos – ou tourner le dos à Jax à cause d’elle. Ouais mais oh, elle le ferait pas, c’est pas possible. Jo peut pas tomber si bas. Si ça se trouve, elle s’est montée tout un film. Ou pas. Ou si. Elle peut fermer les yeux sur certains trucs, mais pas sur tout. Impossible de tenir plus longtemps sans que les choses ne soient plus claires et qu’elle comprenne un peu mieux l’étendue de ce monstrueux bordel. Dans les faits et dans sa tête. Impossible de se calmer tant qu’elle a ces idées de merde en tête et il faut juste que ça s’arrête. Alors Jo profite de son congé pour aller trainer dans le centre historique de Savannah. Elle frappe à la porte d’un préfa ; personne ne lui répond. Alors elle entre, sans gêne. Elle arrive vite dans le petit salon. « Jax ? » Ses yeux tombent directement sur lui et y a un : « Putain, » qui sort de sa bouche. C’est pas dépité, c’est pas soulagé, c’est pas surpris non plus. C’est comme un putain interrogatif, comme il t’arrive quoi, là ? Il est dans un piteux état. Il s’est forcément passé un truc. Jax est posé dans le canapé, les yeux un peu dans le vide trahissant la dépression incarnée. Elle est pas sans cœur. « Tu sais quel jour on est ? » Pas de ça va ? qu’est-ce qui t’arrive ? je suis là, t’inquiètes, tu peux tout me dire. Jo n’a jamais été douée pour désamorcer ce genre de situations – allez comprendre pourquoi elle est perçue comme une mauvaise flic – et ne le sera jamais. Mais la différence, c’est que Jax le sait. Ca va peut-être provoquer une réaction chez lui. Peut-être qu’il va se foutre d’elle et elle sera un peu trop paumée et quelque part rassurée pour s’énerver. Elle est venue pour que les choses soient claires dans cette affaire de meurtre et elle retrouve un Jax dans le plus piteux des états. Si c’est pas une coïncidence, ça. Mais elle peut pas mettre les pieds dans le plat comme ça. Elle peut pas tirer sur une ambulance et défoncer des portes cassées. Elle peut pas demander à Jax de but en blanc s’il a buté un mec et lui balancer de surcroit que ça expliquerait grandement son état actuel. Mais ça expliquerait grandement son état actuel, justement. Elle se dit qu’ils peuvent rester là longtemps sans qu’aucun des deux ne parle. Sauf qu’elle n’est pas patiente. Ca aussi, Jax le sait. Quelque part, Jo est peut-être pas la personne idéale pour trouver quelqu’un dans l’état où semble se trouver son ami, mais y aurait sûrement pu avoir pire. Alors elle sort enfin, en même temps qu’elle s’assoit sur le canapé à côté de Roses : « Ca va pas ? » Ben non, il est en pleine forme, c’est évident. Putain.
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Jax Roses

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MessageSujet: Re: hit the road (jax)   hit the road (jax) EmptyDim 9 Sep - 13:02

La télé qui tourne depuis trop longtemps, le petit message qui s'affiche sur l'écran pour le prévenir qu'elle va bientôt s'éteindre. Décompte d'une minute avant le retour au noir. Il cherche autour de lui pour retrouver la télécommande : rien. Il fronce les sourcils et s'énerve un peu avant de relever les yeux pour balayer la pièce du regard. Il la repère enfin, sur la table de la cuisine, il a dû l'emporter là-bas quand il est allé se chercher de quoi grignoter et il est revenu sans. Il marque une pause, le souffle suspendu avant de finalement expirer bruyamment, laissant sa tête basculer en arrière sur le dossier du canapé - un peu trop vieux, un peu trop usé. Et il ne bouge plus, la flemme l'empêche de se lever pour aller la récupérer. Il attend patiemment et finalement, la télé se coupe. Silence. Et ça pèse sur lui comme l'absence d'Halina. Il grimace un peu et redresse la tête, se penche en avant pour attraper une nouvelle bière sur la table basse où grouille pleins de cadavres en tout genre. Bouteilles vides, verres, mégots, papiers. C'est crade et ça pue la clope froide, mais il s'en fout. Il décapsule la bouteille avec des dents - vieille habitude de gamins au cirque - et laisse la capsule tomber sur le canapé sans s'en soucier avant de la boire d'une traite. Puis il se laisse aller dans les coussins, s'enfonce dedans comme s'il voulait y disparaitre, se faire engloutir. La bouteille vide toujours dans sa main, il se met à fixer le plafond d'un air distrait, l'esprit vaseux, engorgé par les vapeurs du trop plein d'alcool ingurgité. Marteau piqueur qui martèle son crâne, l'estomac en vrac à force de boire trop et de manger trop peu. Tant mieux, ça lui fait un peu oublier la douleur vivace qui brûle dans sa poitrine et qui ravage tout. Feu de forêt terrible qui détruit tout sur son passage, ne laisse que des cendres et emporte les espoirs. Il reste comme ça pendant une éternité, plongé dans une sorte de tétanie, incapable de se mouvoir ou de penser de façon cohérente. Les minutes qui défilent, son cerveau qui s'embrume et autour de lui tout devient obscur, abstrait. Il ne saurait même plus dire où il est. Il ne distingue plus rien. Rien qu'un plafond dégueulasse, fatigué d'avoir trop vécu, les tâches qui se superposent. Et ça le fascine. Jusqu'à ce qu'un bruit extérieur le fasse brutalement redescendre. Il cligne des yeux, baisse la tête et sort douloureusement de sa léthargie, cherchant à comprendre. L'instant d'après, alors qu'il n'est même pas encore complètement revenu à lui-même, la porte s'ouvre déjà et une silhouette s'engouffre. Son cœur qui saute en l'air, euphorie passagère alors qu'il imagine déjà le retour d'Halina. Mais il dégringole aussitôt et s'éclate par terre, aux pieds de Jo. Rien d'autre que Jo. Il soupire discrètement, dépité et passe une main sur son visage. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Ce n'est pas le moment. Ce ne sera probablement plus jamais le moment. — Putain. Il serre les dents, contrarié par sa présence. Mais ça aurait pu être pire, ça aurait pu être Vivi ou Palmer. Jo a au moins le mérite de ne pas être envahissante comme eux et il espère que ça n'a pas changé. Il se penche en avant et pose sa bouteille vide sur la table, attrapant à la place une cigarette et son briquet. Il se laisse retomber mollement en arrière et allume sa clope dans des gestes lents, émergeant difficilement. — Tu sais quel jour on est ? Il bug, perplexe. Il lève enfin les yeux vers elle et la dévisage sans comprendre sa question. — Quoi ? Qu'il marmonne, le bâtonnet incandescent toujours entre les lèvres. Ils se toisent quelques secondes avant qu'il ne vienne finalement souffler sa fumée en haussant les épaules, en pleine confusion. — C'est pour me demander ça que tu t'incrustes chez moi ? Le ton est sec et agressif, chargé de reproches. Va vraiment falloir qu'il pense à fermer sa porte à clé plus souvent, il commence à en avoir marre de voir tout le monde rentrer sans y avoir été autorisé. Elle finit par le rejoindre et vient s'asseoir à côté de lui. Il continue de soupirer par intermittence, sans plus la regarder ; fuyant. — Ça va pas ? Il tire une latte avant de retirer la cigarette de sa bouche et recrache lentement la fumée tout en fixant le mur en face de lui. Il fait la moue, joue à l'insolent. Parce que c'est plus facile de se cacher derrière ce masque de colère plutôt que de laisser entrevoir toutes les fissures qui le fragilisent. — Si c'est l'éclate, y a trois putes qui dorment encore dans ma chambre, on s'est fait une soirée défonce hier. Grandiose. Désinvolture puérile, il n'a plus que ça pour ne pas s'écrouler devant elle. Il revient coincer sa clope entre ses lippes et trouve enfin le courage de se lever. Il attrape quelques bouteilles vides au passage et marche jusqu'au coin cuisine, continuant d'éviter soigneusement son regard. Il dépose les bouteilles sur la table et en profite pour récupérer la télécommande. Il allume la télévision, rassuré par le bruit de fond qu'elle procure avant de revenir se vautrer un peu violemment dans le canapé. Il se met à zapper les chaines sans y prêter attention, l'écran n'est qu'une excuse pour continuer de l'éviter. — Bon si tu veux un truc, va droit au but j'ai une journée chargée qui m'attend. Il marque une pause avant d'ajouter. — Et j'dois m'occuper de mes putes aussi. Il esquisse un sourire narquois, se confondant dans son rôle de mec désagréable, en espérant que ça suffira à décourager Jo et à la faire fuir.
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