Ça fait deux semaines que tu traines dans les locaux de Jeff. Au début, tu n’occupais que son bureau, ou sa loge. Mais tu te faisais vite chier, alors t’es sortie, t’as croisé les gens qui bosse ici, dont Mihail. A croire que vous êtes destiné à vous retrouver. Entre ici et la piscine. Le pauvre. Tu vois bien qu’il t’évite comme la peste. Alors fidèle à toi-même, tu le suis, tu le colles, juste pour faire de sa vie professionnelle un enfer. Ça t’amuse. Y’a pas si longtemps que ça, entre deux pipes, Jeff t’a proposé de participer à son émission. D’après lui, tu pourrais te faire connaitre, et ton caractère tempétueux pourrait faire exploser l’audience. Au début, t’étais pas franchement chaude. Rester enfermée dans un villa avec des pauvres meufs assez désespérées en amour pour faire ce genre de truc. En plus, c’est pas comme si tu cherchais l’amour ou un truc comme ça. Mais il a réussi à te convaincre, ou plutôt, t’as réussi à négocier. Tu aurais pu faire une bonne avocate si tu avais décidé de faire quelque chose de ta vie. Quoi qu’il en soit, Jeff a accepté de te donner ta propre chambre, à la villa, que tu pourras quitter dés que l’envie t’en prendra. Il a également promis de te faire une promo du tonnerre, de te filmer un maximum et de ne t’éliminer que quatre semaine avant la finale. Tu as donc accepté, en lui disant combien ça te coutait de lui rendre ce service. Pour se faire pardonner de t’en demander tant, il t’a offert une palette de chez huda beauty, celle qui coute un bras et que ta mère refusait de t’offrir. Quand il est en manque, c’est trop facile de le manipuler.
Te voilà donc dans cette fameuse villa, bien avant le début de la soirée d’ouverture, dans ta chambre, penderie ouverte. Pour te faire plaisir, Jeff a demandé à la styliste de l’émission de remplir tes placards. Et pour être honnête, t’es un peu déçue. Tu as beau chercher, tu ne trouves rien qui n’en vaut vraiment la peine. Rein de très chère, rien de marque, si ce n’est un short en jean de chez levis. Mais bon, c’est pas non plus une super marque. Alors ouais, t’es pas franchement ravie, et tu dois te contenter d’une robe courte de chez Urban outfitter et d’une paire de talon dont tu n’oses même pas prononcer la marque. Quand ce fut ton tour de passer devant la maquilleuse, tu as refusé qu’elle ne touche ta peau avec autre chose que tes propres produits de beauté. Hors de question qu’elle utilise les mêmes pinceaux sur toi et sur la peau dégelasse des autres candidates. En moins de trois heures, t’as déjà été catégorisé comme étant une gamine insupportable par tout le staff. Mais honnêtement, tu t’en fou complètement. Parce qu’ils ne sont rien. Toi, tu vas être célèbre, tu vas être devant la caméra. Eux resteront toujours dans l’ombre alors leur avis t’importe peu.
Tu as personnellement demandé à Jeff de t’attribuer Leonard, en tant que caméraman personnel. Il s’est montré franchement désagréable avec toi, la semaine dernière, et tu veux te venger. Et puis, même si tu n’y connais rien en audiovisuel, tu as bien compris que c’est lui, le meilleur. C’est donc lui qui, comme un bon petit assistant, t’apporte ton verre de vodka, alors que l’émission vient de commencer. T’es assise au bar, un peu isolée, tandis que les autres candidates s’émerveillent comme des idiotes devant la villa, apprennent à se connaitre -entendez par là, jugent les autres- et essaient d’imaginer le bachelor -spoil alert, il est moche-. Tu attrapes ton verre, sans un mot, en en avale la moitié en grimaçant. Avant de sourire à Leo. Ou plutôt, avant de sourire à la caméra. « Sache, mon cher Leo, que je ne boude pas, j’évalue la compétition. » tu dis avant de finir ton verre, pour ensuite te lever pour rejoindre le salon. « Cadre sur mon cul, ça fera monter l’audience. » tu lui dis avec un clin d’œil. Tu t’installes sur le canapé, près de celle que Jeff décrit comme ayant un balais dans le cul. « Salut Helen » tu dis, de ta voix la plus mielleuse. « Alors, t’es excitée, par l’idée de rencontrer le futur homme de ta vie ? Je suis sûre que tu mouille rien qu’à l’idée d’le voir, pas vrai ? Tu sais, ton petit numéro de sainte nitouche pour paraitre douce et gagner à la fois le public et le mec, ça marche pas avec moi. » tu lui sors avant de sourire. Jeff voulait la ridiculiser, et toi, tu ferais tout pour faire plaisir à Daddy.

Ça fait longtemps que tu ne t’es pas autant amusée, sale gosse. T’es là, avec toutes ses caméras braquée que toi, et Jeff qui épie tes moindres faits et gestes, c’est le pied. Mais le plus bandant, dans tout ça, c’est Léo qui joue au toutou, derrière toi. Alors tu minaude, assise sur ton tabouret, tu bois ton verre, celui qu’il a demandé pour toi, parce qu’il est à ta bonne, en ce moment. Jeff a dit que tu pouvais lui faire faire tout ce que tu voulais et tu ne te fais pas prier. Tu aimes de plus en plus cette émission. Parce qu’ici, t’as l’impression d’avoir du pouvoir. Et c’est bon putain. Tu hausses les épaules avant de rire. « Je sais, mais ça n’empêche que j’peux détruire les autres si j’ai envie. Oublie pas, je suis la méchante de la saison, Léo. Faut pas que j’me relâche. » tu prends son rôle très au sérieux. Jeff t’a demandé de provoquer au moins de crise de larme par émission, et tu comptes bien lui faire plaisir. Ta première cible, c’est Helen. Parce que c’est le mouton noir de Jeff, parce qu’elle ne semble absolument pas à sa place, et que ça te fait bien trop rire. Elle regarde les autres filles avec mépris. A croire qu’elle n’a pas compris le principe de l’émission. On dirait qu’elle revient de la messe, avec sa petite robe bien comme il faut, en dessous des genoux, y’a juste le décoté, qui pose problème. Elle fait nonne-salope, comme ça. Les producteurs lui ont construit un rôle que tu vas t’empressé de détruire. Alors tu t’installes près d’elle, tout sourire, et au début, t’es sympa, c’est vrai, mais très vite, le petit brief de Jeff sur les candidates te revient en tête et tu le récites, comme une poésie, à l’école, le regard franche et le sourire mauvais. Tu veux être méchante, c’est ton rôle, ton but. Parce qu’on ne se souvient jamais de la gentille fille. C’est comme ça que ça marche. La pauvre nana ne sait pas quoi dire, elle regarde son producteur comme une biche effrayée, au milieu de la route, et Léo te rappelle à l’ordre. Tu lèves les yeux au ciel. T’as pas envie de te censurer, Vivi. T’es franche, tu l’as toujours était. T’es vulgaire aussi, c’est pas nouveau non plus. « Je croyais que c’était ça, qui faisait de l’audience. Et puis, j’pense que Jeff, il aime plutôt bien ce qui sort de ma bouche. Ou s’qui rentre, d’ailleurs. » tu secoues la tête. « Tu peux pas me manipuler comme tu l’fais avec les autres. J’dis ce que je veux, quand je veux. » tu le regardes, un air de défie coller à ta gueule d’ange. « Putain ! » tu dis, pour le provoquer. Son second verre arrive et elle tend la main pour l’attraper mais les longs doigts tordus de cette sorcière d’Helen l’attrape avant, et elle le vide d’une traite avant de grimacer, ce qui te fait doucement rire. Quand elle reprend ses esprits, elle lui crache à la gueule tout un tas de conneries, surement sortie de la bouche de Matthew. Bon, Helen sort les griffes, c’est bon à savoir. Vivi, ça te fait pas plaisir, parce qu’elle te dit, et pourtant, t’as un p’tit sourire suffisant. Parce que Léo est entrain de filmer, parce que tu peux pas montrer que t’es renfrognée. Tu regardes simplement Helen partir, le plus vite possible. Tu regardes finalement Leo droit dans les yeux avant de dire. « Dis à Jeff que j’veux que cette pouffiasse sorte avant la fin de la soirée où j’me casse dans l’heure. » t’es sérieuse, Vivi. Elle sait pas à qui elle s’en prends, cette connasse d’Helen. Tu te laisses pas faire. Et t’as toute les cartes en main pour faire un coup de poker. Quand ton troisième verre arrive, tu t’empresses de le prendre avant toute interruption. Leo essaie déjà t’introduire une idée tordue dans ta petite tête. Mais pour une fois, c’est pas con, alors tu lui fais un clin d’œil avant de te tourner vers le centre de la pièce, où la moitié des filles sont réunis. « Il fait chaud ! » tu dis, d’une voix forte. « Un p’tit tout dans la piscine, ça vous dit les filles ? » tu dis avant d’avaler ton verre. L’alcool s’accumule et ton sang ne fait qu’un tour, dans ton cerveau. Alors t’enlève ta robe, celle qui pourtant te va si bien, et tu te retrouve en sous vêtement devant l’Amérique, avant de courir vers la piscine, de l’autre côté de la bais vitrée. Tu te laisses finalement tomber d’eau, comme l’enfant que tu seras toujours. Et ça te fait un putain de bien