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 breathe me

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Daire Méalóid

Daire Méalóid
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MessageSujet: breathe me   breathe me EmptyJeu 30 Aoû - 17:12


INTRIGUE 12, ACTE FINAL


Elle observe les nuages en tirant sur sa cigarette d’un geste las, relâchant la fumée vers les formes grises amassées dans le ciel. Elle se demande un instant si l’univers n’est pas en train de se foutre de sa gueule quelque part, à ricaner dans un coin sombre du spectacle désolant qu’elle offre depuis quelques temps. Comme le coup de grâce pour ébranler sa résilience, que de gâcher ce dernier instant avec elle. L’ombre d’une silhouette se peint sur son visage et vient entraver son champ de vision, si bien qu’elle ne masque pas son exaspération quand elle baisse le menton et assassine du regard l’importun. Elle se fracasse dans les prunelles fiévreuses de son beau-père, de ces pupilles vidées de toute lueur depuis longtemps – de celles que le temps n’a pas sauvé, que les dépendances ont achevé. Ils se dévisagent en silence, seulement le temps qu’il s’installe à ses côtés mais dans une distance de quelques pas quand même, au cas où elle aurait la dalle, au cas où toutes les misères de son monde pourraient s’abattre sur ses épaules et disloquer le sien. Go h-ifreann leat, il est le seul maître de sa déchéance, il n’a jamais eu besoin d’elle pour ça. De toutes les deux. Peut-être bien qu’il a raison dans le fond, pourtant. Qu’elle est condamnée à détruire tout ce qui l’entoure et à rester là, pour ne rien manquer des conséquences de ses éclats ou de son existence. Elle sera toujours la dernière debout, laissant des tas de cendres dans ses pas sur son chemin damné. Un frisson parcourt le corps de son beau-père et il fait semblant de se secouer les épaules pour masquer le phénomène, avant de détourner définitivement les yeux, mal à l’aise. Il aurait pu être immolé de toute sa haine, si elle en avait eu la capacité. Exécuté sur le bûcher d’une simple œillade bleuâtre, de cette décharge électrique qu’il a ressenti en étant incapable de soutenir son regard lourd de sens, de mauvais présage, et de tout un tas d’autres choses. Il a toujours été misérable dans ces rapports de force silencieux ou exubérants, et ce n’est d’autant plus, ni le lieu, ni le moment.
 
Une goutte d’eau s’écrase sur sa peau et s’échoue sur toute sa joue, avant que plusieurs d’autres ne l’accompagne et que la pluie ne s’abatte sur leurs âmes désœuvrées. Sa cigarette prend naturellement la flotte après s’être consumée un instant toute seule, mais ça ne l’empêche pas de l’écraser sous son talon et d’en prendre une autre. Son beau-père s’abrite sous un parapluie tandis qu’elle reste immobile sous l’eau, avec rien d’autre sur le dos que sa veste en cuir malgré la chaleur écrasante, contre laquelle elle protège sa clope. Trois hommes les rejoignent rapidement, deux employés des services funéraires et un prêtre – présence qui suscite immédiatement des murmures mécontents à ses côtés et dont elle se fout complètement. Son regard se pose sur le cercueil qui attend là depuis plusieurs minutes, se projette inconsciemment le visage paisible qu’elle a pu voir une dernière fois avant qu’on ne referme le couvercle de bois. Sa mère s’est peut-être égarée dans sa vie et a abandonné ses croyances en chemin, mais elle est certaine qu’elle a toujours gardé la foi quelque part au fond de son cœur. Sa mère est et restera une fière catholique irlandaise, peu importe les choix qu’elle a fait – c’est la certitude inébranlable de sa fille qui s’en assure, malgré l’erreur qu’elle est devenue. Elle échange un sourire discret avec le prêtre, puis tire une nouvelle latte et croise les bras. Elle aurait aimé que sa mère se fasse incinérer, pour ne pas laisser son corps ici. Retourner dans leur vieille maison abandonnée à Derry s’il le fallait, ou simplement disperser ses cendres dans l’océan Atlantique en espérant qu’elle retrouve les terres de l’Irlande du Nord. Leur terre. Mais ça n’a jamais été du souhait de sa mère de finir en cendres emportées par le vent, elle le sait pertinemment. Un jour, elle retournera à Derry et gravera sur la pierre tombale de son père le prénom de sa défunte épouse, pour que Gladys repose en paix aux côtés de Cillian et d’Enid, leur fille perdue trop tôt. Elle l’espère en tout cas, ce serait mieux ainsi – même si elle se doute que ce sera quelque chose qu’elle gâchera, une fois de plus, probablement en ayant jamais l’opportunité de mener à bien cette promesse qu'elle se fait avec elle-même.
 
Alors en attendant, elle a puisé dans ses maigres ressources financières comme un dernier chèque pour la conscience, au détail près que ce ne sont plus des factures qu’elle paie mais des obsèques. Son beau-père aurait été incapable d’en faire de même et elle s’en serait voulue toute sa vie, de lui laisser cette opportunité. Gladys est et restera à jamais une Méalóid, peu importe le sang versé dans leur histoire, ça ne restera toujours que leur famille. Elle a mis trop de temps à réaliser ce qu’il s’était passé, à comprendre qu’elle avait définitivement perdu sa mère. Dans le désastre qu’avait été cette journée-là, elle s’était d’abord égarée elle-même avant d’assimiler l’information. Même en annonçant son décès et en affrontant la détresse et la colère de son beau-père, elle était restée calme – trop calme. Détachée du présent et de la situation, détachée de sa conscience tout simplement. Elle l’avait écouté en silence, sans trop l’entendre, en restant plantée sur le seuil de la cuisine et en fixant le carrelage d’un air absente. À l’endroit même où le corps avait été enlevé, où la flaque de sang avait été nettoyée deux heures seulement auparavant. Elle est morte d’une overdose, cruelle vérité insipide qui lui broie désormais tout son cœur. Comme tous les précédents dans leur famille, sa mère n’a pas été exempt d’une mort lente et douloureuse – et rien que cette pensée-là lui donne la nausée et l’envie de tout réduire à feu et à sang. Elle tire nerveusement sur sa cigarette et secoue la tête quand le prêtre lui propose de prendre la parole après sa prière, sa mère a bien assez entendu les discours tonitruants de sa fille au cours de sa vie pour mériter ce repos. Alors elle laisse la place à son beau-père et ne l’écoute que d’une oreille discrète, les pensées ailleurs. Loin d’ici, loin de ce pays misérable, loin de cette époque détestable – quand ils se portaient tous bien et que leur seule préoccupation était l’hyperactivité incompréhensible de la petite dernière. Quand leurs soirées d’hiver étaient bercées du folklore irlandais auprès de la cheminée, quand leurs journées d’été vibraient dans les histoires révolutionnaires de leurs ancêtres. Des instants qui lui paraissent d’un autre temps, et qui s’évaporent brusquement quand l’intonation de son beau-père se charge un peu plus. « Éteins ta clope putain, c’est irrespectueux c'que tu fais ! » La remarque transperce tout son être mais elle ne bronche pas, ne dit rien ; se contente de l’observer en silence en le maudissant sur toutes ses générations futures. Elle tire une nouvelle latte, lentement, sans le quitter du regard jusqu’à ce qu’il baisse les yeux. Le respect, il est le premier à lui avoir craché à la gueule – il ne l’a jamais eu. Elle prend sur elle pour ne pas l’insulter et d’un signe de tête, accorde aux types des services funèbres de descendre le cercueil.
 
Quand la mise en terre est finie, les deux hommes les saluent et disparaissent rapidement. Le prêtre reste quelques minutes avant d’en faire de même, après une pression légère sur le bras de Daire pour lui transmettre ses condoléances … et peut-être également du courage, pour supporter le sale type qui a gâché toute la vie de sa mère et qui s’évertue à nuire également à son enterrement. Elle écrase sa cigarette aux côtés du mégot précédent et s’approche doucement pour s’accroupir près de la terre retournée. Il y a tant de choses qui n’ont pas été dites et ne le seront jamais, tant de rancune accumulée et de regrets entassés des deux côtés. Tant de peines qui ne seront jamais apaisées, de peurs enfantines qui ne seront jamais oubliées. Sa mère a sombré là où elle n’a jamais réussi à la ramener et elle s’en voudra toute sa vie de ne pas avoir pu la préserver. Même après ce qu’elle lui a fait subir par son absence et son indifférence, elle ne cessera jamais de regretter de ne pas avoir fait plus. Même après l’avoir laissée démunie, presque orpheline et à la rue aux prémices de son adolescence, elle ne cessera jamais de l’aimer. Même dans les travers et la disgrâce, sa famille reste la chose la plus précieuse qu’elle garde dans une plaie brûlante près de son cœur.
 
Je te pardonne, mams.
 
« C’est de ta faute, tu le sais ça ? » Ses muscles se tendent, sa mâchoire se contracte quand il le répète une deuxième fois. Tu le sais hein, qu’elle est morte à cause de toi ? Elle se redresse lentement pour lui faire face, seulement quelques secondes. Puis, elle le contourne et s’éloigne de lui sans un mot, fourrant ses poings serrés au fond de ses poches trop petites. Elle n’a pas besoin de lui pour s’accabler de cette disparition, pas besoin de lui pour entendre qu’elle ne cesse de fauter. De perdre tout le monde autour d’elle. Même dans cette version alternative qu’elle a dû lui raconter, il la prend pour responsable de l’overdose de sa mère – elle est une ratée dans les mensonges comme dans les vérités, le diable n’a jamais manqué son œuvre. « C’est de votre faute à tous. Elle était malheureuse à cause de vous. » L’accusation acerbe se percute contre son squelette et elle se retourne pour le regarder, la tempête aussi bien au-dessus de leurs têtes qu’au fond de ses prunelles. « Tous tarés ! C’est pour ça qu’ils sont crevés les autres. Elle vous méritait pas. C’est à cause de toi qu’elle est devenue toxico. » Ses pas ravalent la distance en un battement de cils, il n’a même pas le temps de refermer la bouche après son dégueulis de conneries que la rouquine la saisit par le col de sa veste. Son visage est seulement à quelques centimètres du sien et elle se retient de toutes ses forces pour ne pas le frapper. Elle s’arrachera la peau elle-même s’il le faut, tant qu’elle ne succombe pas à ses pulsions sauvages ici. Pas si près de la tombe de sa mère, elle ne mérite pas ça – que sa fille se détruise un peu plus au lieu de partir en paix. « T’as jamais rien su d’nous. T’es qu’un crétin qui vit qu’par procuration. J’te souhaite de crever lentement, qu’t’ais le temps d’implorer le pardon d’ceux que t’as bousillé et de n’entendre qu'le silence en retour. » Elle le lâche en le repoussant en arrière et il bégaie une nouvelle fois que c’est de sa faute à elle, qu’elle n’aurait jamais dû être dans leur vie. « Adieu Abel. » Elle secoue la tête et lui tourne le dos, traversant le cimetière sans s’arrêter – sans jamais s’arrêter avant de s’échouer quelque part où personne ne la reconnaîtra. Ce qu’il ne comprendra jamais, c’est que les Méalóid n’ont besoin de personne pour se déchirer.
Et que c’est mieux ainsi.
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