numéro un ; tu viens de new-york, c'est dynamique, ça sent la joie de vivre à des kilomètres à la ronde, ou les rues malfamées, celles où tu as habité, celles où l'on prit pour ne jamais emprunter, bien trop périlleuses, même pour un raccourci profitable. tu n'as passé que six années là-bas, le temps nécessaire pour prendre tes marques, comprendre d'où tu viens et réaliser que tu ne seras pas comme les richards de l'autre côté, tendrement aimés par leurs deux parents et gâtés à en revomir.

numéro deux ; ton père, tu ne l'as connu que pendant tes six années de new-yorkais, et depuis tu n'as jamais cherché à le revoir, c'est un sujet de conversation superflu, que tu n'as jamais jugé utile de mettre sur table ; ça devait pas être un type bien. alors où qu'il soit, tu préfères qu'il y reste. quant à ta mère, elle n'a pas supporté de se faire mystifier par ton père, bien trop crédule pour réaliser que tout lui passait sous le nez.

numéro trois ; alors, après un divorce riche en balourdise, vous avez emménagé la ville de savannah tous les deux, là où ta mère a totalement dérapé, tout a dégénéré brutalement ; ça a commencé par deux-trois splifs par-là, des soirées où elle rentrait ivre morte avec deux partenaires bien éméchés aussi, un bout de tissu en guise d'habit même lorsque les hivers s'avéraient rigoureux et la neige incessante – tout faire pour rester attrayante auprès de la gent masculine. puis elle a perdu le contrôle sur sa vie, et a passé ses jours à s'amuser comme l’adolescente qu'elle n'a jamais été. toi, tu te contentais d'admirer, prendre toutes les notes possibles pour ne pas ressembler à ce qu'elle est devenu.

numéro quatre ; jusqu'au moment où ses batifolages et parties de jambe en l'air lui ont redonné la responsabilité de s'occuper de ce qui grandissait dans son ventre, soit une fille nommée vivianne, que toi et d'autres appellent tous vivi parce que c'est joli comme un cœur. mais votre mère ayant déjà du mal à gérer sa propre vie, elle n'allait pas élever un nouveau-né ; c'est pourquoi malgré ton jeune âge de sept ans tu t'es occupé de ta petite sœur du mieux que tu pouvais, juste avec ton cœur à défaut d'avoir un exemple ou un modèle. et depuis, vous avez cette complicité débordante qui vous unira pour toujours.

numéro cinq ; plus les années passent, plus tu te rends compte détester ta mère. et ton père alors. mais ce qui te bouffe le plus dans tout ça, c'est que ta fichue sœur semble dessiner sa vie à partir du portrait raté de votre aînée. tu en deviendrais presque furax de voir qu'après toutes ces années où tu l'as élevé avec de nombreuses interrogations qui n'ont jamais été résolues, elle se tourne du côté du diable; à imiter ou à se faire endoctriner encore par votre mère et ses erreurs flagrantes, à faire la princesse parce que maman dit toujours oui à tout. mais tu ne dis rien, tu es gentil. jusqu'au jour où.

numéro six ; tu es plutôt sociable, dans le sens où tu ne te prendras jamais la tête quand il s'agit de bavarder, tu ne chicanes pas toi, tu te fais toutes sortes de connaissances, bonnes ou mauvaises, tu es juste trop sympa pour repousser quelqu'un qui marmotte avec toi. c'est sans doute de cette manière que depuis ta rencontre agitée avec jax, tu ne l'as plus jamais quitté. de même pour daire, malgré son trop fort caractère, tu arrives à trouver le moyen de communiquer avec elle. toujours est-il que cette recherche de compagnie constante et ta capacité facile avec les relations humaines entraînent bien trop souvent l'agacement des autres, qui se retournent contre toi alors que tu souhaitais seulement plaisanter autour d'un verre.

numéro sept ; côté cœur, tu n'as jamais su briller. ton physique a toujours plu, c'est indéniable, mais souvent ça n'a pas matché. pourtant tu as une tchatche impressionnante, mais une mise en avant de ta personne qui en effraie plus d'une. néanmoins, toi et une certaine jo entretiennent une relation plus que douteuse, vos regards croisés traduisent la parfaite idylle mais toi tu ne captes rien. la question ne s'est jamais posée; tu la fréquentes depuis que tu es haut comme trois pommes, tout se fait avec franchise et spontanéité de ton côté que tu n'y vois rien de plus qu'une grande amie, bien que tu mentes à tes sentiments. jo l'a parfaitement compris bien qu'elle s'affaire de ne rien laisser paraître.

numéro huit ; tu es bienveillant, quelqu'un de naturel qui donnera beaucoup pour aider une personne en détresse. tu ne demandes jamais rien en retour et ne fait pas ça pour les honneurs (quoi que parfois). c'est juste dans ta nature, c'est ce qui te façonne. tu as presque toujours une cigarette à la bouche, le regard lointain, les pensées qui dérivent. proche d'une image de bad boy. tu as toujours ce petit rictus insolent aux lèvres, un peu couillon sur les bords. parfois tu aimes te lâcher, faire des conneries. te sentir vivant tout simplement. tu es aussi quelqu'un qui a peur de l'isolation, surement dû au fait que depuis ton jeune âge tu avais la compagnie de ta sœur sans cesse. c'est simplement pour ça que tu ressens le besoin d'aller vers les autres. de te faire des amis.

numéro neuf ; le grand squatteur quand tu n'est pas dans ta maison. tu as la fâcheuse habitude de retourner l'appartement de tes hôtes avec des soirées organisées en l'honneur de tout et rien, mégots sur l'évier, sur la table basse et même sous le matelas, bières en pack de 6 éparpillées un peu partout ; l'appart se transforme en un cendar. comme la plupart, tu passes nombreuses de tes soirées à te dépouiller avec une bande de potes. tu adores profiter, vivre chaque moment comme si le prochain ne garantissait rien de bien, même si les lendemains s’avèrent toujours compliquer à assumer.

numéro dix ; la raison pour laquelle tu ne te projettes pas dans l'avenir, c'est que tu n'imagines rien de toi dans le futur. tu sais cuisiner un plat de pâtes, seuls les spaghettis, ce qui relève du défi pour toi déjà. alors monter une famille, la protéger, rapporter un salaire tous les mois te rend nauséeux. donc tu te contentes de vivre, et tant que tu respires, tout va bien. mais parfois, entouré seulement d'un cendrier entassant les mégots que tu consumes, tu t'inventes un peu ton havre de paix avec le futur glorieux que tu aurais pu avoir si tu étais mature et déterminé; mais tu réalises que tu rêves, seul, baignant seulement dans la lueur d'un astre de demi-lune, avec un briquet en main.