nous demandons un minimum de 10 anecdotes, vous pouvez cependant en faire plus si vous le souhaitez.

   01 ; Mama, life had just begun, but now I've gone and thrown it all away... La gamine est amère. Le père un songe abstrait. 16 balais, des rêves plein la tête, insouciante jusqu’au polichinelle. C’est du bide de cette ravissante imbécile désabusée  que ta vie jaillit. Les rêves laissent place à la réalité fragile et brutale à la fois. La survie prend le pas sur les rêves, sur la vie. Petite fille devient une p*te. Pauvre maman. C’était ce que tu te disais avant. Avant qu’un client ne lui tranche la gorge dans un excès de folie... ou d’alcool, de drogue peu être? Ou les trois à la fois? Mais le souvenir est trop vague. Trop jeune pour être triste.

   02 ; Hey there, Delilah what’s it like in New York city?I'm a thousand miles away but, girl, tonight you look so pretty yes, you do. Times Square can't shine as bright as you I swear, it's true... Maman n’est plus. Une de perdue, dix de retrouvé? Ça n’a jamais été aussi vrai. Parce qu’à l’époque, elles étaient solidaire, les p*tes. Wendy, Gloria, Summer, Maria... elles deviennent toutes tes mamans intermittentes. Bousillées par la vie, la clope, la coke, les queues, elles rassemblent leur force pour tenter de te donner un semblant d’éducation. Tu n’auras jamais appris autant qu’avec ces femmes à vendre, brisées et dégoûtantes.

    03 ; C’est pas la rue mais l’être humain qui m’attriste, comment leur faire confiance il ont tué le Christ...Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, à l'inconnu qui passe. La p*te est bien souvent dépourvues de dépravation ou de méchanceté. Son cœur ne connaît pas la noirceur, seulement le vide. Mais qu’elle perspicacité en ces femmes de joie. La profession leur apprend à cerner l’inconnu au premier coup l’œil. Les petites cases sont bien souvent justes, jamais clichées. Alors tu observes aussi petite fille, ces femmes et ces hommes. La nature humaine te fascine autant qu’elle te répugne. La notion de virilité devient floue, comme celle de la famille, de l’amour. Le sexe est la seule chose concrète, constante, durable.

   04 ; First Kiss just like a drug Tu le savais. Au fond de toi tu l’a toujours si. Un jour tu devrais t’y mettre toi aussi. Les filles ne pourraient pas te protéger éternellement. T’as treize ans, ton corps change, tu commences à devenir une petite femme, une petite p*te. Tu te souviens encore des paroles de Wendy. Elle te propose de te faire perdre ta virginité. Elle parle d’un accessoire, elle dit que ça sera rapide, qu’elle sera douce et que tu n’auras pas trop mal. Summer surenchérit : si t’attend que ton premier client te prennes, il va te defoncer. Il en aura rien à foutre que tu sois vierge, lui. Alors t’acceptes. Mais Wendy avait tord, t’as eus mal. Un mal de chien de te faire déchirer les entrailles par tes mères. Petite fille devient une p*te.


   05 ; Welcome to the hôtel California,Such a lovely place, such a lovely place, Such a lovely face. Nous sommes un jeudi soir. Et les couloirs glauques de cet hôtel enfumé te paraissent de nouveau comme si tu ne les avais jamais vraiment quitté. Une partie de ton être restera à jamais dans ces murs défraîchis. L’odeur nauséabonde de la moquette te parviens encore parfois. Ton premier client se tient la. L’homme austère, osseux, te toises de ses yeux vitreux. L’odeur l’alcool qui se dégage de lui te donnes là nausée. J’baise pas. J’suis mineur. Il hésite... C’est une pipe ou rien. Ça ne sera pas « rien ». T’essaies d’oublier ces images mais parfois, elles se présentent encore à toi le temps d’un songe glaçant. Il était le premier, il ne sera pas le dernier. Deux ans de ta vie à mettre ton petit corps aux enchères.


   06 ;In an other life, I will be your girl... Deux ans à brader ta dignité, mais à chaque fois c’est comme la première fois. Tu ne le supportes plus. En dehors de ces murs, tu ne connais rien. Mais tu n’en peux plus de cette vie, de ces hommes. Ton corps ne le supporte plus. Avec tes quelques économies et tes quinze ans, tu quittes tout. Tes mères, ta vie, tes merdes. La rue. Elle est belle, fascinante, sauvage et imprévisible. Tu t’y plais quelques mois. T’aime la rue et elle te le rend bien. Tu te débrouilles comme tu peux. Souvent ta petite gueule y est pour beaucoup. T’es belle... enfin non, t’es bonne, et ça aide dans la vie. Et puis y’a Caleb. Tu ne l’a jamais rencontré, mais tu bosses pour lui. Tu vend ses merdes mais tu n’as jamais eus affaire à lui directement, juste à ses hommes de main, il est trop loin lui, trop haut. Petit prince de la rue, connus de tous bien que personne n’ai vu son visage. Certains parlent même d’une légende. Enfin tout se passait plutôt bien étant donné les circonstances, jusqu’à cette nuit.

   07 ;Had I known how to save a life Le béton dur et froid, c’est ta nouvelle maison. Les temps sont durs et finalement tu n’est qu’une gosse. Alors quand trois camés te trouvent la toute seule, t’es la proie idéale. Te dépouiller de tes quelques biens, et pourquoi pas d’un petit plaisir. Tu sais que tu vas y passer. T’as aucune échappatoire, ils sont trois et t’es seule, t’as aucune chance gamine. Mais tu ne te laisses pas faire aussi facilement. La rage qui bouillonne en toi depuis trop longtemps t’aide a leur rendre leur coups. Et puis il y’a ce bruit. Doux et mélodieux. Le cliquetis d’un revolver qu’on charge. Puis ce silence religieux. Des cris, des bousculades, et de nouveau le silence. Ils ont disparus aussi vite qu’ils sont arrivés. Mais lui il reste. Tu le regarde ranger son neuf millimètres dans son jean comme le cliché d’un vieux gangster. Il ne t’accordes pas un regard. Aucun de nous ne dit rien. T’as presque envie de le remercier mais tu ne sais pas comment faire. Il n’a pas l’air d’attendre quoi que ce soit. Tu le regardes allumer une clope de ses longs doigts agiles et tatoués puis ranger le paquet dans la poche arrière de son jean. Il s’adosse au mur, ton mur. C’est quoi ton nom? Son ton est dur, froid, sec, tranchant. Les seuls mots en plusieurs minutes. T’as envie de l’envoyer chier mais au lieux de ça tu réponds « Sarah ».
 

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