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 bloody reflection. (the loves)

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Crash Love

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MessageSujet: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyMer 25 Juil - 16:20


   On cours, cours, à travers les ruelles. Nos rires qui se répercutent contre les murs tandis que les cris de la police raisonnent derrière nous. Ils veulent qu'on s'arrête mais leur présence nous donne des ailes. On évolue aisément à travers la ville, les foulées identiques au centimètre près, on détale si vite que j'ai l'impression qu'on va finir par s'envoler. Nos bras qui se balancent en même temps, comme s'il y avait un miroir entre nous, sensation de fusion. Monstre à deux cœurs et quatre poumons, on devient irrattrapables. Et bientôt, les cris sont si lointain qu'on n'y prête même plus attention. On arrive en bas de notre immeuble et on se jette en même temps sur la porte d'entrée avant de s'engouffrer dans le hall et de grimper les étages. Nos éclats de voix qui réveillent tout le bâtiment sur notre passage alors qu'on entre enfin dans notre appartement, le souffle court. Nos poitrines qui se gonflent et se baissent à un rythme effréné, mais toujours en chœurs. On s'appuie l'un sur l'autre un moment, le temps de retrouver nos idées claires. On finit par se séparer, l'un va prendre sa douche tandis que l'autre s'ouvre une bière. Peut-être lui, peut-être moi. Ce soir je suis Knox et lui Crash. Ce soir j'ai encore enfilé son costume pour aller draguer une fille avant que les choses ne dérapent et qu'une patrouille de passage ne fasse tout dégénérer. On sort de la douche, on termine notre verre et on va se coucher après avoir fait le point sur la soirée. Une bonne soirée, assurément. Un peu moins frustrante pour moi car je suis Knox ce soir et Knox n'a pas mon problème. Alors ça me semble plus vivable et la douche glacée m'a calmé. Il se dirige vers le clic-clac et moi vers la chambre. Celle de Knox. Mais je suis Knox pour l'instant. Je m'effondre sur le matelas et m'éteins presque instantanément. Émotions violentes qui m'ont épuisé, course poursuite qui a terminé de m'achever.

   Je grogne, dérangé par les rayons du soleil. Je souffle, soupire à plusieurs reprises. Je  finis par m'étirer et ma main percute un corps. Je relève la tête, un bruit de fond qui me parvient aux oreilles. J'ouvre un œil. C'est Knox. Je grimace et me redresse péniblement. Je suis dans le clic-clac et Knox boit son café, installé à côté de moi, les yeux rivés sur la télévision. Moment de confusion passager. J'étais persuadé de m'être couché dans son lit. Peut-être que j'ai migré durant la nuit sans m'en souvenir. Peut-être que je ne me suis jamais couché dans sa chambre finalement. Je ne sais plus vraiment et je m'en fous un peu, habitué à ce genre de situations floues. On a jamais cherché à les éclaircir. A quoi bon ? Je viens m'asseoir à côté de lui, la voix enrouée par le sommeil dont je peine à m'extirper. — L'mien ? Et ni une ni deux, Knox me tend la tasse de café qu'il a préparé à l'avance pour moi. Comme un vieux réflexe, on prévoit toujours tout pour deux. Même quand on est tout seul. Et dans un silence tranquille, on se contente de mater la télé en émergeant à notre rythme. Il finit par se lever pour aller chercher quelque chose dans la cuisine et quand il revient, je le détaille vaguement. Sans grand intérêt dans un premier temps, juste pour voir ce qu'il est allé faire. Mais un truc me titille, accroche mon regard. Comme une anomalie. Mes yeux qui s'agitent, mon front se plisse alors qu'un sentiment de malaise rend mon café plus amer que d'ordinaire.  — 'tend, 'tend ! Que je marmonne pour l'arrêter tout en me redressant. Je me lève et m'approche de lui, ma tête qui se penche vers son flanc droit, mes doigts qui passent sur sa peau légèrement boursouflée et blanche. Je lâche un profond soupir, dépité. — P'taaaain, Knox. Il a une légère cicatrice. Je me souviens, il s'est pris un coup de couteau il y a quelques temps et ça semble laisser une marque. Une marque que je n'ai pas. Et ma réaction est immédiate. Le corps qui se contracte, différence intolérable. Je relève les yeux jusqu'aux siens, nos regards qui s'accrochent, similaires, traversés par la même émotion. La même révolte. On ne pourra plus avancer tant que l'erreur n'aura pas été réparée. Corps identiques dans les moindres détails, sinon le souffle nous manque. Je lève les yeux au ciel, contrarié et le bouscule pour partir dans la cuisine. Je reviens avec un des grands couteaux affûté qu'on a, peut-être le seul en fait. Je hausse les épaules. — On fait où ? D'la douche pour pas en fout' partout ? Le ton un peu trop serein pour ce qu'on s'apprête à faire. Décision commune sans avoir eu besoin de se consulter. Décision qui en laisserait plus d'un pantois. J'imagine déjà nos potes de Londres nous répéter de ne pas faire ça, que ce n'est pas nécessaire. Qu'être un petit peu différent c'est bien aussi. Ça ne l'est pas. C'est douloureux. Le genre de douleur qui ne s'explique pas, qui ne se comprend pas. Elle se vit, elle s'endure. Et l'idée d'une lame charcutant ma chaire m'effraie moins que nos différences.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyLun 30 Juil - 18:01

Quand je me lève ce matin, dans cette chambre, j’suis embrouillé comme le sera Crash. Parce que j’étais persuadé m’être endormi sur le canapé. On avait échangé nos places ici, j’m’en souviens à cause de cette nana. Elle apparaît par flash dans ma tête, elle et sa bande de dégénérés de copains. J’me souviens que Crash les a provoqué, comme je l’aurais fait. Je me souviens de mon regard lubrique sur cette nana et de l’excitation qui naissait au fond de mon bide, quand ses copains sont venus la défendre. J’me souviens de quelques coups distribués. De quelques marques passagères qui me coloreront la peau. Tout ça en flash me réveille. Je trique dès le matin en mettant mes phalanges sous mon nez, j’ai encore la marque des dents du type sur mes doigts. Ca m’fait marrer. Je lève sans un bruit et file à la salle de bain pour prendre une douche qui remettra les idées en places. J’en profite pour me branler dans la douche en me repassant quelques souvenirs de la veille et quand je sors je tombe en face de mon reflet. C’est parti pour l’inspection. J’fais ça chaque fois, je regarde mon corps dans les moindre détails à la recherche de quelques cicatrices, quelques marques que je suspecte de ne pas voir partir. Un nouveau tatouage dont j’aurais oublié l’origine. Rien de nouveau à signaler. Rien sauf cette putain de cicatrice qui veut pas s’effacer. Ca fait trois jours que j’me le dis. Trois jours que je frotte comme un taré avec ma serviette comme s’il s’agissait d’un petit de tatouage malabar. Trois jours que j’ai envie de rouvrir cette putain de cicatrice pour la forcer à mieux cicatriser. J’avale ma salive, les sourcils froncés. Faut que je me rende à l’évidence, elle va pas partir. C’est pas tant que j’veux éviter ça à Crash. Après tout, si j’me suis pris ce coup d’couteau la semaine dernière ou peut-être bien celle d’avant, lui aussi. C’est surtout que j’ai peur qu’il m’en veuille. Y a que moi pour ramener des cicatrices tous les trois jours.

Quand j’sors j’attrape un pantalon et l’enfile tout en allant vers notre kitchenette pour préparer nos cafés. Une fois fait, je les poses sur l’accoudoir à côté de moi et allume la télé pour les dessins animés du matin. Toujours. Tous les jours. J’en profite pour attraper mon téléphone portable et checker ce que j’aurais pu louper. J’me rend compte qu’après dix minutes que ce n’est pas le mien mais celui de Crash. Tiens, parlant de lui. Pas besoin de l’entendre ni d’un regard que je lui temps déjà sa tasse de café. D’une voix morne je lui demande : C’à qui l’tour pour l’taf ? Mais il ne m’écoute pas. 'tend, 'tend ! Je fronce les sourcils et me tourne vers lui. C’est bon j’ai pigé. Je ferme doucement les yeux et les rive ensuite sur la télé comme si j’espérais qu’il passerait l’éponge. Ça serait mal nous connaître. J’commence à gigoter sur le canapé et m’extirpe tant bien que mal tant il est affaissé. J’renverse un peu de café sur les draps mais je ne m’en préoccupe pas. Déjà Crash est en train de m’engueuler. J’soupire mollement et par réflexe, je gratte sur cette cicatrice comme si elle était porteuse d’une infection, comme si c’était un corps étranger. Voilà, maintenant qu’il s’en ai aperçu, y a plus le choix. J’pensais qu’ça finirait par partir. Que j’explique honteux en me grattant le crâne. Mais je peux plus l’arrêter maintenant, il est en train de fouiller dans la cuisine et je tente tant bien que mal de me souvenir du jour exact où j’ai eu cette cicatrice. Où ma peau s’est déchiré et pas la sienne. Ce coup que j’aurais dû éviter, moi qui cicatrise si bien d’habitude.

On fait où ? D'la douche pour pas en fout' partout ? D’un regard je sais déjà que je ne vais pas pouvoir l’éviter. C’est à moi que ça revient, pire que ça j’en ai envie. De toute façon, Crash n’a fait que de se rendre à l’évidence, cette marque ne partira pas. Et si elle ne part pas alors il doit se débrouiller pour avoir la même. On peut p’être finir l’café avant ? Non, on peut pas. Ça fait déjà trop de temps qu’on est différent, trop de temps qu’il y a un bug dans notre système, une erreur de codage. Je souffle et pose la tasse sur le premier meuble que je croise en fonçant dans ma chambre. Un bordel monstre, comme d’habitude. C’pas tellement ça qui me dérange. Je ramasse les fringues qui traîne de la veille et fais mes poches. Pas là. J’fouille dans mes tiroirs. Pas là. J’ouvre mes placards. Rien. Ah putain, j’suis con. Comme un éclair ça fait tilt, je retourne dans le salon pour ramasser le jean que Crash portait hier, à ma connaissance. Là j’le trouve, mon couteau papillon et le secoue devant Crash. Autant faire ça bien. C’tait un couteau com’ça. Les types à qui je m’en prends ne se balade pas avec le couteau de Gordon Ramsay dans les poches. Et si je lui fais du mal autant que ça soit pour une cicatrice identique. Dès que j’ouvre mon couteau, ça fait comme une décharge électrique. Il est si bien au creux de ma main, si bien contre ma paume, comme un extension de mon corps qui viendrait me remettre les batteries à fond. J’prends la tête vers la salle de bain. Une fois dedans, j’attends que Crash retire son calbute pour se mettre dans la douche, en attendant, posté devant le miroir, je mime avec le couteau l’angle qu’il faut prendre, essayant de me souvenir. Essayant de remettre un visage sur l’agresseur. Mais ils n’ont pas de visage dans ma tête, ils ne sont que des tas d’os qui craquent et quelques litres de sang qui giclent. Qui sait l’identité de celu qui m’a enfoncé ce couteau, pas trop profondément car ce n’était pas si grave, assez pour que ça pisse le sang. J’essaie de savoir là où j’ai foiré. j’aurais sans doute dû m’faire recoudre. J’ai mis trois jours à arrêter de pisser du sang à chaque mouvement. Trois putain d’jours. Une fois que je suis à peu près sûre de mon coutea, j’attrape sans trop réfléchir le désinfectant dans le placard et renverse tout le contenu sur ma lame. Ca fera mal, mais au moins il ne risque pas l’infection. Manquerait plus que je sois obligé de me rouvrir la plaie pour qu’elle soit aussi énorme que la mienne. J’estime d’un regard jusqu’à combien je dois enfoncer le couteau et prend une grande inspiration. C’est pas la première fois. Ça sera sans doute pas la dernière. Et j’sais qu’à chaque fois ça le soule, pas tellement qu’il craigne de ma sécurité, c’est qu’il fait attention, lui avant d’apporter la moins modification à son corps. Moi pas. J’pars du principe qu’il rechignera jamais à faire la même chose. Même si c’est de plus en plus difficile à assumer. J’monte dans la douche à mon tour pour me mettre à côté de lui. Je plaque nos torses pour être sûr de la position, la plus exacte possible. Bouge pas p’tain. Que j’engueule, surtout stressé par tout ça. Stressé parce que je suis à cinq minutes de poignarder mon frère jumeau. Je prends une grande inspiration et me place face à lui.

La pointe du couteau est contre sa peau, si bien qu’une perle de sang coule déjà le long de ses hanches. Je regarde pas ce que je fais, seulement ses yeux. Mes yeux. Je le tiens d’un main par l’épaule pour l’empêcher de reculer, même si je sais qu’il ne le fera pas. Je tiens la lame sur le tranchant, là où j’pense devoir m’arrêter, je serre tellement que j’crois bien que même mes doigts sont écorchées. Allez, t’prêt ? Un, deux, trois.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyLun 13 Aoû - 2:05


   — J’pensais qu’ça finirait par partir. Je lève les yeux au ciel. — Hm. 'rrête d'penser alors. Que je marmonne vaguement en lui passant devant pour aller chercher un couteau dans la cuisine pendant qu'il reste un peu bêtement planté dans le salon. Il m'énerve quand il fait ça. Se faire charcuter en permanence sans penser aux conséquences. Comme si ses tatouages merdiques ne suffisaient pas à me faire chier. On a pas suffisamment de thunes pour se permettre de la perdre là-dedans. Mais il s'en fout, complètement. Trop obnubilé par sa soif de violence, comme un adolescent révolté. C'est souvent l'impression qu'il donne Knox. D'être resté bloqué au stade d'ado en rébellion contre la société. Disons que 98% du temps ça m'amuse. Jusqu'à ce que je doive me trouer la peau pour lui ressembler. Et ce n'est même pas parfait en plus. On peut imiter à la perfection un tatouage - du moins suffisamment pour qu'on ne puisse pas voir la différence à l’œil nu. Mais les cicatrices, c'est plus compliqué. Impossible d'avoir deux fois la même à l'identique et ça me fout les boules. Il le sait. Et je sais que ça le frustre aussi, c'est ça qui me tue. Se dire que son envie de cogner est plus forte que notre ressemblance, parfois, ça me ronge un peu. Mais je ne dis rien. J'suis sûr qu'il le sait déjà de toute façon. Il sait tout. Il est là, dans ma tête, partout. Il entend chacune de mes pensées, comme si c'était les siennes. Pas d'intimité, pas de jardin secret. Ça ne me dérange pas au fond. Parce que je ne supporterais pas que lui ait le moindre secret pour moi. J'le sentirais, ça me rendrait fou. La vraie folie. Celle qui vous pousse à faire n'importe quoi, au point de finir en camisole jusqu'à la fin de sa vie.

   Je reviens avec un couteau en main, impatient. Il proteste un peu. — On peut p’être finir l’café avant ? Je tique. — Hm. Oui. On peut attendre l'année prochaine aussi, s'tu veux. Je hausse un sourcil pour marquer mon mécontentement. Il souffle mais obtempère, se levant à contre-cœur - un ado, vraiment. Il me passe devant et je pivote pour le suivre du regard sans comprendre où il va dans un premier temps. C'est seulement quand je l'entends fouiller de partout dans la chambre que les connexions se font. Mon regard qui se pose sur le couteau entre mes doigts, puis sur la chambre. Il cherche son couteau. Je lève les yeux au ciel. Il dans mon jean du-con. Quelques secondes après, il ressort de la chambre et fonce sur mon pantalon. Je le regarde faire sans un mot, me contentant de hocher lentement la tête de gauche à droite. Il sort enfin le couteau et le brandit sous mes yeux. — Autant faire ça bien. C’tait un couteau com’ça. Je le dévisage, il a l'air content de lui. Il s'attend à quoi ? A ce que je saute de joie ? Sourire forcé. — Génial. J'ai donné le maximum là.

   On file dans la salle-de-bain et pendant qu'il désinfecte la lame et se prépare, moi je me fous à poil et rentre dans la cabine de douche, la poitrine légèrement comprimée par l'appréhension. Je passe mes mains sur mon visage, comme pour me réveiller. Me stimuler face à ce qui m'attends. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il doit me charcuter, mais ce n'est clairement jamais un bon moment à passer. Surtout que là, il va devoir enfoncer pas mal et je n'ai pas franchement la même tolérance à la douleur que lui. Chez lui elle provoque une sorte d'euphorie passagère, comme un shot d'adrénaline. Moi ça a plutôt tendance à me clouer sur place, surtout si je ne suis pas énervé contre quelqu'un, ou quelque chose. Il me rejoint et je deviens de plus en plus nerveux. Tout mon corps se crispe, me hurlant de prendre la fuite. Mais ma tête m'empêche de bouger, elle est décidée, elle sait ce qui est le mieux pour moi. Pour nous. Il se colle à moi pour comparer un peu et voir d'où à où il doit planter et dans quel sens, quel angle. Tout compte. On l'a appris à nos dépends. Une cicatrice ratée parce qu'on avait pas pris tous les paramètres en compte et y a fallut recommencer pour corriger ça. Un calvaire. Mais j'ai du mal à rester tranquille et il perd vite patience, sur les nerfs lui aussi. — Bouge pas p’tain. Je tourne la tête vers lui, le regard noir. — Fallait pas t'prendre un couteau. Que je rétorque du tac au tac. C'est lui qui merde et c'est moi qu'on engueule. Ma respiration s'accélère de plus en plus et je peine à rester immobile. Ma poitrine se soulève et s'abaisse sous l'effet du stress. Mon corps qui sait qu'il va morfler et qui ne comprend pas pourquoi il doit rester stoïque. Knox pose une main sur mon épaule, pour me tenir, me retenir, me soutenir. Je capte son regard et on ne se lâche plus. Je me perds dans ses yeux, je lui emprunte un peu de sa folie, de son amour pour le sang et les peaux qui éclatent. Je m'en imprègne, persuade mon corps et mon esprit que j'adore ça aussi. La pointe du couteau titille déjà mon épiderme, ça pique, ça gêne. Je sens un léger filet de sang couler lentement le long de ma hanche. Je ne bouge plus. — Allez, t’prêt ? J'inspire un grand coup, retiens mon souffle et calme mes palpitations pour ne pas trembler, pour qu'il ne me rate pas. Je hoche la tête, mon regard qui s'accroche au sien, concentré.

   Et d'un coup, une douleur vive me transperce et me coupe le souffle. L'impression d'avoir été arrêté en pleine course après avoir percuté un mur à toute allure. Mes pupilles qui se dilatent brusquement tandis que mon visage se raidit. J'ai l'impression que tout mon corps vient de se mettre sur pause, que plus rien ne fonctionne dedans. Et j'attends. J'attends qu'il me fasse signe que c'est bon, que je peux bouger. Et d'un coup, je me remets à respirer bruyamment, haletant. Je me laisse tomber en arrière, mon dos qui heurte le mur tandis que je viens poser mes mains sur ma récente blessure. — P'tain, Knox je - c'était si profond... ? J'ai la voix qui vacille alors que la douleur devient de plus en plus lancinante. Ça fait un mal de chien. Je serre les dents, le visage crispé par la sensation terrible qui irrite tous mes muscles et chacun de mes nerfs. Je peine à respirer correctement, mon corps un peu choqué par l'intrusion de la lame. Je finis par me laisser glisser sur le sol, mes jambes tremblent un peu sous l'effet de rechute de l'adrénaline. — Merde... Knox... T'fais vraiment chier. Que je grogne entre deux inspirations rauques. Je blêmis à vue d’œil. Je finis par baisser les yeux, le sang coule abondamment. J'en ai plein les mains, le ventre, les cuisses et ça se perd dans le siphon de la douche. Je relève la tête vers lui et malgré tout, malgré mon état, malgré que j'le déteste de m'imposer ça, je souris. Satisfait. Une partie de mon esprit est apaisée, soulagée. Mais elle se fait vite distancer par la douleur qui revient à la charge, je ferme les yeux une seconde et plisse le nez. — On va dire qu'c'était ton tour d'bosser c'soir hein. Et sûrement demain et toute la semaine en fait.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyMar 14 Aoû - 16:09

Il arrête pas de grommeler et je n’écoute qu’à moitié ses plaintes d’ado. Ça va, il croit quoi ? Que ça me fait plaisir à moi de devoir planter mon propre frère ? J’ai pas fait exprès d’me prendre un coup d’couteau. J’fais ce que je peux pour éviter les marques indélébiles. D’un autre côté, j’m’explique pas tellement ce qui s’est passé en moi quand j’ai vu l’autre, ce type sans visage, brandir sa lame et que la lumière du réverbère ricochant contre sa petite lame de voyou a éclaté sur ma rétine. Shoot de dopamine, comme si tout mon corps sortait de l’engourdissement. Vous voulez cette sensation, quand vous vous relevez juste après avoir passé des heures allongés et que soudainement, c’est comme si le sang crépitait dans vos veines. Et bien c’est ça, puissance mille. Les papillons dans l’ventre, le coeur qui s’accélère, les pupilles qui se dilate. C’est comme tomber amoureux toutes les nuits. J’ai foncé sur lui en m’accrochant à sa nuque, plantant mes doigts dedans et je me suis presque empalé tout seul sur sa lame en voulant lui donner un coup de genoux dans les couilles. Je sais pas ce que j’ai cherché à faire. Le réflexe de tout le monde est de courir en sens inverse. Le mien c’est de foncer sur le couteau. J’ai même pas senti le coup, je m’en suis aperçu qu’après. Quand le type est tombé à genoux en se tenant les boules. J’ai reculé de quelques pas, sautillant sur la pointe de mes pieds. J’ai eu le temps de lui donner un coup de pied en plein dans sa mâchoire. Il est tombé K.O. Et c’est seulement là que j’ai vu mon t-shirt souillé, et que la douleur est vive, mais agréable. Tout ça s’est passé en un tier de seconde, j’vous jure.

Voilà on est maintenant l’un et l’autre dans cette salle de bain et j’sens qu’il m’en veut un peu plus à chaque seconde. Ça m’énerve. Fallait pas t'prendre un couteau. ma mâchoire se contracte. Je lève mon regard vers le sien, le mien. J’m’y perds. Lâche-moi tu veux ? Que je rétorque, sec. Je baisse à nouveau les yeux sur l’emplacement le plus exact, quand j’pense être bon j’installe la lame. J’attend que sa respiration se bloque. J’arrête de respirer en même temps que lui. Trois. J’enfonce sans hésiter la lame. Et j’suis submergé par des sentiments contradictoires. Le shoot de dopamine se fait, m’électrise tout entier. Le sang s’écoule en rafale sur mes doigts dès que je retire la lame. Mes yeux sont envahis de larmes qui ne coulent pourtant pas. Deux secondes de bug pendant lesquels mes yeux fixent les siens, mais je vois plus rien à la fois. C’est particulier comme sens du sacrifice. Particulier de poignarder son frère. Particulier de se laisser faire pour son frère. Les planètes s'alignent. Comme un grand soulagement quand on échange un sourire complice. Soudain, je reprend du mouvement. P'tain, Knox je - c'était si profond... ? - Ça va, ça va. Que j’expédie sans le regarder, sans même savoir ce que je dis. Je balance le couteau dans l’évier sans m’arrêter de le retenir de tomber et observe la plaie à l’air libre. On n’y pense pas sur le moment, mais maintenant toutes mes craintes explosent dans mon crâne. Et si c’était pas le bon endroit ? Et si j’avais touché un organe vital ? Mon coeur cogne contre mes côtes si fort que j’ai l’impression de les entendre craquer. Je sors de la cabine douche et attrape la première serviette qui traîne et lui envoie. Mets ça. Appuis. Il le sait, mais j’peux pas m’empêcher de lui rappeler, alors que lui m’insulte déjà. Ouais, ouais, je sais. Mais peut-être bien que je les aime, moi, ces moments-là. Peut-être que j’en ai besoin, qu’on se saigne l’un pour l’autre, juste pour un rappel, juste pour se rapprocher encore plus. J’en sais rien. Mes pensées fusent dans tous les sens. C’est comme un vague qui m’engloutit. Comme si d’un coup mon corps seul ne pouvait pas retenir tout ce qui se passait en moi. Mes mains tremblent pendant que j’fouille dans les tiroirs à la recherche du désinfectant et des compresses. J’trouve pas. Ca m’énerve. J’balance des jurons. Pendant ce temps là, Crash est allongé dans la douche. On va dire qu'c'était ton tour d'bosser c'soir hein. J’entends à peine. Mets trois secondes à répondre, préoccupé, incapable de réfléchir tellement je suis en surchauffe. T’pourras pas bouger pendant trois ou quatre jours. Il devrait se faire recoudre, mais il le fera pas. Parce que je l’ai pas pas. Parce qu’il faut que nos cicatrices soient les mêmes. Il va se mettre à pisser l’sang pendant les jours à venir. OÙ SONT LES COMPRESSES. R’viens. Que j’annonce en sortant de la salle de bain. Appuis, fort ! Que j’ordonne en passant le seuil.

Je suis dans ma chambre, je shoot dans tous les fringues qui y traîne. Il est où ce foutu désinfectant ? Et puis, une fois que la porte s’est refermée derrière moi. J’explose. Le shoot était trop fort, trop intense. Faut que j’évacue. Il le faut. Je me retourne et frappe dans le premier mur qui passe sous mes phalanges. Une fois. Deux fois. Je grogne. Je secoue ma main violemment. La douleur irradie dans tout mon bras, mais me calme presque instantanément. Je pousse une longue expiration et, ça fait tilt. je me jette au sol et je tends le bras sous le lit. Il est là. Il y est resté de ma dernière nuit. Je le fais glisser sur quelques centimètres pour pouvoir l’attraper à pleine main et reviens en trottinant dans la salle de bain. Je remonte dans la cabine de douche, toujours en secouant un peu ma main douloureuse et m’accroupis devant Crash en lui lançant une oeillade. Ça va ? Que j’demande, un maigre sourire sur les lèvres. Il a pas le temps de me répondre que je l’attrape par la nuque pour l’attirer contre moi, ignorant son râle douloureux. J’embrasse sa joue avec toute l’intensité qui nous caractérise. J’en profite pour retirer la serviette et renverse l’alcool à 90 % au même moment, sans le prévenir. La douleur va le déchirer en deux. Je sais, j’ressens la même chose, là, en même temps. Comme si mes nerfs étaient directement relié aux siens. Qu’on avait qu’un cerveau pour deux. Ca c’est une théorie qui mérite d’être développée. Je pose la compresse sur sa plaie pendant qu’il se tord encore de douleur et prend sa main pour qu’il la tienne le temps que je découpe avec mes dents les bouts de scotch.

La tension redescend. Doucement. Mon coeur aussi.
J’me sens incroyablement bien. .
Merci.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptySam 18 Aoû - 10:39


   — Ça va, ça va. Facile à dire pour lui. C'est pas lui qui vient de se faire ouvrir en deux. Et même si c'était le cas, il adorerait ça. Pas moi. J'ai jamais aimé. Mais j'l'aime lui et malheureusement, c'est plus fort que tout le reste. Mais je n'ai pas le temps de lui en vouloir pour le moment - j'ai trop mal pour ça. Il me lâche et je m'effondre, haletant, les yeux remplis de larmes à cause de la douleur qui me cisaille. Les nerfs en feu, y a tout mon corps qui supplie pour que cette sensation s'arrête, disparaisse. Mais ce ne sera pas demain la veille, parce que je ne vais même pas pouvoir me soigner correctement. Il m'envoie une serviette que je peine un peu à attraper, grognant au moindre mouvement. — Mets ça. Appuis.J'sais. Que je marmonne tout bas, pas sûr qu'il m'ait entendu. Je pose la serviette sur ma plaie et je serre les dents, ça me lance dans tout le corps. J'appuie et c'est terrible. Je laisse tomber ma tête en arrière, complètement vautré contre le mur de la douche, la poitrine qui se soulève et qui s'abaisse frénétiquement. Et ça fait mal. J'essaye de me concentrer sur ma respiration, pour éviter que mon torse ne bouge trop et que ça tire sur ma plaie - mais j'ai du mal. J'ai froid et je me sens tout engourdis - c'est à cause du choc. L'adrénaline est retombée si brutalement que j'ai la sensation d'être dans un putain de frigo. Je frissonne un peu. Et pourtant, j'ai le front qui goutte un peu, comme si j'étais en nage. J'entends Knox qui s'agite mais je ne regarde pas, trop occupé par mon propre cas. Mais le fait qu'il tarde autant à revenir ne me rassure pas franchement. On dirait que y a un problème et ça fait réapparaitre une pointe de panique dans mon ventre. J'essaye de penser à autre chose en me remettant à parler, mais ça me coûte pas mal. — T’pourras pas bouger pendant trois ou quatre jours.Super. Je souffle longuement par le nez, contrarié. Trois ou quatre jours, dans le meilleur des cas. Si je cicatrise bien, s'il n'y a pas de complication. — R’viens. Je redresse péniblement la tête, les yeux qui s'agitent.  — Quoi ? T'vas où ? Pourquoi il me laisse ? Pourquoi il me refile pas les compresses ? J'essaye de me relever - réflexe stupide - mais j'échappe aussitôt un  cri étouffé et m'affale à nouveau au sol. Je hais cette sensation de faiblesse. De me dire que si y a un danger ou quoi que ce soit, j'suis pas en état de réagir correctement. Affaiblis par les conneries de Knox. Ça me fout la haine. — Appuis, fort ! C'est tout ce qu'il me répond en quittant la pièce. Et je m'insurge. — KNOX ! Reviens connard, reviens. Je me mets à respirer de plus en plus bruyamment, la sensation que les parois de la douche se rapprochent de moi pour m'écraser - j'étouffe. J'appuie tant bien que mal mais j'ai l'impression que mes mains s'engourdissent. Y a du sang partout et ça donne l'impression qu'un massacre a eu lieu, alors que c'est juste une entaille. Une entaille vachement profonde. Je ferme les yeux et déglutis, tente de penser à autre chose, d'oublier cette maudite douche qui tente de me broyer entre ses murs. Ça va, c'est rien, c'est ton cerveau qui invente n'importe quoi parce qu'un truc cloche et qu'il ne sait pas comment l'analyser.

   Je ne rouvre les yeux que lorsque j'entends du bruit. Knox qui grimpe dans la douche pour me rejoindre, je voudrais me redresser pour lui laisser un peu de place mais la simple idée de bouger me déprime. — Ça va ? Question con. Pas le temps de répondre, il m'attrape et me tire vers lui - c'est quoi son putain d'problème ? Je beugle un peu, mon corps qui proteste face à ce mouvement trop rapide, la serviette qui m'échappe alors que j'ai le réflexe de venir poser mes mains sur Knox pour me retenir à lui. Il m'embrasse la joue, dans un geste affectueux et j'le laisse faire sans râler plus. Ça calme un peu mon rythme cardiaque. Et la chaleur de son corps me réchauffe. J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais tout ce qui en sort c'est un cri de douleur alors qu'il vient de renverser ce que je devine être du désinfectant sur ma plaie. Ça me brûle horriblement et mon pouls s'emballe de nouveau, atteignant des records alors que tout mon corps se contracte et se tord. Mes doigts se plantent dans sa peau et je serre les dents, laissant ma tête retomber sur son épaule en gémissant encore un peu. — 'foiré ! Que je grommèle comme je peux. Il m'oblige doucement à reculer, pour pouvoir venir poser une compresse sur ma plaie et les larmes se sont mises à couler le long de mes joues sans que je n'ai pu les retenir plus longtemps. C'est le genre de douleur qui nous donne envie de croire en dieu pour pouvoir le prier de l'arrêter. Le genre de douleur qui rend dingue, qui nous donne l'impression que ça ne s'arrêtera plus, que ça ne passera pas. Le genre de douleur qui fait péter un plomb et qui épuise. Je respire de façon irrégulière, le souffle tremblant. J'attrape sa main lorsqu'il me la tend et la serre aussi fort que possible - une partie de moi à peut-être un peu envie de la lui broyer pour me venger. Mais je n'en fait rien, me contente de me raccrocher à lui.

   Et j'le sens qui se détend à côté de moi. Il n'est pas inquiet, il est soulagé. Et c'est contagieux. La douleur qui me semble subitement plus supportable, plus acceptable. Je ne le quitte pas du regard, observant chacun de ses gestes, écoutant le rythme de sa respiration pour tenter de me calquer dessus. — Merci. J'esquisse un sourire maladroit entre deux spasmes douloureux. Comme un merci à toi aussi. Merci d'avoir bien voulu me charcuter pour que notre univers puisse continuer de tourner - j'aurais jamais eu le cran de m'infliger ça moi-même je crois. Quoi que. Je sais que j'aurais fini par ne plus penser qu'à ça. Cette cicatrice sur sa peau et pas sur la mienne. P't'être bien que ça aurait fini par me rendre dingue et que j'aurais finalement pété un plomb avant de me planter. Mais ça n'aurait pas été propre, ça n'aurait pas été bien fait. Pas avec le bon angle. Et au final, ça n'aurait servi à rien. Douleur vaine qui n'aurait pas retiré la frustration. Alors que là, je suis confiant. Je me calme un peu, retrouve mes esprits. — Sors moi d'là... J'trop froid. Si je pouvais, je me foutrais sous de l'eau brûlante. Mais avec la compresse ce n'est pas possible. Alors faut qu'il me foute sous les draps, des tonnes de couvertures. Et un café, putain, il me faut un café. Parce que j'ai froid à l'intérieur aussi. Et qu'un peu de caféine ne pourra pas me faire de mal, ça me redonnera un coup de fouet. Et faut qu'il reste avec moi aussi. Parce que rien ne me fera mieux guérir que sa présence. — C'qui l'enculé qui t'avais planté ? Que je demande pour me forcer un peu à parler, à penser à autre chose. — Parc'que là, j'très envie d'le saigner aussi. Pour me venger de nous avoir forcé à en arriver là. Y a pas de raison que ce soit toujours moi qui paie l'addition en dernier. Pas cette fois en tout cas. J'suis usé des conneries de Knox mais pas capable de lui en vouloir à lui. Il me faut un responsable à détester et ce sera donc ce connard à couteau.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyDim 26 Aoû - 19:25

L’air qui rentre. L’air qui sort. Les fourmis que j’ai dans le bout des doigts se dissipent un petit peu, Tout redescend, fatigué de s’être tant agité en si peu de temps. Mais je suis une suite de très hauts et de très bas. Crash et moi, on a jamais sû faire dans la modération. Y a un truc qui s’enclenche en un quart de seconde dans notre cerveau, et c’est terminé, tout démarre comme un putain d’voiture de course. Tout redescend aussi vite. Une fois que j’ai éclaté mes phalanges contre le mur de briques, une fois que j’ai versé l’alcool sur sa plaie ouverte, une fois que j’ai senti ses doigts s’enfoncer dans ma chair, tout se calme. Et je crois que ça a le même effet sur lui. Ces moments-là sont comme une chorégraphie millimétrée maintenant, même si ça nous tombent dessus à l’improviste et qu’on a toujours l’air de paniquer. Mais y a déjà dix ans, on se rafistolait déjà. J’me revois rapidement sur l'escabeau à vouloir attraper le désinfectant. Papa était en taule à ce moment là, Crash et moi on a eu la bonne idée je jouer avec les tessons de bouteilles qui traînaient dans l’arrière cours miteuse de la barraque de banlieue où on vivait. Au fond rien n’a vraiment changé depuis ce temps-là. On est toujours tous les deux, à veiller l’un sur l’autre, à se sortir des mêmes galères. Seuls au monde. Et pourtant rien ne tourne vraiment mal quand on est là l’un pour l’autre. C’est pour ça qui c’est pas si grave, que j’viens d’poignarder mon jumeau dans la douche. Rien n’est si grave que ça.

La compresse en place j’me laisse une seconde pour souffler. J’allume l’eau et rince mes mains en tenant le pommeau de douche, j’l’envoie nonchalamment à côté de Crash en essuyant mes mains sur le jogging que je porte. Il est plein de sang lui aussi, mais on verra ça plus tard. Sors moi d'là... J'trop froid. Je lui lance un coup d’oeil. Si y a bien un truc qui diffère entre nous, c’est notre convalescence. J’ressens jamais aucun des symptômes qui le frappent, parce que je suis toujours survolté quand j’me prends ses coups. Là, on vient juste de se réveiller. Mais j’acquiesce, compatissant et me redresse et descend de la douche. Là j’me penche vers et lui et je l’attrape du mieux que j’peux pour qu’il s'appuie sur mes épaules. J’accuse chacune des injures qui filtrent de ses lèvres à chaque mouvement trop brusque. Ca va ! que j’martèle pour le faire taire, surtout parce que je ne supporte pas qu’il ait mal. Je l’emmène à petits pas jusqu’au salon et l’allonge sur le canapé-lit encore défait. Je le cale contre des coussins du mieux que j’peux. C'qui l'enculé qui t'avais planté ? J’equisse un sourire en attrapant un autre coussin pour le placer sous sa nuque. J’voudrais bien m’en souvenir, mais c’est pas le cas. Ils ne sont que des ombres dans mon cerveau en surdose, ces nuits-là. Ils ne ressemblent à rien, ils ne sont personnes, même pas des êtres humains, la plupart du temps. Des tas de chairs et d’os, à déchirer, à casser. Ouais voilà ce qu’ils sont. J’saurais même pas dire de quoi c’était parti, et pourquoi on était quatre contre six, à se taper dans un cul-de-sac. Parc'que là, j'très envie d'le saigner aussi. Cette pensée me réchauffe le coeur. Car mes plus belles bastons sont toujours celles que j’ai partagé avec lui. Quand on lâchait prise en même temps, et que j’étais comme un superhéros capable de me dédoubler, et de frapper partout à la fois. Je m’assois sur le bord du canapé et me penche en avant en soupirant pour ramasser une veste à capuche et un jogging qui traînent en dessous. Je les envoies à Crash. ’sais pas Bandi. J’te jure, j’me souviens pas. que j’annonce. C’est toujours la merde quand j’ai des trou noirs après une soirée, parce que j’peux plus lui raconter ce que j’ai fait. Ou ce qu’il a fait. Réfléchir aux conséquences, j’sais pas faire. Crash a toujours été plus doué que moi dans ce domaine. Habille-toi, ça t’réchauffera. Je me lève, avec paresse. J’suis fatigué, d’un coup. La redescente hormonale. J’ai l’habitude. J’attrape en m’étirant sa tasse de café à peine entamée et la ramène dans la cuisine. Là j’la vide dans l’évier et relance un autre café. Evidemment qu’il voudra tu café. Depuis la cuisine, j’crie quand même, par dessus le son de la cafetière : J’étais sur Tybee c’te nuit-là. Avec des habitués des raves. J’crois qu’on voulait tester ces nouvelles soirées pour riches. T’en as entendu parler ? Le point de rendez-vous des héritiers et des pseudos starlettes, des lycéens sous cocaïne pensent savoir ce que c’est que de faire la fête. Ca m’revient maintenant. J’voulais détruire leur monde de privilégiés, j’voulais leur montrer à quoi on ressemblait, nous. On s’est fait j’ter à l’entrée, ça a dérapé. Que j’explique, un peu confus, la voix lente et pâteuse d’un lendemain de cuite. Le café est prêt, j’le verse la tasse. J’ai aussi envie d’un café, tant pis, je piquerais dans sa tasse, la mienne est trop loin. Je reviens sur le canapé, Crash est à peine habillé. J’soupire et pose la tasse sur l'accoudoir du canapé et l’aide à enfiler sa deuxième manches. Puis j’me laisse tomber à ses côtés, juste à côté. Pendant longtemps, ça a été impossible de nous faire dormir dans deux lits différents. Et c’est pas rare que je rejoigne son lit pendant la nuit, presque dans mon sommeil, par réflexe. J’me suis toujours sentie mieux quand j’le sens contre moi. Ca me rassure. Ca me calme. Quand t’pisseras plus l’sang on ira y r’faire un tour. Que j’commente en indiquant du menton sa compresse déjà imbibée. Là mon regard se tourne vers la télé. L’épisode que j’étais entrain de regarder avant que Crash se réveille n’est même pas encore terminé. Ca m’faire sourire. Planter mon frère ne m’a pas pris plus de quinze minutes. Et puis tout rentre dans l’ordre. Nos corps sont à nouveau identiques. J’peux r’garder les dessins animés maintenant ? que j’plaisante.
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MessageSujet: Re: bloody reflection. (the loves)   bloody reflection. (the loves) EmptyMer 5 Sep - 11:08


   — Ça va ! Qu'il me répète, encore et encore. Mais j'ai la sensation que c'est surtout lui qu'il essaye de convaincre. Comme pour être sûr qu'il n'a pas fait une connerie et que rien ne va mal tourner. Moi j'ai mal, mais je reste serein. Tout ira bien. Ça ne peut pas virer au drame, c'est lui qui m'a planté, ça finira forcément bien. Il m'attrape sans même que je n'ai pris le temps de me rincer, du sang qui dégouline encore un peu partout sur mon ventre, ma hanche mes jambes et mes mains. Ce ne sera pas la première fois qu'on en fout partout et qu'on bousille une paire de draps. Faudrait peut-être qu'on songe à les jeter un jour pour certains d'entre eux, tellement tâchés qu'on en vient à se demander si ce n'était pas là dès le début. Motifs bizarres et sombres qui s'étendent de plus en plus. Je serre les dents et pince les lèvres pour retenir quelques jurons de douleur alors qu'il me hisse sur mes pieds. J'ai l'impression qu'on est en train de m'arracher les boyaux. Je m'appuie fermement sur lui et on progresse à petits pas jusque dans le salon, prudemment, ralentissant quand ça me fait trop mal avant de repartir. Quand il me fait m'allonger sur le clic-clac déplié, c'est l'apothéose de ma douleur avant la libération. Dès que je suis de nouveau immobile tout se calme, j'ouvre enfin la bouche pour relâcher une profonde expiration de soulagement. Je le laisse caler les coussins pour que je sois bien installé, grimaçant un peu mais sans me plaindre un instant. Au lieu de ça, je lui fais part de mon envie d'aller enterrer le con qui l'a planté. Parce que outre le fait que je me retrouve à devoir subir la même chose, ça aurait pu être plus grave. Knox aurait pu y passer. Il aurait suffit qu'un organe soit touché et il se serait vidé de son sang. Et cette idée me fout les boules et réveille en moi cette rage dont dispose tous les Love. Même si elle est encore plus éclatante chez Knox. Comme s'il était capable de rendre tout plus magnifique, même les choses les plus dégueulasses. Admiration sans faille pour sa folie parfaite, je n'aurais jamais le cœur de la brider. Ce serait comme trahir ce qu'il y a de meilleur en lui. Ça n'a aucun sens pour le commun des mortels, mais je sais que lui comprend. Il comprend tout, toujours et mieux que moi encore. Il finit par attraper quelques fringues qu'il me balance sans ménagement, pas le temps pour les fioritures, Knox n'a jamais été du genre à jouer l'infirmière parfaite. Tant mieux, moi je n'ai jamais aimé attiser la pitié. Surtout pas la sienne. Et aussi loin que je me souvienne, ça n'est jamais arrivé. Avec lui, y a jamais rien de plus qu'une profonde et sincère compassion. Et ça me suffit, je n'ai pas besoin de plus venant de lui. C'est suffisant pour calmer la douleur et la rancune. —  ’sais pas Bandi. J’te jure, j’me souviens pas. Je hoche la tête. — J'sais. Je suis habitué depuis le temps, à ses blackout. La violence et la drogue qui ébranlent son esprit sinueux pour rendre la réalité opaque et confuse. Je le comprends, il m'arrive la même chose quand c'est moi qui vrille. Il m'arrive parfois d'oublier les visages de mes victimes d'une nuit. J'aime à croire que c'est mon cerveau qui tente de me protéger pour atténuer la culpabilité déjà douloureuse. Mais au fond, je sais que ce n'est pas ça et Knox l'a compris depuis bien longtemps aussi. Défaillance dans notre système interne, j'crois pas que qui que ce soit puisse réparer ça un jour. Et j'pourrais pas laisser quiconque tenter de changer ça chez Knox. Je l'aime pour ça. Parce qu'il est entier et extrême. Je l'aime dans toute son intensité, dans toute sa laideur rayonnante. — Habille-toi, ça t’réchauffera. Je secoue la tête de bas en haut, docile, attrapant les vêtements qu'il a jeté sur moi quelques secondes auparavant tandis qu'il se lève et s'éloigne. Et pendant qu'il s'affaire dans la cuisine, moi j'attrape un bout du drap pour venir m'essuyer au maximum du sang restant. Puis je commence à enfiler le jogging en échappant quelques respirations douloureuses, mes lèvres qui se retroussent régulièrement dans un mouvement contenu, le nez qui se plisse et les muscles qui se contractent. J'essaye de bouger le mois possible mais l'entaille est située à un endroit difficile à immobiliser. Le moindre mouvement tire sur ma peau coupée et étire ma plaie. J'inspire profondément par le nez et finis malgré tout par réussir à enfiler le bas. Un peu n'importe comment et l'arrière reste coincé à mi-fesses mais ça suffira pour l'instant. — J’étais sur Tybee c’te nuit-là. Avec des habitués des raves. J’crois qu’on voulait tester ces nouvelles soirées pour riches. T’en as entendu parler ? J'attrape le pull à une main, mon autre bras - celui du côté de la blessure - est un peu engourdis. — Ouais, à Tybee c'ça ? J'en avais vaguement entendu quelques échos lors de nos raves, des gens qui faisaient des comparaisons. Comme si c'était comparable. Y a rien de glauque chez nous. Tout est brut, à l'état pur. On sait comment on rentre, on sait comment on ressort : mal. Tellement mal que ça devient libérateur. Tellement libérateur qu'on devient accroc. Et les gens reviennent, encore et encore, toujours plus nombreux. Fourmilière grouillante et grandissante. Le jour ou tout s'embrasera, y aura des putains de dégâts. Et j'sais pas si j'appréhende ou si j'ai hâte. Peut-être les deux. — On s’est fait j’ter à l’entrée, ça a dérapé. Je ricane tout en passant ma tête dans le pull. Tu m'étonnes. Ce n'est pas chez nous qu'un truc pareil arriverait. On éjecte personne, on s'en fout. Les gens s'en vont d'eux-même quand ils réalisent qu'ils ne sont pas à leur place. Ils se pensent trop bien, mieux que nous. Ils n'ont rien compris, ils restent cachés derrière leurs masques corrects. Menteurs qui n'assument pas leurs travers. Y a rien de plus pervers. Je glisse mon bras en état dans la manche mais je n'arrive pas à passer la seconde, je râle et peste tout bas tandis que Knox me rejoint. Il dépose la tasse et vient m'aider sans un mot. Une fois habillé, je rabat la couverture du dessus sur moi, pour me maintenir bien au chaud. J'attrape la tasse de café, ça brûle mes mains, ça fait du bien. — Quand t’pisseras plus l’sang on ira y r’faire un tour.Ouep. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres en pensant au carnage que ça risque d'être. L'euphorie est passagère mais grisante, calmant un peu plus la douleur qui me tenaille. Il s'installe à côté de moi et ça termine de m'apaiser. Je souffle tranquillement, vidé de mon énergie. Mais serein. La journée peut enfin commencer, dans le calme le plus total. — J’peux r’garder les dessins animés maintenant ? Je tourne la tête vers lui et hausse un sourcil. — Enfoiré. Que je lâche tout bas en riant à moitié, comme si c'était de ma faute si la matinée avait commencée comme ça. Je secoue la tête en levant les yeux au ciel, d'un air blasé. — Laisse moi l'temps d'me r'mettre d'celle-là avant d'te r'faire planter, ok ? Que je grogne en guise d'avertissement. J'aimerais autant éviter de rester cloué au lit pendant 3 semaines parce que monsieur à remis ça. Je m'enfonce en peu plus dans les coussins, les yeux fatigués, le corps lessivé. La journée risque de ne pas être très productive.


RP TERMINÉ.
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