01 ; mazeo t'es rafistolé à coups de pansements qui s'décollent dès que tu fais le moindre mouvement. moi je lève mon verre à tous les coups que t'as pris mais que t'as encaissés, à tous ces hématomes qui surgissent dans la nuit et qui s'incrustent dans ta peau jusqu'à creuser un chemin dans ton esprit. tu t'es élevé, tu t'es levé, seul. très tôt t'as appris que de toute façon, dans cette putain de vie, on ne peut compter que sur soi-même. le mot famille ? c'est que des conneries. on t'a martelé le crâne, te disant que tu valais rien, mais t'as rien voulu entendre alors t'as levé ton doigt, et avec le plus grand des honneurs, tu leur as dit qu'un jour ce doigt-là, ils crèveraient pour le baiser.

   02 ; depuis, à chaque instant tu te répètes que c'est toi qui a les rênes en main, c'est toi qui mène ta barque et qui contrôle le flow. à n'en pas douter, tu ne redeviendras pas ce gamin pathétique qui pataugeait dans la boue. tu ne seras plus celui qu'on rouait de coups, parce que moi je t'ai vu, mazeo, tu faisais tellement pitié. pourtant, aucune main ne s'est tendue dans ta direction, aucune aide ne t'a été proposée. il n'y avait que toi. seulement toi, du matin au soir, rien que toi, qui pouvait agir pour t'en sortir.

  03 ; faut croire que t'avais ça dans le sang, que t'en étais capable. de renverser la balance. au détriment de ton âme, ton égo a pris le dessus. cette espèce d'esprit revanchard qui te colle à la peau mais qui ne te sied pas du tout. comme si, à ce jour, t'avais encore à faire tes preuves. alors pour rétablir une vérité que personne ne démenti, de temps en temps tu chopes les premiers venus à la gorge afin qu'ils se souviennent de ton nom. mais si ces petits gars arrêtaient de claquer des dents en te voyant, ils sauraient comme moi que t'es qu'un lâche, parce qu'il y a que les faibles qui s'attaquent aux plus faibles.

  04 ; t'es pas quelqu'un de bien mais je crois pas que t'en sois conscient. tu portes avec toi un bagage à problèmes, et de temps en temps tu pioches un vice là dedans comme pour le libérer mais sache que tout ce que tu fais c'est l'attiser. tout le monde te dit qu'il faudrait qu'un jour tu apprennes à te contrôler, que ça te jouera des tours, mais tu te dis que c'est normal, que c'est le prix à payer pour régner. que ton imprévisibilité est la clef. qui a besoin des autres quand on a déjà soi ?

  05 ; t'es loin d'être con, mazeo, si tu savais le potentiel que t'as. mais quand il s'agit de compétition, tu n'as aucune limite pour ne pas perdre ta couronne, alors tu te proclames roi des cons et je trouve ça tellement dommage. t'aurais pu, être quelqu'un de bien, ou juste quelqu'un, juste pas toi. ce qui est incroyable chez toi, c'est que t'es parvenu à accepter les pires parts d'ombre qui te constituent, tes pires démons sont tes meilleurs amis, mais t'as pas réussi à admettre qu'il y a aussi du bon, quelque part. caché. c'est jamais tout noir, c'est jamais tout blanc, tu devrais le savoir, tu fais pas exception. t'es plus gris foncé que gris clair, mais pour atténuer cette obscurité il y a forcément un peu de lumière, il suffit juste de la trouver et de garder près de soi pour ne plus perdre son chemin. c'est pas si compliqué mazeo, fais moi confiance.

  06 ;  en attendant, prends ta guitare. c'est le seul moyen que t'as trouvé pour canaliser la plupart de tes pulsions, alors fais nous écouter ce que tes doigts peuvent créer. c'est l'arme ultime pour charmer les filles. tu le sais bien mais quand tu joues, il n'y a plus rien qui compte, plus rien qui t'entoure. on pourrait pointer une crosse sur ta tempe, ton coeur n'en manquerait aucun battement. c'est magique et tu me fais rêver, alors t'aurais tort de ne pas partager ton talent mazeo. mais t'as encore une longue route à parcourir, parce que t'es pas sûr de pouvoir encaisser des rictus moqueurs pendant que tu joues, t'as pas envie de donner un peu de ton art à des gens qui sont pas capables d'apprécier ses saveurs. y a que anca qui sait. y a que anca qui connait. qui te connait.

  07 ; anca c'est la fille. c'est la petite nana qui est rentrée dans ta vie et que t'as fais plusieurs fois ressortir. mais elle a laissé des traces indélébiles et t'as beau frotter c'est putain d'incrusté. alors t'essaies de couvrir ses traces avec celles de d'autres gonzesses qui trainent dans le coin, t'façon tu te dis qu'elles se valent toutes alors anca ou une autre qu'est-ce que ça changera ? mais va bien falloir un jour que tu l'admettes, il y a quelque chose de différent chez elle. pourtant, t'es le pire des bâtards avec elle, elle se ramasse tes coups et tu sèches même pas ses larmes. j'te l'ai déjà dit mille fois mazeo, te réapproche pas d'elle. t'es sale et condamné, et elle est princesse torturée, alors ensemble y a toutes les chances que vous niquiez le monde.

  08 ; mais l'Amour, qu'est-ce que c'est ? cinq lettres à la consonance inconnue, que t'as perdues sans certitude de les avoir ne serait-ce qu'entraperçues. quand on a pas eu de famille comme toi gamin, on peut pas s'imaginer ce que c'est d'avoir quelqu'un qui veille sur toi. et puis, avoir quelqu'un qui surveille tes arrières, c'est pour les faibles. et t'as beau me le répéter, quand tu me dis que t'es pas faible moi j'y crois pas. mais bon, soit, t'as besoin de rien ni personne. vas-y, fais le caïd, mais quand tu giseras sur le flanc et que personne ne remarquera ton absence, tu te souviendras que, si t'avais été aimé, tu serais pas là. pas comme ça, pas dans cet état. mais bon, moi j'peux pas t'en blâmer, l'Amour, ça s'invente pas, ça se vit, et tu laisses personne vouloir de toi. anca a essayé et regarde ce que t'en as fait. si tu l'avais aimée t'aurais pas fait ça mazeo, t'aurais pas pu, tu l'aurais ramassée, pas laissée tomber, mais peut-être bien que c'est ta façon d'aimer ? dans ce cas, t'es bien plus barjo que je le pensais.

  09 ; et le temps défile sous tes yeux ahuris, marqué par toutes tes conneries et la dangerosité de tes tromperies. tu fais le beau avec ton sourire, mais il est plus carnassier qu'amical. t'aimerais un jour atteindre tes limites, mais tu ne fais que les repousser et les oublier. et quand finalement t'as bien failli te brûler à force de jouer, le destin en a décidé autrement et a sauvé sa vie, mais la tienne aussi. tu te souviens, mazeo ? la rage qui avait pris pleine possession de ton corps, la colère qui s'était emparée de ton pied sur l'accélérateur, la puissance qui avait parcouru tes veines lorsque t'avais senti que c'était ton choix, à ton tour de décider, si la vie d'un homme pouvait continuer ? et puisque t'avais les cartes en main, tu les as posées, t'as appuyé, t'as roulé, t'as tué.. mais finalement Quelqu'un là-haut a choisi de le laisser vivre, t'as ôté cette décision alors qu'elle t'appartenait, et ça t'as rongé de frustration. tu t'es concentré sur ce sentiment, laissant de côté celui qui t'apportait soulagement de ne pas avoir pris de vie ce soir-là. il y a deux démons qui s'affrontent : celui qui voulait atteindre la limite et celui qui aspire a grandir. j'aimerais tellement parier sur ce dernier, mazeo, mais si tu prends conscience qu'il existe tu l'étoufferas sans ciller.

  10 ; j'vais parler en ton nom gamin, si tu le veux bien, parce que j'sais que les concepts que je vais aborder sont complètement hors de ta portée à c'te heure et je t'en veux pas, mais j'garde espoir qu'un jour ce soit plus le cas. t'es né sous une étoile, mazeo. peut-être pas une des meilleures, peut-être même pas sous une bonne, mais une étoile quand même. et tu sais ce que ça fait, une étoile ? ça brille. on s'en fout, que ça brille fort ou pas, l'essentiel, c'est que dans la nuit, on la voit. les étoiles, ça illumine des espaces infinis, et quand les gens sont perdus, ils lèvent la tête et ils les voient, là, elles sont là pour les guider. si tu lisais ça gamin, tu rigolerais. mais je t'assure, qu'un jour, tous ces mots feront echo en toi. y a pas de bonnes ou mauvaises personnes, y a que des actes. c'est ça qui va te définir et quand tu prendras conscience que t'as le choix, alors tu feras le bon.