▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
Un cauchemar. Où t’avais trop bu, un cauchemar où on venait t’embrasser, où on venait t’emprisonner entre des cuisses, et où t’avais beau tenter de crier que t’étais pas gay, l’prédateur ne se faisait que de plus en plus près. Un cauchemar où tous tes démons s’étaient retrouvés dans un seul corps au sourire malicieux, qui semblait tout savoir de tes yeux verts, tout savoir de tes travers. Qui venait te tourner autour, juste pour s’amuser, juste parce que t’étais drôle à te débattre dans le vent, la gorge noyée dans l’éther, et tes paroles qui venaient, comme des bulles de savon, s’éclater dans l’air. Tu te souviens déjà plus de sa silhouette, de la couleur de ses yeux mais t’as un frisson qui te parcourt quand tu revois ses lèvres foncer sur les tiennes. Ton corps qui réagit avec trois secondes de décalage, et un missile en papier qui vient s’taper contre ton nez. Un putain de cauchemar, hein ? Le problème c’est que ça en était pas un. T’as le papier chiffonné entre tes doigts énervés, tu le fous dans ta poche, la scène qui tourne en boucle dans ta cervelle comme un disque rouillé. Il t’a touché. Il était proche de toi, et tu n’as rien fait. Tu t’allumes une cigarette et craches la fumée en manque de nicotine, tes pieds qui font des allers retours devant la cabine, tu fais même tomber ta pièce à force de t’énerver dessus, tu râles, tu t’abaisses, et on te met une main au cul. D’un coup tu te redresses, les sourcils froncés, « oups pardon je pensais que t’étais une nana », sérieusement ? Cet enculé continue de marcher comme ci de rien n’était alors que si t’étais un peu bourré, tu l’aurais giflé. Tous des putains d’obsédés. Les hommes te dégoutent, ta main en un poing sous la colère que cet inconnu a réveillé, la pièce dans ta paume contractée. Tu les brûlerais tous jusqu’au dernier. Les clients de ta mère en premier, puis ce taré qui note son numéro avec du sang. Tu devrais jeter le papier. A force d’essayer de déchiffrer les nombres, tu vas le connaître par cœur son numéro, à le réciter comme une incantation. Tu fumes, tu fumes, encore et encore alors que tu sens la colère monter, grossir à n’en plus finir. Tu te montes la cervelle contre le monde entier, prêt à exploser, tu jettes ta clopes près d’un égout, l’eau qui vient éteindre le feu, et les flammes dans tes yeux verts super vénères. Tu prends une aspiration, tu mets ta pièce, tu prends le téléphone que tu cales contre ton oreille, et puis ça y est, t'ouvre le feu. Le papier froissée entre tes doigts, tu fronces les sourcils pour y lire les chiffres, la feuille que t’éloigne comme un papi alors que tes doigts viennent taper le bon numéro. Et t’espères ne pas t’être tromper parce que c’était ta seule putain de pièce et que tu paraitrais bien nul avec ta colère sur les bras. Merde, pourquoi tu l’appelles ? Tu vas lui dire quoi ? T'y as même pas réfléchi putain, t'es vraiment con. C’est peut-être un faux numéro. Mais au moins tu pourras déverser toute ta haine. C’est simple de le faire au téléphone, non ? Tu dis pas bonjour, tu lui craches à la gueule et puis tu raccroches. De toute façon, il aura beau vouloir rappeler la cabine téléphonique, tu seras plus dans la rue pour l’écouter. Ouais, t’es pas assez courageux pour l’affronter. Ça sonne. Ton cœur chute entre tes intestins, et tu gardes ton visage énervé alors que t’es le seul à pouvoir le voir dans le reflet des vitres. Ça décroche. « Toi et tous les mecs de ton genre, vous irez tous en enfer pour vos pêchés, tu es sale, tu me dégouttes, et faut être putain de taré pour écrire son numéro avec son sang, m'approche plus jamais sinon je porte plainte pour agression », tu raccroches aussitôt. T'arrêtes de respirer. Une, deux, trois secondes. Tu respires à nouveau. Ta mère ne serait pas fière, mais c'est ton petit secret, tu regardes le ciel. Tu regrettes. Tu coiffes tes boucles en soupirant, avant de pousser la porte, tu déchires le papier, et pars le jeter. Fin de l’histoire. T’en es persuadé.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Dim 29 Juil - 17:44
Il n’aurait jamais pensé qu’il puisse autant jubiler en moins de cinq minutes. Mais là, il y a tout lieu de croire que le mauvais karma des autres atteint des sommets pour que ce soit lui la punition, lui qui débarque pour foutre du gros sel dans les blessures, avec un sourire trop grand et surtout trop sincère. Sa journée a pas si bien commencé, pourtant. Comme toutes ses journées, vous me direz, difficile d’avoir la pêche en se réveillant quand la dépression nous pourrit les artères. Un poisson mort dans son aquarium – il va finir par se faire poursuivre par Greenpeace –, Nemo V ou Nemo VI, il a déjà oublié, l’annonce du suicide couronné de succès d’une amie de son frangin qu’il avait rencontrée une fois – il arrive pas à ne pas être jaloux, honnêtement –, et une matinée bavant nettement sur l’après-midi mortellement emmerdante à la caisse du Walmart. Il a même zappé de prendre son masque de zombie pour y aller, stade de déprime avancé. Bref, tout allait mal, mais un petit ange tombé du ciel décida qu’il avait droit au bonheur, lui aussi. Alors qu’il vient de sortir prendre sa pause – qu’il a déjà prise il y a trente minutes, mais on ne lui dit jamais rien, le cancer a tué sa mère, il mérite toute la compassion du monde –, Nemo ne met pas une seconde à repérer la silhouette tout en boucles brunes et moues boudeuses qui se débat dans la cabine téléphonique largement inutilisée de l’autre côté du parking. Dix sur dix à chaque œil, fin physionomiste quand il s’agit de reconnaître ses victimes, tel un serial killer bien organisé, il se souvient parfaitement du garçon qui s’agite au loin sous son regard attentif.
Il s’approche pas tout de suite, pourtant, s’allume tranquillement une clope, adossé à l’ombre, comme un voyou qui fomente des plans foireux dans un coin sombre, fasciné par le petit manège de l’autre dans la cabine, il semble vouloir personnifier l’hésitation dans une pièce surréaliste. Et Nemo se délecte du spectacle. Surtout quand un sale type lui colle une main au cul, ça le fait pouffer comme un gamin, il aurait aimé avoir filmé la scène. Et puis, y’a son téléphone qui vibre, ses doigts squelettiques qui s’en emparent avec adresse, répond sans même regarder le nom ou le numéro qui s’affiche sur l’écran. A quoi bon filtrer ses appels, il peut toujours pourrir la vie d’un employé du télécom. Il laisse échapper un « allô ? » fatigué, bâillement réprimé d’une paume distraite. La voix enragée aux propos puritains est douce à son oreille, les menaces sucrées comme du miel pour son cœur bousillé, et de voir le propriétaire de la voix gesticuler sous ses yeux et raccrocher violemment le combiné, apparemment satisfait, ne fait qu’accroître la joie toute nouvelle qui circule dans ses veines. Il a commencé à avancer vers lui lorsqu’il l’insultait à l’autre bout du fil, inconsciemment, et il n’y a à présent plus que quelques mètres qui les séparent. Nemo, dans son mode le plus furtif, se glisse derrière le jeune homme, se postant contre un mur, l’air d’avoir toujours été là, tandis qu’il se débarrasse du papier et de son numéro sanguinolent. Il sourit. « Merci pour cette déclaration d’amour, j’suis très touché. » Il fait mine de ranger son portable dans sa poche seulement à ce moment-là, la main sur le cœur, tel un amant conquis. « J’me d’mandais, où vas-tu porter plainte, j’pourrais peut-être venir avec toi ? » Et à son sourire, on devine que rien ne lui ferait plus plaisir.
Ariel Walker
apprenti sashimi
▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Jeu 16 Aoû - 16:11
Tu raccroches, tu débranches ton cerveau, la haine qui file sur ta peau, haine contre tous ces homos, haine contre tous ceux-là, tout les libérés libertins, les chaines de ton boulet qu’en prennent un coup chaque matin. Tu raccroches sans lui laisser prononcer un mot, pas l’envie d’entendre sa voix, de raviver les souvenirs flous de cette dernière fois. Tu veux plus le voir, et t'as quand même pris l’temps d’l’envoyer chier, voir ailleurs si t’y es. T’es pas cohérent, peut-être la cervelle trop pétée pour qu’elle fasse son job correctement, t’envois tout balader aujourd’hui, même la croix sur ton cou, même la faim sur tes joues. T’en as marre, trop d’éternité que tu le répètes sans le crier au monde entier, trop d’années que tu fais qu’encaisser, trop d’années que tu prends des résolutions, « cette fois on me fera plus chier », que tu tiens jamais sans te reposer en question. Comme aujourd’hui. On est samedi. Lundi, sur le banc d’l’école, se sera comme avant, l’eau dans l’vase qui déborde, qu’inonde toute la maison et les poings sur ta gueule qui finiront par partir tous seuls. Un de ces quatre. Tu sors de cette putain de cabine avec l’envie de continuer sur ta lancée, de prendre les numéros de tous les cons du lycée, les traiter un par un de pédé avant de raccrocher. C’est facile avec un combiné, on les a pas devant les yeux, on peut leur cracher à la gueule quand on est seul, c’pas la foutue solitude qui va les venger. Tu déchires l’papier salie, la poubelle dans ton viseur, et ta colonne vertébrale qui se bloque quand t’entend qu’t’es pas tout seul, que ta première victime est déjà venue te casser le dentier, et que c’est pas aujourd’hui que tu vas recommencer. C'est peut-être Dieu qui te rappelle à l'ordre. Tu lèves les yeux au ciel. Tu apprendras jamais les leçons, petit mouton noir.
Lui, il est bizarre. Avec ses phrases louches, ses allusions qui te dégouttent. Il te fait peur, pourtant t’as bien envie de lui montrer la couleur qu’aurait ta bave sur ses chaussures. Tu tournes la tête vers lui, visage du pris en flagrant délit alors qu’t’essaie de donner du caractère à tes yeux verts, le genre autoritaire, sorti tout droit de l’enfer. Mais ça marche pas. Ça marche jamais. « C’était pas une déclaration d’amour… Tu peux pas juste me laisser tranquille ? J’suis pas « ça » moi », ça, les débris de la société, les garçons qu’on a loupé à la maternité, qui sont tombés malades il parait. T’es pas ça toi. Conviction à deux balles, que t'es l'seul à boire faut croire. « Puis j’t’ai rien fait et on s’connait pas » tu lui dis, froid. Glacial. Tu t’approches pas de lui, sa blague te fait pas rire, sa gueule te ferait presque vomir. Y'a comme une poubelle entre vous. C'est ton bouclier improvisé.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Mer 22 Aoû - 23:55
Il se fige, le gamin. Même s’il est de dos, Nemo n’a pas de peine à se peindre une image mentale de son visage à cet instant précis, un mélange de dégoût, de honte, de peur et de haine, il n’en doute pas, et sur sa gueule à lui se fige un sourire très narquois. Lorsqu’il se tourne enfin vers lui, il a l’impression qu’il tente de lui faire croire qu’il va mordre, mais c’est plutôt raté, comme effet. Avec ses jolis traits juvéniles, il ne doit pas effrayer grand-monde, ce garçon, et il ne convainc pas vraiment son auditoire actuel. Nemo voit bien que c’est le genre à aboyer plus qu’à mordre, il le sait, même, la preuve, c’est ce coup de fil insensé pour se donner un peu de prises sur sa réalité. Il n’en a pas, et c’est presque trop facile de le déstabiliser, comme s’il prenait tout cela trop à cœur. Il n’est pas ça, qu’il lui crache à la figure. C’est donc ça. Ça. Nemo pouffe de rire, fait mine de s’essuyer une larmichette au coin de l’œil, devant l’absurdité des propos. L’absurdité de la situation. S’il voulait tant que ça s’en débarrasser, oublier l’agression, les gestes déplacés de Nemo, sa folie assumée, pourquoi appeler ? Bien sûr, il ne savait pas que Nemo débarquerait derrière lui, mais c’est tout de même étrange d’avoir à ce point besoin d’extérioriser. Au point de s’rendre dans une cabine téléphonique pratiquement abandonnée, qui doit puer la pisse et la gerbe, pour appeler un connard qui l’a un peu trop emmerdé un beau jour de printemps. Il cesse de se marrer une seconde, l’observe, ses yeux vides posés sur lui, absents, pensifs. Il pourrait se moquer de cette poubelle qui lui sert de toute évidence de rempart, ou de ses paroles si peu sarcastiques qu’il a du mal à en déceler la saveur. Il lui fait penser à lui, ado, cette silhouette rachitique, quasi malade, qui ne ferait pas peur à une mouche, et pourtant cette soif de vengeance assez mesquine. Sans doute qu’il est persécuté sur les bancs de l’école, que sa vie revêt la complexité émotionnelle dévorante, exténuante, qui accompagne toute poussée d’acné, la terreur factice du passage à l’âge adulte. Nemo se souvient que pour lui ce n’était que la tristesse infinie d’être toujours en vie. « Si tu n’es pas ça, tu devrais arrêter de dire que tu l’es pas. D’expérience, ceux qui nient le sont toujours. Mais c’sont mes préférés. Les plus passionnés dès qu’il s’agit de cul. La fameuse violence des refoulés, j’suppose. » Après avoir balancé un clin d’œil lascif dans sa direction, il porte ensuite son regard sur le trottoir alentour, finit par repérer une bouteille en verre vide qu’il ramasse avant de la lui tendre. « Si tu veux t’venger, fais-le correctement. En fracassant cette bouteille sur ma tronche, par exemple. T’en meurs d’envie, non ? » Un rictus engageant se trace sur ses lèvres tandis qu’il se penche légèrement pour lui faciliter la tâche, parce que son mètre nonante-et-un est pas le plus pratique pour viser juste. Il s'élève trop haut dans le ciel, pour un démon.
Ariel Walker
apprenti sashimi
▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Dim 26 Aoû - 0:06
Pourquoi t’as appelé ? La question ne cesse de se cogner, ta cervelle qu’en est envahie alors que tu veux pas y répondre. Tu sais pas. C’est ta réponse à tout ça. Tu sais pas pourquoi t’as usé une pièce dans cette cabine pourrie, tu sais pas pourquoi t’as tapé son numéro alors que t’aurait dû le jeter loin dans l’herbe le jour où il t’est tombé au visage, tu sais pas pourquoi t’as déballé toutes ses conneries aux allures de leçon récitée, toi qui parle de pêchés alors que Dieu, tu lui tournes souvent l’dos. Faut dire que t’as beaux prier, il se passe jamais rien et on t’a certainement pas assez noyé dans la bible pour que t’es la foie qui reste tatouée dans ta cervelle de môme paumé et chiant. Elle résiste pas à toutes les tempêtes que tu te prends sans cesse dans la gueule. Alors ouais parfois t’agrippes la croix qui reste pendue à ton cou mais tu baisses vite les bras. Après tout celui qui t’as appris à lire la bible, il t’a violé quand t’as au le cul assez bandant pour ses yeux, et ça, ça aide pas trop. T’es un mauvais croyant. C’est c’que l’église dirait. Tu t’en fous aujourd’hui. Aujourd’hui, t’as fait une série d’actions débiles, t’as appelé un taré et t’as sûrement signé pour un abonnement qui comprend sa compagnie et ses remarques louches. Il te fait peur ce mec, t’as l’impression qu’il va te sauter dessus à tout moment, les souvenirs qui resurgissent, ses lèvres sur les tiennes, une seconde à peine, assez pour que t’y fasses une putain de fixette. T’en as des frissons de dégout. Il t’a touché. Il t’a embrasser. Beurk. Du coup, tu continues d’être stupide. Tu te sens obligé de lui préciser, que t’es pas ça. Gay. Et t’en as un peu marre qu’on ne cesse de te l’écrire sur le front, au lycée, dans la rue, même l’inconnu manque pas l’occasion de t’enfoncer avec une vérité qui lui semble absolue et qu’a de quoi te faire flipper, te déstabiliser, ton visage qui se contracte en une grimace, les mauvaises pensées qui débarquent avant que tu nies tout en bloque, secouant la tête. T’es pas gay. Et s’il pense qu’il va pouvoir te baiser, il se fait des idées. Qu’il ose te toucher et tu lui casses cette bouteille là bas, sur la gueule. Cette même bouteille qu’il prend avant de te la tendre. Tu lèves le regard vers lui, sourcil arqué alors qu’il devine à peu près ce que t’étais en train de penser. Mais tu comprends pas. Il te mets la bouteille sur la paume, approche son visage de toi, prêt à recevoir. Tu clignes des yeux, « t’es chelou un peu… », beaucoup. En fait, il veut vraiment que tu le tapes avec cette bouteille ? Attends une minute… « J’vais pas te faire ce cadeau si c’est ça qu't'attends », tu jettes la bouteille dans la poubelle, juste entre vous deux, l’regard qui dévoile une once d’arrogance, une étincelle de défi qui s’noie bien vite dans ton iris. « Une vengeance par définition ça doit me satisfaire pas te satisfaire », tu fais l’intelligent, celui qu’a ouvert un dictionnaire une fois dans sa vie, pas longtemps. Tu l’cherches peut-être. En faisant semblant de toujours pas savoir pourquoi tu l’as appelé. T’oses un peu affronter son regard, l’menton levé parce que t’es petit, toujours trop petit pour prétendre être fort, résistant comme la pierre. C’est des conneries. Tu sais pas avec qui tu joues. Et t'as peur. Mais tu peux pas t'en empêcher. Et devine quoi ? Tu sais pas pourquoi.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Mar 11 Sep - 16:05
Il lui fait l’effet d’un chaton pris au piège qui sort les griffes comme si quelqu’un allait le prendre au sérieux. Un chaton reste un chaton, mignon, vaguement emmerdant, mais ça miaule plus que ça n’feule et ça n’effraye personne. Certainement pas Nemo, habitué à des victimes franchement plus hardcore que ce minot qui croit qu’une poubelle fait un rempart idéal. Pourtant, ça l’intrigue pas mal, cet appel de nulle part, qu’il ait conservé le papier et son sang aussi longtemps au lieu de le balancer dans l’herbe avec son briquet défectueux, alors qu’y’a aucun doute que le commun des mortels s’en serait débarrassé à la première occasion. Ça l’intrigue, ouais, et il est pas encore lassé de son petit jeu. Il a toujours été fasciné par ceux qui refoulent leurs pulsions, rejettent des idées en bloc sans même leur laisser une chance, l’étroitesse d’esprit et les convictions personnelles ancrées à tout jamais, il trouve ça merveilleux, Nemo, lui qui retourne si souvent sa veste, qui ne s’attache à rien, qui met un point d’honneur à ne jamais être là où on l’attend. Il a toujours aimé les contradictions, surtout, et l’adolescent semble n’être formé que d’un amas de cellules qui se contredisent les unes les autres, entre son attitude, son trouble ses paroles et ses actes. Tout en étant pas aussi facilement influençable que Nemo le pensait, la bouteille qui a atterri dans la poubelle plutôt que sur sa tronche, le soupir qui se glisse entre ses lèvres en dit long sur l’ennui qu’il ressent à cet instant. Non pas qu’il ait réellement espéré que le garçon allait la lui fracasser sur le crâne. Il n’y malheureusement pas assez de psychopathes dans les rues de Savannah pour ça. Mais il s’attendait à moins de logique de sa part, les hormones des gamins sont pas censées niquer leur bon sens ? Il fait la moue, devant l’air de défi du jeune homme, le regard songeur, paumé entre les ordures ordinaires et cette pauvre bouteille en verre qui s’ra même pas recyclée. Il s’embête pas à soutenir son regard à lui, qui tente de l’affronter de ses prunelles comme si ça lui redonnait un peu de contenance, un peu de courage, de prises sur une situation qu’il ne maîtrise pas. Mais Nemo ne joue pas dans cette catégorie. Nemo est plus pervers, plus sournois qu’ces types qui considèrent qu’un mec qui baisse les yeux a perdu la bataille. Nemo, il évite les face-à-face, pupilles contre pupilles, il sait que ça fait d’lui quelqu’un d’indigne de confiance, que ça le rend détestable pour beaucoup, et il n’a jamais eu besoin de ça pour s’imposer. « Bah, si tu veux pas t'venger… » C’est son sourire dans les moments les plus noirs, son arme fétiche, ce rictus qui intime qu’il sait mieux que quiconque comment obtenir ce qu’il veut, comme maintenant, les commissures de ses lèvres qui pointent vers le haut alors qu’il contourne la poubelle d’un pas leste, trop vif et trop précis pour quelqu’un de sa taille, les paumes qu’il plaque sans tellement de force sur les épaules de l’ado pour le coincer entre le mur sale d’un vieux bâtiment et son corps de géant famélique. Pas besoin de force quand la peur est de son côté. « Moi j’sais très bien comment me satisfaire. » Y’a ses doigts qui viennent se presser contre sa joue avant de soulever son menton, lui soufflant son haleine de clopes au visage, son sourire carnassier à quelques millimètres à peine de ses lèvres scellées.
Ariel Walker
apprenti sashimi
▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Dim 16 Sep - 19:56
“contradiction contradictoire” & La bouteille qui tombe dans l’abysse, loin de toi, adieu les quelques armes, t’reste plus qu’un bouclier de bidonville, poubelle abandonnée, vissée sur le bitume d’ce trottoir égaré. On s’croirait loin de la ville, près d’un aéroport, champ de routes désertes à perte de vue. Y’a pas de passant, y’a pas de bruit, y’a juste toi qui crie, qu’aboie, qu’en perd à peu près tout, ton sang froid, ta cervelle, peut-être même l’myocarde qui fait sa valise et qui s’casse loin de ta connerie. Tu coules tout seul dans cet océan où comme un con tu t’es dit que se serait bien d’y plonger. Tête la première. Tu regrettes. Pourquoi t’as fait ça ? T’en perds ta cohérence aussi, l’corps rongé par les contradictions, ça s’accumule au bout de tes doigts, tu sais pas ce que tu veux, tu sais c’que veux. Ouais. Bien sûr. Tu veux l’voir tomber par-terre, genoux à terre, qu’il s’en fasse mal aux os, qu’il saigne. Peut-être que t’aimerait bien récupérer la bouteille, lui faire une belle entaille sur l’crâne, qu’il y passe la main, qu’il se souvienne de toi, de ton visage, ton crachat à ses chaussures, de ton va t’faire foutre. Et tu joues mal bébé. Avec tes jolies phrases, comme si tu connaissais tout le Larousse, comme si c’est toi qu’avait inventé le mot, qu’on pouvait pas te la faire à toi, que t’es le plus intelligent des deux. Tu penses même gagner quand il baisse son regard, duel vaincu. Mais c’est pas vrai. « Bah, si tu veux pas t'venger… », tu fronces les sourcils. Y’a ce sourire. Tu te mords la lèvre, de ces gamins qu’ont posé l’pied dans la tanière du loup, qui savent qu’ils sont foutus. Tu le vois vite quand la poubelle ne te sert à rien, qu’il y fait lentement le tour comme un prédateur confiant, toi qui enlève tes mains de la poubelle, qui commence à reculer, près à filer loin mais t’as les pieds qui restent plantés. Les yeux sur sa gueule. Entre tes côtes ça bat fort, « recule… », mais ça change rien Ariel, fallait pas jouer avec le diable, cœur dans la gorge. Fait chier. A force on va croire que tu la cherches. Cette manie de te faire brûler. Y’a ses paumes sur tes épaules, ton corps paralysé, il te pouce, quelques pas à peine, t’as l’dos qui rencontrent le mur sale d’ce bâtiment endormi. Et t’as toujours les yeux sur lui. Plus écarquillés, t’as les joues rougies, la peur dans les tripes qui vient te bouffer la voix, les neurones qui fonctionnent plus. T’es paralysé. T’as peur. Pourquoi il est si prêt ? T’as pas voulu ça toi, si t’avais su tu lui aurais péter le verre sur la lèvre. Y’a ses mots qui murmurent, qui empoisonnent tes oreilles, tes yeux que tu fermes fort comme dans un mauvais rêve, joues cramées. Non. Non. Non, non, non. Tu sens ses doigts sur elles, venir caresser ta gêne, ton visage que tu recules de lui, frisson de dégout dans l’échine, les poings contre sa poitrine, prêts à le repousser. T’appuies sur tes bras mais eux aussi, ils savent plus marcher, il bouge pas, il encombre de plus en plus ton espace. Tu suffoques presque. Il attrape ton menton, lèvres approchées, tu mords les tiennes pour que jamais il ne les atteigne. T’as peur. A l’aide. Il va te faire du mal, il va te contaminer. T’as pas demandé ça toi, hein ? Pas vrai ? Le premier baiser t’avait déjà dégoutté, déjà fait vomir. Il te souffle sur les lèvres. Alerte rouge. Ça claque l’air. Joue giflée pour lui faire tourner la tête, pour éloigner ses lèvres des tiennes, ton souffle coupé tel une brebis apeurée. Il est trop près de toi le loup. Y’a tout qui s’est cassé la gueule là haut, t’as eu des pensées bizarres, t’as même le ventre qui s’est serré, y’a eu un frisson étrange qui t'a mordu la peau, que t’as pas capté. Alors tu l’as giflé. Parce qu’il a pas le droit. « J… T’es qu’une sale pédale de merde ! » faut la cracher ta haine, faut qu’il comprenne. Que toi, t’es pas ça.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Dim 30 Sep - 21:26
Pourquoi il joue à chat avec un gamin déjà fracassé par la vie, il ne sait pas. Encore moins pourquoi il endosse le rôle du bourreau comme tant d’autres avant lui, alors qu’il a longtemps subi les caprices violents de p’tites brutes adolescentes. Qu’il punissait, lui, d’avoir osé lui lancer une énième injure sans saveur, ou poser ses sales pattes sur sa carcasse qui ne demandait que ça. Peut-être qu’il attend la punition, oh oui, il l’attend avec son sourire narquois, ses airs malsains de prédateur de pacotille. Il n’a pas l’étoffe des héros, a toujours préféré les méchants aux chevaliers trop brillants, prétendre vouer un culte à Satan pour offusquer les vieilles bigotes. Il y gagne rien, à faire ça à un gosse qu’il ne reverra probablement jamais, mais il pensait déjà ne pas le revoir la première fois. L’occasion est trop belle, immanquable pour son cœur trop noir, trop usé. L’espoir d’une bouteille en verre sur la gueule a atterri dans la poubelle – littéralement – et il ne peut plus provoquer que ses poings fermés contre son torse. Il est si près, et le gamin est paralysé comme une biche entre quatre feux, sauf que Nemo compte pas envoyer la bagnole dans l’décor pour le préserver. C’est trop facile, il n’a récolté qu’une maigre protestation, et s’il avait voulu, il lui aurait déjà imposé sa bouche sur la sienne. Mais ce n’est pas ce qu’il cherche. Il l’a déjà eu, ce baiser poison, qui a coulé dans la gorge du garçon jusqu’à c’qu’il vienne le recracher dans le combiné d’un téléphone public, il n’en a que faire d’un second. Alors il s’amuse à le détailler, ses jolies boucles brunes, l’arête bien droite de son nez, le ravissant arc rosé au-dessus de ses lèvres, il le dévore du regard, les yeux plongés trop loin dans les siens, ceux-là qui se ferment comme pour le faire disparaître. Alors il est lent, il est vicieux, à s’approcher sans jamais atteindre sa cible, à lui souffler sur le visage, se délectant de la rougeur qui s’empare des joues de la victime, de ses lèvres qu’il mord frénétiquement, perdu dans l’impasse de son esprit étriqué. Et puis, la libération. Sa joue à lui qui irradie de douleur, une grimace trop brève, trop satisfaite, pour déformer ses traits. Il retire une de ses paumes de ses épaules recroquevillées, vient la plaquer sur la zone visée, appuie dessus, comme pour jauger la douleur. Mais c’est son sourire qui refleurit au lieu d’une expression choquée d’avoir été frappé. « Pas mal. Mais peut mieux faire. Revois ta liste d’insultes, aussi, tu commences à manquer cruellement d’originalité. » Il resserre la prise de sa main toujours posée sur lui, pour lui montrer qu’il est toujours pas décidé à le lâcher. « Allez, défoule-toi. M’oblige pas à t’embrasser. » Il se recolle à lui, ses doigts qui caressent son cou, entourent tendrement sa mâchoire. « Ça serait dommage de souiller un si joli minois. »
Ariel Walker
apprenti sashimi
▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Dim 7 Oct - 18:34
“contradiction contradictoire” & Tu l’emmerdes. C’mec inconnu, dont t’en connais même pas le blase, dont t’as pourtant pas oublié l’regard et tu nieras être celui qu’a déclenché tout ça, retrouvailles désorganisées, elles tombent dans des délires louches que t’es pas sûr de capter. Tu l’emmerdes. Il a pas l’droit de s’approcher, garder son petit sourire fier, de celui qu’a tout gagné. Il a pas le droit de poser ses doigts sur toi, d’oser caresser tes joues, te brûler la peau par tous ses problèmes que t’enterrent, et enterrent chaque jour, qui ressortent de terre toujours. Quand la nuit, t’as pas rêvé de courbes féminines, quand la journée, tu bugges pas sur leurs culs de féline. Ça t’explose à la gueule, ça et les souvenirs misérables d’une nuit où l’innocence de l’enfance s’est barrée au bout du monde avec ta santé. Y’a cette frayeur dans les tripes qui revient tout paralysé, un mélange bizarre de craintes et de frissons qui te font perdre pieds. Tu te mords les lèvres comme pour le défendre d’y poser les siennes, pour l’interdire de les relooker, d’oser imaginer même les posséder. Mais c’est peut-être toi qui te fais des idées, à imaginer qu’il veut te baiser sans respect alors qu’en fait, peut-être qu'il aime simplement te faire chier. Parce que t’es mignon Ariel, bébé, à vouloir tout renier. Il gagne. Il prend du terrain. Tout près de toi. Tu le détestes. Ça tambourine dans ta tête, quand tes yeux verts s’plantent dans les siens, qu’son souffle s’abat sur tes lèvres, ses iris qui s’gênent pas pour te mater tout le visage et toi qui reste planté comme une putain de sculpture. Tu le détestes ouais, alors pourquoi tu pars pas ? Pourquoi tu l’oublies pas ? Pourquoi tu gardes en tête c’baiser volé au milieu d’une route abandonnée ? C’est la gifle qui part, comme un dernier recours, un début de haine timide face à c’connard qu’est venu foutre son bordel là où tout se casse déjà bien la gueule. T’as pas besoin de lui. Tes mauvaises pensées te fouttent assez dans la merde, tu sais pas pourquoi ça a dû tombé sur toi, tu veux pas devenir ça, tu veux pas tomber malade mais peut-être que tu l’ai déjà. Non ? Non. Non, toi, jamais. Un jour tu trouveras une gonzesse, plutôt bonne, t’iras la draguer, t’iras la baiser et voilà. Tout rentrera dans l’ordre, tu seras guéri. Tu l’épouseras, tu lui feras des gosses. C’est ça. C’est qu’une putain de fièvre ce qui t’arrive, tu dois pas baisser les bras. Les frissons qui courent sur ta colonne quand il menace de t’embrasser encore, c’est juste un mauvais tour, cette maladie honteuse qui tente de te séduire. Tu craqueras pas toi, t’es plus fort que ça. Ça fait des années que tu te bats, c’pas maintenant que tu vas tomber à genoux. Pas vrai ? Pas maintenant sous prétexte qu’un baiser à la con, ça t’a donné envie de recommencer. Non. Non ça aussi c’est un effet de la fièvre. Elle t’aura pas cette connasse. Lui, il t’aura pas. Tu le gifles mais c’est pas assez, il en veut plus cet aliéné, il veut te voir te défouler. Et t’affrontes son regard, ta peau à sa merci, ses doigts qui dominent la chaleur de ton cou avant de bloquer ta mâchoire. Toi tu bloques ton souffle. A cet instant, il pourrait faire ce qu'il veut de toi. « Ça serait dommage de souiller un si joli minois », c’est tout son corps qui te domine, et comme toujours y’aura personne pour te sauver la mise. T’es tout seul. Face à lui. Face à ses lèvres. « J’t’oblige en rien j’te signale, qu’est-ce que tu veux putain de merde ? Que j’te casse la gueule ? T’es un putain d’maso c’est ça ? », tu repousses sa main de toi, le pousse un peu plus loin, pas aussi loin que t’espérais, pas assez pour t’en aller mais de toute façon ça te vient même pas à l’idée. Encore une fois tu sais pas quoi faire, tu bouges pas. T’as jamais rendu les coups toi, et tu t’approches un peu tremblant, quelques instants où ta haine vient tout saccagé, en ras de marée, toutes les sensations qu’ont défilé, qu’il a osé réveiller, ça s’abat sur sa gueule. Coup de poing, et tu te fais mal aux phalanges, « putain » que tu jures en les prenant dans ta main. « C’est quoi ton putain de problème hein ?! » C’est quoi mon putain de problème ?!
Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose Mer 24 Oct - 14:27
Il a le souffle court, le gamin, hey, respire, tu vas finir par t’étouffer, le conseil qu’il retient d’un sourire mesquin. Peut-être que c’est ce qu’il veut, asphyxier plutôt que de devoir choisir entre subir ou agir. Qui peut le blâmer ? C’est sympa, une petite asphyxie, de temps en temps, Nemo regrette presque de pas avoir une écharpe pour lui proposer d’jouer les étrangleurs. Eh, peut-être qu’il pourrait aller piquer un sac en plastique au Walmart, s’il est d’accord. Il est si mignon, l’gamin, avec cet espèce d’entêtement qui se peint sur ses traits, à refuser d’couler alors qu’il a déjà perdu pied dans la p’tite profondeur et qu’il a pas trop appris à nager. Faut battre des chevilles et agiter les bras, si tu veux avancer, petit, mais faut reconnaître qu’il fait bien le bouchon, à s’laisser flotter bon gré mal gré au milieu du raz-de-marée. Ça le fait rire, presque un sifflement de serpent, d’entendre le mot maso dans la bouche de l’innocent, il acquiesce d’un hochement de tête sarcastique, pas plus, l’air de d’mander comment t’as d’viné ? Il recule d’un pas, pour la forme, au moment où le gosse le repousse, alors qu’il aurait pu résister, mais il le fait sans lui faire croire qu’il a gagné, toujours trop près pour le laisser respirer. Il est étouffant, Nemo, avec tout le monde, un fantôme qui s’fait pas oublier, toujours à rôder autour des autres, à leur faire froid dans le dos avec ses idées macabres, à déglinguer leurs cervelles à force de manipulations bancales. Il sait trop bien ce que c’est d’être malade, il les repère à cent mètres, ses semblables, ceux qui comme lui se sont fait bousiller par la vie. Pas forcément des suicidaires, mais des gamins qu’ont des blessures béantes, qui se voient pas vraiment, mais qu’il sent aussi bien qu’un requin flairant un doux parfum de sang.
Il lève le poing et Nemo tend la joue, en mec qu’a trop l’habitude de se positionner pour qu’les coups fassent le plus mal possible. Il penche la tête sous l’impact, revient tester la douleur du bout des doigts, vérifie ses dents du pouce. Elles tiennent encore toutes en place. Et sa victime, elle, frotte son poing meurtri. Il se demande s’il a pas eu plus mal que lui. « Mieux. Avec un peu d’entraînement, tu seras un peu moins nul. J’mets mon corps à ton entière disposition. » Il lui lance un clin d’œil pas du tout discret. C’est sûr, c’est pas aussi bien qu’avec les gros tas de muscles décérébré qu’il a coutume de provoquer, c’pas encore maintenant que son nouveau jouet va lui faire pisser le sang, mais ça viendra. Peut-être même qu’il sortira le canif comme Alice, un jour. « J’ai pas d’problème, moi. J’m’assume total. » Sourire en coin, il sort une cigarette du paquet dans sa poche, la glisse délicatement derrière l’oreille du garçon, geste tout aussi vif que sournois. « Tiens, cadeau. J’travaille juste là si t’as b’soin d’moi. Merci pour la distraction, c’était mignon. » Il fait un signe vers le supermarché, puis se détourne, fait quelques pas lents vers le Walmart – il a clairement dépassé la durée de sa pause, mais il s’en tape et se presse pas – avant de se retourner vers le gamin, comme s’il avait oublié un truc. « Au fait. J’t’aime bien, tu sais ? » Il le laisse là, son rire qui résonne dans l’air longtemps après qu’il a arrêté de se marrer.
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Sujet: Re: (NEMO) téléphone rose
(NEMO) téléphone rose
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