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Daire Méalóid

Daire Méalóid
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MessageSujet: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyMer 16 Mai - 10:32

(les préludes)

Dans le sursaut de lucidité d’une condamnée, elle parvint à extirper son téléphone – seulement quelques secondes lui étaient nécessaires pour envoyer un signal de détresse. Peut-être qu’elle aurait pu se débrouiller seule, comme elle l’avait toujours fait. S’il n’y avait pas ce sifflement incessant dans ces oreilles, ce vacarme assourdissant sous son crâne comme si chaque neurone entrait en collision dans leur effondrement. Si elle n’avait pas la vision aussi trouble, entre sa vue teintée de rouge et les tâches lumineuses dansant devant ses prunelles vitreuses – pire encore était l’étourdissement lorsqu’elle essayait de se redresser, alors de là à s’imaginer marcher. S’il n’y avait pas eu ce sang, tout simplement. Celui qu’elle avait étalé sur le mur à la peinture défraîchie, celui dans lequel elle gisait et qui prenait de plus en plus de place. Celui qui se déversait d’elle, comme à la conquête d’une liberté profanée. Se traîner sur le bitume en piteux état, c’était une chose. Se lancer dans l’ascension des escaliers en sombrant déjà dans l’inconscience, sans savoir si ses entrailles allaient se faire la malle ou si ce risque était écarté, c’en était une autre.

Ses doigts glissèrent sur l’écran de son téléphone, et elle ne sut en combien de temps elle parvint finalement à envoyer son message. Elle avait seulement deux certitudes, celle qu’elle n’aurait pas eu la force de parler alors qu’elle n’entendait plus ses pensées, et celle qu’elle allait devoir attendre. Attendre que le monde s’effondre en emportant avec lui ses restes de chaos, anéanti dans sa tempête, annihilé par la violence d’une cause pour laquelle elle s’était déjà damnée. Ses doigts se contractèrent autour de l’appareil dans un spasme musculaire, et sa main s’échoua avec contre son ventre. Ce téléphone, elle l’avait changé il y a peu de temps. L’ancien s’était désintégré contre un mur, dans un accès de colère particulièrement excessif, alors qu’elle avait eu JJ au téléphone. Celui-ci allait simplement faire barrage contre sa peau, avec ses mains, alors qu’elle n’avait même plus conscience qu’elle s’y accrochait encore. En réalité, ses sens s’éteignaient les uns après les autres, anesthésiés dans un brouillard qui l’enveloppait dans la déflagration qui n’avait de cesse dans sa tête. Elle n’avait plus aucune décharge de douleur dans le reste du corps, simplement parce qu’elle avait abandonné tout mouvement.

Daire était à la dérive, la conscience entravée dans la forteresse de sa tempête désagrégée. N’importe qui pénétrant dans l’immeuble la trouverait, elle officiait comme un cadavre d’accueil alors qu’à quelques minutes seulement, elle aurait pu être sur le canapé se trouvant quelque part au-dessus de sa tête au bord de l’explosion, une bière irlandaise dans une main et un pétard dans l’autre. Sauf que n’importe qui n’était pas suffisant, elle avait passé la moitié de sa vie à être spectatrice des déboires de l’humanité, surtout quand elle était devenue une enfant de la rue. Personne ne se mêlait des corps en sang abandonnés dans les ombres.

Personne.
Sauf le colosse qui passa enfin la porte.

Elle n’avait plus aucune notion du temps, peut-être qu’elle agonisait depuis trop longtemps et qu’elle divaguait complètement. Pourtant, dans un sursaut insoupçonné des restes de son instinct certainement, c’était bien le regard de Novak qu’elle trouva difficilement en ouvrant les yeux. Elle ne le distinguait plus vraiment, fronça quand même les sourcils. Les plis sur son front s’étaient encore creusés ses dernières semaines, et même au bout de ses forces, son visage était encore capable d’exprimer le mécontentement. De cette situation, de ceux qui peuplaient son existence à coups d’enclume. De l’IRA, qui n’avait de cesse que d’avoir sa peau. Elle voulut parler mais s’étouffa, probablement dans le sang qui s’était accumulé dans sa bouche suite aux coups. Ça l’agaça, vraiment. Au bout de sa vie, Daire s’énerva contre elle-même, contre Novak, contre le monde entier – contre tout cet acharnement qui lui fracassait le squelette, jour après jour. L’agitation qui l’ébranla réveilla son corps, la douleur avec. Une de ses mains se redressa un peu, pointa le plafond. « Deuxième étage » voix rocailleuse à peine audible, chute pathétique pour celle qu’on ne connaissait qu’à travers ses grands éclats. Lorsqu’il fut assez près d’elle, elle s’agrippa à sa silhouette, à quelque chose d’assez solide, mais ne s’en rendit pas compte. Pas l’hôpital. Les mots se déversaient sans qu’elle ne parvienne à les prononcer, tout ce qu’elle voulait c’était que le vacarme dans son crâne cesse. Que le silence l’amène, l’emporte, l’oublie. En lutte avec elle-même, ses dernières syllabes n’avaient plus rien d’une tempête « Pas l’hôpital » mais gardaient toute la chaleur d’une rage qui l’accompagnera jusqu’à la chute.

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MessageSujet: Re: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyMer 16 Mai - 18:30

▼▲▼

Daire a besoin d'aide. Un fait, un foutu fait. Lorsque le texto d'appel à l'aide est arrivé, le géant n'a pas hésité une seule seconde avant de claquer la porte derrière lui. Le chien sur cette talon, cette fois-ci. Il savait que la bête pourrait couvrir leurs arrières, et le prévenir si quoi que ce soit menaçait de déraper. Savait que l'animal serait d'un réconfort inexplicable pour Daire, lorsqu'il se retrouverait à ses côtés.

Il avait oublié de lui répondre. Oublié de lui dire qu'il arrivait, qu'elle ne devait surtout pas bouger. L'urgence avait supplanté le besoin de la rassurer. Le texto était écrit, mais n'avait jamais été envoyé. Perdu dans un champ de saisi, il ne serait retrouvé que lorsque tout serait terminé. Lorsque le sang ne battrait plus aussi sourdement contre les tempes du serbe, et que les choses se serait replacées. Quand il serait rassuré.

Daire qui avait besoin d'aide, c'était mauvais signe. Daire qui lui écrivait pour lui demander de venir, ça n'annonçait rien de bon. Ça ne pouvait que faire écho au chaos qui régnait en ville depuis quelque temps déjà. Ce bordel cruel que l'IRA traînait dans son sillage. Forçant la police à fouiner, et à se rapprocher dangereusement du gang, à chaque jour qui passait. Les Dogs retenaient leur haleine, essayaient de ne pas s'en mêler. Les irlandais, eux, souffraient. Et pas une heure ne passait sans que les pensées de Novak soient irrésistiblement entraînées vers Daire. Daire, pour qui le monde était en train de brûler. Daire, qui n'avait rien demandé.

Daire. Il est arrivé aux coordonnées indiquées. Le pas rapide, saccadé. Avalant les mètres à grandes enjambées, le chien trottinant sur ses talons pour suivre l'allure. Et lorsqu'il pousse la porte d'entrée de l'immeuble, s'attendant à devoir trouver l'appartement où aller la chercher, il se fige. Pas besoin d'aller plus loin. Pas besoin de cogner aux logements, et de trouver la serrure à enfoncer. Elle est là. Du sang barbouillant son visage, ses mains, son ventre. Elle est là. À essayer de lui parler, et à s'étouffer avec le sang qui s'échappe de ses lèvres. Et il la connaît assez pour voir qu'elle s'énerve de n'être capable d'articuler quoi que ce soit. En deux pas, il a avalé la distance qui les sépare. S'est accroupi, et a passé sa main sous la tête de la rouquine. Respire, gamine.

Derrière lui, le chien gémit. Aplati au sol, les babines légèrement retroussées. Les sens écrasés par l'odeur omniprésente du sang et de la mort qui suintait dans tout le petit hall d'immeuble. Mais Novak l'ignore. Sait que la clébard ne s'approchera pas, à moins qu'il le lui ordonne. Il sait que la situation vient chercher les instincts de l'animal, et que celui-ci ne peut lutter contre les bruits qui remontent dans sa gorge. Étrange pureté d'une réaction, en écho à la souffrance qui émanait de chacun des soupirs sifflants de la petite Méalóid. Elle parvient à relever le doigt vers le plafond, à articuler quelques mots. Deuxième étage. C'est la seule indication qu'il lui fallait. Son corps s'est rapproché plus encore de celui de Daire, et sa main a relâché sa tête pour s'enrouler autour de ses épaules. L'autre qui vient se glisser sous ses genoux, alors qu'elle marmonne quelques mots supplémentaires. Pas l'hôpital. Et il ne s'en inquiète pas. Pas une seconde. Jamais l'idée de l'y emmener ne lui a traversé l'esprit. Jamais il n'y a pensé — pas plus qu'il ne l'aurait fait pour lui. « Accroche-toi. » Et sans même prendre la peine de la rassurer davantage, il la soulève.

Elle ne pèse rien. L'oiseau aux ailes brûlées, arrachées. Plus de plumes pour lui permettre de voler, ou de la protéger. Maculée de sang — plus qu'il n'aurait jamais pensé le voir un jour. Et ça lui serre le coeur, plus qu'il n'est capable de le montrer. Les traits fermés, la carcasse qui s'articule lentement pour transporter la jeune femme vers les escaliers. Il réussit à ouvrir la porte, prend bien soin de guider la tête de l'irlandaise dans le creux de son épaule pour la protéger de tout nouveau choc. Il comprend. Comprend l'état dans lequel elle se trouve, et s'en inquiète. Montant marche après marche, refusant de s'arrêter. Grimpant avec une prudence sans égale, jusqu'à arriver dans le couloir du deuxième étage. La tenant toujours comme si elle n'avait rien pesé — et elle ne pèse rien. Le chien comme une ombre sur ses talons. Il a arrêté de gémir. Se contente de suivre son maître, dans le plus grand des silences. « Quel appartement ? » Le maître qui murmure, d'une voix basse. Ne veut pas qu'on l'entende. Ne veut pas qu'on puisse suivre Daire jusqu'ici — et s'emploie à ne pas laisser couler de sang au sol. Il forme une petite flaque dans le creux du ventre de Daire, une tache large sur le t-shirt du serbe et sur sa veste. Mais Novak fait attention à ne pas faire de gestes brusques. À ne pas laisser l'hémoglobine couler au sol, marquer leur chemin. On y est presque, Daire. Accroche-toi.

Tu vas t'en tirer.
Je vais m'en assurer.
Dis-moi juste où aller.
Dis-moi juste où te porter.

Dis-moi juste où te cacher.

(c) blue walrus


Dernière édition par Novak Zoranovic le Lun 9 Juil - 17:27, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyVen 18 Mai - 22:26


Elle ne s’entendait pas, pas plus qu’elle ne comprenait vraiment ce qu’il lui disait. Ses lèvres bougeaient mais les syllabes ne lui parvenaient qu’à travers le brouillard comme un grésillement sur les ondes. Il y avait ce sifflement incessant dans sa tête, qui obstruait ses pensées, qui entravait le bon fonctionnement de son encéphale. Et la lumière, aveuglante. Clarté beaucoup trop forte pour un système en chute libre, alors que l’ampoule du hall de l’immeuble n’avait jamais été d’une grande puissance, tressautait souvent, et que la lumière naturelle ne filtrait pas vraiment. Si elle n’entendait pas le pauvre grincement de sa propre voix, elle distinguait encore moins son environnement. Un voile s’était apposé devant son regard et ce ne fut que lorsqu’il se pencha vers elle, qu’elle put s’accrocher au visage de Novak. Elle l’avait reconnu à l’entrée grâce à sa silhouette massive, comme elle avait aperçu celle qui se trouvait dans son dos, le chien fidèle à son maître. L’information n’avait pas été assimilée, mais elle s’était mise en sauvegarde dans un coin de ses pensées éteintes. Ce fut à cet instant, que les lèvres du colosse s’animèrent sans qu’elle puisse comprendre ses paroles distinctement – mais elle avait la certitude que c’était les bons mots. Que Novak était la bonne personne. Une décharge dans tout son corps accompagna la volonté du serbe de la soulever, et un gémissement s’échappa d’entre ses lèvres bien malgré elle avant qu’elle ne se remette à tousser. La nouvelle vague de douleur déferla de ses entrailles au reste de son corps, carbonisant les restes de résistance et les battements effrénés de son cœur au bord du précipice. Sa tête trouva naturellement le creux de son épaule pour suivre son mouvement, et l’irlandaise s’échoua là – sa peau en trépas contre la chaleur de son corps, son souffle brisé trébuchant contre sa nuque. Entre ses bras, elle avait le sentiment qu’elle pouvait enfin fermer les yeux, que plus rien ne l’atteindrait tant qu’il la tiendrait. Ses paupières s’affaissèrent dans une lutte vaine – seulement quelques secondes, seulement … Elle voulait seulement que le silence vienne tout éteindre, de l’incandescence dans ses veines à la déflagration sous son crâne. Elle voulait seulement que le temps cesse de se désagréger autour d’elle. Daire voulait juste se délester de son fardeau, le temps de quelques secondes, le temps que ses épaules retrouvent la force nécessaire pour son poids. Est-ce qu’on lui en voudrait, de faire cette pause, alors qu’elle s’était débattue dans un monde qui n’avait jamais rien fait pour elle ? « Quel appartement ? » Il lui fallut plusieurs secondes pour réagir, pour que les mots parviennent jusqu’à sa conscience – mais cette fois-ci, elle les entendit distinctement, ne manqua pas le coche, même si elle mit peut-être un peu trop de temps. Ses paupières se soulevèrent dans un sursaut et son regard trouva d’abord les vêtements tachés de Novak avant que sa tête ne glisse pour qu’elle puisse observer le couloir. Sa vision était toujours aussi dérisoire, mais elle aurait pu se diriger dans cet espace les yeux fermés s’il le fallait. Elle montra la porte élimée par les nombreux coups qu’elle avait subi, aux gonds usés qui n’avaient jamais cédé à la surprise générale – et pourtant tous savaient qu’elle avait été claquée maintes et maintes, la rouquine et sa mauvaise humeur en tête dans le classement de ce mauvais traitement. Sa main tremblante retrouva rapidement la flaque poisseuse sur son t-shirt, mais elle garda les yeux ouverts. Pour suivre les pas du serbe, pour continuer de lui montrer le chemin quand ils auront passé la porte. Suppliant n’importe qui, et même n’importe quoi, que personne ne se trouve là. Ce que leur confirma la serrure, verrouillée. Son regard s’accrocha à la poignée sans la voir, comprenant lentement qu’il fallait faire quelque chose – inconsciente des pensées Novak, du fait qu’il envisageait probablement de la fracasser, et que ça aurait pu être la solution la plus simple. Plus simple que l’agitation qui l’ébranla à nouveau, douleur fulgurante alors qu’elle essaya en vain d’extirper les clés de l’appartement de ses poches ; et ce n’était pas chose aisée que de récupérer quelque chose dans les poches plaquées d’un jean lorsqu’il n’y avait plus de force du boit de ses doigts jusqu’au reste de son corps. Elle n’y tenait même pas à cette porte, elle était la première à la claquer trop violemment, pourtant elle lutta jusqu’à ce que le précieux sésame ne manque de lui échapper des mains et trouve la paume du colosse pour ne pas tomber par terre. L’effort l’avait anéantie, ou alors c’était la douleur qui évoluait dans tous les sens et ne lui laissait aucun répit. Sa poitrine se soulevait de manière saccadée, son souffle était emmêlé entre le sifflement et un étrange gargouillement au fond de sa gorge. Le silence les accompagna pendant qu’ils pénétrèrent dans l’appartement, cet endroit miteux où vivait sa bande de bras cassés, ces mômes qu’on avait oublié d’aimer. Ceux qui s’étaient déchirés dans les mensonges et les non-dits ces derniers mois. Quand l’océan fatigué de son regard rencontra le canapé, ce fut les prémices d’une crise de panique qui la secoua de manière fulgurante. Il ne pouvait pas la poser là, elle ne pouvait pas se vider dans son sang sur ce tissu qu’elle ne récupérerait jamais et qui témoignerait à tous de la violence qui l’avait éprise ce soir. « Pas là, Novak … » La table de la cuisine, la salle de bain, sa chambre ou même seulement le parquet – n’importe où mais pas là où les traces ne s’effaceront pas, pas là où les siens pourront comprendre ce qui lui était arrivé. Ils verront sa gueule cassée, son corps ravagé, mais elle ne les laissera pas percevoir le pire. Cette pensée prit trop de propension dans son esprit à la dérive, occultant l’urgence de la situation, la gravité de son état, l’effort que faisait le serbe pour la maintenir. Elle ne savait pas si elle voulait hurler, vomir, ou même mourir – mais la volonté pour se calmer fut chaotique. « Je - j’ai pas … J’ai pas d’agrafeuse » Elle aurait voulu rire, mais le son se brisa dans sa gorge. Il y avait tout un tas de choses entre ces murs, beaucoup d’alcool mais pas de matériel de survie. Il y avait toujours le nécessaire qu’elle utilisait pour recoudre les Kids, mais elle n’avait aucune idée de l’ampleur de sa blessure principale. Elle ressentait seulement la colère s’entrechoquant contre l’envie irrésistible de fermer les yeux à nouveau, peut-être bien qu’il y avait des morceaux brûlants de rage qui se déversaient par la plaie béante de son ventre, et celle de son âme.
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MessageSujet: Re: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyLun 9 Juil - 17:27

– zombies –

« Pas là, Novak… » Pas sur le canapé. Pas sur le canapé.

Il ressent la détresse autant qu'il l'entend. La panique du poids plume qu'il tient toujours à bout de bras. Poids plume lové contre lui, se vidant de son sang en toute agonie entre ses mains plus assassines que médecines. Et il s'en retrouvait déchiré. Déchiré entre le besoin de la soigner, de s'occuper d'elle comme il avait pu s'occuper grossièrement d'hommes par le passé. Dans l'urgence de la survie, le nécessaire pour l'aider. Déchiré par cette autre part de lui, qui savait que Daire avait besoin d'aller à l'hôpital. Que l'hôpital aurait pu la protéger. Mais il savait que c'était hors de question. Savait que l'irlandaise refuserait, que la solution était occultée avant même d'être imaginée. Il allait devoir faire avec. Respecter. La sauver. La sauver. Tant pis s'il contrevenait au final à sa volonté. Tant pis si elle s'énervait, le détestait, refusait de lui parler. S'il sentait que les choses lui échappaient, elle irait aux urgences. La sauver.

J'te laisserai pas crever.


Il resserre sa prise autour d'elle, se détourne du canapé. Ses yeux qui sondent rapidement l'appartement, alors qu'il repère l'ombre d'un lavabo derrière une porte. Salle de bain. Il comprend qu'elle veut éviter les traces de sang. Comprend qu'elle ne veut pas que les gamins qui vivent avec elle aient à regarder, chaque jour qui passerait, la faiblesse qu'elle avait endurée. Pas plus que ce ne serait déjà le cas face aux bandages dont elle écoperait. « Je - j’ai pas … J’ai pas d’agrafeuse. » Il ne sait pas ce qu'est le son qui sort de sa gorge. Un rire, un gémissement, une plainte. Ne veut pas savoir. L'urgence qui tourne dans sa tête froide, le besoin de la sauver. Il pousse la porte de la salle de bain de l'épaule, avise la baignoire. Repousse le rideau en se penchant par-dessus la baignoire, et la déposant lentement dans le bac d'émail blanc. « Arrête de parler. » Le corps qu'il relâche finalement, avec maintes précautions qui ne lui ressemblent pas. Le chien s'est assis dans l'encadrement de la porte, regarde la scène avec les oreilles aplaties sur le crâne. Le géant qui se redresse, qui attrape le rideau de douche pour l'enrouler autour de la barre de métal le soutenant. Il y laisse quelques traces de sang, mais sait que ce sera moins terrible que le canapé à laver. Et pour le moment, c'est le cadet de ses soucis. Ça te prendra plus que des agrafes, gamine.

« Bouge pas. » Sa main qui s'est posée sur le front de la rouquine, et qui s'en détache finalement. Son corps qui s'est redressé. Un regard au chien, un ordre lâché dans un serbe empressé. « Остани тамо. Стражара. » Reste là. Monte la garde. Et le loup obéit. Se décale, se repose à côté de la porte, et ne bouge plus. Les oreilles qui se redressent, le corps pourtant agité qui témoigne toujours de la précarité de la situation qui l'entoure. Les yeux qui suivent son maître, alors que celui-ci s'affaire dans la salle de bain. Sort des serviettes, déniche finalement la maigre trousse de secours. Ce sera trop peu. Ça prend des sutures. Ça prend quelque chose qui puisse la sauver. Les mains d'un médecin. L'expertise associée. Pas la poigne trop violente d'un assassin. Malgré toutes les bonnes intentions, malgré son habitude à se recoudre seul. Faut la sauver.

Revenir. Les ciseaux en mains. Écarter doucement les mains de Daire. La laisser s'accrocher à ce qu'elle veut. Son cou, sa nuque, ses bras, le rebord de la baignoire. Mais laisse-moi t'approcher. Les ciseaux qui découpent lentement le t-shirt. Hors de question de le lui retirer normalement. Faut limiter les mouvements. Limiter les dégâts. Déjà que ce serait bien assez compliqué à traiter comme ça. « Reste avec moi. » Trop de sang qui coule. Trop de fatigue, trop de dégâts. Daire qui s'en sortira — c'est pas assez grave pour la tuer, de ce qu'il voit. Mais il faut qu'elle s'accroche. Il faut qu'elle respire. Il faut qu'elle lutte.

Reste avec moi, gamine.


Les compresses qui s'imbibent de sang alors qu'il tente de nettoyer. De découvrir la blessure, et d'aviser les soins qu'il lui faudrait appliquer.

Reste avec moi, gamine.

Ses mains rugueuses, mains du loup, mains du tueur, qui s'affairent dans la plus grande des douceurs. La cicatrice de la poitrine qui lui attire l'oeil, et qui le lui affirme : elle va s'en tirer. Si une balle ne l'a pas tuée, un coup de couteau ne le fera pas.

Si une balle ne l'a pas tuée.
Si une balle ne l'a pas tuée.

Reste avec moi, ok ?


•••

Le calme. La tempête qui tourne autour de l'appartement, mais qui ne s'y abat pas. Les taches de sang qui lui remontent jusqu'aux coudes. Le sang de Daire. Et il ne bouge pas. Reste assis là. Sur cette chaise qu'il a rapprochée du lit. Le chien assis à côté de la porte de la chambre qu'il a finalement devinée sienne, et où il l'a apportée. Deux serviettes étendues sur les draps, pour récupérer un sang qui pourtant ne coule pas. Points de suture grossiers, des soins qu'il avait appliqués avec le professionnalisme d'un soldat. Il te faudrait l'hôpital, gamine. Mais ça ferait l'affaire pour la sauver. Tant qu'elle n'essayait pas de résister, ou de trop bouger.

Le sang qui lui tache les bras jusqu'aux coudes. Le sang de Daire. Daire, allongée là. Assoupie, sous les yeux à moitié fermés d'un géant qui pourtant veille. Veille sans un bruit. Veille sans bouger. Imprégné de l'appartement autour de lui. Lui-même gardé par le chien aux mirettes écarquillées, un peu plus loin. Le chien qui fera le guet jusqu'à la mort, s'il le faut. Trop loyal. Comme le maître.

Maître qui rouvre lentement les yeux. Le changement de respiration a créé une distorsion suffisante dans l'air pour qu'il la perçoive. Pour qu'il sorte de son état léthargique. Pour qu'il se redresse légèrement dans sa chaise. Décroise les bras. Mais ne se relève pas. « Doucement. » Ne t'énerve pas. N'essaie pas de bouger. N'essaie pas de te lever. De t'en aller. Tu me connais à peine assez pour ça, mais j'te le dis : je t'en empêcherai. Le géant qui l'inspecte — géant au coeur serré. Elle a pris plus de coup qu'aucune enfant de son âge ne le devrait. Et elle se relèverait, de celui-ci comme des autres. Mais c'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Plus que sa loyauté ne pouvait tolérer. They almost killed you, kiddo.

Ne pas bouger. Ne pas se lever, et la surveiller. Ne pas s'en aller. S'assurer que ça va aller. S'assurer qu'elle va s'en tirer.

Rester.
Veiller.

« C'est pas solide. » Alors vas-y doucement, gamine. Tire pas. Crie pas. T'énerve pas.

Reste là.
Reste avec moi.
Respire.

Tu t'en tireras.

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MessageSujet: Re: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyLun 16 Juil - 1:03

« Arrête de parler. » Elle voudrait le foudroyer du regard, se contente de l’intention. Elle n’a jamais apprécié qu’on lui donne des ordres mais ça a toujours été le point d’intérêt de son rapport de force avec Novak, à se demander lequel cèderait le premier – à supposer que l’un d’eux cède vraiment un jour. Le temps se dilate entre les bras du colosse, de ceux qu’elle n’a jamais connu autrement que lorsqu’il la remet à sa place ou qu’elle lui arrache une bouteille des mains. En cet instant, elle voudrait pouvoir s’y perdre et s’oublier, abandonner le combat, rendre les armes pour s’abandonner contre le torse qui ne chutera jamais – n’a-t-elle pas déjà assez donné ? « Bouge pas. » Elle n’entend pas vraiment ses mots, peine à prendre conscience de son environnement. La salle de bain se dessine difficilement sous le voile de son regard à la dérive, mais elle ressent néanmoins le froid de la baignoire qui lui mord la peau par contraste avec le bûcher dans lequel elle a l’impression de se consumer. Elle tousse plusieurs fois pendant que Novak s’affaire à chercher le nécessaire, se rend compte qu’elle ressent de moins en moins la douleur. De moins en moins son corps, aussi. Enveloppée dans une espèce de bulle de coton, il ne manque plus que cessent les bourdonnements dans son crâne pour que le paysage soit parfait. Peut-être que si elle ferme les yeux, elle trouvera la paix qu’elle a tant cherché depuis toutes ses années. Peut-être que si elle se laisse aller, le monde cessera de tourner à l’envers et elle apprendra enfin à fonctionner avec. Peut-être que … le contact des mains du serbe sur son corps la sort brutalement de sa torpeur, conscience arrachée brutalement à sa dérive sous une nouvelle vague de douleur. Elle lâche un gémissement, s’étouffe encore une fois dans sa salive ensanglantée. Ce n’est pas une mort que de crever par sa faute par étouffement, ce n’est pas non plus une pensée cohérente qu’elle devrait avoir. Elle ne l’entend plus parler, ne perçoit que son corps en supplice – son corps qui voudrait cesser de se battre, son cœur qui voudrait cesser de se prendre des raclées. Il a beau prendre toutes les précautions du monde, elle n’a pas le plaisir de ressentir la douceur avec laquelle il s’occupe d’elle. À vrai dire, elle ne répond plus vraiment de rien. Une main de ses mains cherche à s’accrocher sur le rebord de la baignoire mais n’y laisse qu’une traînée de sang, tandis que l’autre s’agrippe au bras de Novak. Ongles enfoncés dans la peau comme accrochés à une ancre quand ses gestes s’affairent au cœur de la blessure, mais la pression ne dure pas longtemps. Tout son corps se relâche d’un coup et sa conscience bascule rapidement. Le flottement et puis le silence, enfin. Le silence dans ses cendres, dans son âme.
 
***
 
C’est une sensation de chaleur étouffante qui l’accable tout d’abord lorsque sa conscience retrouve consistance, ses doigts qui s’agitent nerveusement, son corps qui se réveille lentement, douloureusement. Les battements de son cœur s’emmêlent s’enchaînent et se traînent dans les basfonds de sa cage thoracique, menaçant la déflagration sans sommation. Son souffle s’accélère, d’autant plus lorsqu’elle ses paupières se soulèvent et que ses prunelles percutent le plafond sans réellement le voir. « Doucement. » Elle referme les yeux, se sent tiraillée de mille parts – une prolifération d’aiguilles martelant son épiderme pour lui en faire perdre la raison. Il lui faut quelques secondes – minutes peut-être – pour retrouver une respiration convenable en passant outre la douleur lancinante dans chaque parcelle de son corps. Celui-ci retrouve la vie dans le plus grand des fracas ; en silence d’un angle extérieur, mais dans un chahut exécrable sous son crâne. Comme si toutes les molécules de son être se sont mises à hurler en même temps, lui rappelant que son existence de poussières n’est pas prête d’arriver à son terme. Elle grommelle, essaie de bouger ses mains, ses bras, ses pieds, ses jambes ; n’importe quoi, pour s’assurer qu’elle n’a rien perdu dans la bataille. Elle rouvre qu’un œil à moitié, sa tête glisse mollement sur le côté, bien assez pour qu’elle puisse voir Novak siéger à côté avant de grimacer et de refermer les yeux. « J’ai l’impression qu’tu m’as marché d’ssus. » Les mots s’entrechoquent au bord de ses lèvres, sortent chaotiquement, mais la flamme est bien là et c’est tout ce qu’il faut pour s’assurer de sa bonne santé. Elle se sent emprisonnée dans une carcasse déchiquetée, le corps ankylosé, mais force est de constater qu’elle n’a pas encore été abattue. Et elle peine à y croire. Elle commence à effleurer sa peau, puis à palper réellement son corps pour l’inspecter tout en rouvrant réellement les yeux pour prendre conscience de l’ampleur du désastre. Elle ne se préoccupe pas de la tenue dans laquelle elle se trouve, n’en a rien à faire – se contente de laisser ses doigts glisser sur l’affreuse nouvelle plaie en réprimant un juron. Elle s’était redressée sans s’en rendre compte pour contempler le travail du serbe, mais la vision de son corps en lambeaux la dépite un peu plus. « Au moins celle-là touche pas d’tatouage. » et elle se laisse retomber sur le coussin dans un bruit sourd. Ses mains s’agrippent au matelas et ses lèvres se pincent sous l’afflux de la douleur. « Fais … chier, p’tain. » Une inspiration, une autre. Tout faire pour ne pas se prendre l’envie de tout foutre en l’air. Son regard perdu sur le plafond de sa chambre glisse jusqu’à rejoindre les prunelles sombres de Novak, s’accrochent s’enlisent ne le quittent plus. Elle commence à réaliser le poids de cette nouvelle cicatrice alors qu’elle n’a pas encore digéré celle de la balle perdue, à peine un an les sépare et peu de personnes sont au courant. Maintenant, Novak s’ajoute dans l’équation – et quelque part au fond d’elle, ça la blesse qu’il l’ait vue ainsi. Qu’il ait vu sa faille, surtout. Elle lève le menton à l’attention du serbe, hésite un instant, se concentre sur un détail en particulier. « Parle-moi d’ta main. » Il comprendra, il l’a toujours fait. Tant pis s’il ne cerne pas son intention, dans sa tête à elle le principe s’affiche clairement comme un échange de bon procédé.
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MessageSujet: Re: exhausted (daivak)   exhausted (daivak) EmptyVen 20 Juil - 19:37

« J’ai l’impression qu’tu m’as marché d’ssus. » Au moins, la douleur et l'abattement ne l'empêchent pas de plaisanter. Le trait d'humour qui vient se fracasser contre le mur assis à ses côtés — et il ne répond rien. Se contente de la regarder, le fond de l'oeil adouci et le coeur quelque peu apaisé. La blague qui a fait son effet, et l'illusion d'un rictus qui se trace sur ses traits. You got a point, kiddo. Lentement, elle s'examine. Inspecte l'état de son corps meurtri, laissé en sous-vêtements par un serbe au désir de respecter le reste de son intimité. Et lorsque ses doigts fins arrivent finalement à la plaie qu'il a rafistolé comme il a pu, recouvert d'un pansement précaire, il voit le dépit se peindre sur les traits de Daire. « Au moins celle-là touche pas d’tatouage. » Et elle se laisse retomber, alors que seul le silence répond à ses douloureuses élucubrations. Le silence d'un géant brusqué par cette situation, brusqué par ce qu'il avait dû faire pour la sauver. Plus l'habitude de retaper les corps — plus depuis que les obus et les mines n'étaient plus là pour les déchiqueter. Les soins qu'il distribuait désormais se limitaient à cette agrafeuse qu'elle avait affirmé ne pas avoir en sa possession. Le reste, il s'en passait. Le fuyait. Les seuls points de suture qu'il appliquait à l'occasion trouvaient leur ancrage dans son propre corps. Et la simple idée de devoir percer celui de l'irlandaise du bout d'une aiguille, même pour le soigner, le poussait dans une noirceur de laquelle il tentait vainement de se sortir depuis si longtemps.

« Fais … chier, p’tain. » Elle a mal. Elle a mal, et il ne peut rien faire. L'observe alors qu'elle essaye de s'accrocher à quelque chose. De s'y agripper comme une bouée au coeur d'un océan en tempête. Et finalement, elle trouve ses yeux. Les trouve et s'y perd, sans que le serbe ne fasse quoi que ce soit pour l'en empêcher. Une noirceur qui n'est plus à cacher. Que Daire a déjà vu, et à laquelle elle continuera d'assister. Et il voit la fierté passer dans les yeux de l'irlandaise. Un éclair, bref, alors qu'elle relève le menton pour insister sur le fait que les prochains mots sont pour lui. « Parle-moi d’ta main. » Un instant, ses paupières se plissent. Essayer de comprendre. Essayer de trouver le rapport — essayer de voir ce que sa main a à raconter. Mais, bien vite, la connexion se fait. La cicatrice au coeur de la poitrine de Daire, et sa vulnérabilité. La balafre en miroir, sur le dos de sa main et sur la paume. Celle qui avait crevé sans pitié un tatouage, et qu'il n'avait eu aucun désir de recouvrir par après. Parle-moi d'ta main, Novak. « Compliqué. » C'est le seul mot qui sort, tout d'abord. Un mot qui n'est pas une phrase, mais qui se charge de le devenir, pour les besoins de sa gorge rouillée. De sa langue rendue lourde par la colère et l'inquiétude, alors qu'il se laisse aller contre le dossier de la chaise et l'entend grincer. « J'avais... Quelqu'un. J'l'ai blessée. Failli la tuer. » Il pourrait parler de Katja. Mais cette fois, ce n'est pas le cas. Cette fois, c'est Niamh qu'il a sur le bout de la langue. Niamh qu'il a au fond du coeur. Au bout des doigts, lorsque le souvenir de sa tignasse rousse se fait trop diffus, et qu'il a besoin de la retrouver. Niamh, qu'il ne reverra jamais. « Quand je suis allé chez elle pour m'excuser, un type essayait de la violer. J'l'ai tué. » Tout simplement. Et il lève sa main, lentement. La tourne, pour montrer les deux côtés de la cicatrice. Le souvenir d'une lame qui transperce cruellement sa main. Souvenir d'une douleur qu'il aurait préféré ressentir chaque jour, plutôt que d'avoir à vivre avec l'absence de la rouquine pour laquelle il avait pris le coup. Pour laquelle il aurait pris tous les coups. « Il m'a laissé ça. » Et sa main vient vers son épaule opposée, alors que le bout de ses doigts va tapoter la balafre qui se dessine sous sa clavicule gauche. Balafre recouverte par un tatouage, mais toujours bien visible dans le relief qu'elle laissait, et entre les traits d'encre que l'aiguille avait imprimés. « Ça aussi. » Et il se tait. Sa main qui retombe, ses yeux qui se reposent sur Daire. Sans commenter le tatouage qu'il a fait graver par-dessus. Sans commenter la douleur des souvenirs, ou l'histoire qu'il venait de lui raconter. Rien d'autre à dire sur le sujet. C'étaient les faits. Et si elle avait envie d'en savoir davantage, elle n'aurait qu'à demander. Il n'avait jamais rechigné à répondre à des questions. Le tout, c'était de les lui poser. De faire face à son silence, sans ciller, et d'accepter l'idée que tout sujet de conversation serait rapidement replacé là d'où il venait. Pas du genre à s'étendre, ou à tergiverser. Et pourtant, cette fois, une conclusion légère s'échappe d'entre ses lèvres. Appel à la suite. Appel à échanger. « Une balle ? » Il tapote le centre de sa propre poitrine, mais il sait qu'elle comprendra. Comprendra qu'il parle de la sienne, celle à la cicatrice nette qu'il n'avait pas eu de peine à identifier. Il sait qu'elle comprendra. Et que, désormais, ce n'était plus qu'un simple échange de bons procédés. Chaque question souffrirait d'une autre en retour. Mais il était prêt. N'avait rien à lui cacher. Pas alors que son coeur retourné avait décidé de s'accrocher à elle et de la protéger. À jamais.

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