nous demandons un minimum de 10 anecdotes, vous pouvez cependant en faire plus si vous le souhaitez.

   (amen) ; Au nom du père, du fils et du saint esprit. Amen. Calbagh connaissait les prières par coeur, mais son coeur en était dégouté. Lassé et fatigué à l’idée de continuer à joindre ses mains et fermer les yeux pour suggérer la bonne miséricorde à un fantasme culturel, Cal s’est très rapidement détaché de l’éducation de son père pour mieux se rebeller par la suite. C’était la seule manière, le seul moyen, qu’il avait trouvé pour s’en dépêtrer et s’en détacher le plus possible. Pour cela, il avait tenté de réaliser tous les pêchés capitaux possibles et imaginables, usant de sa créativité pour rendre fou les catéchistes et Leur Père. Il avait opté par le pêché le plus facile : la Paresse. Et pour cela, rien de mieux que de ne rien faire à l’école. Absolument rien. C’était à peine s’il se levait pour y aller et quand il était enfin présent… Il ne l’était que physiquement. La colère avait déjà été réalisée puisqu’il l’avait souvent été contre son père, refusant tout bonnement de pardonner comme le conseillait le Petit Jésus. L’Avarice et l’Envie vinrent ensuite, accompagnés de temps en temps par l’Orgueil. Quelle horrible époque que celle-là. Une personne lambda, calme et compréhensive, aurait compris que Calbagh vivait une simple crise d’adolescence. Ce long et douloureux processus qui signifie « papa, maman, je me détache de vous, j’suis un grand ». Mais ses parents ne pouvaient pas comprendre. Ils ne pouvaient pas comprendre que le petit O’Driscoll se rebellait comme le Diable. Ils ne voyaient pas où leur éducation avait échoué, eux qui avaient été si rigoureux. Ils n’avaient tout simplement pas entendu la détresse et le dégout du petit dernier. Cal, contrairement aux autres, avaient simplement agi dans son intérêt. Le pire fut quand il s’essaya à la Luxure, jouant avec les filles, matant des pornos et embrassant même des garçons pour que son père le voit et fume du cerveau à cause de la Colère - lui aussi avait déjà succombé aux pêchés après tout -. Tout cela aurait pu s’arrêter là, mais Cal avait pris goût. Le dernier pêché, la Gourmandise, était venu fermer ce cercle vicieux. Mais cette souffrance avait été (presque) bénéfique pour Cal qui avait vu en cela une liberté. Une liberté qu’il chérirait jusqu’à la fin de sa vie. A la vie, à la mort, comme on dit pour les mariages, non ?

   (ma vie pour la tienne) ; S’il y a quelque chose que Cal aime parfois plus que sa liberté, c’est bel et bien sa petite soeur. Meadbh est la petite chose fragile que Calbagh a toujours tenté de protéger, à sa manière. Ce n’était peut-être pas la meilleure méthode car il était parfois un peu trop direct, un peu trop sec mais c’était fait avec le coeur. Cal avait décidé, après avoir pris sa liberté, que Meadbh méritait aussi de la vivre. Alors, peut-être de manière impulsive, Cal lui a raconté des histoires, lui a dit que tout irait mieux s’ils prenaient leur envol « imagine! on ferait ce qu’on veut » avait-il crié la première fois, pris dans un élan de volonté qu’il n’avait jamais connu jusqu’alors.
Vraiment, si Cal voulait illuminer sa journée, il irait voir sa soeur pour admirer son sourire. Il lui donnerait sa vie pour qu'elle puisse enfin vivre.

 (american ruin) ; Atterrissage à New York City, le sourire aux lèvres et le sac à dos au bord de l’épaule. Cal se voyait déjà en haut de sa tour d’ivoire, après avoir amassé "masse de tunes". Il le sait, un jour, il sera blindé. Il n'est pas bête, plutôt malin, on lui a appris à vivre comme ça dans la rue et c’était mieux que les bancs de l’école. Il a un peu économisé, de quoi se trouver un appartement. Mais il a vite déchanté. L’American Dream, c’était vraiment de la merde. Un putain de message publicitaire pour les esseulés, les personnes en mal de reconnaissance, les désespérés. Peut-être est-ce ce qu’il était, au fond : désespéré. Mais quand on pense ne plus rien avoir à perdre, on a tout à gagner. Ce qui l’inquiétait en revanche, c’était sa soeur. Il lui avait promis tant de belles choses et il ne lui avait offert que des débris et des alcooliques notoires. Il aura essayé, de vivre correctement, de faire son boulot de pizzaiolo et de récolter de l’argent mais ils ne vivaient plus : ils subissaient. C’est encore pire que survivre car on est sur le point d’abandonner. Cal s’est démerdé, il a volé une bagnole et il a dit à sa soeur « on s’casse ».
C’est ce qu’ils ont fait.
A partir de cet instant, le visage de May s’était de nouveau illuminé, comme un rayon de soleil. Cal était trop aveuglé par sa quête du bonheur et du pouvoir qu’il n’avait pas vu qu’il avait terni sa jolie petite soeur. Il l’avait presque éteinte. Alors, dans cette voiture, qui était devenue leur maison de fortune, ils ont roulé. Longtemps. Ils se sont arrêtés quelques fois, ont encore essayé de percer mais ils étaient ruinés. Ils mangeaient sur le pouce, tentaient de voler les gens - Cal s’est découvert un talent de charlatan. Les O’Driscoll organisaient des petites manifestations, des petits spectacles illusionnistes pour pouvoir récolter du bifton. Des billets, qu’ils soient de 5 ou de 20 dollars, qu’importe, tant qu’ils pouvaient se nourrir. Et les vagabonds continuèrent leur route, s’arrêtèrent à Charleston.
Puis ils rencontrèrent, par pur hasard, ce qui deviendra leur nouvelle famille.
A partir de là, ils devinrent eux aussi des Kids.

(famille désuée) ; Dernier garçon de la fratrie, Calbagh a dû s’imposer très rapidement pour prouver sa virilité et son côté alpha. Il en a chié durant toute son enfance avec ses trois frères qu’il avait pourtant énormément aimé. Pire encore, il s’en était fait des modèles. Mais les grands, une fois les ailes déployées, ne sont plus jamais revenu ou seulement pour les occasions familiales, les Noëls et les anniversaires sans âme. D’abord pris comme un abandon, Cal s’est très vite dit que ce n’était que de la lâcheté. Il a toujours cru que ses grands frères l’auraient protégé contre l’éducation de sa famille, comme ils auraient pu le faire avec May. Mais il pouvait toujours rêver : c’est Cal qui a dû se déployer comme un mâle Alpha. Et il y a pris goût. Aujourd’hui, il préfère ne jamais parler de sa famille, de ses frères et de ses parents. D’abord à cause des souvenirs, encore trop douloureux - le genre de douleurs que personne ne réussit à décrire hormis la sensation d’oppression - et de la rancoeur encore trop présente. Aujourd’hui, les O’Driscoll n’existent plus, du-moins… Les autres, pas eux. Aujourd'hui, ce sont les Kids et rien d'autre.

   (illusion) ; Calbagh a un don de charlatan. Un charmeur de serpents, un escroc à la belle gueule. Cal a toujours été attiré par les stratégies de manipulation, par les illusions. Depuis petit, Cal aime aller voir des spectacles de magie, depuis petit, Cal admire les cartes qui passent et repassent et disparaissent et réapparaissent. Alors Calbagh a appris des tours, il a appris à être un illusionniste. Sa grande fan, c’était sa petite soeur et si elle n’avait pas été là pour l’admirer, peut-être n’aurait-il jamais continué. Cal a toujours cherché à la voir rire et sourire, et c’était une superbe tactique pour que cela arrive. May, de sa grande innocence, appréciait retrouver une pièce derrière son oreille et découvrir que Cal avait deviné sa carte. Elle n’a jamais cherché à comprendre. Elle se laissait bercer par cette magie. Alors Cal s’est calqué à ces méthodes et berce les gens d’illusion : non pas par méchanceté, mais bien pour leur donner des petites éclats de bonheur dans cette vie parfois trop noire. Depuis, Cal ne quitte presque jamais son paquet de cigarette et son paquet de cartes.

 (fruit de la passion) ; Il arrive encore à Cal de rêver de ses courbes, et ressentir l’envie de la retrouver et de l’embrasser pleinement. Mais Cal ne revient jamais sur ses pas, même pour un joli p’tit cul, même pour celui de Jake, la fille-garçon, la fille-lunaire, celle qui n’a pas toutes les cases allumées dans le ciboulot. Mais c’était quelque chose entre eux, c’était fort - peut-être trop fort. Le genre de sentiment destructeur, celui qui fait crier et qui fait pleurer pour mieux se retrouver entre les draps souillés. Embrasser les peaux dénudées, caresser les cheveux salis par la transpiration et l’excitation. Parfois, il en rêve. Mais Cal ne la désire plus. Il a vu ce que la passion pouvait faire, ça l’a rendu con. ça l’a rendu connement amoureux. Et être amoureux, c’est perdre pieds. Or, Cal a les pieds sur terre mais la tête dans les nuages, il ne peut pas se permettre de planer. Il a essayé, il lui a fait confiance, et Jake elle a tout cassé.
Ou peut-être que justement, elle a tout cassé pour construire de son côté quelque chose que Cal n'est surement pas prêt à assumer.

 (enfant terrible) ; Depuis toujours, Cal savait qu’il serait un peu le vilain petit canard de la famille. D’abord parce qu’il était révulsé à l’idée de s’agenouiller pour un personnage biblique, ensuite parce que lui, contrairement aux autres, l’avait expressivement déclaré. La famille honorable O’Driscoll avait crée un monstre, un petit diable : Satan en personne, sans les cheveux roux. Qui pouvait se méfier de lui, après tout ? Sa maitresse d’école se souvient de ce petit garçon enjôleur et taquin, mais « pas méchant pour un sou ». Et c’était vrai. Avec sa gueule d’ange, qui pouvait s’imaginer que Cal pouvait parfois être terrible ? Et vas-y qu’je te vends de la beuh (de mauvaise qualité, coupée avec des aromates) devant le lycée. Et vas-y qu’je t’entraine dans un plan foireux en volant la voiture de tes darons. Et vas-y qu’je déclenche l’alarme incendie du lycée juste « pour voir ce que ça fait ». Calbagh aurait pu être comme tous ces gamins un peu difficiles. Mais il n’en était rien. Plus il grandissait, plus on perdait le contrôle - parce qu’on a jamais su communiquer avec lui. Alors Cal a divagué, sans jamais avoir de limites, sans jamais personne pour lui dire d’arrêter, pour lui dire qu’il abuse, que ce n’est pas bien. Alors Cal, il vole un peu les gens - pas méchamment, jamais, il ne les embobine pas totalement - et il sait que ce qu’il fait, la manière dont il le fait, ça lui plait.

   (fort du café) ; Adorateur de café, Cal ne se réveille jamais sans sa tasse. Mieux vaut l’éviter la matin, avant qu’il n’ait posé ses lèvres sur le bord de son mug et gouté au délice et aux bien faits de la caféine sur son corps - après cela, il redevient aussi mignon qu’un chaton. Ce n’est pas étonnant qu’il soit, même inconsciemment, dirigé vers la chaine Starbuck Coffee pour bosser en tant que barista. D’abord parce qu’il n’est pas mauvais. Ensuite parce que c’est pas un job qui lui demande beaucoup d’effort. Et il a besoin de sous. Enfin, il lui arrive de temps en temps de se faire le plein de café gratuitement - elle est pas belle la vie?

 (oiseau de nuit) ; La nuit, alors que les âmes s’envolent vers un imaginaire plus doux, Cal a tendance à rester éveillé, les yeux grands ouverts à contempler soit son plafond soit les petits culs de la boite. Ce n’est pas un très grand dormeur peut-être parce qu’il a toujours craint la nuit et les rêves. Les rêves, ça endort et ça empêche d’avancer, de vivre pleinement. Combien de personnes a-t-il pu voir sombrer dans cette léthargie et échapper à leur vie qu’ils n’ont pas en main ? Trop. Beaucoup trop selon lui. Cal, c’est un rêveur éveillé et c’est tout ce qu’il faut retenir.

   (ancré dans sa peau) ; Le bruit de la petite aiguille transperçant sa peau pour y laisser une trace l’a toujours émoustillé. Certes, au bout de trois heures de séance, il est au bord des larmes et il n’a qu’une envie c’est de tout stopper - et aller s’enfiler un kebab dans le coin de la rue. Pourtant, il n’en a pas (encore) partout. Faute d’inspiration sûrement ou de moyens. Mais il se plait à regarder des vidéos de tatoueur sur Youtube ou même l’émission L.A ou Miami Ink. ça le détend.

(piètre chanteur) ; Quand Calbagh était plus petit, il était chanteur. Du-moins, comme dans toute logique religieuse, ses parents l’ont foutu dans la chorale de leur Eglise. Cal aimait bien chanter. Vraiment. Mais on l’a toujours rabaissé, on lui a toujours dit qu’avec sa voix rocailleuse, il désacralisait les chants de Dieu. Il amenait une touche sombre à ces chants angéliques : Cal n’avait jamais compris. Pourtant, il ne s’était pas encore rebellé, il avait toujours suivi les ordres et les prescriptions. Et pourtant. Alors depuis, Cal ne chante plus puisqu’on lui a dit qu’il ne savait pas chanter. Du-moins, seulement sous sa douche, jamais en public. Et ça, c’est son petit secret.