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 (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.

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Ariel Walker

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MessageSujet: (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.   (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka. EmptyVen 13 Avr - 22:41

C’est un bar miteux, où les âmes se perdent avec le regard vitreux. Où les tarés, les égarés, les enterrés viennent ici se rassembler sans se parler. Ici, on ne demande même plus les cartes d’identité, voir un jeune s’échouer est devenu une normalité. Tu es entré il y a quelques minutes, tu prends déjà un premier verre d’oublie, l’impression d’entendre une dispute, tu lèves les yeux vers la provenance, y’a un vieil homme qui lit un journal et derrière un groupe. Ils parlent c’est tout. Ils ont l’air heureux avec leur débat à la con, à se répondre comme en plein combat, à qui aura raison. Toi, t’arrives vite à te dire que tu les aimes pas, à déposer un regard énervé sur eux et leur gaieté. Qu’est-ce qu’ils foutent là ceux-là ? Ils se sont perdus ? Tes yeux verts se posent sur le seul qui ferme un peu sa gueule, ça pourrait attirer ton interêt alors pour la peine tu le détestes plus que les autres dévergondés. Tu sais pas ce qu’il trouve de si interessant à son carnet, encore un artiste qu’a voulu s’enivrer d’un peu d’air triste. Tu lèves les yeux au ciel, t’arrives à les reconnaître ceux-là Ariel, faut toujours qu’ils trouvent le moyen de détonner. Pourtant y’en a plein dans le quartier. Il est venu s’engouffrer dans ce bar pour peut-être chercher une perle rare ? Ça te dépasse cette manie qu’ils ont de vouloir les fracasses. Du coup, tu les aimes pas. Lui et son teint parfait. Il lève le regard vers toi, tu te fais griller.

Tu leur tournes le dos, le verre que tu apportes à tes lèvres, les coudes sur ce bois sombre, et les yeux remplis d’ombres tu fixes un point imaginaire en te demandant encore si toute ta vie a un putain de sens. D’ailleurs tu as eu l’audace, toi, Ariel le contaminé, de te poser prêt d’un inconnu alors celui-ci s’offusque en te lançant un drôle de regard et se décale. Ça ne t’étonne même plus. Y’en a des cons à qui on a rien dit, qu’on a préféré laisser sur le côté, à les laisser faire des conneries. Le sida ça s’attrape pas par les airs faudrait peut-être leur dire mais là, t’as pas assez bu pour avoir ce courage. Et puis tu l'avoues, t'es pas très chaleureux. Puis tu pues. Tu continues de fermer ta gueule, à faire semblant d’être sage, et tu bois. Tu bois. Tu vois. Tu vois quand tu tournes ta tête une nouvelle fois, que l’autre abruti d’artiste à encore poser les yeux sur toi. Quoi ? Tes cheveux sales et ta tête de pauvre ne lui reviennent pas ? Peut-être que c’est même pas un artiste en fait. Juste un autre con. Tu sers la mâchoire, tu commandes à nouveau à boire, t’es peut-être juste parano. Pourtant t’as pas l’impression d’avoir faux. Les verres défilent, à leurs bras les minutes, toi t’es proche de ton but, tu sens ta tête exploser par tous ces alcooliques degrés, cette chaleur illusoire remplir tes veines et faut continuer de boire. Boire, boire, et putain, tu vas lui en foutre une. Tu sens encore son regard sur ta nuque, tu tournes la tête, il se fait griller. Tu vas le cogner, encore quelques verres et tu vas l’engueuler. Aujourd’hui t’as envie de déverser un peu ta haine, t’en a trop plein les veines, et lui si c’est un con, il vient te juste chercher. Si c’est un artiste, il est peut-être en train de te dessiner. Alors tu lèves encore les yeux vers lui, et tu vois sa main s’agiter sur son carnet. Oh putain l’enculer.

Tu te redresses, tu finis ton verre, et tu t’avances avec la démarche d’un misérable, tu viens te planter devant leur table. Tu le fixes du regard, t’espères bien qu’il voit tous les fusils dans tes iris qui se dressent contre lui. « J’sais que j’ai peut-être l’air un peu con mais j’sais encore quand on m’observe, tu dessines quoi là ? L’droit à l’image ça t’parle ou t’as besoin que j’te l’explique ? » que tu lui craches à la gueule, les autres arrêtent soudainement de parler et toi, tu te mets bien la honte, mais descendre quelques sous-sols encore ça ne te fait plus rien au cœur. Parce qu’après tout peut-être que ce n’est pas un artiste, qu’il ne sait pas dessiner et que toi, t’es juste un putain de parano qui se tire une balle dans le pied.
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MessageSujet: Re: (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.   (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka. EmptyLun 16 Avr - 15:43

Au milieu des rires et des paroles animées, Clyde se permet quelques traits dans son carnet. L’inspiration frappe sans attendre, sans laisser la place à l’hésitation ou à la réflexion. Et ce soir, son moment d’inspiration, c’est ce type, assis au bar, l’air un peu sombre, en proie au désespoir. Il ne s’explique pas le pourquoi il ressent le besoin d’immortalisé tout ce qui semble allé de paire avec lui. Un verre de cocktail à moitié bu, alors que ses amis continuent leurs récits enflammés, ponctués de rires et autres joyeusetés. Clyde s’est isolé dans son monde, dans sa bulle et tous savent que dans ces moments, il part un peu ailleurs. Son esprit vagabonde. Oh bien sur, il écoute, il participe, il réagit, en levant les yeux de son croquis. Mais dans le fond, ile st véritablement absorbé par son esquisse. Un vague stylo bic emprunté à une amie, son carnet qui trônait dans la poche intérieure de son perfecto de cuir camel et un vague besoin de coucher sur le papier une scène un peu à part, digne d’un tableau de Hopper, son ancêtre.

Les regards se croisent, dans une fraction de seconde, alors que Clyde capte toute l’intensité du regard qui semble le juger de loin. Pour sur que l’adolescent, le jeune homme ? N’aime pas être au cœur de l’attention. De son attention, en tout cas. Puisque ses amis, artistes bohèmes et homme d’affaire en devenir, sont bien trop concentrés sur leurs conversations. Clyde, lui, il n’a rien à se reprocher. Il aime cette audace qui le caractérise. Ce culot d’immortaliser des êtres ou des scènes de vie, sans en toucher un mot au concerné. Pourtant, ici, il sent qu’il le fera. Qu’il l’abordera avec audace, puisque Clyde n’a pas froid aux yeux. N’a jamais froid aux yeux. Il ose, sans même se poser de questions. Il en reste politiquement correct, parfaite éducation. Mais jamais un contact humain ne l’a freiné. Il n’a jamais eu d’ennuies, jamais été agressé. À croire que sa positivité laisse échapper autour de lui un quelque chose de doux. Du moins, c’est ce qu’il a toujours pensé.

Pourtant, rapidement, le jeune homme se lève, prend direction de la table du blondinet et s’immobilise à son niveau. Clyde, avachi dans la banquette en velours rouge, un peu usé, lève simplement les yeux de son esquisse, pour fixer celui qui ne semble pas enchanter par le fait d’être, ce soir, sa muse. Les paroles, acerbes, passent la barrière de ses lèvres avec aisance, alors qu’un silence de mort tombe au centre de la tablée. James, étudiant en droit, pince les lèvres, avant de tapoter la cheville de Clyde, ce dernier ayant un pied sur son genou opposé, dans une attitude nonchalante. « On va fumer une clope, on vous laisse discuter » Dans un regard un peu soutenu, du style « Tu as encore merdé ». Mais Clyde ne voit jamais les choses ainsi. Il acquiesce d’un signe de tête et se redresse, reposant son deuxième pied au sol, arborant une attitude un peu plus correcte. « Je ne vois pas pourquoi tu t’offusque, en fait, je ne fais que te dessiner, un petit portrait au stylot n’a jamais tué personne » Dit-il avec toute l’innocence du monde, alors qu’il hausse les épaules en lui montrant son carnet, reposant le stylot sur la table. « Mais très bien, j’arrête, je trouve juste qu’il se dégage un truc de toi, qui m’a inspiré, que je trouve beau » Le regard brillant, fixant le brun en face de lui. Brillant de créativité. Il a envie de continuer, Clyde. Il capte dans le regard du jeune homme, une détresse palpable. Un côté sombre qui ne fait qu’accentuer la beauté de ses traits. Clyde est un homme vivant toujours le moment présent, au gré de ses inspirations. Ce qui est certains, c’est que ce type là lui donne l’envie d’une multitude de projet créatif. Les traits de son visage, sa jeunesse déjà affligée. Un côté torturé et pourtant, un charme inhérent. C’est ce que Clyde voit. Puisque Clyde aime la beauté sous toutes ses formes. Un visage, un corps, un paysage ou simplement une situation. Peu importe l’état ou le genre. « Laisse moi te payer un verre en échange » Propose t-il en esquissant un sourire, tapotant la banquette à côté de lui. Clyde est à l’aise, exubérant et surtout, parfaitement détendu en société, même lorsqu’en face de lui, il sent un brin d’hostilité.
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MessageSujet: Re: (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.   (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka. EmptyMer 25 Avr - 19:31

Tu vrilles, poupée cassée qui demande sa liberté, tu veux détruire toutes les preuves de ta venue, de ton existence, qu’il ne puisse commander ta vie de sa simple présence. Tu as l’impression que lorsque tu le regardes, tu trahis ton visage, tu lui donnes l’opportunité d’en capturer une image, qu’il lit dans tes yeux, tes cris d’au secours silencieux et qu’il perçoit à travers ta haine, cette peur infâme de l’autre. De lui. De tout les gens autour. Que va-t-il faire avec ce dessin ? L’accrocher sur les murs, les vitres des rues ? Que va-t-il faire des traits crayonnés de ton visage ? Les modifier ? Les rendre plus laids ? Tu ne restes pas sage, à subir son regard sur ta mâchoire, l’ivresse aux veines, la peur au cœur et la méchanceté dans la cervelle, tu vrilles, et vrilles encore à chaque fois que tu poses les yeux sur cet homme, apparu là, dans ce décor où il détonne pour prendre la poupée pour une conne. Tu regardes un moment les veines de tes mains ciseler ta peau en de frêles chemins avant de te lever, à en faire sursauter les endormis, à en réveiller les mourants alcooliques. Tu t’avances toi et les habits pauvres, toi et le regard gueulant, pleurant, hésitant. Tu lui gueules dessus, peut-être pas assez fort, tu penses qu’il faut cracher tes poumons pour te faire entendre, qu’il faut frapper le premier pour gagner et tu te lances dans cette partie d’échec sans savoir jouer. Les autres s’arrêtent de parler pour te laisser, toi gamin, t’exprimer un peu le temps de quelques secondes avant que ton corps ne se laissent engloutir par la société des grands. « J’existe putain ! », ces discours d'orphelin qui défilent dans tes iris. Les autres partent comme gentils de te laisser la place et tu as presque envie de leur cracher dessus. Les yeux verts fixés sur cette race, cette espèce égarée qui pensait se faire une place là où Ariel se fait renier. Le stylo ne tue personne bébé, tu devrais le savoir. Comme les mots vipères qu'on t'offre dans ton casier, comme les coups que tu reçois à la sortie du lycée, comme le nez plongé dans l’eau des toilettes, comme les viols. Rien ne tue à part les armes. Mais toi tu crois que rien ne tue à part l’homme. Alors t'as peur d'eux, de leur pouvoir, de leurs yeux. T'es trop con pour les déchiffrer, pour entendre les dialogues silencieux des regards et des sourires, alors tu les mets tous dans le même panier. Méchants. Dangereux. Faut se protéger. Sa voix innocente t’est insupportable, ses yeux brillants d’une inspiration inconnue, te sont insupportables. Tu baisses les yeux sur la feuille qu’il te montre, la mâchoire serrée. Tu y vois de quelques traits bleus répétés, les contours de ton visage, la chevelure indisciplinée qui l’encadre, et ce regard fatigué d’une vie trop encombrée. Tes sourcils froncés, tes lèvres mordues et ce verre de vodka. Ici, voici un résumé de toi et t'as le cœur qui flippe plus fort. A tes oreilles, il te murmure une mélodie hypocrite, à parler d’un truc qui se dégage, d’une beauté qui sommeille dans ces coins sombres du monde, qu'il a trouvé en toi, et t’as le souffle presque essoufflé quand ta cervelle traite toutes ces conneries. Un artiste alors. De ceux qui trouve la vie belle, le vieux clebard charmant et le sans abri poétique ? De ceux qui trouve la misère créatrice de belles oeuvres. « Trouve-toi quelqu’un d’autre à dessiner espèce de taré » que tu lui craches, chiffonnant son dessin en une balle, un boulet de canon. Tu réagis pas à ses compliments illusoires, t’as fini d’y croire, tu restes la statue vieillie, sans émotion qui ne bouge pas un doigt lorsqu’on passe devant elle, t'es sans vie.  

Et l’autre te nargue sûrement, se moque délibérément avec son sourire, son invitation et tu jettes ton arme en papier sur son visage d’un coup violent qui s’échoue à côté. Tu le regardes mal, en chien aboyant et apeuré. Tu grognes, prêt à bondir ou à fuir. « Mais j’ai l’air d’avoir envie d’ta compagnie là ?! Wesh t’es con ou tu l'fais exprès ? » que tu t’énerves, t’en a marre, tu veux être pris au sérieux mais tu t'enfonces à chaque seconde. Gamin qui fait son caprice, spectacle pour avoir un peu l’attention des gens trop chanceux. « J’en veux pas d'ton verre sale con ! » t’aurais aimé le lui jeter aussi, le verre et le whisky, mais tu ne fais que retourner au bar, t’en servir de bouée alors que tu t’es noyé, ridiculisé. Et l’autre il a gagné la partie mais t’as envie de revanche.
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MessageSujet: Re: (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.   (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka. EmptyDim 3 Juin - 11:29

L’hostilité qu’il peut sentir n’est qu’un euphémisme, puisque le jeune homme semble bien plus vindicatif qu’il ne l’aurait cru. Pourtant, Clyde ne bronche pas, il se contente de l’observer vociférer quelques paroles agressives à son encontre. Mais il ne se démonte pas, parce que Clyde ne rentre jamais dans la colère. Il est loin d’avoir le sang chaud, il n’aime pas s’énerver et préfère largement la paix à la guerre. Même lorsque, comme ici, il se fait gratuitement agressé. Qu’importe, il n’est pas homme à en prendre ombrage. La plupart du temps, il est d’un calme olympien et même si les insultes du jeune homme ne sont en rien agréable à encaisser, il élude sa fierté qui pourrait le pousser à réagir sur le même ton. Ça ne lui ressemblerait pas, de toute façon. « Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça ? » Ose t-il demander, puisque la chose ne lui paraît en rien évidente. Plutôt surprenante à vrai dire. Ce n’est pas comme s’il était en train de le caricaturer ou de représenter ses traits de façon désavantageuse. Ici, c’est tout le contraire. Mais il semble que son interlocuteur soit le genre abimé par la vie et ses épreuves, voyant en tout acte, une agression, quelque chose pouvant lui faire du mal.

« Ma compagnie n’est pas pire qu’une autre, tu pourrais essayer » Renchérit-il, sur le même ton doux et calme. Clyde n’est pas con, loin de là, à vrai dire, et c’est bel et bien ce qu’il essaye de prouver à son inspiration du soir, qu’il meurt de dessiner davantage. Mais déjà, le jeune homme se détourne, après l’avoir insulté une dernière fois, refusant son invitation. Les amis de Clyde étant encore dehors, il les aperçoit par la porte vitrée du bar, l’artiste se lève, range son stylo mais garde en main son carnet et s’approche du comptoir, venant prendre place à côté du brun vindicatif. « La même chose pour lui et une despe’ pour moi » commande t-il au barman qui acquiesce d’un signe de tête, avant d’aller préparer tout ça. Assis sur un tabouret, les pieds dans le vide, Clyde tourne alors sa mine angélique vers le jeune homme à ses côtés. Son carnet posé sur le bois sombre du bar, il le lui montre, tournant quelques pages pour lui faire profiter de la vision de ses croquis. « Je suis étudiant aux beaux-arts et j’aime dessiner ce qui me passe sous les yeux, ce qui m’inspire » Puis finalement, il s’immobilise sur sa brève esquisse du jeune homme au bar. Ses yeux vers le bas, sa mine jeune et déjà fatiguée. Le talent de Clyde est bien visible, remarquable, fort d’un coup de crayon agile et expérimenté. Talent inné, famille d’artiste. « Même si tu refuses de me parler, accepte au moins un verre en échange » Dit-il tandis que déjà, le barman pose leur consommation devant eux. « Moi c’est Clyde et j’aimerais bien que tu poses pour moi » Clyde le peintre, le dessinateur. Clyde le rêveur et l’utopiste, pourrait-il ajouté, s’il s’en rendait compte lui même. Comment peut – il être aussi calme alors qu’à ses côtés, le jeune homme l’a rudement envoyé chier ? C’est bel et bien le secret du blond, qui jamais ne s’énerve, qui toujours, vois dans les autres les côtés positifs, le bien, les bonnes choses. Trop naïf. Beaucoup le mettent en garde, prétextant qu’un jour, sa gentillesse lui attirera des ennuies, mais cela n’a jamais été le cas. Clyde est trop optimiste pour laisser ce genre de raisonnement entacher son comportement.  « Ça ne te coutera qu’un peu de temps, rien de plus, je suis sur qu’il y a quelque chose qui te ferait plaisir en échange ? » Se hasarde t-il à demander, histoire de le faire flancher. Qui ne tente rien n’a rien et avec Clyde, la chose se vérifie doublement, parce qu’au delà de sa gentilesse, il ne manque pas de culot, bien au contraire.

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MessageSujet: Re: (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka.   (CLYDE) Et nous nous rencontrons ce soir-là, toi avec un crayon, et moi avec la vodka. EmptyDim 15 Juil - 0:36

T’exploses dans ta petite cage, à taper contre les barreaux en plein craquage, carnage. Tu pètes juste un câble, et c’est peut-être toute la haine moisissure que tu craches sur cette table, cette haine qui sort jamais de ta bouche, cette haine qu’augmente à chaque fois qu’on te touche, tu la craches sur sa gueule, gueule trop parfaite, qu’a pas l’air de défaite, qu’a rien à faire ici, dans c’bar pourri, comme la tienne trop jeune, trop juvénile, trop rougi par l’alcool que tu tiens pas, que tu tiens plus quand tu sens tes jambes trembler, l’corps tanguer, l’cœur couler. « Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça ? », c’est vrai ça, pourquoi ? Pourquoi faut que tu gueules comme un enfant vulgaire, le genre abandonné dans les quartiers misères, là où c’est la guerre, cette guerre qu’on ne voit pas. Enfin. Qu’on ne veut pas voir. Pourquoi tu réagis au moindre coup de crayon, au moindre regard sur toi, avachi au bar, comme si les pupilles inconnues pouvaient te déshabiller sans détour, te percer à jour. T’es suspect. T’es putain de suspect. Qu’est-ce t’as ? T’as volé quelque chose ? C’est ça ? Tu réponds pas à sa question, tu lui donnes pas cette satisfaction. Il t’énerve peut-être parce qu’il a simplement les cheveux propres et bien coiffés, parce qu’il a les vêtements bien taillés et la peau vierge de toute impureté. Peut-être parce qu’il veut un peu de toi, un peu de ton visage, rien qu’une image pour dessiner un peu tes traits, en tirer sa stupide beauté qu’il dit, beauté que t’as jamais croisé dans le reflet des miroirs brisés. Peut-être parce qu’il te regarde trop et toi t’as trop pris l’habitude d’être invisible, nuisible, qu’il fallait t’éviter, qu’il fallait t’ignorer, et tu sais toujours pas comment te dérober des gens trop curieux, de ceux qu’ont les yeux éveillés, qui pourraient peut-être voir tes larmes silencieuses et imperceptibles, tes murmures de détresse, tes S.O.S. Tu l’ignores, tu l’insultes et lui, il ose te répondre, t’attirer dans ses filets, à s’donner l’éloge pour sa compagnie alors que tu pars déjà loin de lui, t’as le vertige face à tout ce prestige qui l’entoure, l’talent, et tous ces trucs à la con qui font de lui un homme bon, modèle. Tout l’inverse de toi, plus proche des poubelles.

Tu retournes auprès des inconnus égarés, de cette masse abandonnée par la société, tu t’y fonds, tu t’y noies, tes coudes sur le bois, la tête dans tes mains, t’as mal à la tête, y’a trop de bruit, trop de regard, et l'alcool te détruit, comme la vieillesse sur les vieillards, comme les odeurs de cigares. « La même chose pour lui et une despe’ pour moi », entre tes doigts, tu le vois, t’as envie de pleurer et de le pousser, de le faire tomber de sa chaise, de lui dire de dégager, de plus jamais venir te parler parce que tu veux pas savoir ce qu’il dessine, parce que tu veux rien savoir de lui et de sa vie parfaite. Tu restes silencieux parce que tu ne vas pas refuser le verre devant tes yeux mais que tu ne vas pas lui dire merci. Et il te présente tous ses croquis, t'as la mâchoire serrée, les yeux obligés de regarder, et tes oreilles qui s’écroulent sous ses mots. Les beaux arts. Ça sonne comme l'élite. Putain de friqués. Putain d’artistes. Ça l’amuse de t’enfoncer ? Les feuilles défilent jusqu’à ton visage. C’est un dessin qui reflète la réalité. C’est toi, qui a arrêté d’espérer, qui a arrêté de rêver. Pour sûr que tu refuses de lui parler, il a au moins dit une chose de censée pour la journée et tu dis toujours rien quand tu prends le verre, tu fais semblant d’être seul, et qu’à côté ce n’est rien d’autre qu’un fou qui parle tout seul mais tes insolentes oreilles continuent d’écouter, et lorsqu’il t’exprime sa requête ce Clyde, tu manques de t’étouffer. Poser pour lui ? Et puis quoi encore ? T’agenouiller pour le sucer ? Qu’il aille se faire foutre. Qu’ils aillent tous se faire foutre. Tu tousses, c’est minable, ça cogne dans ta tête, tu te sens pas bien, l’alcool aide pas mais tu t'accroches quand même à ton verre. Je suis sûr qu’il y a quelque chose qui te ferait plaisir en échange. La vipère. Bien sûr, qu’il y a quelque chose. De l’argent ? Un remonte temps ? Il peut faire ça non ? Sortir son chèque ou rassembler ses neurones d’élite pour pouvoir effacer toutes les erreurs passées. Tu le regardes, tu veux lui cracher sur les pieds, lui montrer que tu l’aimes pas, que tu n’es pas à vendre, que toi on t’achète pas. Tu t’approches, « va. Te. Faire. Foutre » que tu lui murmures avant de te redresser, le verre de l’éther que tu agrippes pour t’enivrer un peu trop encore avant que les mots dégoulinent, « j’vais pas donner mon temps d’pauvre désespéré à un étudiant des « beaux arts » qui trouve la misère sympa à r’garder », ça aussi ça t’énerve, tu digères pas son compliment d’artiste trop loin de la réalité, de ta réalité. « Y’a plein d'sdf dans la rue pourquoi t'vas pas leur proposer à eux ? », pourquoi moi ?
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