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 family affair (jiamh)

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JJ O'Reilly

JJ O'Reilly
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MessageSujet: family affair (jiamh)   family affair (jiamh) EmptySam 7 Juil - 9:55

Faut que t'arrête de t'battre tout l'temps en c'moment JJ. Je grimace tandis qu'il refait le bandage autour de ma main pour maintenir immobiles les doigts que j'ai cassé l'autre jour en cognant contre le mur. — Don pourra pas te sauver les miches à chaque fois, et d'ailleurs ça commence à lui taper sur le système. Je ne le regarde pas, boudeur. Il passe aux plaies de mon visage ou se superposent celles faites par Don et les mecs, et celles toutes récentes, d'il y a une heure alors que j'ai encore provoqué une bagarre pour aucune raison valable. — Et moi, j'suis pas ton infirmière privée. Ça m'gave de te rafistoler, ok ? Alors arrête ça. Je ne dis toujours rien, le regard fixé sur le mur derrière lui, les yeux vidés de toute substance. Juste une colère sourde survit dans un coin, discrète mais bien présente. Attendant le bon moment pour surgir. — Pourquoi tu t'bats tout l'temps depuis quelques jours ? Dis-moi. Il arrête ce qu'il fait et vient se poser face à moi, sérieux. Le regard ferme mais sympa, comme pour m'encourager à tout lui dire. Mais les mots restent bloqués dans ma gorge et je me contente de hausser les épaules avec désinvolture, me remettant rapidement à fixer le vide. Je l'entends soupirer avant de reprendre ce qu'il faisait. — J'suis au courant de ce que Don t'a demandé. Je sais que c'est pour ça que t'es contrarié. Je ricane lentement, désabusé. Est-ce qu'il y a une seule chose que cette bande ne sait pas ? J'ai l'impression qu'ils en savent plus sur moi que moi-même. Et ça commence à devenir franchement chiant. — Il fait ça avec tout le monde JJ, c'est pas contre toi. C'est pas pour te punir ou t'emmerder ou j'sais pas ce que tu t'imagines encore. Il éveille mon intérêt et je relève la tête vers lui sans trop comprendre où il veut en venir. Il marque une pause, laissant filer quelques secondes qui font naitre en moi une certaine impatience. Il remballe ses affaires et vient s'asseoir à côté de moi en soufflant, y a comme un air de nostalgie sur son visage. — Moi aussi j'ai dû dire adieu à beaucoup de choses en les rejoignant. On a tous dû le faire tu sais. Mais c'est pour notre bien. Tu t'en rendras compte dans quelques mois. Don a du recul et de l'expérience, il sait ce qu'il fait, il sait ce qui est néfaste pour nous. Je baisse la tête, troublé par ses paroles. Il pose une main sur mon épaule. — Regarde-moi. Je relève les yeux vers lui, la colère qui se distille doucement dans le néant. — Don ne fera jamais rien pour te nuire, jamais. Tu ne le comprends pas encore, mais tu verras. Crois-moi. On s'observe un moment dans un silence religieux. J'ai confiance en Akker, encore plus qu'en Don assez bizarrement. Je hoche lentement la tête, laissant les mots de mon ami faire leur chemin. Mais on se fait interrompre par un gardien qui vient cogner contre les barreaux de notre cellule. Je sursaute et fait volte-face, regard noir. — O'Reilly, t'as de la visite. Je plisse les yeux et mon cœur s'emballe subitement. Je refuse l'idée qu'Eanna tente de revenir encore. Je n'aurais pas la force de refuser ses visites à l'infini. Je blêmis. — Qui ça ? Demande Akker. Je lui lance un petit regard en coin, brusqué de le voir intervenir à ma place de cette façon. Mais je ne riposte pas. — Une dénommée O'Leary. Et ça fait tilt dans ma tête, je l'avais presque oubliée avec tout ça. Cette salope qui veut se faire passer pour ma sœur. Ma sœur. N'importe quoi. Je me raidis aussitôt, la mâchoire qui se contracte sous l'effet de ma contrariété. — C'est qui ça ? Je me lève et le regarde brièvement, un peu trop perdu dans mes pensées pour faire véritablement attention à lui. — J'sais pas encore. Sûrement un tas d'emmerdes. Je commence à suivre le gardien et je l'entends qui se lève à son tour et se précipite à ma suite. — JJ ! Je lui fais un bref signe de la main, l'air de dire : tout va bien, lâche-moi. Quand j'arrive au bout du couloir je me retourne. Il a déjà fait demi-tour et fonce vers la salle commune. Il va aller faire son petit rapport à Don. Ça m'irrite mais j'oublie vite alors que je me retrouve aux parloirs.

Box numéro 3. Je m'arrête une seconde, pas certain d'être prêt pour affronter ce qui m'attends. Parce qu'une partie de moi ne peut pas s'empêcher de croire - d'espérer ? - que ce soit bien vrai. Et ça soulève un tas de questions. A quoi elle ressemble ? Pourquoi je n'ai jamais entendu parler d'elle ? Pourquoi elle débarque maintenant ? Comment elle m'a retrouvée ? Pourquoi venir me voir en prison ? Qu'est-ce qu'elle me veut ? Tout s'agite dans mon esprit et je deviens confus, p't'être un petit peu trop émotif même. Je déglutis et m'élance, l'estomac noué. Je tente de me rassurer comme je peux. Ce sont des conneries JJ. Elle n'est personne. C'est une arnaque, une fausse identité pour t'approcher. Mais dans quel but ? Plus rien n'a de sens. J'arrive au box trois et me plante devant, faisant face à l'inconnue. Je me fige et l'observe, dérouté. Une vague d'émotion me submerge et me laisse fébrile. La ressemblance est frappante. Ses longs cheveux roux et ce regard. C'est elle tout craché. Elle avant que son visage se fasse déformer par la drogue. Je le sais, parce que j'ai conservé toutes ces années une photo d'elle et moi, quand j'étais encore bébé. Quand elle souriait encore. Quand elle était encore belle. Quand elle m'aimait encore. Mon regard s'échappe de celui de l'inconnue et je tourne la tête vers la sortie, déstabilisé au point de songer à fuir cette confrontation. Mais la curiosité m'en empêche et je me ravise. Je finis par m'asseoir sur le siège, ayant du mal à dissimuler mon trouble. Je ne décroche pas tout de suite, continuant de la regarder. Son visage immaculé qui fait contraste avec le mien, presque défiguré à cause des bleus et des coupures. Ma main bandé se porte automatiquement vers ma clavicule, comme pour m'assurer qu'elle est bien cachée par ma tenue. Une croix gammée, ça fait peut-être un sale effet pour une première rencontre. Après une dernière hésitation, je finis par attraper le téléphone et le porte à mon oreille, le souffle court. Ça pulse dans mes veines, le myocarde qui s'affole et le sang qui chauffe, cramant tout sur son passage. Nerveux, je ne parviens pas à stabiliser mes doigts sur l'appareil. Quand elle décroche aussi, je prends la parole le premier. La voix un peu chaotique à cause des secousses dans ma poitrine. — Qu'est-ce que tu m'veux ? La méfiance qui suinte dans chacun de mes mots, le ton agressif, sur la défensive. Je reste enfoncé dans le fond de mon siège, comme pour garder un maximum de distance entre elle et moi. Et même si l'évidence est là, indéniable, je continue de me répéter que tout ça n'est qu'un mensonge. Comme si ça allait pouvoir me sauver de quelque chose. D'une violente désillusion, sûrement.
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MessageSujet: Re: family affair (jiamh)   family affair (jiamh) EmptyMar 10 Juil - 17:18

Peut-être que c’est pas une bonne idée. Peut-être qu’elle devrait encore attendre, peut-être qu’elle devrait y penser un peu plus. La vérité c’est qu’elle sait pas du tout ce qui est le mieux. Elle patauge dans l’inconnu, les deux pieds dans une eau boueuse et froide, avançant à tâtons. Ce gars a beau être son frère, frère par le sang, mais elle ne sait rien de lui, ou presque. Juste des bribes d’informations ici et là, ce que son Da lui a dit sur les O’Reilly, ce que Daire a pu lui souffler, ce qu’elle a entendu en ville sur ce fameux JJ. Et pourtant Niamh reste imperturbable, elle ne pourra se faire une idée que lorsqu’elle l’aura en face de lui, et c’est pour ça qu’elle n’a plus envie d’attendre. Marre de se confronter seulement aux rumeurs, elle veut planter ses yeux dans les siens et savoir qui il est. Sans doute que ça serait mieux d’attendre - que c’est un coup bas, sans doute, d’aller le voir quand il est en prison, de débarquer comme ça. Surtout qu’elle a déjà du vendre la mèche, l’effet de surprise détruit par les exigences administratives. Tous les papiers et les formulaires et les appels qui ont fait soupirer l’irlandaise, elle a bien failli en coller une à deux ou trois fonctionnaires hautains,putain c’est vraiment compliqué vos conneries, qu’elle a balancé à l’avocat. Il n’avait pas été grandement impressionné par son attitude, comme s’il y était déjà habitué. Mais Niamh l’avait fermé et elle avait attendu, attendu qu’on lui donne la gentille autorisation. Puis à sa première journée de congé, elle avait embarqué sur sa moto et elle avait pris la direction de la prison. Entrée de son plein gré dans le genre d’établissement qu’elle avait passé sa vie à fuir et à éviter - et souvent de bien trop près - l’irlandaise ne pouvait retenir le léger sourire sur ses lèvres. Comme son Da en rigolerait de la voir là, prenant un badge visiteur et attendant sagement qu’on la dirige là où il fallait aller. Elle sourit au garde de sécurité qui se tient comme un immeuble alors qu’il est pas bien impressionnant, eh bah, ça vous arrive souvent d’avoir des criminels comme visiteurs ? Ça en est quand même rigolo, mais Niamh a tout de même les tripes un peu tordues. C’est son frère qu’elle va voir, un frère qu’elle ne savait même pas avoir jusqu’à il y a quelques années, un frère qu’elle avait pas trop su comment gérer l’existence, et voilà qu’ils allaient se regarder dans le blanc des yeux. Déglutissant, elle s’assoit sur la petite chaise en plastique, devant la vitre transparente, et attend qu’on laisse les prisonniers entrer. Elle repense à tout ce qu’on lui a dit, tout en essayant de tout balayer, c’est ton frère, laisse lui une chance, mais elle ne sait franchement pas comment elle va réagir - et comment lui va réagir. C’est une fébrilité nerveuse qui resserre le nœud dans son estomac, peut-être qu’elle est pas prête à ça, peut-être qu’il est pas prêt à ça, peut-être qu’elle commet une erreur, elle en sait rien. Referme les yeux un instant, inspire. Elle repense à son Da, ce qu’il a dit, dans le petit café d’Autriche. He’s family, girl. Family’s all we got.

Y’a une porte qui s’ouvre, et Niamh rouvre les yeux. Quelques secondes plus tard il apparaît, uniforme de prison sur le dos. Le regard un peu troublé, le visage tuméfié. Niamh serre des dents, alors que leurs regards se happent soudainement. C’est lui. Il est jeune, tellement plus jeune qu’elle, il lui semble. Le corps méfiant et les doigts agités. Niamh reste là, silencieuse, essayant de rester calme. C’est con, mais elle a envie de sourire, parce que c’est un visage inconnu mais qu’il lui semble pas étranger. Comme si elle le connaissait déjà bien, ce type, comme si ils s’étaient vus tous les jours de leurs vies. Il semble hésiter, et elle le laisse prendre le temps de s’installer. Se redresse un peu, laisse ses yeux naviguer sur les coupures et les bleus. Ça lui fait quelque chose mais elle saurait pas dire quoi. Il décroche et on dirait que sa nervosité est contagieuse, Niamh a le cœur qui se débat dans sa poitrine, qui résonne dans sa tête entière, ça lui donne presque le vertige. Mais elle inspire, reste calme, reste calme. Elle tend la main et décroche le téléphone aussi, secouant la tête pour tasser quelques mèches rousses. La voix lui vient rapidement, tremblement de terre dans ses oreilles. Cet accent si semblable au sien. « Qu’est-ce que tu m’veux ? » Il est méfiant, elle ne peut pas le blâmer. À sa place elle aurait été pareil, peut-être pire, elle en sait rien. Elle lui rend son regard, contenant sa propre tempête. Elle a prévu le coup, elle sait que des mots ça veut rien dire, alors elle accoude le téléphone entre son épaule et son oreille, attrape le papier chiffonné dans la poche de son jeans et le déplie. Le dépose contre la vitre qui les sépare, afin qu’il puisse lire. « J’me suis dit que tu m’croirais pas. » Papier d’adoption, que son Da lui a confié, tout fait dans les règles, Niamh O’Reilly devenue Niamh O’Leary. Elle a la gorge serrée, Niamh, ça lui fait tout drôle. Elle peut pas arrêter de le regarder, les yeux pâles, le corps enfoncé dans la chaise. Elle déglutit, dépose le papier sur la table. Baisse le regard un instant, puis revient à la charge. « J’avais prévu attendre que tu sortes. Mais j’suis pas quelqu’un de très patient. » Elle hausse un peu les épaules, ne peut retenir le léger sourire en coin qui se dessine sur son visage. Après tout, nul besoin d’être aussi sérieux, c’est pas censé être heureux, une famille qui se retrouve ? Mais la méfiance de JJ la contamine, et elle sait qu’elle doit marcher sur des oeufs. Mais la prudence, comme la patience, ça a jamais été son fort.

« J’ai d’autres preuves si tu veux. » Lui adresse un petit sourire, au cas où, comme pour lui dire, j’suis pas ton ennemie. T’as pas à me faire confiance, mais j’suis pas ton ennemie. « Quant à ta question… Rien. » Petite moue qui lui étire les lèvres, avant qu’elle se redresse un peu. Pose les coudes sur la petite table, sans lâcher son frère du regard. Son frère. Uniforme sur le dos, bleus sur la gueule. Son frère. « J’avais envie d’savoir qui étais mon frère. J’me suis dit que tou voudrais savoir qui est ta soeur. » Les mots sont étranges à prononcer, mais pourtant ils glissent sur sa langue. Frère. Soeur.

T’es irlandais comme moi, JJ.
Tu sais que ces mots-là, ça veut dire quelque chose.
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MessageSujet: Re: family affair (jiamh)   family affair (jiamh) EmptyJeu 12 Juil - 10:46

Je pose ma question et pour toute réponse, elle déplie un papier qu'elle vient coller contre la vitre. D'abord, je ne réagis pas. Me contente de froncer les sourcils, méfiant. C'est quoi ça ? Après quelques secondes d'inertie, je finis par soupirer et me redresse afin de me pencher en avant pour venir lire ce qu'il y a d'inscrit sur le papier. Il me faut un instant avant de comprendre de quoi il s'agit. Elle le retire et je me laisse retomber en arrière, un peu secoué. La bouche semi-ouverte, les yeux plissés, je continue de la fixer sans comprendre ce qui est en train de m'arriver. De nous arriver ? Je reste silencieux, ne trouve rien à redire, plongé dans une sorte d'état secondaire. Je ne parviens pas à comprendre comment tout ça est possible. Comment je peux avoir une sœur dont je n'ai jamais entendu parler ? Pourquoi mes parents auraient fait adopter leur fille avant de refaire un gosse ? Ça n'a pas de sens. Je passe ma main bandée sur mon visage, fermant les yeux une seconde alors que je tente d'y voir plus clair. Mais y a rien à faire. Sa voix me tire de la cacophonie de mes pensées et je relève la tête vers elle. — J’avais prévu attendre que tu sortes. Mais j’suis pas quelqu’un de très patient. Faut croire que c'est de famille. Mes parents ne l'ont jamais été et je ne le suis pas non plus. Toujours avachis sur ma chaise, je l'observe sans plus rien dire, me contentant de mordiller l'intérieur de ma joue. Réflexe nerveux alors que je continue de réfléchir à toute allure. Je finis par passer ma langue sur mes lèvres, mordillant celle du bas de façon négligée pendant quelques secondes avant de reprendre, désinvolte. — C'est facile de faire des faux papiers. C'est tout ce que je trouve à dire pour l'instant, pas convaincu. Pourtant, suffit que je la regarde pour savoir qu'elle dit vrai. C'est son putain de portrait craché. Peut-être même trop. Je détourne le regard alors qu'une vague de douleur vient me saisir le myocarde. Je me tends et inspire bruyamment, tournant la tête pour venir fixer le box d'à côté. Souvenirs lointains qui remontent brusquement à la surface, m'assaillant d'images et de vieilles émotions que je tente désespérément d'oublier depuis 17 ans. Et même plus encore. Faut croire que c'était une habitude chez nos parents d'abandonner leurs enfants.

J’ai d’autres preuves si tu veux. Je reste stoïque quelques secondes avant de retourner la tête vers elle. Je me redresse un peu sur ma chaise et tente de faire le vide dans ma tête. Mouvement de tête vers elle, je hausse les épaules. — Ah ouais ? Quoi comme preuves ? Que je demande avec une pointe d'agressivité, soupçonneux. Je n'ai pas l'intention de lui rendre la tâche facile. Pas l'intention d'accepter la nouvelle avec facilité. Ça bouscule beaucoup trop de choses, j'ai besoin de temps. — Et comment tu m'as trouvé p'tain ? C'est vrai ça, peu de gens savent que je suis ici finalement. Alors comment une fille débarqué de nulle part peut savoir que son soit disant petit-frère est ici, à Savannah, en prison ? Aux dernières nouvelles, l'info n'est pas passé à la télévision au journal du soir. — Quant à ta question… Rien. Elle sourit. Pas moi. Je plisse le front et ma mâchoire se contracte, comme un cabot pris au piège et prêt à mordre si on l'approche de trop près. J'enfonce ma main libre dans la poche de mon uniforme, tandis que je me mets à battre nerveusement du pied sur le sol. — J’avais envie d’savoir qui étais mon frère. J’me suis dit que tu voudrais savoir qui est ta sœur. Quelques secondes de flottement. Et finalement, je me mets à ricaner. Le visage qui se déride, sourire narquois en bord de lèvres. Je me calme un instant avant de me remettre à rire nerveusement, de plus en plus fort. Comme pris d'un fou-rire. Je me penche en avant, mon bras qui se pose sur le petit rebord devant le plexiglas et ma tête que je fourre dedans, éloignant le combiné de mon visage, alors que je continue de rire salement. Au bout de quelques secondes je me redresse et retombe lourdement sur le dossier de la chaise en soupirant bruyamment, toujours avec un large sourire un peu détraqué. — Hey, vous avez entendu ça les gars ? Première fois que j'rencontre ma sœur et elle me connait déjà si bien ! Le gardien se lève et fait deux pas dans ma direction, mine irritée. — O'Reilly ! Commence pas et tiens toi tranquille. Je brandis mes mains devant moi en signe d'innocence et souffle une dernière fois, plus tranquillement. Le téléphone est toujours éloigné de moi. Je me remets à la fixer, une lueur de colère au fond des yeux. J'ai envie de raccrocher et de me barrer. Mais je n'y arrive pas. Le cul vissé à cette putain de chaise de merde. Je fais tourner le combiné dans le vide encore quelques secondes avant de finalement le ramener à mon oreille. Je me penche en avant, pose les coudes sur le petit rebord, le visage tout proche de la vitre. Pupilles éclatées par une rage trop contenue, souvenirs douloureux qu'elle a ravivé, va falloir assumer. — J'vais t'dire un truc, j'en ai rien à foutre que tu sois ma sœur ou pas. J'ai grandi sans toi j'ai jamais eu b'soin d'toi et j'en ai toujours pas besoin aujourd'hui, t'entends ? Le ton qui monte de plus en plus, la voix qui vacille sous l'émotion, les muscles qui se bandent les uns après les autres. — Qu'est-ce que tu veux, hein ? Tu veux que j'te dise où trouver tes vrais parents, c'est ça ? Tu veux les rencontrer ? Ben j'ai une mauvaise nouvelle pour toi, y sont morts quand j'avais 6 ans. Toujours le même mensonge que je ressors à tout le monde. A force de le raconter, j'ai presque fini par y croire moi aussi. Ils sont morts JJ, ils t'ont pas abandonné, tout va bien chez toi, y a rien qui déraille. C'est pas d'ta faute s'ils sont parti. Je serre un de mes poings, l'envie de cogner me submerge. Et le gardien intervient à nouveau. — O'REILLY ! J't'ai dit d'te tenir tranquille, tu commences à me chauffer avec tes conneries. Je tourne la tête vers lui, hors de moi. — J't'emmerde putain ! Je t'emmerde ! Mes yeux qui se braquent à nouveau sur Niamh, ou qu'importe son prénom. — ET TOI AUSSI J'T'EMMERDE ! Je n'arrive plus à m'arrêter. Tout à coup, je tire violemment sur le téléphone, excès de rage incontrôlable. L'appareil se décroche dans un bruit métallique et s'éclate au sol. Je le lâche et me retourne pour attraper ma chaise que je balance sur le mur en gueulant, les émotions à vif, je ne contrôle plus rien. Il faut que ça sorte. Faut que j'évacue. L'instant d'après, ils sont trois à se jeter sur moi pour m'arrêter et me faire sortir de là.
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MessageSujet: Re: family affair (jiamh)   family affair (jiamh) EmptyDim 15 Juil - 17:40

La confusion et la méfiance se livrent un combat acharné. Niamh peut le lire sur le visage de JJ, même rendu flou par la vitre sale et craquelée, même légèrement déformé par les contusions. C’est trop beau pour être vrai, c’est trop facile pour être innofensif, et pourtant ça l’est. Le papier le prouve, leurs traits le prouve. Ils ont beau être des inconnus, y’a un lien de sang indéniable, Niamh peut le sentir. Déjà attaché à la hanche par l’étranger de l’autre côté, sans pouvoir se l’expliquer. Ça fait tirer des ficelles qu’elle ne savait même pas posséder - et ça lui fait étrange, sans qu’elle ne parvienne à détester la sensation. Il est nerveux, elle le sent, et ça se presse contre elle pour la contaminer aussi. Mais elle se braque, monte les défenses. C’est facile de faire des faux papiers, qu’il dit, et il a raison. Niamh hausse les épaules, rien à réponse. C’est bien vrai, mais c’est pas le cas. Pourquoi elle se serait donné autant de trouble, c’est à se demander, mais JJ a l’air d’avoir des ennuis jusqu’au front, alors elle peut pas le blâmer d’être méfiant. Y’a une certaine fébrilité qui s’installe dans ses veines, comme si elle attendait juste que la tempête finisse par exploser, ne sachant pas s’ils seront capables de se trouver un équilibre ou si ils chuteront dans le vide. « Ah ouais ? Quoi comme preuves ? Et comment tu m’as trouvé p’tain ? » Il commence à être agressif, et Niamh fait de son mieux pour ravaler des réponses toutes aussi salées - un pouvoir qu’elle ne savait même pas détenir, mais étrangement avec lui ça vient instinctivement. « T’es pas si difficile à trouver. » Qu’elle répond simplement, mais elle est même pas sûre qu’il ne l’entende, le voilà qui se met à rigoler, le sourire étirant ses lèvres, une étincelle dans les yeux qui vient piquer Niamh droit au coeur. Bon sang, JJ. Le fou rire éclate, mais Niamh ne le suit pas. Le regarde juste, le combiné déposé contre son oreille. Un soupir qui passe tout de même ses lèvres, pas envie d’endurer des conneries. « Qu’est-ce qu’y’a de si drôle ? » Pas vraiment énervée, juste un peu agacée, elle ne saurait dire pourquoi. Peut-être parce que cette histoire lui tient plus à coeur qu’elle le pensait, que ça vient chercher quelque chose d’enfoui en elle, l’idée de la famille, une famille qui avait pas voulu d’elle, et voilà qu’elle revenait la chercher et qu’on lui rit au visage. Mais elle se redresse, Niamh, les yeux enflammés, alors que JJ se met à délirer, à bouger dans tous les sens.

« Hey, vous avez entendu ça les gars ? Première fois que j’rencontre ma soeur et elle me  connait déjà si bien ! » La fenêtre l’empêche de l’entendre clairement, mais elle comprend tout de même. Niamh ne peut pas réprimer sa légère grimace, franchement pas impressionnée par l’attitude de son frère. Sauf que le gardien décide de s’en mêler, l’air mécontent, et Niamh a envie de lui gueuler dessus, mêle toi de tes affaires toi. Sauf que JJ se calme, et se tourne vers elle à nouveau. Une lueur noire de colère dans les yeux. Niamh ne sourit plus, Niamh lui rend son regard. Combiné repris en main, sa voix crache, ses yeux mitraillent. L’irlandaise ne bouge pas. « J’vais t’dire un truc, j’en ai rien à foutre que tu sois ma soeur ou pas. J’ai grandi sans toi j’ai jamais eu b’soin d’toi et j’en ai toujours pas besoin aujourd’hui, t’entends ? » Elle lève légèrement le menton, Niamh, même si ça gronde en elle, elle reste calme. Mais les nuages viennent assombrir son regard aussi, JJ s’énerve, ça éclate contre la vitre qui les sépare. « Qu’est-ce que tu veux, hein ? Tu veux que j’te dise où trouver tes vrais parents, c’est ça ? Tu veux les rencontrer ? Ben j’ai une mauvaise nouvelle pour toi, y sont morts quand j’avais 6 ans. » Ça, Niamh s’y attendait pas, et elle le fixe d’un air mauvais. C’est un mensonge, ou peut-être pas, elle en sait rien. Peu importe, elle s’en fout de ses parents - c’est pas eux qu’elle veut. La poitrine serrée, le feu dans les veines, électricité dans l’air, assez pour en fracasser cette foutue vitre, mais alors le gardien s’en mêle encore, et sa voix autoritaire vient arracher le reste de la patience de Niamh. « Non mais - » Elle tourne la tête pour lui dire de rester loin de ses affaires, mais JJ est trop rapide, trop en colère, trop déchaîné. « J’t’emmerde putain ! Je t’emmerde ! » Ça gifle, Niamh ouvre la bouche. « JJ écoute - » Les yeux revolvers qui reviennent sur elle presque immédiatement. « ET TOI AUSSI J’T’EMMERDE ! » Il tire sur le combiné qui s’écrase au sol, puis c’est la chaise qui se fracasse contre le mur, Niamh se relève d’un bond. « CALME TOI PUTAIN ! » Qu’elle lui hurle, mais elle est impuissante de l’autre côté de ce box, peut juste regarder son frère se faire écraser contre trois corps lourds, les poings qui se déferlent pour tenter de maîtriser le gamin déchaîné. Ça déraille dans l’estomac de Niamh, elle a envie de fracasser la fenêtre à mains nues. « NON MAIS ARRÊTEZ PUTAIN ! LÂCHEZ LE, C'EST BON ! » Elle gueule, ça sert à rien, personne ne l’entend, personne ne la voit. Spectatrice impuissante alors que son frère se fait maîtriser et emmener, elle capte son visage une dernière fois avant qu’il  ne disparaisse. Les battements de son coeur qui résonnent dans sa tête, elle en a presque le vertige. Tellement de rage, tellement de colère. Ça lui donne envie de pleurer, merde, de briser quelque chose, de gueuler sur le premier venu. Putain, JJ. Putain.

Elle sait pas trop combien de temps elle reste là, à fixer la porte fermée. À se demander quoi faire. Y’a rien d’autre à faire sinon repartir, mais elle ne veut pas. Pas du tout. Elle se laisse retomber sur la chaise, les jambes un peu molles, et soupire. Putain de merde. Elle s’était attendu à de l’arrogance, à des insultes mêmes. À de la colère, mais pas à autant. Pas autant. Y’a quelque chose à l’intérieur de ce gamin, quelque chose de sombre et d’étrangement pur - et ça vient chercher Niamh quelque part de profond, quelque part de déstabilisant. Et alors soudainement, une main se dépose sur son épaule, et Niamh fait volte-face avec violence, les jambes qui bondissent, prête à claquer sa main sur la gueule du pervers - mais c’est un gardien qui la regarde. « P’tain - merde ! Me touche pas. » Le gars la dévisage un peu, mais il est pas en droit de lui dire ou de l’obliger à faire quoi que ce soit - et il le sait. L’irlandaise arque un sourcil, l’air de dire, tu m’veux quoi ? « Suivez-moi. » Elle le dévisage en retour, pas prête du tout à le suivre juste comme ça. « Pour O’Reilly. Suivez-moi. » Elle ne comprend pas - son frère va probablement être envoyé en isolement, ou un truc du genre. Qui sait comment fonctionnent vraiment les prisons, après tout ? Mais si y’a une chance de le revoir - une chance d’essayer de le calmer, de lui faire comprendre qu’elle veut rien, ça vaut le coup. Le lien du sang qui bouille, qui l’empêche de juste claquer la porte sur autant d’emmerdes. Niamh acquiesce simplement, et suit le gardien. Cette histoire est un gros bordel - mais elle le suit quand même. Il l’emmène dans une petite pièce mal éclairée, où une odeur désagréable de produit chimique règne. On dirait qu’y’a un meurtre qui a été commis et que ça a été nettoyé trop rapidement, et avec trop d’enthousiasme. Niamh plisse le nez. « Vous allez m’expliquer c’est quoi c’putain de bordel ou - » Même pas le temps de se retourner, que la porte se referme, et elle se retrouve seule. Putain. Tout ça, ça sent pas bon. Ça sent pas bon du tout - et pas juste littéralement. L’irlandaise serre des dents, tourne en rond. Inspire profondément, puis expire. Les mains qui se déposent sur la chaise devant elle, la tête qui se penche vers l’avant. « Fuck !» Respire, Niamh. Respire. Mais les vents sont violents, la tempête fracasse tout. Respire.
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JJ O'Reilly

JJ O'Reilly
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MessageSujet: Re: family affair (jiamh)   family affair (jiamh) EmptyMer 18 Juil - 15:41

Elle tente de calmer le jeu, de rester calme. Mais c'est déjà trop tard. Il est trop tard depuis le moment où l'avocat m'a annoncé que j'avais une sœur. Une sœur. Je refuse d'y croire, parce que j'ai trop peur que ce soit un mensonge. Je ne pourrais pas supporter la désillusion. J'en ai déjà trop bavé sur le plan familiale. Que ce soit avec mes parents, ou avec les kids. Famille d'adoption, mais famille quand même. Quand on perd des membres de sa famille, la douleur est différente. C'est comme se faire arracher un membre et devoir apprendre à vivre sans pour le restant de ses jours. Et on m'a déjà arraché trop de morceaux. Encore un et je ne donne pas cher de ma survie. Alors non, je refuse. Et je refuse de l'écouter, de me plier à sa voix qui tente de me raisonner. Parce que je ne veux pas la laisser s'insinuer en moi et toucher quelque chose. Je ne veux pas qu'elle parvienne à prendre la moindre petite place sous ma peau ; même si une partie de moi sait qu'il est déjà trop tard. Alors je fracasse tout, comme si ça allait pouvoir changer quoi que ce soit. Faire disparaitre tout ça. La rayer de mes souvenirs. Oublier ce moment. Le téléphone d'abord, puis la chaise. Mais malgré tout le brouhaha qui envahi mes oreilles, je l'entends encore. Elle hurle à travers la vitre. — CALME TOI PUTAIN ! Et je m'énerve encore plus, sale gosse désobéissant qui veut prouver son indépendance. Je me déchaine, me tords dans tous les sens pour échapper à l'emprise des gardiens, mais j'suis couché au sol, face contre terre et ils sont trois à peser sur moi. Je suis bloqué. Ça ne m'empêche pas de gueuler et de me débattre. Et elle aussi. Faut croire que gueuler aussi, c'est une affaire de famille - j'me souviens des disputes de mes parents, le ton qui montait, les insultes qui fusaient, ça faisait trembler toute la maison. — NON MAIS ARRÊTEZ PUTAIN ! LÂCHEZ LE, C'EST BON ! Et je sens les vibrations dans sa voix, provoquées par les émotions qui l'ébranle. Et ça me fait mal. Parce que ça me donne la sensation qu'elle se préoccupe de moi et je ne veux pas. Je ne veux pas parce que ça réveille en moi cette envie terrible d'être aimé, d'être entouré. Ça fissure des trucs dans mon squelette, pour lui laisser la place de s'y installer. Et j'veux pas putain, j'veux pas. Ils me relèvent brusquement et nos regards se croisent une dernière fois. — BARRE-TOI ! PUTAIN ! BARRE-TOI ! Que je hurle à son intention, en espérant qu'elle ne voudra plus de moi après tout ça. Qu'elle fera demi-tour sans plus jamais chercher à me revoir, ni même à juste me contacter. Qu'elle m'oubliera, tirera un trait sur moi comme moi je vais le faire sur elle.

Je me fais sortir de la pièce et me retrouve très vite dans les couloirs, mes cris qui attirent du monde et notamment des gars de la bande. J'en entends un qui ordonne à l'autre d'aller chercher Don. Et il rapplique très vite, tandis que les gardiens tentent tant bien que mal de me diriger vers les cellules d'isolement pour me forcer à me calmer. — Qu'est-ce qu'il s'passe ? Il est là, Don est là. Mais je ne le vois pas, je tente de me tourner pour l'apercevoir, mais la poigne des gardiens m'en empêche et ils viennent me plaquer contre le mur. Choc glacé qui fait redescendre la tension d'un étage. Je gémis de colère, furibond, avec toujours cette envie de tout casser autour de moi. De frapper. De faire du mal. Je n'ai rien d'autre pour extérioriser. — Il a encore foutu le bordel au parloir. On l'emmène à l'isolement le temps qu'il se calme. Le ton monte autour de moi, entre les miens et les gardiens. Don finit par se frayer un chemin jusqu'à moi, sa main à l'arrière de mon crâne et il apparait enfin dans mon champ de vision. — C'était qui JJ ? Au parloir, c'était qui ? La détresse vient se mêler à la colère alors que je ne sais pas ce qu'il faut répondre à ça. Il insiste, me presse. — Je-je sais pas.. J'suis pas sûr. Il fronce les sourcils. — Comment ça t'es pas sûr ? JJ, dis-moi, c'était qui ? Mon visage qui se déforme sous le coup de l'émotion, les traits tirés par la colère tombent subitement vers le bas pour laisser place à une moue de désarroi. — Ma sœur, je crois. Il me relâche, stupéfait et les gardiens m'emmènent. Quelques minutes plus tard, je suis en cellule d'isolement, avec pour seule occupation : cogiter.

C'est seulement une heure plus tard que la porte se rouvre enfin, alors que j'étais toujours en train de faire les cent pas. J'ai passé l'heure à réciter des choses, à penser à des choses, tout pour m'occuper et ne pas penser à elle et ce qu'il venait de se passer. J'suis pas encore prêt à affronter tout ça. Encore moins ici, encore moins dans cet état. Je m'arrête et fonce vers la porte, prêt à faire un scandale et à tenter de sortir de là. Mais c'est Don qui apparait dans l'encadrement de la porte. Je me stoppe et recule d'un pas, surpris de le voir ici. Il me fait signe d'aller m'asseoir sur le banc en pierre avec lui et je m'exécute, silencieux. Il a l'air grave, sérieux. On reste comme ça sans rien dire pendant quelques instants avant qu'il se tourne vers moi. — Je croyais que t'étais enfant unique JJ. Il a l'air contrarié. En vérité, je le suis aussi. — J'croyais aussi. Il fronce les sourcils et m'interroge du regard. Je soupire et passe mes mains sur mon crâne de façon frénétique avant de me laisser tomber lourdement contre le mur, à nouveau submergé par des émotions contradictoires. — J'avais jamais entendu parler d'elle avant. Elle a débarqué comme ça, en me disant qu'elle est ma sœur et en me montrant ses papiers d'adoption et... Je sais pas quoi penser de tout ça Don. Je, j'm'attendais pas à ça. Il se détend légèrement en voyant que je ne lui ai pas menti. Il vient s'appuyer contre le mur lui aussi, songeur. — Tu la crois ? Je hausse lentement les épaules, le regard désemparé, je fixe le mur en face de moi. — J'sais pas si j'ai envie de la croire. On reste comme ça, côte à côte, silencieux, pendant un moment. Jusqu'à ce que je reprenne la parole, la voix légèrement troublée. — Elle, elle lui ressemble tellement. Ma voix qui se brise sur la fin de ma phrase parce que ma gorge se noue, les mots sont difficiles à sortir. Il vient poser une main sur le bas de ma cuisse, juste au-dessus du genoux, dans un geste paternel qui se veut réconfortant. — JJ, la famille c'est important tu sais. Je tourne la tête vers lui, les yeux très légèrement humides. Je hausse à nouveau les épaules et secoue la tête de gauche à droite. — De toute façon elle est partie maintenant, elle ne reviendra pas. Que je murmure, résigné. — Non, elle est toujours là. Je plisse le front et me tourne vers lui tout en me redressant, l'étonnement et l'espoir qui tourbillonnent dans ma poitrine. Il vient poser ses mains sur mes épaules, les serre puissamment et plante son regard dans le mien. — JJ, j'peux m'arranger pour que tu la revois, aujourd'hui et pas derrière une vitre. Mais tu dois me promettre que tu te tiendras bien. Pas de débordements, pas de crises, rien du tout, ok ? J'entrouvre la bouche, abasourdi par ce qu'il me propose. La revoir, aujourd'hui, en face à face ?Pourquoi tu - et, et comment ? Il serre encore plus fort, ça commence à me faire mal. Il attend une réponse. Je hoche la tête de bas en haut, pris de court. — Oui - oui d'accord, promis. Il sourit, satisfait et se relève avant de disparaitre. Je me retrouve à nouveau seul, complètement perdu. Et je commence à me poser de sérieuses questions. Comment Don peut obtenir autant de privilèges ?

Je me concentre sur ça l'heure suivante, échafaudant mille théories toutes plus folles les unes que les autres. Jusqu'à ce que, enfin, la porte se rouvre. Mais pas de Don cette fois. Juste deux gardiens, aux visages contrariés. Je me lève et m'approche, ils me passent les menottes, les mains entravées devant moi désormais. Je boude un peu mais ne dis rien. J'ai promis à Don. Et on me conduit à une partie de la prison que je n'avais encore jamais vue. On m'arrête devant une porte et on me fouille. Je grince des dents mais laisse couler. T'as promis JJ, t'as promis. Une fois terminé, le gardien qui m'a fouillé ouvre la porte et les deux qui me tiennent me font rentrer. La première chose qui me frappe, c'est l'odeur. Je grimace et tousse discrètement, écœuré. La deuxième chose qui me saute aux yeux, c'est elle. Et à nouveau mon pouls s'accélère, mes pensées s'emmêlent et c'est le chaos qui règne sous mon épiderme. La porte se referme derrière nous et on m'installe de force sur la chaise en face de la sienne. Les deux gardiens s'éloignent ensuite, se postant chacun dans un angle de la pièce. Très vite, je me mets à taper du pied nerveusement sur le sol, mal à l'aise. C'est étrange, mais le fait qu'il n'y ait plus de vitre entre nous semble rendre tout ça encore plus réel. Je peux sentir son parfum. Entendre ses mouvements. La voir plus nettement. Je m'étale sur la chaise, position désinvolte, avant de poser mes mains menottées sur la table, me mettant à triturer mes doigts entre eux. Au bout d'un moment, je finis par me lancer. — Tu lui ressemble. Les mots cisaillent ma gorge et mon palais, mais je tiens bon. — A maman. Je baisse les yeux, écrasé par le poids de mes souvenirs. Éclair de fragilité que je laisse entrevoir bien malgré moi, incapable de me contrôler. — Enfin, avant qu'elle parte en couilles. Sourire cynique qui traverse mes lèvres pendant une brève seconde avant d'aller mourir ailleurs. La drogue l'avait rendue laide. Je me demande si elle l'est toujours. Ou peut-être qu'elle morte depuis le temps. Je continue de fixer mes mains, observant avec un intérêt ridicule le bandage de ma main droite. J'ai des milliers de questions qui me viennent en tête, mais je ne sais pas par laquelle commencer. Je ne sais pas ce que je veux savoir. Je patauge dans la confusion de mes sentiments, impuissant face au cataclysme qui vient de s'abattre sur moi.
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