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 faux frère. (sid)

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Nash Caldwell

Nash Caldwell
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MessageSujet: faux frère. (sid)   faux frère. (sid) EmptySam 26 Mai - 10:44

ça sent le renfermé ici. ça pue le vieux, le fossilisé. ça vient sans doute de ce type, de la pièce, ou peut-être d’un rat qui est venu crever par là. ça sent le louche. le truc pas rassurant, le truc dérangeant. c’est peut-être aussi toi qui pue la peur. t’es tendu, une main crispée autour de ce fichu dossier que t’es obligé de te trimbaler. t’as le coeur qui bat dans les tempes, les poumons qui déraillent. l’impression tenace que ça va mal se passer. ça fait vingt minutes que ses yeux passent de son écran aux rapports étalés sur son bureau sans jamais se poser sur toi. de temps en temps il laisse s’échapper un misérable son de gorge loin d’être rassurant. toi aussi t’as arrêté de le regarder, la pupille accrochée dans le vide à compter les secondes qui s’enfuient, un genoux sautillant au rythme effréné de la nervosité, l’ongle du pouce craquant compulsivement sous la dent. putain… c’est long. tellement long que t’as le temps d’’imaginer tous les scénarios possibles à la fin de ce rendez-vous. t’as le temps de compter les miettes de poussière qui trônent sur la pile de papier. t’as même le temps de te refaire mentalement le film de ces six derniers mois. c’est pour ça que t’es là. pour prouver à ce dinosaure qu’ils ont bien fait de te relâcher, que comme tout bon citoyen t’es apte à vivre dans le respect de la vie en société. t’es là pour faire voir comme tout va bien. pour faire croire que la réadaptation se passe comme ils l’avaient imaginé. il s’en fout de savoir que t’as du mal à remonter à la surface. il s’en fout de savoir comme c’est difficile de tout recommencer après. il s’en fout de savoir dans quelle merde cette privation de liberté a pu te fourrer. il s’en fout de tes états d’âmes de gamin. ce qui l’intéresse c’est ton comportement, les centaines de lignes de rapport qu’il a sous les yeux et ta fausse politesse en bonus pour écraser un peu plus le tout d’hypocrisie. putain que c’est long. tu soupires, délaissant le grignotage de tes doigts au profit d’une clope que tu portes à tes lèvres avec empressement. t’en as besoin pour te calmer. pour arrêter de de jouer les paranos en essayant de déchiffrer ses réactions. c’est cet instant que l’ancêtre choisi pour se rappeler de ton existence en se décollant de sa chaise pour t’arracher la blonde à même la bouche avant de la balancer à la poubelle, l’air un peu trop satisfait. ça fait qu’une semaine mais on m’a rapporté aucun incident, vous êtes clean, vous avez repris votre job. pour l’instant tout est ok pour moi. on va se laisser deux semaines jusqu’à la prochaine, d’acc ? connard. tu souris faussement te précipitant pour récupérer les papelards qu’il te tend sans vouloir les lâcher. il attend. tu sais pas quoi mais, il attend. enfin, il pose son regard sur toi pour la première fois depuis le début. il sonde le tien en quête d’un détail qui lui aurait échappé, peut-être d’un signe qui lui ferait changer d’avis. t’insistes un peu pour qu’il décroche ses doigts. toujours pas. putain… t’en as rien à foutre de son discours, de son d’acc et de sa saloperie de ton familier parfaitement bien calculé pour t’apprivoiser. ce n’est pas ton père, ce n’est pas ton pote. t’as bien été sage, nash. petit toutou docile, conditionné sur tous ces derniers mois pour devenir l’élément parfait qu’ils attendait. t’as même appris à donner la patte quand on te crache dessus. il le sait. il l’a lu. ce qu’il attend c’est de savoir combien de temps tu tiendras. combien de temps il devra attendre avant de te renvoyer derrière les barreaux. ce qu’il ne sait pas, c’est que ça n’arrivera plus jamais. t’as été suffisamment con une fois mais, ça s’arrêtera là. tu te feras plus avoir, tu ne laisseras plus rien au hasard. yep, dans deux semaines. cette fois il abandonne, relâchant sèchement et sournoisement la pression, assez pour te faire perdre ton dernier point d’appuis et manquer de te ramasser sur le coin de son bureau.   vous pouvez y aller… et pas de conneries caldwell. c’est le signal que t’espérais plus. tu te lèves à la hâte en le gratifiant d’un salut militaire, juste pour la forme. pour le narguer une dernière fois avant qu’il ne recommence à t’ignorer. tu en profites pour récupérer ta clope tombée dans la poubelle pour la caler derrière ton oreille avant de sortir avec empressement au cas où il ne change d’avis. fière d’avoir passé la première étape de ces contrôle de routine sans accroche, t’arpentes le couloir du poste de police avec arrogance, un large sourire en guise de médaille du mérite. dans ta poitrine, sa fourmille d’enthousiasme, comme si tout d’un coup tu pouvais prétendre être invulnérable face à l’autorité régnante ici. il n’empêche que tu restes un voyou parmi les saints. un loup parmi les brebis. t’es de trop ici. les regards soupçonneux des condés sont là pour te le rappeler et te pousser jusqu’à la sortie. te pousser à dégager comme la vermine que tu es. en passant devant les bureaux t’essayes de conserver ton assurance, narguant une dernière fois les agents avec ta superbe inflexible. au bon souvenir des humiliations qu’ils t’ont fait subir hier. au bon plaisir qu’aujourd’hui ils ne peuvent rien contre toi. ils te méprisent tous, sauf un, le regard baissé sur ses papiers, sagement occupé. c’est le seul de la horde que tu connais. c’est le seul qui n’est pas anonyme dans le rang des étrangers. dans le rang de l’ennemi. sidney. tu te stoppes dans ton hélant, hésitant. doucement, tu recules, penchant la tête pour tenter de mieux apercevoir le visage de la lâcheté. c'est bien lui. mais qu'est-ce que je vois ? sidney ! tu souris, faussement surpris, faussement enchanté. t'en lèves les bras comme pour remercier le ciel d'avoir poser sur ta route cette chance inespérée, inattendue. puis le rictus se fait plus carnassier, plus mauvais. la rancoeur se réveille et dans son sillon incendiaire elle remonte à la surface toute la hargne qu'il peut désormais t'inspirer. tous les ressentiments que tu n'as pas cessé de ruminer ces derniers mois. ça brûle sous la peau comme de l'acide. du vitriol dont la morsure ne serait soulagée que par le spectacle de lui écraser sa cervelle de bon petit soldat. mais, t'es pas en position de pouvoir ici. t'es rien. rien de plus qu'un parasite obligé de s'incliner devant la justice vérolée qu'il défend. obligé d'accepter que tu t'es salement fait piéger. tu te devrais te barrer, laisser ça derrière toi, le renier. pourtant, tu restes là à deux doigts de tout faire foirer. ça te va toujours aussi mal l'uniforme... t'échappes un rire en plantant ton regard dans le sien pour tenter de déchiffrer ses pensées. est-ce qu'il est satisfait de ce qu'il a fait ? est-ce qu'il s'en veut, ne serait-ce qu'un peu ? en vrai, t'as l'air encore plus débile comme ça. tu réduis la distance pour ne pas te faire entendre du reste de sa troupe, oubliant de conserver un quelconque semblant d'hilarité. t'as pas l'intention de lui taper la conversation comme deux bonnes amitiés qui se retrouvaient après trop longtemps. t'as pas non plus l'intention de rester là à prétendre que t'en as quelque chose à foutre de son existence. t'as seulement l'esprit vengeur. l'âme tiraillée par les doutes, par les soupçons. t’as besoin de savoir, de comprendre. t’as besoin de l’entendre le dire, de l’assumer pour arrêter de le haïr dans le vide. pour être fixé, pour ne plus supposer que finalement, il soit innocent. pour arrêter de fuir la vérité et lâchement t’enfoncer dans le déni. tant pis si pour ça tu devras tirer une croix encore une fois sur ta liberté. dis, y’a un endroit ici où je pourrais te causer cinq minutes ou éventuellement te péter la gueule sans risquer de retourner en taule ? le cul désormais posé sur le coin de son bureau, tu ne le regardes plus. t’observes les environs, les autres. ceux qui partent et ceux qui restent. machinalement tu portes à tes lèvres ta clope qu’il te tarde de voir se consumer pareil à celui auquel tu t’adresses. c’est peut-être pas le meilleur plan que de venir le provoquer là, sur sont terrain. c’est peut-être pas non plus le bon plan d’espérer que tout ça changera quelque chose, que ça rattrapera le temps qu’on t’a arraché. mais, t’attends. t’attends qu’il se décide. t’attends d’oublier que c’est une mauvaise idée. t’attends d’oublier que tu finiras peut-être par le regretter. tu regrettais déjà cette journée quand elle a commencée. comme toutes les autres depuis que t’es sorti. c’est sans doute ta dernière chance d’exorciser ces démons, pour que demain, peut-être, tu puisses changer d’avis.




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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: faux frère. (sid)   faux frère. (sid) EmptyDim 27 Mai - 17:44

Les aiguilles semblent bloquées. Ses yeux ont beau se lever sur l'horloge régulièrement il a l'impression que ça n'bouge pas, le temps ne passe pas. L'angoisse non plus. Le rythme effréné de son myocarde se transmet à sa jambe qui sautille sous le bureau, son coude appuyé sur la table et sa tête maintenue par sa main, comme s'il était trop fatigué pour se tenir droit mais trop nerveux pour sombrer. Il a les traits creusés, les yeux cernés, la trace sur sa pommette s'est estompée mais il la sent encore brûler chaque fois qu'il les voit. Putains d'irlandais qui le suivent à la trace, surveillance à laquelle il peut pas échapper, l'épée de Damoclès trop affûtée qui plane au-dessus de son crâne. Il regarde l'heure et il soupire, encore, parce qu'il voudrait être ailleurs, parce que pour la première fois depuis qu'il a commencé à porter l'uniforme, il trouve que c'est une perte de temps. Le cul vissé à sa chaise, il a une pile de paperasse à remplir mais l'esprit bloqué sur ce qui se passe dehors. Il voudrait arpenter Tybee et passer devant la boutique où ils ont posté leur QG, essayer de communiquer avec le type qu'ils ont transformé en larbin, aller se garer au motel et guetter pour être sûr qu'ils ne mettent pas la menace à exécution sur Mads. Il voudrait agir mais il peut pas, il voudrait garder un œil sur la situation mais il est coincé là. Il peut rien faire, il le sait, ça le ronge. Lentement. Sournoisement.

Un énième soupir et il se force à se concentrer sur ce qu'il fait, noircir les cases qui lui sont destinées, faire ce qu'on lui a demandé sans broncher. C'est long, c'est pénible, ça lui met les nerfs à vif. Sa façade calme se fissure un peu plus à chaque jour qui passe et il sait plus comment colmater les brèches. Y a tout qui se casse la gueule – lui avec. La seule chose qui le rassure, c'est de se dire que ça peut difficilement empirer.

Le karma est un salaud qui aime lui donner tort.

« Mais qu'est-ce que je vois ? Sidney ! » Il reconnaît pas la voix tout de suite. Peut-être parce que ça fait trop longtemps qu'il l'a pas entendue, peut-être que son esprit l'a enfouie assez loin pour que ça lui échappe. Mais à la seconde où il l'aperçoit, il se fige. Nash. Juste là, face à lui, en chair et en os. Bien libre. Il voit son sourire et ses muscles se tendent, il rencontre son regard et sa mâchoire se contracte. Il se redresse lentement dans son siège, la colonne qui vient s'appuyer au dossier, les mains qui se posent sur le bureau calmement. Il se tient bien droit, ses prunelles qui affrontent les siennes mais restent sages. Il ne lui rend pas son rictus. « Je savais pas que t'étais sorti. » Sa voix est posée comme toujours, pas de vague, pas de mot plus haut que l'autre. Il reste sur ses gardes mais il ne montre pas la moindre animosité – il veut pas aller à la confrontation, même s'il sait que c'est probablement ce que Nash est venu chercher. « Ça te va toujours aussi mal l'uniforme... » Son rire lui écorche les oreilles et il serre les dents, mais il se tait. Ces remarques il en a l'habitude, que ça vienne de Nash ou de n'importe qui d'autre – les trois quarts de son entourage montrent le même dégoût envers sa plaque. D'habitude il relève pas parce que ça n'en vaut pas la peine, parce que ça le blase plus qu'autre chose. Aujourd'hui, avec lui, c'est surtout parce qu'il veut rester le plus neutre possible. Y a comme une odeur de soufre dans l'air – la moindre étincelle pourrait être fatale et il le sait. « En vrai, t'as l'air encore plus débile comme ça. » Nash s'approche, il soupire. « Ouais, moi aussi j'suis content de te voir. » Le pire c'est qu'y a un fond de vérité. Il est content de le voir dehors, loin de la cage qui l'a retenu ces derniers mois. Content de savoir qu'il peut reprendre sa vie là où elle s'est arrêtée – ou au moins essayer. Il a jamais tiré la moindre satisfaction de le savoir derrière les barreaux.

Il l'observe se poser au coin de son bureau, silencieux, attentif à ses gestes. Il veut pas qu'il lui explose à la gueule. Il sait ce qu'il croit, il sait qu'il le tient pour responsable, il sait ce qu'il a ruminé tout ce temps. Il sait parce que Mads y a cru aussi, et ça fait toujours aussi mal de savoir qu'ils puissent le prendre pour un traître. « Dis, y’a un endroit ici où je pourrais te causer cinq minutes ou éventuellement te péter la gueule sans risquer de retourner en taule ? » Prévisible. Il le regarder porter une clope à ses lèvres, et il ne bronche toujours pas. Il attend. Le silence qui plane, la tension qui monte, jusqu'à ce que les yeux de Nash viennent croiser les siens à nouveau. « J'suis impressionné. Tout ce temps au trou et t'as rien appris. » Y a même pas d'agressivité dans sa voix. Rien d'autre qu'une profonde lassitude et une pointe d'amertume. La même qui se lit au fond d'son regard trop sombre, qui tranche avec la tension qui émane de son corps. Il est calme, mais en alerte. « Je te pensais moins con que ça. » Venir s'attaquer à lui au poste, en présence de tous ses collègues, c'est du suicide.

Il finit par hausser les épaules avant d'attraper ses papiers tranquillement, les tapotant sur le bureau pour en faire une pile bien droite avant de les reposer. Ses prunelles ont quitté Nash, comme si finalement ça ne valait pas la peine de lui donner toute son attention. Il se lève, ses mains qui tâtent ses poches un instant pour vérifier qu'il a tout. « Je vais fumer. Si tu veux discuter, tu peux me suivre. » C'est trop risqué de rester là, Nash est à deux doigts de s'attirer des ennuis à nouveau et c'est pas ce qu'il veut, malgré toute la rancœur qu'il a envers lui. Et il a des choses à dire lui aussi, des doutes à disperser et la vérité à rétablir. Mais il refuse de se battre dans le vide – il a pas l'énergie pour ça, pas avec tout ce qui se passe en ce moment. Si Nash est prêt à l'écouter il se défendra, il expliquera. Peut-être que ça l'aidera aussi à digérer la culpabilité, celle qui ne l'a pas quitté depuis le jour où il l'a vu se faire embarquer, menottes aux poignets. Depuis le jour où il est arrivé trop tard pour le prévenir, quoi que Nash puisse en penser. « Sinon tu peux aller t'faire foutre. » À peine un regard dans sa direction et déjà il s'éloigne, sans lui laisser le temps de répondre. Épaules voûtées et carcasse paumée dans son uniforme mal ajusté, le pas traînant mais les poings serrés. Il sort sans vérifier si Nash le suit, ignore les civils et les flics qui croisent son chemin, bifurque sur le côté du bâtiment pour se mettre à l'écart, loin de l'agitation. Il s'arrête au bout de quelques mètres, colle son dos contre le mur en sortant son paquet de clopes. Première taffe tirée, il aperçoit la silhouette de Nash se découper dans l'angle. Il ne le regarde pas. Il fume. Et il attend.
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