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 dying like a shooting star

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Moira Benssaïd

Moira Benssaïd
accident à chaque feu tricolore
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▹ signe particulier : achromate, elle voit le monde en noir et blanc - rescapée de la vague de kidnapping, elle a le bras en écharpe et un reste de PTS qui ressort
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MessageSujet: dying like a shooting star   dying like a shooting star EmptyMar 15 Mai - 23:37

Saint valentin, amertume, verres des trop et le brouillard qui devient quotidien. C’est l’alcool qui remplace l’eau, un peu trop vite, trop fort, noyer le reste, noyer les sentiments qu’elle voudrait étouffer. Putain. Elle est pas comme ça et pourtant. Et pourtant. C’est Leo dans sa tête qui tourne en boucle. C’est ses mots, c’est son visage. C’est tout un tout. C’est aussi Ryan, l’impression d’avoir la peau qui crame en souvenir du reste. C’est Esben trop grincheux, c’est Ismael qui dérive, c’est Rose qui lui échappe, c’est le navire qui coule.
Allez encore un verre capitaine.
Des sms envoyés alors qu’elle n’y voit qu’à moitié, tangue un peu trop car son navire personnel subit la houle. Elle coule. Les rues sont soudain moins animées, plus silencieuses, triste représentation de sa vie alors qu’il n’y a personne pour l’embrasser ce soir. Elle aimerait bien pourtant, se perdre quelque part, avec quelqu’un, brûler encore un peu avant de crever. Foutu supernova.
Mais y a plus personne avec qui danser.
Juste du vent, du vide, les yeux qui se ferment un peu trop facilement alors que ses pieds suivent automatiquement le chemin qu’elle ne connait que trop bien. Ou presque. Tangue, oscille, vacille. Tombe. Tombe ? Contre lui, la brutalité du geste qui ne la choque pas vraiment, surement qu’elle est déjà trop loin dans son coma artificiel pour entendre l’alarme qui résonne dans sa tête. Mais putain Moira, qu’est-ce qu’on t’a appris à l’armée ? Surement pas de se laisser kidnapper. Et pourtant la voilà embarquée, cible trop facile pour eux, quand ils la foutent à l’arrière de la voiture alors qu’elle n’essaye même pas de se sauver.

***

Rise and shine Moira, le mal de tête qui la prend comme ça, le mal de dos aussi, le mal partout en fait et le froid du sol. Plus jamais je boirais qu’elle marmonne alors qu’elle cherche à tâtons la cuvette des toilettes pour se redresser. Mais c’est pas dans sa salle de bain qu’elle s’est endormie. C’est pas dans sa salle de bain qu’elle a finit par échouer.
Le cœur qui bat soudain trop vite alors qu’elle se relève d’un bon, l’adrénaline qui grimpe, grimpe, quand elle comprend ce qui se passe. Du moins, ce qu’elle pense comprendre. Barreaux de cellule, y a d’autres personnes pas trop loin, un gars qui la dévisage depuis son coin, sourire narquois sur les lèvres, pourtant il est comme elle, du mauvais côté.
Bienvenue en enfer bouton d’or.
Il ne lui faut pas longtemps pour finir de dessouler complètement, magie du corps humain quand le danger est présent, elle interroge les autres un peu fébrilement, essaye de faire le point. On a été kidnappé. On c’est tous, ceux qui sont avec elle et puis les autres. On c’est les visages paniqués, c’est les lèvres éclatées, c’est les bleus qui se forment sur des peaux maltraitées. Ca fait un moment pour certains, tout récents pour ceux qui sont dans son cas. Le cœur au bord des lèvres, elle essaye de penser, de réfléchir. Surement que ça marchera pas.
Pas pour autant qu’il faut pas essayer pas vrai ?

***

Le plan était parfait pourtant. Deux ans à être formée pour ça. Tu parles. Ça dégénère dès la première fois et quand l’os de son bras craque salement elle comprend que ça marchera pas. Puis c’est le passage à tabac en règle, les coups dans le ventre, les coups dans la tête, les coups partout et le sang qui inonde sa bouche. Tout ça pour ça ? Elle lâche pas. Elle lâche jamais. S’accroche à ce qu’elle connait que trop bien, la douleur d’un corps qui souffre, les souvenirs qui refont surface d’une période qu’elle aurait voulu effacer, l’uniforme tâché de sang alors qu’elle se vide par terre. Tout ça pour ça ? Putain.
C’est un nouveau brouillard qui l’accueil. Entre a faim et la soif, entre la douleur de son bras qui pleure. Attelle de fortune avec un morceau de t-shirt déchiré, on est plus à ça prêt de toute façon, la crasse qui colle à la peau, les bleus qui s’étendent un peu plus, comme un mauvais jeu de couleur, en teintes de gris sur sa peau.
Moussaillon à la dérive, l’océan est clément, elle laisse les vagues de souffrance l’emporter au loin

***

Combien de jours ? Combien de semaines ? les plaies qui cicatrisent mais c’est bien les seules. Y a quelque chose de résigné chez Moira. C’est rare pourtant, pas du genre à se laisser bouffer par la peur. Mais peut être que c’est la fois de trop. Celle qui fallait pas. Et pourtant voilà. Elle reste dans son coin, la peau des lèvres à vif à force de se les mordre, l’envie de hurler parce qu’elle maitrise plus rien. Peut être qu’au fond elle a jamais rien maitrisé.
Vivre la vie d’une étoile filante.
Trainée de lumière dans le ciel et la voilà qui s’éteint déjà. Vingt-six ans dans sept de sursis, c’est pas mauvais quand on y pense. Ptêtre qu’on peut s’arrêter là. Mais putain réveille toi ! Alors qu’elle grogne quand son bras bouge un peu trop, toute la douleur qui la fait frissonner, surement que c’est mauvais. Ils ont comprit qu’il fallait mieux pas la soigner, la laisser comme un oiseau à qui on coupe les ailes, sous peine de la voir s’envoler.
Tombée dans l’océan l’étoile filante, trainée de fumée dans le ciel, poussière mouillé

***

Ca va aller mademoiselle. Vraiment ? Est-ce que ça va vraiment aller ? un bruit de détonation qui résonne, puis deux, puis trois. Elle porte les mains à son ventre, surprise de ne pas les retrouver humides d’hémoglobine. Quatrième tire, elle sursaute, se roule en boule. Pas encore. Pas cette fois. Pas encore putain. La guerre c’est loin, la guerre c’est plus là. Elle l’a laissé en quittant Israël, en quittant la frontière, en rangeant son uniforme bien sagement à côté de celui de son frère. On est libre maintenant. Libre de quoi ?
Y a les larmes qui coulent le long de ses joues quand la porte de la cellule s’ouvre, l’envie de vomir qui la prend, et le brouillard qui revient encore. Encore. Fidèle compagnon. Elle agonise un peu plus quand on la touche, les mots rassurants qui n’atteignent pas ses oreilles. Puis la voilà qui part de nouveau à la dérive, se laisse tomber comme une poupée de chiffon. Elle ne sent pas les bras qui la rattrapent, qui la portent jusqu’à l’ambulance. Elle sent plus rien. Juste du vide. Du noir. L’abysse.
Allez Moira. Ça va aller. Encore une fois la mort tu lui ris au nez. T’es plus forte que ça. Carapace d’acier. On dit bien jamais deux sans trois pas vrai ? Inspire. Expire.
T’es sauvée
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