⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 213 ▹ points : 17 ▹ pseudo : bangkok, Laura. ▹ crédits : soeurs d'armes ; old money ; baalsamine ♥ ▹ avatar : ira chernova. ▹ signe particulier : ses tatouages et sa cicatrice au bas du ventre, vestige d'un avenir qui n'est plus.
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| Sujet: falling apart. (nsfw, intrigue) Dim 20 Mai - 19:41 | |
| Elle a jamais aimé attirer les regards, Lena. Pourtant, c’est souvent le cas, ne serait-ce qu’à cause des bijoux gravés sur sa peau. Quand bien même les regards se tournent vers elle, ça va pas souvent plus loin. Elle dégage rien d’accueillant, l’apparence froide qui aide à ce qu’on garde ses distances. C’est encore pire quand elle ouvre la bouche, quand les jurons lui échappent pour qu’on la laisse en paix. Parce que c’est tout ce qu’elle veut, Lena. La paix. Pouvoir enchaîner les verres tranquillement, pouvoir se détendre pendant sa seule journée de repos. Et c’est exactement ce qu’elle veut ce soir-là, sentir l’alcool faire son effet, suffisamment en tout cas pour qu’elle réussisse à se détendre. Sauf qu’elle y arrive pas, mal à l’aise à cause des regards qui déshabillent son corps sans même s’en cacher. Elle leur a lancé un regard noir mais n’est pas allé plus loin. Pour une fois, la russe préfère éviter de provoquer, ennuis qu’elle voudrait esquiver au moins l’espace d’une soirée. Alors elle se contente d’avaler son verre d’une traite, fourmillement agréable qui commence enfin à vibrer dans chaque membre de son corps. La soirée s’étire tranquillement, jusqu’à ce que l’envie de passer aux toilettes ne devienne trop pressante.
Une fois qu’elle sort de la cabine, elle fronce les sourcils en voyant qu’elle est pas seule. Il y a un type, celui qui arrêtait pas de la dévisager depuis tout à l’heure. « Qu’est-ce que tu fous là ? T’es paumé ? C’est pour les meufs ici alors dégage. » Et visiblement, son envie de ne pas attirer les ennuis a rapidement été remplacée par l’agacement. Elle avance jusqu’aux robinets pour se laver les mains alors que l’inconnu ne bouge toujours pas. « Je t’ai vu toute la soirée. » « Et ? T’as des yeux, félicitations, c’est cool pour toi. » Il s’approche et elle se tend aussitôt. Elle aime pas ce qu’elle voit, la façon qu’il a de la détailler, de réduire progressivement l’espace qui les sépare comme un animal qui encercle sa proie. « J’sais que tu m’as vu aussi. J’sais que tu voulais que j’te suive ici. » Elle se retourne vers lui, clairement énervée – et effrayée, même si elle montre rien, Lena, faiblesse dissimulée sous plusieurs couches d’émotions réprimées. « Pour pisser ? Non merci, j’ai géré ça comme une grande. » Et alors qu’elle dit ça, elle avance pour sortir de là, pour s’éloigner de son ombre menaçante, sauf qu’il l’attrape par l’épaule pour la retenir. Elle essaye de dégager sa main de là sauf qu’il a plus de force, qu’il la tire vers lui, corps qui se percutent. « Putain tu fous quoi ? Lâche-moi ! » Il secoue la tête, la plaque contre un robinet alors qu’elle sent son souffle proche de son visage, bien trop proche. « Détends-toi chérie, pas la peine de faire semblant, j’sais ce que tu veux. » La panique commence à monter quand sa main libre descend vers sa poitrine alors Lena commence à réellement se débattre, ses mains qui agrippent ses épaules pour le pousser. Et rien ne marche, son cœur commence à battre un peu trop vite, estomac qui se serre. Elle crie, appelle de l’aide et c’est à ce moment-là qu’il plaque sa main sur sa bouche, lèvres qui viennent chatouiller ses oreilles. « Pas la peine de crier, personne viendra t’aider. » La brune n’hésite pas, recule légèrement sa tête pour pouvoir mordre sa main. Elle lâche pas, même quand il crie d’arrêter. Elle lâche pas, même quand le goût du sang commence à se répandre dans sa bouche, elle serre même encore plus fort, volonté de faire mal, volonté de blesser suffisamment pour qu’il lâche et qu’elle puisse partir.
Elle lâche pas jusqu’à ce qu’il claque son crâne contre le miroir derrière elle et là tout devient flou. Elle lâche prise, douleur qui lui martèle le crâne, sang qui coule jusque sa nuque. Et c’est là qu’il traîne son corps dans une cabine, corps plaqué contre une paroi, vêtements déchirés pour laisser apparaître sa peau. Elle essaye encore de se débattre, désespoir du condamné, réflexe de survie qui ne la mènera à rien. Elle a plus aucune force, Lena, encore sous le choc du coup porté et elle peine encore à tout discerner. Elle s’est même pas rendue compte qu’elle pleurait, elle se concentre seulement sur ses mains qui essayent vainement de repousser l’assaillant. Et tout va trop vite et trop lentement à la fois, trop vite pour qu’elle parvienne à agir, mais suffisamment lentement pour qu’elle ressente tout, pour que la douleur prenne le pas sur la rage. Et chaque coup de rein détruit derrière lui un filament d’espoir. Chaque coup matraque un peu plus son cœur et à cet instant, elle est même pas sûre de pouvoir survivre à ça. Elle a déjà été obligée de remonter la pente trop de fois. Cette fois, c’est l’ultime invasion, cette fois c’est son corps qui sera plus jamais le sien, c’est la douleur qui maltraite son corps et son cœur. Mais chaque coup réveille en elle la soif de vengeance, volonté de faire couler le sang pour obtenir réparation, et elle se promet de le retrouver et de lui faire tout regretter. Il s’en sortira pas comme ça, et c’est pas à Malo qu’elle demandera cette fois. C’est elle qui le retrouvera et c’est son corps que le sang viendra éclabousser.
Son corps qui glisse le long de la paroi et qui se retrouve au sol quand il a terminé. Elle entend son rire gras, entend des paroles qu’elle ne saisit pas, croit discerner un « merci » sans en être sûr. Son corps est là mais c’est plus le cas de son esprit, son esprit qui s’accroche désespérément à des souvenirs heureux pour pas perdre pieds, pour se sortir de là. Et c’est à sa famille qu’elle pense, sa famille qui a besoin d’elle et qu’elle doit retrouver, sa famille pour laquelle elle se doit de rester Lena. C’est à ce moment-là qu’elle semble prendre à nouveau conscience de ce qui l’entoure, de la cabine dans laquelle elle est, de son pantalon encore abaissé. Elle se rhabille mais reste au sol, les jambes qui viennent contre son torse, les bras qui entourent celles-ci alors que tout son corps se relâche, que son esprit craque. Les sanglots la font suffoquer quand elle comprend ce qu’il vient d’arriver, larmes qui s’écrasent sur ses genoux. Elle se sent souillée et abimée Lena, comme un objet dont on s’est servi et qu’on jette après, l’impression d’avoir été trop souvent maltraitée. Elle pensait ne plus jamais avoir à encaisser, pensait ne plus jamais être dans le rôle de la victime. Elle avait tout fait pour et ça n’avait pas suffi, elle aurait dû faire plus, suffisamment pour ne pas avoir à subir ça. Culpabilité, rage et désespoir s’entremêlent et soulèvent son cœur endommagé.
Pourtant à l’intérieur, il reste plus rien. Rien à part des cendres d’un incendie qui brûlait trop souvent. Rien à part un cœur qui bat à peine. Elle est plus rien qu’une carcasse qui se traîne et qui a arrêté de vivre ce soir. |
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