Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: avis de tempête (intrigue | sidaire) Dim 20 Mai - 15:03 | |
| Au milieu du chaos y a qu'une seule chose qui a trouvé écho en lui. Il se souvient de la ferveur avec laquelle il les a entendus prononcer le nom de Daire cette nuit-là – il avait beau tendre l'oreille il n'a rien pu obtenir de plus que ça. Il sait pas ce qu'elle fout dans l'équation, il sait pas quel peut être son lien avec ces types au-delà de leurs origines clairement communes. Tout ce qu'il sait c'est qu'elle est la seule clé qu'il a en main. Il a essayé de l'appeler, mais elle n'a jamais répondu ni tenté de le recontacter derrière. Pas même quand il a dit que c'était important. Il a gardé l'espoir qu'elle finisse par atterrir au commissariat d'une façon ou d'une autre mais il attend toujours. De trop longs mois passés à prier qu'elle se calme pour qu'il n'ait pas à la croiser en uniforme, et maintenant qu'il ne demande que ça elle a disparu de tous ses radars.
La seule option qu'il lui reste c'est d'aller la voir mais il veut pas que les types l'apprennent. Il veut pas qu'ils sachent qu'il connaît Daire ou qu'ils pensent qu'il cherche à comploter contre eux, il a trop peur qu'ils s'en prennent à Mads ou n'importe qui d'autre. Il veut pas prendre le moindre risque et ça fait des jours qu'il rumine, des jours qu'il fait des tests discrets pour observer le comportement de ses bourreaux. À changer d'itinéraire, s'engouffrer dans des endroits bondés et ressortir au milieu de la foule, changer de veste en cours de route. Ils finissent toujours par le retrouver. Ça sert à rien d'essayer de les semer à pieds, mais ça lui laisse toujours une chance de le faire en voiture s'il se donne les moyens d'y arriver.
Il se rend au centre commercial pour que l'irlandais soit forcé de le suivre jusqu'à l'intérieur du bâtiment – trop grand, trop fréquenté, il peut pas se permettre de le perdre de vue dans une telle fourmilière et Sid le sait. Il se traîne jusqu'au fast food où il connaît l'un des caissiers, un voyou de bas-étage à qui il a épargné un passage au commissariat. Il commande l'air de rien, apprend que sa pause est dans dix minutes, offre discrètement un pourboire de cinquante balles pour qu'il aille crever les pneus d'une certaine voiture. Il donne l'allée et la place où elle est garée, le modèle la couleur et la plaque. Le gosse accepte.
Installé à une table au hasard, il observe du coin de l'œil son pisteur qui se cale un peu plus loin. Et il attend. Il grignote ses frites sans conviction, prenant son temps, attendant patiemment que le gamin disparaisse puis revienne de sa pause avec cinq minutes de retard. Il lui offre un sourire poli, Sid comprend – c'est fait.
Il ne montre rien quand il se lève et débarrasse son plateau, quand il retourne sur le parking en traînant des pieds. Il rejoint sa voiture lentement, guette l'autre en faire de même. Dès l'instant où il le voit se pencher vers les pneus, il démarre et presse l'accélérateur. Dans le rétroviseur il l'aperçoit lui courir après et beugler, mais il ne s'arrête pas, fonçant à toute allure vers Historic District avant de se garer sur un parking plus proche de chez lui que de chez Daire pour tenter de brouiller les pistes. Pour le reste, il court.
Il finit rapidement par arriver jusqu'à l'immeuble défraîchi, s'y engouffrant sans attendre une seule seconde, grimpant les marches quatre à quatre. Le cœur qui tambourine et les veines en ébullition, il peut pas s'empêcher de lancer des regards par-dessus son épaule comme s'ils l'avaient déjà retrouvé, comme s'ils étaient prêts à lui bondir dessus. Il cogne à la porte frénétiquement mais n'a pas la patience d'attendre qu'on vienne lui ouvrir, trop inquiet, aussi apeuré qu'un gibier qui se fait chasser. Il entre et ferme derrière lui rapidement, inspirant un grand coup pour essayer de se calmer – ça ne marche pas.
Quand il se retourne, elle est déjà là.
« Va falloir que tu m'expliques. » En temps normal, il se serait excusé d'être entré comme ça. Mais y a plus le temps pour ces choses-là, ses yeux qui se plantent dans les siens et ses sourcils qui se froncent quand il voit qu'elle est amochée. Ça fait écho à ses propres blessures ; l'hématome sur sa pommette, sa lèvre fendue, ses poignets brûlés par la corde. Il serre les poings. « Ils sont déjà passés te voir, hein ? » C'est pas vraiment une question, puisqu'il connaît la réponse. Il soupire et passe ses mains sur son visage, aussi perdu qu'agité, les nerfs à vif et le cœur au bord des lèvres. « C'est quoi ce bordel, Daire ? C'est qui ces mecs ? Qu'est-c'qu'ils veulent ? » Il les a entendus parler d'un type sans trop comprendre, sans pouvoir en apprendre plus que ça. Il comprend pas comment associer tous les éléments, quelle est la place de Daire dans tout ça et pourquoi ils causent un chaos pareil. Il a besoin de réponses et il peut pas les trouver en enquêtant, il peut pas s'appuyer sur ses collègues ou même sur son père, il peut rien faire du tout. Rien d'autre que venir jusqu'à elle et exiger des explications. « J'veux savoir ce qui se passe. » Il fait un pas en avant, le regard brûlant d'une détermination qu'il n'a que trop rarement. Aujourd'hui il ne reculera pas. Il n'a pas peur de la tornade irlandaise – il est déjà coincé en pleine tempête malgré lui alors ça n'a plus d'importance. Un cyclone de plus ou de moins, ça changera rien. |
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