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| il pleut des silences (mihail) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: il pleut des silences (mihail) Ven 16 Mar - 5:09 | |
| Il a les yeux rivés sur la porte de la chambre et les doigts enroulés autour de son téléphone. C’est un peu ridicule, comme situation, parce que y a Pryce au bout du fil qui lui dit de trop jolies choses et que y a ses yeux qui attendent Mihail qui franchira bientôt la porte. C’est un peu ridicule, comme situation, parce qu’il y a trop, trop d’un coup, parce qu’il est trop content que Mihail arrive, trop content d’avoir Casper au bout du fil. C’est un peu ridicule, comme situation, ou ça ne l’est pas du tout, en réalité, parce qu’il n’a jamais rien, d’habitude, et que tout lui tombe dessus, cette fois-là. C’est pas mérité, parce qu’il a été gerber dans une boite aux lettres et que les gens qui font ça ne mérite rien. C’est pas mérité, mais en vrai il s’en fout, personne fonctionne au mérite dans ces cas-là. Il est toujours en train de téléphoner lorsqu’il entend la porte d’entrée. Il y pense pas, au début, déballe des mots et des mots, un peu de poésie et beaucoup de théâtre, quelque chose de secret et de terrible, quelque chose d’effrayant. Il y pense pas au début, et puis Casper lui raccroche au nez et, au milieu du sms qu’il est en train de taper, la porte de la chambre s’ouvre et Mihail apparaît.
Peut-être qu’un jour il se questionnera sur la façon dont son estomac se tord, à cet instant-là, la façon dont le monde tourne un peu plus et dont son sourire s’étire plus largement, la façon dont ses yeux trouvent les siens, automatiquement, les cheveux en épis du côté appuyé sur l’oreiller et quelque chose de brumeux dans les yeux parce que l’alcool s’est pas complètement dissipé. Il faut qu’il fasse attention, Taggart, parce que c’est le meilleur moment pour dire des bêtises, parce qu’ils marchent tous les deux sur des glaces bien trop fines, ces derniers temps, parce qu’ils sont trop tristes pour s’épauler, trop têtus pour en parler. Il sait que Mihail traverse des moments difficiles. Ce n’est pas très difficile à comprendre, s’est inscrit sur son visage, tous les jours, encore et encore, comme une longue glissade en enfer. Il sait que Mihail ne lui dit rien, peut-être parce qu’il ne lui fait pas assez confiance ou peut-être parce qu’il sait qu’il ne pourrait pas l’aider, parce qu’il a le cerveau rivé sur Veronica et qu’il passe son temps à se traîner, ces derniers temps, le fantôme d’un fantôme d’un fantôme, plus l’ombre d’Eoin que lui-même. Il sait que c’est égoïste, de lui avoir envoyer un sms, égoïste, d’avoir écrit noir sur blanc que ça allait pas, égoïste, d’avoir fait tout ça, égoïste, aussi, d’être heureux qu’il soit là, qu’il ait répondu présent, qu’il ait pas juste fait comme si il avait rien vu. Eoin, de toute façon, n’a jamais été particulièrement altruiste.
« Désolé de t’avoir dérangé. » Il lui dit, quand même, et c’est affreusement sincère. Il laisse tomber son téléphone sur le matelas, passe une main dans ses cheveux, les yeux tournés vers la fenêtre qui laisse passer un sale courant d’air. « J’ai un peu pété les plombs, je crois. »
C’est un euphémisme, ça. C’est plus qu’un euphémisme, en fait, ça lui fait penser au « quiproquo » qu’a lancé gaiement Mihail, la dernière fois, quand la situation était inversée, quand c’était pas lui qui était complètement torché. Peut-être que l’alcool les rend sensible aux figures de style, un truc comme ça.
« T’as trouvé des chips, alors ? »
Et il ressemble à un gamin, à ce moment-là, et il déteste un peu ça, croise les jambes pour se donner un peu de dignité, tire les draps pour l’inviter à s’installer à ses côtés. Il a envie de gerber, encore, mais il promet, il lui vomira pas dessus, enfin il essayera. Il a envie de crever, aussi, un peu, et son regard se pose sur son téléphone qui vient de vibrer. C’est Casper, évidemment. Bien sûr que c’est Casper.
« J’ai beaucoup trop bu. » Il grogne, pour éviter de penser au fait que le nom a clignoté en lettres beaucoup trop brillantes sur son écran, pour éviter de songer à la façon dont ses joues chauffent. « Je sais pas comment tu fais, toi, pour y survivre. »
Il sait qu’il est en train de meubler le silence. Il sait qu’il devrait pas faire ça. Il sait que c’est pas lui, pas eux, pas comme ça, qu’il est juste embarrassé parce qu’il est à deux doigts de craquer, parce que si Mihail a ramené ses chips préférés y a trop de chance pour qu’il se mette à pleurer. C’est con, putain, il est plus digne que ça, d’habitude, mais y a Jem et ses mots comme des couteaux et puis le psy auquel il va pas et puis aussi Veronica, Veronica, Veronica, putain Veronica, trop de trucs qui s’accumulent, plus rien pour pas finir aspiré pas le bas. Les doigts tremblants, il se passe une main sur les yeux. Peut-être que s’il le regarde pas ça ira mieux. |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: il pleut des silences (mihail) Sam 17 Mar - 17:21 | |
| Il n'a pas eu besoin que Tag lui dise qu'il allait mal pour s'en rendre compte. C'était évident, ne serait-ce que parce que Tag n'est pas un sociopathe et qu'il ne peut pas se sentir bien quand sa meilleure amie a disparu. Mihail n'est pas particulièrement proche de sa mère — ou bien pas depuis longtemps — et ça n'empêche pas l'angoisse d'empiéter sur ses rêves et de lui bouffer le moral. Ronnie pour Tag, il a l'impression que c'est quasiment comme Rez pour lui, alors bien sûr que Tag ne dort plus, enfin encore moins qu'avant, bien sûr qu'il est lugubre. Par contre, c'est la première fois qu'il le confie comme ça à Mihail, c'est la première fois qu'il met ces mots-là dessus. Je vais pas bien, je crois. C'est pas qu'il n'inquiétait pas Mihail avant, mais c'était normal et y avait pas grand chose à faire. Ils ne pourront respirer que quand ils retrouveront les disparues, que si on les retrouve saines et sauves. Penser à l'alternative lui compresse la poitrine. Dans son esprit, c'est tout ce qu'il y a, c'est ce qui mine le moral de Tag. Tag n'a jamais été le mec le plus enjoué du monde, mais pour Mihail c'est une histoire de caractère, il n'a jamais cherché plus loin. Et maintenant, un truc affreux leur est tombé dessus et Tag touche le fond. Logique. On est humains. Mais y a ce texto. Je vais pas bien, je crois. Il pourrait lui dire moi je le sais, il pourrait aussi lui dire moi non plus mais à ce moment-là il pense pas tellement à lui. Pour tout dire, ça lui fait des vacances de focaliser son attention sur Tag plutôt que sur ses propres emmerdes. En ce moment il cogite trop et ses exutoires habituels, tumblr, twitter et compagnie, ne lui suffisent plus. C'est sûrement pour ça qu'il est allé voir Tito. Mauvaise bonne idée. Il voulait penser à autre chose, il a été servi, mais aussitôt rentré chez lui c'était retour à la case départ. En pire. On n'y pense plus, on a dit. Objectif Tag.
Il avait déjà couru trente minutes quand il a reçu son sms. Il a raccourci un peu son circuit en coupant plus tôt que prévu, et il longe déjà le fleuve dans River Street quand il se rappelle la mission chips. Il passe à la supérette pout prendre celles à la crème d'oignons, machinalement, et puis des nouilles instantanées et une bouteille de bière, faux permis à l'appui. Ça fait un moment qu'aucun caissier n'a tiqué quand il a présenté la carte qui prétend qu'il a vingt-deux ans, il faut croire qu'il a mûri. C'est peut-être les cernes et le fait qu'il a pas l'énergie d'être coquet, ces temps-ci, d'autant moins là puisqu'il est en tenue de running et un peu transpirant.
Il finit le trajet jusqu'à la coloc en marchant rapidement et monte les marches deux à deux, mais pour une fois il n'entre pas comme un ouragan dans l'appartement, ne fait pas claquer la porte derrière lui. Tag n'est pas dans la pièce mais il croit entendre sa voix derrière la porte fermée de la chambre. Il colle la bouteille au frigo, c'est pas pour lui de toute façon, en tout cas pas maintenant, les nouilles sur le bar, et emmène le paquet de chips avec lui à la porte. Il y colle l'oreille et baisse la poignée après s'être assuré qu'il n'entend plus rien. « Désolé de t’avoir dérangé. J’ai un peu pété les plombs, je crois. » Mihail sourit, l'air un brin moqueur, en réalité c'est pour le rassurer. « Mais nan, ça arrive à tout le monde de gerber dans des boîtes aux lettres. J'comprends même pas comment t'as fait ton compte, sérieux. » Ça doit demander un certain talent, quand même, mais il suppose que Tag n'a pas si bien visé que ça. « J'avais fini, t'inquiète, » il ajoute en arrachant le bandeau humide de ses cheveux pour l'envoyer s'échouer sur une pile de fringues sales.
« T’as trouvé des chips, alors ? » Mihail soulève le paquet de chips, un sourcil levé. « Non, » et le lui lance sans délicatesse. C'est des chips, ça craint rien et ça fait pas mal. Il se laisse tomber sur le lit à côté d'Eoin, son regard qui se dirige machinalement sur l'écran qui s'allume au même moment. Casper. Il ne tilte pas tout de suite. Il s'allonge sur le dos en soupirant comme un vieillard, les jambes remontées sur le bord du lit. « Tu dis ça comme si t'étais jamais déchiré. J't'ai déjà vu t'en remettre, t'inquiète. Ça va aller. » Ça va aller. Il ne parle pas que de la biture, il ne sait pas si c'est évident. Il tourne la tête vers lui, son regard sur les doigts qui dissimulent celui d'Eoin. Il a envie de lui demander s'il pense pas qu'il est un peu tôt pour être déchiré, mais il est pas vraiment mieux. Il a envie de lui demander ce qui l'a fait craquer, mais il sait pas comment s'y prendre. « C'est qui ? » il dit à la place, en tapotant de l'ongle sur son téléphone. Pour faire la conversation. Ou bien parce que Casper n'est pas un prénom courant et qu'il est tombé dessus y a pas longtemps via Tito, et il se demande si c'est le même, et il pense à ce que Tito lui a dit de lui et aux rumeurs qui couraient au lycée, et il se demande, il se demande, il se demande s'il veut vraiment le savoir. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: il pleut des silences (mihail) Ven 27 Avr - 1:20 | |
| C’est facile de se laisser bercer par la présence de Mihail, la respiration alourdi par l’alcool et la moquerie qui va et vient de part et d’autres avec une régularité apaisante. C’est facile parce que c’est Mihail, parce que y a quelqu’un qui a décidé un jour qu’ils pourraient se comprendre sans se parler et qu’ils auraient le droit de pas trop se prendre la tête dans la foulée. C’est facile parce que même beurré et déprimé il lui arrache un sourire un peu trop large, lorsqu’il lui balance les chips à la figure, facile parce que ses mains se referment sur le paquet, facile parce qu’il se laisse tomber sur le matelas et qu’Eoin se sent un tout petit peu moins vaseux, un tout petit peu moins pitoyable, un tout petit peu moins comme sa sœur. Pas beaucoup, mais suffisamment pour arrêter de culpabiliser de lui avoir envoyé un message et de lui avoir demandé de ramener à bouffer, suffisamment pour arrêter de se sentir mal d’être bourré à cette heure de la journée, suffisamment pour laisser s’installer un silence confortable alors qu’il ouvre la poche, les yeux soigneusement rivés partout sauf sur Mihail, comme pour retarder le moment de répondre à la question. C’est qui, demande son colocataire, et Eoin a les doigts gras et les mots fragiles. C’est qui, il sait pas bien, c’est un ancien prof, un ex mec qu’il déteste, une épine dans le pied, un mec hallucinant, c’est qui, c’est personne, c’est pas un ami, pas un pote, pas une connaissance, c’est un mec du passé qui a ressurgi comme on fait un caprice en tapant des pieds et pour qui Eoin a creusé une place sans même s’en apercevoir, des mots les uns à la suite, trois répliques de poésie et le cœur qui bat un peu trop fort, euphorie. C’est qui et il se lèche les doigts, incline la poche en direction de Mihail pour lui en proposer. C’est lui qui les a ramené, après tout, y a pas de raisons qu’il soit le seul à en profiter.
« C’est mon ancien prof de littérature. » Il fait tourner la poche entre ses doigts, relève les yeux, pour fixer Mihail. « Je pouvais pas le piffer. Il s’est pointé au musée et je le trouve cool en fait. C’est comme avec toi, j’ai l’impression qu’on parle la même langue. »
Ca veut tout et rien dire mais il espère que Mihail captera un peu parce qu’il voit pas comment l’expliquer autrement. Il est pas sûr que Casper parle la même langue que Mihail, en réalité, mais il sait qu’il parle leur langue à tous les deux et le parallèle est suffisant pour expliquer tout ça. Il pourrait pousser plus loin, expliquer à Mihail que Casper lui fait des nœuds au bide de la même taille que ceux que lui laisse Mihail lorsqu’il sourit, que la ressemblance se pousse plus loin, les mêmes conséquences mais pas les mêmes causes. Il pourrait, mais il le fait pas, il est pas assez bourré pour autant d’honnêteté, pas assez bourré pour étaler aux yeux de son coloc’ qui est sans doute pas intéressé à quel point il lui arrive de penser à lui. C’est pas le sujet, et puis c’est pas important, alors Eoin hausse les épaules.
« Si tu veux je te donnerais des cours de visée pour vomis explosif. » Il fourre une poignée de chips dans sa bouche avec la précision d’un enfant de cinq ans qui mangerait un boudoir. C’est sale, bordélique et il a du gras plein la bouche. Ses yeux sautent encore de Mihail à chaque élément de la pièce, la fenêtre, le linge sale, des bouquins éparpillés, un, deux, trois, rebelotte, peut-être qu’il a besoin de boire aussi, il en sait trop rien. Sans réfléchir, il passe sa main dans ses cheveux, grimace lorsqu’il se rend compte de la connerie, ses doigts poisseux contre ses cheveux jusqu’à présent propre. « Sa mère la pute » il râle, se frotte le visage, jure un peu plus. « Mihail. Je crois qu’on a atteint un stade de catastrophisme aigu, je suis désolé, t’avais pas signé pour ça, ton colocataire est une loque. »
Oh, le ton est léger. Le fond l’est beaucoup moins. Désolé, mec, ton coloc est pas fonctionnel, désolé, il a les doigts plein de chips et super envie de pleurer, désolé, peut-être qu’il a un peu la nausée, désolé, il est tout pété, fissuré, y a plein de bouteilles de pilules vides sous son lit parce qu’il a pas osé les balancer encore de peur que tu les vois. Désolé, ouais, il a pas l’air comme ça mais il est défoncé, désolé parce qu’il l’a planqué, parce qu’il l’a caché, parce qu’il l’a dissimulé, parce qu’il avait pas envie que ça se sache, pas envie que Mihail le regarde différemment, pas envie que Mihail le prenne en pitié. Désolé, ouais, et les mots lui brûlent la bouche et la gorge et il se demande s’il va pas vomir encore une fois. C’est pas le cas, ça arrive pas, mais il enfouit son visage dans l’oreiller pour se planquer, marmonne pitoyablement :
« Tu veux pas regarder RuPaul, s’te plaît ? »
Parce que c’est le seul truc auquel il arrive à penser à ce moment-là. |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: il pleut des silences (mihail) Mer 16 Mai - 1:52 | |
| « C’est mon ancien prof de littérature. » La réponse arrache un sourire amer à Mihail. Bingo. Il s'enfonce un peu plus dans la couette en écoutant le reste. Il a un peu envie de disparaître, il a surtout pas envie de faire celui qui se pose trop de questions, celui qui tire des conclusions hâtives qui en diraient plus sur ses propres désirs que sur ceux d'Eoin ou de Casper. Il porte un peu trop bien son prénom, Pryce, un revenant dont il n'avait pas entendu parler depuis le lycée et qui réapparaît sans prévenir pour le hanter. Hanter les textos des deux mecs qui lui font se poser trop de questions et tirer des conclusions hâtives, comme par hasard. Ses tendances ésotériques et égocentriques le font se sentir la victime d'un coup du destin, ou d'un truc à la Westworld où il aurait droit à son propre arc narratif. Un nouveau personnage entre en scène. On va le faire surgir du passé pour un bonus de backstory et comme on a de l'humour on va lui donner le prénom d'un putain de fantôme. « C’est comme avec toi, j’ai l’impression qu’on parle la même langue. » Ce sont les mots de trop. Ça confirme quelque chose et ça ne plaît pas du tout à Mihail. Il grimace, marmonne : « Ouais j'l'ai eu aussi, » et feint très mal l'indifférence. Ce sont les mots qui auraient pu lui faire le plus de bien venant d'Eoin parce qu'il sait exactement de quoi il parle, parce que c'est ce qu'il ressent quand ils parlent tous les deux, quand ils partent à la dérive, parce que ça le rassure chaque fois qu'Eoin met les mots justes sur ce qu'il ressent, chaque fois qu'il lui confirme qu'ils partagent quelque chose, qu'il ne l'invente pas, mais cette fois, ces mots-là, il faut qu'il les offre à quelqu'un d'autre en même temps qu'à lui, quelqu'un qui est à sa hauteur contrairement à Mihail et c'est sans doute ça, cette sensation de vide au creux de son estomac, déjà l'impression de le perdre un peu, de l'avoir cédé à un mec plus fort que lui par inadvertance, parce qu'il s'est reposé sur ses lauriers prématurément. Il pioche dans le paquet de chips avec un peu trop de virulence et réduit sa première poignée en miettes. L'air de rien, il recommence en faisant plus attention et se fourre le tas de chips dans la bouche pour avoir une raison de pas creuser la question. Comme si ça le dérangeait de parler la bouche pleine d'habitude... Mais vu l'état d'Eoin ça fera illusion.
Il se force à rire quand Eoin parle de vomi explosif. Un vrai rire lui échappe quand il l'entend jurer. Sa mère la pute. C'est la mauvaise influence de Mihail ou il disait déjà ce genre de trucs avant ? Il ne sait plus, des fois. Il sait que Tag n'a jamais été le petit bourgeois trop bien élevé, trop propre sur lui, pour lequel il le prenait au début, mais il n'avait pas tort sur toute la ligne non plus et il ne sait plus jusqu'où. Il est à peu près sûr que Tag n'aurait jamais réclamé RuPaul's Drag Race sans son intervention, en tout cas. « Nan. » Pas tout de suite. Il grignote une chips du bout des dents. Il prend son temps, essuie ses doigts gras sur son short déjà sale avant de tourner son regard sévère sur lui. « Depuis quand tu t'apitoies sur ton sort toi ? » Depuis qu'il est une loque, sûrement. C'était pas la chose à dire, sûrement. Il est pas doué pour réconforter. Il aime pas qu'on le mette dans cette situation parce qu'il a l'impression de tout faire de travers systématiquement, et il est même pas sûr que ce soit ça, pas sûr que Tag veuille être réconforté. Il est même à peu près certain qu'il essaie de lui dire autre chose mais leur sixième sens fonctionne mal en ce moment. Il se redresse pour finir par se relaisser tomber sur le ventre, les mains sous son menton, coincé entre le mur et Tag. Pas très stratégique en cas d'un second service de l'estomac d'Eoin. « J'voulais pas dire ça. J'voulais dire... J'en sais rien. Mais sois pas désolé, sérieux. » Le ton est presque implorant. Parce qu'il a rien à pardonner et il sait pas comment réagir à ça. Parce qu'il aime pas entendre Eoin Taggart dire qu'il est désolé, il aime pas le voir désolé. Ça lui va pas. C'est pas celui qu'il connaît. Tag a raison, d'un côté, Mihail a pas signé pour ça et il se sent largué face à ce coloc qui perd la face. « Tu peux être une loque fière, t'inquiète, j'peux t'apprendre ça moi, Popescu-style. » Sous-entendu en échange des cours de gerbe. Il voudrait réussir à rester léger mais ça prend pas, y a quelque chose qui pèse lourd dans leur chambre trop petite. Il croise les doigts sous son menton et fait une moue. « J'peux rien faire d'autre que te ramener des chips et lancer Netflix, vraiment ? » Il a fait quoi, Casper, pour l'avoir fait sourire quand Mihail entrait ? Il a fait quoi pour lui faire dire qu'ils parlent la même langue, eux aussi ? Faut faire quoi pour faire plus que lui, faut faire quoi pour faire assez ? C'est pas comme s'il pouvait lui ramener Ronnie. |
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| Sujet: Re: il pleut des silences (mihail) | |
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| | | | il pleut des silences (mihail) | |
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