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 lightning before the thunder. (mana)

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Lena Ryjkov

Lena Ryjkov
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MessageSujet: lightning before the thunder. (mana)   lightning before the thunder. (mana) EmptyLun 23 Avr - 0:33

Ils ont retrouvé Mila.
Ils ont retrouvé Mila et pourtant Lena fulmine. Son pied tape contre le sol de la voiture alors que les bâtiments défilent sous ses yeux. Trois jours. Trois longues journées passées à attendre un coup de fil qui ne vient pas, à attendre l’autorisation d’aller enfin retrouver la cadette Ryjkov.

Parce que les médecins avaient osé les séparer. Encore. Pas de visite tant qu’elle est en observation, il paraît. Elle est trop fragile pour voir qui que ce soit – selon les propres mots d’un abruti en blouse blanche. Et Lena avait explosé. Elle ne comprenait pas en quoi les interdire de voir Mila aiderait leur sœur à aller mieux. Sans oublier qu’elle trouvait ça injuste de les garder éloignés alors que les Ryjkov venaient de passer des semaines sans elle, des semaines à s’inquiéter et à retourner la ville pour tenter de la retrouver. Et alors qu’elle était là, dans le même bâtiment qu’eux, ils n’avaient pas le droit de la voir. Lena n’avait pas été la seule à hurler – toute la fratrie s’était emportée, tornade russe prête à renverser l’hôpital si cela leur permettait d’apercevoir, même quelques secondes, le visage de leur sœur. Malgré leur détermination, ils avaient dû se résoudre à partir après plusieurs heures passées à hurler leur colère et leur désespoir contre un personnel peu réceptif – et visiblement dénué de la moindre compassion.
Et ils avaient attendu pendant trois foutues journées. Frustrations et colères s’étaient accumulées et même après l’appel fatidique, l’énervement restait là, explosion prête à survenir n’importe quand. Quand Malo se gare, Lena bondit hors du véhicule, attend à peine son frère avant de marcher à grandes enjambées vers l’entrée de l’hôpital. Les autres Ryjkov étaient chez eux, préparaient l’appartement pour accueillir Mila comme il se doit. C’était une décision unanime ; de ce qu’ils avaient compris, Mila devait suivre plusieurs séances avec un psy, et ils craignaient que les retrouver tous en même temps soit trop épuisant pour elle. Malo et Lena avaient été les choix logiques – Malo parce qu’il représentait la figure paternelle, le responsable (et probablement aussi parce qu’il avait besoin de la voir, de s’assurer qu’elle était bien là) et Lena parce qu’ils savaient tous qu’elle ne pourrait pas subir cet éloignement plus longtemps sans totalement perdre pieds.

Les aînés Ryjkov arrivèrent enfin à l’accueil, trépignant. « On est là pour Mila Ryjkov. » La secrétaire pianote quelques instants, lève les yeux vers eux. « Il va falloir patienter, elle est en rendez-vous avec son psychologue. » Et cette fois c’est trop. C’est trop pour Lena en tout cas, qui a besoin de revoir Mila. Parce qu’elle survit à peine sans elle, qu’elle a plus la force d’attendre encore et encore tout en sachant qu’elle se trouve probablement à quelques mètres seulement. Alors elle explose, encore.
« Putain c’est une blague là ? Vous vous foutez de notre gueule ? C’est votre PUTAIN d’hôpital qui a appelé en disant qu’on pouvait venir ! » Elle serre les poings, regard noir lancé vers la secrétaire alors même qu’elle ne fait probablement que transmettre le message mais peu importe, elle prendra pour les autres. « Calmez-vous, elle.. » « Me dites pas de me calmer alors que vous nous empêchez de voir notre sœur depuis TROIS JOURS ! » Elle lâche quelques insultes russes mais ne s’arrête pas pour autant, l’accumulation des derniers jours qui se déverse sur la secrétaire qui n’a pas vraiment l’air rassurée. « Alors votre psy peut aller s’faire foutre, ok ? Il verra Mila un autre jour, nous on veut la voir maintenant et si c’est pas l’cas, on va retourner votre putain d’hôpital jusqu’à ce qu’on la trouve, compris ? » Elle frappe contre la vitre en plexiglass qui la sépare de la femme et elle sait que tout le monde les observe mais ça lui importe peu, à Lena. Elle se tourne vers Malo, son regard qui en dit long, son regard qui le supplie, lui demande de trouver un moyen pour qu’ils puissent voir Mila. Parce que c’est comme ça. Peu importe la situation, c’est toujours vers Malo qu’elle se tournera, c’est toujours sur lui qu’elle s’appuiera, seul repère stable même quand tout vole en éclats.
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Malo Ryjkov

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MessageSujet: Re: lightning before the thunder. (mana)   lightning before the thunder. (mana) EmptyLun 14 Mai - 18:15


La route défilait sous les roues de la voiture, en même temps que la nervosité prenait place dans leurs veines. Seule la cadence du pied de Lena frappant le plancher du véhicule, emplissait le silence de sa présence ; ça, et l’air frais qui s’engouffrait par la vitre entrouverte du conducteur. L’apparence de Malo n’obtempérait aucun changement, seulement son flegme sur les traits – dans lesquels on pouvait percevoir un infime pli lié à son inquiétude. ‘Nous avons retrouvé Luydmila parmi les autres captifs, saine et sauve.’ Mila, qu’il avait répondu, simplement. Les doigts accrochés à son téléphone portable comme à une putain de bouée dans l’océan déchaîné. Mila, qu’il avait dit, des lettres écorchées venues des catacombes. Deux syllabes, tout ce qu’il fallait pour remettre une identité à la dérive dans le cœur de chacun. Pour retrouver la présence d’une presque-fantôme, pour s’assurer qu’elle ne bascule pas définitivement du mauvais côté de la frontière. Elle s’appelait Mila, et c’était ça qui importait, quand on lui annonça la nouvelle qu’ils attendaient tous depuis trop de journées successives à s’arracher sur l’asphalte dans l’espoir de la revoir. Il l’avait toujours considéré comme la lumière de leur famille, et son absence n’avait jamais aussi bien révélé cette comparaison. Sans elle, il avait vu les ombres s’abattre sur sa famille, se traîner dans la carcasse anesthésiée de Lena, s’enliser dans le silence accablant d’Alek, et se perdre dans l’énergie désorientée des plus jeunes. Le temps s’était mis à fonctionner à l’envers, ou ne plus vraiment fonctionner tout court. Les journées et les nuits s’étaient mélangées, moins de sommeil mais plus de balafres, des muscles tendus jusqu’à l’usure, sans jamais ne connaître un répit. Jusqu’à ce jour d’infortune, réalité incertaine qu’il avait mis trop de temps à entendre – comme si par une simple réponse, elle disparaitrait à nouveau entre ses doigts. Il était le premier appel d’urgence, pour chacun de sa fratrie, parce qu’il était le substitut d’un représentant de l’autorité dans leur foyer. Mais après lui, c’étaient tous les autres qui se succédaient dans la liste, s’il n’avait pas répondu, on serait passé au suivant – et ainsi de suite. Sauf que Malo avait bien été là, le torchon dans une main et le verra abandonné de l’autre pour pouvoir décrocher son portable, faire cesser cette sonnerie stridente qui n’avait que trop retenti pour les affaires mais jamais assez pour les nouvelles.
 
Nous avons retrouvé Luydmila parmi les autres captifs, saine et sauve.’
Mila, qu’il avait répondu, simplement – le souffle suspendu, l’espoir en quiétude.
 
Lena se précipita à l’extérieur si tôt la voiturée garée, et il ne se pressa pas à la poursuivre alors que les longs cheveux bruns s’engouffraient à la hâte dans l’enceinte de l’hôpital. Ses pas ne l’auraient pu l’amener bien loin alors qu’ils avaient encore un barrage à franchir, et non des moindres. Si leur jeune sœur avait bien été retrouvée, il leur avait été formellement interdit de lui rendre visite. Par ordre commun du médecin et du psychologue, qui avaient bien failli se prendre respectivement des crochets dans la figure. Alors Malo avait compris, que le « saine et sauve » n’était que d’usage, que le temps n’avait épargné personne. Il savait, dans tous les cas, que la captivité aurait laissé ses séquelles insipides dans le cœur trop chaleureux de sa petite sœur. Que le pire était certainement survenu, tous ces jours loin de se famille mais trop près d’eux ; que la frontière était mince entre un corps en bonne santé et un poumon perforé par une balle. Il n’y avait que cette pensée qui tournaient en boucle dans son encéphale, ces trois jours où ils ont été soumis à l’attente. Sauf que l’incarnation de la paisibilité était justement celle en absence, il ne restait derrière elle qu’un tas d’impatience et d’énervement. Et beaucoup de doutes, dans la tête de l’aîné. Bien assez pour dissoudre le soulagement de l’avoir retrouvée, parce qu’il savait qu’il y avait un prix à payer – et c’était la seule chose à laquelle il était capable de penser, quelle serait la nature de ce tribut pour avoir retrouvée le soleil alors qu’elle était promise aux cendres.

À l’accueil, on leur daigna à peine une attention. Ils avaient déjà fait du grabuge, mais ce n’était pas une raison pour le mettre sur un piédestal au regard des autres patients et visiteurs – pire encore, ils semblaient avoir été relégués un rang inférieur, au niveau du mépris. Lena n’avait plus une seconde à donner au temps, seulement la fièvre de l’empressement au bout des doigts, au bord des lèvres. Il hocha légèrement la tête pour appuyer ses propos, simplement. Le regard sinistre et les bras le long du corps, prêts à dégainer … contre quoi, exactement ? Le personnel qui faisait juste son travail, ou les affres du temps qui faisaient de même ? « Il va falloir patienter, elle est en rendez-vous avec son psychologue. » Son corps se contracta en même temps que la colère de sa sœur désagrégea toutes les limites de la décence. Le champ de bataille était amorcé, et peut-être que le dédain de la secrétaire n’y était pas pour rien. Lena s’emporta, les paroles brûlantes et le regard au bord du supplice – son âme de mère de substitution, de sœur aînée, à la dérive. Et il laissa faire, jusqu’à ce qu’elle atteigne son point de rupture. Il n’avait pas à intervenir, pas à démettre sa sœur de l’expression de sa rage légitime. Il se contenta d’observer autour d’eux, d’adresser son regard noir à tous ceux dont l’attention s’arrêtait trop longtemps sur l’altercation. Des insultes dans leur langue maternelle fusèrent naturellement dans la vaste pièce, en écho aux mêmes injures qui se bataillaient dans les pensées du brun. Lorsque les poings de Lena s’abattirent sur la vitre en plexiglas, son frère posa naturellement une main sur ses épaules dans un geste d’apaisement, de soutien, de canalisateur – un peu de tout, alors qu’elle relevait son visage vers lui. Son regard ne s’attarda pas dans le sien, mais capta néanmoins toute son intensité – il se braqua implacablement sur la secrétaire qui n’en menait pas large. D’une légère pression, il enjoignit sa sœur à se pousser sur le côté pour lui laisser plus de place alors que sa silhouette semblait s’imposer dans son ombre. « Ok, ça suffit. » Ses paroles claquèrent distinctement, mettant un terme aux protestations négligées de la bonne femme. On pouvait certainement discerner sa fureur froide sous ses paroles sans nuance, à ceux qui le connaissaient bien ; mais pour les autres, il représentait probablement un de ces délinquants qui se prenaient certainement pour plus grands que ce qu’ils étaient. « On a attendu trois jours, on l’fera pas un jour de plus. » Il se pencha imperceptiblement en avant, le front effleurant la surface lisse les séparant. « Son rendez-vous est important, j’comprends. Mais soyez sûre que lorsqu’elle apprendra qu’on était là et qu’on a pas eu l’droit de la voir, vous aurez d’autres problèmes que des visiteurs agités. » Il se recula sans quitter sa proie du regard, ses épaules se postant solidement aux côtés de celles de Lena. La secrétaire ouvrit la bouche, la referma, hésita quelques secondes, regarda autour d’elle – et trouva finalement le soutien qu’elle espérait. Un médecin avait émergé d’un couloir, et n’avait probablement pas manqué la confrontation. Il fit un geste de la main à l’attention de la femme, dans un signe d’apaisement, et se rapprocha du duo d’infortune. Il se présenta en leur tendant la main, le regard impénétrable. « Docteur Howard, je suis en charge du dossier médical de Luydmila Ryjkov. Je présume que vous êtes son frère et sa sœur ? » Mila, putain. Elle s’appelle Mila. « Malo Ryjkov. » Réponse froide pour une poignée de mains échangée avec la même virulence. « Très bien, suivez-moi. » Malo pressa doucement la main de sa sœur avant que ses bras ne retrouvent leur inertie autour de son torse, et les russes lui emboîtèrent le pas dans le dédale des couloirs. « Elle est arrivée en état de choc, elle a été prise en charge immédiatement. » D’autres paroles s’enchaînèrent, sur l’importance de préserver une certaine distance psychologique avec la patiente, de ne pas la remettre brutalement dans un environnement malsain – tant de mots qui se fracassèrent sous le crâne de l’aîné, dont les muscles étaient au bord de la rupture. Ce médecin, aussi doué pouvait-il être dans son métier, n’avait aucun jugement à émettre sur leur famille. Il ne les connaissait pas, et ça le mettait dans une colère sourdre. Pourtant, il ne dit rien, laissa l’agitation pour sa sœur ; il avait parfaitement conscience que s’il éclatait, il attirerait une attention nuisible sur eux, et il ne pouvait pas prendre ce risque.  
 
Ils arrivèrent finalement devant une porte commune parmi les autres, un numéro pour seule distinction et les échos d’une voix douce derrière la porte. Son cœur se comprima instantanément à l’entente de ce bruit si familier, mais son corps manqua de se percuter contre le médecin qui fit barrage devant l’entrée de la chambre. « Je dois vous prévenir. » Ses sourcils se froncèrent, l’attente était insoutenable. Si près de leur sœur, et en même temps si loin. Elle était là, à quelques pas tout au plus, mais en même temps il savait que son âme fendillée resterait à mille lieux d’eux, pour longtemps. « Elle est blessée ? Poussez-vous. » Surpris par l’intonation, l’homme ne protesta pas et s’écarta. Malo en profita pour actionner la poignée mais laissa le champ libre à sa sœur, il la laissa passer pour retrouver Mila tandis qu’il fit face au médecin, toujours sur le seuil de la pièce. « Dites-moi ? » Dites-moi qu’il ne va pas crever, mais qu’elle regrette pas non plus d’être encore vivante. « Elle souffre d’une blessure assez importante à la hanche suite à des coups. Elle va avoir des difficultés à se déplacer pour quelques semaines encore, mais l’intensité de la douleur va s’estomper au fil des jours. » Sa mâchoire se contracta, ses mains vinrent se mettre dans les poches de sa vestes, pour ne montrer à personne les poings qui tremblaient d’impuissance, de colère, et de tout un tas de choses. Enfin, ses prunelles sombres délaissèrent le médecin pour parcourir la pièce, avant de se poser sur les deux femmes de son existence.
 
Son sourire le percuta comme la lumière d’un phare.
Mila était enfin là.
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MessageSujet: Re: lightning before the thunder. (mana)   lightning before the thunder. (mana) EmptyMer 16 Mai - 21:02

Il y a que Malo qui peut la calmer. Il y a toujours eu que lui. Lui qui apaise ses colères. Lui qui peut la raisonner quand elle s’emporte trop. Lui qui recolle à chaque fois les morceaux de son cœur éparpillés. C’est sur lui qu’elle s’est reposée quand Mila a disparu, c’est encore sur lui qu’elle compte quand on l’a retrouvé. Alors Lena lui laisse volontiers prendre le relai, s’écarte pour le laisser faire. Elle écoute à peine, le regard noir rivé sur la secrétaire. Et si elle n’a rien contre celle-ci, c’est quand même contre elle qu’elle dirige toute sa haine, parce qu’elle représente le dernier obstacle l’empêchant de retrouver sa sœur. C’est elle qui repousse des retrouvailles qui n’ont fait qu’être reportées encore et encore. Cette fois c’est trop, parce que Lena respire à peine, parce qu’elle sait plus comment faire pour survivre amputée d’une partie de son cœur. Enfin, elle voit un changement dans le comportement de leur interlocutrice, l’hésitation qui s’installe et qui vient rassurer la russe. Quand le médecin arrive, c’est vers lui qu’elle reporte toute son attention, parce que c’est lui maintenant qui décidera s’ils auront le droit d’enfin voir leur cadette. Il y a une main tendue vers elle, main qu’elle fixe avant de relever son regard noir sur le médecin. La rage lui ronge encore les entrailles, le besoin de tout évacuer qui se fait trop pressant. Elle n’a pas la force, ni l’envie de faire semblant d’être aimable, pas après ce qu’elle a encaissé ces derniers temps. Alors elle se contente de suivre, Lena, toujours près de Malo, et ça aurait pu continuer comme ça jusqu’à ce que quelques mots ne viennent entretenir le feu qui brûle en elle. Un environnement malsain. C’est comme ça qu’on décrit sa famille, du moins, c’est comme ça que le fait ce type qui ne connaît rien d’eux. « Vous vous foutez de notre gueule ? Ma sœur a tout ce dont elle a besoin chez nous, vous avez aucun droit d’nous juger ! » « Je n’ai jamais.. » « Fermez-la. Vous savez ce qui est malsain ? C’est d’empêcher une gamine de voir sa famille alors qu’elle a été enlevée, alors qu’elle en a été privé pendant bien trop longtemps. Alors vos remarques, vous pouvez vous les foutre au cul, pour c’que j’en ai à foutre. » Elle perçoit bien l’agacement du médecin mais ça lui est égal – personne n’a le droit d’insulter sa famille. « Je.. On arrive à la chambre de votre sœur. » Finalement, il est peut-être pas si con. En tout cas, il semble avoir compris qu’il arriverait à rien avec elle, pas tant qu’elle aura pas vu Mila. Et alors qu’elle pense enfin la revoir, les Ryjkov sont encore une fois stoppés, à quelques centimètres à peine de la chambre. Au ton de la voix du médecin, elle réalise qu’elle aimera probablement pas ce qu’elle va entendre. Heureusement, Malo intervient, lui laisse enfin l’occasion d’entrer et de voir Mila. Alors elle se faufile, le cœur battant trop vite, l’impatience qui la ronge.

Et enfin, elle voit Mila. Mila en vie, Mila devant elle.

Le monde tourne à nouveau et son cœur se remet à battre. Elle se remet à respirer, fin d’une apnée qui avait trop duré. Mila est là, tout va bien. Et la tornade se rue sur elle, l’enlace et la serre contre elle, s’assure qu’il ne s’agit pas d’un mirage, d’un rêve qui va s’évaporer une fois dans ses bras. « T’es là.» qu’elle souffle, alors qu’elle sent les larmes de sa cadette contre sa poitrine. Et peut-être aussi que les siennes s’y mêlent. Et elle entend au loin le médecin parler de blessure, de difficultés, sans forcément tout saisir. Ça réveille chez elle l’envie de violence, l’envie de voir le sang couler pour venger sa cadette.
Mais pas maintenant. Parce que Mila est là, contre elle, vivante. Et pour l’instant, ça suffit à apaiser ses démons, à apaiser la violence qui remplace le sang dans ses veines. « J’suis là, mais tu vas m’étouffer si tu continues à me serrer comme ça ! » qu’elle entend la gamine dire en riant. Son rire, son qui suffit à la faire sourire. Elle dépose un baiser sur son front, la relâche mais reste à ses côtés. Lena tourne la tête vers Malo qu’elle avait presque oublier, tend la main pour s’emparer de la sienne et la tirer vers elles. La brune s’écarte un peu, suffisamment pour laisser à Malo l’opportunité de retrouver Mila. Elle reste proche quand même, Lena, peur de tout voir s’envoler qui lui retourne l’estomac. Et alors qu’elle les observe quelques instants, elle sent son cœur se gonfler de bonheur. Elle a pas besoin de grand-chose pour aller bien ; elle a juste besoin des siens. Il y a ce sourire qui quitte plus ses lèvres depuis qu’elle a retrouvé Mila. Pourtant, elle sourit pas souvent, Lena. Elle préfère masquer ses émotions, arborer un masque froid. Mais là, elle peut pas faire autrement, pas quand la vie revient dans leur foyer. Enfin, elle serre la main de Mila, la regarde dans les yeux. « Maintenant que t’es là, je.. » Elle se coupe, regarde Malo avant de se retourner vers sa sœur. « On laissera plus rien t’arriver. Promis. »
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MessageSujet: Re: lightning before the thunder. (mana)   lightning before the thunder. (mana) EmptyMar 10 Juil - 2:50

Il ressent le bourdonnement dans les veines de Lena, le corps de sa sœur si près du sien qu’il pourrait se persuader d’entendre leurs cœurs battre à l’unisson dans l’impatience. Attente démesurée qui n’en finit plus, qui s’éternise d’autant plus que les secondes et la distance sont censées s’amoindrir. Il y a un poids qui s’affaisse un peu plus dans sa cage thoracique à chacun de ses pas, comme un rappel des ténèbres qui ont trouvé sa cadette. Elle est vivante, saine et sauve, qu’une voix nasillarde lui a dit au téléphone. Ils sont en chemin pour la rejoindre, pour remettre son visage dans l’inconsistance de leurs existences ; pourtant quelque part, il sait, que c’est trop tard. Elle ne s’en remettra pas, pas tout de suite, avec du temps, mais les fêlures resteront gravées là près de son myocarde. Là où les charognards sont venus grignoter son espoir, ont cherché à éteindre sa lumière. Il sait, Malo, qu’il ne doit pas sous-estimer sa petite sœur – il l’a élevée comme sa propre enfant, il l’a vue s’épanouir et vieillir, dans ses gloires et ses échecs, avec ses forces et ses faiblesses. Il connait tout d’elle, mais ça ne suffit pas. Pour éteindre les murmures dans son crâne, pour étouffer les souvenirs qui se battent en duel qui lui rappellent ce qui arrive à chacun d’entre eux quand ils se prennent un violent revers de la vie ; Lena à l’hôpital la cicatrice sur son ventre, Lula à la morgue les paupières closes le corps froid. Ils survivent, mais il y a quelque chose qui se fracasse un peu plus au fond d’eux. La dernière de la famille n’y réchappera pas. Quand le médecin sous-entend que leur environnement familial est malsain, sa conscience vrille mais il se retient de lui fracasser le visage contre le mur. Ses poings ont retrouvé le fond de ses poches, pour masquer les jointures blanches qui quémandent le sang. La pénombre du couloir dissimule son regard noir, vrillé devant lui sur un point invisible à défaut de pouvoir dépouiller l’homme de sa décence. L’âme blessée par la déflagration de la remarque, son orgueil aussi. La haine d’être remis en question de manière aussi désinvolte parce qu’ils n’ont pas le bon accent, pas le bon quartier dans les veines, pas les bonnes fréquentations au fond du regard. La haine viscérale d’être considéré comme malsain dans l’éducation des mômes, alors qu’ils ont mieux fait qu’aucun de leur parent ne le fera jamais, alors qu’il a cessé de vivre pour que les siens survivent. Ses tripes se tordent en même temps que les entrailles de Lena se déchirent pour déverser sa rage –  chaleur qui se diffuse autour d’eux et aspire le moindre chuchotement. Les envolés slaves se percutent contre les murs en emportant la condescendance du médecin dans le flot de ses mots assassins, tandis que le silence s’installe dans les chambres à leur passage. Ils n’savent rien d’nous. De Malo qui a dû prendre les décisions les plus dures au détriment de l’amour de sa famille, de Lena qui s’est rangée pour être la stabilité de ses petits frères et sœur ; des mômes qui ont toujours eu des céréales au petit-déjeuner, quelqu’un pour s’assurer qu’ils allaient bien à l’école, de l’aide pour les devoirs tant bien que mal, des barbecues à l’arrache dans la zone, des amis pour ne jamais être seuls dans l’ombre des immeubles, des séances cinéma avec popcorn ou des tours de grande roue grâce aux économies. Mila, comme les autres, a été éduquée à la vie, la vraie, celle qui fait mordre la poussière mais qui apprend à danser sur l’asphalte brûlant – et pour l’aîné de la famille, rien ne sera jamais plus malsain que le mépris des ignorants. Malo n’a que de la misère à revendre pour ses personnes bercées trop loin de la réalité des blocs où le rire des mômes raisonne sur le béton tâché de sang. Que du dégoût au fond de ses prunelles trop sombres, dévisageant le médecin qui leur fait barrage au point culminant de leur attente. Trois putain d’jours d’trop. Ses mains qu’il libère de sa veste, alors qu’il impose sa présence pour ouvrir la porte afin de permettre à sa sœur de passer. Toujours à l’avant pour ouvrir la voie, Malo, mais prompt à s’écarter au moment opportun pour attendre son heure. Des poings qui retrouvent le fond de ses poches quand la violence s’accroche à l’identité de sa petite sœur dans une même phrase ; quand il comprend sans vouloir l’assimiler, que des raclures de l’humanité ont levé la main sur leur cadette en toute impunité. Le regard vrillé dans celui du praticien, aucun mot ne franchit le barrage de ses lèvres mais dans sa tête c’est le carnage. Des pulsions de violence qu’il ne peut assouvir, un besoin de vengeance qu’il se doit de maintenir. Il pourrait lui arracher la peau avec les dents à cet homme aux paroles débordantes de dédain, mais il n’est pas celui qui a frappé la jeune Ryjkov, pas celui qui l’a retenue captive des semaines dans une putain de cave sous les yeux de la ville entière. Les démons saccagent la conscience mais sa sœur est à quelques pas de lui et c’est tout ce qui compte en cet instant ; son regard qui lâche l’homme mortifié dans la confrontation silencieuse pour trouver le seul phare qui ne s’éteindra jamais dans leur fratrie écorchée. Les cheveux bruns emmêlés, les femmes de sa vie dans les bras l’une de l’autre, et c’est l’apnée de ses dernières semaines qui prend fin. Ses poumons trouvent un nouveau souffle à mesure qu’il s’approche d’elles, comme un homme retrouvant sa foi. Il attend presque religieusement à leurs côtés, leur laisse ces retrouvailles tant attendues sans avoir le cœur à les interrompre. Jusqu’à ce que le rire de Mila raisonne dans la pièce dans la bourrasque d’une nouvelle ère, et que la main de Lena vienne trouver la sienne pour l’attirer vers elles. Il a seulement le temps d’écarter les bras que déjà il les referme contre le corps fragile venu se fracasser contre son torse – faisant barrière de son corps, barrière de son âme, barrière de tout ce qu’il peut être contre le reste du monde. Il laisse les sanglots se perdre en silence contre le tissu de son t-shirt, berçant doucement l’une des personnes les plus précieuses de son existence. Les secondes se dilatent avant de reprendre leur bourdonnement dans un temps qui ne peut pas se permettre de s’estomper pour eux, et l’étreinte se relâche assez pour que le visage de Mila réapparaisse avec sa chaleur sur les lèvres. « Maintenant que t’es là, je.. » Son regard s’accroche à celui de Lena, l’accord tacite des aînés qui se permettent d’avancer à nouveau. « On laissera plus rien t’arriver. Promis.  » Malo effleure les joues de Mila pour effacer les dernières traces salées et la serre à nouveau contre lui en déposant un baiser sur le sommet de son crâne, puis il balance leurs corps vers Lena pour l’attraper par la taille et lui faire une place entre ses bras aux côtés de sa sœur. Alors la gravité abandonne les traits usés de leur aîné pour que ses lèvres s’étirent sincèrement, et Malo sourit au-dessus de la tête de ses sœurs comme il ne l’avait plus fait depuis longtemps. Une certitude inébranlable comme un baume sur son myocarde lacéré jamais cicatrisé : il n’échangerait sa place pour rien au monde. Ils n’savent rien d’nous. S’ils doivent chuter, Mila sera la dernière. Ils sont cinq remparts à tomber avant de pouvoir l’atteindre – et Lena sera la plus difficile à abattre.

- rp terminé -
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