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 temps mort

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Seven Popescu

Seven Popescu
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MessageSujet: temps mort   temps mort EmptyLun 16 Avr - 17:44

Quand il a vu les voitures de flics en bas de son immeuble, il savait. Il aurait dû faire demi-tour, pourtant il s'est contenté de rabattre sa capuche sur sa tête et de monter. Sa porte ouverte, les agents en train de ramasser les sachets.

Tout ce qu'il arrive à s'dire, c'est qu'il a bien fait d'en vider la moitié dans les chiottes.

Il a voulu courir, ils l'ont rattrapé. Et maintenant il est là, le cul vissé sur une chaise, son regard qui fixe le vide plutôt que le type qui essaie de l'interroger. Il reste muet mais sa colère suinte par tous ses pores – l'os de sa mâchoire qui se contracte à intervalles réguliers, ses poings qui se serrent à l'extrême contre ses cuisses, sa jambe qui vibre dans un rythme frénétique. Il crève d'envie de lui sauter à la gorge, pourtant il ne fait rien. Prunelles braquées sur le carrelage délavé, lèvres pincées pour se retenir de hurler.

« Oh, Popescu. J'te cause. » La paume frappe son bras fermement, comme pour susciter une réaction, le sortir de son silence. Il se tend, son regard assassin qui croise enfin celui du policier. Il a la voix basse, quand il crache : « J'ai rien à déclarer. »




Décroche putain, décroche. « Noa ? C'est Seven. » Il a jamais été aussi soulagé d'entendre le son de sa voix. « Ta gueule, écoute. J'crois que j'suis dans la merde, j'suis chez les flics. J'ai besoin– » De toi. Il ne le dira pas. « Faut qu'tu viennes, j't'expliquerai. » Il ne le fera pas. Il se contentera de lui demander du fric, une main tendue pour le sortir de ce mauvais pas. Il exigera, comme il le fait toujours. Et elle cédera, comme chaque fois. « S'te plaît. » Sa voix se brise, et son armure avec elle.




J'regarde mes mains. Ça fait longtemps que j'les ai pas vues comme ça. Blanches. Y a pas de violet douloureux, pas de rouge incrusté sous les ongles. Le seul bleu qu'on voit c'est celui de mes veines. Les jointures ont enfin eu le temps de cicatriser, et tout ce que j'ai envie de faire, c'est rouvrir les plaies. Cogner jusqu'à m'en briser toutes les phalanges et qu'on puisse plus les réparer.

Je sens leurs yeux braqués sur moi, j'entends leurs voix comme un bruit de fond, grésillement désagréable qui nique toutes les fréquences. J'entends mais j'écoute pas.

Ils sont là, à m'juger, à m'examiner, à décider de mon sort comme si j'étais pas assis juste en face d'eux. Bande de connards. Le juge, les avocats, les enfoirés de secouristes qui ont signalé le stock de came qu'ils ont aperçu chez moi. Ils auraient mieux fait d'sauver Anca. Son visage blême est resté incrusté sous mes paupières et ça m'fout la nausée putain, j'voudrais me lever et aller gerber sur le pupitre qui nous surplombe. Pourtant j'reste là.

J'regarde mes mains.

J'veux pas les voir eux, j'veux pas leur parler, j'veux pas respirer le même air. J'veux rien leur donner – pas alors qu'ils tergiversent sur la taille du nœud qu'ils feront à la corde qui me sera passée autour du cou. Qu'ils aillent tous se faire enculer.

J'sais que Noa est là, assise quelque part derrière moi. C'est la seule que j'ai appelé. J'arrive pas à dire si sa présence m'énerve ou me rassure. P't'être un peu des deux.

J'ai la tête dans un étau et j'voudrais être partout sauf ici parce que j'arrive plus à respirer, j'étouffe et j'crois que ça va faire qu'empirer. Alors j'regarde mes mains et j'ai l'impression que c'est pas les miennes, j'ai envie de les arracher et j'crois que ça serait mieux pour tout le monde. De toute façon elles servent qu'à détruire, alors si elles restent immaculées ça sert à rien d'les garder.

« Monsieur Popescu ? » Je réagis pas. J'ai pas envie d'être là, putain. J'ai pas envie qu'ils continuent à me regarder et à parler de moi comme si j'étais un cas d'étude.

Y a un moment de flottement, un bruissement de papier. « Lucian Junior ? » J'lève la tête si vite que je vois flou pendant une seconde. Ou peut-être que c'est juste à cause de la rage, je sais pas. « Seven. » Ça siffle comme une balle mais y a pas de détonation. J'aimerais, pourtant. J'aimerais gueuler et tout faire cramer. J'crois que ça se voit – le juge arque un sourcil. Mon avocate me regarde en coin et je fais mine de l'ignorer. J'l'aime pas. Si elle est là, c'est juste parce qu'elle est meilleure que les losers commis d'office et que j'veux pas aller en taule. Heureusement que j'ai Noa pour payer.

« Que plaidez-vous ? » Je serre les dents. C'est plus à la came, que je pense. C'est à Anca. « Coupable. »





« Et on devra se voir une fois par– » « Mois, je sais. » Il lève les yeux au ciel, son pied qui bat le sol nerveusement. « J'étais là au tribunal, pas la peine de tout m'répéter. » Six mois de probation. Cent heures de travail d'intérêt général. Un rendez-vous par mois pour faire le point sur sa situation – ça se rapproche plus de l'interrogatoire forcé selon lui. Deux tests d'urine dont il sera pas averti à l'avance, pour vérifier qu'il n'a pas consommé de drogues.

Il sait. Ça se répète en boucle dans sa tête depuis que la sentence a été prononcée.

Et il sait qu'il s'en sort bien, que c'est rien, que ça aurait pu être pire. Pourtant, quand il baisse les yeux sur sa cheville, il a envie de tout fracasser. Le bracelet électronique prend trop de place, il a l'impression qu'on n'voit plus que ça.

« C'est bon là ? » Il perd patience, récolte les soupirs lassés de celle désignée pour le superviser. « N'oubliez pas les horaires auxquels vous devrez être chez vous. » Ses yeux flambent mais il ne répond pas. Tout ce qu'il veut c'est sortir d'ici et qu'on l'oublie, mais il sait que ça n'arrivera pas – pas alors qu'il sera surveillé comme un clébard qu'on tente de dresser. « Vous pouvez y aller. » Il se lève d'un bond, sans un mot de plus, sans un regard. La porte claque derrière lui et il se précipite à l'extérieur, mais il continue d'étouffer. Même l'air frais lui brûle la gorge et lui noue les tripes. Sa cage n'a pas de barreaux mais il commence à s'demander si c'est pas pire – elle est sur lui, partout, tout le temps. Il se sent comme un animal pris au piège, et peut-être que c'est pas seulement à cause du bracelet électronique.

Y a pas d'issue, quand on devient sa propre prison.
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