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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 722 ▹ points : 14 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava by lempika. ; sign by afanen ; icons by old money & kaotika ▹ avatar : hill ▹ signe particulier : des trop grandes jambes, la dégaine de gitane ou les costumes des p'tits boulots pour seuls habits (son sexappeal > wip). elle se déplace sur une mobylette rouge brinquebanlante aka "moby". elle tombe toujours en panne quand il faut pas.
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| Sujet: libre et déchue Jeu 12 Avr - 23:24 | |
| Marionnette qui baigne dans le froid. Le souvenir du béton humide à travers le sang séché, de la cage de métal imprimée sur mes doigts griffés. Le corps encore engourdi par les privations et les manques, les sens en sommeil pour ne plus capter les chocs sensoriels... et le reste du monde étouffé, mis en sourdine comme ma conscience, un p’tit tour orchestré par l’inconscient sûrement. Technique temporaire -mauvais échauffement- en prévision d’un réveil plus brutal. La mécanique reste souple quand la flicaille débarque, mitraille presque et libère tout autant. On se laisse faire, on se laisse manipuler encore une fois. Destins dépendants des autres finalement. On s’est résignés à un moment donné. Peut-être même moi la première. Abattue en même temps que Caleb. Aussi émiettée que son cerveau éparpillé. Y a ces images qui restent, gravées dans les rétines, qui envahissent mes contes de grande enfant et bercent mes nuits sans rêves. La flaque de sang qui devient mer. Elle s’étale jusqu’à mes genoux, et ça devient des vagues prêtes à m’engloutir dans mon imaginaire. Aucun rocher assez solide pour radeau. Ça se pourfend à chaque prise, c’est trop mou, trop visqueux, irrémédiablement sans vie, sans espoir. Et y a l’étau rouge et blanc de ce monde sans vent et sans relief qui se resserre, oppresse mes poumons comme les rondes des gardiens aliénés, comme les mains des premiers secours. Tout met du temps à revenir. Les pupilles qui détectent petit à petit plus que des formes en mouvement autour de moi. Les sons qui se percutent soudain comme des cymbales entre mes oreilles, provoquent un sursaut, puis deux. La sueur froide qui glisse sur ma peau malgré le brouillard étourdissant. Les odeurs aseptisées qui piquent et fâchent, nez qui se froisse, j’suis pas encore sûre de pouvoir respirer comme avant, ni d’en avoir le droit. Le froid le froid le froid. Le blanc le blanc le blanc. La panique qui serpente doucement, se réveille minutieusement entre mes os. Le blanc le blanc le blanc. Le froid le froid le froid. Les ombres sombres sombres sombres. Le rouge collé à ma peau bleuté. Quelqu’un qui veut toucher. Recul. Vous êtes blessée, laissez-moi regarder, ça va aller. Recul plus vif. J’me suis levée en même temps. Plateau renversée, lit escaladé à reculons, j’bascule en arrière. Ça revient trop vite, trop vif. J’reconnais rien. J’reconnais personne. Où est-ce que je suis ? Qui ils sont ? Encore les vilains humains de la réalité ? Non non non non non non non non. Recule recule recule recule recule. Reste en apnée. Respire pas respire pas Ninel. Pas ici ou le mal va s’infiltrer. Me touchez pas., que je grognerais si j’pouvais. J’recule encore, heurte le mur, la fenêtre. Faut fuir fuir fuir fuir. Récupérer mon air, mon vent, mes nuages, mes étoiles, ma galaxie, même rien qu’un peu, même désorientée. Retrouver ma liberté, même blessée. J’veux sentir l’air de dehors, pur et sans ferraille. J’veux sentir le sable et la terre entre mes doigts. J’veux être sûre de la couleur de la mer. J’veux sentir le soleil sur mes joues. J’veux sentir le tissu de soie s’enrouler à moi comme une nouvelle peau. J’veux voler à nouveau. Mais tout ce que je vois c’est ce que eux voient. L’affolement de la petite bête, à moitié perdue, à moitié amochée. État presque sauvage des instincts écorchés. J’recule encore, puis reviens vers eux pour tenter une percée vers la porte. Mais mes propres jambes ne suivent pas. Traitresses. J’me replis. Bouscule un bloc de tiroir, renverse tout pour les empêcher de venir, de m’salir, d’me ternir, d’m’emprisonner, d’me stopper encore et encore. M’approchez pas, m’approchez pas. J’les connais pas. J’reconnais pas. Et la seule option qui m’reste pour y échapper, c’est ce vertige. La chute que je choisis. La fenêtre que j’ouvre. Sans sécurité. J’en ai plus depuis qu’ils m’ont attrapée.
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halina 4ver, je ne t'oublierai jamais ▹ posts envoyés : 2387 ▹ points : 29 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (avatar) & tumblr (profil) & bonnie/skate vibes (icones) ▹ avatar : sid ellisdon ▹ signe particulier : les mains toujours écorchées, l'air sombre, il zone et ne donne pas envie d'être approché.
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| Sujet: Re: libre et déchue Ven 13 Avr - 15:56 | |
| Son cœur qui rate un battement tandis qu'il monte le son de sa radio pour mieux entendre les nouvelles. Clope au bec, il arrête de respirer, la cendre qui se consume dans le vide et qui s'envole par la fenêtre ouverte. Les yeux qui fixent le vide, les oreilles concentrées sur la voix de la journaliste. Ils les ont trouvé. Dans la nuit, juste avant l'aube. Tous dispatchés à l'hôpital. Et d'un coup, tout se remet en mouvement. Dans sa cage thoracique ça tambourine violemment, il démarre la voiture en trombe et quitte sa place sans vérifier que la voie est libre. Il s'en fout, les secondes défilent trop vite, il tente de remonter le temps en fonçant à travers la ville ; imprudent. Une chance que la circulation soit encore assez tranquille à cette heure matinale. Il prend les virages comme un fou, on n'entend plus que lui. Mais lui n'entend que son palpitant qui tremble dans sa poitrine. Ça raisonne, bruit assourdissant, la migraine qui le guette presque. Il voudrait pouvoir accélérer encore plus, s'envoler, se téléporter. Il ne prend pas le temps de prévenir Halina, Pia ou même Zyki. Il n'a pas le temps pour ça. Enfin l'hôpital se dessine au bout de la rue et il accélère encore plus, les mains accrochées si fort au volant qu'elles blanchissent. Il pile dès qu'il voit une place et se gare n'importe comment, la roue arrière qui remonte sur le trottoir. Et autour de lui, y a déjà des gens qui se pressent en courant vers les portes de l'hôpital. Les véhicules qui s'entassent et quand il pénètre dans le hall, c'est le chaos. Professionnels et proches se mélangent dans un bordel indescriptible, au point de ne plus réussir à les différencier. Et il se fait emporter par la masse, marée humaine qui lui fait perdre ses repères. Ses yeux qui cherchent frénétiquement autour de lui, qui tentent de scanner tous les visages qui passent dans l'espoir de reconnaître le sien. Mais rien. Il tente une percée vers l'accueil mais c'est la folie furieuse. Tous les téléphones qui sonnent, les familles et amis paniqués qui hurlent les noms de leurs proches comme des vendeurs de poissons sur le marché. Le personnel débordé qui court de tous les côtés, qui gesticule, qui se fait submerger par les papiers, les questions, les arrivées incessantes des secours. Il passe ses mains dans ses cheveux et pivote sur lui-même. La tension est palpable et s'infiltre dans ses veines, dans ses muscles. Il n'arrive plus à réfléchir, les mots des autres qui occupent toute la place dans sa tête et l'empêche de se concentrer. Il serre les dents, s'immobilise et ferme les yeux. Il inspire. Il expire. Il connait l'exercice. Faire le vide. S'isoler dans sa bulle pour ne plus rien entendre. Faire descendre son rythme cardiaque, stopper les tremblements inutiles. Il ferme ses poings, cherche la sensation de ses couteaux dans ses paumes, le métal froid qui apaise. Les lumières du cirque. Le sol meuble sous ses pieds. L'assemblée qui retient son souffle. Ses muscles se détendent un à un et quand il rouvre enfin les yeux, il n'entend plus le monde qui l'entoure. Concentré sur son but, sa cible. Et il s'élance, prêt à retourner tout l'hôpital pour la retrouver. Parce qu'elle est forcément là. Forcément en vie. Il est convaincu qu'il l'aurait senti si elle avait été tuée. Que Hali l'aurait senti. Et Zyki. Et tout le monde. Y a pas d'autre option, il refuse. Cette tragédie ne peut pas se jouer. Il se met alors à ouvrir toutes les portes sans retenue, à hurler son prénom en attendant une réponse. Mais il enchaine les échecs et au fur et à mesure qu'il dévalise les étages, son espoir s'amenuise et sa peur grandit. Ses palpitations qui deviennent des tirs de fusil, il se fait mitrailler par la crainte de l'avoir déjà perdue. Et il repense à leur dernière entrevue. Aux derniers mots qu'il lui a dit. Et ça ne peut pas se finir sur ça. Il n'a pas eu le temps de lui dire qu'il l'aime démesurément, qu'elle est comme une petite sœur, qu'elle est sa famille. Lui dire qu'il est désolé de ne pas avoir su veiller sur elle comme il l'avait promis. Désolé de ne pas l'avoir retrouvé le premier. Désolé de l'avoir laissée tomber. Désolé de ne pas avoir été à la hauteur. Désolé de trop de choses finalement. Sa gorge se noue, il continue son exploration. Il n'arrêtera pas tant qu'il ne saura pas ce qu'elle est devenue. Le souffle court à force de courir et de s'agiter, mais il ne s'écoute pas, continue de tirer sur ses réserves. Tant qu'il est vivant, il peut continuer. Et d'un coup, la quête s'achève. Il ouvre une énième porte, ouvre la bouche pour crier son prénom mais aucun son ne sort. Il la reconnait, de dos, fenêtre ouverte, comme si elle voulait s'enfuir, sauter, s'envoler. Mais elle va s'écraser. Il hurle. — NINEL ! Sa gorge qui brûle et il fonce. Il pousse sans ménagement le personnel qui gêne sa trajectoire, il bondit au-dessus du bordel qui jonche le sol et en trois enjambées à peine il est à sa hauteur. Ses bras puissants qui l'entourent, qui l'attrapent. Il la soulève et l'éloigne de la fenêtre en reculant précipitamment. Son dos qui heurte le mur et il se laisse glisser au sol, tenant la maigre silhouette contre lui, refusant de la lâcher, comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse à nouveau. — Ninel... Qu'il répète tout bas cette fois. Il desserre finalement son emprise mais seulement pour la faire se retourner, ses mains qu'il pose sur son visage de gamine toute cassée. Et dans son regard à lui est gravé l'inquiétude terrible qui l'a rongé ces dernières semaines. Le soulagement et une douleur vive qui se mélangent dans ses yeux clairs. Les lèvres qui tremblent légèrement sous le coup de l'émotion. Il n'est pas encore prêt à observer tous les détails, à voir à quel point ils l'ont brisée. Alors il vient la serrer contre lui, une main dans son dos et l'autre à l'arrière de son crâne, ses doigts qui s'emmêlent dans ses longs cheveux. Il ferme les yeux, sa joue qu'il pose contre elle. — Je suis là, je suis là calme toi. Le cœur au bord des lèvres, il en chialerait presque. Le souffle tremblant, la culpabilité qui le ronge. — Pardon. De t'avoir repoussé, de t'avoir laissé disparaitre, de ne pas t'avoir sauvé. |
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| Sujet: Re: libre et déchue Dim 15 Avr - 20:34 | |
| L’impression d’être encore en cage, encore enfermée, ça bourdonne dans mes oreilles, vrille le peu de force ou d’équilibre que j’devrais encore avoir. J’arrive même pas à m’enfuir par le bon côté. Pourquoi ils veulent pas me laisser sortir ? Pourquoi ils veulent me garder cloîtrée ici ? J’veux m’en aller, j’veux sortir d’ici, plus jamais être emprisonnée. J’ai besoin d’air, la sensation d’étouffer sous mon propre poids et toute leur… volonté à tous ces étrangers. Encore des gens qui me disent quoi faire. Non non non non. Ma gorge s’enflamme, mes poumons sifflent, pupilles en alerte comme si c’était la seule chose qui fonctionnait encore en moi. Cette fois j’réussirais à fuir. La fenêtre quoi qu’il en coût. L’oxygène en guise de liberté. Cette fois, j’m’éva- Mouvement coupé. J’me fige, le rebord de mon ravin personnel à moitié escaladé. Pétrifiée par les images que mon cerveau associent au mot “évasion”. Bagarre pour survivre. Une balle pour périr. Ça sert à rien. C’est fini. NINEL ! Flèche dans l’dos qui m’fait sursauter. Comme si je n’avais pas été appelée depuis des siècles, comme si ce n’était plus moi, que ce n’était plus mon prénom. J’l’ai peut-être encore rêvé. Je l’ai souvent imaginé là-bas. Les silhouettes affolées mais braves des Kida qui défoncent tout pour me ramener au cirque. La colère froide de Jax qui détruit tout sur son passage. Et leurs voix rassurantes qui se jètent sur moi pour me couvrir, me sauver. Ça aurait été bien si c’était vrai, si je n’hallucinais pas encore une fois quand la terreur refait surface. Mais la frayeur tambourine déjà au galop en sentant de nouvelles entraves. NOOOOOOON !! C’est la seule force restante qui s’extirpe de ma cage d’os. Hurler à la mort avant de reconnaître le murmure qui éteint ma peur quelques secondes. Ninel…
L’intonation, puis le visage que je reconnais… Je peux y croire ? Je peux y croire pas vrai ? Dans le vide usé d’mes yeux, j’sens grimper tout le soulagement, toute l’émotion de retrouver un bout de ma famille, un bout de moi. J’suis bien là. Quelque part, peu importe où, mais j’suis là, grâce à lui. Et y a ces secousses qui déboulent, ma terre qui a tremblée, tremble encore. J’lâche tout, plus fort encore. Parce que j’suis enfin dans mon monde. J’suis au plus près du noyau qui fait toujours tout déborder jusqu’à la surface... parce que lui retient tout pour les autres. J-Jax... La peau, le sang, les os, tout. Tout frémit, tout cède contre lui, tout s’réfugie contre sa cage thoracique, écrin sécure où les larmes tombent en cascade. Je suis là, je suis là calme toi. Mais il les récupèrera, même à la main. Il gardera tout. Jax. J’me cache dans ses bras, voudrais disparaître loin de la réalité avec ma main dans celle de mon grand-frère. Et j’me cramponne en pleurant comme un bébé. J’suis que ça de toute façon, il l’a toujours dit. Pardon. Toute la tension qui m’faisait tenir depuis que les flics nous ont fait sortir… J’abandonne, laisse les larmes glisser. Tu m’as trouvée tu m’as trouvée... La tête enfouie, les doigts qui essayent de serrer encore plus son t-shirt pour pas le perdre à nouveau. C’est un merci désespéré, noyé, fatigué, qui se raccroche comme il peut. Mes mes mamans… Zyki… Hali… j’les veux, j’veux rentrer... Mais j’me sens à nouveau faible. Plus que jamais même. À la fois vidée et pleine de plomb. Comme si je n’allais plus jamais voler et ça m’terrifie. Me laisse pas ici. Ma voix qui craque, se fendille un peu plus en réclamant son aide. Mais il faut que les autres insistent, s’approchent. Soi-disant qu’ils ne peuvent pas me laisser partir avant de m’avoir examinée complètement. Mais j’veux pas que Jax voit le sang séché en deuxième peau. J’veux pas qu’il voit les traces de marqueur dessinant tout ce qu’ils ont failli me prendre. J’veux pas que des étrangers me touchent. Alors je me resserre contre lui. Même quand ils disent que c’est pour mon bien, qu’il faut que je boive et que je mange, qu’il faut qu’ils soignent toutes les plaies extérieures. Mais j’ai même pas faim, j’ai même pas soif. Et mes blessures externes sont minimes comparées à la façon dont le sang de Caleb, le souvenir de sa vie qui s’échappe sont incrustés en moi. Mais Caleb, c’était juste le premier. Et puis soi-disant que la police va vouloir me parler. Mais tout ce que je vois, c’est que ça m’éloigne de mon chez-moi encore une fois. Que j’effleure du doigt ma zone de sécurité. Mirage à l’horizon. Mon esprit cède sous le poids de ce qui me manque le plus. Mes yeux se ferment aussi dessus. Dernières larmes avant que ma conscience s’évade. Parce que malgré tout : Jax est là.
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halina 4ver, je ne t'oublierai jamais ▹ posts envoyés : 2387 ▹ points : 29 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (avatar) & tumblr (profil) & bonnie/skate vibes (icones) ▹ avatar : sid ellisdon ▹ signe particulier : les mains toujours écorchées, l'air sombre, il zone et ne donne pas envie d'être approché.
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| Sujet: Re: libre et déchue Mer 18 Avr - 11:45 | |
| Le hurlement de Ninel qui lui vrille les oreilles, mais ce n'est rien en comparaison des dégâts qu'il fait dans sa poitrine. Ce cri, déchirant, comme celui d'une bête apeurée qui aurait la mort aux trousses. Et il n'ose même pas imaginer ce qu'elle a pu endurer pour en arriver à un tel extrême. Il ne veut pas imaginer, il ne faut pas qu'il imagine. Parce que ça l'ébranlerait trop et qu'elle a besoin de lui à cet instant. Besoin d'un pilier, d'un roc auquel se raccrocher. Besoin d'une force tranquille, qu'elle connait par cœur, qu'elle sait sans danger pour elle. Et comme pour contrebalancer son cri, il murmure à son oreille. Et ça fonctionne. L'enfant sauvage qui se calme, qui semble remettre un pied dans la réalité. — J-Jax... Il hoche la tête de bas en haut, comme pour l'aider à son convaincre que tout ça est bien réel. Que c'est bien lui. Qu'il est bien là. Qu'elle ne craint plus rien maintenant. Il n'en faut pas plus pour qu'elle plonge contre lui, à bout de forces. Sa tête qui se pose contre son torse et déjà les larmes forment une cascade sur ses joues amaigries, pour venir mouiller son t-shirt. Et il ferme les yeux, ferme ses bras autour d'elle, l'emprisonne dans une bulle loin du danger. Il est là. Il aurait aimé l'être toujours. Il aurait aimé être enlevé à sa place. Il aurait aimé tellement de choses, mais rien ne s'est passé comme il l'aurait voulu. Et ça le tue, parce qu'il ne supporte pas de devoir faire face à sa propre impuissance. Il tente de la rassurer, de la bercer avec ses mots réconfortants. Comme si quoi que ce soit pouvait encore la réconforter après tout ça. Et il a peur de ne jamais la récupérer vraiment. Qu'une partie d'elle, démolie, soit restée là-bas. Qu'elle ne sourira plus jamais. Qu'elle ne sera plus jamais heureuse. Elle a perdu son insouciance, c'est une certitude. Et pourtant c'est qui lui semblait être le plus précieux chez elle. Sans ça, Ninel ne sera plus jamais vraiment Ninel. Et ça lui broie le cœur. — Jax. Qu'elle répète, soulagée, comprenant que le calvaire prend fin dès maintenant. Et il souffle dans ses cheveux, le cœur qui déborde. Mais il n'en montre rien. Il reste calme, sous contrôle. Elle a besoin de fondations solides pour se reposer dessus. Il ne peut pas vaciller maintenant. Et il s'excuse. Pour tout. Même s'il sait que Ninel ne lui en veut pour rien. Parce que c'est Ninel. Parqu'elle a le cœur trop grand mais trop rempli d'amour pour laisser de la place pour la rancune. Pourtant, ça ne suffit pas à le calmer. A le rassurer. Parce qu'il s'en veut pour deux. Parce qu'il se déteste pour deux. Et elle, elle continue de l'aimer, même à travers la tempête, même sur le point de se noyer. — Tu m’as trouvée tu m’as trouvée... Il ferme les yeux, les serrent très fort pour ne plus écouter son muscle qui pulse trop vite et qui agonise à la simple idée que des barbares aient pu oser casser un être aussi pur qu'elle. Et encore une fois, il repense à leur dernière entrevue. Et il se dit que ça aurait pu être la dernière. Qu'ils auraient pu se quitter sur ça, définitivement. Et il ne supporte pas cette idée. Alors il tente de rattraper le mal qu'il a fait, même si c'est trop tard, même si ce n'est plus le moment. Tant pis. Il murmure tout bas, pour que personne d'autre n'entende à part elle et lui. — J't'aime. Et il voudrait tellement que ça suffise à la soigner, à la réparer. Il voudrait que ça lui permette de remonter le temps et d'éviter tout ça. Peut-être que s'ils ne s'étaient pas engueulés comme ça, elle n'aurait pas été seule au moment où elle s'est faite attraper. Il se fait du mal, s'accable, s'accuse. Ne peut pas s'empêcher de se sentir responsable de tous ses maux. Il sent ses doigts qui s'accrochent un peu plus fort à son t-shirt alors il serre encore, pour lui montrer qu'il ne la lâche pas. Qu'il ne la lâche plus. La main dans son dos qui commence à faire quelques mouvements légers, caresses tendres pour calmer sa respiration tremblante et son cœur haletant. — Mes mes mamans… Zyki… Hali… j’les veux, j’veux rentrer... Il hoche la tête de bas en haut. — Je sais. J'vais te ramener, c'est juré. Et tant pis si le corps médical refuse. Il trouvera une solution. Il va trouver. Il trouve toujours. — Me laisse pas ici. Sa voix qui faiblit, qui frémit et il a l'impression de la sentir se fendiller entre ses bras. Il secoue la tête de gauche à droite cette fois-ci, continue de parler tout bas. — J'te laisse pas Ninel. J'te laisse plus. Et c'est une promesse qu'il lui fait. De celles qu'on ne peut pas ne pas tenir. Celles qui sont sacrées, celles qu'on fait dans les moments terribles et qui ont de la valeur. Celles qu'on fait avec le cœur. Un serment à vie. Une mission. Jax le bon soldat qui préfère aller mourir à la guerre que d'abandonner. Mais ils se font interrompre. Les infirmières et le médecin qui parlent, qui parlent trop. Il entend, mais ça ne lui plait pas. Au cirque, ils savent s'occuper les uns des autres. Ils savent se soigner, ils ont toujours fait ainsi. Sans les hôpitaux, sans les sédentaires. De toute façon, Ninel ce n'est pas de pansements ou de désinfectant dont elle a besoin. C'est d'eux. C'est leur chaleur, c'est leur amour qui viendront guérir ses plaies. Ça prendra le temps que ça prendra. Mais ils y arriveront. Jax y croit, il s'y raccroche comme un désespéré. Il finit par relever la tête vers eux, il est froid, il est dur. Déterminé. Il ne leur laisse pas le choix. — D'accord mais laissez-nous juste quelques minutes. Je vais la calmer, y a trop de monde là, elle a peur. Ils se regardent, soufflent, n'aiment pas cette idée. Mais ils comprennent le traumatisme, ils comprennent qu'elle peut avoir besoin de temps. Le médecin finit par ordonne à tout le monde de sortir. — Vous avez cinq minutes. Il hoche la tête, attend que la porte soit refermée et le silence revenu pour se mettre en mouvement. — T'en fais pas, on reste pas ici, j'te ramène. Il la relâche doucement, pour ne pas la brusquer. Il se relève et l'aide à faire de même. Il retire sa veste sombre et l'aide à l'enfiler, rabat la capuche sur sa tête. Puis il s'active, attrape son pantalon et ses chaussures et les lui apporte. — Enfile ça vite. Sa voix est calme. Ferme mais douce. Il n'ose pas lui demander de retirer sa blouse d'hôpital pour remettre son haut, il a peur de la mettre mal à l'aise. Alors ils feront avec. Il bourre la blouse sous sa veste qui est trois fois trop grande pour elle, afin que rien n'en dépasse. — Ok, on y va. Ça va aller. Il attrape sa main et l'entraine dans son sillage, jusqu'à la porte qu'il ouvre prudemment. Il jette un coup d’œil à gauche, puis à droite. Le médecin n'est pas dans les parages, les infirmières sont occupées ailleurs. Il inspire un grand coup et la fait sortir de la chambre doucement, il relâche sa main pour venir entourer ses épaules de son bras. Pour la blottir contre lui, pour l'aider à tenir debout parce qu'il devine sa fatigue et ses difficultés à se mouvoir. Il scanne le couloir sans s'arrêter, prêt à réagir au cas où ils tomberaient sur quelqu'un qui la reconnait. Et d'un coup, le médecin surgit d'une chambre, à quelques mètres d'eux. Il ne les voit pas, le nez dans ses papiers. Jax bifurque, ouvre la première porte qu'il trouve et les fait rentrer dedans avant de refermer à la hâte. — Putain. Qu'il grogne. Mais son attention est vite rattrapée par Ninel qu'il sent faiblir contre lui. Il se tourne vers elle, ses mains qui retiennent ses bras et il la fait s'asseoir lentement par terre. — Hey, hey, ça va ? Il pose ses mains sur son visage, cherche son regard. — Où est-ce que tu as mal ? Qu'il demande, soucieux. Et il sait que c'est son âme qui saigne le plus, mais dans l'immédiat il ne peut rien contre ça. Il regarde autour de lui, ce qui semble être des étagères remplies de médicaments en tout genre. Il se lève et se met à fouiller dedans, rapidement, pour voir s'il y a des choses intéressantes qu'il pourrait voler. Il récupère quelques flacons, de quoi bander les plaies, de quoi calmer la douleur. Il n'a pas besoin de plus, au cirque ils ont leur propre médecine. Les anciens sauront prendre soin d'elle. Mais dans l'immédiat, il doit faire quelque chose. Il verse une gélule de ce qui doit être un anti-douleur - il a déjà vu ce nom quand il allait chercher les médicaments de Pia avec elle. — Avale ça, s'il te plait. Il lance des coups d’œils nerveux en direction de la porte, craignant de la voir s'ouvrir d'un instant à l'autre. Mais il n'ose pas la presser. Encore moins la bousculer. Elle prend le temps dont elle a besoin, lui il gère le reste. |
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| Sujet: Re: libre et déchue Mar 22 Mai - 19:41 | |
| J’ai l’impression d’être dans un ras-de-marée tellement les émotions me submergent sans que je ne puisse rien y faire. Un tas d’émotion que je n’arrive pas à contrôler, comme si j’étais juste un visiteur dans mon propre corps, étrangère à moi-même. Et si je ne reprends pas mon souffle, j’vais m’étioler, me disloquer. Pas dans les bras de Jax, pas ici. J’prierais tous nos dieux pour parvenir à m’retenir. J’t’aime. Et j’devrais lui répondre que moi aussi. Qu’il est ma famille autant que les autres Kida. Faudrait que je réponde. Il faut que je réponde. Jax ne dit jamais ce qu’il ressent. Ou peut-être juste à Halina. Et peut-être qu’il dit ça juste pour me calmer, mais c’est pas grave, juste ce geste, son éternelle gentillesse cachée, faudrait répondre pour qu’il ne la masque plus jamais. Il faut. Mais j’ai la gorge si nouée que ça m’fait mal. Des monstres ont mangé ma voix. Ou alors est-ce que j’ai peur de ne pas contrôler mes mots ? De dire ce qu’il faut pas, les mauvaises lettres sur mes larmes, et d’l’effrayer à jamais ? J’y arrive pas, Jax. J’ai l’impression que j’vais mourir si j’vis. J’me comprends même pas. J’comprends plus rien. Alors je hoche juste la tête en cherchant à graver mes empreintes dans son t-shirt, et j’laisse éclater mes sanglots à la place de mes mots, avant de pouvoir réclamer les Kida et qu’il(s) ne m’abandonne(nt) pas.
Jax, et Zyki, ils ont cette aura. Magnétique et solide. Ça a toujours été ma vision. Ils ont toujours été mes héros. Et même si ils ne m’ont pas délivrée cette fois-ci, c’est parce que je les imaginais en train de retourner la terre entière pour me retrouver que je n’ai pas laissé tomber, là-bas, dans ma cage. Mais peut-être que c’est encore une de mes illusions fanées. D'accord mais laissez-nous juste quelques minutes. Je vais la calmer, y a trop de monde là, elle a peur. J’me recule, l’équilibre de ma confiance envers Jax hésitant à se rompre parce qu’il me vend ??! Il négocie avec eux ?? Le doute galope, s’éparpille à travers mes os. Et la méfiance tambourine un peu plus dans mes veines sur le verdict des cinq minutes accordées. Pourtant mes nouveaux bourreaux s’éloignent comme satisfaits. Non. La peur n’était pas partie bien loin. Elle est déjà là, accompagne la confusion dans ma tête comme un jeu de boomerang. T'en fais pas, on reste pas ici, j'te ramène. Mais il suffit juste qu’il dise ça pour que je le crois déjà. C’est Jax. Il me laissera pas. Il me fera pas de mal. Il me trahira pas. Pas vrai ? Et j’ai froid alors qu’il me couvre. J’ai honte alors qu’il me cache. J’ai peur alors qu’il est là. Mais j’fais ce qu’il me dit parce que j’ai que lui là maintenant. Et si j’m’arrête, j’tombe. J’m’écroulerais de toute mon âme si il ne me tenait pas. On n’a pas fait grand chose, on n’a pas été bien loin, mais ça m’a paru long, interminable, insurmontable. Putain. Et j’suis toujours pas libre. Encore quatre murs, pas de fenêtres, pas d’issus et ça réduit mes derniers efforts en miettes. Les jambes coton qui cèdent sous mon propre poids. Tout tourne plus vite, j’ai les yeux qui picotent et les poumons qui m’font mal, l’air qui a du mal à y rentrer comme mes yeux se perdent sur les étagères menaçantes. La boussole interne perdue. Faut que sa voix revienne pour que je me reconnecte à nouveau. ... ça va ? Où est-ce que tu as mal ? Ses yeux qui m’lancent des cordes comme si il fallait que je revienne à lui en rappel. Je déglutis et essaye de retrouver mon souffle. Ça va, chui juste fatiguée... J’sais pas où j’ai mal. Juste… partout et nulle part. La sensation d’être sale jusqu’au sang, comme lacérée, mais aussi engourdie, aussi vidée que amputée d’essence. Avaler la gélule est aussi dur que parler, que me lever. Mais j’le fais avec ce tempo qui n’est pas le mien, une mesure imposée par des étrangers. J’veux sortir... Le mur en béquille, la main sur la poignée. Même si je cède de l’autre côté, il me rattrapera et m’emmènera loin d’ici, peu importe comment. Je le sais. C’est bon. C’est Jax. J’ai confiance. Je peux avoir confiance. J’recollerais bien mes croyances à chaque pas qu’on fera ensemble. Il l’a promis.
Et il le fait je ne sais pas comment. À croire que j’ai perdu connaissance entre ce placard et sa voiture. J’me souviens pas être montée dedans. C’est la chaleur du soleil contre ma joue qui me tire de là où j’étais, peu importe où j’étais partie. J’descends difficilement la vitre en tournant la poignée qui couine. J’veux pas le sentir coincée derrière une vitre. Le vent non plus. Mes éléments à moi. Tu peux t’arrêter ? L’urgence dans la demande qui sonne plus comme une supplique. J’veux respirer à l’air libre avant qu’on m’en retire la chance. Il sent peut-être la crainte planquée sous ma requête, parce qu’il cède un peu plus loin. Et j’descends du véhicule avant même que la voiture ne soit totalement arrêtée. J’finis tout de suite sur mes genoux. Mais c’est pas grave. J’veux rester là un moment. Sans cage. Le nez levé vers les airs, les mains dans la terre, je retrouve mon oxygène. Y a l’océan pas loin. Le cirque encore plus près. Et Jax à côté. J’voulais le retrouver, l’enlacer, mais je n’parviens pas à me relever. J’peux plus bouger. J’y arrive pas… Pardon... Une nouvelle crise de larmes incontrôlée vient secouer mes dernière forces. Le coeur en faiblesse, le corps qui s’abaisse. J’me recroqueville sur moi-même, à nouveau affolée par l’assaut trop vif de mes pensées, comme un réveil qui vous ferait sursauter. Pardon pardon pardon. La voix qui s’embue tout aussi vite. Parce que si je n’arrive pas à me relever, si j’peux plus voler, qu’est-ce que je vais devenir ? J’pourrais plus rester au cirque ? Tu crois que j’peux vraiment rentrée ? J’suis que l’adoptée des soeurs Kida après tout. J’fais pas vraiment partie du cirque originel.
Quand les vieux démons trouvent à nouveau de quoi se repaître, ils se jettent sur les ombres ouvertes pour faire pleurer chaque coin d’obscurité laissé sans surveillance. C’est comme ça dans tous les contes, même ceux des enfants pourtant grands.
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| Sujet: Re: libre et déchue | |
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