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 freedom. (one shot // daire)

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JJ O'Reilly

JJ O'Reilly
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MessageSujet: freedom. (one shot // daire)   freedom. (one shot // daire) EmptyLun 13 Aoû - 1:47

Quelqu'un viendra te chercher, t'en fais pas. Il s'appelle Ryan, il va t'aider à te remettre dans le bain ok ? Et pis si t'as besoin d'quoi que ce soit, tu sais où me trouver.
   Je hoche la tête, un peu penaud. Ouais, ça va aller. Ça va aller.

   
***

   — Tu viendras m'voir hein ?
   — Carrément mec, t'inquiètes.
   Silence. On s'évite du regard.
   — Ça va être pourri ici sans toi.
   — Et ça va être pourri dehors sans toi.
   — T'as pas intérêt à revenir, ok ?
   — Dépêche toi d'sortir alors.
   Akker a encore 2 ans à tirer ici. Autant dire une éternité.

   
***

   Chiale pas devant les gardes, chiale pas devant les gardes.
   Les mots de Samih tournent en boucle dans ma tête et je reste étrangement sage et silencieux. Le gardien qui me conduit à l'entrée se méfie, comme si je préparais un mauvais coup. Mais non, rien ne vient. Je reste docile, pas un regard, pas un mot plus haut que l'autre. Je me laisse faire, signe ce qu'on me dit de signer et récupère mes affaires en silence. Je ne rebondis même pas sur la petite remarque cinglante du garde, rien à foutre. Je me change et leur rend ma tenue. Elle ne va pas me manquer celle-là. Et puis, je suis libéré. Comme ça. J'ai du mal à réaliser. Et je reste bloqué devant la porte d'entrée pendant un moment, plus capable de mettre un pied devant l'autre. Qu'est-ce qui y a pour moi dehors ? Il ne me reste plus rien. J'ai tout à refaire. Ici au moins, j'avais un groupe, des gens qui veillent sur moi. J'avais même Samih. Samih et ses autres lui. Putain, qui va veiller sur lui si j'suis plus là ? Je passe une main sur mon front, nerveux. J'en ai rien à foutre de Samih, il vient de m'interdire de retourner chez moi. Il vient de me bannir de la famille comme si je n'étais rien. Crève putain. Toi et toutes tes personnalités de merde, crevez. Je serre les dents et les poings, laisse la colère s'immiscer un peu partout sous ma peau. Y a que ça pour me tenir vivant.

   — Oh ! O'Reilly ! La suite c'est dehors, c'pas un hôtel ici. Je me retourne vers le garde qui fait pression pour me voir dégager. Je hausse les épaules. — J't'emmerde. Et je sors avant qu'il ne change d'avis et me refoute en cellule. J'ai les jambes qui tremblent un peu alors que je traverse la cours avant, celle où on ne peut pas aller. Réservée aux visiteurs et au personnel. Je me dirige vers les grandes grilles, le coeur qui pulse incroyablement fort et vite. Et si le fameux Ryan n'était pas venu ? Parce qu'il a oublié, mal compris ou qu'il s'en fout ? Après tout, on ne se connait pas. Pourquoi il m'aiderait ? J'veux pas me retrouver tout seul. Je prends un coup de chaud, le front qui perle discrètement et l'estomac qui se tord alors que j'arrive devant la dernière porte qui me coupe du monde extérieur. Ça s'ouvre, je la pousse lentement, crispé par l'appréhension, je la passe. Ça y est. Je suis libre. A nouveau.

   Et je m'arrête, pause dans le temps. Je lève les yeux vers le ciel et je ne peux pas m'empêcher de sourire largement. J'suis libre, putain. Libre. Et ça fait tellement de bien. C'est meilleur que la bière encore. Meilleur qu'une pipe d'Eanna. Meilleur qu'une pipe d'eanna pendant que je bois de la bière. C'est le pied, l'extase. J'inspire profondément avant de souffler bruyamment, comme pour recharger mes poumons d'un bon oxygène. Je passe ma langue sur mes lèvres, j'en pleurerais de joie si je m'écoutais. J'ai envie de hurler, de courir, mes jambes me démangent. Plus de limites, plus de murs. Plus rien qui me retient. C'est trop bon. Je remonte mon sac sur mon épaule et m'élance, j'ai retrouvé le sourire. Je cherche le fameux Ryan du regard. Et très vite je reperds une voiture arrêtée plus loin et un mec au crâne rasé appuyé dessus, dans ma tranche d'âge. Ce doit être lui, forcément. Il ne m'a pas oublié, j'suis pas tout seul. Ça va aller. Mais au moment où je m'élance j'suis attiré par un bruit de portière sur la gauche. Je tourne la tête et pile net.

   Daire.

   Et d'un coup, mon sourire disparait. J'suis comme foudroyé sur place. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle s'arrête aussi et on se toise de loin. Je déglutis, la gorge nouée, ça fait un mal de chien. Et soudain, l'évidence me frappe. Elle a dû venir voir Samih. C'est pas pour moi qu'elle est là. Elle n'est plus là pour moi, c'est clair pourtant non ? Les visites qu'elle a rapidement arrêté, elle m'a rayé de sa vie comme ça. D'un claquement de doigts. Mes ongles s'enfoncent dans la lanière de mon sac. J'ai envie de lui foncer dessus, de lui cracher à la gueule, d'lui dire tout ce que je pense d'elle et de notre pseudo famille. Tu parles putain. Bullshit. Y a jamais eu de famille, jamais eu de kids. C'était que des conneries, une illusion, un mensonge. Et j'ai été trop naïf, j'y ai cru pendant trop longtemps. Il était temps que ça s'arrête. Temps que j'ouvre les yeux. Sûrement que je n'ai jamais vraiment eu ma place parmi-eux. Sûrement qu'ils devaient tous être ravis de mon absence. P't'être même qu'ils espéraient que je ne ressorte jamais. Et ça me tord le cœur. Je la fusille du regard, la bouche qui se tord dans une moue de mépris et finalement, je me détourne d'elle, comme si elle n'existait même plus. Je me dirige d'un pas sûr vers le mec rasé et l'interpelle. — Ryan ? On se présente brièvement, on se serre la main et sans plus tarder je grimpe dans sa voiture. Sans un seul regard pour Daire.

   Daire.
   C'est qui ça ?
   Ça va aller maintenant.
   Ça va aller.
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MessageSujet: Re: freedom. (one shot // daire)   freedom. (one shot // daire) EmptySam 1 Sep - 15:57


Le soleil apparaît brutalement entre les immeubles lorsqu’elle prend à droite sur un carrefour, l’aveuglant sans qu’elle ne s’y attende. Elle rabaisse le pare-soleil en maugréant et fait une embardée au dernier moment pour se remettre dans sa voie afin d’éviter à temps la voiture qui arrive en face sans même prendre la peine de ralentir. Elle aurait préféré faire le trajet en moto, à défaut de pouvoir le faire à pieds compte tenu de la distance. Plus rapide, moins encombrante, plus puissante – inadaptée pour aujourd’hui, surtout. Date brûlante dans sa conscience depuis des mois, elle ne l’aurait oublié pour rien au monde. Et ça lui fait mal au cœur quelque part, d’en être aussi certaine alors qu’elle l’avait été également pour Samih, avant de manquer leurs retrouvailles initiales et de ne ressentir rien d’autre que du vide en se rendant compte que l’information s’était simplement effacée de sa mémoire. Le cliquetis des bouteilles en verre détourne son attention de la route un instant, et elle jette un coup d’œil au pack de bières posé sur le siège passager pour s’assurer qu’il ne va pas se renverser. Un sourire effleure ses lèvres mais s’estompe rapidement, absorbé dans les traits soucieux de son visage. C’est pour JJ qu’elle a fait l’effort de prendre la bagnole, bien peu utilisée depuis qu’ils l’ont récupérée après l’arrestation de Sam. Ses doigts serrent un peu plus le volant et elle soupire, s’enfonçant dans son siège à mesure que les bâtiments s’estompent. Les bières sont pour JJ, également – irlandaises, bien évidemment. Pour fêter sa libération, son retour à la réalité sous le soleil écrasant et le bitume brûlant. Pourtant, elle ne ressent aucun enthousiasme à cette pensée, aucune impatience à l’idée de le retrouver – tout est fade depuis des semaines, tout est distillé dans la colère et l’amertume depuis Don. Elle n’a aucune certitude de trouver JJ à la sortie, peut-être que sa peine a été rallongée et qu’elle n’en sait rien. Trop de temps s’est écoulé depuis leur dernier échange, qui non seulement d’être houleux, s’était avéré être unique. Ça n’a jamais cessé de lui ronger les entrailles, de ne plus pouvoir le voir ou l’appeler ; mise en déroute à chacun de ses essais, propulsée dans un conflit de plus quand ce n’est pas le bon qu’elle a trouvé au parloir. Son existence est un champ de bataille perpétuel et elle s’en est résignée, acceptant la fatalité qu’elle n’aura de cesse que de se perdre dans l’incendie de ses veines tant qu’elle respirera encore. Si JJ a été blâmé pour mauvais comportement et qu’il a écopé de mois supplémentaires, personne ne lui dira. Il en est de même si elle arrive trop tard et qu’il a déjà disparu dans leur ville de misère, quelqu’un fera en sorte qu’elle ne sache pas où. Plus encore, dans cet entre-deux ce n’est pas un no man’s land qu’elle attend mais bien une confrontation ; à s’attendre à apercevoir d’autres crânes rasés avant. Comme un barrage pour l’empêcher de retrouver le sien, et ils peuvent être seul comme une dizaine, le résultat et l’issue resteront les mêmes. Sa mâchoire se contracte un instant et craque quand elle ouvre la bouche pour insulter un cycliste qui déboule devant elle de nulle part. Elle arrive finalement aux abords de la prison et décide de se garer dans une rue adjacente, à l’ombre. Le bâtiment de Coastal State Prison de l’autre côté du pare-brise à quelques mètres, et surtout une bonne quinzaine de minutes en avance sur l’heure initiale. En espérant que rien n’ait changé, et que dans un quart d’heure elle pourra voir le visage du sale gosse traverser la cour du personnel avec son sourire insolent sur les lèvres en passant la dernière porte qui le sépare du reste du monde. Elle éteint le moteur et descend complètement sa vitre, avant de s’attraper une clope et de l’allumer tranquillement. La fumée sort de l’habitacle à sa première bouffée et elle s’appuie sur son siège en étant accoudée contre la portière, à attendre peut-être qu’un miracle se produise. Son regard coule vers les bières avant de s’en détourner, promesse faite qu’elle attendra JJ pour les entamer. Elle rallume la radio sur la fréquence des vielles musiques de rock et se laisser à dévisager l’enceinte qui lui fait face. Ces murs qu’elle connait maintenant trop bien, alors qu’elle n’a jamais été celle derrière les barreaux. Elle s’en est toujours tenue aux cellules des offices de police, mais elle connait si bien les parloirs de la prison qu’elle pourrait s’y retrouver les yeux fermés. Elle tire une nouvelle latte de sa cigarette et se met à imaginer la réaction de JJ quand il découvrira sa « surprise » – elle n’a aucun mal à entendre son enthousiasme vulgaire se percuter dans l’habitacle en même temps qu’il ouvrira une bière pour la tomber d’une traite. En revanche, elle peine à s’imaginer la réaction des autres quand elle le ramènera à l’appartement et qu’il franchira la porte qu’il a abandonné des mois auparavant. Elle ne sait pas si c’est une bonne idée, pourtant elle ne se voit le lâcher ailleurs – et elle est certaine qu’il ne pourra faire de mal à personne, Samih et Eanna étant aux abonnés absents. May serait probablement beaucoup trop heureuse de le revoir là – et cette pensée devrait lui suffire, à soulager la pression qui pèse dans sa cage thoracique. Pourtant, elle sait que c’est impossible, que c’est une hypothèse invérifiable. Non seulement elle a une sale impression au fond de son crâne, mais surtout elle sait que des semaines de silence à la merci des néonazis ne peuvent s’achever de cette manière. Elle en est presque à la fin de sa deuxième cigarette quand elle reconnait la silhouette au loin, sa démarche familière qu’elle n’a aucune peine à percevoir. Elle balance le mégot par terre quand il prend la sortie, et sort rapidement de la voiture pour s’avancer un peu vers lui. Pourtant ce n’est pas vers elle qu’il regarde d’abord, et quand il tourne le regard dans sa direction en entendant la portière claquer, elle se fige. Lui aussi, dans cette confrontation silencieuse qui semble s’étendre sur une éternité. Quelques mètres les séparent seulement, quelques mètres pour qu’elle retrouve son frère. Elle n’a jamais eu aucune difficulté à reconnaître quand l'un des siens la regarde comme s’il allait la descendre sur place, ça lui secoue tout son être comme une décharge. La même décharge qui ébranle JJ certainement, parce qu’il se détourne d’elle aussi facilement qu’on s’écarte d’une inconnue. Pas un mot, pas un geste, pas un sourire. Seulement les pas de la rouquine sur le macadam pour ravaler la distance, et de s’arrêter une nouvelle fois quand, en le suivant du regard, elle découvre l’autre véhicule stationnant à l’abris de son regard jusqu’à présent. Et là aussi, elle reconnait trop facilement la silhouette qui en émerge. Elle s’imagine sans difficulté la brûlure qu’il porte encore à la joue, et ses poings la démangent rapidement. Ryan lui tourne le dos, mais la simple vision de JJ à ses côtés suffit à lui retourner l’estomac. C’est donc ça, ce à quoi elle est condamnée ; que tous ses proches tombent entre les mauvaises mains, ou disparaissent simplement. Elles serrent les poings et elle a soudainement beaucoup trop chaud, étouffant dans la haine qui monte et ne s’arrête plus, bousculée parce qu’elle voit et qu’elle ne veut pas accepter. JJ ne lui adresse aucun autre regard quand il s’installe dans la voiture et que le véhicule s’éloigne finalement, alors qu’elle reste plantée là au milieu de la route. C’est seulement une pierre de plus qui tombe, Daire. Tu sais y faire maintenant, il ne t’en reste plus beaucoup.


- rp terminé -
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