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 to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)

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MessageSujet: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyMer 14 Mar - 5:11


to the hounds
of hell
novak & niamh
And if I catch it coming back my way, I'm gonna serve it to you. And that ain't what you want to hear, But that's what I'll do–And the feeling coming from my bones. 
▲▼▲

Il lui semblait qu'à chaque instant, tout allait déraper. Tout, dans cet environnement, lui était hostile. Les types assis dans la salle d'attente. Les geignardes qui allaient harceler la secrétaire. Les flics en uniforme, et ceux qu'on avait laissé opter pour la veste de cuir et la plaque autour du cou. Les accusés, qu'on guidait menottés vers les salles d'interrogatoire ou les cellules de garde. Ceux qu'on relâchaient, et qui étaient passés à côté de lui pendant de trop longues minutes. Il lui avait fallu garder la tête froide, et ne pas bouger. Ne surtout, pas bouger. Ne pas avoir l'air du type mal à l'aise d'être là. Ne pas avoir l'air de celui qui avait plus sa place derrière les barreaux qu'à ramasser une gamine incapable de se tenir. On le lui avait bien demandé, plus d'une fois. T'es perdu ? Il n'avait pas répondu. J'peux voir vos papiers. Il les avait tendus. Détestant un peu plus l'irlandaise, à chaque seconde qui passait. Espérant que personne n'aurait l'idée de l'embarquer, juste pour vérifier ce qu'il savait. Rien. J'sais rien.

Il avait encore l'impression d'avoir les mains repeintes du sang de ce type. Malgré la douche, malgré les vêtements propres. Malgré le fait qu'il se soit inspecté pendant de longues minutes dans le miroir, pour vérifier que tout était au carré. Et ça le hantait. Ça le bouffait. Il savait que la plupart de ceux qui tournaient en rond dans la salle d'attente avaient perdu quelqu'un. Comme lui. Et il savait que ces gens avaient choisi la manière la plus rationnelle qu'il soit d'agir. Aller voir les flics. Les harceler, tenter de leur tirer les verres du nez au fur et à mesure, pour voir si l'enquête avançait. Venir voir les suspects. Les toiser. Se faire renvoyer chez eux, mais recommencer — faute de mieux. Et il avait senti les regards sur son épaule. Ceux qui se demandaient pourquoi on ne l'embarquait pas, lui. Ceux qui se disaient qu'il avait la gueule d'un parfait kidnappeur. Mais on n'avait rien à son nom. Pas de dossier à lui associer. Profil bas, depuis qu'il était arrivé. Et pour la première fois depuis bien longtemps, il remerciait son calme olympien d'avoir finalement réussi à réguler ses pulsions meurtrières. Au moins, il pourrait s'en tirer aujourd'hui sans avoir à faire un petit séjour à l'ombre. Si on se grouillait de lui amener Niamh, à tout le moins. Car mieux valait que les questions ne s'étendent pas. Mieux valait se fondre dans les ombres, et éviter de s'attirer l'attention d'un agent laissé à bâiller. Heureusement pour lui, l'ennui semblait se faire rare au poste. Et les ombres étaient donc resté ses plus proches amies. Fidèles alliées. En espérant que la chance n'ait pas davantage à être poussée.

Mouvement dans un coin du commissariat. Une silhouette rousse qu'on tient par le bras. Menottes ôtées, mais on ne la ménage pas. On veut lui faire comprendre qu'elle n'ait pas la bienvenue, et qu'on n'a pas de temps à perdre avec les trouble-fêtes dans son genre. La police a mieux à faire, ces temps-ci. Et lui aussi. C'est ce que son regard lui dit, quand il croise le sien. C'est ce que ses yeux grondent, sans qu'il ne puisse les en empêcher. Remonté d'avoir été arraché à la noirceur qui avait étreint son monde depuis que Bran avait disparu. Remonté d'avoir dû mettre ses plans en suspens pour elle. Remonté qu'elle l'ait traîné ici. Et remonté d'avoir dû débourser trois cents dollars pour elle, sans même avoir le droit ou le temps de ciller. Il savait qu'elle le rembourserait. Ce n'était pas un problème pour elle. Au prochain casse, elle aurait la somme demandée. Ce n'était pas non plus un problème, pour lui, d'être proche des liasses qu'il entassait. C'était davantage un problème d'être capable de payer sa vie. Son loyer. L'argent ne coule pas à flots. Pas plus pour lui que pour n'importe qui d'autre. Faire partie du gang avait ses avantages, mais ceux-ci s'arrêtaient vite. Surtout pour quelqu'un comme Novak — refusant d'emprunter, refusant d'avoir des dettes à payer. Cet argent, il en avait besoin pour les fins de mois. Quelle que soit la somme qu'elle pouvait lui soutirer, et quoi qu'elle en pensât.

Il jette un regard à l'officier qui lui ramène Niamh. Pas la première fois qu'il le voit — pas plus que ce n'est la première qu'il met les pieds-là. Il a déjà récupéré un ou deux crétins. On sait qu'il n'a pas de dossier, qu'il n'aurait pas d'emmerdes. Que jusqu'ici, il est celui qu'on peut envoyer exécuter ce genre de besognes. Il n'apprécie pas plus ça, les fois d'après. Il sait qu'on commence à le repérer, lentement mais trop sûrement. Qu'on sait la racaille avec laquelle il traîne. Et ça ne lui plait pas. L'officier ne s'attarde pourtant pas, et le serbe en est soulagé. Il libère brusquement sa poigne sur le bras de Niamh, lui crache quelques mots, et il tourne les talons sans plus en demander. Un problème de moins à gérer. Mais toujours elle. Toujours ses grands yeux bouillants et ses cheveux fous. Toujours ses longues jambes prêtes à bondir, et sa hargne pulsant jusque dans la moindre goutte de son sang. Il l'observe, un instant. Bas en haut, haut en bas. Et il décide qu'il ne veut pas rester là. Tourne les talons à son tour, sans un mot. Il sait qu'elle va le suivre. Sait qu'ils vont parler. S'expliquer. Mais pour le moment, tout ce qu'il voulait, c'était sortir de là. Prendre l'air, loin du brouhaha puissant qu'était devenu le commissariat. Il tient la porte à une gamine à l'air effarée, qui a à peine un mouvement de recul en voyant le géant qu'elle a failli heurter. Il la laisse passer — laisse passer Niamh. Et dès que la porte a claqué derrière eux, il sort son paquet de cigarettes de la poche de sa veste. En prend une, puis le lui tend. Nul doute qu'elle en aura envie. Nul doute qu'il en a besoin. « Explain. » Ce n'est même pas une question. Ce n'est même pas poli, et ça ne s'embarrasse pas de vouloir former une phrase complète. Mais le ton est clair, et le message aussi. Elle a des réponses à lui donner. Il ne la laissera pas s'en tirer. Elle l'a interrompu en pleine chasse, et tout dans son attitude le lui montre. Il espère que ses proies n'auront pas profité de son accès de générosité pour s'éclipser. S'enterrer, disparaître — sentant qu'on était sur le point de venir les chercher.

Paquet de cigarettes au fond de la poche, le briquet l'a remplacé entre les doigts. Il allume sa clope, puis le tend à Niamh. Plutôt intérêt à parler. Plutôt intérêt à le faire vite. Et, si possible, à trouver une bonne raison pour qu'il ne marque pas cet accès de générosité comme le dernier. Car si le revers de flamme s'amorçait, elle serait la première à en payer les frais. Ç'aurait été si facile, au milieu de ce chaos, de l'embarquer juste pour le cuisiner. Si simple. Si aisé. Alors dis-moi, Niamh.

Dis-moi qu'j'ai pas risqué mon cul et celui des miens pour rien.

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Dernière édition par Novak Zoranovic le Ven 23 Mar - 2:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyMer 21 Mar - 19:40

Faut l’avouer, elle avait pas pensé qu’elle se ferait attraper. Pas penser que toute cette histoire ferait en sorte qu’elle se ferait passer les menottes – pour vrai cette fois – et qu’elle passerait le reste de sa journée au poste de police, scrutée par des officiers aux airs supérieurs et arrogants. Un vrai merdier. Mais bon, Niamh n’avait pas pensé à grand-chose, elle s’était jetée dans le tas sans réfléchir, incapable de réfléchir, la rage trop profonde au fond de ses tripes. Et même là, alors qu’elle était assise en attendant que Novak arrive – elle avait le sang qui bouillait, la tête martelée de coups de massue. Ses doigts s’agitaient, ses jambes sursautaient, elle se sentait comme une lionne en cage, le cœur en bouillie. Lulla, Lulla, elle n’arrivait à penser à rien d’autre. Bordel, Lulla. Quand elle avait entendu parler des disparitions, elle avait à peine écouté – elle ne pensait pas que ça pourrait la toucher, elle, et encore moins la gamine de son frère, une princesse qui n’avait rien demandé, et qui s’était fait kidnappée. La rage remonte au fond de sa gorge à chaque fois qu’elle y pense, elle ne veut pas penser à ce qui est arrivé à Lulla, ce qui est en train de lui arriver, ça lui donne envie de vomir et de tout foutre en feu. Non, elle n’allait certainement pas rester debout à regarder autour, à entendre patiemment que la police fasse son boulot, trop de colère, d’incompréhension et de détresse en elle pour ça. Alors elle avait sauté les deux pieds dans le chaos, rejoignant ceux manifestant dans la rue, à hurler et à taper du pied, à secouer la ville et à s’écorcher les poumons. Lulla, Lulla, m’entends-tu, chou-fleur ? Les os en miettes, les muscles en feu, Niamh ne voyait plus rien, ne pensait qu’à sa nièce, une gamine bordel. Alors elle s’était fait attrapée, et la voilà coincée au poste. Peu importe, elle ne regrettait pas d’avoir hurlé un peu, maintenant elle s’était un peu calmée. Mais la détresse demeurait toujours au fond de son estomac, elle ne savait pas quoi faire, qu’est-ce qu’elle pouvait faire au juste ?

L’heure était interminable, Niamh en pouvait plus. Il fallait sortir d’ici et prendre l’air, essayer de dénouer le nœud dans son estomac, essayer de faire quelque chose, n’importe quoi pour retrouver Lulla, même si c’était juste hurler à l’injustice, au moins ça serait quelque chose. Finalement l’heure s’écoule, finalement on lui dit que c’est le temps de se lever le cul, et c’est d’une main ferme et serrée qu’on l’emmène jusqu’à l’avant du poste. Elle a les fourmis dans les jambes, mais elle se tient tranquille, les cheveux en désordre et les yeux noirs. Mieux vaut ne pas faire de conneries deux secondes avant de foutre le camp – plus vite elle sera sortie, mieux elle se sentira. Heureusement y’a trop de monde pour qu’ils enquêtent vraiment sur elle, et c’est trop le bordel pour qu’on l’associe aux autres conneries qu’elle fait tous les jours – alors elle s’en sort indemne, ou presque.

Elle repère rapidement Novak, qui a l’air franchement pas content d’être là, et elle se sent comme une gamine qui a cassé un vase, elle sait qu’il va vouloir tout savoir et ça la tue de devoir prononcer les mots. Lames de rasoir, elle va se mettre à sangloter si ça continue, alors vaut mieux rester en colère pour éviter le désespoir. Elle n’écoute même pas les mots tranchants qu’on lui souffle à l’oreille, se laisse juste faire et se dirige vers Novak qu’elle est libérée, sors moi d’là sinon j’vais tuer quelqu’un. Il a l’air d’une humeur semblable parce que c’est sans un mot qu’ils sortent dehors, et l’air frais lui fait déjà du bien. Elle inspire, expire, se frotte les yeux. Ils sont brûlants, humides, sa gorge est sèche, son corps lourd. Lulla, merde, Lulla. Elle ne voit rien autour d’elle, rien à part Novak qui lui tend une cigarette, et c’est une main un peu tremblante qui l’attrape. « Explain. » Elle lui jette un regard, un goût amer dans la bouche. Se mords la lèvre, regarde un peu autour d’elle, cigarette non allumée entre les doigts. « Thanks for getting me. » Ce n’est pas ce qu’il veut, mais c’est tout ce qu’elle est capable d’articuler pour l’instant. Elle attrape le briquet et l’imite en allumant la cigarette. La fumée remplit ses poumons et elle expire après quelques secondes, ferme un peu les yeux. Elle regarde par terre, vers le ciel, serre les poings, les desserre. « It’s fucked up, y’know » qu’elle dit la gorge serrée. Finalement son regard se pose sur Novak.

« It’s Lulla. My niece. She’s… » Ça reste bloqué une seconde. Elle déglutit, prendre une autre bouffée de cigarette. Sa langue glisse sur ses dents. Bon sang. C’est comme si elle peut entendre la voix de Lulla dans sa tête, comme si elle peut ressentir la douleur de son frère même à distance comme ça. « She’s fucking missing. » Les mots lui écorchent la gorge, et elle pose son regard sur Novak. Secouant la tête, elle se perd un peu dans ses yeux. Comme si elle le voyait pour la première fois depuis qu’il est arrivé. « I was in the protest. I didn’t know what the fuck else to do. I fucking had to do something. » Et elle est contente qu’il soit là. C’est la simple vérité. Contente d’être avec Novak. Il a beau être en colère contre elle, il aura beau la maudire, elle l’acceptera. Mais la vérité c’est qu’elle l’a appelé parce que c’était lui qu’elle voulait voir – lui dont elle avait besoin à cet instant précis.


Dernière édition par Niamh Brannigan le Mar 27 Mar - 22:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptySam 24 Mar - 5:06

Elle le remercie. Elle le remercie mais elle ne lui donne pas d'explications. Elle ne veut pas regarder la vérité en face. Ne veut pas admettre ce qui l'a conduite à perdre pied. Ce qui l'a conduite à se déraper, se faire attraper. Enfermer. Là où un seul coup de téléphone est laissé à sa portée. Là où c'est lui qu'elle a choisi d'appeler.

Elle ne lui explique pas. Elle allume sa cigarette, regarde vers le ciel. Continue d'essayer de se défiler. Garde ses yeux en l'air plutôt que de lui faire face. Elle n'y arrive pas. Quelque chose se bloque dans sa gorge, et il le voit. Il a les dents serrées, et la nicotine ne lui fait pas le bien qu'elle devrait. Le bien qu'elle peut d'ordinaire lui procurer. Elle parle à nouveau. Sujet toujours évité. Mais cette fois, ce n'est plus très long. Plus très long avant qu'elle ne repose ses yeux sur lui. Les mots ne peuvent pas fuir. Les pensées sont accrochées à elle. Accrochées à toutes les fibres de son corps — et il les voit bouger avec elle. Chaque mouvement qu'elle fait, chaque mèche rousse poussée par le vent. Il voit la tension, voit la frustration. La rage qu'elle ne peut contrôler. Qu'elle ne sait comment canaliser. Ce qui l'a conduite à se faire boucler. Qu'est-ce qui t'agite, Niamh ?

« It’s Lulla. My niece. She’s… » Elle n'a pas besoin de finir sa phrase pour qu'il sache. Sache ce qui s'est passé, sache ce qui est capable de la mettre dans cet état d'anxiété et de colère que même lui n'arrivait pas encore à totalement appréhender. Elle a du mal à parler, et il le sait. Le sent. Elle a mal. Elle panique. Ne sait pas quoi faire pour aider à retrouver la petite. Et Novak le sait — Novak le sent. Partage son inquiétude, mais peut dire leur différence. La différence entre Bran et une enfant. L'un capable de se défendre, l'autre non. Et il ressent alors la rage de ces dernières quarante-huit heures remonter à la surface. Quand les mots sortent finalement de la gorge de Niamh, il n'est pas prêt à les entendre. Ne les veut pas. Pas être mêlé à tout ça. « She’s fukcing missing. » Il s'y attendait. Il le savait. Mais ses entrailles se tordent tout de même — et il lève ses yeux vers le ciel. Dents plus serrées que jamais. Sa main qui se passe sur ses lèvres pincées. Son menton. Et il a de plus en plus de peine à retenir la réaction. Tant bien que mal il la ravale. Laisse ses yeux retourner vers ceux de Niamh, et sa main retomber le long de son flanc. Bon sang. « I was in the protest. I didn’t know what the fuck else to do. I fucking had to do something. » Il voudrait se dresser et grogner. Essayer de lui faire comprendre que c'était stupide, et qu'elle aurait pu réellement se faire attraper. Un instant, ses muscles se tendent, sa silhouette se tourne légèrement vers la sienne. Mais quand les yeux de l'irlandaise attrapent les siens, il sent le bouillon de ses sangs s'apaiser. Ses épaules se relâchent, ses doigts s'agitent. De la cendre tombe du bout de sa cigarette, avant qu'il ne la ramène à nouveau à ses lèvres. Un soupir. Ses autres doigts se resserrent, son poing s'enfonce dans la poche de sa veste. Et c'est la gorge serrée qu'il tire une nouvelle bouffée. Détourne son regard, après quelques secondes à la fixer. Incapable de savoir quoi lui dire. Incapable de savoir comment penser.

Ça lui prend quelques secondes, durant lesquelles le silence persiste. Durant lesquelles sa cigarette est abandonnée entre ses lèvres. Sa main nouvellement libérée qui passe sur son front. Il secoue la tête. Et finalement les mots sortes, alors qu'il reprend en main sa cigarette et laisse ses prunelles gagner le sol. « I'm sorry. » Il ne sait pas quoi dire d'autre. Embêté, jusqu'au plus profond de ses os. Partagé entre la volonté de planter son poing dans le mur d'à côté, et celle de garder le monstre en contrôle. Carapace de glace à laquelle Niamh avait besoin de se raccrocher. Elle était la flamme et il devait rester le roc. La crise ne devait rien altérer. Pas même alors que sa rage de sang était impossible à contrôler.

Puis il soupire. Cigarette qu'il laisse tomber au sol, sans même l'avoir terminée. Il ne sait pas quoi lui dire, mais il sait qu'elle a besoin de mots sur lesquels se greffer. Des mots pour la stabiliser. « I understand. » C'est tout ce qu'il peut dire, pour le moment. Ses yeux retrouvent finalement ceux de la Brannigan, et il ne peut y cacher la lueur de compassion et de détresse qu'il ne peut laisser ses poings exprimer. But you were not helping her in jail. You were not helping anybody. Il voudrait ne pas avoir à lui dire ça — et les mots restent coincés dans sa gorge.

Il voudrait lui dire, I can help, lui dire, I don't know how, but I want to help. Il sait pourtant que ses pattes pleine de sang ne lui seraient d'aucune utilité. Elle n'a pas besoin d'un monstre pour chercher une enfant. Elle a besoin de quelqu'un qui pourrait la soutenir. De quelqu'un qui pourrait agir. Il sait qu'il n'est pas ce qu'il lui faut. Et il essaye de trouver comment l'aider, du mieux qu'il le peu. L'aider ce qu'il est capable de lui donner. L'aider malgré ses envies de meurtre, et malgré le sang qui lui pompe aux tempes. Et alors, son regard fuit à nouveau. Une fois. Deux fois. Droite. Gauche. Avant que sa main ne passe sous son nez et qu'il ne renifle. Peut-être plus agité qu'il ne l'a jamais été depuis qu'ils se sont rencontrés — malgré ses traits impassibles et les mouvements de son corps. « Where do you want me to take you? » Il voudrait pouvoir lui dire autre chose, mais rien ne sort. Il sait qu'il ne peut pas l'aider. Sait que ça ne sert à rien de lutter.

Il sait qu'il n'est pas taillé pour remplir la mission de sauvetage qu'elle voudrait voir survenir. Il sait qu'il ne posera pas ses mains pleines de sang sur la silhouette de l'enfant. Sait qu'il ne peut pas. Qu'il n'en a pas le droit. Que ce n'est pas sa place. Que la noirceur n'a rien à faire aux côtés de la lumière, et qu'il ne le lui imposera jamais.

Il sait que maintenant qu'il l'a récupérée, Niamh serait mieux de continuer à chercher de l'aide auprès de ceux qui pourraient réellement la lui donner. Les mains du monstre ne peuvent s'approcher de l'enfant. Et c'est son regard fuyant qui l'articule, là où les mots ne peuvent l'exprimer. I know you won't understand. But I need you to.

Would you try?

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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyMar 27 Mar - 22:53

Ça fait mal de dire les mots. Mal de les rendre réel, mal de devoir les jeter en l’air, mal de rendre tout ça encore plus horrible. Ça fait mal de parler de Lulla, de dire son nom, de devoir parler d’elle en ces circonstances. Les images qui frappent de plein fouet, les scénarios qui empirent à chaque seconde qui passe. Et si là, maintenant, c’était une question de vie ou de mort ? Et si à chaque battement de ciel, Lulla se rapprochait un peu plus de la mort, se rapprochait un peu plus d’une vie brisée ? Ou était-ce déjà trop tard ? Est-ce que le petit chou fleur était déjà perdu ? Niamh n’était pas capable de se l’imaginer. Ça lui faisait remonter la bile à la gorge de le penser, ça lui donnait envie de frapper tout ce qui venait dans son chemin, de se briser les falanges, de se casser les bras, de s’écrouler. De mourir s’il le faut, pour Lulla, elle s’en fout Niamh. Elle donnerait sa vie et bien plus pour cette petite, c’était une certitude. Vivre en la sachant morte, arrachée, dérobée, c’était peut-être la pire perspective. Elle ne pouvait pas se permettre de penser à tout ça. Fallait garder l’esprit clair, ravaler l’amertume et la peur, et essayer d’avancer, essayer d’aider, essayer, essayer, essayer. N’importe quoi. N’importe quoi sauf rester en place à s’imaginer le pire. C’est ce qu’elle essaie de dire à Novak. Le grand loup qui se dresse devant elle, cigarette à la main, yeux sombres posés sur elle. Ce qu’elle essaie de lui faire comprendre, de peine et de misère, ne trouvant pas les mots, ne trouvant pas la force. Et pourtant elle y arrive, ou elle semble y arriver. Le silence s’installe entre eux. Peut-être qu’ils devraient bouger, s’éloigner du poste de police, ne pas tenter le diable encore trop longtemps. Commencer à marcher, vers quelque part, n’importe où. Mais les pieds de Niamh sont collés au sol. La seule chose qui lui permets de se rattacher à la réalité, c’est sa cigarette, qui bouge de ses lèvres à ses doigts, elle va la terminer en deux secondes, elle en aura besoin d’une autre.

« I’m sorry. » Les mots tombent finalement, et Niamh relève les yeux le temps de le regarder un peu. Lui aussi semble sur le point d’exploser, ou peut-être pas du tout, c’est peut-être juste sa prope rage qu’elle projette sur lui. Parce qu’il est aussi solide que d’habitude, aussi stoïque que d’habitude. La montagne, le roc, contre lequel elle peut venir se cogner la tête. Et pourtant y’a quelque chose, elle ne sait pas quoi, qui lui fait dire que tout n’est pas normal, et que ce n’est pas juste parce qu’il est embêté de son appel. « I understand. » Leurs regards se croisent finalement, et Niamh y voit tout ce qu’elle doit savoir. Fuck. Fuck, fuck fuck. Savannah. Cette foutue ville. Cette foutue ville de merde. Elle ne savait pas, elle ne pouvait pas savoir - mais elle comprenait. Que Novak était en train de vivre la même chose qu’elle, qu’il avait la même rage au creux des os, qu’il savait simplement mieux la contenir qu’elle. Bien sûr. Il est agité, par contre. Il a de ses petits gestes des gens nerveux, qui n’auraient l’air de rien sur quelqu’un d’autre - mais sur Novak, ça détonne, et pas rien qu’un peu. Les mots bloquent dans la gorge de Niamh, elle a presque envie de se mettre à rire, this fucking town.

« Where do you want me to take you? » Elle hausse les épaules. Jette sa cigarette déjà terminée par terre. Où aller ? Ce n’est pas comme si elle avait la moindre piste. Mais si Novak avait perdu quelqu’un aussi, peut-être qu’il saurait. Il avait des contacts, après tout. Peut-être qu’il saurait. Elle le regarde, yeux débordant de tempête. « Anywhere. I don’t care. » C’est vrai. Elle veut juste qu’il l’emmène loin. Loin de tout ce bordel. Loin de toute cette douleur. Loin de ce foutu poste où elle vient de perdre sa journée à s’en faire pour Lulla. Loin, loin, loin, loin. Les autres mots restent dans le fond de sa gorge, frémissants. Loin, avec toi.

Elle ne l’attend pas, elle commence à marcher, pour s’éloigner du poste de police. Quelques mètres et elle s’arrête, elle n’y voit même pas clair, le soleil l’aveugle. Respire, inspire, expire. « You got another one of those ? » qu’elle demande en pointant la cigarette que Novak a toujours. Ça l’aide, en attendant le whiskey, c’est déjà mieux que rien. Son coeur qui se débat, qui se tortille, les yeux de Lulla qui lui perce l’esprit. « Fuck. » Elle secoue la tête, bon sang qu’elle déteste tout ça. Ne pas savoir quoi faire, ne rien pouvoir faire. Tout ce qu’elle sait ne l’aidera pas. Elle ne trouvera pas Lulla derrière le volant d’une voiture. « Who is it ? » Qu’elle lui demande finalement, alors que la question parvient à se frayer un chemin. Qui t’a perdu, Novak ? Qui t’essaie de retrouver ? À qui tu penses ? Elle hausse les épaules, sourire nerveux, pensées en vrac. « Maybe we can help each other. I dunno. I got no fucking clue what to do. But maybe you do. You know people. Right? » Elle ne sait pas ce qu’elle dit, elle a envie de pleurer. Fuck. Aide-moi, Novak. Si tu le peux. Si tu le veux. Je peux pas être toute seule. Pas maintenant.

Me laisse pas tomber.
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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyMer 28 Mar - 4:20

« Anywhere. I don’t care. » Elle ne l'aide pas. Elle s'en fiche, et ça ne l'aide pas. Parce qu'il comprend qu'il ne pourra pas se débarrasser d'elle aussi facilement, et que sa journée vient réellement de prendre un autre tournant. Niamh ne veut pas être seule. Il le sent dans sa posture, dans sa manière de se comporter. Dans la détermination avec laquelle elle se met à marcher pour s'éloigner — et il la suit, l'ombre silencieuse, l'ombre qu'on oublierait. L'ombre qu'elle a pourtant appelée à la rescousse. Et il ne sait pas quoi en faire. Ne sait pas comment composer avec la surprise, l'inquiétude qu'il a pour elle, pour sa nièce — et par-dessus tout l'inquiétude pour Bran, celle qui le bouffe plus que toute autre. Il ne sait pas quoi faire de la colère, et de son envie de retourner les rues. D'y laisser couler le sang, jusqu'à ce qu'un martyr lui crache enfin les mots qu'il voulait entendre. La destination où se rendre. L'endroit où ramasser les coeurs meurtris. Traumatisés. L'endroit où Bran, et peut-être la nièce de Niamh, se trouvaient. Il avait envie, mais il s'abstenait. Ce n'était pas le moment de perdre pied. Pas le moment de faillir Niamh, qui semblait plus que jamais avoir besoin de sa tête froide et de sa capacité à penser sans tout dévaster. Il se devait de ravaler la rage, se devait de respirer et de refroidir le sang qui coulait dans ses veines. Relax, Novak. Relax.

C'est plus facile à dire qu'à faire, mais il contient pour le moment la tempête sans trop d'efforts. Ça devient moins compliqué, lorsqu'il la regarde. L'énervée, la nerveuse. Incapable de se tenir. Elle a déjà grillé la cigarette qu'il lui avait donnée, et elle s'arrête pour en réclamer une autre. Il s'apprête à porter sa main vers sa poche pour en tirer une du paquet, mais il suspend son geste dans les airs alors qu'il l'entend jurer. Il a l'habitude des fuck. L'habitude qu'elle ne perde patience — ou, à d'autres moments, qu'elle ne les lui intime en gémissant. Il a l'habitude, mais celui-ci est différent. Celui-ci est souffrant, et le force à se figer. À l'observer secouer la tête, l'air bien plus troublée qu'elle ne lui avait laissé paraître au téléphone. Pas besoin de la connaître davantage pour savoir qu'une tornade était en train de lui ravager l'esprit. Et que cette tornade possédait deux yeux, un nez et une bouche, pour lesquels elle aurait probablement tout fait à cet instant. « Who is it? » Lentement, il fait un pas vers elle. Sans lui répondre, sans la brusquer. Il sait que la question est réelle, et il l'a comprise. Mais sa langue à lui s'est brisée en même temps que son coeur, au moment où Bran disparaissait. Rien n'importait plus que de le retrouver, désormais. Les mots étaient devenus inutiles — et les émotions avec. Il était redevenu la machine que ses mains ensanglantées avaient forgée. Et ce n'était qu'à cet instant, en observant le bouleversement dans les yeux de Niamh et dans son attitude, qu'il réalisait l'état dans lequel la situation l'avait plongé. Ressaisis-toi, Novak.

« Maybe we can help each other. I dunno. I got no fucking clue what to do. But maybe you do. You know people. Right? » Oui. La réponse est pensée, mais rien ne pourrait le pousser à la murmurer. Il ne veut pas lui faire mettre les pieds dans tout ça. Ne veut pas l'enfoncer plus profondément qu'elle ne l'est déjà. Il sent sa peine, sent son désarroi. N'importe qui aurait ressenti la fougue et la détermination, au fond de sa voix. Mais lui y lisait le chagrin. Il y ressentait son envie de baisser les bras, de s'effondrer. Juste une seconde. Juste pour mieux se relever, ensuite, quand les sourires nerveux et les rires inquiets auraient cessé. Alors, il se décide finalement à bouger. Fait un pas vers elle, et pose sa main sur son épaule. L'autre ôte la cigarette qu'il tient entre ses lèvres pour la lui tendre. L'habitude de lui laisser finir ses propres cigarettes — à défaut de les griller jusqu'au filtre à chaque fois. Une seconde, il resserre la pression sur son épaule. Lui montrer qu'il est là. Puis sa main retombe le long de son corps. L'autre vient en remonter la manche, sur quelques ourlets. Trop peu pour dévoiler les plus grosses des taches qu'il n'a pas réussi à effacer. Suffisamment pour en montrer les prémices — les plus petites, qui subsistaient. « It's someone that I care about. » Voix basse, il répond finalement à sa question. Rien ne servirait de lui donner le nom. Elle le connaîtrait peut-être de vue, mais il était pratiquement certain qu'ils ne s'étaient jamais adressés la parole. Et même si c'était le cas, cela n'avait pas d'importance. Ça ne changerait pas le fait que Bran n'était plus là, et qu'il ferait ce qu'il fallait pour le retrouver.

Lentement, il renifle. Son regard qui fait un tour à droite, un tour à gauche. On ne les observe pas. On ne leur prête pas plus d'attention qu'ils n'en demandent, le monstre et la gazelle. Et il s'en satisfait. Continuant d'épouser le silence et les ombres, restant debout à ses côtés. Proche. Sans pour autant empiéter sur l'espace dont elle avait besoin pour respirer. « I don't know what to do either. It's been almost two days now and I'm... » Il serre les dents. Soupire. « Срање. » Plus la patience de rester à l'anglais. Pas quand les jurons lui venaient si facilement en serbe. « Ја трчим у јебеним круговима. То је све што радим. » C'est un murmure à lui-même. Laissant son poids tomber sur un pied, alors qu'il jetait un nouveau regard circulaire dans la rue. Le ton sombre et le grondement au bord des lèvres. Puis, les yeux qui retombent sur elle. Viennent trouver les siens. « I'm sorry. » Il déglutit, lentement. J'sais pas quoi faire pour t'aider. Parce que c'est une enfant, Niamh. Une enfant. J'peux pas l'approcher si j'ai les mains couvertes de sang. Et je dormirais mal, la nuit, si je savais que tu la retrouvais parce que je t'avais poussée vers ces horreurs que tu peux encore éviter.

Il prend une inspiration. S'efforce de se calmer. Le raz de marée qui la submerge l'a finalement heurté. Et pour la première fois depuis longtemps, le roc en est ébranlé. Il ferme les yeux, une fraction de secondes. Se force à respirer. Lentement. Calmement. Ça va aller. Ils vont s'en tirer. « How 'bout we start with a drink? I pay. » Voix basse. Il ne sait pas trop comment la réconforter autrement. Ne sait pas trop quel autre réconfort lui apporter. « And I'll see what I can do to help you. » L'idée de se débarrasser d'elle s'est envolé. Il a lu la détresse, et il ne se sent pas le coeur de la laisser tomber. Il ne peut cependant pas arrêter dans ses recherches. Pas alors que la piste est encore fraîche. S'il lui fallait entraîner Niamh à sa suite, le temps qu'elle soit capable de continuer seule, alors soit. Il ralentirait l'allure s'il le fallait. Ralentirait les doigts brisés et les hurlements étranglés — pour reprendre de plus belle lorsqu'elle lui tournerait finalement le dos pour reprendre sa quête en solitaire.

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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyVen 30 Mar - 5:12

Ça s’embrume, ça se mélange. Ça se brasse et ça devient explosif. L’esprit de Niamh qui est au bord de l’implosion, les mots qui s’entremêlent, les larmes qui étouffent. Lulla, Lulla, belle Lulla. Les souvenirs qui reviennent à la pelle, la petite à un an, deux ans, trois ans. Qui rigole dans le jardin et qui est assise sagement sur le siège passager. La campagne irlandaise dans les cheveux, l’innocence dans les doigts. Lulla qui découvre, Lulla qui rampe, qui marche, qui parle. Lulla en Irlande un instant, Lulla ici le prochain, Lulla disparue. Lulla disparue. Niamh regarde le loup comme on regarde un dernier espoir. Les yeux grands, vides de leur malice habituelle. Niamh n’est plus une enfant, surtout plus maintenant. Niamh elle a le poids de la détresse sur les épaules, ça la vieillit, soudain elle fait son âge, et peut-être plus. Tout se bouscule et se fracasse, et elle essaie tant bien que mal de se rattacher à ce qu’elle a, ce qu’elle voit. Novak, la voix de Lulla, ses mains, ses jambes. Y’a sûrement quelque chose à faire avec ça. Alors que les enquêtes s’étirent, que les soupirs se multiplient, que les sommeils s’égarent. Il vit la même chose qu’elle, Novak, et elle se rattache à ça. Se rattache au fait que le même virus lui ronge le coeur et les os, que les mêmes pensées habitent leurs nuits. Où tu es ? Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Es-tu encore en vie ? Niamh a le regard posé sur Novak, sur ses yeux sombres et sur la peau claire auprès de laquelle elle trouve si souvent refuge. Peut-être qu’elle pourrait aller se blottir dans ses bras, dans le coeur de la montagne, là où elle pourra respirer un peu, vivre en dehors du monde un peu. Mais ses jambes ne lui obéissent plus, elle n’a que la douleur au coeur et ça l’empêche de bouger. Elle attend que Novak réponde quelque chose, n’importe quoi, que ce soit par les mots ou par les yeux, mais c’est autre chose qui répond, c’est son corps. Elle en sursaute presque, l’irlandaise, alors que le serbe s’approche et pose une main sur son épaule. Une main qui, au lieu de l’alourdir, semble la tirer un peu dehors de la boue. Elle ne bouge pas ses yeux de ceux de Novak, phare dans la tempête.

Savannah cesse d’exister, le temps qu’il lui serre un peu l’épaule et qu’il retire la cigarette d’entre ses lèvres pour le lui donner. Niamh lève lentement le bras et attrape les quelques milimètres restant, habitude récente mais déjà si familière. Elle a envie de sourire, elle le ferait si elle n’avait pas aussi mal, si elle n’avait pas autant envie de chialer. Le contact se termine, et quelque chose tremble dans son estomac. Reste, qu’elle a envie de lui souffler. La cigarette entre les lèvres lui fait du bien, elle inspire la fumée alors que Novak relève ses manches. Et alors elle baisse les yeux pour aperçevoir le rouge épais et sombre qui tache toujours sa peau. Novak a fait du sale boulot. Elle toise la peau un instant, cligne des yeux. « It’s someone that I care about. » Elle comprend, pas besoin de plus. lls ne se connaissent pas, pas vraiment, deux mois à peine, ce n’est pas une vie, elle ne sait pas, ne peut pas savoir, il ne veut pas qu’elle sache. Elle déglutit, après tout les noms ça n’a aucune importance, mais elle sait à présent qu’on a arraché un morceau de Novak comme on lui a arraché un morceau à elle, et que lui a usé de ses outils pour frayer son chemin jusqu’à la vérité. Les poings, la violence, la douleur. Niamh se mord la lèvre jusqu’au sang. Qu’est-ce qu’elle avait, elle ?

« I don’t know what to do either. It’s been almost two days now and I’m... » Elle le voit serrer des dents, et c’est le serbe qui prend la place de l’anglais le temps de quelques mots sifflés. Elle ne comprend pas, à part peut-être un mot ou deux, rien de suffisant pour donner du sens à sa phrase. Mais ce n’est pas grave, il n’a pas parlé pour elle, sinon il l’aurait fait en anglais. Il l’a dit pour lui-même, s’adressant au creux dans sa poitrine, comme elle l’avait fait en hurlant et en brisant quelques heures plus tôt. Elle baisse les yeux, le monde continue de tourner autour. En pleine rue, et pourtant elle ne voit personne, et personne ne la voit. « I’m sorry. » Elle vient rencontre son regard à nouveau, à Novak. Et elle y lit quelque chose, tout ce qui existe derrière cette excuse si banale mais si lourde. Et Niamh lève les yeux vers le ciel, comme espérant y trouver quelque chose, mais elle n’y trouve que des larmes brûlantes. « I’m sorry too. »Rien ne va plus, Novak ne va plus, elle ne va plus. Elle sent la détresse en lui et ça multiplie la sienne, on est censé faire quoi, dis-moi, dis-moi, aide-moi. Elle ferme les yeux et baisse la tête, écrasée.

« How 'bout we start with a drink? I pay. » Elle le regarde, les yeux humides. « And I'll see what I can do to help you. » Elle sait qu’il veut du bien. Qu’il veut la consoler, l’apaiser. Lui changer les idées le temps qu’elle réapprenne à respirer en sachant Lulla disparue. Elle le sait, et pourtant ça n’y change rien. Rien aux larmes qui se multiplient dans ses yeux, qu’elle ne peut plus arrêter, qui se mettent à couler. « I don’t want a fucking drink. » Ce n’est pas vrai, elle prendrait bien un peu de whisky, mais c’est tout ce qu’elle trouve à dire. Tout ce qui ressort du poison dans ses tripes, tout ce qui ressort du désespoir qui tombe de ses grands yeux. « I want… I want...  » Elle n’arrive pas à le dire. N’arrive pas à dire ce qu’elle veut, ce qu’elle espère, trop terrifiée de formuler des rêves qui seront à coup sûr brisés. Je veux qu’elle soit en vie. Je veux la retrouver. Je veux la serrer dans mes bras. Je veux que tu retrouves les tiens, toi aussi. Qu’on puisse respirer à nouveau. Et ce n’est rien contre Novak, rien contre lui qui n’a fait que l’aider depuis le début, et qui veut continuer de le faire. C’est injuste. Il a arrêté sa propre quête de justice et de vérité pour venir la chercher, espèce de gamine ingrate, tu pourrais arrêter de chialer. Mais un sanglot s’échappe de la gorge de Niamh, et sa jambe part, frappe le premier truc qui traîne. Une vieille cannette, qui déboule dans le boulevard. Puis c’est la poubelle qui prend un coup de pied, elle est en train de perdre les pédales en pleine rue, elle s’attire des regards curieux. Les larmes continuent de couler, ça fait presque mal de pleurer comme ça. Elle n’y voit plus rien, ça brûle trop, elle oublie tout.

Elle lâche un son quand son poing heurte la brique du mur le plus proche, elle ne sait pas comment elle est arrivée là mais ça fait du bien de frapper quelque chose qui résiste. Alors elle frappe une fois, deux fois, ça fait mal, elle va finir par se casser la main, elle s’en fout. Lulla a disparue et y’a rien qu’elle puisse faire. Rien, rien, rien. Alors autant frapper jusqu'à tomber, autant épuiser ce corps inutile, et faire justice sur ce qu'elle peut. Elle a pas pleuré comme ça depuis que Peadar est parti, jamais perdu les pédales comme ça. Elle file, se défile, tombe. Sans fin.  
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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyVen 30 Mar - 6:20

Boire un verre ne résoudrait rien. C'était une évidence, et il savait qu'elle résonnerait tant dans les pensées de Niamh que dans les siennes. Il aurait dû faire autre chose. Proposer autre chose. Trouver un moyen de la satisfaire dans sa quête. Et dans la sienne aussi. Car plus le temps passait, plus les choses lui apparaissaient évidentes : bien malgré l'absence de logique de cet acte, il était possible que les kidnappeurs de Bran et ceux de la nièce de Niamh soient une seule et même personne. L'option était réelle, et le serbe ne pouvait plus la fuir. Quelque chose, au fond de lui, espérait que ce soit le cas. Pour la sécurité de Bran — pour la facilité des recherches de la police. Mais s'il se trompait, les conséquences pourraient être graves. Aussi n'arrivait-il pas à écarter l'hypothèse que des ennemis du gang aient profité de ces kidnappings de masse pour mettre la main sur le Kovac. Il ne voulait pas en parler, ne voulait pas répandre l'idée — d'autant plus que son instinct la lui niait. Mais il refusait de la perdre de vue. Et c'était pour cette raison parmi d'autres qu'il préférait suivre ses pistes seul. Si ses recherches menaient à retrouver Bran, mais que les kidnappeurs de l'enfant n'avaient rien à voir avec ceux du serbe, Niamh aurait perdu son temps. Et il ne le permettrait pas. Pas alors que la vie d'une gamine était en jeu. Pas alors que Niamh était Niamh.

Lorsqu'elle lui dit qu'elle ne veut pas de verre, il ne répond pas. Garde un silence bien mérité, et serre à peine les dents. Il ressent le besoin d'allumer une autre cigarette, mais se retient. Ses yeux restent vrillés sur Niamh. Et alors qu'elle s'apprête à poursuivre, il les voit. Les larmes, rassemblées dans ses yeux. Les larmes, roulant sur ses joues. Le coeur du loup se fissure alors que la peine de l'irlandaise le frappe de plein fouet. La mâchoire qui se crispe encore davantage, mais il ne dit rien. Incapable d'user des mots alors qu'elle se met à pleurer. Et c'est pour de vrai.

Un sanglot. Un seul. Il est resté figé, et le pied de Niamh s'est écrasé contre le premier objet qu'il trouvait. Une canette. Puis une poubelle. Il sent la colère se décupler à chaque coup. Percer les maigres barrières qui subsistaient dans l'esprit de la rouquine. Elle en oublie la rue, en oublie les passants. L'en oublie, lui. Elle est perdue dans les méandres de sa rage, ballotée dans les courants de l'injustice. Elle ne sait plus comment donner la répartie, et il ne lui reste plus que son corps pour agir. Son corps pour réagir. Se fracasser contre tout ce qui passe à sa portée — sauf lui. Lui elle l'ignore, et c'est contre le mur qu'elle finit par se heurter. Il n'a même pas bougé. Le choc du poing de la Brannigan contre les briques contracte ses épaules, mais il ne cille pas. Ce qui s'est fissuré, en lui, vient de se briser. Un filin si faible qu'il avait peiné à garder en l'état. Celui de la douleur, celui de la misère. Celui qu'il ne souhaitait à personne d'autre — mais voilà que Niamh, l'indomptable Niamh, l'insatiable Niamh, venait de succomber à la peine. Ça remuait quelque chose en lui, quelque chose qu'il n'aurait pu s'expliquer. Et il la regarde frapper une fois, puis deux. Ça a l'air de lui faire du bien, mais il le sait : le mal va bien vite la rattraper. Elle a besoin de ses doigts pour conduire, besoin de ses doigts pour vivre. Elle ne peut pas les briser. Ça n'aidera pas Lulla. Ça n'aidera personne, et seule la colère s'en retrouvera encouragée. Ne sombre pas, Niamh. Ne laisse pas tomber.

C'est au troisième coup qu'il réagit enfin. Le bloc de glace qui dégèle abruptement, et le monstre qui sort de sa léthargie — douce et habituelle à la vue du sang. Sauf que celui-ci, il n'en veut pas. Celui-ci lui déchire l'esprit et lui bousille ce qui lui reste d'âme. Celui-ci n'a pas lieu de couler, et il est le seul capable de l'arrêter. Alors, son corps remue. Sa carcasse s'approche de celle de l'irlandaise, et il tend la main. Sa paume intercepte habilement le poing qu'elle envoie pour la quatrième fois vers le mur. Et il laisse l'impact se répercuter dans son bras — laisse la force de Niamh trouver son écho dans ses muscles crispés. Lorsque le choc est passé, il accompagne ses phalanges ensanglantées le long de son corps brisé. Fine silhouette qui menace de chavirer, au moindre coup de vent que la vie lui apporterait désormais. Il en profite pour la forcer à se tourner — doucement, la forcer à lui faire face. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, son bras libre s'est enroulé autour des épaules de la rouquine. Ses doigts se sont glissés sur sa nuque, dans ses cheveux. Ils saisissent son crâne et le forcent à trouver sa place dans le creux de son cou pour s'y échouer. S'y abandonner. Son autre main ne lâche pas le poing serré. Poing abîmé. Il sent l'hémoglobine poisseuse couler sur sa propre peau. Entre ses propres phalanges. Il ne dit rien. Ne bouge pas. Ne fait rien de plus. Il la tient trop fermement pour qu'elle puisse s'échapper — trop tendrement pour achever de la briser.

« It's ok. » Ses dents ne se sont pas desserrées. Il reste là, la protégeant temporairement du vent et des marées — et son corps crie moins que d'ordinaire l'inconfort d'une telle proximité. Il ne lui demande pas d'arrêter de pleurer. Il ne lui demande pas d'arrêter de souffrir. Il sait que c'est impossible. Sait que s'il avait son tempérament, le mur contre lequel elle s'acharnait serait dans un bien plus piteux état. Il sait qu'il se serait pété les phalanges à avoir de la bouillie à la place des doigts — et là encore il aurait continué. Car au milieu du noir de la rage et du rouge de la douleur, il n'y avait plus de phare pour les guider. Plus d'espoir au bout du tunnel — plus de lumière pour leur faire croire que tout allait s'arranger. Ça avait brisé Niamh. Et lui aussi pouvait y passer. À n'importe quel instant, n'importe quel tout petit moment, ses propres digues pouvaient s'effondrer. Et il le savait. Mais pour le moment, peu lui importait. La seule chose qui comptait, c'était de contenir la tempête qui était venu le trouver. La tempête qu'il n'avait pas réussi à canaliser, et qu'il avait laissée se fracasser contre les murs de cette ruelle.

La seule chose qui comptait, c'était de montrer à Niamh qu'elle n'était pas seule. De lui faire comprendre qu'il l'aiderait.

De lui faire comprendre que la vie continuait d'avancer, et qu'il le lui faudrait tôt ou tard l'accepter.

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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptySam 31 Mar - 2:52

Elle sait qu’elle est en train de se casser les mains, que dans trois ou quatre coups ça sera finie. Sa force trop grande, le mur trop solide, mais ça fait du bien de frapper, encore et encore. Ça fait du bien de se déchainer contre quelque chose, et de ressentir quelque chose en retour. Ça a beau être de la douleur, Niamh n’en a jamais eu peur. Jamais. Avoir peur de la douleur c’est ne pas prendre de risque, et toute sa vie a reposé sur cette seule capacité, à prendre des risques. À les prendre sans hésitation, à appuyer sur l’accélérateur et à se fier à son instinct. La douleur, ça rappelle juste qu’on est en vie. Alors elle frappe, elle frappe. Petite Niamh, grande Niamh. Perdue entre les mèches de cheveux roux. Perdue dans sa détresse, dans son désespoir. À en oublier le reste du monde. À ne plus savoir trouver les autres, à ne plus savoir demander de l’aide. Juste à frapper, encore et encore, alors que le visage de Lulla lui hante l’esprit. Ce n’est pas de sa faute. Elle le sait. Si seulement ça l’état. Là, au moins, elle pourrait y faire quelque chose. Mais là, rien. Rien du tout. Le néant. Le prochain coup fait vibrer ses os, ça fait mal, elle lâche un sanglot, de douleur, de tristesse, de colère, elle en sait rien. Niamh est en train de devenir dingue, et elle ne s’arrêtera pas. Elle ne sait pas s’arrêter. Ne sait pas relâcher la pédale. Elle ne sait qu’accélérer, et espérer pour le mieux.

Frappe, Niamh, frappe. Frappe jusqu’à ne plus rien ressentir, frappe jusqu’à t’oublier. Frappe jusqu’à te briser, frappe jusqu’à tout péter. Elle lève le poing à nouveau, tête contre le mur. Mais il ne se rend jamais. Ce qu’elle frappe, ce n’est pas la brique, c’est autre chose. Ça a une texture différente mais c’est tout aussi solide. La surprise la fige et elle relève des yeux désamparés. Cherchant le diable, le démon qui l’arrête, le salopard qui l’empêche de se faire mal. Et elle trouve un regard, sombre, familier, qui l’accroche, qui la happe. Novak. Elle l’avait oublié. Ou peut-être pas. Elle ne sait plus. Ensuite c’est une vague qui l’emporte, celle du corps de Novak. Elle n’a plus de force, qu’une coquille vide, alors qu’il la guide. Baisse son bras, ignore le sang. Elle ne sent presque pas la douleur, ou choisit de l’ignorer. Et elle chute finalement, contre lui, qui rattrape sa chute. Son bras qui l’entoure, qui la protègre. Elle s’écroule contre Novak, finalement, ferme les yeux, respiration saccadée, corps endolori. Elle ne pleure plus, pas l’espace de cet instant où elle est suspendue dans les airs, écartelée. Les doigts de Novak viennent dans ses cheveux, et son corps chute de plus en plus, ses jambes la tienennt à peine debout. Juste assez pour rester là. Ici. Contre lui.

Puis elle se débat. Après le choc vient la colère, et elle secoue ses mains pour se libérer, sans succès. Son autre main vient se fracasser contre ce qu’elle trouve, les côtes de Novak, celle qu’elle a brisé lors de leur première rencontre. Elle se débat, grogne. Bête sauvage qu’on tente d’emprisonner. Mais ses efforts ne font rien. Elle reste là, parce qu’elle le veut, parce qu’il l’empêche de fuir. Pour une fois elle se dit que c’est peut-être mieux comme ça. Pour une fois elle décide de ne pas fuir. Pour une fois elle se laisse retomber.

« It’s ok. » Elle ne sait pas si ce sont les mots, ou sa voix, ou l’odeur dans son cou, ou la peau qu’elle maintenant connaît si bien. Elle ne sait pas ce que c’est, mais quelque chose finit de se briser en elle, et les larmes reviennent à la charge. Grande enfant, pathétique Niamh, qui se met à pleurer dans les bras de Novak. Les sanglots sont là, discrets mais brutaux, alors qu’elle s’échoue contre la montagne. Elle pleure, contre lui, avec lui, en quelque sorte. It’s ok, it’s ok. Elle se rejoue les mots, et elle pleure. « It’s not ok » qu’elle lâche, lamentablement, la voix rouillée, la voix brisée. It’s not ok but it is. Elle dit ça en l’air, elle sait que c’est le désespoir qui parle. Que les larmes disent autre chose, que l’étreinte dit autre chose. Et elle se rapproche de lui, se réfugie dans ses bras. Colle son corps au sien, présence rassurante. Accrochée à Novak comme une bouée, s’il s’en va, elle tombera, elle ne se relèvera pas. Alors elle s’accroche. Ne veut pas qu’on le lui arrache. Personne ne le lui prendra. Pas lui, pas Novak. Ses sanglots se calment, s’apaisent. Bientôt elle ne fait que trembler, que pleurer silencieusement. Les larmes des dix dernières années qui en profitent pour se libérer de ses yeux. « I’m scared » qu’elle souffle, si bas, tellement bas. Pour que lui seul entende, pour que lui seul sache. Fait qu’elle n’avoue à personne, parce que y’a personne pour l’entendre. Mais Novak est là, Novak l’a rattrapée. « I’m fucking scared. » Ça tombe encore, bas, tremblant. Niamh ferme les yeux. Déssere sa prise. Souffle chaotique, souffle saccadé.

Ce n’était pas prévu. Pas prévu de se mettre à pleurer, pas prévu de lui dire ce qu’elle n’a jamais voulu dire à personne. Mais ce n’était pas prévu que Lulla disparaisse, que le monde chavire, que tout n’explose. Niamh se retire. Lentement. Pas trop. Juste assez pour le voir. Assez prêt pour l’embrasser. Assez prêt pour distinguer le tatouage dans son cou. Pas assez loin pour retourner dans le monde. Ses mains toujours en poing. Toujours englouties par les pattes du loup. Elle lève les yeux vers lui. Pitoyable, les joues pleines de larmes, les yeux pleins de désespoir. Elle le regarde, la montagne. Sa voix ne dit rien. Ses lèvres ne s’ouvrent pas. Mais ses yeux parlent, et elle sait que Novak l’entend. Il l’entend comme elle l’entend, et ce depuis ce premier soir. Pas besoin des mots. Elle lui hurle. Lui demande. Le supplie. Sors mois d’ici. Marre du monde, marre de tout. Marre de sentir le regard des gens, marre de devoir exister. Rentrer, s’oublier, boire, s’envoyer en l’air, peut-être. Peu importe. Mais rentrer. N’importe où. N’importe où sauf ici.

Et surtout ne me laisse pas.
Surtout surtout surtout
Ne me laisse pas.
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MessageSujet: Re: to the hounds of hell, (nivak ; intrigue)   to the hounds of hell, (nivak ; intrigue) EmptyMer 18 Avr - 16:57

Ça lui prend un temps, avant qu'elle ne réussisse à se calmer. Elle a tenté de le frapper, tenté de le faire lâcher. Impassible, immuable, il a résisté. Roc dans la tempête, seul point d'ancrage qu'elle serait capable de trouver dans les environs. Pas plus solide qu'elle, sur bien des aspects. Mais sur le plan physique, il l'était. Pouvait la maîtriser. Pouvait la canaliser. Elle le frappe et il encaisse. Silencieux. Ses bras se serrant davantage autour d'elle. L'empêchant petit à petit de bouger. La forçant à s'apaiser. Il ne la lâche pas. Refuse de la laisser aller. Je suis là, Niamh. Ça va aller.

Et, finalement, il sent son corps se relâcher. Chuter contre lui, glisser. Sa poigne se fait plus solide, la retient. Il sent les sanglots agiter le corps frêle de la Brannigan. Sait les larmes couler contre sa poitrine, tâcher sa veste. Et il s'en moque. En souffre plus qu'autre chose, alors qu'elle répond à sa tentative de la rassurer. Incapable d'admettre que les choses pourraient bien se passer. Qu'elle va devoir continuer à avancer, et que le sort de Lulla ne repose pas entièrement sur elle. Et elle s'accroche. Il l'imite, calmement. Ses mains puissantes qui continuent de la tenir debout, sa poigne qui refuse de la laisser aller. Qui la laisse pleurer. Pleurer jusqu'à ce qu'elle se calme enfin.

Les sanglots s'apaisent, et les larmes ne sont plus que silencieuses. Mais il les sait encore couler. Ponctuer les mots qu'elle prononce, rythmer le chaos de ses pensées. « I'm scared. » Et quelque chose en lui se serre. Un écho à ses préoccupations. Écho étrange à ce qui se passe au fond de lui. I'm scared too. Il le cache derrière la colère, le cache derrière un goût du sang qu'il s'efforce de satisfaire. Mais le mensonge ne peut pas prendre avec tout le monde. Et il sait que si Niamh reste suffisamment à ses côtés, si elle se calme et commence à l'observer, elle le débusquera sans qu'il n'ait la force de protester. Il a peur. Peur pour Bran, peur de ne jamais le retrouver. Peur de perdre la tête pour qui il aurait endossé toutes les responsabilités. Il a peur, et il s'efforce de ne pas le montrer. Les démons qui s'agitent au fond de son esprit. L'insatiabilité d'une terreur qui se mêlait depuis des années à l'horreur de ses souvenirs. « I’m fucking scared. »

Et puis, elle se décolle. Ne s'éloigne pas, pas beaucoup. Juste assez pour le regarder. Et il la laisse faire. Sans vraiment desserrer sa prise, sans lui permettre de pouvoir s'échapper. Il y a encore trop de larmes dans ses yeux. Trop de chagrin, trop de peur. Il voudrait s'y soustraire. Se réfugier dans autre chose. Dans le calme, dans le silence. Dans la chaleur du sang. Mais il n'a aucun moyen de le faire. Il faut l'aider. La tirer de là. La sauver. Doucement, une de ses mains se glisse dans les cheveux de Niamh. Sur sa nuque. Et il la force à ramener sa tête contre lui. La force à s'oublier dans la noirceur de sa veste, dans la tiédeur de son odeur. I'm gonna take you home. Sans un mot, il finit par la relâcher. Sa main reste sur sa nuque, son bras s'enroule autour de ses épaules. Et il la garde appuyée contre son corps. Empêchant le monde et sa cruauté de la saisir à nouveau. De l'étouffer. Calmement, lentement, il commence à marcher. Sait quelle direction emprunter pour rentrer. La route sera plus longue qu'à l'accoutumée, mais marcher leur fera du bien. Marcher les aidera à respirer. Calmera les larmes de Niamh, forcera sa fureur coupable à retomber. Il la ramènerait chez lui. Lui trouverait quelque chose à manger. Et il la coucherait. Sans un mot de plus, sans rien ni personne pour s'interposer. Il la coucherait, et il s'occuperait de poser les questions qu'il fallait en s'assurant qu'elle se reposait. I'm gonna take care of you. I'm gonna do whatever I have to. So don't let go, Niamh.

Don't let go.


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