— Le sale petit fils de pute. Elle hurle dans la rue, ignorant les regards qui se retournent sur elle. Les yeux rivés sur le sms qu'elle vient de recevoir de son rencard. Il annule tout, au dernier moment, alors qu'elle était déjà en route pour aller chez lui comme prévu. Il annule tout, parce que finalement il se remet avec son ex. Dont soit disant il était toujours amoureux. Il la plante pour la Saint Valentin et en plus il la largue comme si elle n'était rien. Elle essaye de l'appeler, dix fois de suite. Mais le lâche ne décroche pas. Il renvoie un sms, pour lui dire qu'il ne peut pas décrocher. Mais elle sait qu'il ne veut juste pas l'affronter. Alors elle appelle une dernière fois et lui laisse un message vocal bien salé. Elle lui fait bien comprendre qu'elle ne va pas en rester là et qu'il va lui payer. Au fond, ses sentiments ne sont pas vraiment heurtés, elle n'était pas amoureuse de lui. Mais c'est son égo qui est froissé et ça, elle ne digère pas. Elle se sent stupide, là, au beau milieu du trottoir, bien apprêtée, une petite robe rouge moulante et évasée au niveau de la cuisse. Elle avait même fait l'effort de natter sa crinière, parce qu'il râlait souvent sur le fait qu'elle avait toujours les cheveux sur les yeux. Elle finit par faire demi-tour, change de trajectoire, ses talons hauts qui claquent férocement le bitume. Les poings serrés, elle rumine sur tout le trajet. Déçue et amère. Mais elle ne rentre pas chez elle, non. Elle refuse de passer la Saint Valentin toute seule. Ça ne lui est jamais arrivé en 21 ans ce n'est pas cette année que ça changera. Vingt minutes plus tard, elle est devant la porte de l'appartement de Sidney, à tambouriner dessus comme une sauvage pour l'obliger à rappliquer rapidement. Attendre, ce n'est pas son truc, encore moins quand elle est dans cet état. La porte s'ouvre et c'est un Sidney bien habillé qui se dresse devant elle. Elle ouvre la bouche pour râler mais se coupe dans son élan, le dévisage quelques secondes. Elle attrape sa chemise et tire un peu dessus. — C'est quoi ça ? Sidney ne porte jamais de chemise. Mais elle ne lui laisse même pas le temps de répondre, elle le pousse et rentre dans l'appartement, se remettant aussitôt à parler. — Tu sais pas quoi putain ? Dylan vient de me plaquer par sms pour retourner avec sa connasse d'ex ! Elle écarte les bras et écarquille les yeux, jouant son air sidéré à la perfection. Puis elle agite ses mains devant elle, agacée, avant de finalement venir défaire sa tresse. Elle n'a jamais vraiment aimer avec les cheveux attachés. Et tandis qu'elle passe ses mains dedans pour les libérer et leur redonner du volume, elle continue. — Dire que j'ai acheté des sous-vêtements ultra sexy rien que pour ce soir. Ça m'a coûté une blinde ! J'te jure, il va me les rembourser. Elle râle, elle grogne, elle s'agite, et pas un seul instant elle se préoccupe de savoir si Sidney avait d'autres plans, s'il était sur le point de partir pour un éventuel rendez-vous. Non, comme toujours, elle joue la parfaite égoïste et se pavane ici comme si tout lui était dû. Elle finit par aller se vautrer sur le canapé, la robe qui remonte à la limite de sa culotte, les fesses à moitié à l'air mais elle s'en fiche. Elle allume la télévision, étendant ses jambes sur la table basse. — J'suis sûre que doit y avoir un film d'amour diffusé à la télé ce soir. On va l'regarder et on va l'critiquer, parce que c'est d'la merde la Saint Valentin ! Et Sidney joue le jeu, il apporte de quoi grignoter et de quoi boire et s'installe à côté d'elle. Mads finit par trouver une chaine qui passe une comédie romantique et elle grimace, commençant déjà à trouver à redire sur le casting. Une demi-heure plus tard, elle est blottie contre Sid, son bras qui entoure le sien, sa tête quasiment posée sur son épaule. — Non mais, putain, ils font toujours le même élément perturbateur, c'est super nul. Toujours un quiproquo de merde qui fait que la fille s'enfuit et tout. C'EST NUUUL. Elle jette le morceau de pain qu'elle avait dans la main sur la télévision en soupirant, exaspérée. Puis elle se renfrogne, s'accroche à Sid encore plus, la moue boudeuse. — Franchement, pire Saint Valentin de ma vie. Même pas foutue de voir qu'elle est exactement là où elle doit être. Avec lui.