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| don’t be a slave to the system (leonaire) | |
| Auteur | Message |
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: don’t be a slave to the system (leonaire) Mer 4 Oct - 16:29 | |
| La flamme du briquet manqua de lui brûler les sourcils, alors qu’un adolescent passablement excité la bouscula en passant trop vivement près d’elle, embarquant dans la verve de sa jeunesse insoumise la clope d’une tempête au bord de l’implosion. « P’tin ! » Le regard de bonne intention que lui adressa le jeune homme en se retournant vers elle se mua dans un affolement à peine dissimulé alors que la colère s’immisçait dans les prunelles d’un océan ravagé, et il déguerpit bien rapidement dans la foule dans un couinement plaintif étouffé au fond de la gorge. « Ouais c’est ça, cache-toi » qu’elle maugréa la rouquine, alors qu’un énième tube cancérigène se glissa entre ses lèvres. Elle n’avait pas le visage des bons jours, Daire, à compter qu’elle en ait eu un jour. Les vestiges de la soirée alcoolisée de la veille s’étiraient sur sa joue dans une ecchymose aux multiples tons violacés, jusque dans les traits tirés de son visage ravagé par les insomnies trop longues et les silences trop pleins de doutes. Ce matin, alors qu’elle se noyait dans la douche pour tempérer son apparence de sauvage, elle avait reçu un sms inquiétant. Assez, pour qu’elle se ressente à nouveau brebis égarée dans une chasse malsaine. On te surveille, qu’elle avait reçu d'un numéro inconnu. Alors Daire s’était enfuie de l’appartement, son portable abandonné sur le lit et son couteau pliant enfoncé précipitamment dans la poche de son jean. Elle avait un rendez-vous important, celui de ces idéaux, et elle en avait assez de le fuir - mais pas question de sortir sans protection.
Depuis quelques temps, les affiches de l’association pour le respect de l’environnement et de l’économie durable étaient systématiquement enlevées par la mairie, et leur dernier rassemblement avait été interdit sous excuse que cela pouvait dégénérer en raison des tensions récentes dans la ville. Comme si une bande de hippies pouvait mettre Savannah en état de siège, bande d’abrutis. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était une censure. Une faute suffisamment grave aux yeux de Daire, des autres, de ceux qui détestait cette société aveuglée par les dires des plus grands. Une manifestation s’était alors organisée, calmement, tandis que la ville bouillonnait depuis quelques jours dans une tension bien assez palpable pour que les nuits se fassent désertes et les journées précipitées. Ce n’était peut-être pas l’idée du siècle, mais personne n’avait jamais affirmé que le babos était l’être le plus intelligent de l’espèce humaine.
Il y avait la Rue Két’ qui bourdonnait dans une enceinte portable enfermée dans un sac à dos, perdu dans la masse de ces visages juvéniles. C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la rue kétanou. Mais ce n’était pas à eux qu’elle appartenait, la rue, pas à ces étudiants débraillés ou ces adolescents en quête d’adrénaline dans l’ennui de leur quotidien aride. Elle appartenait aux silhouettes décharnées qui n’avaient pas besoin de parler trop fort pour se faire comprendre, aux âmes qui avaient les traits ravagés par les véritables combats de la vie ; qui hantaient la ruelle d’une démarche assurée, de celle qui martelait le sol en scandant les problèmes d’une société de merde.
Et dans ce tas informe, une présence familière, un compagnon d’infortune dans les combats d’une utopie convoitée.
À coups de coudes dans les côtes et de fumée lâchée dans les visages, Daire traversa la foule sans délicatesse pour rejoindre la silhouette de Léonard. « Salut, blondinet » qu’elle lui lâcha furtivement, feignant un battement de cils à son attention avant que son regard ne retourne papillonner dans la foule. Putain, il paraissait toujours un peu plus maigre à chaque fois qu’elle le croisait, ou bien ne s’y faisait-elle jamais vraiment. Surtout ces derniers temps ; après tout, qu’est-ce qu’elle pouvait bien en penser, Daire, jamais là depuis des mois, à peine une ombre dans certains rassemblements – passagère clandestine pour défendre des valeurs auxquelles elle tenait tant, pourtant. Parce qu’elle avait des problèmes, l’enfiévrée, comme à son habitude. De ceux qui parvenaient à lui tenailler la peur au ventre, à lui pilonner l’esprit de la paranoïa des proies chassées. La cicatrice à sa poitrine lui comprima le cœur dans une étreinte hantée, la présence de son couteau lui fut soudainement brûlante. Le grand loup n’était peut-être plus, mais il y en avait tant d’autres. Les tentacules du groupuscule s’enlisaient dans la moindre parcelle d’une existence ; si bien qu’une fois touché, il semblait impossible de s’en défaire complètement. Une crainte qu’elle balaya d’une aspiration acharnée sur sa pauvre cigarette, mais la nicotine ne faisait qu’effleurer la tension ancrée sous sa peau frémissante.
Les taches de rousseur dévisagèrent une nouvelle fois son camarade de l’instant, du combat éphémère. Elle lui indiqua l’une de ses propres narines constellées avant de lâcher la sentence d’une nonchalance impitoyable – quoique la vibration d’un amusement dans le grain de l’accent irlandais « T’en as encore un peu là » C’était sacrément naze, ça, putain. Ce n’était même pas vrai mais elle savait néanmoins ce qu’il en était – c’était une accusation à demi-teinte, à peine voilée dans le regard. Daire, l’incapacité de s’en tenir à un bonjour cordial, à un échange aimable. C’était les remarques qui affluaient, les mots constamment au bord des lèvres. C’en n’était pas nécessairement méchant – bien qu’une lueur de franchise agressive dissimulée sous les paroles cette fois-ci. Un bout de reproche, un bout de désaccord. Daire se fichait littéralement de ce qu’il pouvait en penser, encore plus de ce qu’il lui répondit vainement – les mots glissèrent sur la surface de la tempête sans atteindre leur destinataire, l’attention de nouveau attirée vers l’au-delà de la foule. Un au-delà soudainement bien rapproché, alors qu’une poignée de crânes rasés remontait les manifestants et qu’un premier chahut se souleva dans la consternation. « Ok, fais gaffe, c’est en train de partir en cou- » Pas le temps de terminer sa phrase que Daire attrapa fermement le bras de Leo pour l’attirer de son côté, alors que la cohue naissante engendrait les premières bousculades. Elle avait un sourire espiègle sur les lèvres, la rouquine. Oubliés, le message matinal et les menaces sous-entendues. Abandonnés, le mégot de cigarette échoué sur le bitume, la retenue des nerfs au bord de l’implosion.
Ça te démange, ça t’obsède – t’as la fièvre au bout des doigts.
Dernière édition par Daire Méalóid le Ven 3 Nov - 20:56, édité 1 fois |
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et le château de sable, il est dans l'eau maintenant ▹ posts envoyés : 2287 ▹ points : 19 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) / tumblr, whi (signa, profil) / amy winehouse, les cartons(texte) ▹ avatar : ben nordberg ▹ signe particulier : très maigre, cocaïnomane et toujours habillé avec des vêtements bariolés
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Mar 17 Oct - 20:40 | |
| Euphorique, impatient, les pupilles dilatées à cause d'un rail sniffé à la va-vite, su r le coin de l'ongle, Leo avait réussi à s'échapper du plateau de tournage. L'échapper, car bien sûr, le droit à la manifestation n'était pas reconnu par les lois de Jeff, et jamais il ne l'aurait laissé s'éclipser le temps de crier son indignation. Et pourtant, jamais il ne l'aurait manqué, ce rassemblement sur la place principale de Savannah, sitting pacifiste transformé en défilé des principes. Il y avait été, quelques semaines plus tôt, entrain de placarder dans toute la ville des affiches de sensibilisation pour la protection de la Bay de Savannah, notamment à cause des festivals de l’été qui avaient été tellement mal organisé que ça avait été un véritable massacre pour les plages de Tybee et les rues de la ville, quelques slogans polémiques sur les lignes écologistes douteuses des politiques de la ville et de l’Etat, quelques messages tagué directement sur le bitume, à la sauvette, pour essayer de faire passer un message. Et il avait été là aussi, quand tout avait disparu, quand tout avait été arraché, et quand on avait tenté d’empêcher un prochain rassemblement. On lui avait toujours dit à Leo, que se taire c’était être complice. On lui avait dit : change les choses, sinon ça changera contre toi. On lui avait appris, à Leo à crier son indignation, que le peuple peut faire entendre sa voix. Il avait toujours été admiratif de ces activistes de greenpeace qui risquait tout, pacifiquement, pour faire résonner leurs idées. De ces bateaux gonflables contre les baleiniers ou de ces alpinistes le haut d’un réacteur nucléaire. Et, c’est avec la même passion que ses héros, qu’il se rendait, comme à chaque fois, en plein coeur de l’action modeste de Savannah, pour protéger les coraux du large, revendiquer la fermeture d’une usine chimique non loin, ou autre aberration de l’humanité devant lesquels Leo trouvait toujours de quoi s’indigner.
Les engagés de Savannah, c’était un peu comme un grande famille. Quand on était actif, on finissait toujours par croiser les mêmes têtes. Leo se faufilait donc dans la masse de personnes de plus en plus opaque, sa veste à capuche Sea Shepherd sur le dos ouverte sur un t-shirt trop large pour lui il en était de même pour son jean délavé, un foulard dans ses cheveux emmêlés et un clope roulée sur l’oreille. D’une seconde à l’autre, quelqu’un l’arrêtait pour claquer sa main et lui demander quelques nouvelles “Elle est où Mamie River ?” revenait le plus souvent. La grand-mère de Leo, celle qui l’avait initié à toutes ces actions humanistes, était normalement toujours de la partie cette semaine, le blond était seule représentant de la famille. Il était de coller un autocollant sur son t-shirt quand on l’attrapa subitement par la manche.
Salut, blondinet ! La voix qui porte de la rouquine trouva tout de suite écho et Leo lui offrit un sourire en coin et une accolade amicale. Tiens, un revenante. Fit-il remarqué, d’un air à mi chemin entre la taquinerie bon enfant et le reproche. Ce n’était pas qu’il lui en voulait, c’est simplement qu’il partait du principe qu’on arrête pas de lutter parce qu’on est fatigué. Et fatigué, elle l’était. Lui aussi d’ailleurs. La cocaïne sniffé un peu plus toi avait fait s’accéléré son rythme cardiaque, dilater ses pupilles, il n’empêche qu’il n’avait pas eu de vraie nuits depuis des jours. Elle non plus manifestement. Mais parlant de cocaïne : T’en as encore un peu là. En essayant de cacher sa surprise, Leo ne pu résister à s’essuyer le bout du nez d’un revers de manche, même s’il ne croyait pas un mot de sa remarque. Elle avait son air malicieux, celui qu’elle prend quand elle veut juste embêter quelqu’un. Manque de bol, il se fichait éperdument de ce qu’elle pensait de sa consommation excessive de stupéfiant. J’t’emmerde. Qu’il balança donc en attrapant la cigarette coincée dans son oreille, il sortit également un briquet et se pencha vers elle pour protéger la flamme du vent, il en profita aussi pour dire, une fois la clope fumante entre les dents : T’en veux ? T’as l’air d’en avoir besoin. Il arqua un sourcil et aspira une longue taffe de fumée, qu’il recracha en se tournant vers le ciel - qui commençait d’ailleurs à se couvrir. On te verrait peut-être plus souvent comme ça. Parce que je t’ai pas vu à celle de la semaine dernière. À la seconde où elle allait répondre, se défendre, n’importe, Leo la coupa dans son élan et ajouta, provocateur : Ni celle d’avant. Il léger rire le secoua, il fut bousculé par quelqu’un sans trop y faire attention et souffla doucement la fumée de sa cigarette.
La foule était de plus en plus compacte, et on entendait s’élever un genre de brouhaha électrique. L’atmosphère se tendait. Attiré par le bruit, une clameur qu’il ne reconnaissait pas, car elle n’avait ni le rythme entêtant des slogans tout en rythme, ni même la bienveillance des valeurs qui s’échangeaient avec enthousiasme normalement dans un tel rassemblement, Leo s’aida du rebord d’un lampadaire pour prendre un peu de hauteur et percer la foule. Quelques rangées plus haut dans le cortège, un fouilli enragé commençait à contaminer la foule Putaaain. Marmonna-t-il, au même moment, Daire tirait les premières conclusions Ok, fais gaffe, c’est en train de partir en cou- Leo était redescendu et Daire l’attira contre elle pour lui éviter de se prendre un type visiblement remontés. S’infiltrait déjà dans les rangs les premiers émeutiers, casseurs, fauteurs de troubles. Qu’ils soient trop révoltés tout simplement, qu’ils détestent au contraire ces “putains de hippies” ou qu’ils ne viennent ici qu’appelés par l’odeur alléchante de la transgression, ça ne valait rien de bon. Cependant, le côté naïf ou bien trop positif de Leo le poussa à rétorquer mollement : T’inquiètes, c’est rien. Et à continuer tout simplement ce pourquoi il était venu, manifester tranquillement dans les rues.
Il fumait encore sa cigarette, quand les slogans, s’entrechoquèrent dans l’air. Les enragés, les révoltés, les fiévreux d’un côté, les pacifistes, les écolo, les raisonnés d’un autre, entre tout ça, tout un tas d’insultes hurlées pendant une seconde d’accalmie pour qu’elles résonnent dans la foule, projetées par des émeutiers infiltrés dans la foule. L’ambiance se tendait de plus en plus, et Leo, désemparé par cette situation si simple qui prenait une ampleur qu’il n’appréciait tout simplement pas, commençait à guetter autour de lui les actions stupides d’un accro aux drames. Les altercations contre la police, il connaissait, il en redemandait même presque parfois. Mais que c’était la foule elle-même qui devenait incontrôlable, il ne le supportait tout simplement pas. Quelques pétards explosaient d’un côté ou d’un autre, on croisait aussi des poubelles renversées. Bientôt, elles brûleraient. Putain mais qu’est-ce qu’ils ont aujourd’hui ? Commenta Leo, un cinquantenaire à sa gauche haussa les épaules sans pouvoir apporter d’explication, y avait que Daire pour être enivrées par l’atmosphère électrique. LES PUTAINS D’FLICS FOUTENT DES BARRIERES ! Hurla l’un, foulard devant le visage, debout sur un abris-bus, Après quelques insultes, il sortit de son sac un fumigène qu’il dégoupilla et envoya plus haut dans la foule, le type fut rejoint par quelques autres qui tentaient de le faire descendre de l’abris bus, visiblement pour lui faire sa fête, il préféra se laisser tomber en avant, dans la foule. Daire ! FAIS GAFFE ! Cria Leo une seconde trop tard.
Comme des dominos humains ils s’écrasèrent tous les uns contre les autres. Leo et Daire au sol, alors que la foule s’activait soudainement, pour la plupart effrayée par la tournure des événements. Du bruit, partout, de la fumée aussi, on y voyait pas à deux mètres. Beaucoup de gens, trop peu d’escape, à terre, Leo roule sur le ventre pour se redresser et chercha en vain la rouquine des yeux. Un type trébucha sur lui, l’insulta au passage. Va t’faire fou… il se stoppa en pleine phrase. Daire s’était relevée, un peu plus loin, visiblement entrain d’être emmerdée par un genre de skinhead. Leo se redressa rapidement et s’approcha d’eux. Elle n’avait jamais besoin d’être défendu Daire, jamais, et pourtant, Leo se posta à côté d’elle et ne pu pas résister. Non pas qu’il s’inquiétait pour elle, non, ça serait comme l’insulter que de faire ça. Mais y avait comme un truc en lui qui avait envie d’exploser. Il était énervé, énervé contre ces gens qui brisait le message qu’il se tuait à scander, énervé par cet état d’esprit qui se répendait comme une épidémie. Alors voilà, il poussa le type devant lui : Fou-lui la paix, dégage ! Qu’il cria en attrapant Daire par la manche. |
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Lun 23 Oct - 1:32 | |
| Daire ne fit pas réellement attention à la clope que Leo attrapa après avoir râlé à son attention, ni à sa proposition narquoise, mais les accusations suivantes qu’il ne prit pas la peine de cacher attisèrent son esprit, et son exaspération. Pourtant, elle se contenta d’hausser les épaules, vaincue mais pas totalement, dans ce qu’elle souhaitait être l’attitude la plus indifférente possible. « Pas d’répit pour les héros » qu’elle souffla, l’attention partagée entre son acolyte, ses tourments et les prémices de l’agitation environnante. « J’avais d’autres combats à mener, pas facile d’être sur tous les fronts » Un combat contre les interdits, contre les vestiges. À fuir les fantômes, les mauvaises graines. À s’échapper vainement des tentacules d’un groupuscule plus envahissant qu’elle ne l’avait jamais voulu ; une tête pensante morte, deux repoussaient à même sur la décapitation. Ça ne cessait jamais, dans le silence de la nuit et les cauchemars, dans les sms de numéros inconnus et les ombres dans la rue. Jamais l’IRA ne vous quittait réellement, de son combat officiel ou de ses désirs illicites. Mais ça, elle ne pouvait lui dire, à Leo. Elle ne pouvait lui dire qu’elle devenait paranoïaque quand elle pensait surprendre des ombres la poursuivre, qu’elle perdait la raison lorsqu’elle pensait apercevoir le fantôme de son frère au détour d’un immeuble. Qu’elle était poursuivie par des silhouettes incertaines mais bien présentes, dans les menaces, dans les silences – depuis des mois. Ce serait déclarer les failles, admettre la défaite. Sauf que ces mots ne faisaient clairement pas partie du vocabulaire enflammé d’une jeune femme en colère contre le monde entier, alors elle se contenta de répondre de la merde, dans tout son flegme, avec un entrain feint si bien qu’elle pourrait presque s’en convaincre elle-même.
L’atmosphère s’emplissait d’une électricité particulière, de cette décharge impatiente dans les prémices d’une tempête. Preuve en était, lorsqu’un type manqua de renverser Leonard sur son passage, si la rouquine ne l’avait pas attiré à ses côtés. « T’inquiètes, c’est rien. » Oh non, merde Leo commence pas. Serrant les dents, exaspérée par ce manque de réaction, par la situation en général, ou peut-être juste à cause de sa propre paranoïa qui lui entravait les pensées, l’enflammée ne laissa pas passer cette remarque. « Non, c’est pas rien » Tout en calant ses pas dans les siens pour ne pas se laisser bousculer par le rythme changeant de la foule, elle lui attrapa le coude pour le forcer à la dévisager, oubliant presque que les premiers fauteurs de trouble s’immisçaient parmi les manifestants. Elle pouvait se montrer autoritaire, Daire, assez virulente dans son état esprit, pas vraiment délicate, surtout lorsqu’elle avait un message à faire passer, une leçon de vie à faire comprendre. Une nécessité vitale qui, dans le futur imminent, pouvait s’avérer lui être utile. « Ces gens, si tu les laisses faire, si tu n’dis rien, ils t’prendront tout. Tends-leur la main et ils t’feront la peau. » Dans le fond, la rouquine – pour elle, ce n’était qu’un instinct de survie, bien plus qu’une question de principe. Rendre les coups, marquer le territoire, être le plus fort pour survivre, non pas vivre, c’était un principe désuet lorsqu’on avait déjà laissé son cœur sur une table d’opération. Difficile d’imaginer qu’un QI surélevé se cachait derrière la loi de la jungle de l’enfiévrée. « Tu le sais, merde ! » Alors te laisse pas marcher dessus, te laisse pas faire. Mais il n’était pas con, Leo, oh non. Il le savait déjà, il n’avait pas besoin qu’on lui dise que le monde allait mal, que la crasse humaine s’enlisait dans chaque pavé, il avait ses propres yeux pour s’en rendre compte. De ce regard qui avait seulement décidé de n’y voir que le meilleur, de croire en l’humanité quand les autres l’insultaient de sale hippie trop naïf. Leonard se battait pour la paix, alors que Daire menait une guerre perpétuelle.
La nervosité s’empara de ses sens, l’excitation s’imprégna dans ses muscles, enlaçant doucereusement la colère palpitante d’une âme revêche. Le combat du jour, de toujours, était d’une évidence simple et ne nécessitait pas d’employer de grands moyens pour se faire entendre. Alors on scandait des slogans accrocheurs, au rythme des pas martelant le bitume, des cœurs battant pour une même cause à l’unisson. La volonté du changement, d’une évolution saine ; le calme des raisonnés, l’ordre dissout dans une ferveur étrangère, plus chaotique, plus sombre. Tous le ressentaient, dans le regard à la fois inquiet et exalté des plus jeunes, dans la lassitude sur les traits des plus vieux, et dans le mélange entre l’impatience, l’irritation et l’effervescence dans ceux de l’entre-deux. Des murmures se succédèrent en approbation à la remarque excédée de Leonard, tandis que Daire, pourtant désolée pour lui, pour sa cause et ses convictions, et même pour les autres, s’inquiétait également d’apercevoir sous les foulards des émeutiers le regard de ceux qui la pourchassaient dans l’ombre. La frontière était poreuse entre la prudence avisée et la paranoïa, la seconde régnait dans son esprit comme un poisson dans l’eau, aussi naturellement accabla-t-elle ses sens d’un désordre tumultueux. Mais toute folie réclamait qu’on la sauve du désastre de la raison.
Lorsque l’un des type au foulard se laissa tomber dans la foule depuis le haut d'un abris-bus, après avoir balancé un fumigène allumé plus loin, ce fut le début de la fin. Tout explosa dans les veines de la rouquine, réceptacle de l’esclandre qui se fracassait autour d’eux, contre eux. La fièvre des révoltés, l’énervement des casseurs, la nervosité des interdits. L’avertissement de Leonard s’était envolé au contact des corps s’effondrant les uns sur les autres dans le chahut, les séparant de quelques mètres par la même occasion. Daire n’eut pas le temps d’amortir le choc et lorsque son menton rebondit dans un coup sec contre le béton, son visage rencontra le bitume là où siégeait déjà l’ecchymose de la soirée de la veille. Par réflexe, elle porta ses mains à sa nuque pour se protéger des pieds hasardeux, le temps de basculer sur le côté et de se relever en aidant une jeune femme à faire de même. « Leo ! » Putain de fumée. Une flopée d’injures se bouscula au bord de ses lèvres, il était impossible de voir à plus de deux mètres, les corps amassés les uns contre les autres n’aidant pas. Mais Daire n’eut guère le temps de jeter un réel coup d’œil autour d’elle, un crâne rasé la prit rapidement à partie en lui attrapant fermement le bras. « Qu’est-ce qu’t’as connard ?! » Une hésitation. « Toi, qu’est-ce tu branles avec ces merdeux ? Viens avec nous ! »
Aussi bien qu’elle avait reconnu certains visages parmi les manifestants, maugréé contre les adolescents présents sans réelle conviction si ce n’était le mouvement de foule et se penser intéressants, désormais elle reconnaissait également certains visages parmi les casseurs, les émeutiers – et c’était réciproque. Parce qu’elle appartenait tout autant à ces deux mouvements à contre-sens, Daire, parce qu’elle avait la foi en chacun, en personne, en rien, en tout. Qu’elle était l’insoumise, le pied entre deux mondes, mais bancale. Un peu dans celui des combattants tranquilles, beaucoup trop dans celui du désordre et de la destruction. À la fois philosophe et réactionnaire, tant communiste qu’anarchiste, elle était une révoltée qu’on ne cadrait pas très bien, que peu de personnes appréciaient vraiment, qu’on traitait trop souvent d’indécise – parce qu’il y en avait pas beaucoup, des comme elle, à clamer que le système était défaillant, qu’il fallait l’annihiler pour construire un monde meilleur sur ses cendres, quand les uns souhaitaient l’anéantissement pur et simple des privilèges et des injustices, tandis que les autres pensaient qu’ils pouvaient changer le monde de manière progressive et pacifique.
Mais aussi bien qu’elle était bancale dans son comportement et dans son combat, les skinheads n’étaient pas de ceux auprès desquels elle menait le front. Jamais, au contraire. « Va t’faire foutre putain ! J’cautionne pas les nazis » Au moment où elle dégagea son bras de l’emprise du type, en se demandant si elle ne l’avait pas déjà vu dans les parages de Ryan, Leonard la rejoignit à coups d’éclat qui ne lui ressemblaient pas. « Fou-lui la paix, dégage ! » Il poussa le type qui, déstabilisé par la première bousculade de la rouquine, manqua de se rétamer le cul par terre, avant d’attraper à son tour le bras de Daire par la manche de sa veste en cuir. Surprise par autant de hargne chez son ami, l’exaspération à l’idée-même qu’il lui soit venu en aide s’estompa rapidement face à la situation, face au changement dans le regard de Leo, à l’impatience vibrante dans ses veines, à ses muscles tendus sous sa veste. Elle ne connaissait que trop bien le sentiment qui grandissait en lui et qui, s’il ne l’étouffait pas comme il l’avait toujours si bien fait jusqu’à présent, lui pomperait la raison jusqu’à la moelle. La perversité de sa propre colère lui souffla des idées insensées sur la suite des évènements, sur ce qu’elle pouvait faire de Leonard en profitant de son état, de salir son âme trop juste en accablant cette situation qui avait dégénéré. Mais Daire avait un sens du juste que beaucoup trouvaient malsain. Elle vivait au-delà du sens des convenances, elle n’avait pas intégré les normes de cette société parce qu’elle s’était forgée dans une normalité propre à sa famille, dans les idéaux révolutionnaires de toujours, d’un autre temps. « Tu vois … » Le gaillard dont le foulard sombre s’était échoué au sol les dévisagea, visiblement prêt à en découvre avec celui qui l’avait bousculé, mais encore hésitant en présence de la rouquine dont il ne connaissait que trop bien la réputation. « Hippie de merde ! » Elle pointa un doigt accusateur dans sa direction. Sa joue meurtrie la lançait, ses tempes vibraient sous le chaos de ses pensées, de l’exaltation de ses sens à l’odeur âcre de la fumée et du brûlé, du fer des rues abîmées et du sang des corps en bataille. « Ces mecs, tu peux pas les laisser faire. Tu peux pas les laisser tout saccager ! » Leo était contre la violence, alors qu’elle peuplait le monde de Daire de tâches sales, de regrets parfois, et de beaucoup de colère, trop souvent. Elle n’était pas une personne fiable, pas pour son sens de la justice, ou pour mener des relations avec le reste de l’espèce humaine en toute saineté. Elle avait le besoin de bousculer les plus calmes, de mettre à mal à la sérénité de leur monde, la stabilité de leurs convenances. Comme Sidney, comme Majo, et comme Leonard aussi. Surtout comme Leo, celui dont les idéaux ne devraient pas le laisser aussi placide face à la violence de ce monde. Elle appréciait par-dessus tout les conversations qu’ils avaient ensemble, jusqu’au bout de la nuit, à se crier dessus pour se faire entendre, parce qu’au fond elle aimait que lui, plus que d’autres, la mène dans ses retranchements, lui prouve tant bien que mal qu’elle n’avait pas toujours raison, qu’il ait les arguments qui tapent, qui fassent mal, qui assagissent également. Parce qu’ils partageaient beaucoup de valeurs communes, qu’ils se battaient pour des causes similaires, mais que là où lui était le paisible, elle n’était que le chaos.
La présence du couteau dans sa poche se fit soudainement pesante, pressante, et elle se rendit compte qu’elle en avait oublié l’existence, alors qu’elle l’avait emporté à cause de sa crainte à l’égard de ses traqueurs de l’ombre. Elle était loin d’imaginer qu’elle aurait l’occasion de s’en servir contre quelqu’un d’autre, même si elle savait pertinemment que c’était habituel pour une manifestation pacifique de dégénérer en raison des fauteurs de trouble. « J’vais vous éclater ! » beugla le skinhead en saisissant Leo par le col de son tee-shirt, lui abattant le poing dans le visage. Il avait finalement opté pour la cible inconnue, celle qu’il estimait certainement plus facile mais dont le jugement était biaisé à cause de Daire. La réactivité de cette dernière ne se fit pas attendre, elle sortit l’arme blanche de la poche de son jean et en apposa la lame contre le cou du casseur. « Mollo le rat ! » qu’elle lui cracha sans cacher son dégoût, de celui que lui inspirait les personnes comme lui. « Tu vas l’lâcher tout d’suite » Collée presque contre lui, elle fit une légère pression sur la peau, mais c’était Leonard qu’elle regardait. De ce regard qui lui demandait de ne pas paniquer, de ne pas s’inquiéter – qui lui demandait pardon. Pardon d’être aussi ravagée de l’intérieur, de détruire tout, d’être incapable de gérer un conflit normalement. Pardon de menacer un être humain d’une telle façon, mais qu’il était comme ça son monde à elle. Que c’était comme ça que vivaient les éclopés de la vie, saigner avant d’être saigné. « Et maintenant, tu vas te défendre ? » qu’elle lui souffla, murmure se voulant plus inquiet qu’accusateur, parce qu’elle était aussi et avant tout comme ça, Daire. Inquiète pour les personnes auxquelles elle tenait, prête à prendre les coups à leur place, révoltée que Leonard en ait pris un alors qu’il était contre toute cette agitation. Cependant, si le jeune homme pacifiste devait frapper quelqu’un, la rouquine n’était plus certaine qui, d’entre l’agresseur et elle-même, recevrait le coup en premier.
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Sam 4 Nov - 12:25 | |
| Ces gens, si tu les laisses faire, si tu n’dis rien, ils t’prendront tout. Tends-leur la main et ils t’feront la peau. Tu le sais, merde ! S'insurgeait la rousse. Leo lui lança un regard appuyé, oui il savait. C'était pas à lui qu'elle lui ferait la leçon sur l'oppression, la nécessité de défendre ses idéaux et de faire entendre sa voix. Mais il ne voulait pas y croire, non, fallait qu'elle arrête de faire vibrer l'atmosphère. Daire, elle était comme ça, tout le temps sous tension, branché à un voltage plus élevé que le reste du monde. Dix fois plus que Leo, même avec 1 gramme de coke dans l'organisme. Mais fallait se rendre à l'évidence, dans les entrailles de cette manifestation, le venin se répondait. L'agitation créait l'agitation, le monde attirait le monde -et les flics. Alors, et même avec toute volonté du monde, Leo ne pouvait plus l'ignorer. Et il était presque sûr d'avoir vu s'esquisser un sourire sur le visage de la brute, et du truand à la fois. Impossible de s'y attarder, bien vite l'atmosphère devint opaque, on n'y voyait rien. Que dalle. Dominos humains. Sur le sol le bruit des cris était étouffé par celui des pas, des piétinement qui te frappait en plein lobe temporal. Rapidement, Leo se releva pour essayer de retrouver la crinière de feu dans la foule, l’arracher à ces excités, la sortir d’ici avant qu’elle ne pète une durite. Voyons les choses en face, Daire était aussi accro à la bagarre que Leo ne l’était à la cocaïne. C’était sa sale habitude, son sale secret, son fuel. Les voici en prise avec ce type, ce rasé, en train de s’arracher des mains la fille. Cette fille qui prenait chaque parcelle de violence qu’elle voyait s’imiscer sur le visage du blonde pour en faire du carburant. Sourire aux lèvres. La joute est brève, et à peine Leo eut le dos tourné, la main entrelacée dans celle de Daire pour ne plus la laisser s’éloigner, que l’insulte fuse du skinhead. Hippie de merde ! Un soupir appuyé, rien de plus. Et toutes les valeurs un peu humaniste, un peu pacifiste, qui bondaient dans tous les sens de sa tête et, justement, perdaient leurs sens. Daire elle tentait de convaincre, ou de persuader. Ces mecs, tu peux pas les laisser faire. Tu peux pas les laisser tout saccager ! Leo s’arrêta, lâcha la main de Daire. Donc insulter ou frapper ce type, ça va faire avancer quoi, hein ? Il haussa les sourcils, se posta, fixe, au milieu de la cohue. Il croisa les bras, attendant une vraie réponse, essayant de la confronter à ses propres incohérences. Leo, il défendait les théories à la Ghandi, ces “sois le changement que tu veux voir dans le monde”, ce genre de conneries. Le problème, c’est que le changement que Daire voulait voir dans le monde, c’était un genre d’apocalypse ou chacun se laissait posséder par ses pulsions, guidé par sa rage, sous le joug d’aucun maître. C’était en tout cas ce qui lui semblait. Mais ces secondes d’inattention, où idéologies s’affrontaient dans la tempête, permis au crâne rasé de refaire surface, en deux secondes, Leo se fit attraper par le col, le visage hapé par celui qui débordait de colère. J’vais vous éclater ! Leo attrapa le poignet du type, par réflexe, ne sachant même pas comment réagir. La seconde d’après les phalanges du type s’écrasait contre sa mâchoire, un goût d’acier envahi son palet. Il les connaissait, ces fauteurs de trouble, mais jamais il ne les fréquentait vraiment, il évitait les bastons, calmait toujours le jeu, il se battait avec ses voix, ses arguments, ses convictions. Jamais comme ça. Pourquoi faire ça d’ailleurs ? Ces deux secondes de battement, pendant lesquelles Leo essayait de remettre ses idées en place et qu’une cloche sifflait dans ses oreilles, permirent à Daire de s’avancer, lionne, ours, rapace prête à bouffer sa proie. Mollot le rat ! Et c’était comme si la lame brillait dans la fumée opaque, Leo baissa son regard sur ce couteau, qui fendait l’air et l’espace. Il fronça les sourcils. C’était comme si l’atmosphère c’était soudain glacé. Daire, la fureur dans l’regard, de l’électricité dans sa main qui tenait le couteau, qui ne tremblait pas, qui menaçait, comme si elle n’existait que pour ça. Elle le regardait, Leo. Elle le fixait comme si elle voulait le nourrir de sa colère, lui montrer ses démons, pour qu’il exorcise les siens. Honnêteté frappante de l’âme vint le fouetter en pleine face. Daire c’était comme transformé, et la lame, aussi terrifiante soit elle, était son genre d’arme de superhéros. Comme par magie, le type lâcha Leo qui lui lança un regard en coin, sourcils froncés. Il passa avec délicatesse une main sur sa mâchoire douloureuse qui se teintait de rouge à cause des vaisseaux éclatés par l’impact. Il aurait un hématome demain. Tant pis, on s’en fou, non ? Et maintenant, tu vas te défendre ? Leo la regarda à nouveau, mais tout ce qu’il trouva à faire, à répondre, c’était d’attraper sa main, à Daire, celle qui s’accrochait fermement au couteau papillon, et de faire pression avec ses doigts, jusqu’à lui arracher des mains. Range ça putain, t’es malade ?! siffla-t-il en repliant le couteau avant de le foutre dans la poche du jean de Daire. Il l’attira contre lui en même temps, la regarda dans le fond des yeux. On se tire maintenant, on a plus rien à faire ici. En se retournant pour partir, il tomba nez à nez avec le même skinhead, babines retroussées de rage, l’air animal, à moitié humain. Toi la putain, tu vas crever. Menaça-t-il, à ses doigts un poing américain s’était glissé. Vous irez nulle part avant que j’vois ai refait la tronche, enculés. Leo s’arrêta et dans ses veines c’était l’émulsion, y a tout qui générait en même temps que la situation. Ses muscles se tendaient, crispaient. Il avait chaud, d’un coup. Fous nous la paix avec tes menaces à deux balles, les flics sont entrain de boucler la zone, t’as envie de te prendre des grenades lacrymo dans la tronche ? Ton putain de problème, pas le mien. Maintenant casse toi. Il tentait de parler, encore, de raisonner, de resquiller, ne pas respecter les règles à deux balles des émeutes, là où le bon sang ne fait plus autorité, au contraire, désodre et chaos doivent être les maîtres mots. Mais ferme ta gueule. Cria l’autre en se jetant sur Leo. C’était grâce à l’effet de surprise, uniquement grâce à ça que Leo réussit à lui en mettre une, sentant ses doigts craquer, une douleur intense dans la main se propager dans ton son bras. Le type ne s’attendait pas à ce qu’il résiste, d’un coup, sans prévenir, alors qu’il avait encore ses airs de Gandhi trois secondes plus tôt. Déséquilibré par le choc, il tomba à terre quand Leo le poussa une deuxième fois, hurlant un truc à bout de nerf. D’ailleurs, pas le temps de souffler, le blond avait plongé sur lui.
Sur le sol à nouveau, le bruit des pas recommençait à résonner jusque dans son être. Il était à califourchon sur le skinhead, arracha le bandana qui portait, commença à laisser s’abattre sa main déjà endolorie sur son visage, une fois, deux fois. Et puis après, il ne se contrôla plus vraiment. Quan dil ramassa un gros caillou à côté et qu’il le leva en l’air pour le frapper. Le coup de trop, le coup fatal. Il s’arrêta en plein geste. Ou peut-être que c’était Daire. Il n’en savait foutre rien. Mais c’était comme une claque en pleine gueule. Il lâcha la pierre et se leva, se tourna vers la rousse. On peut partir maintenant ? demanda-t-il la voix vibrante d’émotion, d’excitation : il était survolté. Alors ils se glissèrent dans la foule, de plus en plus opaque, de plus en plus dense, énervée te tentait de se frayer un passage, aussi fastidieusement que ça semblait l’être. Jouant des coudes, des poings, des épaules, ils faisant se rompre la foule devant eux. Jusqu’à ce qu’un petit trou dans l’horizon permis à Leo de voir les sirènes de la police, il se stoppa nette, attrapa Daire par la main. Stooop, flics ! J’peux pas les croiser. Il tira la rousse contre lui. J’ai genre 5 grammes sur moi. Il commença à marcher en sens inverse, là où l’orage grondait. Pas dans le ciel, mais dans les coeurs, dans les têtes, dans les yeux. Tant pis, c’était ça où la garde à vue, possiblement, le procès. Et alors qu’il marchait, les doigts emmêlés à ceux de Daire, il se surprit à sourire, à rire même, enivré par un sentiment nouveau qui rugissait en lui. |
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Sam 18 Nov - 20:44 | |
| Transgression du sens commun dans l’électricité statique, objection du macadam quand les corps s’entrechoquèrent contre l’asphalte suintant. Percussion des cœurs abattus contre le bitume, des âmes emmêlées dans les souffles rauques. L’excitation à fleur de peau quand les vieilles commotions s’éveillèrent à nouveau, Daire trépassait dans une impatience sans équivoque. C’était l’éveil des sens interdits, de cette attirance malfamée pour les altercations, à s’en combler la panse d’un repas de prestige. Esprit insurgé dans des idéaux révolutionnaires qui dépassaient le commun des mortels, à s’abîmer dans la gloire charbonneuse des incompris. Elle se complaisait dans cette confrontation contre ce qu’elle considérait être une aberration de la nature, frémissements des plaisirs de la violence sur l’épiderme. « Donc insulter ou frapper ce type, ça va faire avancer quoi, hein ? » Mais Leonard n’était pas de son avis, jamais, ou tout du moins pas souvent. Il était l’une des extrémités de cette ligne sur laquelle elle était bancale, en déséquilibre. « Oui, clairement. » Ils étaient comme les deux protagonistes d’un film muet, alors que le chaos les enlaçait de toute part, que le bitume vrombissait sous leurs pieds jusque dans leur échine en écho aux agitations tant des manifestants que des autres, comme des macchabées épris d’idéaux bien trop convergents. Comme si le temps s’était suspendu l’espace d’un faible instant, pour leur accorder cette miséricorde ou pour leur laisser le temps de souffler cette insolence, de l’entendre, de la laisser s’insinuer dans les esprits, pour la comprendre ou pour la repousser, tel un blasphème à pourfendre. « J’suis ok pour les prises de conscience par des manifestations pacifiques et d’grands discours pour secouer les cervelles molles » Bataille acharnée entre les valeurs humanistes et la fièvre révolutionnaire, entre celui à l’allure insouciante et celle au visage déjà tuméfié. « Mais c’est dans la violence qu’les peuples ont gagné les plus grandes luttes » Elle tempêtait, l’inébranlable irlandaise, imperturbable dans la cohue envahissante. Consciente que les secondes s’entrechoquèrent à nouveau dans une rapidité affolante, comme si les images saccadées trouvaient cette fois-ci une allure accélérée, alors que le crâne rasé à leur côté s’interposa dans leur joute verbale pour fracasser le visage de Leonard. Daire était telle une membrane de sécurité qui s’ébranlait sitôt qu’une menace affectait les siens, s’insinuant entre le danger et la proie dans toute la même verve qui animait ses grandes convictions endiablées. Se déplaçant au plus près des corps en perdition, elle apposa la lame de son arme blanche sur la peau moite du délinquant. Ses propres menaces sifflaient dans l’air comme pour s’ancrer dans la chair, avertissement sonore aux représailles imminentes, alors que ses prunelles cherchaient à s’accaparer celles de son ami, dont le visage se teintait déjà des premières couleurs de l’ecchymose naissante suite au coup qu’il avait reçu. C’était ancré en elle, au plus profond, enseveli dans ses entrailles, c’était comme un manteau qui ne se glissait que trop bien sur son corps, comme une seconde peau, de ce masque de fureur si naturelle qui électrisait tant les traits de son visage que l’atmosphère. C’était la lionne qui protégeait ses petits, la vorace qui marquait son territoire. C’était Atlas qui portait la voute céleste ses épaules, sans ne jamais flancher sous son poids. Regard furibond empreint de témérité, d’une certitude ébranlée sous des fausses notes, déchantant sous les empreintes de la mauvaiseté assiégée dans sa matière grise. Le forcené relâcha son emprise pour mieux l’abandonner dans l’incertitude, alors que Leo semblait hésiter sur la manière d’appréhender la situation. La violence était l’incohérence de son monde, la mauvaise équation de son existence, il ne la rejetait pas nécessairement comme une pestiférée mais toujours était-il qu’il faisait en sorte qu’elle n’intègre pas les parcelles de son mode de vie de tolérance et bienveillance. Elle s’attendait à tout, Daire. Qu’il hausse les yeux aux ciels, qu’il lui gueule dessus, qu’il la frappe même, ou peut-être tout simplement qu’il panique quelque peu parce qu’il était de ceux qui savaient pertinemment que l’absence de limites de la rouquine pouvait l’amener dans des dérapages non souhaitables. Elle s’attendait à bien des choses, mais certainement pas à ce qu’il réagisse aussi calmement malgré le climat de confusion qui stagnait dans l’air. Elle s’offusqua vainement en maugréant une espèce d’insulte avalée sous l’accent bien trop prononcé de l’Irlande du Nord, alors qu’il lui attrapa la main trop fermement pour l’obliger à lâcher l’objet. Pour qu’elle ne soit plus une menace, pour qu’elle s’éloigne du prédateur initial. Pour qu’elle ne le devienne pas à son tour, pas vraiment, pour retarder encore un peu ce moment. « Range ça putain, t’es malade ?! » L’hésitation entre leurs corps en sursis, à se demander s’il fallait vraiment qu’elle insiste, ou s’il ne valait pas mieux lui laisser le bénéfice du doute. « De rien, ce fût avec plaisir » qu’elle lui lâcha sous une pointe d’amertume, au moins il s’est calmé, il a arrêté de te défoncer, il n’a pas eu le temps d’aller trop loin, de te mettre à terre. Elle l’observa remettre l’arme blanche dans sa poche d’origine, la tension dans les frémissements de son épiderme tandis qu’il l’attirait contre elle. Un soupir d’exaspération, de frustration même, s’étouffa dans sa cage thoracique comprimée, face à cet empressement de s’éloigner de là, de l’emporter au loin, d’assurer qu’ils n’avaient plus à s’attarder dans cette pagaille. Mais elle avait tout à faire ici, Daire. Tout à donner, tout à prouver, dans le désordre. Tout à secouer, tout à saigner, dans le chaos. Il était là son carburant, son essence, le branlement de combat dans ses neurones fatigués, lassés de n’être que malmenées par les caprices d’un corps en fusion. Elle avait tant à faire sur le goudron parsemé de tâches vermeilles au milieu de la pourriture, au cœur de cette fumée écœurante, face au skinhead dont les mots s’éclatèrent avec virulence dans son esprit, éparpillant les pièces inutiles pour attiser les braises du bûcher engorgé dans l’insulte proclamée. La putain. Son sang vibra à en déchirer ses vaisseaux sanguins, les muscles tendus contre le corps de Leo, les phalanges blanchies dans la crispation de ses poings. Tout s’estompa autour d’elle, la silhouette de son ami qui s’apprêtait sans nul doute à s’essayer dans une tentative d’apaisement, les poubelles en feu sur les trottoirs, les pas de ceux auprès desquels ils avaient manifesté, ou au contraire de ceux qui avait semé les graines du désordre dans toute leur splendeur ; et même le poing américain dont le gringalet s’était armé. S’il pensait la dissuader de le mettre en miettes, il était bien loin de sa peine. « C’toi qui va rejoindre tes morts, putain de blanc-bec ! » Les mots éclatèrent dans l’air dans toute la colère qui la caractérisait si bien, et elle l’aurait étranglé dans toute sa rage, dans toute sa brutalité, à se délecter de la souffrance dans son regard, de la couleur changeante de son visage. Elle l’aurait fait, si elle ne s’était pas percutée contre Leonard, corps dont le mouvement se cessa nettement, faisant ainsi barrage entre la tempête et le pauvre énergumène. Elle voulut le tirer en arrière, la rouquine, lorsqu’il se lança dans son monologue teinté d’une vérité cuisante, la menace doucereuse entre les poignées de syllabes successives. Elle aurait pu le faire, le bousculer, prendre sa place, assouvir ses pulsions sur la charogne. Mais le corps trop maigre qu’elle connaissait si bien était devenu de plomb, comme si les mêmes braises qui s’étaient attisées en elle avaient pris place dans les tréfonds du pacifiste pour éveiller silencieusement les démons tapis en lui. Les secondes s’entrechoquèrent à nouveau dans un espace-temps empreint d’une énergie nouvelle, de celle pour laquelle s’insurgeait perpétuellement l’irlandaise, de cette tension dont elle s’abreuvait à chaque instant de sa morne existence. L’énervement se glissa dans les veines de Leo, dans la décharge de son regard comme dans le coup qu’il assena à sa victime, d’une brutalité impitoyable. La métamorphose s’enlisa dans cette âme pourtant si honnête, transposant une violence inconnue au calme si caractéristique du hippie par excellence. Daire lui lâcha le dos, alors que le jeune homme s’abaissa au niveau de sa victime qu’il avait fait basculer sous le premier coup emmêlé à la surprise. Elle se sentait soudainement terriblement inutile, submergée par des émotions qu’elle ne pouvait même pas éteindre. Ebahie, satisfaite, peut-être même fière, Leo avait plongé dans le chaos sans que ses paroles ne l’aient véritablement influencé. Les coups de poings s’enchaînèrent dans une violence crescendo, attisant d’autant plus la révolte trop virulente dans les veines palpitantes de l’enflammée. Fougue d’une jeunesse pourrissante, excès des sévices, le cercle vicieux s’enferma dans le sang autour de Leo dans un piège irrécupérable. Les vices s’immiscèrent trop profondément dans sa nouvelle colère, alors qu’il attrapa une pierre à côté de lui. Et soudain, c’en fut trop, bien assez pour la silhouette qui avait cessé de gesticuler écrasée ainsi contre l’asphalte, le visage égaré entre la douleur et le défigurement. Beaucoup trop, pour que Daire daigne enfin s’échapper de sa torpeur afin de mettre un terme à la machinerie infernale, pour que le spectacle cesse. Elle lui bloqua les poignets dans leur mouvement, sans qu’il ne la remarque réellement, mais bien assez fort pour qu’il s’ébranle dans son échine. « C’est bon, blondinet, t’as gagné. Laisse-le », Tu vas hanter ses nuits maintenant, à ce skinhead que tu as fait ployer sous tes phalanges. Elle ne pouvait pas, certainement pas, le laisser se perdre dans le geste de trop, de celui qu’il regretterait forcément par la suite. Si elle était satisfaite de le voir se perdre dans la corruption, sa corruption, de cette perversion pour l’anéantissement, le désordre, la brutalité, elle ne pouvait supporter qu’il en vienne à commettre l’irréparable.
Leonard lâcha son arme improvisée et se redressa dans une ferveur vibrante, bien similaire à celle de son amie, tout à la fois menaçante qu’éclatante. Décharge d’électricité statique entre leurs corps, comme deux feux ravageurs s’acceptant mutuellement. « J’te suis » qu’elle lui concéda dans un mouvement de tête, esquisse énigmatique dessinée sur les lèvres. À chaque pas qui l’éloignait du noyau du cataclysme, c’était comme s’arracher à contrecœur de sa propre tempête. Comme abandonner des miettes d’elle, de sa colère, de sa violence, sur les pavés encrassés. À mesure qu’elle enfonçait ses coudes dans les côtes des malvenus pour se frayer un passage aux cotés de Leo, elle avait l’impression que ses pas se faisaient plus lourds, rechignant à abandonner la lutte. Mais quelle lutte, putain ? Celle des âmes tempérées qui avaient manifesté avec pour seules armes leurs pancartes et leurs voix scandant des slogans n’engageant en rien la violence ? Ou celle des incapables qui n’avaient aucun but précis si ce n’était mettre en miette les convictions des autres pour leur sale plaisir personnel ? T’es trop bancale, Daire. « Stooop, flics ! J’peux pas les croiser. » Ses pensées s’effilochèrent aux mots qui fusèrent tels des électrochocs, et Leo l’avait déjà attirée de nouveau contre lui pour l’amener à contre-sens quand elle avait levé la tête à la recherche des fameuses sirènes. « J’ai genre 5 grammes sur moi. » Et Daire … Elle était juste là, comme toujours, comme partout. Dans la énième manifestation, ancrée dans le bitume comme un navire amarré. Couteau papillon dans la poche, peut-être quelques restes de cannabis dans le fond de son paquet de cigarettes. Rien de bien irresponsable, si ce n’était sa présence en elle-même. « J’pense que juste me voir ça leur suffirait comme prétexte » qu’elle lâcha avec nonchalance dans un haussement d’épaules. Elle était la mauvaise fréquentation, la personne continuellement au mauvais endroit au mauvais moment, celle qu’on ne prenait plus le temps d’écouter mais qu’on embarquait systématiquement, par habitude. Mains entremêlées, elle accompagna le rire énigmatique de Leo d’un énième sourire sur les lèvres. C’était l’extase sous sa peau, dans son myocarde, dans ses pensées effilochées, à s’en retourner ainsi dans le cataclysme. Comme remettant les pièces du puzzle en place, ramassant les miettes délestées quelques minutes auparavant ; et le goût de l’inachevé s’effaçant sur son palais. Quelqu’un les percuta en ne les remarquant que trop tard, dans ce désordre de plus en plus épais. « Putain, dégage ! » La tempête le repoussa avec peut-être un peu trop de véhémence, poigne de fer et regard assassin, ce qui dissuada certainement l’inconnu dont on ne pouvait vraiment discerner à quel groupe il appartenait, de s’en prendre à eux en échange de bons procédés. Bien qu’une bonne partie des manifestants présents initialement avait disparu dans les rues adjacentes, de multiples altercations emplissaient l’air d’une odeur de soufre, entre les cris et les coups se percutant contre les murs. Daire lança un regard dans leur dos, pour suivre le cheminement du boulet de canon, mais également pour constater l’avancement progressif des agents des forces de l’ordre. Resserrant un peu plus son emprise sur leurs mains entrelacées, elle entraîna Leo à sa suite en le forçant à accélérer la cadence. S’approchant un peu plus de lui, elle leva la tête à son attention, notamment pour qu’il puisse entendre sa voix au-delà du capharnaüm. « Il faudra qu’on termine notre conversation de tout à l’heure » Sourire entendu sur les lèvres. « T’as pas eu l’temps de me répondre avant que l’autre te fracasse la gueule » Son regard perçait l’horizon étendu devant eux, sans se préoccuper réellement du bourdonnement incessant qui leur martelait les tempes, le bitume, leurs cœurs. Sans faire attention au bruit des corps comme le grondement du ciel, à la tempête qui se déversait autour d’eux, et même en elle. Sa main libre effleura le ronflement de la proche de son jean, à l’endroit même où siégeait encore son couteau papillon. Comme à chaque instant de son existence, la situation s’était échappée dans tous les sens, si ce n’était l’initial. Elle avait emporté sa lame en échange de son portable qu’elle avait abandonné sur son lit, mais ce n’étaient plus les menaces silencieuses et les ombres dans ses pas qu’elles redoutait désormais, fuyant la police à leur trousse. De ces mêmes silhouettes en uniformes qui se profilaient au loin devant eux, suscitant une réaction spontanée de la Kids qui obliqua à la perpendiculaire en entraînant son ami dans son sillage. Ainsi en étaient-ils, les flics avaient installé des barrages d’un bout à l’autre de la rue principale. Ils étaient encerclés et le piège se refermait naturellement sur eux. Neurones en ébullition, ses pensées étaient de nouveau en état de siège tandis que son cerveau fonctionnait à vive allure. « Fais-moi confiance, j’ai une idée » qu’elle souffla en toussant légèrement. La fumée encrassait ses poumons, où se bataillaient autant la nécessité d’un air frais que le besoin de se détruire le souffle avec de la nicotine. L’épaisseur croissante du nuage grisâtre et l’absence de visibilité à plus de deux mètres leur indiquèrent qu’ils approchaient d’un brasier, comme le confirmaient les flammes alléchées par l’objet de leur convoitise. Toujours en tenant fermement la main de Leo, elle pressa son avant-bras libre contre son visage pour passer au travers de la fumée et contourner le bûcher. Soulagement lorsqu’elle constata qu’il était question d’une poubelle en feu, et non d’un véhicule. Encore plus, lorsque l’entrée d’une ruelle se dessina sous leurs pas, bien qu’il s’agissait d’une impasse encerclée par des bâtiments. « Passe-moi ta veste s’il te plait » Elle ôta son blouson de cuir qu’elle glissa entre les mains de son ami pour enfiler la sienne de coton. Elle rabaissa la capuche sur son visage et remonta le vêtement trop ample jusqu’à son nez, avant de disparaître à nouveau dans le nuage de fumée. Toujours une idée derrière la tête, Daire, toujours une absence incorrigible de peur, aussi, alors qu’elle s’approchait de la poubelle en feu pour la pousser avec le pied en direction de l’entrée de leur cachette. Ainsi dissimulés par un écran de fumée, ils étaient temporairement à l’abris de la descente de flics. « Bon, on a trois solutions. Soit on retourne dans le merdier, soit on attend là. Et sinon, on s’échappe par là » Elle lui montra les échelles de secours contre les murs d’un des immeubles qui les surplombaient, tout en ôtant sa veste pour lui rendre. « J’pense que ça impliquerait d’entrer par effraction chez quelqu’un parce qu’ça ne va pas jusqu’au toit. » Alors Leo, prêt à braver de nouveaux interdits ?
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et le château de sable, il est dans l'eau maintenant ▹ posts envoyés : 2287 ▹ points : 19 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) / tumblr, whi (signa, profil) / amy winehouse, les cartons(texte) ▹ avatar : ben nordberg ▹ signe particulier : très maigre, cocaïnomane et toujours habillé avec des vêtements bariolés
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Ven 8 Déc - 17:58 | |
| On l’entendait à peine, la rousse, par-dessus le chahut. Et pourtant, sa voix portait jusqu’au plus profond de l’âme un tant soit peu humaniste de Leo. J’suis ok pour les prises de conscience par des manifestations pacifiques et d’grands discours pour secouer les cervelles molles. Qu’elle avait commencé par dire, et Leo lui avait lancé un regard entendu, sachant d’avance où elle voulait en venir. A cette conclusion qu’il ne partageait pas, à ce carrefour où, elle et lui, prenaient des chemins différents. Car s’ils avaient jusqu’ici la même pensée fondamentalement communiste, les mêmes idéaux sans doute un peu trop utopistes, y avait une chose qui les opposaient fondamentalement. Daire et Leo c’était la Guerre et la Paix. Et jamais ils ne pourraient se rejoindre sur un point. Elle était persuadée qu’on devait se battre pour ce qu’on voulait, il était persuadé de la bonté d’âme des gens. Il levait le poing pendant qu’elle l’abattait contre une mâchoire. D’ailleurs, c’est exactement ce qu’elle lui fit remarquer la seconde d’après : Mais c’est dans la violence qu’les peuples ont gagné les plus grandes luttes Il soupira profondément. Elle n’avait pas tord, et il ne prétendait pas dire le contraire, c’était simplement qu’il défendait quelque chose d’autre, un peu trop naïf pour cette rousse trop terre-à-terre. Il avait lu Marx, le bouquin était même sur sa table de chevet, il comprenait où elle voulait en venir, il avait simplement la foi en quelque chose de plus fort que ça. Plus fort que cette idée qu’on est tous fait pour se déchirer et que c’est en écrasant les autres qu’on a ce qu’on veut. On ne défend pas la paix en faisant la guerre, on ne prône pas la liberté en faisant taire ceux qui défendent l’inverse. Leo savait son combat perdu d’avance et pourtant il continuait à y croire. Y croire, y croire. Putain, mais le skinhead était vraiment en train de revenir à la charge ? Ses jolies idées pacifistes en prirent un coup, cinq minutes plus tard, quand après avoir empêché Daire d’empaler le type avec son petit couteau de rebelle, il se retrouva à califourchon sur ce même idiot, en train de donner des poings. Animé par une colère qui était tapis depuis très longtemps dans le fond de son bide, une colère nourrie par toutes les déceptions qu’il avait essuyé depuis des mois, des années. Cette dualité stupide entre l’homme qu’il veut être et celui qu’il finit par être, par la force des choses, avait créé tout au fond de son corps un genre de boule d’émotivité difficilement contrôlable. Ah si, contrôlable à genoux devant des chiottes, deux doigts dans le fond de la gorge. Mais on repassera plus tard pour l’entretien psychologique. De toute façon, Daire et sa fierté maternelle devant son acolyte et ses pulsions vengeresse l’extirpèrent de là avant qu’il n’ait eu le temps de finir le skinhead. Leo ne s’en rendit même pas compte, de toute façon, il était trop galvanisé par ce qui venait de se passer. Ils recommencèrent donc à percer la foule, avec une émotion toute nouvelle qui circulait entre eux. Une passion qui les entourait de ses bras euphorisants. La passion de l’instant qui compte. On fit demi-tour devant les barrages de flics et on courait en sens inverse. J’pense que juste me voir ça leur suffirait comme prétexte. Un éclat de rire ricocha dans la foule, et juste après, un type s’écrasa contre Daire, qui le repoussa avec sa vulgarité naturelle. Une vulgarité qui lui allait parfaitement, et qui recommença à faire rire Leo. Il enroula son bras autour de ses épaules pour qu’elle recule, pendant que le type, déséquilibré tentait de ne pas tomber sur le sol. Ça va, ça va, y a pas d’mal. Lâcha-t-il d’une voix aussi claire que l’étaient ses pensées, comme si s’acharner sur ce type tout à l’heure avait une effet salvateur qu’il n’avait encore jamais expérimenté, un genre de soulagement terrible qui vous libère des endorphines et vous donne envie de sourire à tous les autres qui se présentent. Daire de toute façon, peu concernée de s’accrocher avec tous ses congénèrent, était déjà passée à autre chose et cherchait un chemin à emprunter, tout en continuant, bien sûr, le débat. Parce que quand on est un peu engagé, on ne peut pas résister à la confrontation d’idées. Il faudra qu’on termine notre conversation de tout à l’heure Leo tourna la tête vers elle, se laissant emporter dans la direction qu’elle prenait. Il se pencha tout près de son oreille pour crier : De quoi ? Elle répéta. T’as pas eu l’temps de me répondre avant que l’autre te fracasse la gueule Un sourire se traça sur les lèvres du blond. Tu veux dire, avant que j’t’empêche de lui trouer le bide ? Petit rire amusé, encore une fois cette confrontation d’idées, cette confrontation de vision du monde qu’ils chérissaient tant. La plus grande de toutes les libertés pour tout américain qui se respecte. Mais comme elle venait de le dire, ils n’avaient pas le temps de terminer cette conversation maintenant. Et Leo se laissait tout simplement guidé pendant que le cerveau de l’allumée tournait à vive allure. Enfin, y eut comme un éclair qui illumina son regard. Fais-moi confiance, j’ai une idée Confiance ? Ma grande, t’es bien tombé, Leo est celui qui fait le plus confiance aux gens que tu pourras trouver. Bénédiction ou malédiction, à vous de choisir. Le blond, il aimait juste trop les gens. Il aimait les connaître, voir à travers leurs yeux, ouvrir sa poitrine à n’importe qui juste pour mieux connaître les Hommes. Ça le poussait à faire des trucs géniaux tout comme débile, comme se taillader la peau ou fracasser un néo-nazi dans un manifestation pacifiste. Quoi qu’il en soit, il n’eut pas besoin de répondre, non, il la suivit tout simplement vers le chaos, c’était en tout cas ce dont ça avait l’air. Par bon sens, Leo descendit tout simplement le foulard qu’il portait sur la tête au niveau de son nez pour ne pas mourir asphyxié pendant que Daire perçait le néant avec la démarche d’une de ces wonder woman qu’on voit aux infos. Ils fonçaient droit vers un crépitement enivrant, et il faisait de plus en plus chaud, les étincelles rouges dansaient dans le ciel, Leo les admira une seconde au moment de contourner la poubelle enflammée et de s’infiltrer dans l’impasse, il fit trois pas en arrière, toujours pour admirer les spectacles sociologiques de ce brasier. Il sentait la chaleur sur sa peau, autant que dans ses veines. Si bien qu’il sursauta presque quand Daire lui demanda sa veste, tant il était dans ses pensées. Hein ? ah, ouais, ouais. Il s’exécuta bien qu’il ne comprenait absolument pas où elle voulait en venir. Quand elle lui remit à la place son blouson en cuir, il considéra longuement le vêtement hype et, arqua un sourcil. Tu sais qu’on a dépecé un boeuf pour te faire ce blouson ? S’il n’avait pas encore son foulard bariolé devant la bouche, elle l’aurait vu faire un petit sourire moralisateur. Mais de toute façon, Daire n’avait pas le temps d’écouter les remontrances de Leo sur le cuir, la fourrure ou tout autre vêtement qui nécessitait le meurtre d’un animal pour être fabriqué. Il se promit de l’emmener là où il dénichait pratiquement tous ses vêtements, bien qu’il ne s’en achetait pas souvent, une petite boutique équitable qui confectionnait tout à base de fibres naturelles et en plus, les vêtements sentaient bon l’encens quand on les ramenait à la maison. Là n’était pas la question. Daire était entrain de sceller l’entrée de leur tanière avec la même force brute qui lui allait si bien. Leo la regarda faire en penchant la tête sur le côté. Il avait balancé la veste en cuir sur l’une de ses épaule et plongé une main dans sa poche. C’est fou ce qu’il avait envie d’elle à ce moment précis. Bon, on a trois solutions. Soit on retourne dans le merdier, soit on attend là. Et sinon, on s’échappe par là Là ? Leo leva le nez vers l’escalier de secours. Il haussa un sourcil pendant que Daire lui expliquait qu’il faudrait sans doute forcer la fenêtre d’un honnête voisin, il soupira. Ok Rambo, on va peut-être se calmer deux minutes hein. On va tenter ma méthode, et on verra ce que ça donne. Il s’élança donc le premier vers l’escalier de secours, et grimpa un étage, deux, plus trois, jusqu’à ce que l’air devienne plus respirable et qu’on puisse admirer d’un peu plus haut l’avenue principale en train de trembler sous l’agitation des corps. Il fit d’ailleurs une pause au milieu de l’échelle, avant de reprendre sa montée quand Daire lui donna un coup dans les fesses. Quand il vit de la lumière, il s’arrêta à un étage, sous le regard interloqué de la rousse. Là, il lui regarda la rousse, avec le même air qu’un professeur qui commence sa leçon et il toqua tout simplement à la fenêtre et attendit trois secondes. On va parler, tu sais ce que c’est ça, parler ? Mauvaise pioche, quand la fenêtre s’ouvrit et que Leo tourna la tête vers cette voisine, il s’agissait d’une petite vieille, une poêle à la main brandit comme une arme, en train de hurler en espagnol. Leo écarquilla les yeux et baissa tout de suite le foulard qui lui masquait encore le visage en donnant un coup de coude à Daire pour qu’elle dézippe la veste Sea Shepherd. Bonjour Madame on est… Elle ne l’écoutait pas, ou en tout cas, ne le comprenait pas. ¿Has venido a robarme? Llamo a la policía. Les séjours de Leo en amérique latine l’avait rendu quasiment bilingue, même si avec l’émotion de la journée et le temps qui s’était écoulé depuis sa dernière virée en Bolivie lui avait fait perdre quelques mots. Persuadé que ça suffirait à se mettre la vieille dans sa poche, il tenta le coup en levant les deux mains devant lui. No, no, no, no policía por favor. Cálmate ! Elle continuait d’hurler. Daire sans doute aussi, dans sa barbe. Estábamos en la… la… euh… la… protesta y se convirtió en cualquier cosa. Elle baissa la poêle, et le regarda en fronçant les sourcils, sans savoir si c’était par méfiance ou parce que son accent était terrible. Sans se décourager, Leo continua : ¿Podemos pasar por tu casa para… euh... escapar? Une ou deux secondes de flottement. Persuadé d’avoir visé juste Leo se tourna vers Daire avec un sourire satisfait, presque trop. Puisque la seconde qui suivit : ¡Fuera !! Leo recula légèrement pour calmer le jeu et soupira longuement en se tournant vers Daire. évidemment fallait que sa tentative de pacifisme foire juste devant elle hein. Adossé contre la barrière de l’issue de secours, il regarda la rousse sans trop savoir quoi faire. bon, bah on essaie un autre étage. Sauf si tu veux la menacer avec ton couteau. Sarcasme bien sûr, et évidemment couteau était le seul mot que cette vieille connaissait en anglais. Elle s’horrifia et claqua la fenêtre, avant quoi elle venait de crier : Couteau ??? Llamo a la policía. Leo ferma les yeux. Pourquoi les gens étaient tous aussi… aussi peu solidaires ? - ndlr:
Je m'excuse platement à tous les hispanophone qui doivent être horrifiés devant mes vieilles citations en espagnol. C'est bien sûr du google trad, vu que j'ai eu la magnifique idée de faire allemand LV2. Bisous.
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Lun 15 Jan - 22:35 | |
| « Tu veux dire, avant que j’t’empêche de lui trouer le bide ? » Une esquisse se profila naturellement sur les lèvres de la presque-guerrière à cette remarque, tandis que son attention restait accaparée sur la situation autour d’eux pour mettre en place les prémices d’une sortie de secours. Est-ce qu’elle aurait réellement planté le malvenu au crâne rasé ? Rien n’était moins sûr. En tous les cas, Leonard s’était porté volontaire pour lui refaire le portrait, et Daire s’abstint d’émettre un avis supplémentaire sur le sujet afin de ne pas susciter une mauvaise réaction qui ternirait l’enivrement présent dans tous les pores de la peau du blondinet. Avant qu’il ne dérape, le déroulement de cet échange brutal témoignait dans toute sa splendeur du contraste entre ces deux entités qui ne cessaient de ricocher entre elle. En accord sur les mêmes bases, l’une prônait pourtant la violence quand l’autre clamait la paix – ce qui avait amené la rouquine à menacer le skinhead d’une lame sur la jugulaire alors que le hippie s’était tout d’abord contenté de recevoir un coup qu’il n’avait certainement pas vu venir. Le rapport de force s’était clairement échangé par la suite, et l’échauffourée avait eu une issue qu’aucun des deux acolytes n’avait imaginé de prime abord. Par ailleurs, c’était bien au sujet d’une issue en perspective introuvable pour laquelle ses neurones s’agitaient dans tous les sens, alors que l’irlandaise déambulait dans le vacarme de la rue en traînant Leo à sa suite.
Le bûcher improvisé duquel ils s’approchaient les surplombait comme un mauvais piédestal destiné à la chute, en sachant pertinemment qu’il ne serait qu’une preuve parmi tant d’autres dans les journaux du lendemain pour témoigner du dérapage de la manifestation. La tournure des évènements allait être un coup supplémentaire pour la cause alors qu’ils avaient déjà essuyé le refus des autorités pour qu’elle ait lieu, les manifestants allaient être de nouveau décrédibilisés au détriment des fauteurs de trouble qui n’avaient rien eu à faire là si ce n’était semer la discorde. À l’instar des Leo, le regard de la révoltée s’égara quelques instants dans les braises qui s’éloignaient dans le ciel, se réfléchissant dans ses prunelles avant de disparaître dans les particules d’air. Le feu avait toujours eu un écho chez la tempête : au-delà du pyromane avéré qui faisait des siennes chez les Kids, il était l’imagerie parfaite pour représenter la colère chaotique qui sommeillait perpétuellement en elle. Ce fut certainement cet aspect primitif de similarité qui lui ôta toute appréhension lorsqu’elle plongea son pied aux abords du brasier pour le placer à sa convenance, même si l’absence de peur était inhérente à sa nature casse-cou. « Tu sais qu’on a dépecé un bœuf pour te faire ce blouson ? » La remarque s’échappa dans l’air saturé alors que la concernée s’apprêtait à manœuvrer avec la poubelle. Si elle n’en avait rien dit sur l’instant, laissant planer le doute de ne pas l’avoir entendue, la question avait pourtant trouvé un écho en elle et elle ne manquerait pas d’y répondre quand ils en auraient l’occasion.
Lorsque Daire revint vers le hippie, il semblait définitivement plus détendu qu’au moment où les bousculades avaient commencé. Bien plus que la satisfaction qu’il avait ressenti à ses côtés lorsqu’ils avaient retraversé la foule en sens inverse main dans la main, il semblait se réjouir de la situation présente. À moins qu’il ne se moquait du comportement bourru de son amie en proie aux flammes, tant dans l’instant présent que dans sa vie – et la rouquine restait persuadée qu’il y avait une part de vérité dans cette pensée. Tout en lui exposant les solutions qu’elle avait envisagé, elle guetta le haussement de sourcils ou les protestations qui le caractérisaient si bien quand il était questions des idées illuminées de l’irlandaise. « Ok Rambo, on va peut-être se calmer deux minutes hein. On va tenter ma méthode, et on verra ce que ça donne. » Une large esquisse éclaira son visage pourtant bien assez crasseux avec toute la fumée traversée, autant pour le sourcil qu’il n’avait pas manqué de soulevé, que pour la remarque relevant presque d’un ordre qu’il lui asséna – sans même compter le surnom ridicule dont il l’avait affublée. « Alors là, j’demande qu’à voir ça ! » Au diable la démesure de ses propres actions, elle lui accordait le bénéfice du doute. D’autant plus qu’en l’occurrence, entrer par effraction chez des individus avec la possibilité de tomber nez à nez sur l'un d'eux allaient certainement leur nécessiter un calme et une diplomatie qu’elle-même ne possédait pas.
Daire s’engouffra alors à la suite de Leonard dans une échelle de secours, quelque part satisfaite de ne pas être celle qui menait la danse le temps d’un instant, dans une situation où il aurait plus que probable que ce soit pourtant le cas. D’ailleurs, elle manqua de lui rentrer dedans tête la première, et même si son cul s’avérait certainement être assez convaincant pour amortir le choc, elle ne put s’empêcher de lâcher un soupire d’exaspération à l’attention de cette ascension suspendue sans crier gare. En constatant que son prédécesseur observait la scène étendue à leurs pieds, elle en fit de même pour découvrir un tableau qu’elle connaissait si bien. Dans le fond, le chaos était emplit d’une beauté dont elle ne pourrait jamais se lasser. Elle avait toutefois conscience qu’ils ne pouvaient s’attarder là en cas d’œillade dans leur direction, en sachant qu’il ne faisait aucun doute quant à la provenance des deux individus qui se dépêchaient de gravir un immeuble. D’une tape légère dans les fesses, suscitant un sourire sur ses lèvres qu’il ne pouvait apercevoir, elle lui enjoignit de reprendre l’escalade. Ils s’arrêtèrent une nouvelle fois, mais cette fois-ci l’intérêt dans le regard du hippie enjoignit la rouquine à ne manifester qu’un signe de questionnement dans un mouvement de tête. « On va parler, tu sais ce que c’est ça, parler ? » Seigneur. Dans un écarquillement des yeux à peine désabusé, la concernée prit une voix légèrement timbrée : « Moi pas parler, moi taper ! » Elle lui asséna une maigre tape amicale sur l’épaule pour appuyer ses propos, avant de porter son attention vers la fenêtre qui avait suscité l’intérêt de son acolyte. Fenêtre de laquelle émergea à branle-bas de combat une vieille dame, brandissant une poêle devant elle en signe de défense, le tout saupoudré du vacarme assourdissant d’un fort accent étranger. Il s’écoula une poignée de secondes où Daire resta stupéfaite de cette apparition dont elle n’évaluait même pas de menace, pendant que Leo réagissait instantanément en abaissant son foulard tout en donnant un coup de coude à son amie pour lui faire comprendre d’ouvrir sa veste. Si l’irlandaise ne parlait pas espagnol, elle comprenait suffisamment de mots pour pouvoir suivre partiellement l’échange qui, elle n’en doutait pas, allait s’avérer exquis – au-delà du terme de police qui avait instant éveillé en elle la méfiance. « No, no, no, no policía por favor. Cálmate ! » Seigneur bis. Dans une volonté évidente de calmer la résidente dans la langue natale de celle-ci, le jeune homme ne parvint à obtenir qu’un redoublement des cris de la vieille femme et les marmonnements inaudibles d’une rouquine à la fois amusée et exaspérée devant cette personne qui n’allait pas tarder à attirer l’attention de tout le voisinage si elle continuait ainsi.
« ¿Podemos pasar por tu casa para… euh... escapar? » Daire arqua un sourcil à l’attention du hippie lorsqu’il se tourna vers elle d’un air satisfait, peu convaincue de sa prestation – ce que la vieille dame lui confirma bien assez rapidement dans une nouvelle menace. « Bon, bah on essaie un autre étage. Sauf si tu veux la menacer avec ton couteau. » En toute réponse, la jeune révoltée se contenta de lui adresser un sourire faussement ravi à cette idée, avant que la voisine ne panique à nouveau à l’entente du seul mot qu’elle avait reconnu de tout l’échange et ne menace d’appeler les flics. D’une moue désolée pour son ami, elle s’approcha à son tour de la fenêtre. « Je n’crois pas non » Bien qu’elle était accroupie pour ne pas effrayer la femme, l’aura qui dégageait d’elle provoqua l’effet inverse et Daire para aisément de son bras le faible coup de poêle qu’elle reçut en échange. Elle lui enleva facilement l’arme factice des mains, pour ensuite lever les siennes en l’air, tout en gardant l’ustensile dans l’une d’entre elles. « Calmos chiquita » Elle pouvait presque ressentir le regard désabusé de Leo dans son dos à l’entente de ces deux mots incohérents prononcés dans un fort accent irlandais, et elle ne pouvait lui en tenir rigueur : la situation était clairement ridicule. « Allez, reculez » D’un geste de la main pour lui faire comprendre ses paroles, elle enjoignit la vieille dame à reculer dans son appartement. Lorsqu’elle jugea la distance satisfaisante, elle lança la poêle dans l’habitacle et referma la fenêtre d’elle-même de l’extérieur.
Un instant fugace, l’idée de prendre cet appartement pour état de siège lui avait traversé l’esprit, et même d’attacher la pauvre dame dans le coin d’une pièce pour être tranquilles. Daire n’était toutefois pas ignorante des retombées que cela pouvait susciter, et le jour où la vieille dame porterait plainte – car qu’elles qu’en fussent les menaces, elle le ferait très certainement – l’évocation d’une rousse énervée et d’un hippie sur les lieux de la séquestration, à proximité même de la manifestation qui avait dégénéré, ne manquerait pas d’attirer l’attention sur eux. Finalement, l’irlandaise se retourna vers Leo sans cacher son amusement, et le contourna pour monter deux étages supplémentaires devant lui. Ils se postèrent devant une fenêtre contre laquelle Daire donna quelques coups tout en essayant de l’ouvrir, en attendant un quelconque signe de vie qui ne vint pas. Elle se tourna d’abord vers Leo en lui adressant un signe entendu, dans le sens d’un Tu vois, y a personne avant d’enfoncer un de ses bras plus profondément dans la veste. Avec le mou obtenu au bout de la manche, elle l’enroula autour de son poing en étant persuadée que l’épaisseur obtenue avec le tissu la préserverait des bris de verre, et empêcherait par la même occasion à l’habit d’en porter les stigmates. Pas certaine de la force à déployer, elle dû s’y reprendre à deux fois avant de parvenir à fracasser la vitre afin de pouvoir l’ouvrir de l’intérieur, une esquisse espiègle au fond du regard. À savoir taper les gens, on savait alors casser des fenêtres sans double-vitrage. « Attention aux bouts de verre » Elle pénétra à l’intérieur de l’appartement sur cette mise en garde sonnant plus comme une défiance amusée qu’un avertissement, et sa main émergea à nouveau du bout de la manche pour retrouver sa place initiale. Tout en se massant discrètement les phalanges, Daire se mit à l’exploration des lieux, sans nécessairement toucher aux objets présents mais sans pour autant camoufler son intérêt. Un deux-pièces des plus classiques, avec un goût prononcé pour des bibelots en tout genre.
Lorsqu’elle croisa son regard dans un miroir, un Wow s’esclaffa du fond de sa gorge et elle alla imbiber un torchon d’eau afin qu’ils puissent essuyer la suie et la poussière de leur visage. Lorsqu’elle lui passa après s’être affairée sur son visage, elle ne put s’empêcher de lever sa main libre « Highfive Indiana Jones ! » Ravie d’avoir trouvé une solution satisfaisante, tout du moins à son sens, elle l’était d’autant plus d’avoir embarqué le hippie dans cette escapade. Ce même rire exalté qu’ils avaient eu plus tôt dans la rue s’échappa d’elle dans un souffle, avant qu’elle ne pointe du doigt sa veste en cuir. « Tu sais qu’ce blouson, c’est toute mon âme ? » Âme de motarde, de guerrière, de révolutionnaire. Sa veste en cuir était bien plus qu’un simple habit, si ce n’était d’ailleurs le seul en bon état, il représentait toute son identité. Cela dit, la remarque teintait bien plus de l’ironie amusée que de la réprimande sérieuse, mais elle abritait une part de vérité qu’elle s’était promise de lui répondre quand il lui avait balancé ces quelques mots alors qu’elle s’occupait de la poubelle en feu. Ses lèvres effleurèrent fugacement la joue de Leo pour l’empêcher d’émettre une hypothèse qui irait à l’encontre des vêtements en cuir, mais également dans cette même volonté d’avoir le dernier mot sur le sujet.
Cette journée avait commencé sous la paranoïa des menaces reçues par messages, et finalement pris une tournure qui avait tout autant galvanisé la tempête pour mieux canaliser son énergie. Daire enleva la veste de Leo pour la poser sur le canapé présent, puis s’étira à bras levés vers le plafond avant de passer une main dans ses cheveux pour remettre de l’ordre. Toujours cette putain d’esquisse sur les lèvres à s’en damner l’âme. « On fume un joint pour célébrer cette défaite-victoire ? » Défaite de la manifestation, victoire de ne pas avoir terminé en garde à vue, quelque part il était nécessaire d’apprécier autant les mauvaises choses que les meilleures.
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et le château de sable, il est dans l'eau maintenant ▹ posts envoyés : 2287 ▹ points : 19 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) / tumblr, whi (signa, profil) / amy winehouse, les cartons(texte) ▹ avatar : ben nordberg ▹ signe particulier : très maigre, cocaïnomane et toujours habillé avec des vêtements bariolés
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Lun 29 Jan - 8:13 | |
| C’était la tentative de négociation pacifique la plus foirée de toute l’histoire de la diplomatie. Un vrai dialogue de sourd dans la 2e langue la plus parlée des Etats-Unis, n’empêche que Leo et cette vieille latina ne se comprenaient pas, et Daire, quant à elle, ne semblait même pas être de la même planète. Elle laissait faire, avec un brin de cynisme, un chouïa d’ennui et une cuillière d’impatience, le tout saupoudré, tout de même, pas l’admiration des croyances naïves du blond, qui mettait tout son âme à négocier un passage sans violence. Manque de bol, la bonté humaine n’avait plus vraiment la côte dans le coeur des gens, et Leo devait bien se rendre à l’évidence, que ce n’était pas parce qu’on avait un sourire sincère et un un accent plus ou moins parfait en espagnol qu’on gagne la confiance des vieilles dames. La pureté de ses intentions n’est rien face à la paranoïa des vieux. Leo dû rendre les armes quand mamie paniqua, mais la rouquine n’avait pas encore fait son “moove”. En trois secondes un quart, elle fit taire la locataire, lui arracha des mains son arme de fortune, avec une insolence nonchalante, pendant que, derrière elle, Leo se confondait en excuses. Lo siento, lo siento, lo siento… qu’il marmonnait d’une petite voix aiguë, dans la dame lui laissant un air déconfit, visiblement choquée par la violence soudaine de Daire. Le fenêtre se claqua à son nez, Daire ne s’attarda que très moyennement sur ce qui venait de se passer. Elle se tourna simplement vers Leo qui lui fit un sourire mal à l’aise, et un peu amusé faut l’avouer. L’effervescence du moment continuait de faire effet. Ca où les quelques traces de cocaïne du début de l’après midi, même si ça s’évaporait tout doucement de son organisme. On recommença à grimper les escaliers de secours.
Deux étages plus haut, devant la fenêtre d’un deux pièces vides, Daire décida de mettre en pratique son plan d’attaque. Leo s’arrêtait simplement au fait qu’il n’y avait personne pour leur ouvrir, pas un problème pour Daire, qui, quelques coups de poings plus tard, et après avoir sévèrement entaillée la veste Sea Shepherd préférée de Leo, leur ouvrit tout simplement un passage. Un peu comme Hulk. Attention aux bouts de verre Qu’elle annonça, indifférente, avant de pénétrer dans l’appartement. Plaqué contre la rembarde de secours, Leo avait regardé la scène les yeux mi-clos. T’es pas nette, hein. commenta-t-il en lui emboitant le pas. Evidemment, il manqua de peu de se faire trancher un doigt en voulant traverser la fenêtre. Pourquoi fallait-il qu’elle soit toujours dans cet excès là ? Celui d’un genre de warrior qui viendrait écraser quiconque se met en travers de sa route. Donner des poings avant de parler, ce genre de truc ? Daire avec cette conviction si forte qu’elle réussissait presque à vous convaincre par sa simple présence. La conviction de quoi? De tout. En fait, elle avait tout un tas de convictions, et c’était peut-être ce qui plaisait le plus au blond, qui se rétablit sur le plancher du salon, s’époustant au passage. Il plongea immédiatement sa main dans la poche de son jean pour en retirer son porte monnaie. Quelques billets verts dans les mains, il les bloqua sous une bibelot du meuble le plus proche de la fenêtre. Ca paierait les réparations. Daire ne le remarqua pas, encore heureux. Elle aurait encore une grande théorie sur le sujet, Leo en était persuadé.
Leo lança un regard circulaire à la pièce. Petit deux pièces meublé avec du Ikea, décoré avec du Ikea et des souvenirs de voyages, souvenir d’une jeunesse, sans doute envolée qui rappelait au locataire qu’il avait vécu une vie avant de s’enterrer dans ce qui ressemblait, pour le blond, à une tombe. Les murs ternes allaient de paire avec les meubles poussiéreux. Un vrai petit enfer, vu de loin. Leo se demanda, brièvement, si, au bout d’un moment, il finirait par quitter son studio vue sur mer, pour un espèce de T3 monochrome en centre ville, un jour. Qu’il mettrait à la poubelle son canapé de récup pour le modèle Norsborg et son dossier réglable. Si sa table basse faite à partir de palettes de bois, laissera place au modèle ultra tendance et bon marché Kvistbro. Si la toile tendue venue d’Argentine qui prenait tout un mur disparaîtrait au profit d’un tryptique sans la moindre valeur, ni même goût artistique, mais qui irait parfaitement avec la couleur du plaid tout doux qu’il aura trouver au supermarché. Bref, est-ce qu’à force de vivre Savannah il deviendrait un autre de ses sédentaires dont il avait juré quitté le groupe. Et ces pensées s’évaporèrent immédiatement quand il tomba, sur une étagère, parmi les bibelots amassés ici et là, sur une pipe à eau manifestement fabriquée main. Leo en avait une pareil de posée sur son buffet. Un sourire lointain fendit son visage sale. Il avait fait le tour de salon quand il rejoignit Daire qui finissait de nettoyer son visage parsemé d’éclats. Leo la regarda avec la douceur qui lui était propre et peut-être un petit peu d’amusement, il attrapa le torchon sans se faire prier pour s’essuyer le visage également. N’oubliant pas de claquer sa main avec celle que Daire lui tendait : Highfive Indiana Jones ! Le visage à peu près propres, Leo posa le torchon sur la table et s’approcha du frigo qu’il ouvrit. Maintenant qu’ils étaient là. Et puis, il avait laissé presque cent dollars sur le meuble du salon, ça valait bien un peu de bouffe. Il trouva son bonheur dans une boîte de donuts qu’il sortit et balança sur la table. Sans attendre une seconde, debout au milieu de la cuisine, il avala quasi d’une bouchée le premier donuts. Le sucre faisait un bien fou. Leo avait en réalité oublié quand était la dernière fois qu’il avait mangé, y a quelques jours peut-être. Et comme à chaque fois, c’était la même rengaine, on alternait périodes de diet et grignotages compulsifs. Au fil du temps, Leo ne faisait plus vraiment attention. Dans une heure, tout au plus, il aurait quelque chose sur l’estomac à recracher, inconsciemment c’était ce qu’il se disait. Les rires de la rousse le ramenaient un peu à la réalité, elle venait de tomber nez à nez avec son blouson que Leo avait laissé sur une chaise. Manifestement elle n’avait pas envie de lui laisser le dernier mot là-dessus. Leo arqua un sourcil, il avait la bouche pleine et se mit à pouffer de rire de ne pas pouvoir parler. La boite de donuts dans les mains, il la rejoignit dans le salon. N’empêche que cha vient d’un animal mort. qu’il articula difficilement avant d’avaler sa bouchée. Mais Daire ne lui laissa pas le temps d’argumenter, les donuts dans une main, Leo tomba face à elle presque par surprise, et le baiser qu’elle déposa sur sa joue n’avait en réalité rien d’innocent. Le blond glissa un regard lourd de sens sur elle. C’était aussi fourbe que de la triche. Mais elle semblait satisfaite. La fin justifie les moyens, ou en tout cas une connerie du genre. Aussi indignés qu’ils étaient l’un et l’autre, leurs batailles n’étaient pas toujours les mêmes. Alors que Daire s’évertuait à détruire ce monde d’injustice, Leo essayait de protéger Mère Nature. Leurs priorités divergeaient, mais la passion qui les animait était la même. Aussi pure, aussi flamboyante, aussi dangereuse aussi, peut-être. Leo devait reconnaître qu’il se sentait incroyablement bien à l’heure actuelle, malgré la violence, malgré les coups, malgré son poing encore douloureux. Et qu’est-ce que ça voulait dire, du coup? Qu’il aimait ça ? Les excès de violence, les situations qui dégénèraient ? Ou bien simplement qu’il avait été envoûté par l’euphorie de la rousse, emportée par sa sincérité absolue dans ses idées et son enthousiasme un peu trop brutal. Il n’en savait rien.
Leo traversa la pièce, et alla s’allonger dans la méridienne du salon, de ce modèle Ikea qu’il avait en horreur. Il s’étira, en réalité trop heureux d’avoir un petit peu de répit. Daire ne tarda pas à lui emboîter le pas, face à lui elle étira son corps courbaturé, les mains jusqu’au plafond, dévoilant au passage un petit bout de peau sous son t-shirt un poil trop court. Leo la regarda, le regard fasciné, un sourire malicieux. On fume un joint pour célébrer cette défaite-victoire ? Leo pencha la tête sur le côté. Tu parles d’une victoire. Fit-il remarqué, sans cynisme, ni même mauvaise humeur, il trouvait même ça drôle en fait, et reprit un donuts, c’était son troisième. Demain, aux infos locales, on ne parlerait que des casseurs, des policiers agressés et des dégâts relevés. On présenterait le peuple manifestant comme des dégénérés en mal de cause qui s’énervent par principe. La campagne de sensibilisation à la protection de la baie de Savannah ne serait même pas remise en place, les affiches resteront à la poubelle. La bataille était perdue pour cette fois. Et pourtant, Leo avait comme le sentiment du travail accompli, Daire quant à elle, semblait bien avoir quelque chose à fêter. Etait-ce simplement d’avoir échappé à la police et trouver un lieu de repli, ou bien la fierté de voir son padawan écouter ses pulsions, l’espace d’une seconde ? Pour en revenir au joint : J’ai mieux, r’garde sur l’étagère. Il indiqua du menton la pipe à eau repérée plus tôt. Cette simple petite pipe, qu’il avait également chez lui, à quelques détails près. C’était comme si, grâce à ça, il se sentait plus proche du type qui louait ce T2. Ce type, fan de donuts, avec un goût horrible et des exigences si basse en luminosité et immobilier, qui manifestement avait quelque chose à faire, un dimanche après midi. En attendant que Daire rapporte la pipe, Leo enfonça les mains dans la poche de son jean : il en ressortit un petite boite en métal qui contenait plusieurs sachets illicites. La poudre blanche dans un premier, l’herbe verte dans un deuxième. Leo balança ces deux paquets sur la table basse, modèle Hvistbro, et attrapa le pot de fleurs décoratif qui s’y trouvait. Parfait. Quand Daire le passa le bang, Leo le remplit d’eau à bonne hauteur, pendant que Daire s’installait à ses côtés. Ils étaient fatigués, tous les deux, et pourtant surexcités. Leo préparait leur récréatif tranquillement. Ce ne fut que lorsqu’il eut fini qu’il déclara, en cherchant le briquet dans sa poche. Faut que j’t’avoue que… Il fronça les sourcils et tendit la jambe pour attraper le briquet. ...tes méthodes ont beau être radicales, et illégales, et violentes, surtout violentes… le briquet en main, il s’affala dans le canapé, la pipe à eau entre ses mains. ...elles ont le mérite de fonctionner. Faut avouer que celles de Leo avaient été des échecs permanents. Leo inspira un grand coup, la fumée envahit le foyer du bang et s’infiltra dans sa bouche, sa gorge, ses poumons. Il ferma les yeux et retint son souffle le temps de sentir la fumée s’infiltrer dans tout son être, avant de recracher le tout dans un large nuage opaque, qui s’éleva jusqu’au plafond. Il fit glisser son doigt sur la molette du briquet, le frottement tinta dans la pièce, il ralluma le foyer, tira une autre latte. La fumée dans la gorge, il tourna la tête vers Daire. Il sourit. Sa main libre trouva naturellement le chemin de la joue de Daire pour l’attirer contre lui, elle suivit le mouvement sans trop se poser de question, une fois que leurs visages ne furent qu’à un centimètre, peut-être deux, Leo entrouvrit ses lèvres. La fumée blanche s’échappa de sa bouche et coula avec volupté jusqu’aux lèvres de Daire, s’infiltrant en elle sensuellement. Ce ne fut que lorsqu’il eut expulsé tout ce qu’il avait qu’il lâcha sa joue, et reposa la tête contre le dossier, non sans une oeillade entendue vers la rousse. |
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Mer 31 Jan - 18:41 | |
| « T’es pas nette, hein. » La remarque l’amusa mais ayant une vue sur son dos, Leo ne pouvait pas s’en rendre compte. Elle se contenta de la balayer d’un mouvement de main en l’air, comme s’il s’agissait d’une banalité récurrente qu’elle entendait trop souvent – et qu’elle n’en avait, par la même occasion, absolument rien à faire. Elle n’était pas de ces personnes qui se préoccupaient de l’image que les autres pouvaient avoir d’elles, plutôt de celles qui s’en amusaient lorsque l’argument trouvait sa cible. De ceux qu’on pointait du doigt depuis qu’elle était en âge de marcher et de communiquer, qu’on surnommait même la droïde dans son enfance dans une rime douteuse avec son nom de famille, autant dire qu’elle avait fait de ces remarques sur sa santé mentale le socle de son piédestal. Remettre en question ou simplement soulever une incohérence dans son processus décisionnel lui donnait encore plus de consistance, parce que Daire était indéniablement fière de constituer à elle-seule un doigt d’honneur au moule de ce monde. « C’est la société qu’est pas nette » qu’elle marmonna en s’engouffrant dans l’habitacle, sans se préoccuper de savoir s’il avait entendu ou non sa réponse. Elle savait qu’ils partageaient au moins cette opinion, mais que c’était sur la suite qu’ils divergeaient. Sur la manière d’envisager les solutions possibles, la manière de panser les maux d’une civilisation en perdition. Généralement insatisfaite lorsqu’on lui empêchait d’avoir le dernier mot ou qu’on désintégrait sa parole en la dénonçant comme étant trop excessive, elle prenait pourtant beaucoup de plaisir à échanger avec Leonard même si leurs débats étaient toujours houleux. C’était l’un des seuls, par ailleurs. Un des seuls dont les bases de son univers étaient similaires aux siennes et avec qui elle prenait le temps de discuter ou de batailler – une joie qu’elle ne concédait pas aux skinheads par exemple.
Daire n’aurait pas manqué de s’insurger si elle avait eu conscience des billets que le hippie déposa dans un coin de la pièce en dédommagement à la vitre brisée, mais ça aurait certainement donné lieu à un débat plus stérile que constructif. Au-delà de sa vision particulière sur le sujet, elle était aussi entachée par la marque très influençable de ses maigres ressources trop souvent rapidement épuisées. Bien heureusement, l’exploration des lieux lui happa tout autant l’attention que celle de Leo, qui s’avisa d’observer l’absence de diversification dans les meubles. Il portait clairement le jugement au fond de ses prunelles et elle aimait bien ça, Daire, la manière dont il percevait les choses de façon aussi simple et transparente sans que ça n’en soit absurde. Il y avait de quoi lui susciter une opinion défavorable entre ces murs, l’ameublement était aussi aseptisé qu’une pièce témoin d’un catalogue, bien loin de ses manières de vivre. Bien loin des siennes également, mais Leo tout particulièrement évoluait dans un univers à mille lieux de ce type de consommation.
Elle l’abandonna à ses investigations dans la pièce principale avec une moquerie au coin des lèvres, la certitude que Leo n’était pas dans son habitat naturel et qu’il ne pourrait jamais s’adapter à ce genre d’endroit. Lorsqu’il en eut terminé, l’air à peine plus satisfait que les minutes précédentes, Daire s’était déjà affairée à nettoyer son visage des impuretés de la rue en insurrection et lui enjoignait de faire de même. Il ne l’abandonna pas dans son enjouement théâtrale en lui tapant dans la main, une lueur d’amusement dans le regard lorsqu’il la dévisagea. Elle ne dit rien et se contenta de lever le pouce en l’air pour lui signaler qu’il n’avait plus rien sur le visage, mais elle aimait bien cette façon qu’il avait de la regarder. Au milieu des cendres de son monde d’éclats, ce n’était pas une chose à laquelle elle était habituée – si ce n’était même plutôt rare. Tous ceux qu’elles côtoyaient n’étaient pas de cette nature encline à la dévisager avec autant de douceur, quand tous à quelques exceptions près voulaient au mieux la tacler verbalement, au pire la fracasser contre leurs phalanges ou le macadam. Dans ses esclandres à la saveur d’une guérilla personnelle, elle oubliait bien souvent que la tendresse pouvait également faire partie de son monde.
Leo s’éclipsa à la cuisine et le temps qu’il revienne les bras chargés, Daire avait déjà jeté son dévolu sur une autre cause : en l’occurrence, sa seconde peau en cuir à laquelle elle tenait comme à la prunelle de ses yeux. Clairement un combat qu’elle n’emporterait jamais contre lui, elle ne lui admettrait jamais de vive voix mais il avait les arguments qu’il fallait pour remettre en cause ses certitudes quant à ses manières de vivre autour de la cause animale. Seulement, elle était bien trop attachée à certaines traditions, et cette veste en était une à part entière. Depuis toujours et à jamais, certainement. « N’empêche que cha vient d’un animal mort. » Elle leva les yeux au ciel face à la remarque qui n’avait pas tardé à se faire entendre, mais elle eut la décence de lui empêcher toute tentative d’argumentation. Elle n’allait certainement pas lui laisser le dernier mot sur le sujet, pas aujourd’hui en tout cas. Révoltée capricieuse. Sa volonté de le déstabiliser par un baiser furtif fonctionna sans aucun encombre, et alors qu’il la dévisagea avec ce regard qui lui donna de douces décharges électriques dans l’échine, elle lui intima une nouvelle fois le silence en posant son index devant sa bouche. « Parle pas la bouche pleine, ça fait désordre » Esquisse de la nonchalance sur les lèvres en feignant l’indifférence quant au jeu qu’elle avait doucement amorcé, son regard s’égara l’espace d’une seconde sur les lèvres dans un demi-sourire avant de s’échouer sur la boîte de donuts qu’il tenait entre les mains. L’espace d’une seconde, Daire n’eut plus rien d’une révoltée jouant avec les limites corporelles de Leo. Dotée d’un appétit vorace en absolument toute circonstance, comme si la colère qui la rongeait jusqu’à la moelle épinière lui usait toutes ses forces, ses yeux s’écarquillèrent avec avidité dans un éclat de victoire devant la trouvaille sucrée. Comme à sa mauvaise habitude, elle s’empara de la boîte sans lui demander réellement son avis. « Tu permets ? » Ce n’était pas vraiment une question, en réalité elle ne demandait jamais la permission. Elle prenait trop souvent tout pour acquis, dans la certitude qu’il avait conscience de ce qu’il encourait s’il protestait. Le premier donut fut englouti en une bouchée digne d’un vorace, mais tandis que Leo s’éloignait dans la pièce sans demander son reste elle prit le temps d’apprécier le deuxième. Toujours à fond dans tout ce qu’elle entreprenait, il paraissait presque évident que la nourriture connaîtrait ce même sort funeste – sans que jamais un surplus de gramme n’apparaisse sur son corps. Peut-être y avait-il au moins un avantage agréable à avoir un corps en fusion constante.
Leonard s’installa tranquillement sur le canapé du salon dans cette même attitude significative d’un corps ankylosé, à l’instar de la rousse qui prit le temps de s’étirer après lui avoir rendu la boîte. Si elle éprouvait une certaine fatigue dans ses membres en raison de la retombée de l’adrénaline qu’ils avaient connu dans la rue, elle ressentait encore de l’électricité statique dans ses pensées ses envies, et clairement dans l’air ambiant. Lorsqu’elle lui proposa de fumer un joint comme s’il avait s’agit d’un trophée du moment de folie qu’ils avaient traversé, sa réponse ne manqua de lui faire hausser les yeux au ciel. « Tu parles d’une victoire. » Elle pencha également la tête sur le côté, le même que le sien, et l’amusement dans son regard bleuâtre percuta le sien sans s’en défaire. « Pourtant j’en ai bien récolté une aujourd’hui » La manifestation pacifique avait été massacrée sans aucune pitié par les fidèles du désordre et du cassage, ayant trouvé là une occasion rêvée de semer le trouble avec les forces de police sans oublier de cramer quelques poubelles et voitures dans leur action de bon sens négligé. Les médias n’allaient pas avoir plus de clémence quant à la volonté première des manifestants qui allaient se faire lapider sur la scène publique de l’audience abrutissante. Daire était à la fois indignée devant l’écrasement d’une cause que personne ne prendrait la peine d’entendre sous prétexte qu’elle avait porté atteinte à l’ordre public et la sûreté des citoyens, mais également satisfaite d’avoir pu retrouver un certain équilibre dans l’agitation et même la violence. Comme un constat pitoyable sur ses idéaux, elle n’était capable de se battre pour ses valeurs qu’en mêlant la force des mots aux éclats de rage. Toujours bancale entre ces deux mondes avec un pied déjà dans la tombe, elle avait pourtant trouvé une certaine satisfaction dans le dérapage de Leo. C’était ce qu’elle avait toujours voulu, toujours cherché à susciter chez lui cette pulsion d’adrénaline autrement que par les discours, dans cette volonté qu’il s’affirme qu’il comprenne réellement ses motivations à elle en mettant son âme dans les mêmes combats. Si l’issue de la confrontation avait semé les graines de l’inquiétude dans ses entrailles, elle restait indéniablement fière. « J’suis contente de t’avoir retrouvé là-bas » Pour le gars que t’as cogné, mais pas que, pour ta présence aussi. Elle s’était faite beaucoup trop discrète ces derniers mois, mais cette manifestation chaotique aux côtés de son meilleur acolyte de toujours en ces circonstances lui avait redonné des lueurs d’espoir dans ses veines en dépit des hésitations et de la paranoïa qu’avaient engendré les messages du matin.
Alors qu’elle lui prenait un nouveau beignet des mains, Leo finit par répondre à sa requête par cette affirmative qu’elle attendait tant – en beaucoup plus intéressant. « J’ai mieux, r’garde sur l’étagère. » Dans un froncement de sourcils interrogateur, elle s’approcha de ladite étagère en observant les bibelots entassés les uns avec les autres. Jusqu’à ce qu’une pipe à eau lui apparaisse dans toute sa splendeur authentique, évidemment qu’il l’avait déjà remarquée. Leo avait un radar intégré dans le cerveau pour des choses comme ça. Dans ce même semblant de cri de victoire qu’elle avait lâché pour les donuts, Daire s’empara du trésor pour le rejoindre en quelques enjambées. Son regard s’égara sur le sachet de poudre blanche alors qu’elle lui tendait l’objet, et si elle ne masqua pas l’éclat excédé qui lui traversa les traits du visage, elle s’abstint pourtant de tout commentaire. Elle était bien trop ravie d’avoir mieux qu’un simple joint à se mettre dans les poumons qu’elle n’avait pas envie de gâcher l’euphorie qui gagnait également les traits de Leo. Elle avait bien assez de toute sa vie pour mettre à néant les volontés de chacun, elle pouvait bien lui accorder un moment de répit comme celui-ci. Se l’accorder à elle-même, aussi. La tempête passablement adoucie s’installa à côté de lui en croisant les jambes en tailleur sur le canapé et l’observa faire avec cette même avidité qu’elle avait eue pour la nourriture. Elle le savait, ce moment allait lui accorder ce silence qu’elle ne connaissait que trop rarement. « Faut que j’t’avoue que tes méthodes ont beau être radicales, et illégales, et violentes, surtout violentes… » Son regard quitta ses mains pour se poser sur le visage de Leo, un soupire excédé déjà prêt au bord des lèvres. « ...elles ont le mérite de fonctionner. » Oh. Elle ne s’attendait pas à ce qui lui reconnaisse si facilement la fiabilité de ses méthodes plus que douteuses, alors il y eut une seconde de latence durant laquelle la fierté d’un sourire s’installa doucement. Un évidemment tenta de forcer le passage, mais ce fut un élan taquin qu’elle amorça. « Tu doutais d’moi ? » Pas un remerciement, pas un j’te l’avais dit !, seulement une évidence qu’elle prenait déjà pour acquis. « J’en connais un autre qui peut s’montrer violent quand il veut » Peut-être qu’elle n’aurait pas dû faire cette remarque supplémentaire, ce n’était pas nécessaire, mais elle était comme ça, toujours à fauter dans les moments les plus simples sans savoir les savourer pleinement. Cela dit, l’impatience s’immisça dans ses veines lorsqu’elle constata qu’il était déjà bien affairé et elle se laissa naturellement faire lorsqu’il guida son visage jusqu’au sien. La fumée qu’il lui transmit dans cette même douceur sensuelle qui le caractérisait si bien trouva son ôte dans la plus grande quiétude. Il s’était déjà reculé d’elle pour retrouver sa place contre le dossier lorsqu’elle relâcha à son tour la fumée vers le plafond. Son regard coula vers le sien dans lequel elle y trouva une résonance particulière qui éveilla un autre feu que celui de sa colère ravageuse dans son bas-ventre. Ses jambes glissèrent sur le côté pour qu’elle puisse se pencher vers lui, en approchant son visage aussi près du sien qu’il ne l’avait fait précédemment mais pas dans la même intention. « Hmm m’sieur River, vous me regardez avec indécence » Ses lèvres effleurèrent les siennes tandis qu’une de ses mains glissa sur son torse par-dessus l’épaisseur de son t-shirt, avant de s’emparer sournoisement de la pipe à eau et du briquet qu’il tenait encore. « Mais d’abord, j’voudrais profiter d’ça » Un éclat de rire s’échappa dans un demi-sourire, satisfaite de ce qu’elle provoquait en lui, mais pertinemment consciente de l’écho qui se percutait en elle.
Daire se redressa sans le quitter du regard tout d’abord, puis en portant son attention sur son acquisition. Elle ralluma le foyer à son tour, se réjouissant à la simple entente de ce bruit si familier, puis elle inspira tranquillement la fumée pour la garder précieusement. Elle ferma les yeux et s’adossa contre le canapé, profitant du bien-être dans son corps et du silence dans le tumulte de son cerveau que lui apporta la fumée en s’infiltrant dans ses poumons comme s’ils l’avaient toujours attendue. Le temps resta en suspend quelques instants, bien assez pour qu’elle s’imprègne de cette sérénité naissante alors que la nervosité de ses muscles se faisait plus tranquille. Ces pauses dans le chaos de son esprit avaient beaucoup trop d’importance pour qu’elle ne les bafoue si rapidement. Il en allait de sa raison, mais également de celle des autres. Finalement, ses paupières se relevèrent et elle relâcha une nouvelle fois la fumée, l’observant quelques instants s’amasser contre le plafond, avant de porter à nouveau son attention vers Leo. Le bûcher dans ses veines de l’heure passée s’était enfin apaisé, lui laissant bien assez de place pour en accueillir un nouveau. Ses lèvres vinrent naturellement trouver celle du hippie sans se faire brusque contrairement à ses gestes habituels, tandis que le bang et le briquet s’égarèrent sur le canapé entre leurs deux corps. Le temps se fracassa une nouvelle fois dans un autre désordre, celui dont elle avait besoin à présent, comme nécessaire avant d’essouffler la flamme de l’insurrection. Son corps bascula en avant pour se mettre à califourchon sur les jambes de Leo avant de quitter l’espace de quelques secondes ses lèvres. L’océan de son regard chercha le sien dans leurs souffles emmêlés, dans cette volonté de fracasser son monde contre le sien sans émettre la moindre parole, comme s’il s’agissait-là d’un nouveau terrain à débattre. Elle y trouva toute la paix dont elle avait besoin pour contrebalancer sa propre discorde avant de fermer à nouveau les yeux. Elle l’embrassa cette fois-ci avec plus de fougue, de cette avidité pressente d’un feu en combustion. Ses mains glissèrent sous son t-shirt dans cette nécessité pressante de ressentir sa peau contre ses doigts, dans cette volonté ardente de se faire maître de sa chair, tandis que ses baisers vinrent prendre possession de son visage avant de trouver la chaleur de son cou.
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| Sujet: Re: don’t be a slave to the system (leonaire) Dim 18 Fév - 23:29 | |
| Après lui avoir piqué des donuts, Daire avait esquivé toutes remontrances sur ses goûts de punk rockeuse déchue. Porter la peau d’un animal mort ne lui semblait pas être un affront suffisant pour lancer le débat, ou sans doute se disait-elle sous sa chevelure flamboyante, qu’il y avait eu assez de conflits pour une seule journée. Elle savait qu’elle ne gagnerait pas celui-ci, malgré le background sentimental qui se cachait derrière ce simple perfecto de cuir, sentiments que Leo ne comprenait pas. Il n’avait ni l’instinct de propriété, ni même l’esprit d’un matérialiste. Elle commenta simplement l’impolitesse du blond, qui pour toute réponse, tira sa langue alors qu’il avait encore la bouche pleine. Ca faisait peut-être désordre, mais Daire aimait ça. En fait, on pouvait presque dire qu’elle ne vivait que pour ça. Déglinguée toute cette société dans laquelle elle ne se retrouvait pas, y foutre un bordel monstre, quitte à régner ensuite sur un champ de ruines. La foirade de toute à l’heure était une victoire pour elle, elle n’eut aucun mal à le reconnaître, et dans l’esprit de Leo ça avait plutôt un goût de cendres. Et les oeillades de Daire, par dessous ses mèches rebelles qui tombaient devant son regard de braise n’arrangeait rien. Elle se contenta de glisser, comme s’il s’agissait d’un heureux hasard : J’suis contente de t’avoir retrouvé là-bas Leo esquissa un sourire avant de reprendre un peu de sucre. Retrouvé, mouais. Daire était rentrée en collision avec lui, elle et son esprit revêche, sa violence latente et son envie de lancer des pavés. C’était comme de décuver, maintenant qu’ils s’étaient éloignés de l’action. Comme se remémorer la scène avec un chouïa de recul. Leo y repensait comme s’il s’agissait des souvenirs d’un autre, et pourtant, il sentait encore la brûlure de la pierre qu’il avait ramassé, et cette ferme intension d’éclater des crânes. Ses phalanges un peu égratignées étaient là pour lui rappeler que ça ne s’était pas seulement passé dans sa tête, ça et le regard encore plein de paillettes des yeux de Daire. Y a des femmes qui aiment les cadeaux, d’autres qui préfère les nez cassés. Mais y avait comme un sentiment de légèreté qui continuait à se propager dans les entrailles de Leo. Comme si en se perdant de l’ombre destructrice de Daire une seconde, il avait pu y relâcher un peu de pression qui commençait à prendre toute la place dans son être. De la même façon que se faire vomir rendait plus serein, et découper de la chaire avec Elliot créait la paix. Leo avait besoin d’expier quelque chose dont il n’arrivait même pas à mettre les formes. Un démon sans visage qui vivait tapis sous tout un tas de vrais sourires et d’amour partagé. Quelque chose comme ça, de toute façon il n’avait pas envie d’y réfléchir maintenant. Le repos du guerrier, vous voyez. Il répondit plutôt par un autre pic dont ils avaient tous les deux l’habitudes : Tu sais, tu m’y retrouverais plus souvent si tu venais de temps en temps. J’vois que madame choisit ses batailles. faut croire, depuis tous ces mois où la rebelle du groupe avait déserté les manifestations, sitting, conférence, grèves organisées par les groupes activistes de la ville, on n’avait jamais eu droit à un chaos pareil. Elle attirait le désordre, comme si elle le diffusait du bout de ses doigts, ou en remuant du nez comme Ma Sorcière Bien-Aimée.
La pipe à eau prête, Leo tira dessus, comme pour s’accorder une petite pause. Soudain loin du raffut, c’était comme si on avait laissé la vapeur s’échapper -littéralement en fait- et qu’on descendait un petit peu. Au même titre que Daire avait réussi à agiter ses atomes, Leo réussissait à les stabiliser. Même si elle se souvenait, avec un ton rieur, des accents de violences de tout à l’heure. Tu doutais d’moi ? Qu’elle avait demandé, Leo, un sourire entendu sur les lèvres n’avait pu résister à glisser une once de sarcasme quand il avait répondu : Jamais. Toujours en fait. Il remettrait toujours tout en cause, et elle aussi, et c’était aussi pour ça qu’il s’entendait si bien. Car ils savaient qu’ils pouvaient être en désaccord sur tout, et se rejoindre des deux bouts. Leo ne refuserait jamais de voir un peu plus avec ses yeux, elle aussi essayerait, de sentir un peu plus avec son coeur. Et pourtant, cette violence de tout à l’heure, il n’en tirait pas une fierté particulière, simplement un genre de plaisir aigre-doux qu’il refoula au moment d’inspirer de la fumée. Il ne répondit rien cela dit et se contenta d'insuffler un peu de sa fumée opaque au travers des lèvres mi-close de la rousse, avec une lenteur sensuelle, une douceur aussi, qui jurait avec ses sourcils encore froncés. Le désir laconique qui naissait entre eux suffisait déjà au blond pour commencer à planer.
Hmm m’sieur River, vous me regardez avec indécence Leo émit un petit rire clair qui se répercuta sur tous les meubles Ikea, et même les objets déco totalement inutile. Il ne la vit pas ramper jusqu’à lui comme un serpent qui voudrait entraver sa proie, non, il naïf comme tout il tira une dernière latte avant de répondre en expulsant la fumée et en fixant le plafond : C’pas mon genre. Mais ça l’était. Les plaisirs de la chaire c’était primordial pour lui. Et il n’imaginait pas s’entendre si bien spirituellement avec une personne, aussi différente soit-elle de ses idéaux pacifistes, sans exprimer ça physiquement. Le sexe, c’était juste un autre moyen de débattre avec Daire. Un nouveau mode de se confronter, de se percuter, de finir par tomber d’accord. Elle lui piqua le bang, Leo n’eut même pas le temps de résister. Il se contenta d’un air faussement outré avant de s'affaisser un peu plus dans le canapé et de passer ses mains dans ses cheveux, qui sentaient encore la fumée, et d’y faire tomber le bandeau sur le vinyle imitation parquet du recouvrait le sol. Y avait donc rien d’authentique dans ce T2 ? Même les boules chinoises, à la mode y a quoi, six ans ?, semblaient en papier maché. En fait, c’était certainement le cas.. J’t’en pris. répondit-il dans un souffle, du tac au tac. Il s’étira comme un chat, lui lançant simplement des coups d’oeils rapprochés, regardant la marijuana faire son oeuvre. Daire était belle quand elle était en paix, même si ça ne durait qu’une seconde. Belle les paupières closes, le visage détendu, et ses sourcils qui ne fronçaient pas pour une fois. Leo glissa sa main sur un bout de jambe qui traînait près de lui, laissant trainer ses caresses. Il ne fallut pas longtemps avant que la rousse ne revienne à la charge, féline, déterminée. Le premier baiser échangé était calme, naturel. Surtout naturel en fait, comme s’ils en échangeaient tous les jours. Un baiser amical, rien de plus, un baiser pour se récompenser l’un l’autre du bon moment qu’ils venaient de passer. Et puis, alors que leurs pupilles s’accrochaient dès qu’ils se croisaient, ça faisait comme des secousses dans les entrailles de Leo, des coups de jus Daire, c’était un coup de jus. Et Leo eut un sourire charmé, quand elle grimpa sur lui. Elle avait gagné d’avance, ou peut-être que c’était lui, en fait qui avait gagné. Ni l’un ni l’autre. Ils rendaient tous les deux armes. Et à mesure que l’excitation grimpait, tout semblait moins ordonné dans son esprit. Le corps de Daire au dessus du sien foutait en l’air ses sens. Ou peut-être que le bang faisait enfin effet. Ses yeux en tout cas, tombaient de fatigue ou de défonce, à voir. Mais il n’oubliait pas de regarder avec un air alléché le visage tout plein d’éclat, encore un peu sale, de Daire, ses cheveux en bataille. Leo caressa sa joue pour l’attirer contre lui pendant que leurs échanges s’intensifiaient. La douceur laissait place à une impatience délicieuse. Un besoin de s’unir, de se connecter, de se brancher sur le même canal. Avec le même désir de parcourir un petit bout de son âme que d’habitude, Leo faisait tomber l’une de ses manches pour découvrir son épaule tatoué, laissa courir ses lèvres sur l’encre, pendant que ses mains partaient en éclaireuses sous ce t-shirt en trop. Daire avant déjà entreprit d’enlever le sien. Le corps squelettique de Leo mit à nu, il n’hésita pas à retirer celui de la rousse, un sourire comblé sur son visage émacié. Il la serrait contre lui, peau contre peau, perdait son visage le long de chacune de ses courbes. Et plus son désir montait, plus cette violence de tout à l’heure lui revenait en mémoire, souvenir piquant qui semblait si loin et si près en même temps. Cela se ressentait dans ses gestes brusques, sa respiration courte, son regard par en-dessous trop pressant. Sa main grimpa le long du dos de Daire, dégrafa son soutien-gorge au passage et vint finir sa course à sa nuque, emmêlant le bout de ses doigts noueux dans ses mèches rousses. Leo ne tarda vraiment pas à défaire le bouton de jean de Daire, ne serait-ce parce qu’il avait hâte d’y descendre.
Quand il tenta de la porter à bout de bras, faut dire que les quelques donuts débordant de sucre n’eurent pas vraiment l’effet escompté, ils titubèrent deux pas, avant que Leo ne bute contre la table basse, ne renverse un vase et finisse par poser le corps désormais nu de Daire à sa place, sur le canapé, pendant qu’il s’agenouillait devant elle en riant. Meeerde putain, en plus ce genre de fleurs ça crèvent super vite. fit-il remarqué, une main dans ses cheveux, manifestement gêné. Daire s’en contre foutait, ou peut-être se demandait-elle comment il était possible qu’il sache un truc pareil. Pour l’anecdote, la grand mère de Leo avait été fleuriste pendant des années, vous savez, avant de former son groupe de reprise de rock psyché des années 70. D’ailleurs, y avait un concert dans 3 semaines. La rousse n’en saurait rien, de toute façon, le blond n’eut pas le temps de développer un peu plus, attiré comme un aimant par le corps en surchauffe de la rousse, il plongea à nouveau vers elle. Tout explosait en lui, et il voulait tout à la fois. Ses lèvres, ses mains, ses seins, ses hanches, son ventre, ses cuisses, son sexe, ses épaules, ses reins. Il voulait tout à la fois, et il passait son visage là où ses lèvres le guidait, là où l’excitation le guidait également. Il laissa glisser sa langue d’un sein frémissant, passant par la cicatrice, dont elle avait oublié de lui compter l’histoire mais à laquelle il ne prêta qu’une attention secondaire, jusqu’à son nombril, là posté au milieu de quelques traits d’encre noire et des grains de beauté, pour descendre encor eplus au sud, là où il en frissonnait déjà de plaisir.
Mais… Je… SORTEZ D’ICI MAINTENANT OU J’APPELLE LES FLICS. Derrière Daire, la porte d’entrée venait de s’ouvrir à la volée, et Leo avait sursauté, bondissant en arrière, il atterrit sur ses fesses, contre la table basse, les chaussettes dans l’eau du vase renversé. Euh… ouais on s’est… trompé d’appart. C’était lui, le type des meubles ikea, du bang artisanal, des donuts. Lui le propriétaire du T2 banal, avec cette vie banale, qui ne se retrouvera dans une situation aussi gênante de sa vie, tout simplement parce qu’il n’a aucune raison de quitter ce petit cocon fabriqué, brindille après brindille, commandées en ligne et payées en trois fois sans frais grâce à la carte de fidélité. Leo explosa de rire en se relevant, sa braguette était ouverte, et il bandait toujours. [color!=darkcyan]J’ai laissé un peu de cash sur l’étagère, pour la fenêtre.[/color] le type ouvrit grand la bouche et son regard bifurqua sur sa fenêtre, dont il n’avait pas encore vu l’état. Leo lança les affaires de Daire à l’intéressée pendant qu’il reprenait sa veste, sa drogue, son foulard même. ON est désolé, vraiment. pas du tout, mais Leo savait mentir, contre toute attente. De toute façon, le type l’écoutait pas et se contentait d’amortir le choc. Une fois Daire à peu près habillée, Leo l’empoigna par la main, toujours en riant, pour la traîner vers la sortie. Ce ne fut que quand elle passa le palier qu’il fut comme pris d’une révélation et qu’il pénétra à nouveau dans le deux pièce. OH MERDE ! BARREZ VOUS TOUT DE SUITE. Sur la pointe des pieds, Leo parcouru la moitié du salon, se baissant pour ramasser le perfecto en cuir de Daire et sortit, les mains en l’air, à reculons. Pardon, pardon, c’était.. .La veste… Enfin il passa la porte, et descendit en courant les escaliers, attrapant la main de la rousse au passage, hilare.
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