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malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: wasted time (malice) Mar 13 Fév - 22:43 | |
| Le liquide ambré tourna sans aucune conviction dans le verre avant de terminer sa course entre les lippes du ténébreux. La chaleur de l’alcool s’immisça doucement de son palais à son estomac mais tarderait à faire effet, il le savait. Il ne tenait pas forcément très bien l’alcool en général, mais il en avait certains dans le sang depuis trop longtemps. Quelque chose pour pallier à un quotidien trop morne. Pour encaisser une éducation rustique d’une autre ère, pour supporter les départs successifs. Jusqu’à ce que ça devienne une habitude, du réconfort, un palliatif à la collision entre les âmes essoufflées de son quotidien. Pas assez d’alcool dans un verre si grand, trop d’agitation dans une salle si petite. C’était indécent de ne pas combler les manques de chacun à part égale, comme si la musique pouvait mieux apaiser les mœurs que les liqueurs. Trop de lumières, trop de bruit, loin de son univers à lui. De son piédestal de misère de son royaume de poussières, de sa rue du sang de la nuit et des néons. Trop de monde se heurtant contre les enceintes contre le son entre eux, s’entrechoquant comme des saltimbanques instables dans les airs. Balbutiements de la fièvre en ferveur du groupe du soir qui succédait à la première partie, et qui prenait toute la place de sa prestance aussi bien sur scène que dans le club.
Malo s’évertuait à alpaguer le seul barman possédant un semblant de lucidité et en état de fonctionner sur ses deux jambes. Trop de monde, pas de place, pas assez de barmans. C’était vraiment jusqu’à la lie cette soirée improbable, et voilà déjà une bonne heure qu’il se morfondait sur place à regretter sa décision. Pourtant ce ne fut pas l’attention désirée qu’il attira, mais celle d’une autre personne. Créature charnelle à la recherche vraisemblablement des plaisirs de la nuit, de sa chevelure bien trop éclatante sous les stroboscopes rejetée négligemment derrière ses épaules. Il connaissait la rengaine, et cette fois-ci, il n’en voulait pas. Il lui lâcha un lâche-moi sans équivoque en l’enjoignant d’aller voir ailleurs d’un signe de la main, et lui tourna le dos sans demander son reste pour observer la scène. On lui accorda finalement son verre supplémentaire qu’il reçut comme une délivrance, whisky de bas étage mais whisky quand même. Simple, et terriblement suffisant. Prenant le temps de déguster son verre cette fois-ci, il observa la bande d’énergumènes qui, il fallait l’avouer, savait sacrément mettre l’ambiance à en croire l’euphorie générale. Stellarr machin, quelque chose comme ça. Ce n’était absolument pas son genre de prédilection, et encore moins son style de musique tout court. Malo était un cliché misérable ambulant, jurant que par les paroles dures et cracheuses du rap. Rien de mieux que d’écouter la rue elle-même, quand on était quelqu’un comme lui. C’était autant évident que presque ridicule, mais pourtant ça coulait de source. Il n’était pas venu pour lui, il ne savait même plus qui avait eu cette idée. Anca, très certainement, qui avait dû lui glisser deux-trois mots lorsqu’elle était venue lui prêter main forte au Smoking Dog. Nash adorait ce groupe de musique, ils le savaient tous les deux. Tout le monde devait le savoir, en fait. Il suffisait de voir comment il bavait sur la chanteuse de la bande, un vrai adolescent aux hormones échauffées – et ça l’avait toujours fait marrer, Malo, parce qu’il aimait bien se foutre de sa gueule à ce sujet. Mais Nash n’était pas là, et la distance pesait autant dans les kilomètres qu’au creux de son âme. C’était si dérisoire, la manière dont on pouvait devenir trop bancal dès que les fondations se disloquaient – même de manière éphémère, c’était toujours une absence de trop. Toutes les absences étaient toujours de trop, il y avait celles qu’il avait appris depuis bien longtemps à ne plus regretter, même à en apprécier la saveur, et puis il y avait toutes les autres en pagaille qui se faisaient violence au fond des entrailles dans son sillage.
Une peau vint se faire pressante contre son corps, et il n’eut besoin que d’une œillade pour comprendre que la jeune fille qu’il avait essayé de dégager avec un minimum de décence n’avait pas compris le message. Peut-être qu’elle était persuadée qu’en persévérant, il changerait d’avis. Peut-être qu’elle avait terriblement besoin d’une présence pour combler ses failles oublier ses propres démons. Sauf que Malo n’était ni un amuse-gueule, ni un pansement. Il était venu seulement parce qu’il voulait prendre pleinement conscience d’une chose qui tenait vraiment à cœur pour Nash, de découvrir une partie de son monde qu’il lui avait toujours laissé, maintenant qu’il n’était plus là. Retrouver les chimères dans leurs pas, construire un avis sur les souvenirs dépeints par un autre. À d’autres les plaisirs corporels d’une nuit, il avait l’âme en peine. À moins que tu t’appelles Nash et qu’tu portes des couilles, tu m’intéresses pas. Princesse délabrée d’un royaume édulcoré sous acide, elle l’avait dans le sang au fond du regard, esquisse des égarés perchée à la commissure des lèvres. Elle se voulait conquérante, elle était tombée sur le mauvais loup. Celui qui mangeait les princesses, qui n’en faisait qu’une bouchée, qui les mâchait recrachait sans les digérer. Pas envie, pas ce soir, comme bien d’autres soirées. Celle-ci avait l’amertume des absents et des fantômes disparus pourtant omniprésents, et la donzelle n’avait ni les cheveux de jais ni l’accent chantant de la plaie suintante de son cœur. Il attrapa brutalement son poignet en y exerçant une sale pression, sans la quitter des yeux. « Dégage avant d’le regretter ». Un glapissement silencieux plus tard, et Malo était de nouveau seul avec lui-même et son verre vide. Sur scène, le groupe annonça sa dernière musique. Il était trop loin pour percevoir leurs visages, mais la distance importait peu pour ressentir l’énergie qu’ils dégageaient tous ensemble. Des électrons libres en symbiose ensemble, comme chacun apportant une pierre à leur édifice électronique. Mais le plus troublant restait la chanteuse, dont la voix trouvait un écho particulier en lui. Comme un souvenir quémandant le retour à la surface, cherchant à forcer le passage alors qu’il manquait une pièce du puzzle pour prendre consistance.
Il se décida finalement à retrouver l’air frais de la nuit avant que le concert ne se finisse et qu’il ne se retrouve en proie à la masse gluante des corps en sueur encore enfiévrés. Il s’était mis en tête de se prendre en photo avec la chanteuse du groupe, juste pour pouvoir faire enrager Nash. Pour lui donner un sourire dans son étau de béton, à supposer qu’il accepte sa visite – chose qui se faisait compliquée, surtout depuis qu’il lui avait annoncé la disparition de Nora. Posté à l’arrière du bâtiment à la sortie des artistes, il eut le temps de consumer une clope mais pas d’en allumer une autre, alors qu’une furie s’échappa des entrailles du nightclub en le percutant de plein fouet. Moment dilapidé dans le temps suspendu, quand les abysses de Malo s’accrochèrent aux prunelles abîmées de l’autre. Doucement, l’image se fit percutante derrière ses rétines et il ne chercha même pas à ramasser sa cigarette échouée sur le bitume humide. « Alice ? » Putain, c’était vraiment la tournée des fantômes ce soir. Des cadavres sortis du placard, et celui-ci semblait peiner à prendre consistance en chair et en os comme un pied entre deux mondes. Il ne connaissait que trop bien ces crevasses sous ses yeux, elles avaient toujours été comme son signe distinctif, sa marque de fabrique, le truc qui autrefois lui donnait un regard profond assez hypnotisant et qui aujourd’hui s’était mué en un désastre de l’humanité. Elle avait un poids sur les épaules, c’était tellement flagrant, mais il ne saurait dire lequel. Des années qu’elle se pourrissait elle-même jusqu’à la moelle dans son existence, qu’avait-il bien pu lui arriver de plus ?
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rebelle ▹ posts envoyés : 604 ▹ points : 6 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : XERXES & anesidora & marion pour l'aes ▹ avatar : sky ferreira ▹ signe particulier : les cernes permanantes sous les yeux - souffre de schlerose en plaque
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Ven 2 Mar - 1:26 | |
| Soirée concert, elle peint son visage avec son maquillage de guerre. Trainées noirâtres sur les joues, du bout des doigts, ça souligne un peu plus ses cernes, le rouge sanguin de ses lèvres, le blond usé de ses cheveux. Soirée concert, elle enfile son armure. Trop de parcelle de peau visible, de quoi faire rêver une foule sous ecsta, pendant qu’elle hurlera dans son micro. Satisfaite elle se retourne vers Rhoan et Tito pour s’assurer qu’ils sont prêt, laisse trainer sa main encore pleine de paillettes sur les fesses de Tito en ricanant, un peu de lumière, ça contrastera avec sa gueule de constipé. « Machete hein on peut gueuler ça en débarquant sur scène » comme un pique pour se moquer de leur échange à propos du nom de l’album, Alice rigole toujours quand ils entrent enfin sur scène. Club en délire. Elle revit. La scène c’est comme un boost direct dans les veines, mieux qu’une piqure de quoi que ce soit, que n’importe quel rail. La scène c’est leur drogue à eux, besoin vital de rester sous les projecteurs pour continuer d’exister. Alors ils profitent autant qu’ils peuvent, à se donner bien trop sur scène, elle qui crache tout ce qui lui pourrit de l’intérieur dans son micro, les doigts qui serrent un peu trop fort ce soir, comme pour oublier la peur, la douleur, la peine. Pour oublier Nemo et ses paroles poisons, pour oublier la maladie, pour oublier le reste. Alors oui elle donne tout ce qu’elle a Alice, profite de chaque instant et quand les lumières s’éteignent et qu’ils doivent quitter la salle y a comme un gout de regret, de pas assez qui reste dans la bouche. La chute est trop rapide, le manque qui se fait sentir instantanément dans ses veines alors qu’elle se démaquille, vire son body trop moulant pour quelque chose de plus confortable. Elle troque Hellebore la guerrière pour Alice la crevée, l’impression qu’elle n’a jamais eu l’air autant dégueulasse qu’en cet instant. Ca la fait soupirer. Derrière elle c’est une énième dispute, sujet débile entre Rhoan et Tito qui lui donne envie d’en attraper un pour taper sur l’autre. D’habitude elle se serait joint à la chorale, bien trop heureuse de débattre sur un sujet débile mais pas ce soir. « Jvais me fumer une clope » qu’elle marmonne alors qu’elle enfile son manteau, sort un peu trop vite de la loge, pousse la porte de sortie des artistes pour se retrouver dans la rue. Tête baissée alors qu’elle essaye d’allumer son feu elle voit pas le jeune homme droit devant elle. Collision. La cigarette qui lui échappe en écho avec celle de l’autre, elle fronce les sourcils, redresse la tête en commençant à marmonner. Sauf que non. Il la coupe. Lui coupe son air aussi. Lui coupe le cœur tout court. Alice ? Moment de panique parce qu’elle reconnait la voix, parce qu’elle reconnait aussi le visage quand elle l’observe. Malo et dans son ventre ça se tord, l’impression qu’elle pourrait lui gerber sur les godasses maintenant. « Non. Vous faites erreur » mensonge alors qu’elle s’écarte un peu trop vite, cherche une échappatoire. Pas question de rester face à Malo. Pas après toutes ces années, pas après toutes ces conneries passées. Pas après Nash aussi. Surement qu’il doit la détester. Surement qu’ils doivent la détester. Pas grave. Elle vit très bien avec la haine des autres. La haine elle peut gérer. Alors elle se met à marcher un peu trop vite Alice, accélère même pour courir sauf que ses pieds en décident autrement, fatigue, adrénaline qui retombe, faim ou autre connerie elle glisse perd l’équilibre et se retrouve sur le pavé, les mains râpées pour arrêter sa chute, les genoux qui pleurent. Manquait plus que ça. Et Alice qui essaye de se relever, tangue un peu, encore, regarde droit devant elle persuadée que si elle l’ignore il fera comme Nash, tournera les talons, persuadé de s’être trompé. Mais Malo n’est pas Nash. Et c’est sans doute ça le début du problème.
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malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Sam 3 Mar - 22:29 | |
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Allure désastreuse de fantôme au bout de ses doigts, comme un souvenir inconsistant en incohérence avec l’espace-temps. Des particules amères se déposèrent sur l’épiderme comme au creux de l’âme, prêtes à tout écorcher, la conscience la mémoire les absences. Ces putains de disparus qui leur avaient fait défaut, année après une autre. Chacun leur tour, comme une valse incessante qui n’avait d’autre issue que de creuser les failles et peupler les tombes. C’était bien un de ces macchabés d’outre-tombe qui l’avait percuté jusqu’au plus profond de son être, ébranlant des fondations écorchées laminées jamais véritablement solidifiées. Alice portait avec elle, les stigmates du passé qui lui creusait les épaules et dont il n’était jamais parvenu à se défaire. Un pied bloqué des années en arrière, l’autre plongé six pieds sous terre. Les secondes s’égrenaient dans l’usure aussi bien que sa raison, à sentir les muscles se contracter les veines se dessécher. « Non. Vous faites erreur » Silence brisé, mais il ne percuta pas tout de suite. Neurones figés dans cette vision, de ce fantôme qui s’effilochait déjà entre ses doigts. La décharge dans l’échine alors qu’elle lui tournait le dos, les picotements dans chaque parcelle de sa peau alors qu’il la regardait s’éloignait. Une, deux, trop de secondes suspendues qui se percutèrent à nouveau quand il s’ébranla. Il claqua sa langue sur le palais dans un signe d’agacement, et surtout de mécontentement, pour la rattraper rapidement. Hors de question qu’elle disparaisse à nouveau, qu’elle retourne dans la cave poussiéreuse des abonnés absents. « Eh où tu vas ? » Plus une injonction signifiant arrête-toi tout de suite, qu’une véritable question. L’intonation trop froide, brutale, de l’homme qu’elle avait abandonné derrière elle. Ce n’était pas lui le plus à plaindre, mais bien celui enfermé entre quatre murs de béton. Pourtant son absence avait aussi bien creusé son gouffre que toutes les autres qui l’avaient précédée.
Mais Alice s’emmêla, comme un aimant fracassé par la gravité qui n’avait d’autre choix que d’affronter les démons qu’elle avait fui. Ses genoux vinrent s’écorcher contre le bitume, et le bruit sourd de la chute trouva un écho percutant avec leur collision. Cheveux décolorés à la lumière changeante sous les réverbères, le pantin désarticulé s’ébroua en titubant. Sauf qu’il était déjà sur elle, les muscles tremblant de ces retrouvailles brûlantes, l’étau de sa main enfermé sur son bras. Elle était beaucoup trop légère, Alice. Trop facilement maniable, alors qu’il la soulevait à lui en arracher presque le bras – sans trop d’effort avec une poigne trop ferme. D’une main, comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon, pour la remettre sur ses pieds et la maintenir le temps qu’elle retrouve son équilibre. D’une secousse vers lui, il l’obligea à se retourner pour se percuter à nouveau au néant de son regard où palpitait encore les vestiges de l’adrénaline de sa soirée sur scène. « J’vois que t’as pas crevé finalement ». Il l’avait imaginée les cendres dilapidées dans la terre, assassinée par ses maux ou par les mauvaises mains. Il l’avait pensée étendue sur le béton humide oubliée de tous, corps abandonné dans la lutte contre la vie qu’elle n’avait plus assumé. Il s’était même dit qu’elle était retournée entre les bras de l’autre connard qui avait déjà goûté à l’acier de ses phalanges, pour devenir de nouveau cette coquille vide esclave de ses dépendances. Dans ses bonnes grâces, quand la nuit était aussi sombre que ses pensées, la balance s’équilibrait et il osait imaginer qu’elle s’en était sortie. Qu’elle était partie, trouver une vie meilleure. Ailleurs, loin de ses emmerdes, loin d’eux.
Et puis, il pensa à son frère de sang enfermé trop loin de lui, de cette réalité brisée piétinée sans aucune décence. À ses nombreux braillements à l’égard de ces concerts auxquels il assistait, de ses paroles déplacées envers la fameuse chanteuse de ce groupe. Durant tout ce temps, son meilleur ami s’était heurté contre Alice sans jamais prendre conscience de la déflagration qu’il pouvait se prendre dans la gueule. Nash trop bête, mais surtout coincé par les fantômes, lui aussi. Peut-être que c’était son subconscient qui bloquait tout, faisait en sorte que les informations soient plus agréables à supporter. L’espoir était un connard, rien de nouveau. « Tu pouvais pas l’faire comprendre à Nash hein ? » C’était trop dur d’lui dévoiler ton vrai visage ? Trop facile de le laisser s’écorcher contre un mirage ? « Faut croire que t’as gardé tes bonnes vieilles habitudes » Mentir, n’est-ce pas Alice ? Rancune empoisonnée diluée dans les veines dans les mots, conscience arrachée à vouloir secouer la revenante.
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rebelle ▹ posts envoyés : 604 ▹ points : 6 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : XERXES & anesidora & marion pour l'aes ▹ avatar : sky ferreira ▹ signe particulier : les cernes permanantes sous les yeux - souffre de schlerose en plaque
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Sam 3 Mar - 23:56 | |
| Elle a mal Alice, dans tout son corps trop usé, bouffé par le temps alors que ça fait même pas un quart de siècle qu’elle existe. Mais c’est déjà vingt quatre ans de trop, qui tirent sur ses os, ses nerfs, qui la rongent de l’intérieur. Elle a mal Alice, encore plus maintenant, quand elle sent la brulure de sa peau rappée, le sang qui perle déjà sur ses paumes, collant écorché, qui laisse voir ses genoux malmenés. Alice a mal. Mais c’est de ces douleurs qu’elle sait étouffer, quelques bouffées de cigarettes, de rire amer, de hurlement sur scène. Rien de très douloureux en somme. Puis y a les autres genres de douleurs. Comme celle qui tout d’un coup envahit son poignet quand Malo l’attrape, premier reflexe c’est de lutter essayer de se libérer de sa poigne de fer. Il est là, soudain, à bouffer tout son espace vital, à lui voler tout ce qu’il lui reste, quand il la force à se tourner pour lui faire face. Dans son ventre ça se tord, l’envie violente de lui gerber sur les pompes pour essayer peut être de le faire dégager. J’vois que t’as pas crevé finalement C’est comme un putain de rire désespéré qui la traverse, rire abimé qui fatigue, à force d’avoir trop hurlé. Elle le regarde, parce que ça sert à rien de faire semblant maintenant. Alors elle rigole. Nerveusement. C’est pas beau. Presque un sanglot, mais ça serait mal la connaitre. « Je pourrais te retourner la même » qu’elle crache finalement. Parce qu’elle est presque aussi surprise que lui, de le voir en face d’elle, en pleine forme ou presque, debout, vivant le palpitant qui bat trop fort. Elle pensait qu’un jour lui aussi il finirait par crever, planté en centre de correction par un ado boutonneux vengeur, suffit d’une brosse à dent bien limée, viser la trachée, le tour est joué. « Comme quoi cafard un jour cafard toujours » qu’elle finit par rajouter, les yeux rivés dans ceux de Malo, trace de défi dans la voix. Elle vient poser sa main sur la sienne, comme pour essayer de le faire lâcher prise. Ptêtre aussi pour s’assurer qu’elle hallucine pas. Tu pouvais pas l’faire comprendre à Nash hein ? « Tu peux me lâcher s’il te plait tu me fais mal » politesse dissimulée, elle répond du tac au tac, sourire désabusé sur le visage. Faut croire que t’as gardé tes bonnes vieilles habitudes. « Ca aussi je te le retourne. Tu tabasses toujours autant les gens ? Tu vas me tabasser là ? En souvenir du bon vieux temps » elle persifle Alice, balance les mots corrosifs aussi vite que possible pour éviter de se faire emprisonner. Mais elle est injuste. Terriblement injuste. Malo n’a jamais levé la main sur elle. Jamais. Malo n’a fait que la protégé, même quand il a réduit le visage de Darcy à l’état de bouillie après qu’elle ai finit à l’hôpital pour une énième crise de jalousie. « Putain Malo lache moi ! » et la panique qui fissure un peu la surface, ça dégouline dans ses yeux, elle sent son cœur qui s’accélère. « Pas ma faute si Nash est trop con pour voir ce qu’il a devant les yeux. » Diversion verbale pendant qu’elle lève le pied pour écraser son talon sur la chaussure de Malo, c’est pas élégant, c’est pas délicat, ça réveille une putain de douleur dans sa cheville, surement qu’elle a du se la fouler en tombant, mais au moins elle espère pouvoir se libérer avec ça, pouvoir s’échapper plus facilement quand la situation empirera. Parce qu’elle empirera forcément. Elle n’est plus naïve Alice, pour essayer de penser que les fantômes du passé ne sont jamais vengeurs.
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malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Dim 4 Mar - 0:40 | |
| Eclat caustique des arrachés, les nerfs dilapidés dans la nervosité. Il était abîmé son rire, un brin cassé. Elle avait toujours eu quelque chose de beau dans ses fêlures, Alice. Quelque chose d’une mélancolie oubliée, sauf aujourd’hui. Pas ce soir, non. Ce soir, il y avait surtout des aiguilles en s’esclaffant ainsi, même au contact de sa peau contre la sienne. « Je pourrais te retourner la même » Un pli se forma naturellement sur son front alors qu’un rictus se dessina à la commissure de ses lèvres. Lui aussi, il se demandait chaque jour qui se succédait amèrement comment pouvait-il être encore debout, le myocarde affalé dans ses battements lapidés. « Comme quoi cafard un jour cafard toujours » Il maintint son regard, accepta sa défiance comme un retour naturel à leur jeunesse. À ses grands esclandres qu’elle lui réservait, la morveuse, quand il la traitait comme une grande tout en veillant sur elle. Cette défiance, il avait appris à l’apprécier sous tous ses angles, mais sous la voute céleste en cet instant, elle avait surtout l’usure d’un temps qui leur avait échappé. Même sa main avait une empreinte de souffre, de la fraîcheur d’un autre monde comme si Alice avait déjà, elle aussi, un pied dans la tombe. « Tu peux me lâcher s’il te plait tu me fais mal » Pas de réaction chez le concerné, Malo fit comme s’il n’avait rien entendu. Dans sa poigne, le fantôme avait une consistance ; il sentait ses veines battre contre sa paume et trouver un écho contre ses tempes. Alors il fit ce qu’il faisait le mieux, il enchaînait le coup suivant. Brutalité verbale aussi bien que sur les traits d’une Russie lointaine, le scélérat n’avait jamais épargné personne. « Ça aussi je te le retourne. Tu tabasses toujours autant les gens ? Tu vas me tabasser là ? En souvenir du bon vieux temps » La brièveté d’un ricanement désabusé s’échappa dans un souffle, l’esquisse du dépit amusé sur les lèvres. « Je t’ai jamais frappée », quant au reste de l’espèce humaine, il ne pouvait pas en dire autant. Mais Alice, non, jamais il n’avait lever la main sur elle. Jamais elle n’avait eu à connaître ses phalanges, seulement ses secousses, ses joutes verbales. Indirectement, aussi, à travers les yeux d’un autre qui l’avait déchue dans sa violence. « mais si t’y tiens… » Il ne finit pas sa phrase, laissa la menace s’étendre entre leurs corps comme la promesse qu’elle ne lui échapperait plus. Il ne la frappera pas, jamais, pas même alors qu’il avait envie de la briser contre un mur pour ces retrouvailles calomnieuses, alors qu’il aurait été peut-être préférable qu’ils ne se recroisent jamais. Le loup est de marbre quand la vague se fracassa contre lui, imperturbable face aux brisures qui éclatèrent. Panique montante dans la brebis égarée, qui n’avait pourtant rien de l’innocence d’une proie, il le savait si bien. Il ne la lâcha pas pour autant, attendit qu’elle finisse de déverser son poison. C’était la chute dans le gouffre, sans savoir dans lequel entre celui d’Alice ou du sien ils tombaient. « Pas ma faute si Nash est trop con pour voir ce qu’il a devant les yeux. » Le remarque s’enlisa dans sa patience, venant grignoter cette place usée rafistolée qu’occupait Nash – trop loin, trop brisé. Il était peut-être bien stupide, mais il n’était certainement pas le seul à blâmer dans l’affaire. Avant de pouvoir répondre, ce fut le talon d’Alice qui s’écrasa dans toute sa force sur son pied. Sa violence était pleine de sens, mais n’avait aucune saveur contre lui. À peine ébranlé par le coup, seulement l’épiderme mâché – c’était les aléas d’un corps qui avait trop l’habitude. « J’te lâche mais ne pense même pas à te casser encore en courant » Il pressa un peu plus fort sa chair entre ses doigts froids, juste pour lui faire passer le message. « t’iras pas loin d’toute façon » Sous-entendu à sa cascade, il était certain qu’elle n’était plus aussi solide dans ses appuis. Tout comme il la rattraperait facilement en quelques enjambées. Enfin, il la libéra de son étau, pour l’enfermer dans une autre cage. Celle d’un regard inquisiteur, d’une impassibilité fatiguant emmêlé à l’éclat de celui qui observait tout. « Nash est peut-être aveugle, mais t’en joues aussi » Il n’osait même pas imaginer la réaction du concerné, quand il se rendrait compte de la supercherie. Sa déception s’échouant sur ses épaules déjà affaissées, quand il comprendrait que Malo était au courant tandis que lui, il manquait encore un pan de vie dans sa prison de béton de solitude. « Faut qu’tu lui dises, Alice. Il le mérite » Elle allait répondre par la négative, se faire grande face à son aîné, lui montrer qu’elle n’avait rien à prouver – ni à lui, ni à Nash, et encore moins à personne. « T’es jamais partie, hein ? » Toujours les ombres, Alice, jamais bien loin.
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Dim 4 Mar - 23:43 | |
| Je t’ai jamais frappée mais c’est tout comme en cet instant. Parce qu’elle a l’impression de s’être prit une lame dans le ventre Alice, sournoise, lente, agonie silencieuse quand elle croise le regard de Malo, quand dans ses pupilles elle y lit leur passé. Mais si t’y tiens… Nouveau rire, dénué d’amusement cette fois ci, surement juste la fatigue, les nerfs à deux doigts de lâcher, ils ne tiennent qu’à un fil. « Vas y, tu seras pas le premier » parce qu’elle n’est plus à ça prêt, la peau qui commence seulement à cicatriser, plus qu’un vague souvenir des poings de Seven, des mots de Nemo, paumes encore barrées de fines cicatrices, d’avoir trop serré la lame de rasoir entre ses doigts. Elle le défie Malo, d’y aller, de franchir cette limite, celle qu’il s’est toujours imposé. Protéger et non détruire, seulement les choses ont changé depuis. Alice n’est plus l’amie. Alice est l’ennemie. Elle peut le lire presque dans son regard, dans la moue plaquée sur son visage, dans la façon dont il retient son poignet, pour l’empêcher de s’envoler une nouvelle fois. Elle lutte Alice, pour qu’il la libère, pour pouvoir recommencer à respirer. Elle a suffisamment croisé de démons ces derniers temps et son corps commence à supplier, à lui demander d’arrêter de déconner. Alors elle fait comme elle peut mais c’est pas si efficace que ça, à peine ébranlé par le coup qu’elle porte il la dévisage et elle grimace. J’te lâche mais ne pense même pas à te casser encore en courant . Il serre un peu plus fort son emprise, Alice grimace, gémit entre ses dents, se mord l’intérieur de la joue pour pas montrer plus qu’elle ne veut qu’elle en a assez. t’iras pas loin d’toute façon. « C’est bon, je pars pas t’es content ? regarde je reste là » même si dans sa tête déjà elle calcule un itinéraire de sortie, les yeux rivés sur la porte de service derrière Malo, c’est pas si compliqué, courir jusqu’à retrouver Rhoan et Tito, se cacher derrière eux, attiser leur colère pour se protéger. Mais elle ne bouge pas. pas encore. Quelque chose qui la bloque, l’empêche de faire le moindre geste. Le regard de Malo surement. Toujours ce putain de regard. Un peu plus sombre qu’avant, plus cerné aussi. Il a vieilli. Elle aussi. Nash est peut-être aveugle, mais t’en joues aussi. Bien sur qu’elle en joue. Il veut quoi ? Qu’elle avoue tout à Nash ? Qu’elle soulève le masque d’elle-même ? Tremblante elle porte la main à son poignet, traces rouges sur sa peau trop blanche, elle secoue la tête. Faut qu’tu lui dises, Alice. Il le mérite. « J’peux pas » comme un murmure qui lui échappe. « Putain mais tu veux que je lui dise quoi Malo hein ? Tu le connais. » plus qu’elle, bien plus qu’elle. Il devrait savoir. « La prochaine fois qu’il me croisera il me massacrera. Et je veux pas crever. » mauvaise foi, elle cache sa honte derrière la peur, c’est tellement plus facile de prétexter fuir le danger quand on refuse d’assumer. Nash. Surement une de ses plus grandes erreurs de sa vie. Meilleur ami passé à meilleur ennemi en un tour de talons. Quand elle a refermé la porte de l’appartement définitivement, sans aucun mot pour lui demander pardon. T’es jamais partie, hein ? Elle redresse un peu la tête Alice, ferme les yeux un instant, essaye de rattraper son souffle, calmer son cœur. Elle a beaucoup trop mal. « Est-ce que j’ai jamais été là pour commencer ? » qu’elle finit par répondre dans un souffle. Parfois elle se demande, si elle existe vraiment, si c’est pas juste un foutu rêve qui ne prendra jamais fin. « A toi de me le dire Malo »
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malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Lun 5 Mar - 0:30 | |
| « Vas y, tu seras pas le premier » Il ne l’aimait pas, cette remarque. Déclaration lapidaire, de l’épiderme abîmé, du cœur blasphème. Il ne connaissait que trop bien la violence, Malo, mais il ne supporter pas de la voir sur ses proches. Il voulait seulement en être l’acteur, pas le spectateur. Il en avait toujours eu assez des ecchymoses sur la peau diaphane d’Alice, de sa démarche cabossée quand ses brisures devenaient plus que des fêlures. Provocation des oubliés, mais ils le savaient. Il ne la frapperait pas, à d’autres cette faiblesse de l’âme. À d’autres, de lui donner une raison d’aller se fracasser les phalanges sur la gangrène des basfonds de cette ville. La pression la déstabilisa, même si elle essayait de faire bonne figure. Lui-même ébranlé par ces retrouvailles amères, il était certain qu’elle n’en menait pas large également. La force qu’il imprégnait dans sa peau ne devait pas l’aider à rester solide sur ses appuis, persuadé qu’elle s’échapperait malgré son avertissement. « C’est bon, je pars pas t’es content ? regarde je reste là » Regards archaïques dans une collision de cendres, hésitation dans les frémissements de la chair. Pourtant, il la lâcha, non sans grommeler des syllabes incompréhensibles. Ce fut dans ses prunelles ternes, pendu à ces crevasses sombres étendues jusqu’à ces joues, qu’il mena l’affront. Celui de ce faire conquérant de la confrontation, de rendre captif le fantôme qui lui faisait face avant que le jour ne se lève et emporte avec lui, les vestiges d’une amitié fanée. « J’peux pas » Ricanement méprisant, un peu trop sec, dans l’air un peu trop saturé. « Bien sûr que si » L’affirmation claqua sans accepter aucune contestation, balayant la remarque suivante. Elle avait raison, il connaissait Nash. Beaucoup trop bien. Ses failles, ses réactions. Le gouffre qui l’avalera toujours plus bas, quand il comprendra pour Alice. Mais Malo était des partisans des vérités brutales, de ceux qui ne mâchaient pas leurs paroles même au plus mal. Persuadé que c’était la meilleure manière d’affronter un problème que d’y faire face de front, alors il l’imposait aux autres. C’était de cette manière qu’il les avait tous maintenus en vie, ses frères et sœurs, Anca, Seven, Alice, et surtout Nash. « La prochaine fois qu’il me croisera il me massacrera. Et je veux pas crever. » Il secoua la tête en sifflant sa désapprobation, c’était de la mauvaise foi à la pelle. Nash la massacrera certainement, mais la crevasse des disparus est trop grande pour prendre le risque de la reperdre à nouveau. « T’as raison, flemme de venir voir ta tombe » Ta tombe à toi aussi, la pensée s’écorcha sous son crâne. Balancé sans concession, seulement parce qu’il n’avait pas le cœur à débattre plus longtemps sur l’hypothétique réaction de son frère. Pas maintenant, pas alors que le principal concerné était en prison. Le savait-elle, au moins, que l’homme qu’elle avait abandonné derrière elle n’avait plus personne devant lui ? « Est-ce que j’ai jamais été là pour commencer ? » Froncement des sourcils imperceptibles devant la question, il ne s’attendait clairement pas à ça. Pas à cette hésitation, à cette douleur au fond de son regard. Malo ne comprenait pas, comment pouvait-elle en arriver là. Aucune ombre d’hésitation dans ces certitudes, dans sa mémoire empoisonnée. « Qu’est-ce que tu racontes ? T’as toujours été là » Des années à se coltiner une sale gosse en s’assurant qu’elle grandirait au mieux, même si ses conditions de vie étaient déplorables. Des années que sa présence physique s’était muée en une présence spectrale, pourtant toujours dans leurs ombres. Entre les murs de l’appartement de Nash, dans leurs pensées à chacun. Alice ne devrait pas en douter, qu’elle ait eu une place intégrante dans le bande de bras cassés. « La question qui s’pose, c’est plutôt si toi, t’as voulu être là ? » Ils ne s’étaient jamais envolé, aliénés aux chaînes de leur misérable existence comme à attendre le jugement dernier. Ils n’avaient abandonné personne, eux.
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rebelle ▹ posts envoyés : 604 ▹ points : 6 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : XERXES & anesidora & marion pour l'aes ▹ avatar : sky ferreira ▹ signe particulier : les cernes permanantes sous les yeux - souffre de schlerose en plaque
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Lun 5 Mar - 1:09 | |
| Bien sûr que si. Bien sur que non. C’est ce qu’elle a envie de lui hurler Alice. Est-ce qu’il se rend compte ? A quel point c’est compliqué ? Tout ce que ça impliquerait ? Pour lui ? Pour elle ? C’est pas pour rien qu’elle est partie comme ça Alice, pour s’extirper des sables mouvants, couper tous les liens restant avec cette période dégueulasse qui lui file encore des cauchemars. Mais elle ne dit rien Alice, serre les dents fort, les poings aussi, frissonne. J’veux pas crever ou plutôt j’veux pas crever trop tôt, car la machine est déjà en marche de toute façon, au fur et à mesure que son cerveau agonise, que ses nerfs se nécrosent dans tout son corps. C’est trop tard, elle est condamnée, juste une question d’années maintenant. T’as raison, flemme de venir voir ta tombe. Elle pourrait presque en pleurer Alice. Presque. Tellement c’est ironique, les yeux qui dérivent vers le sol, comme pour cacher ce qui tremble en elle, la peur qui menace de déborder. Respire. « Je compte pas sur toi pour y déposer des fleurs » ni même y venir pleurer. Même si au fond d’elle y a un part qui espère, qu’ils seront là, quand on la foutra six pieds sous terre. Un dernier au revoir, avant néant. |b] Qu’est-ce que tu racontes ? T’as toujours été là[/b]. Vraiment Malo ? Vraiment ? Pourtant il a suffit d’une matinée et elle n’était plus là, juste du vide dans le lit, les cintres vides, mégots froids dans le cendrier. Juste une illusion, un fantôme qui a décidé que son temps était venu pour s’évader. Elle ne sait plus Alice, parfois elle doute, trop souvent, quand le rush descend, qu’elle se retrouve seule la nuit, le sommeil qui la fuit et les yeux grands ouverts dans le noir. Encore, encore. Quand elle marche pendant des heures, jusqu’au lever du soleil, quand elle s’endort sur la table d’un diner, ses peux gribouillées sur les pages de son carnet usé. La question qui s’pose, c’est plutôt si toi, t’as voulu être là ? Nouveau pic dans le cœur, ça la prend à la gorge Alice, ça lui fait un peu trop mal. Parce que ça la renvoi dans le passé, ça la renvoi à ces après midi vautré sur le canapé, tête sur les genoux de Nash pendant qu’elle agace du bout de pieds Malo, pour qu’il fasse passer le pop corn. Ca la renvoi à tous les trois le cœur brisé, à Jill, Lula, Darcy. Des noms barrés de sang, de larmes aussi. Tous les trois dans l’appart trop petit, à se serrer les coudes, pour affronter la tempête. Faut croire que ça n’a jamais été suffisant pour le gouffre à l’intérieur d’Alice. « Ouais. Voila. Peut être que c’était ça en fait. » la voix qui se fait plus froide et elle qui se tient plus droite. Y a comme l’indifférence habituelle qui reprend place sur son visage, reposer le masque parce que c’est plus facile comme ça. « Ptêtre que j’ai jamais voulu être là. Avec vous » ça la brule, chaque mot, quand son cœur hurle le contraire. « Affaire classée tu pourras raconter tout ça à Nash, que j’étais qu’une salope sans cœur, il pourra me tabasser la prochaine fois promis ça sera gratuit » elle hausse les épaules Alice, se dirige vers la porte et dépasse Malo. Pas un regard. Pas un au revoir. Il ne l’arrêtera pas. Elle sait. Elle le connait trop bien. Et les lèvres qui tremblent quand elle referme la porte derrière elle, l’impression qu’on a foutu du sel sur une plaie, pour raviver la douleur. « On va boire. » qu’elle lance quand elle revient dans la loge, les larmes qui coulent ptêtre un peu trop subitement et l’envie de s’exploser le cerveau à coup d’éthanol pour oublier le reste, vomir ses tripes demain, regretter toute la journée, mais juste oublier pour la soirée.
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malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: Re: wasted time (malice) Lun 5 Mar - 16:50 | |
| « Je compte pas sur toi pour y déposer des fleurs » Les mots s’imprégnèrent au fond de son âme comme des coups de néant des coups de marteau dans le bitume. Il haussa les épaules légèrement, feignant l’indifférence, encore trop loin d’apercevoir ce qui se tramait véritablement dans le corps d’Alice. Il s’était toujours dit qu’un jour viendrait, où il commencerait à faire un détour sur le chemin avant d’aller voir Lula, pour aller saluer la stèle de son amie disparue. Seulement, il se trompait de raison, et l’espoir que cette pensée ne se réalise pas restait présent. Les mots d’Alice lui faisaient mal, mal d’être celui encore debout entre les pierres tombales alors qu’il ne le méritait pas. Il était d’autant plus lassé qu’elle puisse imaginer qu’il n’en aurait rien à faire, si un jour elle s’éteignait. Elle avait peut-être bien disparue un beau matin, mais elle ferait toujours partie de sa meute. Comme les autres, Malo pouvait crever n’importe qui pour qu’elle subsiste. Alice et ses peintures de guerre, l’âme bancale au corps brisé rafistolé jamais bien droit. C’était bien elle qu’il avait retrouvé par le plus grand des hasards, bien cette gamine dépassée par la vie qui lui faisait face. Pourtant les retrouvailles n’avaient pas le goût de la satisfaction, piétiné depuis bien longtemps par les passe-droits de leur existence, mais bien celui de la défiance au goût nouveau. « Ouais. Voila. Peut être que c’était ça en fait. » L’intonation changeante, la carcasse qui se faisait plus fière, et ce menton levé haut comme pour lui faire face de toute sa hauteur. « Ptêtre que j’ai jamais voulu être là. Avec vous » Ce n’étaient plus les piques de leur jeunesse, quand elle faisait ses caprices ou qu’il se moquait d’elle par rapport à Nash. Son sarcasme avait évolué avec eux, fatigué dans l’usure, à la vieillesse difficile. C’était la confrontation des âmes écorchées, qui ne savaient plus comment fonctionner autrement qu’en se faisant charogne froide pour se heurter aux moindres aléas. De ceux qui n’auraient peut-être pas dû se retrouver, pas maintenant, que la vie avait précipité dans la crevasse de la rancune et des silences. L’un ne connaissait que la brutalité de l’affront quand l’autre s’était faite reine dans la fuite et les mensonges. « Affaire classée tu pourras raconter tout ça à Nash, que j’étais qu’une salope sans cœur, il pourra me tabasser la prochaine fois promis ça sera gratuit » Il la dévisagea sans sourciller, pas un seul glissement de muscle sous sa peau. Pourtant, il avait la sueur froide du dégoût dans la nuque, les frémissements d’une colère sourde qui s’immisçait pernicieusement contre ses tempes entre ses phalanges. « J’lui dirais surtout que j’ai fait de la place dans l’placard des призраки » Un fantôme en moins, désormais. Pas de ceux qu’on se permettait d’oublier une fois le deuil accepté, mais de ceux qui avaient repris consistance parmi les vivants. Alice prendrait la remarque comme elle le voudrait, mais c’était une promesse. Celle qu’elle ne lui échapperait plus, car Malo veillerait à ce qu’ils entrent de nouveau en collision. Ce fut certainement en raison de la force de cette certitude, qu’il la laissa disparaître à nouveau dans le bâtiment. Il savait désormais comment la retrouver, ce n’était que les débuts d’une nouvelle bataille.
RP TERMINÉ |
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| Sujet: Re: wasted time (malice) | |
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