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 les abysses. (nanaj)

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JJ O'Reilly

JJ O'Reilly
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MessageSujet: les abysses. (nanaj)   les abysses. (nanaj) EmptyMer 24 Jan - 11:50

Meeeeeeeeeeerde. Que je beugle en tâtant mes poches, cherchant désespérément une cigarette. Mais y rien à faire, les trois paquets que j'ai sur moi sont tous vides. J'enrage, poings serrés, j'ai besoin de fumer. C'est vital. Mais je n'ai pas un rond sur moi non plus, donc impossible d'en acheter. Je pourrais toujours essayer d'en voler à quelqu'un, un petit racket de temps en temps, ça ne fait pas de mal ; je crois. Mais je n'arrive pas à me concentrer. Les pensées qui filent bien trop vite, je regarde autour de moi sans rien voir. Incapable de poser mon attention sur quelqu'un, de réfléchir, d'analyser. Les gens passent autour de moi, comme des tâches de couleurs, ça bouge, ça embrouille tout dans ma tête. Je passe mes mains sur mon crâne, souffle, les nerfs qui tremblent. Faut que je fume, ça devient urgent. Pour me calmer, pour me vider l'esprit. Il est trop rempli, de trop de merdes. Ça s'accumule, c'est le bordel. Jedediah, Eanna, Seven, Samih, Otto, Anca, Halina, l'inconnue. Je vais pas m'en sortir vivant de tout ça. Je vais finir par imploser. Et puis y a le prénom de Daire qui vient s'illuminer dans ma tête, comme un phare dans la tempête. Daire elle doit avoir des clopes, ou en tout cas de l'argent. Je sors mon téléphone et tente de la joindre, huit fois de suite. J'ai du mal à être raisonnable sur ce genre de choses. Suffit de voir les 123 appels manqués vers Eanna. Rien que d'y penser, ça me fout la haine. Pourquoi elle ne répond pas ? Pourquoi elle me fait subir ça ? Elle sait que je déteste être ignoré, elle le sait putain. Sale conne. Je pose mes doigts sur mes paupières fermées et souffle longuement pour tenter de me calmer. C'est pas le moment de penser à ça, à elle. Je suis déjà sur le point de vriller, autant ne pas en rajouter. Je recommence à essayer d'appeler Daire, mais ça continue de sonner dans le vide et ça me retourne le bide. Elle aussi elle m'ignore maintenant ? Ça y est, ils ont tous décidé de ne plus m'aimer ? C'est qui la prochaine sur la liste, Ailish ? Fait chier. Je grogne et décide de passer au loft, même si j'évite soigneusement d'y aller depuis que Samih m'a vu avec Seven. Je ne supporte plus de le croiser, je n'arrive même plus à le regarder. J'essaye tant bien que mal d'oublier ce jour maudit mais je n'y arrive pas. Ça me revient toujours en pleine figure quand je m'y attends le moins, ça me coupe les jambes et à chaque fois j'ai envie de m'enfuir, de changer de continent. Que Samih le sache est déjà insupportable, mais qu'il ait vu ça. Putain. Non. Je serre les dents, la nausée qui remonte doucement dans ma gorge, le goût acide qui tapisse tout mon palais. Pense à autre chose, pense à autre chose. Je prends sur moi et tente de me concentrer sur des choses absurdes et sans importance. Le prix des clopes qui a encore augmenté, mon bar préféré qui est fermé pour rénovations, le cul de la fille qui marche devant moi, les merdes d'oiseaux qui jonchent le trottoir. N'importe quoi tant que ça n'a rien à voir avec ma masse de problèmes. Une fois en bas du loft, j'hésite une seconde. Mais à cette heure-ci, en pleine semaine, Samih doit bosser. Je m'élance, pas très serein, l'appréhension qui grimpe au fur et à mesure que je monte les étages. Ma main qui se pose doucement sur la poignée de la porte et j'hésite à me raviser. A faire demi-tour et me débrouiller autrement. Mais l'envie de fumer est trop forte, ça commence à devenir douloureux, physiquement. Alors merde. Je rentre et si Samih est là. S'il est là. Je sais pas putain, je sais pas. Mais une fois dans le loft, le silence règne. A première vue, l'endroit est désert. Ça m'arrange, je vais pouvoir piquer des clopes ou des sous, doit bien y en avoir qui traîne quelque part. Max laisse toujours tout trainer de toute façon. Je me dirige vers la table du salon, qui est ensevelie de trucs en tout genre, quand du bruit attire mon attention. Je me fige, redresse la tête, ça vient de ma chambre. De nôtre chambre. Putain, qui est l'enfoiré qui fouille dans MES affaires ?! Furieux, je cours jusque dans la piaule, prêt à e découdre avec le fouineur. — TU FAIS QU-.... Nana ? J'me liquéfie. Elle est là. Elle est laide, avec sa gueule cassée. Mais j'peux pas m'empêcher de la trouver plus belle que jamais. J'peux pas m'empêcher de l'aimer plus fort encore. Le cœur qui ratte un battement, qui se casse la gueule, qui s'écorche sur les graviers de ma culpabilité. — T'es rentrée... ? Que je souffle, un peu démuni. J'en ai même oublié mon envie de fumer. Parce que Nana c'est une drogue encore plus forte. Elle annihile tout le reste. Y a plus qu'elle. Lumineuse, peut-être moins que d'habitude c'est vrai. Une lumière un peu fêlée, qui laisse échapper un peu d'obscurité. Et ça me fait froid dans le dos. Et d'un coup, je me fâche. Vieux réflexe. — Je t'ai appelé au moins 1000 fois ! Que je beugle, comme si c'était de sa faute. Comme si c'était elle la méchante et moi la victime. Et c'est vrai merde, je suis la victime. Elle m'a fait mal, et j'parle pas de douleur physique. Ça c'est rien, ça c'est pas grave, ça finit toujours par passer. Non, elle a blessé mon égo, elle a blessé mes sentiments. Mais c'est pas grave, enfin j'crois pas. J'ai juste envie de la serrer contre moi, de l'embrasser, qu'on oublie tout ça et qu'on recommence à s'aimer. Mon visage qui s'adoucit et je fais un pas vers elle, prêt à me jeter contre elle, à la blottir contre moi. Mais je percute. Elle est plantée là, avec un sac-à-dos qu'elle est en train de fourrer de ses fringues. J'pige pas. Je me fige, la détaille, et mon instinct sent la couille venir. Le rythme cardiaque qui s'affole, le sang qui vient battre contre mes tempes. Mauvais présage. Je me précipite vers elle et j'agrippe le sac, tirant dessus pour la forcer à lâcher prise. — TU FAIS QUOI AVEC ÇA ? Je hurle, encore et toujours, pour cacher le bruit de mon myocarde qui se brise comme du verre. Mon regard agité qui se pose sur elle, remplis de peur et de colère. C'est pourtant évident ce qu'elle fait, mais mon cerveau refuse d'assimiler l'idée. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi elle s'amuse à me torturer ? Moi j'ai fait ça pour nous, pour qu'on puisse continuer de s'aimer rien que tous les deux. Moi j'étais heureux de la voir de retour ici, pourquoi elle veut tout gâcher ? M'humilier ? Me trainer à ses pieds comme un moins que rien ? Pourquoi t'es mauvaise comme ça Nana ?
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MessageSujet: Re: les abysses. (nanaj)   les abysses. (nanaj) EmptyMer 24 Jan - 23:10

- Mes affaires. Tes doigts tapotent le comptoir dans un son inharmonieux pendant que tu mâches bruyamment ton chewing-gum en regardant les consignes d’évacuations. Tu te demandes si les portes coupe-feu fonctionnent vraiment, faut dire que même en les regardant attentivement tu vois pas vraiment la différence avec les autres, alors pourquoi celles-là ralentiraient quoi que ce soit ? Et puis comment décider où les placer ? On sacrifie la chambre 303 pour sauver la 304, est-ce qu’ils font exprès de placer les personnes importantes du bon côté du couloir ? D’ailleurs ta chambre, elle était placée où par rapport à tout ça ? - HMMHMM … Le raclement de gorge de la dame de l’accueil te fait détourner le regard de la pancarte et tes yeux se posent sur elle. Tu soupires doucement et tu reprends. - Eanna Murphy, 22 ans, chambre 374, 4ème étage, sortie prévue à 14 heures. Je viens récupérer mes affaires. Tu la regardes fixement, l’expression sur ton visage lui supplie de ne pas te faire parler d’avantage, t’as pas envie de faire d’efforts, pas aujourd’hui, t’es pas d’humeur. Elle te dévisage et puis sans un mot se retourne pour fouiller les étagères derrière elle. Elle finit par te glisser une caisse à ton nom avec les affaires pleines de sang que tu portais à ton arrivée. Ça te rappelle les sorties de garde à vue de JJ et tu grimaces pendant que ton cœur se brise un peu plus en pensant à lui et tout ce qui s’est passé ces derniers jours. T’attrapes rapidement les affaires que tu roules en boule sous ton bras, et tu t’en vas. Tu passes la porte de sortie et là tu t’assoies sur l’une des marches de l’entrée, et tu fouilles tes poches à la recherche de la relique qui te sert de téléphone. T’essayes de l’allumer mais t’es à court de batterie, tu pestes intérieurement en te relevant et tu te mets en direction du loft.
T’hésites quelques secondes devant la porte, t’as les mains moites, le souffle coupé, t’espères surtout ne croiser personne, ne pas avoir à t’expliquer. Tu te faufiles dans l’appartement comme une ombre, sans un bruit. T’ouvres la porte de ta chambre, de votre chambre, et tu retrouves tout dans le même bordel que tu l’avais laissée. Les draps sont défaits et tu te demandes si d’autres filles sont venues dans ton lit pendant que t’étais à l’hosto où il t’avait envoyée. De toute façon JJ est tellement con que ça l’aurait pas dérangé. Tu ravales ta rancœur et tu mets tes fringues pleines de sang séché à la poubelle, elles sont fichues de toute façon, tu récupères juste ton portefeuille et ton portable, que tu mets à charger. L’écran fini par s’allumer et clignote sans arrêt, des appels manqués et des messages défilent frénétiquement et tu le laisses de côté, t’as la flemme de tout regarder en plus tu devines très bien de qui ils proviennent et t’es pas encore prête pour ça, t’es pas prête à le confronter. Tu sais que t’as pas beaucoup de temps avant que quelqu’un débarque mais t’as rien mangé à part de la bouffe d’hôpital depuis quatre jours et ton ventre crie famine, il t’engueule, alors tu pars dans la cuisine te faire un sandwich avec ce qui traîne dans le frigo et tu te retrouves face à sa boîte de céréales, celles qu’il bouffe à longueur de journée. Tu verses la boîte de sel dedans avant de les reposer, et tu retournes dans la chambre en mangeant du bout des lèvres, pensive. Tu sais pas vraiment où aller mais tu peux pas rester ici, alors faut que tu prennes les minimum d’affaires. Le pire c’est que c’est pas à toi de partir, c’est pas toi qui a merdé, t’as envie de jeter toutes ses affaires par la fenêtre et de le mettre à la rue mais tu sais très bien qu’il trouvera un moyen de rentrer et de se venger. Et refaire un nouvel aller-retour à l’hôpital pour manger de la bouillie te tente pas plus que ça alors t’écartes ça de ta tête. Tu sors un grand sac à dos qui traînait dans une armoire, celui avec lequel t’étais arrivée y a quatre ans, et tu commences à le remplir avec le plus d’habits que tu peux, tu recherches de l’argent dans tous les tiroirs et toutes les poches, t’as pas grand-chose d’important de toute façon mais le sac se remplit quand même rapidement. Et puis d’un coup, t’entends la porte qui s’ouvre et qui se fracasse contre le mur — TU FAIS QU-.... Nana ? Merde, merde, merde. Tu tournes pas la tête vers lui, tu te mords la lèvre, pas lui, putain, pas lui, qu’est-ce qu’il fait là, il était pas censé être là, il était jamais au loft ces derniers mois, toujours avec sa pouf et voilà qu’il débarque pendant que t’es en train de faire tes affaires en douces. — T'es rentrée... ? qu’il lâche. Tu finis par le regarder en face, et tu le vois qui te fixe avec des grands yeux, comme si t’étais toujours nana, sa nana, comme s’il s’était jamais rien passé, comme si t’avais jamais été aussi belle, comme si t’avais pas la peau bleutée et le visage amoché. Une semaine avant, tu l’aurais juste traité de con et vous auriez baisés dans tout l’appart comme si y avait plus que vous deux sur terre, comme si votre vie en dépendait. Mais là tout ce que tu peux faire c’est réprimer les larmes qui te montent et la nausée qui remontait. Quel con, il a tout brisé. – Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois là ou pas ? tu réponds. T’essayes d’avoir une voix forte mais elle déraille sur le dernier mot, elle trahit le fait que t’as peur, peur de partir, peur de rester, peur tout court, et pire, peur de lui maintenant, chose que tu ne pensais jamais voir arriver. Et tu sursautes quand il se met hurler. — Je t'ai appelé au moins 1000 fois ! il s’époumone. Tu croises les bras, sur la défensive, et tu débranches ton portable pour lui jeter à la figure. -Je l’avais pas mon foutu portable. J’étais dans un lit d’hôpital merde JJ, t’as déjà oublié ? C’est toi qui m’y a envoyée putain ! tu t’égosilles à ton tour. Vous savez faire que ça, de vous hurler dessus, mais là c’est pas pareil, c’est pas une dispute comme toute celles que vous avez pu avoir, tu le sais, tu le sens, ça te met encore plus en rage. Tu vois son regard qui détaille enfin la scène, et il percute, il percute enfin le sac devant toi, avec à l’intérieur les habits chiffonnés, les affaires qui trainaient sur ta table de chevet. Son regard se transforme et il fonce vers toi.  — TU FAIS QUOI AVEC ÇA ? t’agrippes le sac en même temps que lui, tu mets toute ta force pour ne pas le laisser gagner, tu finis par lui arracher des mains dans un geste tellement brusque que tu recules de quelques pas jusqu’à t’adosser au mur, le sac serré sur ta poitrine. – J’me casse ! C’est fini JJ, je me tire, tu me reverras jamais t’entends ?! Tu hurles aussi fort que lui pour te persuader toi-même, tu te mords la lèvre pour retenir tes larmes parce que tu l’aimes autant que tu le détestes cet idiot, mais c’est trop tard maintenant, c’est plus possible, il a tout fichu en l’air. Il t’a retiré tout ce que t’avais et maintenant t’es là, avec toutes tes affaires dans un sac, et un cœur brisé, piétiné, à tes pieds. Face à celui qui t’a achevée.
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MessageSujet: Re: les abysses. (nanaj)   les abysses. (nanaj) EmptyDim 4 Fév - 18:29

Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois là ou pas ? Elle me coupe dans mon élan, je fronce les sourcils et je la dévisage un peu stupéfait. J'comprends pas. Pourquoi elle m'agresse ? Pourquoi elle me dit ça ? — Qu'est-ce tu racontes ? Que je grogne tout bas, perplexe. Refusant de voir la réalité, pourtant évidente, comme le soleil à son zénith dans un ciel dégagé. On ne voit que ça, impossible à louper. Et pourtant, je suis comme un aveugle. Le cœur qui tangue, qui chavire. Je sens que le sol se dérobe sous mes pieds, que je perds le contrôle de toute la situation, mais je refuse de l'avouer. Je m'acharne, m'entête à faire comme si de rien était. Comme si c'était comme d'habitude, comme si tout allait s'arranger d'un coup de baguette ; comme toujours. Et pourtant. Pourtant le regard d'Eanna hurle le contraire. Tout son être semble pris d'une révulsion violente, comme une envie de me flinguer. Mais j'affronte les balles sans ciller, pas encore décidé à m'écrouler à ses pieds. Je continue de m'époumoner, de lui faire des reproches, pas foutu de me remettre en question. Ou même de lui demander si elle va bien - ça me forcerait à admettre trop de choses et je ne suis pas prêt pour ça. Je ne le serais probablement jamais. Et d'un coup, y a son téléphone qui vole à travers la pièce et qui vient s'écraser sur moi. Je remue les bras et brasse l'air pour l'empêcher de me heurter le visage et l'objet finit par être propulsé au sol avant de glisser plus loin vers la porte. — Je l’avais pas mon foutu portable. J’étais dans un lit d’hôpital merde JJ, t’as déjà oublié ? C’est toi qui m’y a envoyée putain ! Mais je hurle par-dessus elle, faisant mine de ne pas l'entendre, de ne pas l'écouter. — Mais t'es malade ! Me balance pas des trucs dessus ! Que je proteste, véritablement fâché de la voir me traiter comme ça sans raison. Mais je ne vrille pas pour autant, non, parce que dans sa phrase y a un truc qui a retenu mon attention. Elle n'avait pas son portable sur elle. Donc c'est sûrement pour ça et uniquement pour ça qu'elle ne m'a pas répondu. Elle ne m'a pas ignoré, elle n'a pas refusé de me parler. Non, elle n'avait juste pas son portable avec elle. Et ça m'enlève un poids, comme un soulagement. Je me détends à moitié, ouvre la bouche pour répondre mais aucun son ne sort alors que je percute. C'est comme si je venais de rentrer à toute vitesse dans un mur de béton. Elle fait ses affaires ; elle se casse. Je me jette sur elle, paniqué, hors de moi, j'attrape le sac en beuglant. On dirait un fou furieux mais je m'en fous. Elle bataille, ne cède pas et finit même par m'arracher le sac des mains, reculant au passage et percutant le mur derrière elle. Et ça réveille de drôles d'instincts en moi. Comme l'envie de la coincer là, de la piéger, de l'emprisonner. Pas pour lui faire mal, non, mais pour la retenir. La retenir même si ça lui fait mal, ouais. Ça va trop vite das ma tête, je n'ai pas le temps de réfléchir, je suis passé en mode animal sauvage, toutes mes réactions sont purement instinctives. Je fais un pas vers elle, poitrine gonflée de rage et mâchoire serrée ; envie de tout casser. — J’me casse ! C’est fini JJ, je me tire, tu me reverras jamais t’entends ?! Et ça y est, je me casse la gueule. La tête la première dans le gravier. Y a comme un moment de flottement. Mes yeux qui la retiennent et le silence qui pèse. — Non. Ça sort d'un coup, sans être crié. C'est ferme et autoritaire, mais ça semble calme. Le calme avant la tempête. Deux secondes s'écoulent avant que je finisse par lui arracher brusquement le sac des mains avant de le faire voler à travers la pièce dans un mouvement enragé. — NON ! Que je répète à pleine voix cette fois-ci. Gamin frustré par la tournure des évènements. Parce que y a comme un goût de fin dans ses mots et ça me fait aussi peur que mal. Et que je refuse de la laisser faire, de la laisser tout gâcher. Je pointe mon index dans sa direction, menaçant, pourtant y a que le désespoir dans mes yeux. — Tu vas nulle part Nana, arrête ta crise. Je m'approche encore, ma main droite qui capture son épaule, mes doigts qui s'enfoncent dedans pour la tenir, la retenir. — T'es pas contente, j'ai bien compris, tout le monde a compris. Maintenant stop, arrête d'être si... casse-couilles. Ma main gauche qui s'agite dans l'air, comme pour minimiser la chose. Comme si elle était juste en train de faire un caprice pour trois fois rien. — Allez c'est bon, je vais m'occuper de toi, tu s'ras comme une princesse tu verras, ce sera bien. Ma voix qui devient plus basse, comme pour l'apaiser, pour mieux la convaincre et la berner. Ma main droite lâche son épaule et vient se caler derrière son crâne sans demander la permission. En une fraction de seconde je l'ai attirée contre moi pour lui voler un baiser. J'en avait envie, j'en avait besoin. Pulsion égoïste. La sale sensation que ce sera sûrement le dernier. J'ai le cœur noyé et la peur au ventre. Si elle me laisse j'suis plus rien. Si elle n'est plus là, ça ne sert plus à rien. Elle peut pas me laisser, on se l'était dit, nous deux pour toujours. Sale menteuse.
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