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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: born to fail (nemo) Mer 6 Déc - 11:04 | |
| Épaules voûtées alors qu'il longe les murs comme s'il voulait disparaître, il se borne à fixer le sol, à ignorer les passants. Il se fait aussi discret que possible – quand il entre dans l'immeuble il est presque invisible. Les marches qu'il monte quatre à quatre, le sac qui claque en rythme contre son dos. Il aime pas ce qu'il est en train d'faire quand il se campe devant la porte du studio de Nemo, quand il lance un dernier regard périphérique pour vérifier que personne ne va débarquer. La capuche qu'il a rabattue sur sa tête pour rester sans visage, pour espérer se fondre dans le paysage. Il a les mains moites quand il sort le pied de biche de son sac, quand il se met en position. Il aurait aimé crocheter la serrure mais c'est pas dans ses cordes, pourtant il a essayé d'apprendre. Il s'est entraîné chez lui pendant des heures sans succès jusqu'à se rendre à l'évidence ; c'est pas fait pour lui. Alors il se rabat sur la manière forte, ses muscles bandés ses traits froissés, il appuie sur la barre encore et encore, la change d'angle, jongle avec ses points d'appuis. Ça lui prend plus de temps que prévu mais il finit par y arriver, le bois craque sous l'effet de levier, la serrure cède. La porte s'ouvre et il s'empresse de ranger son outillage avant d'entrer – il ferme derrière lui même si ça tient évidemment pas comme avant.
Et maintenant quoi ?
Il se sent con Sid, il regarde autour de lui et il s'dit qu'il aurait pas dû, c'est une idée merdique et il commence déjà à culpabiliser. Pourtant il a tout prévu, on est en plein milieu de l'après-midi alors Nemo est censé bosser, Nemo ne saura jamais que c'est lui. Et puis il a retiré des billets exprès pour l'occasion, il compte les lui laisser en partant, histoire qu'il puisse faire réparer la porte sans se ruiner. Il commence déjà à regretter mais il s'dit que c'est pour la bonne cause, c'est pour l'empêcher de crever. Alors il se met à fouiller sans vraiment oser, à la recherche de ce foutu flingue qu'il l'a vu acheter. C'était pas vraiment fait exprès, c'est juste qu'il garde un œil sur lui de loin et il était au bon endroit au bon moment, il a vu la transaction et depuis il arrête pas d'y penser. Il le laissera pas se faire exploser la cervelle.
Le problème c'est qu'il le connaît pas si bien qu'ça et il sait pas où il peut l'avoir planqué, il fait tous les endroits les plus classiques mais forcément c'est pas c'que Nemo a choisi. Ni sous son oreiller ni sous le matelas, c'est pas sur la table ni sous l'évier, et il commence un peu à s'inquiéter. Il veut pas s'éterniser – le plan c'est prendre l'arme et se tirer, mais les minutes filent trop vite et il a toujours pas mis la main dessus.
Il sait même pas pourquoi il s'acharne comme ça, après tout si Nemo veut tellement mourir il a qu'à le laisser faire, ils sont même pas amis. Mais il peut pas. Et s'il y met tant de cœur c'est p't'être pour se prouver qu'il est pas si inutile que ça, qu'il peut faire une différence lui aussi. C'est ce qu'il essaie de se répéter quand il se met à ouvrir tous les tiroirs sans vraiment oser les retourner, à tout bouger puis essayer de tout remettre en place, au moins à peu près. Il est pas là pour foutre le bordel ou vandaliser, juste pour l'aider. C'est pas quelque chose qu'il comptait avoir à expliquer mais quand il entend du bruit derrière lui il sait qu'il est foutu, quand il se retourne il sent son visage blêmir et ses tripes se tordre. Nemo est là, juste là, et Sid est fait comme un rat. « Oh merde » murmuré pour lui-même, son regard qui croise le sien. « T'es pas censé être au boulot ? » C'est tout ce qu'il est capable de dire, voix un peu étranglée, l'air mal assuré. Comme un gosse pris sur le fait, mais le gosse est flic et vient de défoncer une porte avec une technique de cambrioleur en carton. Il a un peu honte – il sent déjà perler la sueur sur son front. |
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s’il a de l’humour il finira mort noyé ▹ posts envoyés : 1595 ▹ points : 26 ▹ pseudo : Camille ▹ crédits : av Xerxes ♥ + aes Kenny ♥ ▹ avatar : Archy Marshall (King Krule) ▹ signe particulier : roux sorti des enfers, abonné aus suicides manqués
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Ven 15 Déc - 15:03 | |
| « J’me casse. » C’est catégorique, personne n’ose le retenir quand il ferme sa caisse et retire sa chemise bleu pétant de travail alors que la file s’étire jusqu’aux rayons. Quelques exclamations offusquées, l’air désolé des autres caissiers qui semblent vouloir dire qu’ils peuvent rien y faire. Ils peuvent rien y faire, Nemo en a rien à foutre. Il a des heures à récupérer, de toute façon, faut toujours bosser plus à l’approche des fêtes, parce que les clients s’imaginent que du coup le magasin ferme plus tard. Ça prend du temps de botter le cul des crevards du soir hors des allées. Donc partir en plein après-midi, ça lui paraît légitime, à Nemo, peu importe ce que son boss dira. Il aura qu’à lui rappeler qu’il est le héros du Walmart de Savannah et il se fera pas virer, comme d’habitude. C’est surtout que le gérant a fini par comprendre qu’il valait mieux pas donner une raison à Nemo de lui en vouloir, c’est mieux de compter Satan dans ses amis que dans ses ennemis. Le trajet en bus est interminable, il a seulement envie de se crasher dans son lit avec un joint et de la musique planante, pourtant ça avance pas. Ça avance encore moins quand il s’allume une clope et que le chauffeur le fout dehors sous les regards outrés des autres passagers. Bleh. Il se traîne jusqu’à son immeuble en shootant à intervalles réguliers dans une canette qui jonche le sol des trottoirs si propres de sa ville natale – merci monsieur le Maire. Son quartier est pas touché par la politique de propreté, faut croire, et ça lui fait plaisir d’y contribuer en écrasant son mégot sous sa semelle juste devant le building. C’était ça ou dans le hall. Il monte les escaliers sans se presser, vu que l’ascenseur est toujours en panne et que ça a jamais été autrement depuis qu’il habite là. Il soupire en sortant ses clés, mais quand ses yeux tombent sur la serrure, il se dit qu’il y a un truc différent. Sa porte semble encore plus défoncée que d’habitude. Il la pousse du pied et elle s’ouvre même sans clé. Super. Plus besoin de s’encombrer avec un trousseau. La vie est belle. « J’espère que vous êtes armé et pas débecté à l’idée de buter quelqu’un. » Comme l’autre connard du supermarché avec son flingue pas chargé. Quel putain de radin. Il lance ça sans regarder le cambrioleur qui trône au milieu de son studio, en posant ses clés et son manteau dans un coin avant d’enlever ses baskets usées, comme il le fait à chaque fois qu’il rentre chez lui, vraiment pas dérangé qu’on y soit entré par effraction. Enfin. Jusqu’à ce qu’il reconnaisse la voix et qu’il toise Sid d’un air à la fois sceptique et blasé. « Policier-cambrioleur ? Et moi qui pensais être au summum de la contradiction avec ma chemise arc-en-ciel. Aussi doué dans les deux, à c’que j’vois, on t’a pas dit que c’était plus intéressant de voler chez les gens friqués ? » Il hausse les épaules en s’avançant vers lui, le bouscule pour atteindre le placard de sa cuisine pour en sortir un verre et une bouteille de vodka. Il observe le verre un moment avant de le remettre à sa place et de boire directement au goulot, s’essuyant la bouche du revers de la main en allant s’affaler dans son canapé. « Qu’est-ce tu fous là, Sid ? Tu joues au Père Noël, t’m’as apporté un cadeau ? » Il le regarde pas, tapote la vitre de son aquarium dans lequel Nemo (V ou VI déjà ?) flotte à l’envers. Il a eu la flemme de le foutre dans les toilettes. Depuis deux semaines. « Faut qu’j’appelle la police ? », qu’il fait lorsqu’il se retourne vers Sid, ricanement dans le fond d’la gorge. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Sam 16 Déc - 21:40 | |
| « J’espère que vous êtes armé et pas débecté à l’idée de buter quelqu’un. » C'est Nemo dans toute sa splendeur et il voudrait soupirer ou lever les yeux au ciel mais même ça il n'y arrive pas, figé d'la tête aux pieds parce que le pire cas de figure est en train de se produire. P't'être pas le pire de tous en vérité, il aurait pu trouver Nemo la cervelle explosée et vraiment il remercie son karma, certes pourri mais pas salaud à ce point là. Ça l'irrite quand même d'être surpris en pleine action, peu importe combien l'autre a l'air blasé. Il le regarde entrer tranquillement, ôter sa veste et poser ses clés comme si tout était parfaitement normal. C'est un peu surréaliste, Nemo n'a toujours pas regardé qui s'est introduit chez lui et visiblement il s'en contrefout totalement. Ça le désespère plus que ça ne l'étonne, et quand il finit par ouvrir la bouche il est pas surpris de récolter un regard blasé. « Policier-cambrioleur ? Et moi qui pensais être au summum de la contradiction avec ma chemise arc-en-ciel. Aussi doué dans les deux, à c’que j’vois, on t’a pas dit que c’était plus intéressant de voler chez les gens friqués ? » Il sait pas quoi répondre, planté comme un con alors que Nemo le bouscule pour aller chercher une bouteille de vodka. C'est son tour de le jauger d'un air perplexe, jetant un œil au soleil qui rayonne derrière la fenêtre. « Il est même pas quatre heures.. » C'est plus rhétorique qu'autre chose parce qu'il sait bien que c'est pas ça qui va changer quoi qu'ce soit, c'est pas comme si Nemo en avait quelque chose à foutre. « Bon ben à la tienne. » Sa voix sonne trop lasse, comme un parent démuni face à un ado qui n'en fait qu'à sa tête.
C'est un peu ça, sauf que l'ado est décidé à crever et que le parent sait pas trop comment l'en empêcher.
Il le regarde s'affaler dans le canapé alors que lui n'a toujours pas bougé, l'attention tournée vers le tiroir ouvert qu'il n'a pas eu le temps de fouiller. « Qu’est-ce tu fous là, Sid ? Tu joues au Père Noël, t’m’as apporté un cadeau ? » Il aimerait bien putain, mais il aurait sûrement rien trouvé qui lui fasse plaisir. Son vœu l'plus cher c'est probablement la mort et c'est quelque chose qu'il ne lui offrira jamais – il espère bien qu'il y aura toujours quelqu'un pour veiller à ce que ça arrive le plus tard possible. « Non c'est juste que.. euh.. » Que quoi ? Il veut pas lui dire qu'il est venu pour le flingue, ça reviendrait à admettre qu'il le surveille et il est pas prêt à s'enfoncer volontairement. D'autant qu'il a déjà vu comment Nemo réagissait quand on l'empêche de crever ; il sait pas si son cambriolage suffirait à déclencher une crise mais il a pas franchement envie de le découvrir. « Faut qu’j’appelle la police ? » Ses traits retombent dans l'expression la moins enthousiaste qui soit, sourcil arqué, regard qui semble demander sérieusement ? Il a pas envie d'entendre ses vannes trop cyniques, il voudrait juste qu'il parte et le laisse finir sa mission en paix mais il sait que c'est foutu. Sûrement que ça l'était dès le début. « Très drôle. » Il soupire, décide de tenter sa chance. « Puisque t'en as rien à battre d'avoir un intrus chez toi, j'peux continuer ? » Il attend trois secondes et décide que la réponse est oui, parce que de toute façon il sortira pas d'ici sans avoir trouvé l'arme il se l'est promis. « Je suis juste venu vérifier quelque chose, je serai pas long et j't'explique après. » Évidemment, il ment.
Y a un flottement parce qu'il hésite un peu malgré tout, mais c'est pour la bonne cause alors il finit par se détourner et reprend là où il s'était arrêté, priant pour que le je-m'en-foutisme de Nemo soit suffisant pour lui sauver la mise. « Continue de picoler t'inquiètes, fais comme si j'étais pas là. » Pourtant il lui facilite pas la tâche puisqu'il continue de parler, jusqu'à ouvrir un énième tiroir et sentir l'oxygène lui manquer.
Le flingue est là.
Il reste bloqué une seconde et n'ose pas regarder par-dessus son épaule pour vérifier si Nemo fait attention à lui ou non. Il est soudain trop silencieux, à attraper l'arme pour la glisser à sa ceinture aussi discrètement qu'il le peut – c'est-à-dire pas vraiment. Il sait pas si Nemo l'a vu, il sait pas s'il doit dire quelque chose ou faire mine de rien, il sait pas il sait plus. La nervosité fait trembler le bout d'ses doigts alors qu'il choisit de tenter le bluff, continuant d'ouvrir les tiroirs comme s'il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait. Il lui reste plus qu'à espérer que Nemo n'ait rien remarqué. |
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s’il a de l’humour il finira mort noyé ▹ posts envoyés : 1595 ▹ points : 26 ▹ pseudo : Camille ▹ crédits : av Xerxes ♥ + aes Kenny ♥ ▹ avatar : Archy Marshall (King Krule) ▹ signe particulier : roux sorti des enfers, abonné aus suicides manqués
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Mar 2 Jan - 21:53 | |
| « Oh, mais j’t’en prie, fais comme chez toi. » Il en a pas grand-chose à foutre, d’avoir quelqu’un chez lui, Nemo, cambrioleur ou pas, d’où la remarque qui fleure bon le sarcasme. Il n’a jamais été un hôte exemplaire, pensant plus à faire fuir ses invités qu’à les accueillir avec le sourire. Y’en a pas beaucoup qui supportent longtemps d’être ignorés ou d’écouter sa musique de dépressif. Sid se cassera rapidement, sûrement, alors il le laisse fouiller comme ça lui chante, allume la télé, les pieds sur la table basse et sa bouteille de vodka chérie à la main, à se brûler le gosier avec un peu trop d’entrain. Il relance le DVD qui tourne encore dans le lecteur, un p’tit Massacre à la tronçonneuse qui reprend pile poil sur une scène de découpe et de cris. Ça le fait ricaner. Même si c’qui le fait grave marrer, c’est d’observer Sid d’un œil, sourire en coin sur la gueule. Il le prend vraiment pour un con. C’est l’tiroir du dessous, il a envie d’lui dire, juste pour lui intimer qu’il sait bien ce qu’il cherche. Un flic plein de bons sentiments débarque dans son appart’ miteux en niquant la porte, il se doute bien que Sid veut pas lui chourer sa tirelire ou lire son journal intime en secret. Reste pas des masses d’options, en vérité, soit il cherche de la came, soit il cherche le flingue. Il est pas loin du revolver qu’il a acheté à un type chelou dans une ruelle, donc il imagine qu’il sera bientôt fixé sur la question. Bien qu’il se d’mande quand même comment Sid peut être au courant pour ça. La drogue, c’est pas trop une breaking news, vu sa gueule et son état la plupart du temps, puis il est pas trop le genre à se cacher pour fumer. Cet enfoiré s’amuserait-il à le suivre ? Ou quelqu’un l’a balancé ? Il voit pas qui, y’a jamais personne qui s’pointe chez lui. Faut croire que la police de Savannah a rien de mieux à foutre que de prendre des suicidaires en filature.
Ah ben tiens, il a la main dans l’tiroir, on dirait un ado qu’on vient d’surprendre la main dans l’caleçon. Il dit plus rien, tout à coup, et Nemo se retient de soupirer et de lever les yeux au ciel, exaspéré par cette absence de discrétion. C’est pathologique, à ce niveau-là. Apparemment, Sid se donne dix sur dix en mode furtif, il lui jette même pas un coup d’œil pour vérifier qu’il a rien vu. Toujours affalé dans son canapé, le rouquin n’a évidemment perdu aucune miette de son manège, le flingue glissé à sa ceinture et les tiroirs qu’il se remet à ouvrir compulsivement, comme pour cacher son méfait. Putain, mais qu’il est con. Et Nemo augmente légèrement le volume de la télé, dépose sa bouteille entre les coussins avant de se relever et se rapprocher de Sid, bien dans son dos. L’avantage des chaussettes sur la moquette, c’est qu’on vous entend pas arriver. Très pratique pour les serial killers. Il est très doux, lorsqu’il se colle à Sid, les bras passés autour de sa taille et le menton qui vient se caler sur son épaule, comme pour lui faire un câlin très homo-érotique. Y’a sa main qui descend sous sa ceinture, pour caresser le canon de l’arme à travers son pantalon, rire faussement innocent (gravement sournois, en fait) qui vient tinter à son oreille. « T’es déjà dur ? J’t’ai à peine touché. » Ça lui prend qu’une seconde pour récupérer son flingue et s’reculer de quelques pas, à fixer le pistolet l’air surpris, comme s’il le découvrait tout juste. « Oh, mais qu’est-ce qu’on a là ? » Il défait la sécurité, le pose sur sa tempe. Sourit à Sid. Tire sur la gâchette. Que dalle. Le sourire qui retombe, les épaules qui se haussent et il balance son revolver sur le canapé à côté de la vodka avant de s’y affaler à nouveau. « Tu vois, y’a pas d’mouron à s’faire, j’perds toujours à la roulette russe. » |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Jeu 11 Jan - 18:33 | |
| « Oh, mais j’t’en prie, fais comme chez toi. » Il se doutait bien que Nemo n'en aurait rien à foutre, alors il est pas franchement surpris de sa réaction. Le sarcasme plane encore dans l'air quand des cris retentissent à la télé. Un coup d'œil par-dessus son épaule et Sid reconnaît Massacre à la tronçonneuse, esquisse un sourire, se reprend. C'est pas l'moment pour s'épancher sur les vieux films d'horreur mais il prend note – ça lui fera un bon sujet à aborder la prochaine fois qu'il traînera dans ses pattes pour le surveiller. Et p't'être qu'il devrait voir le sourire à la con de Nemo, p't'être qu'il devrait y faire attention et se rendre compte qu'il est en train de se payer sa tête. Mais il est trop concentré sur sa tâche pour faire attention au reste, tellement absorbé par l'obsession de trouver ce fichu flingue qu'il en oublie d'être discret. Sa nervosité est trop palpable et il n'a jamais été doué pour jouer la comédie. L'objet du délit enfin trouvé, glissé à sa ceinture, son esprit occupé à chercher comment se tirer le plus vite possible sans se faire griller.
Il n'a pas encore compris qu'il est déjà foutu.
Il sursaute quand il sent la présence dans son dos, trop tard pour pouvoir s'en écarter. Nemo est collé contre son dos, son menton sur son épaule et ses bras autour de lui. « Euh.. » Il se fige, les mains encore calées dans un tiroir alors qu'il sait pas trop comment réagir. « Tu peux me lâcher ? » Bien sûr il sait que si Nemo fait ça c'est qu'il a compris, c'est que sa mission a lamentablement échoué. Ça n'empêche pas la gêne qui émane de ce contact, qui le laisse tendu d'la tête aux pieds alors qu'il attend lâchement que Nemo daigne le libérer. Il sursaute une seconde fois quand il sent sa main glisser sous sa ceinture et effleurer le canon de l'arme. « T’es déjà dur ? J’t’ai à peine touché. » Enfin il se met en mouvement, attrape son poignet fermement pour tenter de l'éloigner. « Arrête tes conneries. » Pourtant il n'a pas le temps de le dégager réellement, Nemo est plus rapide et attrape le pistolet avant de se reculer. « Oh, mais qu’est-ce qu’on a là ? » Sid fait volte-face, prêt à l'engueuler alors qu'il le voit ôter la sécurité et caler le canon contre sa tempe, sourire aux lèvres. « NE- » Bang. La gâchette est pressée mais rien ne se passe, il a la main tendue vers lui, les yeux écarquillés, une douleur aigüe dans la poitrine comme si son cœur s'était arrêté puis avait repris sa course de travers, peut-être même à l'envers. Il a la gorge nouée et les doigts tremblants, Nemo retrouvant son air blasé quand il balance le flingue et se laisse tomber dans le canapé. « Tu vois, y’a pas d’mouron à s’faire, j’perds toujours à la roulette russe. » Il balance ça comme si c'était pas important, rien d'autre qu'une banalité à en faire chialer dans les chaumières. Sid le dévisage l'air incrédule, tellement sonné qu'il est lui-même surpris quand sa colère finit par éclater. « MAIS T'ES PAS BIEN ? T'ÉTAIS PRÊT À T'EXPLOSER LE CRÂNE SOUS MES YEUX ? SÉRIEUSEMENT ? » S'il parle de roulette russe c'est qu'une balle se cache dans le barillet, c'est qu'il aurait pu tomber dessus. Et même si c'était pas le cas, ça excuse pas la crise cardiaque qu'il vient de frôler par sa faute. « ESPÈCE DE GROS CON. » Il sait bien que Nemo adore être exécrable et qu'il sait se faire détester comme personne, mais là il atteint des sommets que même Sid ne peut pas accepter.
Il passe une main sur son visage, reprend son souffle, le fusille du regard. « J'espère que tu t'es bien marré. » Lui, non. Et il fonce sur Nemo comme s'il allait venir l'attraper et le secouer, mais il dévie sa trajectoire au dernier moment pour saisir le flingue. Il remet la sécurité en place, puis plante à nouveau ses prunelles dans celles de Nemo. « J'suppose que t'as compris tout seul ce que je foutais là. » L'irritation se devine à travers sa voix et le ton employé, ses mains tremblent encore un peu, son cœur a du mal à s'en remettre. « Je prends ça avec moi. Et si t'en rachètes un, je reviendrai le prendre aussi. » C'est une promesse. |
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Dim 21 Jan - 19:28 | |
| Il regarde à peine Sid qui pète sa petite crise au milieu de la cuisine, le mec implose littéralement, il gueule plus fort que sa télévision pourrie, malgré les hurlements stridents des jeunes gens se faisant découper en morceaux, mais Nemo se contente de fixer l’écran d’un air de poisson mort et d’augmenter le son avec la télécommande comme s’il ne venait pas de tenter de se suicider sous les yeux d’un flic qui – pour une raison obscure faut l’avouer – s’est mis en tête de devenir son ange gardien. En fait, c’est pas tellement qu’il fait comme s’il ne venait pas de tenter de se suicider, c’est seulement que pour lui c’est aussi banal que de se servir un verre ou aller pisser. Il voit pas le mal. Il voit pas pourquoi Sid s’énerve comme ça, à crier des évidences – bien sûr qu’il était prêt à s’exploser le crâne sous ses yeux, il est toujours prêt pour ça. C’est marrant. Alors il hausse encore une fois les épaules, en lançant un « Chill, man. J’entends plus ma télé, là. » d’un ton parfaitement neutre et détendu, sans même lui jeter un regard. Ouais, parce que le film d’horreur qu’il a déjà vu vingt fois est bien plus important que le bien-être émotionnel et mental de Sid. Et ça devrait étonner personne, il a jamais demandé à c’qu’on se soucie de lui, Nemo. Il a jamais voulu ça, et le cas de Sid l’a toujours mystifié, d’où vient qu’un paumé comme lui soit aussi obsédé par sa survie ? Ils n’ont jamais été potes, ils se sont jamais causé à cœur ouvert, y’a même pas un semblant d’entente cordiale entre eux, rien, vraiment rien. Faut croire que Sid a rien d’autre à foutre de sa vie, et Nemo en aurait presque de la peine pour lui. Presque. Parce qu’il s’en tape, au fond, qu’il soit dans ses pattes ou non, ça fait pas une grande différence, il continue à faire ce qu’il fait comme s’il était pas là, sans l’écouter, à le traiter en homme invisible en s’disant qu’il trouvera bien la sortie tout seul.
Sauf qu’il se barre pas, Sid, sauf qu’il reste là, immobile au coin de son œil, et puis il fond sur lui, brusquement, Nemo qui réagit pas, trop peu d’instinct de survie pour penser à se protéger ou à l’entraver par un croche-pied, et le policier s’empare du flingue qu’il venait tout juste de récupérer. Il relève la tête vers lui, l’attention soudain captée, simplement parce qu’il a payé ce revolver et qu’il a pas de quoi en racheter un autre. Il est froid, son regard, glacial, couleur blizzard et aussi perçant qu’un pic à glace planté à travers Sid. Y’a son rictus mauvais qui reprend ses droits sur sa bouche, alors qu’il laisse tomber la télécommande dans son canapé et qu’il se remet debout, nonchalant, d’un calme olympien malgré le foudroiement de ses prunelles quelques secondes plus tôt. Son regard s’éteint à nouveau, le sourire s’efface pour laisser place à une expression morne. Il passe à côté de Sid sans même le frôler, retire le premier tiroir de sa cuisine et en vide le contenu sur la table avant de se mettre à trier, séparant les couteaux de cuisine des autres ustensiles. « Faut pas qu’t’oublies ça, j’pourrais me couper les veines. J’sais qu’il faut les tailler à la verticale, maintenant. » Il se baisse, sort quelques bouteilles de produits nettoyants de sous l’évier, les rajoute au butin qui trône sur la table. « Puis ça aussi, l’envie pourrait me prendre de les boire, paraît que c’est mortellement efficace contre la saleté. Oh et – » Il ouvre un placard, chope ses flacons d’antidépresseurs qu’il dépose à côté des produits d’entretien. « Mes médocs. J’ai toujours aimé l’ironie, tu sais. C’qui est censé me soigner peut me tuer en trop grande quantité, un peu d’alcool en supplément, super cocktail pour passer l’arme à gauche, si c’est pas merveilleux. » Il tend la main vers Sid, la paume vers le ciel pour réclamer son flingue, l’air toujours aussi blasé. « Y’a des lames de rasoir dans la salle de bain, aussi, quelques écharpes au porte-manteau, j’en ai une qui me paraît redoutablement solide, elle supportera mon poids sans problème. J’peux aussi désencastré mon four, hein, et faudra demander à quelqu’un pour venir couper le gaz et l’électricité. Sèche-cheveux dans la baignoire, un classique. » Bref haussement de sourcils, comme pour le défier, la main toujours tendue dans le vide. « Rends-le-moi, il m’a coûté assez cher. Tu veux pas être un de ces pourris qui volent les pauvres, hein ? » |
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Mar 23 Jan - 12:57 | |
| « Chill, man. J’entends plus ma télé, là. » Sidéré, il le fixe sans bouger, les bras ballants et la bouche entrouverte. Il s'demande brièvement si c'est ce que ressentent les parents dépassés, désespérés face à un ado qui échappe à leur contrôle. Mais Nemo n'est plus un adolescent et lui n'a rien d'un parent, il n'est qu'un pauvre type qui s'accroche aux causes perdues alors qu'il n'en tire jamais rien de bien.
Il sait pas pourquoi lui plus qu'un autre, des suicidaires y en a sûrement un tas à Savannah. Il l'a sauvé une fois et faut croire que ça a déclenché un truc en lui, complexe du héros raté ou masochisme mal calibré il en sait rien, il s'en fout un peu. Et s'il fait tout ça c'est peut-être aussi pour lui-même – égoïste qui n'le laissera pas crever parce qu'il a trop de choses à se prouver. Quitte à s'acharner il aurait au moins pu choisir quelqu'un qu'il apprécie. Pas qu'il aime pas Nemo mais c'est comme se confiner dans une pièce emplie de fumée ; ça vous prend à la gorge ça vous pique les yeux, ça s'incruste sous la peau ça étreint jusqu'à comprimer la poitrine et remplir les poumons, faut pas rester trop longtemps si on veut pas suffoquer.
Sid a dépassé la durée supportable.
C'est pour ça qu'il reprend le flingue, comme si tout était terminé. Il aimerait. Mais il sait qu'il se trompe quand Nemo se lève et le contourne en silence, il a vu son rictus et l'éclat dans ses prunelles, il sait qu'il n'en a pas fini avec lui. Il l'observe vider un tiroir sur la table, trier les couteaux. « Faut pas qu’t’oublies ça, j’pourrais me couper les veines. J’sais qu’il faut les tailler à la verticale, maintenant. » Et Nemo continue son p'tit manège pendant qu'il reste planté là comme un con, à le regarder sortir les produits ménagers et les médocs, à l'écouter lui lister toutes les façons dont il pourrait se tuer. Il est incapable de parler et même de bouger, réduit à l'état de spectateur alors qu'il n'a jamais voulu assister à cette prestation sordide. Fallait s'y attendre, sûrement, et il sait pas pourquoi il trouve ça si triste. Ses yeux qui papillonnent du visage de Nemo à sa main tendue comme toutes celles sur lesquelles il crache. « Rends-le-moi, il m’a coûté assez cher. Tu veux pas être un de ces pourris qui volent les pauvres, hein ? » Pendant une seconde il se sent complètement démuni il sait pas comment réagir, à deux doigts d'abandonner et de se tirer, le goût de l'échec qui commence déjà à lui filer la nausée.
Il peut pas. Il soutient son regard et il se force à rester là, à affronter le vide dans l'fond de ses iris, la morosité qui l'a rongé jusqu'à ne laisser qu'une carcasse à demi bouffée, mal digérée, avalée puis recrachée. « Tu vois Nemo, le truc c'est que j'te surveille pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » Et tant pis s'il se vend, s'il avoue garder un œil sur lui contre son gré. « T'aurais très bien pu faire tout ça y a longtemps, te cramer de l'intérieur avec un bidon d'javel ou apprendre à faire un nœud assez solide pour supporter ton poids, surtout que tu dois pas être bien lourd. Pourtant t'es là. » Et s'il est là c'est qu'y a une raison Sid en est persuadé, c'est pour ça qu'il continue, qu'il se dit qu'il n'est pas perdu, que tout n'est pas encore à jeter. Il aurait pu sauter dans les bras de la faucheuse de mille-et-une manières, des gens le font tous les jours et il leur suffit d'une tentative pour que ça soit un succès. « J'vois que deux raisons à ça. Soit t'as quelqu'un ou quelque chose qui te retient, que tu le veuilles ou non. Soit t'es encore plus raté que moi. » Y a un sourire qui tire le coin de ses lèvres mais ça n'a rien de chaleureux ni même de moqueur, c'est juste un peu désabusé, morne comme la vie de Nemo. Ses doigts se cramponnent à l'arme – il ne la rendra pas. Jouer à la roulette russe c'est un pas de plus, un pas de trop. C'est se donner plus de chances de mourir et si Sidney ne peut rien pour tout ce qui traîne dans son studio, objets d'un quotidien assassin, il peut intervenir quand il trouve que Nemo va trop loin. Même si c'est injuste et qu'il n'a aucun droit de décider à sa place, il le sait. « J'vais pas vider ton studio ou t'faire enfermer dans une pièce vide pour éliminer tous les risques. Si tu tiens à t'électrocuter dans ton bain tant pis, j'espère que j'serai pas celui qui te trouvera. Mais pour tous les plans que je peux faire foirer, j'reviendrai encore. » Il cale le pistolet à sa ceinture encore une fois, mais il ne le laissera plus approcher. « Et désolé pour la thune gaspillée. La prochaine fois, choisis un meilleur investissement. » Le pire, c'est que ses excuses sont sincères. |
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Dim 11 Fév - 23:09 | |
| Il sait pas ce qu’il a fait dans une vie antérieure pour qu’autant de boulets gravitent autour de lui, surtout des boulets à l’âme charitable et un instinct de préservation qui s’étend au-delà de leur propre personne. Il comprend pas, Nemo, ce qui peut pousser les gens à vouloir sauver la vie d’un connard roux qui leur a rien demandé, même sans doute jamais adressé la parole de son plein gré, à part pour leur cracher des insultes. Merde, quoi, il a même pas des nichons que Sid pourrait rêver de peloter en échange d’un acte héroïque. Clairement, le flic a un problème mental, pas foutu de se mêler de ses oignons au point d’entrer par effraction chez autrui, c’est quand même grave. Peut-être qu’il devrait lui proposer de venir à la thérapie avec lui, histoire de lui faire capter que non, c’est pas normal de voler un flingue à un suicidaire qui roule pas sur l’or. Ça se fait pas, c’est tout, et pour Nemo, c’est Sid qui a tort. Pas lui, certainement pas lui. Il a jamais tort. Pour couronner le tout, l’autre teubé se lance dans une tirade pseudo-moralisante, les mêmes mots, encore et encore, la ritournelle du si tu voulais réellement mourir, tu aurais déjà réussi y’a longtemps. Ouais, peut-être, il leur accorde, à tous ces cons, il a jamais fait deux tentatives d’affilée, à cause d’Atticus, qu’était là, à son chevet, le regard trop sombre et trop ailleurs, les phrases sans saveur à chaque réveil à l’hosto, les soupirs dépités de Pap et les pleurs de Mam en arrière-plan. Alors tout ce qu’il a envie de répondre à Sid, c’est no shit, Sherlock, pourtant y’a son cerveau qui cogite, cherche une nouvelle stratégie puisque la première a carrément déstabilisé l’adversaire – il a vraiment cru que Sid allait lui rendre son flingue sans autre résistance à un moment – mais n’a pas suffi à lui faire rendre les armes – ou l’arme, dans ce cas précis. Il réfléchit vite, Nemo, trop l’habitude d’échafauder des plans vicieux pour qu’il doive y songer à tête reposée. Pas besoin, suffit d’un rien, rebondir sur les mots employés, faire ressortir l’infinie tristesse derrière l’expression blasée, performance d’acteur digne de tous les Oscars. Peut-être parce qu’il a pas besoin de jouer. Parce que le vide prend toujours trop de place dans son regard, parce que ses gestes sont souvent trop las, comme les vieillards qui ont assez vécu ou trop vécu. « T’as raison, Sid. J’suis un raté. J’suis caissier chez Walmart, j’ferais sans doute jamais rien d’mieux d’ma vie. J’passe mon temps à me faire haïr de tout le monde, j’suis un vrai enfoiré. Toi, t’as un bon job, t’es un mec bien. Regarde-toi, tu viens m’aider alors que personne t’a rien demandé. Mais moi… » Il se retourne, sort un verre de l’armoire, lentement, trop lentement, le pose sur la table, tremblements contrôlés dans les phalanges, numéro du dépressif chronique en mal d’estime de soi. Coup classique. « Moi… Bah j’vaux rien. Que dalle. Ma vie sert à rien. La plupart des gens que j’connais dirait sûrement que ce serait mieux si j’crevais. » Il se sert un verre d’eau de javel comme il se servirait un verre de vodka, puis ouvre un des flacons prescrits par son médecin, porte un cacheton à sa bouche, l’avale sans eau, puis un autre, et trop vite pour que Sid puisse intervenir. « J’me dis qu’avec les p’tites pilules, j’sentirai pas trop quand ça me cramera les entrailles. » En réalité, la perspective le réjouit plutôt, quand il attrape le verre après avoir versé la fin de ses médicaments dans la paume de sa main, prêt à les gober. Si Sid le connaît si bien que ça, il devrait savoir qu’il ira jusqu’au bout juste pour lui prouver qu’y’a rien qui le retient. Même si c’est pas vrai. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Sam 17 Fév - 19:34 | |
| Il sait pas trop à quoi il s'attend avec son discours – à pas grand-chose en vérité. Un ricanement peut-être, le silence probablement, ou une remarque aussi blasée que cynique. Il sait pas mais rien de concluant. Alors quand il voit ce qui ressemble à de la tristesse se mettre à suinter des yeux de Nemo, il est un peu perdu. « T’as raison, Sid. J’suis un raté. J’suis caissier chez Walmart, j’ferais sans doute jamais rien d’mieux d’ma vie. J’passe mon temps à me faire haïr de tout le monde, j’suis un vrai enfoiré. Toi, t’as un bon job, t’es un mec bien. Regarde-toi, tu viens m’aider alors que personne t’a rien demandé. Mais moi... » Il sait pas à quoi il s'attendait c'est vrai, mais clairement pas à ça. Tellement abasourdi qu'il reste figé, les pieds comme deux blocs de béton alors qu'il le suit du regard, la bouche qui s'ouvre et se ferme et s'ouvre à nouveau. « Non c'est pas... » C'est pas ce qu'il voulait dire mais de toute façon Nemo n'écoute pas, Nemo continue sur sa lancée. « Moi... Bah j’vaux rien. Que dalle. Ma vie sert à rien. La plupart des gens que j’connais dirait sûrement que ce serait mieux si j’crevais. » Il l'observe se servir un verre d'eau de javel et toute la situation lui paraît tellement irréaliste qu'il sait ni quoi dire ni quoi faire. Il est là, bras ballants et bouche entrouverte, à essayer d'assimiler les mots de Nemo. Ça lui ressemble pas. Il le connaît pas ou peu il le sait, mais de ce qu'il a vu, Nemo verse pas dans les étalages de sentiments. Il a l'impression d'être pris au piège, dindon d'une farce savamment ficelée. Assez bien jouée pour qu'il doute, un peu trop loin de la réalité pour qu'il puisse y croire. Il est presque sûr que Nemo est juste en train de se foutre de sa gueule une fois de plus, mais il a cette pointe d'incertitude qui l'empêche de réagir – trop peur d'invalider des aveux qui ont peut-être un fond de vérité. Il sait pas putain, il sait rien.
Et c'est terrible de se sentir impuissant, de le voir gober un cachet puis un deuxième avec toute la morosité du monde, les épaules qui s'affaissent comme s'il était le fils d'Atlas. « J’me dis qu’avec les p’tites pilules, j’sentirai pas trop quand ça me cramera les entrailles. » Quand il le voit vider ses médocs dans une main, attraper le verre de javel dans l'autre, c'est trop. Il est pas sûr de savoir si Nemo pourrait réellement le faire devant lui mais la balance penche beaucoup trop vers le oui pour qu'il prenne le risque. Sans un mot il le rejoint et agrippe son poignet un peu trop vite, un peu trop fort. Le contenu du verre qui se renverse sur le sol et éclabousse leurs fringues, un « Merde » qui lui échappe mais il ne le lâche pas pour autant. Il soupire, attrape son autre poignet – celui au bout duquel on trouve les pilules. « Lâche ça, s'il te plaît. » Ses yeux plantés dans les siens, la lassitude qui se mêle à la détermination. « J'te lâche pas tant que tu lâches pas. » Sûrement qu'ils ont l'air un peu ridicules, plantés là, Sid qui tient ses poignets parce qu'il a trop peur de le voir continuer d'attraper tout ce qu'il peut pour menacer de se suicider.
Il sait plus quoi faire. Il a pas de manuel, aucune notice pour lui expliquer la marche à suivre. Il veut pas lui rendre le flingue mais il voit que Nemo tient à le récupérer, il veut pas se barrer mais ça l'épuise de rester. S'il s'en va il a peur que Nemo se tue à la seconde où il fermera la porte, s'il reste il a peur que Nemo le fasse sous son nez. Y a pas d'issue et pendant une seconde il contemple même l'idée de l'assommer, histoire d'avoir droit à une trêve. Il sait qu'il franchit trop de limites, qu'il n'a rien à faire là, rien à lui dire. Il sait que ce n'est pas sa place et il se demande combien de temps Nemo peut tenir à ce petit jeu – s'il va continuer à le pousser à bout pour le faire céder, ou s'il va finir par s'énerver. Il préférerait la seconde option, les cris et les tempêtes il connaît il en a l'habitude, il sait faire le dos rond et tout encaisser jusqu'à ce que l'ouragan soit calmé. Face à Nemo, il sait pas comment il est censé se comporter ; son regard fixé sur lui, les cris qui continuent de résonner en arrière-fond à la télé.
« Ok, tu veux jouer ? » Il le lâche enfin, sa main qui vient récupérer le revolver à sa ceinture. Il n'arrivera à rien s'il continue comme ça, alors autant changer de tactique – même si ça ne lui plaît pas du tout. Faut qu'il s'adapte, qu'il s'aventure un peu plus sur le terrain de Nemo et un peu moins sur celui de la prudence. « T'aimes la roulette russe, pas vrai ? » Il l'a prouvé, rien que d'y penser ça lui file encore la nausée. Le barillet qu'il ouvre, la balle qu'il regarde trôner à l'intérieur en solitaire. Il le fait tourner, laisse le pouvoir au hasard, referme le tout. « Un tir. Si tu tombes sur la balle, tu meurs, t'as gagné. » Il a la gorge nouée mais il tient bon. Il aurait préféré enlever la balle et faire semblant, mais il a déjà essayé de le prendre pour un con une fois, il a vu le résultat. Un fiasco pour aujourd'hui ça suffira. « Si tu perds, t'attends jusqu'à demain matin avant de tenter quoi qu'ce soit d'autre. Et je garde le flingue. » Le marché paraît peu équitable mais il s'en fout. Et bien sûr y a le risque que Nemo refuse, se foute de lui et l'envoie chier. Ou qu'il vide le chargeur jusqu'à tomber sur la balle. Ou qu'il perde et se tranche la gorge juste après, sans respecter les règles que Sid tente de poser. Il sait que sa proposition est bancale, que ça vaut rien et qu'il risque de passer pour un idiot une fois de plus. Nemo n'a aucune raison d'accepter. Mais il tente quand même, parce qu'au point où ils en sont il n'a plus grand-chose à perdre et tant pis si ça lui tord les tripes. « Deal ? » À défaut de lui tendre la main, il lui tend l'arme. Il regrette déjà. |
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Lun 19 Mar - 16:49 | |
| Il se délecte, Nemo, de voir Sid douter comme ça. Il sait que la mascarade ne prend pas tout à fait, mais qu’elle prend assez pour qu’un doute subsiste, plane, pour que Sid se dise qu’il est peut-être sérieux. Au fond, il l’est, c’est seulement qu’avec les années, Nemo a accepté d’être un raté, il a même cherché à l’être, à jamais cultiver ses passions et ce qu’il aime faire, à se contenter du minimum syndical pour n’être qu’un mec médiocre, sans ambition, sans intérêt. Juste bon à aller se pendre. Il cultive la nullité comme personne d’autre, Nemo, s’entête à faire de son existence la chose la plus triste qui soit. C’est une œuvre d’art, au fond, vie qu’il transforme au gré de sa déprime, les autres qu’il fait fuir pour le plaisir d’être misérable. Et Sid qui sait plus quoi penser, il peut le lire dans son regard perdu, dans la façon qu’il a de bafouiller. Le problème avec Nemo, c’est qu’il y a toujours un fond de vérité, parce qu’il pense réellement ça de lui-même, sauf que ça lui fait pas grand-chose, sauf que ça l’amuse plus souvent que ça ne l’attriste. Sauf qu’il adore jouer, surtout avec les sentiments des âmes charitables qui se mettent en tête de lui apprendre à aimer vivre. Ça arrivera pas. Il sait pas pourquoi personne ne leur explique qu’un dépressif chronique ne peut pas aller bien. Pas sans des p’tites pilules qui lui redonnent le sourire, illusion d’optique parce qu’à l’intérieur, ça arrange rien, ça guérit pas. Ça fait qu’masquer la vérité aux yeux des autres, ça rend la situation plus supportable pour l’entourage, faut moins se soucier des dernières pensées suicidaires à la mode. Nemo, il veut pas, ça, abréger leurs souffrances, puisqu’ils refusent d’abréger les siennes. Nemo, il est franc. Il ne ment pas comme ses médicaments.
Y’a Sid qui lui agrippe son poignet, et Nemo qu’a pas pu prédire la rapidité du geste, sans doute pas aussi lucide qu’il voudrait bien l’être. Y’a le verre qui se renverse, la javel qui vient maculer la moquette et le bas de leurs pantalons, taches blanches indélébiles qui arrachent un sourire discret à Nemo, discordance dans son numéro d’âme en peine. Le verre qui rejoint le liquide quand Nemo ouvre les doigts, qui se casse pas, amorti par le revêtement d’sol démodé et poussiéreux. Il bouge pas, Nemo, baisse obstinément les yeux lorsqu’il voit que Sid s’essayer à le regarder dans le blanc, trop certain d’l’effet déstabilisant qu’ça fait, de voir un adulte détourner le regard. Il lâche les cachets, poignet entravé entre les phalanges de Sid, torrent de poc assourdis contre le sol, le drame devient plus intense, la tension plus palpable, et Nemo se retient de jubiler. Ouvertement. A l’intérieur, il est ravi.
Ça va même plus loin, parce que Sid le surprend, le libérant de son emprise pour s’emparer du flingue glissé à sa ceinture. Nemo relève les yeux vers lui, prunelles luisantes qui ont tout perdu de leur mélancolie, piqué au vif dans sa curiosité pourtant très peu développée. Le pari proposé est injuste, pour lui, il le sait, mais il s’en fiche, qui va le forcer à le respecter, de toute façon ? Sid est pas spécialement convaincant, comme type, encore moins effrayant, et il voit pas comment il pourrait le forcer à faire quoi que ce soit. A sa décharge, Nemo trouve pas grand-monde effrayant, surtout qu’son premier réflexe en rencontrant des fous dangereux est d’leur demander d’le buter. Il dit rien, mais y’a ses doigts squelettiques qui s’enroulent autour de l’arme et l’éloignent de Sid comme pour marquer son accord tacite, répètent les mêmes gestes pour s’assurer que la balle dort toujours dans le barillet, jamais dérangée. Il sourit, caresse le revolver comme si c’était son objet le plus précieux avant de le refermer. Enlève le cran, pointe le canon contre son crâne. Cri perçant qui s’échappe du petit écran. Sourire.
Karma police, arrest this man. He talks in maths, he buzzes like a fridge; he's like a detuned radio.
Thom Yorke qui chantonne sur le canapé. Personne l’appelle. Personne à part Atticus. Et son bras se baisse de lui-même, le corps qui décide à la place du cerveau quand il récupère le téléphone entre les coussins, les lettres qu’il a aucun mal à déchiffrer. Il répond pas. « J’dois te laisser, Sid. » Il soupire, son air désabusé qui a repris ses droits sur les traits de son visage. « De toute façon, j’ai gagné. » Il tend le bras vers la télé, appuie sur la détente et ça explose, bruit de verre et de plastique heurtés de plein fouet par une balle trop rapide, la détonation qui vrille les tympans, exclamations des voisins qui passent à travers les murs trop fins. Ça lui fait hausser les épaules, à lui, même pas surpris, même pas choqué, à peine déçu de savoir qu’il aurait pu avoir c’qu’il voulait. Il le savait, l’a toujours su, c’est toujours pareil, ça marche que quand il est pas dans la ligne de mire. Il balance le flingue dans son sac à dos avec son téléphone et sa bouteille de vodka, remet ses baskets avant d’ouvrir la porte. « Tu me dois une télé. Et oublie pas d’fermer derrière toi en partant. Bisous. » |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) Sam 24 Mar - 19:59 | |
| Ses yeux sont braqués sur les phalanges de Nemo qui s'enroulent autour de la crosse de l'arme et vérifient la présence de la balle dans le barillet, comme s'il avait besoin de l'assurance qu'il a bel et bien une chance de crever. Il suit le moindre de ses mouvements, sa gorge qui se noue un peu plus quand il le voit pointer le canon contre sa tempe. Et il sait que c'est son idée, c'est lui qui a proposé ce marché ridicule, mais il regrette amèrement. Il voudrait intervenir, lui arracher le flingue, le balancer par la fenêtre et tout annuler. Il aimerait faire quelque chose, pourtant il est figé, incapable de bouger, condamné à le regarder tenter de s'exploser le crâne encore une fois.
Nemo sourit et il a envie de vomir.
Quand son bras se baisse il fronce les sourcils, un peu perdu. Tellement concentré sur lui qu'il n'entend plus rien, ni les cris à la télé, ni la sonnerie qui s'est déclenchée sur le canapé. Il continue de le suivre du regard comme si rien d'autre n'existait, comme s'il avait trop peur que Nemo se volatilise à la seconde même où il détournera les yeux. Mentalement, il remercie la personne qui l'appelle et lui donne droit à un sursis. « J’dois te laisser, Sid. » Y a plus aucune lueur dans ses yeux, plus d'éclat malsain pour étirer ses traits. La morosité a repris ses droits et il se demande si son visage a toujours été ce canevas triste ou s'il était autre chose, avant. « De toute façon, j’ai gagné. » Il ne saisit pas tout de suite, une seconde d'incompréhension avant que Nemo n'oriente le canon vers la télé. La détonation le fait sursauter violemment, ses bras qui se lèvent, ses mains qui planent quelque part près de ses oreilles. Ses yeux écarquillés observent le trou dans l'écran alors que sa bouche s'entrouvre, son souffle resté coincé quelque part dans sa trachée.
Si Nemo avait visé sa tête, ce n'serait pas des éclats de verre qui joncheraient la moquette. Ce serait des bouts de cervelle.
« Tu... Putain... » La voix faiblarde, étranglée, il n'est même pas foutu d'articuler une phrase complète. Tout ce qu'il voit, c'est qu'il est passé près, beaucoup trop près de la mort. Si son téléphone n'avait pas sonné, il se serait passé quoi ?
Il est toujours figé sur place, prunelles vrillées sur ce trou béant dans la télévision. « Tu me dois une télé. Et oublie pas d’fermer derrière toi en partant. Bisous. » Ça lui paraît lointain, comme s'ils n'étaient même plus dans la même pièce – un peu plus et ils n'auraient carrément plus été du même monde. Il a la nausée. « Nemo. » Il n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, déjà l'autre le laisse en plan. Il fixe la porte avec un train de retard, puis la télé, puis la porte à nouveau. Il a les mains qui tremblent et l'impression que ses jambes vont le lâcher, ses yeux qui finissent par scanner la pièce à la recherche du flingue. Il le voit nulle part, et en déduit que Nemo l'a pris avec lui quand il ne regardait pas.
L'échec est si lamentable qu'il voudrait se recroqueviller dans un coin et boire jusqu'à oublier tout ce qui vient de se passer, oublier que Nemo a failli se tirer une balle dans la tête juste sous ses yeux. Tout ça suite au marché qu'il a proposé avec l'arme qu'il a choisi de lui tendre et la balle qu'il a laissée dans le barillet. Si son téléphone n'avait pas sonné il l'aurait fait et il serait mort et ça serait de sa faute.
Sa faute, putain.
C'est ridicule pourtant, avec ou sans son intervention la vie de Nemo reste la même, son désir d'embrasser la faucheuse n'a pas disparu – ne disparaîtra probablement jamais. S'il s'était tué après tout ça n'serait qu'une fin prévisible, son souhait enfin réalisé, la réussite après tant d'années à enchaîner les échecs. La différence c'est que cette fois il était là, cette fois il lui a tendu le revolver de la même façon qu'il a cherché à lui tendre la main vainement. Il arrive pas à penser à autre chose, à se dire que de toute façon c'est l'écran qui a tout pris et Nemo est sorti sur ses deux pieds, toujours bien vivant. Tout ce qu'il retient c'est qu'il a failli le voir crever et qu'il se le serait certainement jamais pardonné.
Ses paumes glissent sur son visage et étirent la peau, arrêtent leur course sur sa bouche alors qu'il continue de contempler les dégâts. La télé, les pilules, la javel, les couverts, tout ce que Nemo a sorti, tout ce qui pourra lui servir à accomplir la mission qu'il s'est donnée. Il se sent tellement mal qu'il est obligé de s'asseoir sur le canapé. Il sait pas combien de temps il reste comme ça, son crâne posé dans ses mains, ses tripes qui se tordent dans tous les sens. Quand il se lève enfin il est mollasson, le monde qui semble tourner trop vite pour lui. Lentement il sort de l'appartement et referme la porte derrière lui, le pas raide et les épaules plus voûtées que d'habitude. Le poids qu'il semble porter ne cesse d'augmenter au fil de ses échecs, encore et encore et encore. Nemo ne fait qu'ajouter une ligne à la liste de ses défaites.
( RP TERMINÉ ) |
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| Sujet: Re: born to fail (nemo) | |
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