Invité ☽ ☾
 |  Sujet: captive (intrigue) Mar 27 Fév - 23:01 | |
| Eoin,
Je ne sais plus quand on est, je ne sais pas où je suis.
J’ai demandé un papier et un stylo pour écrire, je ne suis pas sûre qu’ils me laissent envoyer des lettres. Peu importe en réalité, je crois que j’ai besoin de parler parce que l’angoisse me dévore, et il n’y a pas grand monde ici pour vraiment m’écouter.
Toi, tu as toujours su le faire.
Tu te souviens en primaire, quand on s’envoyait des mots tout l’été et que nos parents en avaient marre de payer des timbres ? Tu te rappelles comme on aimait se raconter nos aventures, les deux petites semaines où on était séparés, tu te souviens comme c’était bon d’attendre de nos nouvelles avec l’impatience qu’on peut avoir quand on n’a pas l’âge de conduire ?
J’aimerais te lire, Eoin. J’aimerais tellement te lire. J’aimerais aussi te dire que ça va, je suis vivante. J’aimerais t’avouer que j’ai peur.
A très vite.
Ronnie
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Eoin,
J’ai essayé de m’enfuir.
C’était il y a quelques heures, je ne me souviens plus vraiment.
Tout ce dont je me rappelle, c’est des coups qui ont suivi.
J’ai mal au ventre, c’est une horreur. Et du coup ça tourne dans ma tête, je me pose des questions. Soucis de fille, tu ne comprendrais pas. Je n’ai toujours pas eu mes règles. J’ai peur qu’ils aient frappé trop fort. Je ne sais pas. Je ne sais même pas pourquoi je te raconte ça.
J’espère que ça va, dehors. Je ne sais même pas pourquoi j’écris en fait, tu ne pourras jamais me lire.
J’aimerais être avec toi. Tu me manques affreusement.
Je ne te l’ai jamais dit parce que je suis sûrement trop pudique, avec toi au moins, mais je t’aime. Je t’aime vraiment, vraiment de tout mon cœur.
A bientôt,
Ronnie
*********
Eoin,
Ça ne va pas très fort aujourd’hui.
Je n’arrive plus à rien avaler et ma douleur à l’abdomen est de plus en plus terrible, je peux à peine faire deux pas sans me recroqueviller sur moi-même.
J’ai retrouvé des amis là-bas, un garçon sympa qui s’appelle Ezra. Je l’avais connu au karaoké, il avait accepté de chanter Under Pressure. Un type bien, je pense que tu l’aimerais. Je crois avoir vu Ninel, aussi, pas longtemps, quelques minutes.
J’aimerais sortir, très vite. Te retrouver et t’embrasser, retrouver Abel aussi. Il me manque, bizarrement, il me manque et j’ai l’impression que je ne le reverrai jamais. Que je ne te reverrai jamais non plus.
Je t’aime Eoin. Ne m’oublie pas.
Ronnie
*********
Eoin,
J’ai saigné aujourd’hui. Ce n’était pas mes règles. Ça m'a fendu le coeur en deux.
Je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme.
S’il te plait, sache que j’ai essayé.
Je t’aime.
Ronnie.
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Invité ☽ ☾
| | Sujet: Re: captive (intrigue) Lun 12 Mar - 20:21 | |
| Abel,
Je dois t’avouer, je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps.
Au début, je n’arrêtais pas de penser à toi, à ta réaction lorsque tu ne trouverais plus aucune réponse à tes messages, à tes yeux couleur orage et tes sourcils froncés, je pensais à tes lèvres pincées et à ta moue boudeuse. Aux insultes que tu lancerais aux nuages, comme s’ils pouvaient changer quelque chose à la situation, comme si ça allait faire avancer le problème dans la bonne direction.
Je pensais à cette nuit ensemble et aux quelques autres, trop peu. Je pensais à tous les mots que tu m’avais dit et qui avaient de l’importance, quelque part. Ceux que je ne t’avais jamais dit, aussi, qui étaient pourtant les plus importants.
Je pensais à tout ce qui nous avait amenés ensemble, dans le même lit, le Diner, les gaufres, mes rollers, Lars. Je pensais à tout ce qui nous avait rapprochés et au putain de gâchis que ça serait si tu devais pleurer sur ma tombe. Le conditionnel a son importance : tu ne pleurerais pas, j’en suis sûre. Pas devant les gens.
Au début je pensais à toutes ces choses importantes, auxquelles je donnais de l’importance.
Maintenant, je pense au sourire satisfait qui s’étale sur tes lèvres quand tu manges des pâtes au ketchup, à ton regard concentré devant le journal télé. Je pense aux fringues que tu laisses trainer par terre et je pense à la sensation de ta main dans la mienne.
Je pense à plein de choses qui semblaient dérisoires avant. Plein de choses que je crèverais de retrouver.
Je pense à toi. Je t’aime.
Veronica.
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