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 tell the world i'm coming home (merlasher)

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MessageSujet: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptySam 6 Jan - 10:36

Il a les yeux rivés sur le téléphone et le cœur qui bat trop vite, la respiration qui s’affole et la peur qui résonne, y a quelque chose qui se casse la gueule, à l’intérieur de lui, quelque chose qui lui donne envie de fuir, de partir, de jamais revenir. Il pourrait se la jouer Gossip Girl ou A, être le parfait cliché de toutes ses séries pour ado nulles, il pourrait faire ça, envoyer des messages, faire comme si c’était pas lui, comme si c’était qu’un fantôme, la vision passée qu’ils avaient de lui. Bien sûr qu’il pourrait, évidemment, qu’il pourrait, mais il est incapable d’infliger ça, incapable de s’infliger ça, il veut pas faire pleurer ou faire peur ou faire reculer, il aimerait juste récupérer les morceaux de sa vie passé. C’est pas possible et ses doigts se crispent sur le téléphone, répertoire ouvert et les doigts qui survolent l’écran, ce serait trop facile d’appuyer sur le téléphone vert, trop simple d’appeler, trop facile de pas le voir en vrai, de pas affronter, de se terrer encore, dans l’arrière boutique de Daria, de se planquer du monde alors qu’il est revenu au cœur de sa tempête, au cœur d’Historic District, comme par besoin de rentrer à la maison, comme par besoin de leur tomber dessus par hasard, comme par besoin de trouver des raisons de les haïr parce que tout le monde a recommencé à vivre sans lui. Il a tenté de l’appeler, une fois, mais son numéro était masqué et il est tombé sur la messagerie. Il a écouté sa voix, le Asher Bloomberg prononcé, pour le rejouer encore et encore dans sa tête, redonner à ses souvenirs un peu du lustre de la vérité. Il a pas laissé de messages, parce qu’il sait pas faire, parce qu’il a pas envie de lui dire je suis rentré, je suis pas mort, parce qu’il sait pas ce qu’est devenu Asher, parce que la dernière fois qu’il l’a vu il avait l’esprit dans la tombe et le corps sur un lit d’hôpital et qu’il est peut-être mort, depuis. Il sait pas, Merle, il sait rien. Il sait juste que y a pas son nom dans la rubrique nécrologique des six derniers mois mais il sait rien de plus. Il sait juste que ça veut rien dire, que c’est une absence, un trou, un vide, mais que ça n’a pas de sens. C’est un espoir, juste, quelque chose de douloureux et de terrible, parce qu’il est au pied de son immeuble, son téléphone entre les mains, et qu’il ne sait pas si c’est lui qui va ouvrir la porte.

Il a une pierre dans le ventre et du ciment aux chevilles.

Il sourit à la vieille qui ouvre la porte et qui se souviendra sans doute plus de lui dans quelques minutes, lui fait la discussion pour qu’elle ne se demande pas ce qu’il fait là, pour qu’elle ne se pose pas de questions, pour ne pas être louche. Il est charmant, presque, tout sourire lorsqu’il lui propose de venir sonner chez lui si elle a besoin d’aide, compte sur sa gêne de ne pas se rappeler de lui pour ne pas lui demander où est son chez lui, se faufile à l’intérieur, lorsqu’elle s’éloigne. Il croise son nom sur sa boîte aux lettres et il a envie de pleurer. C’est stupide et il tire sur les coins de ses yeux pour les forcer à rester à l’intérieur, pour ne pas pleurer maintenant, à cause d’un nom gribouillé sur une boîte aux lettres, un nom qui ne veut rien dire, Bloomberg, putain, qui s’appelle comme ça, Bloomberg, Bloomberg, tu crains putain, Bloomberg qui n’habite peut-être plus ici et l’image de l’appartement vide qui s’étale sous ses paupières alors qu’il évite la porte dans un coin du rez-de-chaussée, se réfugie dans la cage d’escalier, près du local à ordures, inspire aussi fort qu’il le peut pour chasser la panique, la traquer, l’annihiler. Il ne peut pas l’affronter avec de la peur dans les yeux, il ne peut pas agir normalement s’il est dévoré par la terreur. Il ne peut pas. Il y a trop de choses qu’il ne peut pas faire, trop de choses qu’il ne peut plus faire, maintenant, trop de luttes qu’il mène pour avoir l’air normal peut-être et il tire sur la peau de ses doigts dans l’espoir de les faire arrêter de trembler. Ça ne marche pas. Évidemment. Ça ne marche pas et le temps passe, lentement, et il y a des pas dans la cage d’escalier et les yeux d’un type qui a l’air de se demander ce qu’il fout là. Il pourrait lui dire la vérité, qu’il vient dire à un ami suicidaire qui n’est peut-être plus là, ou plus vivant, qu’il ne l’a pas abandonné après lui avoir rendu visite à l’hôpital, qu’il ne l’a pas abandonné alors qu’il est au plus mal. Il pourrait mais la culpabilité se transforme en bile et il pourrait aussi vomir sur ses chaussures. Il hausse les épaules, à la place, quand le mec lui dit bonjour, lui file une cigarette quand il lui demande si par hasard il en a une, fait comme si c’était normal d’être là, assis à quelques mètres de la porte, comme si c’était normal d’être là plutôt qu’en train de frapper, normal d’être là tout court de se sentir digne d’amitié après tout ce qu’il s’est passé.

Peut-être qu’il aurait dû lui rendre visite au poste, finalement, il pense, et il se lève, prêt à partir, peut-être, glissé dans le hall comme une ombre ou un fantôme, une illusion, une hallucination. Il a les yeux fixés sur la porte, pourtant, alors qu’il avance à reculons, les pupilles incapable de s’en détacher parce que tout son corps lui hurle qu’il doit savoir, qu’il faut qu’il sache, qu’il ne peut pas ignorer plus longtemps, qu’il a besoin de nouer à nouveau les liens qu’il a brisé en s’évaporant. Il n’avance plus à reculons, quand il file vers la porte, un pas, deux, quatre, douze, et son cœur qui tambourine contre ses oreilles comme un chant mortuaire, au rythme de sa main qui frappe contre le bois. Un coup, deux, quatre, huit, et la porte qui s’ouvre alors qu’il a la main suspendue dans l’air et son cœur à vif sur le carrelage sale du hall d’entrée.

« Hey. » Il articule et c’est son plus bel effort d’éloquence, peut-être. « Je peux rentrer ? »

Rentrer chez toi, rentrer chez moi, rentrer à la maison.
S’il te plaît.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyDim 7 Jan - 20:07

Vol de voiture sur la 22ème rue.
Les pneus qui crissent, le gyrophare qui tourne, bleu, rouge, bleu, rouge, la sirène qui retentit dans tout Savannah, y a plus de piétons, plus de véhicules, juste des formes floues en angle mort, y a plus rien d’autre que l’alternance bleu, rouge, bleu, rouge, les yeux plissés sur la ligne médiane alors qu’il tente d’esquiver les obstacles sur sa route. Merle. Il sait que ce n’est pas possible, pas cohérent, qu’il n’oserait pas se repointer comme ça après quoi, six mois d’absence ? Non putain, non, c’est pas Merle, c’est pas lui, c’est pas eux, c’est pas sa façon de faire, c’est pas son mode de fonctionnement. Sauf qu’il ne sait plus exactement comment il marche, Merle, y a trop de temps qui est passé depuis la dernière fois, depuis l’hôpital et les confessions en pleurs, depuis le suicide, depuis les Xanax et autres joyeusetés qu’il s’enfile beaucoup trop souvent, qui vont de paire avec la rupture et l’angoisse constante d'être vivant. C’est pas Merle, ça peut pas l’être, faut se faire une raison, se dire qu’il ne reviendra pas, parce qu’Asher a déjà prié son Dieu mille fois et qu’il ne l’a jamais exaucé, parce qu’il a déjà essayé de chercher des signes dans les moindres petites choses de la vie courante mais qu’il n’a rien trouvé de vraiment concluant, quelque chose qui lui file davantage d’espoir. Il lui dirait quoi s’il le revoyait, de toute façon ? Salut, j’t’en veux pas d’être parti sans prévenir alors que j’venais de m’pendre dans mon bureau, ça te dit un Coca ? Que dalle. Que. Dalle.
Ça n’empêche, vol de voiture. C’est pas arrivé depuis quoi. Six mois. Mais c’est pas Merle parce que Merle sait qu’il vaut mieux pas qu’il joue à ça, qu’il fasse ça. Qu’il lui fasse ça. Y a trop d’histoire derrière son départ, trop d’heures passées à se demander si c’était quelque chose qu’il avait fait, qu’il avait dit. Qu’il n’avait pas fait, pas dit, ses collègues qu’il n’avait jamais empêché de le toucher, de le tripoter de manière dégueulasse, abjecte, même s’il sait qu’il n’y pouvait rien, même si ça s’était toujours passé quand il n’était pas là. Est-ce que Jael sait où il est, hein ? Elle était importante pour lui, elle, il lui avait avoué la dernière fois, quand ils avaient mangé des glaces, citron pour lui et pistache pour Asher, il lui avait avoué être amoureux alors. Alors peut-être qu’elle sait. Ou pas du tout. Il aurait osé lui faire la même chose à elle ? A River ? Peadar, il en sait quelque chose ? Ou il s’est juste barré parce qu’il pouvait plus le blairer, parce que vivre avec lui était devenu un calvaire ?
Putain, piéton.
Il a bien failli l’emplafonner celui-là, il aurait eu l’air malin à expliquer qu’il avait ramassé une mamie parce qu’il conduisait à 90km/h en ville en pensant à l’un de ses potes qui s’est barré très loin de lui. Un de plus. Il est là pour quoi déjà ? Ah ouais. Vol de voiture, ça pulse une nouvelle fois, ça se fraye un chemin à travers les neurones, non, ça peut pas être Merle. Et si c’est lui il fait quoi ? Il lui passe les menottes avant de le serrer contre lui, d’ébouriffer ses cheveux en le gratifiant d’un tu m’as bien eu cette fois ? C’est pas son père. C’était son ami. La voiture tourne, manque presque de se prendre le trottoir. Y a une gamine  qui crochète une Porsche, devant l’un des plus beaux hôtels de la ville. Et ça ne semble pas très fructueux à première vue, elle arrive même pas à prendre la fuite lorsqu’il s’arrête, lorsqu’il la plaque contre la carrosserie immaculée pour lui passer les menottes. Pas Merle, donc. Amatrice.

C’est drôle comme un simple signe peut laisser augurer quelque chose de spécial, d’inédit, comme une intuition peut définir le reste d’une journée. C’est drôle ou pas, c’est triste à mourir, c’est peut-être pour ça qu’en fin d’après-midi, il envoie un texto à un mec rencontré quelques jours plus tôt sur Grindr. C’est ironique, un peu, parce que c’est Toad qui lui a parlé de ce site en premier, qu’il n’y aurait jamais mis les pieds sans ça, il avait à peine testé Tinder et le résultat n’avait pas été à la hauteur de ses attentes, mais y a un putain de creux dans son cœur qu’il a vraiment besoin de combler et flirter avec quelqu’un semble être la meilleure manière de le faire. Vingt heures, ils se disent, ça laisse un peu de temps pour rentrer, prendre une douche, pas trop s’regarder dans le miroir au cas où il aurait honte. Il a honte. Pour internet, pour le mec qu’il connait pas. Ç’aurait été plus simple avec une femme, plus simple d’inviter au resto sans connaître, plus simple de ramener chez soi et de sauter si elle le veut bien, plus simple parce qu’avec des hommes, ç’a toujours été des histoires d’amour, pas de cul.
Faut croire qu’y a un début à tout.


« Tu peux partir », il souffle à l’adresse du cubain (Emilio ?) qui reprend sa respiration dans son pieu, avant d’extirper une cigarette du paquet posé sur la table de nuit. Un instant, il se demande ce que Scarlett dirait si elle le voyait comme ça, à baiser des inconnus et les virer de son lit l’instant qui suit. Ça ne lui ressemble pas, pas du tout, il a toujours été plus romantique, plus concerné, plus sensiblement préoccupé par l’envie d’être heureux et de rendre heureux. C’est les cachets, peut-être, les cachets qu’il a recommencé à prendre depuis plus de deux mois, depuis qu’il a plaqué Toad sur les marches de l’hôpital. Ça allait mieux sans ça, sans les antidépresseurs pour le rendre indolent, sans les insomnies pour le rendre caractériel. Sans le sang trafiqué, modifié à outrance, les sautes d’humeur et le sarcasme pinçant alors qu’il tourne un regard désintéressé vers son partenaire d’une nuit. « Faut qu’j’le dise en espagnol pour qu’tu piges ? » Ok, méchant et un peu raciste, ça lui ressemble clairement pas, il se foutrait des baffes s’il se voyait. Sauf qu’il a pas le temps, on frappe à la porte alors qu’il aspire sur sa cigarette, et il évite tout juste de la faire tomber sur les draps. « Putain », il souffle, agacé, remet rapidement un caleçon, un jean et un t-shirt qui trainent avant de se ruer vers l’entrée, posant sa cigarette dans un cendrier au passage.
C’est drôle comme son intuition est parfois la bonne.
Il reste un instant sans rien dire, à détailler le visage de Merle comme s’il voyait un fantôme, la main crispée sur la poignée, à deux doigts de lui refermer la porte au nez parce que la surprise est trop grande, trop spectaculaire, parce qu’il n’y était définitivement pas préparé. Il capte même pas qu’y a son plan cul qui s’barre avec la moitié de ses fringues sous le bras, y a plus rien qui lui parvient vraiment au cerveau, ni le froid venant de l’extérieur, ni le sens des mots de Merle. Mais y a quelque chose qui change, pourtant, quelque chose qui se transforme profondément, l’acidité qui devient simple amertume et l’acier de ses mots qui se brise en éclats de douceur alors qu’il l’attrape par la nuque et l’attire dans ses bras. Il sait plus s’il referme la porte ou pas, s’il reste juste connement dans l’ouverture sans vraiment l’inviter mais sans non plus le rejeter, il sait juste qu’il y a son nez dans les cheveux de Merle, ses lèvres contre son front, il sait qu’il l’embrasse une fois, deux fois, trois fois, qu’il accroche ses ongles dans son dos, comme s’il avait peur que la silhouette s’évapore et qu’il s’aperçoive que tout ceci n’est qu’un rêve. « Merle », il murmure, à court de mots, de pensées, dissout dans la joie qui le transperce, dans le souvenir âpre de son départ qui semble trop lointain pour vraiment lui en vouloir. « Fais plus jamais ça. » Pars plus, plus jamais, m’oblige pas à compter de nouveau les jours, les semaines, me fais pas ce coup-là alors que j’suis déjà au fond du trou, que j’demande juste qu’on m’enterre. Et les bras qui resserrent leur étreinte, les quelques larmes qui tombent sur les cheveux de son ami. Ses gestes, ses mots ne signifient qu’une seule chose, claire et établie : bienvenue à la maison.
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyDim 7 Jan - 22:58

Contact contre sa nuque.

Non.

Non.

Non, non, non, non, et son esprit qui fait une boucle, la main contre sa nuque et le poing dans ses cheveux, ses genoux qui heurtent le sol et le bruit de la fermeture éclair et l’odeur de transpiration et le froid du goudron et les poils qui remontent le long du ventre jusqu’au nombril, ses mâchoires qui craquent et le sel au fond de sa gorge, les larmes sur ses joues. Non, non, non, non, et il se tend, se fige, essaye de ne plus bouger, la respiration coincée dans la gorge et quelque chose d’âpre contre la langue. Il a un carrousel dans le crâne et une bite contre ses lèvres, « tu me dois bien ça » chuchote son crâne. « tu as un si joli dos » murmure son cerveau. Sa joue contre le mur et une douleur beaucoup trop vive.

Trois gouttes de sang sur le sol.

Ses doigts se crispent contre le t-shirt.

Asher.

Il se concentre là-dessus.

Asher.

Il s’agrippe à ça, comme un noyé à sa bouée, perdu à la mer, à la dérive. Il pense au goût de la glace au citron et au contact du siège de la voiture de police, à la texture du jambon et puis à l’odeur de son appartement. Il pense à ses mains solides contre ses épaules et au son de sa voix quand il sourit, et à la musique qui se répercute contre les vitres de la voiture, à toutes ces petites choses qui lui ont manqué, à toutes les choses qu’il a manqué, à tout ce à quoi il s’est raccroché, pendant six mois, la chaleur et le rythme de ses pas et la façon dont il se tient et la façon dont il rit.

Asher, Asher, Asher, pas Frank, Asher et il réapprend à respirer, un sanglot perdu contre sa peau lorsqu’il enfouit son visage dans son cou. Il remarque même pas le mec qui passe, s’en fout un peu, parce qu’Asher fait ce qu’il veut de sa vie. Il note à peine les baisers sur son visage et les mains serrées contre son dos, parce qu’il pense plus, parce qu’il réfléchit plus, parce que ça boucle, une nouvelle fois, mais que ça pénètre pas ses chairs, Asher, Asher, Asher, et ça va un peu mieux, et c’est un peu moins horrible, un peu moins pénible, et il refuse de le lâcher, parce qu’il a peur de plus jamais pouvoir le serrer dans ses bras, parce qu’il est vivant, vivant, vivant, toujours là, et que c’est inespéré et terrible et grandiose, et qu’il ne sait pas qui il peut remercier pour ça, qui il doit remercier pour ça. Il enfonce ses doigts dans sa peau un peu plus, comme pour se fondre en lui un peu plus, absorber un peu de chaleur, ne pas céder au froid.

« Asher. » Il articule, et ça sonne plus comme une plainte qu’il ne le souhaiterait, parce qu’il a la gorge pleine de larmes et qu’il est enroulé de lui, incapable de le lâcher, de reculer. « Asher. » Et il a aucune idée de ce qu’il essaye de lui dire parce qu’il pleure, ça y est, que ça explose et que ça roule sur ses joues, comme s’il avait six ans, comme s’il était enfant. Ça fait des années qu’il a pas pleuré, des années et des années qu’il a pas pleuré comme ça. Ça le transperce de partout, ça le crucifie sur place et il sait plus où il en est, parce qu’il sanglote à n’en plus pouvoir, tâche les fringues d’Asher et il en a rien à foutre, cramponné, réconforté, agrippé. Je suis rentré, il pense, je suis rentré, il songe, et y a le enfin, qui tinte et qui pèse, le enfin qui fait redoubler ses pleurs, qui le réchauffe tout entier. « J’ai jamais voulu faire ça. » Et y a les cicatrices sur ses poignets qui grattent et il sait plus ce qu’il veut dire par ça. Il a jamais voulu partir, jamais voulu mourir, jamais voulu le laisser mais c’est ce qu’il a fait, finalement, encore et encore et encore, un drame en répétition, un mensonge répété en boucle. J’ai jamais voulu faire ça, il hoquette au milieu de ses larmes et il cherche ses yeux pour lui dire qu’il est sincère, pour lui dire que c’est la vérité, que c’était pas voulu, pas volontaire, qu’il serait jamais parti sans lui dire.

« J’ai mis de la morve sur ton t-shirt. »

C’est moins glamour mais c’est plus lui, même au milieu des larmes, même au milieu de l’émotion, un fantôme de sourire dans la voix alors qu’il ose le lâcher, finalement, une main toujours agrippée au tissu de son pull alors qu’il fouille dans son sac, appuie contre son torse le paquet qu’il a emballé avec des journaux. C’est rien. C’est pas grand-chose. Il l’a acheté avec sa première paie. C’est un CD, un groupe dont lui avait parlé Asher, trois fois rien en vérité. Il sait même pas si ça va lui plaire, de toute façon, il sait même si Hanoucca se fête comme ça, mais il a fait de son mieux, en tout cas, pour lui faire plaisir et pour pas emballer ses cadeaux dans papier cadeau de Noël. Il sait pas trop si ça lui plaira plus, le papier cadeau journal, mais ça a le mérite d’exister. Il suppose. Et d’être recyclé. Sans doute. Non pas qu’Asher s’en soucie, enfin il croit pas.

« Joyeux Hanoucca en retard. »

C’est un murmure, un pas grand-chose, et il lui colle un baiser contre la joue.

« Désolé de pas avoir été là. »

Désolé que tu n’aies pas été là, aussi. Désolé qu’on se soit manqué, raté, désolé que tout se soit passé comme ça. Il a la main qui tremble, lorsqu’il se la passe devant le visage, les doigts qui vibrent, presque, lorsqu’il les passe dans ses cheveux. Ça va aller, il se répète. Ça va aller, ça va aller, ça va aller, et il se faufile hors de l’étreinte d’Asher pour aller se rouler en boule sur le canapé, attrape un coussin, comme pour se protéger, le menton planté dedans et les yeux dans le vide.

« Je te dérange pas, hein ? »

Et il déteste la note d’incertitude qu’il a dans la voix.
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 0:10

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Un jalonnement de cailloux qu’on dispose aussi bien que possible, les pierres qu’on aligne les unes après les autres sur la route jusqu’à créer un enchevêtrement complexe, brique après brique après brique. J’voulais plus qu’personne souffre donc j’me suis pendu dans mon bureau, pour disparaître des écrans à jamais, effacer ma trace, ne plus être cette ombre désespérante qui plane sur la vie de mes proches. J’avais envie d’aller mieux, j’me suis tapé mon pote, ça peut blesser personne, un petit coup en passant, ça peut pas drainer l’hémorragie, c’qui est bon ne peut pas faire du mal, hein ? C’est comme ça qu’il accueille les mots de Merle, Asher, son j’ai jamais voulu qui sonne comme s’il n’avait pas fait en sorte de se barrer, de le planter, de l’oublier, une promesse, j’ai jamais voulu, presque convaincante mais pas suffisamment pour ne pas lui faire hérisser le poil, sortir un peu les crocs. Y a rien qu'est prononcé, rien qui ne se montre parce que c’est trop bon de le retrouver, trop bon de le serrer contre lui, de sentir son cœur galoper, Merle Merle Merle, s’il savait, s’il savait à quel point il lui a irrémédiablement manqué, à quel point aucun médicament n’aurait pu le faire oublier, à quel point toutes les pilules n’auraient eu qu’un effet placebo en attendant la cure miracle. C’est trop bon de l’avoir dans ses bras, de sentir son odeur si particulière, piquante, amère, les embruns qui se faufilent dans ses narines, qui lui rappellent les souvenirs en voiture, Merle sur le siège passager, son sourire en demi-lune et ses grands yeux qui disent trop de choses et brillent comme des soleils. Y a mille questions qui lui viennent à l’esprit, il voudrait savoir s’il aime toujours autant les glaces, s’il pique toujours des bagnoles, si la vie l’a bien traité, s’il s’est dégoté un bon endroit où dormir, un boulot correct, quelqu’un de bien avec qui peut-être finir sa vie, mais y a les larmes du gamin qui prennent le dessus, trop, trop de larmes, trop de désespoir d’un coup, et ça submerge Asher, ça l’anéantit, même s’il ne faut pas, même s’il faut se montrer fort parce que c’est son rôle, parce que c’est ce qu’il est. L’adulte, celui qui ne courbe pas le dos, celui qui ne s’apitoie pas, celui qui résiste de toutes ses forces, contre vents et marées, qui doit être fort pour deux, pour quatre, pour mille, pour tous les gosses des rues auxquels il tient tellement. Il s’excuse d’avoir mis de la morve sur son t-shirt et il n’a même pas envie de rire, Asher, souffle juste un « j’m’en fous » grinçant, rien à foutre ouais, c’est juste un bout de tissu, sale en plus, ça partira bien au lavage. Pas comme la tristesse, pas comme l’impuissance qu’il ressent en voyant Merle s’effondrer, lui tendre rapidement un paquet avant de déposer un baiser sur sa joue. « Je », beaucoup d’éloquence donc, et un regard gêné vers le Hanoukkia qui prend la poussière dans un coin de l’appartement, y a deux ou trois ans qu’il ne l’a pas allumé et il ne s’en porte franchement pas plus mal, même si ses aïeuls se retourneraient dans leurs tombes respectives. Il est moche ce cadeau, mais ça le bouscule au fond du cœur, ça lui réveille plein de sentiments qu’il aurait préféré taire, culpabilité, admiration, tendresse, exacerbés lorsqu’il déchire finalement le papier journal pour découvrir un album, Turin Brakes, il en avait parlé une fois mais il pensait pas que Merle avait retenu. Il ne dit rien, pas de merci, pas de t’inquiète lorsque Merle s’excuse encore, il se dirige juste vers sa chaîne hi-fi et met le CD dedans. Y a l’intro de Last Chance qui s'élève dans les airs, remplit tout le salon, guitare, batterie, voix. Non, tu m’déranges pas, tu m’remets en place, tu m'rafistoles. Mais tu m'déranges pas.

Quoique, si en fait, il était en train de baiser deux minutes plus tôt, ça lui revient maintenant. « Attends juste une seconde », il souffle alors qu’il retourne dans la chambre, s’aperçoit rapidement de ce qu’il manque, à commencer par sa putain de montre en or qu’il avait laissée sur la table de nuit et de quelques billets qu'il gardait de côté si besoin. Trop naïf pour ce monde, Asher, mais vif comme l’éclair lorsqu’il s’agit d’accourir de nouveau au salon et d’ouvrir la fenêtre pour hurler à la silhouette déjà trop éloignée : « j’suis flic espèce de connard, t’as intérêt à tout ramener au poste ou t’es bon pour avoir une plainte au cul ! » Et le claquement un peu trop violent lorsqu’il baisse de nouveau la vitre, la colère qui descend trop rapidement pour de nouveau faire place à la tristesse déroutante de Merle, toujours posé sur son bout de canapé.

This is the feeling
The colour you can't describe
And this is the shape it makes now
It's very revealing
You crash a plane into my life
The deafening silent sound


Il n’a jamais cherché à comprendre, Asher, jamais cherché à savoir pourquoi il voulait tellement l’aider, avec autant d’obstination, autant de hargne, comme il se battrait pour sa propre vie, il n’a jamais voulu éclaircir ça, pourquoi y a autant de choses qui se remuent dans son cœur à chaque fois qu’il pose les yeux sur lui, à chaque fois qu’il se souvient ce qu’il était, ce qu’il est devenu, à chaque fois qu’il pense à cette force d’esprit terrible qui est la sienne, qui engloutit tout autour, qui pourrait bien creuser des oasis dans le désert tellement elle est inébranlable. Il n’a jamais voulu le savoir par peur, par déni, par oubli de lui-même, d’eux, par pudeur, il n’a jamais voulu mais y a des silences parfois plus évocateurs que des mots et sur les paroles de Turin Brakes, il contemple Merle et se sent terriblement vide et plein à la fois, incroyablement triste et si bêtement heureux de le retrouver. Il s’assied à côté de lui, le détaille, comme s’il inspectait un chien soumis à l’adoption, histoire de ne pas faire le mauvais choix, de ne pas prendre celui qui a les oreilles pleines de gale et de la bave au museau. Et ça le frappe, ça le cogne, uppercut en pleine poitrine lorsqu’il s'attarde sur la peau de Merle, remarque ses poignets tailladés même s’il essaie de les cacher en serrant le coussin contre lui, c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace et y a aucune tentative de suicide qui n’échappe à son œil de fin connaisseur, à présent. C’est triste, putain. Triste pour Merle, triste pour lui, ils sont lamentables, tous les deux. Bien assortis. « Tu m’dérangeras jamais. » C’est soufflé entre deux couplets, les yeux dans les siens, il ne le dérangera jamais aussi longtemps qu’il sera vivant, y a pas un seul mec qu’il ne virerait pas de son lit pour accueillir Merle dans ses bras parce qu’il sera toujours une priorité, parce qu’il passera toujours avant tout le monde. Maintenant plus que jamais. « Tu veux manger quelque chose ? Boire ? » Y a sa main qui se glisse doucement sur sa joue, la caresse du bout du pouce, balaye les traces de larmes, il a envie de l’envelopper encore de ses bras pour qu'il ne pleure plus, plus jamais, pour que sa tristesse n’existe plus, disparaisse d’un coup de baguette magique. « Parler ? » C’est pas prudent de demander, il a peur de ce qu’il pourrait lui dire, lui avouer, des secrets qui pourraient se délier sur sa langue. Il n’a pas vraiment envie de savoir ce qu’il a subi avant d’en arriver là, dans son salon, pas envie de savoir qui il a rencontré, qui il a détesté avant de revenir l’aimer, avant de se rappeler à sa mémoire de façon aussi brutale et inquiétante, ses yeux trop remplis de larmes pour supposer une histoire heureuse, pour laisser entendre un dénouement digne d’un conte de fées. Mais il demande quand même. Il demande parce qu’il veut montrer qu’il est là, qu’y a pas à avoir peur, qu’y a pas à craindre quoi que ce soit, qu’il le défendra quoi qu’il arrive. Il est là.

I've got to keep both feet on the ground
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 1:05

Il a les yeux mi-clos, dans le salon, bercé par Asher qui s’agite et qui s’agite, qui alpague un type dans la rue. Il a bien compris qui était le mec, a bien compris aussi qu’il était pas parti qu’avec ses affaires et il se fait une note mentale, un trois fois rien, un mémo de lui péter les dents si jamais il le croise, parce qu’Asher vaut bien mieux qu’un type qui vient et qui se tire avec le pas grand-chose qu’il a. Il se demande si un jour il retrouvera Asher le torse ouvert à cause d’un type comme ça, qui serait venu pour une nuit et qui serait reparti avec son cœur, un coup d’un soir de l’horreur, un voleur de vie. Peut-être que ça lui est déjà arrivé. Peut-être que c’est pour ça qu’il avait des marques bleutées autour du cou et les yeux vitreux, peut-être que c’est pour autre chose, il sait pas, il a jamais su, il s’est toujours dit que c’était pas à lui de poser la question, parce qu’il pose toujours des questions affûtées comme des flèches et qu’il est bien trop bon viseur pour risquer de manquer sa cible. Il veut pas blesser Asher. Il veut pas toucher Asher, ou pas comme ça, en tout cas, jamais comme ça, jamais avec une lame, jamais avec des questions qui risqueraient de le briser, des interrogations qui risqueraient de le foutre à l’eau. Il se penche vers lui, lorsqu’il s’assoit sur le canapé, comme un aimant attiré, maintenant que la fatigue prend place, maintenant que les émotions se calment. Il se penche vers lui et appuie sa joue contre son épaule, et c’est plus simple comme ça, capte son regard vers ses cicatrices, esquisse un sourire un peu tordu.

Il sait, Asher, évidemment qu’il sait. Il a pas besoin de poser la question. Asher est comme ça, de toute façon, il engrange et il en sait toujours plus que ce qu’il devrait savoir, comme si c’était une malédiction ou une bénédiction, il sait pas bien, il sait pas trop, il sait juste que c’est comme ça. Il a pas su pour la prison, pourtant, et Merle fredonne la chanson qui pense, tout bas, songe aux limites des pouvoirs d’Asher, aux limites de son affection. C’est injuste et il enfonce sa joue contre l’os de son épaule, comme pour se faire mal, comme pour se punir. C’est injuste parce qu’Asher mérite pas, pas du tout, qu’il mérite tout sauf ça. Personne pouvait savoir, personne pouvait deviner. Personne n’a cherché mais est-ce qu’il peut vraiment leur reprocher ? Il sait pas. Sans doute pas. Sans doute qu’Asher passe pas sa vie à regarder son casier judiciaire. Sans doute. La vie d’Asher tourne pas autour de lui, de toute façon, et c’est très bien comme ça, parce qu’il ferait un centre pitoyable, cassé et en larmes, les yeux gonflés et le cœur battant. Il a pas le droit de lui reprocher ses propres manquements. Il a pas le droit de lui reprocher ce qu’il ne pouvait pas savoir. Il ne peut pas s’empêcher de ressentir de la colère, pourtant, les doigts de Frank contre ses hanches et l’amertume dans sa bouche, ne peut pas s’empêcher de penser, tu aurais dû savoir, tu aurais dû me sauver, parce qu’Asher a toujours été là, parce qu’il a toujours essayé de le tirer du caniveau, parce qu’il l’a pas tiré de la fosse dans laquelle il était tombé. Parce qu’il a même pas essayé.

Ça gronde et c’est moche, ça tempête et c’est laid et il déglutit, cale le coussin avec ses coudes, tourne les bras, pour lui montrer. Il pose des questions avec ses yeux qu’il ne pose pas avec sa voix. Merle n’est pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit, pas tout de suite, pas sans risquer de devoir se faire vomir.

« Je veux bien du lait. » Il dit, pourtant, malgré les cicatrices encore gonflées qui tracent les limites de sa vie au creux de ses poignets. Il attrape la main d’Asher, les yeux rivés sur leurs doigts, le force à toucher, à palper, à se rendre compte. Il sait pas s’il fait confiance à sa voix, à ce moment-là, mais il sait que les traits rouges racontent un historique de sa souffrance, quelque chose de palpable et d’atroce et de triste. De terrible et d’épuisé. « J’étais en prison. » Il articule, et ses yeux sont consciencieusement rivés partout sauf sur Asher. « On m’appelait pas Merle, tu te doutes bien. On pensait même pas que j’étais un homme. C’était difficile. » Il passe sous silence le reste, parce qu’il est incapable de lui parler de l'isolement et du fait qu’il n’est plus digne qu’on le touche, de la saleté qui rampe sous sa peau sans qu’il ne puisse plus rien y faire, des heures passées à fixer une porte qui ne s’ouvrait jamais que pour laisser passer son bourreau. Il ne lui raconte pas les prières et cet espoir fragile à chaque fois qu’il entendait des pas, l’espoir que ce soit une visite, n’importe qui, quelqu’un qui viendrait le tirer de là, la déception, à chaque fois, toujours le même son de bottes, toujours la même démarche. Il lui dit pas, parce qu’il sait pas si ses mots seraient assez éloquents, parce qu’il a jamais été doué pour ça. « Y avait un garde qui s’appelait Frank. » Il dit, à la place, mais il a un cimetière dans les yeux et du deuil dans la voix. Y avait ce mec et je l’ai pas crevé et j’aurais dû, parce que ça doit pas être la première ou la dernière fois, parce que c’était trop bien rôdé pour que sa soif de pouvoir n’ait fait qu’une victime. Il ferme les yeux, se racle la gorge. « Je suis désolé, j’ai rien de très joyeux à te raconter. J’ai perdu mon chat. J’ai adopté un lapin. On a vécu sur le même rond-point pendant un temps. Il s’appelle Bob. » Il dort dans son sac, actuellement, alors Merle jette un œil dans cette direction, comme pour s’assurer qu’il ait pas parti foutre le souk et emmerder Dalek et risquer de se faire bouffer.

Lorsqu’il se lève pour se diriger vers le frigo, c’est presque à tâtons, parce qu’il a l’impression d’être jamais venu, de découvrir un nouveau monde, presque. Il sait pas si Asher va mal le prendre, qu’il fouille dans son frigo, supporte pas l’idée de le regarder dans les yeux au moment où il comprendra, au moment où il aura des questions à poser, des interrogations auxquelles il voudra des réponses. Il peut pas. Il sait pas. Il a pas envie de gérer ça. Il devrait en parler. Il devrait lui en parler, parce qu’il sait qu’il va noter, les petites différences, le poids qu’il a perdu, les contacts qui lui donnent envie de mourir et la nourriture qui passe plus bien. Il sait que si quelqu’un remarque ce sera lui, parce qu’il fait attention, parce qu’il fait toujours attention, les yeux scrutateurs et une main tendue. Il se retrouve con, sa brique de lait à la main et aucune idée d’où trouver un verre, alors il pique une tasse dans l’évier, la remplit, lui lance un regard.

« T’en veux ? »

Et c’est un moyen débile de changer la conversation et il a une moustache de lait et les yeux un peu trop rouge et le sourire un peu trop maladroit.

« J’avais peur en revenant que tu sois... » Il déglutit, s’humecte les lèvres, hésite. « Plus là. »

Et la phrase a beaucoup trop de sens pour pouvoir les compter.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 11:36

Il y a une part d’injustice, un soupçon d’ingratitude dans l’attitude de Merle, dans le fait de se coller à lui pour ne pas vraiment avoir à le regarder dans les yeux, dans son évocation du lait qui fait remonter trop de souvenirs, bizarre à quel point une boisson peut être si importante, bizarre comme la madeleine de Proust a un goût écœurant lorsqu’elle est gobée de cette façon. Il aimerait lui dire qu’il est désolé, qu’il aurait aimé essayer davantage, ne pas se contenter de l’email envoyé le soir de sa tentative de suicide, des quelques messages qui avaient suivi à sa sortie de l’hôpital, quand Merle avait joué les oiseaux moqueurs, quand il s’était envolé pour ne jamais réapparaître. Il aurait dû se douter que quelque chose avait mal tourné, que ce n’était pas dans les plans, qu’il n’aurait jamais prévu de partir sans l’en informer mais ça ne paraissait pas si stupide à l’époque, y avait eu trop de choses pour gangréner leur relation, pour ternir leur destin commun, trop de grains de sable dans les rouages et la machinerie avait fini par faire un boucan assourdissant, rendant impossible toute tentative de la réparer. Il l’avait laissée en l’état, Asher, avait posé son téléphone, avait cessé de prendre des nouvelles, de demander comment il allait, ce qu’il faisait, persuadé qu’il devait avoir une bonne raison pour ne pas lui répondre. Loin de croire qu’il s’agissait en réalité de la prison, le mot est lâché, tremblant entre les lèvres du gamin, prison ça peut rien signifier de bon, parce qu’Asher sait qui est Merle, parce qu’il a vu ses papiers une seule fois mais qu’il a parfaitement retenu, Camille, le petit F pas si loin, les rires gras des collègues qui avaient vu la carte d’identité avant lui, qui pensaient qu’à le déshabiller pour voir ce qu’il avait dans le pantalon. Evidemment, il n’avait pas été envoyé dans une prison pour hommes, c’aurait été trop simple, trop évident, pas forcément si facile parce qu’il n’aurait jamais pu totalement se fondre à la masse, pisser debout, mais sûrement plus évident que de se faire rappeler à chaque instant son sexe biologique, et s’il y a bien quelqu’un qui peut comprendre ça c’est lui, parce qu’il avait grandi assommé par les histoires de la grande guerre, parce que ses parents étaient venus d’Europe et que ses grands-parents avaient fui les nazis à leur époque, une autre époque, pas si lointaine. C’est douloureux de lire le braille de ses cicatrices, insoutenable, comme s’il faisait clignoter un signe en néons qui lui dirait t’as pas été là, t’as pas été là et regarde ce qu’il m’est arrivé, ça saute affreusement aux yeux, aux doigts, aux narines, c’est ça l’odeur qu’il flaire depuis tout à l’heure, la sueur et le sang et la peur, quasiment la même qu’au fight club sauf que là-bas, ils choisissent de faire tout ça, de s’prendre des coups de couteau, de mettre leur vie sur un fil. Merle n’a rien choisi, Merle a été envoyé dans une prison pour femmes et a subi l’enfer et c’est la faute d’Asher, entièrement sa faute, sa faute parce qu’il l’a trop couvé pendant des mois, des années, parce qu’il a pris soin de ne jamais laisser ses collègues le choper, parce qu’il a toujours été là pour rattraper ses conneries mais qu’il a manqué une fois à l’appel et qu’ça a donné ça. Ça, la prison, les veines écorchées, ça et ce mec qu’il appelle Frank, la voix trop évocatrice lorsque le prénom est craché, il lui a dit quoi, il lui a fait quoi ? Il préfère ne pas savoir si Merle n’en parle pas, fermer les yeux comme le lâche qu’il est trop souvent, parce qu’il devine, parce qu’il sait ce que les mecs lambdas font aux personnes vulnérables, parce qu’il est un mec lui-même et qu’il est conscient du monde dans lequel ils sont élevés, à prendre tout ce qui les entoure comme si c’était à eux, à réquisitionner chaque minuscule atome, même les corps, même les âmes, sans se préoccuper des humains qui y sont attachés. Et les mots qui suivent ne font pas de sens, ne s’entendent presque pas par-dessus les battements sourds de son cœur, parce qu’il sait que Merle essaie de changer de sujet et que ça doit signifier qu’il ne veut pas en parler, pas davantage.

Il le regarde s’éloigner en direction de la cuisine et il n’a pas la force de bouger, cloué au canapé, les confessions d’il y a quelques instants encore trop présentes dans sa tête, martelées, jouées en répétition, prison, garde, Frank, il a parlé d’un lapin après, non ? Il a parlé d’un lapin et y a sa tête qui a dévié vers le sac de l’entrée, et Asher trouve enfin la force de se lever pour ouvrir doucement la fermeture éclair et attraper le rongeur entre ses mains tremblantes. Y a Dalek qui l’observe, a un léger mouvement de recul, la dernière fois qu’il a vu un lapin, il lui a mordu le nez, la cicatrice se voit toujours. « J’avais une amie, elle avait un lapin elle aussi », il souffle, plus pour lui que pour Merle, elle s’appelait Minnie et elle avait un trop grand sourire, des trop grands yeux, une trop grande bouche quand il s’agissait de lui dire des choses qu’il ne voulait pas entendre. Encore quelque chose qu’il avait foutu en l’air, connement, y avait fallu qu’il aille se paumer dans les bras de Caïn, de Toad, alors qu’y avait quelqu’un qui voulait de lui et dont il voulait aussi, faut vraiment être le dernier des imbéciles. Mais c’est lui, c’est tout lui, ne pas accepter ce qui pourrait le rendre heureux et prendre tout ce qui le détruit, tout ce qui le rend encore plus aérien, cadavérique, qui creuse des trous dans ses joues, sous ses yeux, tout ce qui peut l’empêcher d’être heureux, d’envisager un futur plus doux, plus tranquille. C’est lui, comme s’il devait porter sa croix, être un genre de Christ des temps modernes, souffrir pour mieux survivre ou ce genre de connerie. C’est bête, stupide, il aurait bien besoin d’un peu de bonheur, d’un peu de légèreté, de quelqu’un à côté de qui se réveiller sans se demander s’il sera toujours là demain. C’est peut-être pour ça qu’il s’accroche si férocement aux petites choses qui le rendent heureux, Dalek et Beethoven et Sympathy for the Devil et le lait. « Oui », lâché presque comme une supplique quand Merle lui demande s’il en veut, il s’est rassis dans le canapé et caresse doucement le lapin derrière les oreilles, se penche un peu pour laisser ses moustaches lui chatouiller le visage, les yeux à moitié fermés, parfaitement conscient des mots que vient de prononcer Merle en retour et de leur sens réel. Il ne sait pas ce qu’il devrait dire, s’il devrait s’excuser, parce qu’il pense toujours à se tuer, aujourd’hui plus que jamais, parce que l’idée n’a jamais quitté un coin de sa tête mais qu’elle est d’autant plus présente maintenant qu’y a plus Toad, qu’y a plus Caïn, qu’y a plus grand-chose pour lui maintenir la tête hors de l’eau. « Je vais bien », il se contente de répondre, la même litanie qu’il sert à chaque personne qui lui demande, qui pue le mensonge à dix kilomètres, je vais bien comme il dirait j’ai fait des pâtes, et les yeux qui se relèvent vers Merle. Le petit sourire. Un grand acteur, pour sûr. « Je prends des médicaments, tu sais. » Il ne sait pas s’il devrait lui parler de sa vie, lui raconter tout ce qu’il a manqué, tout ce qu’il aurait déjà dû lui narrer dans sa voiture de fonction, au détour d’une rue, tout ce qu’ils ont loupé ensemble et qu’ils doivent désormais rattraper. Il ne sait pas s’il devrait, parce que les dernières confessions de Merle ont un écho trop grave, parce qu’il sait que ça n’a rien à voir avec la prison, avec les violences qui lui ont été infligées, parce que c’est des cacahuètes à côté, c’est risible, insignifiant, mais il se dit qu’il a peut-être envie de savoir, alors il attend qu’il soit revenu à côté de lui et il déballe, sans le regarder, les yeux fixés sur le lapin qui s’accroche à son t-shirt. « J’suis sorti avec un pasteur. Sauf que pour lui, on n’était pas ensemble. Et j’ai découvert plus tard que c’était parce qu’il était marié mais qu’il avait jamais divorcé. » Gestes mécaniques, empressés de mettre la pagaille dans la fourrure du rongeur. Gestes nerveux, et Merle le connait suffisamment pour le voir, pour le sentir. « Ah, et son mari était l’un de mes potes. Donc je l’ai quitté. » Je l’ai quitté, pas on a rompu, il veut pas rejeter la faute sur Toad alors que c’est lui qui ne s’est pas battu, lui qui s’est incliné, lui qui a cédé sa place. Ça semble plutôt simple, dit comme ça, mais y a tout ce qu’Asher ne prononce pas, tout ce qu’il n’admet pas à voix haute parce qu’il a eu suffisamment de mal à le faire après coup, suffisamment de mal à l’avouer à Toad, à se l’avouer à lui-même. « Et depuis, j’reprends mes médicaments. » C’est suffisamment évocateur, ouais, et il tourne les yeux vers Merle, lui adresse un sourire triste qui veut dire trop de choses, merci d’être là et merci de m’écouter, merci de ne pas remarquer à voix haute que j’ressemble à rien, que j’ai des cernes gigantesques, des joues creuses, que j’suis pâle comme un linge, que j’ai l’air de plus vraiment tenir debout, merci de ne pas juger, de ne pas dire que ça ne vaut pas le coup, que j’devrais pas me mettre dans cet état pour ça. « J’suis content que tu sois là. » Un murmure, le regard trop insistant, j’suis content parce que t’es tout ce qu’il me reste, il l’a jamais pensé si fort.
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 16:44

Il y a plus de mots dans leur silence que dans leur discussion, plus de choses qui passent et qui se transmettent, plus de choses qu’ils savent mais qu’ils ne se diront pas. Il a sa tasse dans la main lorsqu’il suit Asher des yeux, lorsqu’il le voit se pencher, attraper la bestiole. Il a un sourire sur le visage, lorsqu’il observe Bob ne pas moufter. Ça devrait pas l’étonner qu’Asher ait pigé. Il devrait plus être étonné, maintenant. Ça devrait pas l’affecter, non plus, mais c’est apaisant, quelque part, et il appuie sa tête contre le mur, l’observe faire un moment. Il le connaît. Il le connaît bien, trop bien, les petits gestes et les mimiques, les expressions qui passent et qui s’envolent, qui s’accrochent à son visage et qui tordent ses traits. C’est familier et c’est étrange, parce que ça fait dix minutes qu’il est là mais qu’il a l’impression que ça en fait dix, parce qu’il se sent à sa place, réparé, rafistolé, pour une seconde ou pour dix, les yeux rivés sur les doigts d’Asher qui s’enfoncent dans la fourrure du lapin. Il fait pas de commentaire, quand il dit qu’il veut du lait, sourit à peine, gamin, il pense, et il a envie d’entrechoquer son front contre le sien et de le traiter de gosse parce que c’est tout ce qu’il lui souhaite, dans le fond, malgré les médicaments et la corde, malgré les poids et les fers. Il lui choisit une tasse en forme de TARDIS qu’il remplit presque à ras bord, ôte ses chaussures d’un geste du pied, lorsqu’il revient s’installer en tailleurs sur le canapé, les deux tasses posées sagement côte à côte sur la table-basse. Il dit rien, parce qu’il a le cœur qui tambourine dans ses oreilles et que tous les bruits de la pièce sont assourdis, parce que ça le prend en pleine face, d’un coup. Il est à la maison, il est à la maison, avec Asher, qui est vivant et qui est là et qui ne le déteste pas et qui grattouille Bob comme si tout était normal. Il est à la maison et il n’a pas à avoir peur et il n’a pas à se méfier, pas à montrer les dents, pas à serrer les poings, il est à la maison, assis en tailleurs sur le canapé, deux tasses pleines de lait sur la table et la conversation qui file entre les mots. Il est à la maison et il se redresse subitement sur les genoux pour prendre Asher dans ses bras, le menton planté dans ses cheveux.

Ça résoudra pas tout. Ça résoudra rien, en fait, mais il est là, cette fois. Il est s’il veut parler de l’ami qu’il évoque au passé, là s’il veut parler des médicaments, là s’il veut parler du pasteur et Merle réprime sa première réaction de lui dire que les pasteurs sont tous des cons. Il sait pas. Il a pas envie de croire ça. Il a envie de croire que y a quelqu’un qui lui redonnera envie de penser que Dieu est autre chose qu’une excuse pour le traiter comme s’il n’était pas humain, autre chose qu’une marche qui permet à ceux qui croient d’écraser les autres. Il veut pas lui dire que tous les pasteurs sont des cons parce qu’il y a quelque chose d’affreusement douloureux dans la voix d’Asher, parce qu’il parle et que ça lui brise le cœur, quelque chose de fracturé et fragmenté, comme une balle qui aurait explosé sous sa peau et l’aurait laissé avec des milliers de bout de métal sous l’épiderme. Il dit rien plutôt que de dire trop, plante un baiser sur son front, se rassoit, trop près de lui, pas assez, il sait pas bien, il sait plus. Il tend la main pour la faufiler entre les bras d’Asher, glisser ses doigts dans les poils de Bob. Ils sont dans la merde, tous les deux. C’est peut-être parce qu’ils se ressemblent, quelque part, en pièces détachés et tout pétés, pas vaillants, pas entiers, pas droits, peut-être que c’est ça, dans le fond, un reflet, un double, quelque chose de diffus mais de palpable. Peut-être que c’est que ça. Merle sait pas. Merle veut pas savoir. Tout est déjà trop compliqué comme ça.

Il réfléchit pas quand il attrape sa main pour la serrer brièvement dans la sienne, la lâche une seconde plus tard pour aller s’avachir contre le dossier du canapé, trop à l’aise, beaucoup trop, les yeux mi-clos et un sourire beaucoup trop doux sur la bouche, parce que les mauvais souvenirs ont foutu le camp, parce qu’on lui accorde une trêve, parce que ça va aller, ça va aller, ça va aller, il le sait.

« J’arrive pas à me dire que ce soit une mauvaise chose que tu prennes tes médocs. » Il pousse sa cuisse du bout du pied, gentiment, comme pour le forcer à pas mal le prendre. Il préfère qu’il le fasse, s’il en a besoin, plutôt que de tout quitter parce qu’il se sent mieux périodiquement et retomber plus bas ensuite. C’est égoïste, quelque part, sûrement. Merle sait pas. « Mais si tu veux que j’aille lui casser les genoux, je ferais une exception dans ma résolution de je deviens sage juste pour toi. »

Il ferait mille autres exceptions, pour lui, mais il ne le dit pas, parce que ça n’a pas d’importance. Il pourrait tuer quelqu’un, sans doute, se faire arrêter à nouveau. Il aurait pas de remords, pas de regrets, parce qu’il le choisirait sans se poser de questions, sans même s’interroger, parce que l’offre est sur la table mais qu’il sait aussi qu’Asher l’aime trop pour la saisir, parce que la possibilité est là mais qu’il y a trop entre eux pour en venir à ça. Il ferme les yeux, essaye d’invoquer l’image de ce mec et de son mari, de tracer la carte de la souffrance d’Asher. Il y arrive pas. Ça marche pas. Il arrive pas à se projeter parce qu’il a jamais vécu ça, parce qu’il tombe amoureux mais qu’il s’en soucie pas, comme si c’était un état normal, quelque chose sur lequel il n’avait pas besoin de mettre de mots, comme si les choses se faisaient sans qu’on ait besoin d’y penser. Ça avait marché, avec Jael, quelque part. Ça avait marché et puis tout avait fini écorné et désossé, enterré.

« Tu as des nouvelles de Jael ? »

Il sait qu’il la connaît. Il sait qu’il peut lui demander, lui faire confiance pour lui dire la vérité, lui faire confiance pour lui dire qu’elle le hait et qu’elle veut plus jamais le revoir, qu’elle est heureuse avec un autre, plus heureuse avec un autre. Peut-être qu’elle embrasse Peadar tous les jours, maintenant, peut-être qu’elle n’a plus besoin de lui, peut-être qu’il s’agit de ça, il sait pas, il sait plus, il est paumé, perdu, il tend le bras pour attraper sa tasse.

« Elle me déteste. »

Il sait pas si ça explique grand-chose mais il sait que ça explique au moins une partie, juste ce qu’il faut pour ne pas finir en larmes à nouveau, pour ne pas recommencer à craquer et à se fendiller. Il peut pas faire ça, parce qu’il est pas là pour être triste, parce que Savannah est devenu sa maison malgré tout, parce qu’il y a Asher, Jael, Otto, River, Lenny, parce qu’il y a Veronica et ses aliens, Caïn et les pattes d’oies qui commencent à se dessiner au coin de ses yeux, parce qu’il y a la glace au citron et les frites et le gâteau et le bruit de la voiture et l’odeur d’encens et le froid du paquet de jambon, parce qu’il y a son téléphone qui vibre dans sa poche et le bruit des émissions débiles à la télé.

« Je suis revenu pour être heureux, tu sais, Asher. » Il relève les yeux, relève la tête. « Je laisserais rien m’arrêter. »

Et il a les yeux fermement plantés dans les siens quand il lui dit ça, comme une invitation, une main tendue, comme une prière silencieuse. Arrête de te terrer dans le noir et arrête de tomber amoureux de toutes les portes que tu peux te prendre, arrête d’inviter des gens dans ta vie qui feront que te saboter le cœur, arrête, arrête, arrête, prends ma main et viens.

On a le monde entier pour arrêter de pleurer.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 18:38

Il est trop près, Merle, trop , indéniablement , fait pour rester, pour sculpter le canapé sur la forme de son postérieur, pour jamais bouger de ce foutu appartement s’il ne le veut pas, il est trop tendre, trop doux lorsqu’il serre Asher contre lui, lorsqu’il lui injecte des pensées sournoises, des je ne mérite pas ça pathogènes, parce que ça fait des mois, des années qu’on lui fait sentir qu’il est de trop, toujours, en amour comme en amitié, le mec qu’on découpe sur les photos parce qu’on ne veut pas le voir, on ne veut pas qu’il soit là, qu’il gâche tout une nouvelle fois. Ça fait trop longtemps qu’il pense cela, qu’il en est convaincu, trop longtemps qu’il estime ne pas être digne d’intérêt, pas suffisamment pour qu’on le câline, qu’on le cajole, qu’on lui donne l’impression qu’il est quelqu’un d’important, quelqu’un de bien. C’est délicieux et c’est terrible, ce que lui donne Merle, l’air qu’il insuffle dans ses poumons juste en le touchant, juste en embrassant son front, l’effroyable sensation de s’être trompé depuis le départ de compter, de vraiment compter, suffisamment pour qu’on veuille le garder près de soi, ne pas rayer de la carte à tout jamais. C’est terrible parce qu’il a le sentiment de ne pas pouvoir être à la hauteur de telles attentes, de ne pas être suffisamment méritant pour qu’on appuie des lèvres sur son front, pour qu’on resserre des bras contre son torse, il est tout juste bon à aligner les plans cul et même ça, il sait pas le faire sans qu’on le prenne pour un con. Pourtant, il ne repousse pas Merle, ça demanderait trop d’efforts, trop d’abnégation, y a une part de lui qui est foutrement égoïste à cet instant précis, un petit bout d’âme qui s’accroche à l’amour que Merle lui envoie en pleine poire, qui veut s’en nourrir jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus, jusqu’à ce qu’il en ait tari la source. Et il prend tout, Asher, il fait pas de tri, même les mots qui sonnent creux comme lorsque Merle lui dit qu’il est content qu’il prenne ses médocs, c’est juste parce qu’il n’a pas vu ce qu’ils faisaient de lui, comme ils le rendaient fébrile, incapable, comme ils transformaient le moindre de ses gestes en épreuve insurmontable. C’est qu’il ne s’en rend pas compte, Merle, il verra s’il reste un peu, quand les nuits se transformeront en éternité dans le sablier, quand il hurlera à trois heures du matin parce qu’il aura encore fait un cauchemar, quand il finira par ne plus fermer l’œil pour ne plus avoir à souffrir, quand le manque de sommeil le rendra irritable, insupportable, comme c’est déjà le cas avec tout le monde sauf lui.

Les menaces envers Toad le font rire un peu, doucement, et il baisse de nouveau les yeux sur la boule de poils qui se tortille sur ses genoux. Y a aucun doute là-dessus, il sait que Merle ferait n’importe quoi pour lui, qu’il retournerait en prison s’il le devait, qu’il mettrait sa vie en danger s’il était question de le sauver, de rallonger son espérance. « Tu l’aimerais, pourtant », il murmure, soudain captivé par la fourrure de Bob. Il l’aimerait parce que Toad fait partie de ces gens qu’on ne peut qu’aimer, même quand on les déteste, y a qu’à voir à quel point lui-même n’a pas réussi à le détester alors qu’il lui a fait endurer les pires choses possibles, alors qu’il la poignardé dans le dos et a minutieusement remué le couteau pour que la plaie ne puisse pas cicatriser, pour qu’il ne reste qu’un trou béant sur lequel il fout encore quelques pincées de sel de temps en temps. « Il est tatoué de partout, totalement gay aussi. Et il passe les Beatles dans son église. » Il le connait, Merle, il sait qu’il n’aurait pas pu se prendre les pieds dans le tapis à ce point pour quelqu’un de trop religieux, quelqu’un de trop éloigné de ses convictions intimes, de ce qu’il pense être juste et intègre. Il sait que s’il a vraiment perdu la tête pour lui, fallait qu’il soit exceptionnel, pas forcément le genre de mec sur qui on se retourne dans la rue mais celui qu’on apprend à connaître et qui prend rapidement toute la place, qui efface les souvenirs de ceux qui sont passés avant pour ne laisser qu’une empreinte radiante, incandescente, en plein là où devrait se trouver son cœur. « J’veux pas qu’tu lui pètes les genoux. » Parce qu’il l’aime encore, il l’aime trop, il l’aime trop fort, il l’aime à ne pas savoir vraiment se décider entre mourir ou survivre, y a comme quelque chose qui lui manquerait s’il venait à fermer les yeux pour toujours et même s’il ne peut pas l’avoir, c’est mieux que rien, savoir qu’il existe dans ce monde, qu’il est vivant à même pas quelques kilomètres de là, savoir qu’il est heureux et qu’il va bien. Soit c’est adulte, soit c’est stupide, au choix.

Et il fallait évidemment que le sujet embraye sur un autre, parce que c’aurait été injuste qu’Asher parle de ses peines de cœur mais pas Merle, injuste parce qu’il savait que Jael viendrait sur leurs lèvres à un moment-donné mais qu’il essayait vainement de retarder l’échéance, la peur au creux du bide. C’est ridicule parce qu’ils ont déjà parlé d’elle ensemble, parce qu’elle n’a jamais été un tabou, ridicule et stupide parce qu’Asher aime Jael et qu’il n’y a pas si longtemps, Jael aimait Asher, alors ça ne devrait pas être si difficile, pas être si sorcier, sauf que ça l’est, que Merle lui pose la question fatidique et qu’il sait que la réponse ne va pas le satisfaire, alors qu’il tend le bras pour attraper son téléphone posé sur la table basse et lui montre le dernier SMS de Jael. « La première fois qu’elle m’écrit en plus de six mois. » Et l’envie de crever, le cœur au fond des godasses, il sait même pas pourquoi ça le touche autant alors que ça ne devrait pas, alors qu’il devrait s’en foutre royalement. Sa petite sœur ne lui a pas écrit depuis trois ans et ça ne l’a pas touché autant, si profondément, avec la même perfidie trop discrète, trop silencieuse. Il sait pas vraiment quoi en penser, quoi en dire, parce qu’il est évident que Jael ne pense plus vraiment à lui et parce qu’elle a raison, mille fois raison. « Elle me déteste aussi, si ça peut te rassurer. » Pourtant, ça ne devrait pas, parce qu’il n’a jamais été amoureux de Jael lui, si ? Il n’a jamais eu le sentiment qu’ils devraient finir ensemble, que leurs destins se croiseraient fatalement à un moment ou à un autre, il n’a jamais été aussi important pour elle que l’a été Merle. C’est injuste, ça aussi, parce qu’il a passé dix ans de sa vie à se faire du soucis pour elle et qu’il n’a pas fini, pas encore, y a trop de choses qui brûlent en lui pour qu’il puisse vraiment les ignorer, trop d’inquiétude sincère et permanente, trop d’angoisse à l’idée qu’on puisse seulement songer à lui faire du mal. C’est écrit et ça fait mal, c’est la vérité la plus absolue, il ferait absolument n’importe quoi pour elle, plus que pour toute autre personne, lui construire un palais, les mains en sang à force de clouer des planches, crever et davantage. Il ferait n’importe quoi et tout ce qu’il a, c’est un vague texto au bout de six mois, et aucune nouvelle depuis. Ça mérite bien un toast, tout ça, et il se saisit de la tasse de lait posée devant lui pour en boire une gorgée, deux, trois, descendre la moitié du récipient. Un gamin, c’est pas faux, encore un point sur lequel Merle l’a parfaitement cerné.

Il ne sait pas à quel moment le lapin est descendu de ses genoux, si c’est avant ou après que Merle a évoqué Jael, après le petit coup de pied sur la cuisse et le sourire vaguement échangé, les yeux un peu trop vitreux, un peu trop absents, les larmes qui ne coulent pas et les têtes trop remplies de rêves, de plans dingues à réaliser ensemble maintenant qu’il est revenu, maintenant qu’il est là, bien là. Il repose son téléphone, Asher, attrape la cigarette qui a presque fini de se consumer dans le cendrier, la porte à sa bouche pour aspirer doucement dessus. Il fume trop, on lui a déjà dit, beaucoup trop, de plus en plus, on c’est pas n’importe qui, on c’est le médecin, quelque chose qui le rassure davantage au fil des jours qui passent, si c’est pas l’amour qui le tuera ça sera le cancer, l’un ou l’autre ça sera toujours ça de pris. « J’ferai tout pour que tu sois heureux », drôle de chose à dire après avoir pensé si fort à sa mort sûrement imminente, aux cachets qu’il prendra si la maladie ne l’abat pas avant. Il veut lui faire avaler ses couleuvres et il pense y arriver, aussi bien que possible, pas certain que Merle ne trouvera pas encore quelque chose à redire à tout cela mais il s’y risque, sottement, il s’y risque parce qu’il vaut mieux lire dans ses yeux un bonheur illusoire qu’une tristesse permanente. « Tu devrais vivre chez moi. » Il a pas réfléchi, pas vraiment, il sort ça comme s’il lui demandait l’heure, comme si ce n’était pas vraiment important alors qu’il s’agit de partager une partie de son intimité avec quelqu’un et qu’Asher est beaucoup trop solitaire pour vraiment vouloir ça. Mais les mots sont sortis maintenant et il refuse de les reprendre, de les enlever, ça ferait du mal à Merle et ça ne servirait à rien. Il aimerait vivre avec lui, ouais, il sait pas vraiment pourquoi, pourtant. Prendre soin de lui, avoir quelqu’un avec qui parler. Y a de la sollicitude mais aussi beaucoup d’égoïsme, dans sa requête, un bout de m’laisse pas seul qui fait office de chantage, et ses grands yeux brillants pour appuyer la requête. « On n’est pas obligé d’coucher ensemble hein, tu dormirais sur le canapé, c’est juste que (il tire longuement sur sa cigarette, aspire la fumée de côté pour éviter de l’intoxiquer) ça me ferait plaisir. Si tu le veux toi aussi. » Et ses grands iris noirs qui scrutent la moindre réaction, le silence qui se fait assourdissant, Merle qui prend trop de place dans son cœur, dans son âme, au creux de son bide, comme avant tout ça, avant la prison, avant le suicide, avant l’horreur. Redevenir heureux et le faire ensemble, c’est peut-être pas l’idée la plus sotte qui soit.
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyLun 8 Jan - 23:26

Y a tout qui se bouscule dans sa tête, tout qui se percute, se répercute, tourbillonne, la voix d’Asher et le téléphone qu’on tend et les informations sur son pasteur, tout qui fait une boucle. Il écoute, absorbe tout, hoche de la tête parce que c’est vrai, ce que dit Asher, qu’il aimerait sans doute son pasteur parce qu’il doute qu’il puisse détester quelqu’un qu’Asher a choisi d’aimer, hoche de la tête encore une fois pour lui dire okay, qu’il lui pétera pas les genoux et qu’il lui pétera sans doute rien du tout, hoche de la tête parce que ça lui évite de parler, parce que ça laisse la proposition sur la table, parce que ça laisse la possibilité, le et si, le je me jetterais au feu si tu le demandes. Il laisse tout ça là, parce qu’il sait que c’est entre de bonnes mains, parce qu’il sait qu’Asher en aura peut-être besoin un jour, demain ou dans dix ans ou dans vingt et qu’il sera là pour lui tendre la main. C’est une certitude étrange, dans le fond, parce que ça implique de rester en vie assez longtemps, parce que ça implique qu’il reste en vie assez longtemps. C’est une certitude étrange parce qu’ils ont tous les deux trop flirté avec la mort pour pouvoir être sûr d’être en vie, passé trop près du vide pour ne pas avoir chuté un peu. Il sait, Merle, pourtant. Il sait qu’il sera là, dans dix ans ou dans trente, une tasse à moitié pleine de lait dans la main et un fou rire dans la gorge, dans cet appartement ou ailleurs, peu importe où Asher veut aller, peut importe si c’est un autre pays ou l’autre bout des États-Unis. Il sera là, il sera là, il sera là, il sera en vie et il hoche de la tête, une troisième fois, alors que ses yeux décodent le message de Jael, les mots tout frêles qui recouvrent l’écran et qui empoisonnent la vie. Il aurait aimé que les choses soient différentes, que ce soit Jael qui dorment sur le canapé d’Asher et pas un inconnu qui squatte son lit et qui s’en va, que ce soit Asher qui serre la main de Jael pour l’empêcher de pleurer. Il aurait aimé qu’ils ne soient pas seuls. Il aurait voulu qu’ils ne soient pas perdu. Il aurait aimé être là et c’est la culpabilité qui revient au galop et qui l’enlace, qui entrave sa gorge et voile ses yeux. Il aimerait dire quelque chose qui compte à ce moment-là, quelque chose de vrai, quelque chose de profond, mais il a jamais été doué pour ça et Asher lui coupe l’herbe sous le pied de toute façon.

Il a envie de lui dire non. Il a envie de lui dire non et c’est instinctif et c’est spontané. Il a envie de lui dire non parce qu’il a pas envie de venir gangrener son intérieur, il a envie de lui dire non parce qu’il a pas envie qu’il regrette, pas envie qu’il le déteste, parce qu’il se sent comme un fruit pourri qui contamine le reste du panier, comme un cadeau empoisonné. Il a envie de lui dire non et il déglutit, les yeux rivés sur ses genoux, d’un coup, pris de court. Il a envie de dire non, une fois, deux fois, trois fois, envie de fuir parce que la dernière fois qu’on l’a invité à vivre sous un toit c’était Peadar, parce que la dernière fois qu’il a pensé pouvoir se poser c’était dans l’appartement bondé des Lost Boys, entre deux matelas jetés au sol, entre tous ces gamins endormis. Il a envie de dire non et puis il colle ses pieds contre les cuisses d’Asher parce qu’il a froid et colle son front contre son épaule pour éviter qu’il ne le regarde de trop près. Il a envie de dire non, évidemment, à quoi il pense, Asher, est-ce qu’il a perdu l’esprit, est-ce qu’il tourne plus rond, pourquoi il pense qu’il mérite un endroit où dormir, pourquoi est-ce qu’il pense qu’il mérite ça, pourquoi est-ce qu’il imagine qu’il a fait quoi que ce soit pour avoir le droit de recevoir un endroit où il pourra dormir sur autre chose que sur une chaise.

« Okay. » il répond pourtant et sa voix lui fait défaut. Okay. Oui, okay. Ça lui échappe comme toujours quand il dit la vérité, ça se pète la gueule de ses lèvres mais c’est vrai, plus vrai que la terreur, plus vrai que le besoin de se priver, plus vrai que la réaction animale de fuir. Oui, évidemment, qu’il veut. Oui, évidemment, qu’il a envie. Oui, bien sûr, et y a douze mille matins qui s’étalent sous ses paupières, les pieds qui traînent sur le sol et Dalek sur les talons, Bob qui machouille un bout de salade dans un coin et les manches trop longues d’un pull qui lui retombent sous les mains, le soleil à travers les rideaux et l’odeur du jus d’orange, le sac de pâtisserie qu’il balance à la tronche d’Asher qui dort encore et la musique qui résonne dans l’appartement. Il a mille futurs dans la tête et tout qui s’entrechoque et il rit, pour la première fois depuis longtemps, quelque chose de fort et de sincère, qui fait briller ses yeux et qui l’agite tout entier, quelque chose qui le pousse à s’écarter, un peu, pas trop, quelque chose comme du défi dans les yeux, lorsqu’il ajoute : « C’est une proposition, Bloomberg ? » parce que la phrase est trop mal tournée et l’occasion trop belle, parce qu’il savoure le fait de pouvoir enfin prononcer son nom sans peur et sans crainte, sans son fantôme sous la rétine, parce qu’il se sent un peu plus lui à ce moment-là que depuis très longtemps. Il sait que c’en est pas une, qu’Asher a des maladresses plein la bouche, mais il savoure une seconde le fait de pouvoir rire, le fait de pouvoir plaisanter, les yeux un peu trop brillants et un début de rouge sur les joues alors que ses yeux traînent jusqu’à son sac. « Y a toutes mes affaires dans ce sac, tu sais. Enfin je peux revenir demain, si tu préfères mais sinon on peut se dire que je reste là et que je bouge plus. »

Il est précautionneux, quelque part, parce qu’il fréquente des sables mouvants et des territoires inconnus, précautionneux parce qu’il a peur qu’Asher se rétracte, peur de la chute après être monté si haut. Il tend la main vers lui, pourtant, comme pour sceller un pacte, un serment, une promesse, quelque chose qui n’a pas besoin d’être vocalisé, parce que Merle ferait tout pour rendre Asher heureux, lui aussi, et qu’il sait qu’Asher le sait, et qu’il sait que ça crève les yeux, que personne a pu le manquer, que personne a pu rater ça.

« Y a un film débile à la télé, ce soir, si tu veux. »

Et il y a quelque chose de timide et de plein d’espoir dans ses yeux, la proposition de douzaines d’autres soirées passées à ses côtés.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyMar 9 Jan - 1:14

C’est suspendu dans l’air, la proposition soufflée sur un bout de canapé, si ça se trouve ils en parleront encore dans trente piges s’ils se connaissent toujours, les cheveux grisonnants, la voix tremblotante, tu t’souviens du jour où tu m’as dit de rester pour de bon ? C’qu’ils étaient cons, c’qu’ils sont cons, à ne pas vouloir dire trop de choses, à tester les limites de ce qui serait supportables, être amis, être davantage, ne pas l’admettre, jamais. Okay, ça fend l’air, ça le transperce, parce qu’il n’a pas moyen de savoir si Merle plaisante ou s’il est sérieux vu qu’il a appuyé son front contre son épaule, vu qu’il a caché son visage du mieux possible pour qu’il ne puisse rien y lire. C’est fourbe, c’est mesquin, ça tourne un peu trop vite dans sa tête, peut-être que c’est stupide d’avoir dit ça, peut-être qu’il ne vient pas vraiment d’accepter, est-ce qu’il aurait pu dire okay de façon totalement sarcastique ? « Vraiment ? » Il peut pas s’empêcher de le demander à voix haute parce qu’une part de lui n’y croit pas, parce qu’il a l’impression que ça serait si bien, trop bien, que ça serait au-dessus de tout ce à quoi il peut prétendre, un ami près de lui tout le temps, quelqu’un qui ne le lâchera pas, quelqu’un qui ne s’enfuira pas dès que ça devient trop compliqué, dès qu’il commence à être un peu trop lui et pas suffisamment ce qu’on attend de lui. Et y a Merle qui rit et il se dit que c’est foutu, qu’il plaisantait, bien sûr qu’il plaisantait, il sait pas pourquoi il a pensé qu’il pouvait le prendre au sérieux avec ses airs d’adultes et ses grandes paroles qui ne veulent rien dire, ils sont pas fiancés, y a pas de raison pour qu’ils vivent sous le même toit. A part s’il était du genre de Peadar, mais là il penser que Merle n’aurait même pas plaisanté, qu’il aurait formellement refusé, un non impératif qui n’appelle pas à l’interprétation, et ça tambourine contre son cœur, dans son crâne, putain pourquoi tu ris, j’ai dit quoi, j’ai fait quoi, et l’explication qui sort d’elle-même au bout de quelques secondes. Il s’était même pas aperçu des mots qu’il avait utilisés parce qu’il est naturellement comme ça, Asher, parce qu’être le roi du malaise et des phrases à double-sens est un genre de super pouvoir qu’il possède depuis bien trop longtemps, et il se surprend à rougir bêtement, à balbutier, « je, tu, quoi ? » Sa main qui rattrape brusquement la tasse de lait histoire de se donner une contenance, le liquide porté à ses lèvres pour apaiser le feu de son âme, comme on fait avec les piments. Et le récipient qui claque de nouveau contre la table. « La ferme. » Quand y a plus rien à dire, reste plus qu’à lui demander de se taire, de ravaler ses idées stupides qui sont pas stupides que ça, et ils le savent tous les deux. Mais là c’est l’ego qui est touché, l’orgueil, et Asher est un petit animal qui se vexe très vite, quand ça le prend. Sauf que Merle enchaîne les mots et que cette fois, il sait quoi répondre. « Tu bouges plus, non. » Tu bouges plus et t’as pas intérêt à t’faire renvoyer en prison, ou j’viendrai t’y chercher par la peau du cul.

C’est drôle parce que c’est normal, c’est pas incongru, Merle qui se marre contre Asher, et lui qui passe machinalement un bras derrière ses épaules, l’attire un peu plus contre lui. Ça pourrait être bien, ça, tous les jours, eux deux et plus rien d’autre au monde, le reste de l’univers pourrait bien s’écrouler tant qu’ils ont leur canapé et leurs deux bestioles. Ça pourrait être bien parce que c’est confortable, parce que Merle est la seule et unique personne au monde qui lui donne l’impression de pouvoir être totalement lui-même, de ne pas avoir besoin d’enfiler un masque, le flic, le bourgeois, le mélomane, toutes ces idioties qu’il fait gober même à ses plus proches amis, Merle est le seul à le voir comme il est, vraiment comme il est, avec une multitude de défauts mais tout autant de qualités, le cœur trop honnête et les mots trop vrais, les promesses qu’il ne tiendra pas et celles qui sont inscrites dans du marbre. « Mouais », il souffle à l’évocation des plans pour la soirée, mouais comme si c’était une idée moyenne, peut mieux faire, ils auraient trente-six mille choses à rattraper avant de mater un banal film de série B à la télé. Ils pourraient sortir, se balader le long de la rivière, aller acheter des churros à la fête foraine sur Tybee et les manger en regardant les étoiles, ils pourraient regarder les vitrines des magasins fermés et essayer d’imaginer ce qu’ils pourraient bien acheter avec l’argent qu’Asher a à outrance maintenant. Ça serait terrible, il lui ferait des tas de cadeaux, ne demanderait jamais rien en retour, le sourire de Merle serait sa seule récompense et ça serait beau, aussi beau que quand son rire s’envole pour aller frapper le plafond. « Ou on peut s’faire une virée en voiture et revenir au milieu de la nuit. » C’est sorti tout haut, il n’a pas réfléchi, mais c’est parfait, vraiment parfait, c’est exactement ce qu’il veut, là où il veut, avec la seule personne qu’il souhaite à ses côtés en ce moment. Et y a son corps qui se presse contre celui de Merle, sa main libre qui attrape l’une de ses mains, ça sonne tellement, tellement juste qu’il aurait l’impression d’entendre des chants lyriques, ça bouscule toutes ses convictions, toutes ses certitudes, ça lui laisse une énorme boule de feu au creux du cœur, comme si chaque chose était désormais à sa place, comme s’ils ne pouvaient plus craindre que le monde ne les dévore.
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MessageSujet: Re: tell the world i'm coming home (merlasher)   tell the world i'm coming home (merlasher) EmptyMar 9 Jan - 2:40

Vraiment demande Asher et les yeux de Merle s’allument. C’est la joie, c’est l’affection, c’est le plaisir. Vraiment, demande Asher et Merle pourrait l’embrasser parce que ça envoie des feux d’artifices au creux de son estomac. Vraiment et y a comme de l’espoir dans sa voix, quelque chose d’épais et de palpable, quelque chose qui envoie des arcs électriques dans ses muscles, parce qu’il sent qu’il a envie de l’avoir là, parce qu’il sent qu’il a sa place, qu’il a trouvé un endroit où il peut se fondre, un endroit où il peut exister, un endroit auquel il appartient. Ça le submerge et ça étire un sourire beaucoup trop large sur son visage, et il dévore des yeux Asher lorsqu’il bredouille, lorsqu’il lui intime de plus bouger, lorsqu’il lui offre la possibilité d’avoir un endroit où dormir, où revenir, où se reconstruire. Vraiment, a dit Asher et Merle a une tempête dans le bide, un ouragan dans le crâne, vraiment et qu’il est con, parce que la seule réponse est évidemment et qu’ils savent tous les deux que Merle a pas besoin de la donner. Évidemment, qu’il est sérieux, évidemment qu’il veut prendre toute la place qu’Asher veut bien lui offrir, évidemment qu’il veut rester et plus jamais bouger et il songe, une seconde, qu’il va devoir acheter une cage à Bob à l’occasion, parce qu’il ne peut pas le laisser ronger tous les câbles électriques. C’est la pensée qui allume les braises, celle qui fait tout flamber. Il a un toit. Il a des choses à acheter. Il a des choses à posséder et ça lui fait un nœud dans l’estomac, quelque chose de brûlant et de confortable, quelque chose qui doit s’approcher à un trop plein de joie ou à une ivresse passagère et il agite ses orteils, toujours confortablement coincés sous la jambe d’Asher, hoche la tête aussi fort qu’il le peut, les yeux bien trop brillants pour qu’il ne soit pas humides. Il a jamais su qu’il pouvait pleurer de joie. Il a jamais su que y avait des larmes qui sont pas tristes, des larmes d’autres choses, des larmes qui racontent une autre histoire et il serre sa main lorsqu’elle se faufile dans la sienne, presse leur paume, cale sa respiration sur le rythme de son cœur, sourit de plus belle.

« T’es un putain de gosse, tu sais, hein. » Et y a toute l’adoration du monde dans sa voix. T’es un gosse, hein, Asher, malgré la vie cette pute, malgré le reste, putain, t’es un gosse et Merle aurait pas dû te placer sur piédestal, aurait pas dû te donner une armure et t’envoyer combattre des démons. Bien sûr qu’il aurait pas dû. T’es un gosse et t’es humain, putain, Asher, avec tes yeux trop grands et ton cœur qui tambourine et Merle est con, parce que ça le frappe que maintenant, leurs mains liées et la promesse d’une nuit d’aventure dans la voix. Il parle de virée et ça crépite sous sa peau. Il parle de milieu de la nuit et ça allume quelque chose de familier, quelque chose qui lui rappelle l’odeur de l’essence et le cuir de sa voiture préférée et l’adrénaline aux feux rouges et le vent dans ses cheveux à mille à l’heure sur l’autoroute. Il lui parle de virée et merde, Merle s’est rangé, mais il y a un fantôme incontrôlable dans ses veines et c’est peut-être lui qui sourit à sa place à ce moment-là. « J’ai envie d’une glace. » Il lui souffle, et c’est le milieu de l’hiver alors ils en trouveront sans doute pas mais il a la galaxie dans les yeux à ce moment-là, alors qu’il passe ses doigts entre ceux d’Asher, machinalement et puis pour le tirer un peu, comme un gosse qui prépare un mauvais coup, des fossettes sur les joues. Dis oui, dis oui, dis oui, il a l’air de supplier, dis oui, dis oui, dis oui. « J’ai besoin d’une cage pour Bob, d’ailleurs, tu penses que tu pourrais me prêter un petit bout d’une pièce ? » Il se redresse, à genoux sur le canapé, scanne la pièce pour trouver un coin de libre. « Sinon je laisserais Bob au magasin où je bosse mais il serait triste je crois. »

Merle aussi, parce qu’il a pris l’habitude de le trimballer dans la poche de son sweat, pris l’habitude de glisser la main dedans pour se rassurer quand les choses sont trop dures, trop compliquées, trop angoissantes. Il le dit pas, ça, parce que ça entacherait le moment, parce qu’il a pas envie de faire bouger une nouvelle fois l’ambiance, parce que ça explose encore dans sa tête et qu’il a les yeux rivés sur la fenêtre et l’envie de sortir qui pulse et murmure doucement sous la peau.

« Tu m’emmènes où, du coup ? » Et il colle un petit coup d’épaules à Asher. « C’est la première fois que je vais monter en voiture avec toi sans m’être fait arrêter avant, tu te rends compte ? Ça se fête ! »

Y a pas que ça qui se fête, et Merle tord le cou pour le regarder, lui adresse un nouveau sourire, moins large, moins grand, plus précieux, peut-être, plus sincère. C’est un sourire tout bête, qui dit merci d’être là, merci de m’offrir une place dans ta vie, merci d’agripper ma main, merci de m’embarquer, merci d’avoir envie d’être heureux avec moi. Merci, c’est tout, et Merle saute sur ses pieds, la main d’Asher toujours fermement dans la sienne pour l’entraîner avec lui.

Merci.
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