banana-split on me ▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun ▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
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| Sujet: (père fouettard) super-pouvoir. Mar 12 Déc - 16:27 | |
| Je soupire, m'étire, les yeux qui ne s'ouvrent pas, encore engourdis par le sommeil ; bercé par le parfum d'Eanna. Sourire léger au coin des lèvres, je me tourne pour lui faire face, le lit est vide. Elle ne doit pas être debout depuis longtemps, pourtant sa place est froide. Glacée, même. Ça me tire de mon état second, mon regard qui se pose sur le néant blanc des draps esseulés. Mais je me redresse vite, alors que l'odeur de vanille d'Eanna est vite surpassée par celle du sirop d'érable qu'on déverse sur des pancakes. Je retrouve le sourire et bondis du lit, enfile juste un bas de survêtement et sors de la chambre en trombe. Le spectacle que je trouve dans ce qui nous sert de salon est rassurant. Ils sont tous là. Max qui comate sur le canapé, Ailish allongée sur lui qui fixe les clips à la télé. Samih qui bug près de la fenêtre, clope qui se consume entre les doigts. Eanna et Daire dans la cuisine, qui se chamaillent, parce qu'Eanna n'arrête pas de mettre ses doigts dans la pâte crue. Je me marre et m'approche d'elles, volant un pancake tout juste cuit au passage. — Merchiiii ! Que je balance la bouche pleine, sourire de gosse vissé sur les lèvres. Pas de réponse. Je lève les yeux au ciel, vexé d'être ignoré si superbement. Pancake en main, je continue de le manger salement tout en venant m'installer bruyamment en face de Samih. Je me laisse lourdement tomber sur la chaise près de lui et je lance. — Hey, redescend mec, la vraie vie c'est ici ! Je rigole doucement, j'le taquine gentiment. Pas de réponse. — Oh ! Ça devient chiant là. Mais ses orbites ne quittent pas la vitre et ça commence à me faire vriller cette indifférence. Je tourne la tête vers Max et Ailish et les interpelle de loin, agacé. — C'est quoi son problème encore ? Il bug ou il m'fait la gueule ? Pas de réponse. J'vois rouge, mon sang qui ne fait qu'un tour et je me lève brusquement. — C'est pas drôle putain ! Vous êtes pas drôles ! Mais rien ne se passe. Aucun regard lancé dans ma direction, pas de rires, ni même de soupirs. Juste un silence qui me fait frissonner. Ça pulse contre mes tempes, le cœur qui panique. Je tape du pied, je gueule, je gesticule, je balance même le cendrier en verre contre la télé. Ça pète de tous les côtés. Pourtant, Ailish garde son regard vissé sur la télé ; qui s'est pourtant ramassée sur le sol. — J'VOUS DÉTESTE ! Je hurle et quitte l'appartement en courant, ravagé par cette blague de mauvais goût. Les marches qui défilent sous mes pieds et j'ai l'impression que c'est mon palpitant que je piétine à chaque foulée. Souffle court, poumons en feu, je me précipite dans la rue et je cogne la première voiture que je trouve. Je cogne, encore et encore, mais personne ne s'arrête. Personne ne se retourne. Personne ne me regarde. Je finis par m'arrêter, perplexe. Je m'approche d'un passant, au hasard. — Hey, fils de pute ? Le mec me passe devant, sans réagir. Je me mets alors à courir à droite, à gauche, à attraper tous les gens qui passent. — Hey ! HEY ? HEY ! Mais ma voix se perd dans un silence assourdissant, jusqu'à se heurter à un mur d'indifférence. — Non, non, non ! Je passe devant la vitrine d'un magasin et y a un truc qui me frappe. Je me fige et lui fait face. Y a pas mon reflet. Je m'approche et pose mes mains dessus et constate avec stupeur que la vitre m'ignore aussi. Je n'y suis pas. Pourtant, je vois dessus tous les gens qui défilent dans mon dos. Je vois l'immeuble d'en face qui se reflète dedans, le soleil, les voitures, le ciel. Y a tout, il ne manque rien. Juste moi. La panique qui me gangrène, je serre les poings et me mets à frapper la vitre, comme si elle était responsable. — J'SUIS OU ? J'SUIS OU PUTAIN ? Je me retourne, haletant, et recommence à héler tout ceux que je croise. — REGARDE MOI ! REGARDE MOI PUTAIN ! REGARDEZ MOI ! Je tourne en rond, divague, m'égosille, le cœur au bord des lèvres, la peur qui crame au fond des yeux. — Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi ! Que je répète inlassablement, la voix qui tremble, qui déraille. J'ai l'impression d'avoir le tournis, l'impression que la terre tourne subitement trop vite. J'ai envie de vomir et je peine à tenir debout. Y a ce silence qui fait craquer mes tympans, mes mains qui se posent sur ma tête et qui serrent, serrent, serrent, comme pour l'empêcher d'exploser. — Regardez-moi, pitié.. REGARDEZ-MOI ! Je perds patience, cède à la peur et je me mets à casser toutes les vitres que je croise. Putain de vitres qui refusent de me laisser exister. Et je voudrais crever les yeux du monde entier, pour leur donner une bonne raison de ne pas me voir. Et je hurle, jusqu'à en perdre la voix, jusqu'à ce que ça fasse mal. Je continue le massacre, jusqu'à ne plus avoir la moindre énergie. J'ai retourné toute la rue et personne n'a rien vu. Je finis par me laisser glisser au sol, épuisé. J'ai envie de chialer, et y a cette douleur qui me nécrose de l'intérieur. Je me sens comme un innocent condamné à perpétuité. L'injustice qui me noue la gorge, la solitude terrifiante qui me retourne les tripes. — Regardez-moi... Que je conclue finalement, comme une supplique adressée à un dieu qui n'existe pas ; que personne n'entendra. Je veux juste qu'on m'aime putain, j'veux juste qu'on m'aime. |
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