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 étais-tu chips ou bien comète ? (tito)

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MessageSujet: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyLun 4 Déc - 14:10

Si y a une chose qu’Eoin déteste, c’est les grandes chaînes de restauration. Il supporte pas Pizza Hut, grogne devant Macdo, a envie de cogner quelque chose quand il passe devant un Burger King. C’est pas qu’il a quelque chose contre la malbouffe – même si son estomac apprécie pas nécessairement – c’est juste qu’il sait pertinemment qu’en foutant les pieds là-dedans, il courbe l’échine devant le monstre Capitalisme qu’il essaye tant bien que mal d’éviter le reste du temps. Sauf qu’il est actuellement dans un KFC et qu’il essaye de se dire que sa raison est une bonne raison. C’est pas le cas, pas vraiment, il est presque l’heure de la fermeture en plus, et c’est pas la première fois qu’il fait ça. Il peut même pas avoir le réconfort de se dire que c’est une erreur qui se reproduira pas parce qu’il sait qu’il fera exactement la même chose vendredi prochain, quand y aura plus rien dans le frigo et qu’il aura pas pu manger avant d’aller bosser et qu’il crèvera la dalle et qu’il faudra trouver un truc ouvert aussi tard – indice : y a pas beaucoup d’enseignes qui soient ouvertes à cette heure-là et qui soit pas un truc tenu par des pourris.

C’est pas une excuse, pas vraiment, sauf que c’est comme ça qu’il se justifie, parce que c’est hypocrite, un peu beaucoup, mais qu’il a faim et qu’il a pas le temps de penser aux mensonges qu’il se raconte pour se donner bonne conscience. Pas cette fois. Y a pas un rat, quand il pousse la porte, et au bruit qui provient des cuisines, il grimace parce qu’il sait que ça fait sans doute un moment que les gens qui bossent là espèrent fermer et que surprise, il débarque comme un putain de lapin d’un chapeau de magicien affamé. Il a même pas de quoi laisser un pourboire, en plus, et il palpe ses poches à la recherche de son dernier billet de dix dollars. C’est toujours comme ça, en fin de semaine, il retourne toutes ses poches et fouille sous les coussins du canapé, tente tant bien que mal de pas se contenter d’un bout de pain avec du beurre de cacahuète quand il sait qu’il va vadrouiller une bonne partie de la nuit.

« Bonsoir. » Il balance, à la ronde, parce que ça lui coûte rien d’être poli et que son ventre fait le bruit d’un tremblement de terre niveau dix sur l’échelle de Richter. Il jette un coup d’œil à sa montre, pour évaluer à quel point il faudra qu’il pédale vite et relève les yeux lorsqu’il entend un vrai bruit d’être humain provenir de derrière le comptoir. « Je sais qu’il est tard mais je voulais passer commande. »

Aka je sais que je suis un enfoiré mais please gimme food, parce qu’il a moyen envie de tomber dans les pommes sur le chemin et encore moins envie de manger autre chose que du poulet, maintenant qu’il a pénétré dans cet endroit maudit et senti les odeurs qui se dégagent de la cuisine. Il déteste les fast food, il l’a déjà précisé ? Eh ben c’est pour ça, précisément, parce que l’odeur lui retourne l’estomac et lui donne beaucoup trop faim et qu’il sait qu’il a sans doute presque les pupilles dilatées alors que c’est que de la bouffe, bordel de merde. De la bouffe qu’il mange toutes les semaines, en plus, c’est même pas l’effet de surprise qui provoque ça, paye les réactions chimiques de son corps, putain de bordel de merde.

« Je vais prendre des tenders et puis du maïs avec un ice tea, s’il vous plaît. » Il est précautionneux, parce qu’il sait que sa présence ne tient qu’à un fil et qu’il est prêt à sacrifier ce qui lui reste de dignité – et ça ne fait pas grand-chose, on est d’accord – pour pouvoir repartir avec sa bouffe. Le mec a pas l’air spécialement ravi ou même avenant et il se dit qu’il a vraiment pas de chance de tomber sur un type qui a pas l’habitude de le voir débarquer à des heures innommables pour bouffer du poulet parce qu’il rentre trop tard pour trouver une supérette d’ouverte. Il fait une pause, recompte sa monnaie dans sa tête, hésite. « Et, mh, vous pouvez me rajouter des frites ? »

Il a très faim, okay, et son estomac refait un bruit qui a l’air de provenir d’un film d’horreur particulièrement mauvais probablement sorti directement en cassette. Il se frotte les mains, dans l’espoir de les réchauffer, fini par les plonger dans ses poches et croiser le regard du caissier.
S’il sourit, il va pas se faire assassiner, hein ?
Hein ?
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Tito Ochoa

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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptySam 9 Déc - 20:56

« Dizz. » Il déteste qu’on l’appelle Dizz. « Mon gosse est malade. » Il déteste les gosses. « Alors tu t’occupes de la fermeture avec Michael, d’accord ? » Il déteste les fermetures. Il sait pas ce qu’ils ont, ses collègues, épidémie de grippe espagnole, paraît, deux absents et zéro remplaçant, parce qu’il est malade aussi. Faut croire que le seul con à pas avoir chopé une merde, c’est lui, le seul hispanique, comme c’est ironique. Et Michael, le nouveau, qui a passé la soirée à faire des bourdes alors qu’ils étaient clairement pas assez pour faire tourner les caisses et les fourneaux, les clients qui gueulaient, les gamins qui braillaient après leur poulet de synthèse, il en aurait bien étranglé un ou deux, même si y’avait la séparation d’la cuisine entre lui et les autres. Depuis qu’il a explosé une des caisses enregistreuses par terre et qu’il l’a piétinée jusqu’à bien niquer tout c’qu’il y avait à niquer. Il sait pas trop comment il a gardé son job après ça, une histoire de quota et la crainte qu’il se casse sans rembourser, sûrement. Ça le fait chier de bosser pour payer une putain de machine, mais il faut bien pour qu’il puisse enfin s’acheter les toms Tama de ses rêves. Il dit rien à la manager qui se casse, se contente de grogner parce que ça l’emmerde de s’retrouver avec le gros naze qui tente désespérément de taper la discute, et de marmonner un puta entre ses dents une fois qu’elle a poussé la porte. Il reste exactement quinze minutes avant de pouvoir tout éteindre officiellement. Y’a déjà plus grand-chose qui chauffe parce que les gens préfèrent bouffer sur le marché de Noël, en ce moment, c’est la saison qui veut ça. Il déteste Noël aussi, évidemment. En effectif réduit, ça devrait tourner à plein régime, il devrait pas avoir le temps de penser, pas le temps d’écouter les hurlements dans sa caboche, et Michael devrait pas avoir le temps d’ouvrir sa grande gueule pour lui demander s’il a des passions dans la vie. Grmpf, c’est sa réponse, mais Michael embraye sur sa vie, tu sais, mon job ici c’est temporaire j’ai des projets d’avenir, moi, je veux voyager, aller en Thaïlande et. TA-TAKATA-TA-TAKATA-TA-TA-TA-TAKATA-TA-TAKATA-TAKATA-TAKATA-TAKATA-TA. Les couteaux de cuisine qui heurtent en alternance le plan de travail métallique, c’est pas du tout piano comme sur l’album de son abuela, mais il s’en fout, il fait un double forte, triple forte, quadruple forte, augmente la nuance jusqu’à c’qu’il n’entende plus Michael qui a viré livide et que ça se taise dans son crâne. S’il s’écoute, les deux couteaux vont se planter dans les orbites de l’autre. Il a pas envie de d’voir nettoyer.

Il lâche les ustensiles par terre quand il voit la porte s’ouvrir du coin de l’œil, hausse un sourcil vers l’abruti qui bouge pas son cul. Bonsoir. Il traîne les pieds jusqu’à la caisse vu que le bleu semble faire une crise de timidité aiguë. Grmpf, qu’il répond au blanc-bec qui se dresse derrière le comptoir, poche sous les yeux – mange un peu plus de lentilles, lui aurait dit abuelita – et l’air de vouloir froisser personne. Tito, il aurait voulu être un chanteur pour pouvoir crier qui il est et surtout cracher sa bile à la face des débiles qui rappliquent dix minutes avant la fermeture avec la bouche en cœur. Il aurait probablement été chanteur de screamo. Pourtant, il ferme sa gueule, tape ce que le type lui dicte sur l’écran tactile de merde qu’il se retient de défoncer à chaque fois qu’il doit s’y prendre à deux fois. Il veut pas devoir en rembourser une autre. Pense aux toms Tama, Tito. « Ice tea de mierda. » Qu’il marmonne, les ongles de sa main libre qui tapote sur le plastique mécaniquement, ta-takata-ta-takata-ta-ta. Regard noir quand le client hésite et commande des frites en plus alors qu’il vient d’appuyer sur valider. Ne pas s’énerver, ne pas s’énerver. Sinon, il espère qu’il est véhiculé, parce qu’il pourra plus marcher après qu’il lui ait pété les deux jambes pour avoir osé se pointer à cette heure-là. « Ouais. Dix dollars nonante-huit. » Il encaisse, retourne en cuisine où Michael semble essayer de rallumer la friteuse. « Nan mais t’emmerde pas. » Il attrape une des boîtes de tenders invendues qui refroidissent là depuis une heure, flanque un fond de maïs dans le mauvais carton et surmonte le tout des frites. Surgelées. Il revient, pose l’ensemble au fond d’un sac en papier avant d’y ajouter l’Ice Tea. Sans le couvercle. « Voilà. » Les vendeurs de KFC vous servent avec le sourire (ou pas).
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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyMar 12 Déc - 15:25

Eoin est pas un mec chiant quand il sait qu’il emmerde le monde. Non, vraiment. Il est poli quand il croise des employés, il replie les vêtements qu’il froisse dans les magasins et s’arrange toujours pour laisser un pourboire quand il a de quoi. C’est pas le consommateur chiant, en général, c’est même pas un consommateur, souvent, parce qu’il fait de son mieux pour acheter que le strict minimum et que ses fringues ont été portés par d’autres avant lui, par ses frangins ou par les mecs qui les ont filé aux boutiques de seconde main qu’il fréquente. C’est le genre qui tourne les talons, quand il sait qu’il est en tort, qui argumente pas, qui cherche pas plus loin, parce qu’il sait que les mecs se tapent des gens qui s’énervent pour rien toute la journée et qu’il a pas envie d’en rajouter une couche. En théorie, en tout cas, parce que quand il regarde le caissier qui remplit son sac, il a un peu envie de criser. Il a bien entendu que le type désapprouvait l’ice tea et mec, il a envie de lui dire, à chacun son truc, il a pas envie de débattre, mais que le type lui colle des trucs pourris dans sa poche alors qu’il aurait pu juste lui dire que c’était fermé, il encaisse pas. Pas question qu’il raque pour des frites surgelées et un truc dont il sait pas depuis combien de temps il a été mis en boite, hors de question qu’il lui colle de la thune dans la main parce que vraiment, c’est du foutage de gueule, et qu’il a pas demandé ça. On plaisante pas avec la bouffe chez les Taggart. On plaisante avec beaucoup de choses mais pas avec ce qui se mange parce qu’on a trop souvent manqué.

« Tu te fous de ma gueule. » Il lance. Et c’est même pas une question, c’est une affirmation. Le mec se moque de lui et il serre les dents pour éviter d’être insultant. Il a pas envie d’être lourd, putain, c’est l’opposé de ce dont il a envie, mais y a un moment où il atteint ses limites, un moment où il a pas envie de bouffer ce truc dégueu et de payer pour. Il a pas envie de se disputer, pas envie d’arriver en retard, mais y a tout son corps qui s’insurge et il est hors de question qu’il se laisse marcher dessus juste parce que le mec a pas l’air d’avoir envie de faire cuire de la bouffe. Il aurait accepté un non, il aurait fait la gueule mais il serait parti sans faire d’histoire. Il peut pas accepter un oui suivi d’un gros plat de merde, par contre, parce que c’est délirant comme façon de faire et qu’il est hors de question qu’il laisse ça passer. Merde, il a que vingt balles et pas assez de marge pour pouvoir en claquer dix dans quelque chose de tout pourri. « Je paye pas pour ça. » Il râle, et il a les sourcils froncés et aucune conscience du danger. Il sait pas que Tito pourrait sans doute lui arracher la tête avant même qu’il s’en rende compte, se doute même pas qu’il joue avec le feu. Ce qu’il sait, c’est qu’il paye pas pour ça et que le mec peut se brosser pour avoir un pourboire parce que merde, putain. « T’as rêvé, mec, je pars pas en vélo avec ton plat à la con, c’est pas ce que j’ai demandé, je sais même pas si c’est comestible, sa mère la pute. »

Et peut-être que le caissier en a rien à carrer mais Tag peut pas se permettre d’être malade s’il veut pouvoir survivre une journée de plus. Il peut pas se permettre de rater une journée de travail non plus et il croise les bras, buté et borné, le regard rivé sur le type et l’air déterminé à pas bouger parce que ça le fait chier, putain, de se retrouver dans cette situation là. Il a pas signé pour ça, putain, et ça finit toujours par tourner à l’aigre ces trucs à la con. Heureusement qu’il est doué pour être un connard, peut-être, pour être acide et mesquin et franchement pas sympa, heureusement qu’il a la foi, ce soir-là, quand il se penche par-dessus le comptoir pour attraper un couvercle pour son ice tea, adresse un regard noir au caissier qui l’empêche d’obtenir de la bouffe consommable.

« Je pars pas tant que j’ai pas un truc mangeable, mec. »

Et il est plus que capable de camper là, quitte à arriver un peu en retard au musée.
D’un geste sec, il colle le couvercle sur le gobelet en carton.
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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyMar 19 Déc - 16:02

Le mec s’énerve. Bien, comme ça il viendra plus. Un emmerdeur en moins au KFC. Merci Tito. Tito qui le regarde d’un air vide, dénué d’expression et silencieux à l’extrême. Tito qui le regarde pas vraiment, en fait, comme s’il pouvait voir à travers lui, même regard que celui d’un bœuf qui part à l’abattoir : il sait pas où il va, y’a rien, dans ses yeux, même pas une lueur d’intelligence ou de compréhension la plus basique, rien, mine éteinte, fermée. Y’a juste ses ongles qui témoignent que y’a encore de la vie à l’intérieur, le takata entêtant contre le comptoir, le takata qui explose contre les parois de son crâne. Il pourrait se laisser guider par son instinct, faire comprendre à l’autre qu’il aurait mieux fait d’aller s’acheter des marrons chauds sur le marché de Noël comme tout le monde. Il suffirait d’un geste, imprévisible, comme l’est toujours sa rage, une main qui se cale dans la nuque de la nuisance sur pattes et le nez fracassé sur le bloc de plastique effet bois qui les sépare. Il mérite de mourir, non ? Puisqu’il est entré dix minutes avant la fermeture ? C’est une raison valable de commettre un meurtre, non ? Non ? Les jurés vont pas trouver qu’ce sont des circonstances atténuantes ? Il pense que si, Tito, il pense qu’il a toutes les raisons du monde de péter la gueule de ce petit con, parce qu’en plus il l’a sûrement déjà fait, il le sent à la tactique qu’il a déployée, la politesse de façade, les mots prononcés pour pas froisser. Pas de chance, ça le froisse, lui, ça libère une colère sourde dans sa poitrine et s’il a tenté de faire passer le message gentiment – oh bien sûr, il aurait pu simplement l’envoyer chier, mais alors il aurait récidivé avec le collègue suivant assez sympa pour le servir, tandis que là, il s’en souviendra, et il mettra plus jamais les pieds ici – à présent il l’imagine aisément pisser le sang sur tout le visage.

Toms Tama. Pense aux toms Tama, Tito.

Il peut pas perdre son boulot, pas juste avant les fêtes, même si Alice et Rhoan s’en taperaient s’ils recevaient pas de cadeaux, il avait prévu d’en renvoyer un peu à Abuelita, pour qu’on lui coupe pas le chauffage comme l’année dernière. Plus de boulot, pas de toms Tama. Il éclate trop de trucs en concert pour que ça rapporte quoi qu’ce soit. C’est la dèche. Il respire trop fort, de longues inspirations, et il a l’impression d’avoir les oreilles bouchées, c’est une marée houleuse dans sa tête, un début de tempête qui se mue pas tout à fait en ouragan. Y’a ses prunelles qui rejoignent celles du client, pour de vrai, cette fois, billes noires qui prennent le contact brutalement, la surprise d’un sourire de débile sur ses lèvres, c’est presque du hijacking. « Comme dit mon abuela, va pas au fast-food si tu veux des trucs mangeables, mec. » Le sourire qui s’efface aussi vite qu’il n’est apparu, les doigts qui tapent machinalement sur la caisse enregistreuse pour clôturer les comptes de la journée. « Une minute, j’arrive », qu’il lance au client, toute trace de feinte camaraderie envolée. Il retire sa casquette, son tablier et se dirige vers les vestiaires à l’arrière. « Michael. » Le nouveau est toujours dans son coin, figé sur place, à croire qu’il a été pris dans la glace, y’aurait qu’à ajouter des guirlandes autour de lui et il ferait un magnifique sapin de Noël. « MICHAEL. » Et il sursaute, le suit comme un petit chien quand il lui fait signe de se ramener. Tito troque l’uniforme contre ses vêtements habituels et fout Michael dehors par la porte de service avant de retourner dans la partie restaurant, de passer devant le type sans lui adresser un regard, comme s’il l’avait oublié, éteint la lumière, sort du KFC et ferme à clé. Comme à chaque fois qu’il a fini le travail, il s’allume une cigarette, pour fumer tranquille devant la porte vitrée.
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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyMar 9 Jan - 16:19

Sé-rieux. Songe Eoin en regardant le mec gesticuler derrière son comptoir. Il sait que c’est un sale con, c’est déjà établi de toute façon. C’est un putain de branleur doublé d’un gros connard et s’il devait pas aller taffer après il lui aurait sans doute pourri la vie. Il sait pas qui est Michael, mais il a pas l’air mieux, de toute façon, parce qu’il se fait appeler et qu’il suit comme un chien et qu’Eoin est sûr et certain de pas l’apprécier. Tous des crevures, fais chier, il aurait pas pu tomber sur la nana qui sourit quand il la drague un peu ? Ça rend les trucs tellement plus faciles, en général, son numéro griffonné sur un poignet et un sms de temps en temps, garder assez de distance pour la conserver en haleine mais pas suffisamment pour qu’elle pense à chercher un type qui s’intéressera réellement à elle. C’est mathématiques et il croise les bras, s’empêche de demander à ce type de bouffer sa maxime à la con parce qu’il a autre chose à foutre, putain. Il lui fait un doigt, pour la forme, quand il s’éloigne avec son collègue, s’apprête à attraper son sac pour se casser quand il entend la porte se fermer, quand il aperçoit les deux gus de l’autre côté de la vitrine. Okay. Il inspire, expire, soupire, les jointures blanches et les mâchoires crispées.

Okay et il se demande à quoi s’attend ce connard, s’il pense qu’il va rester là, la bouche en cœur, s’il suppose qu’il va laisser passer ça sans moufter, s’il pense que ça va vraiment se passer comme ça. Il sait pas qui il a en face. Il sait pas du tout, même, et Eoin a les yeux rivés sur le vélo qu’il a garé de l’autre côté de la rue. Un, deux, trois, il calcule le temps qu’il va mettre à l’enfourcher, calcule les probabilités pour que la police soit à proximité, calcule le temps qu’il va mettre à être hors de la zone d’impact. Ça peut se faire. Il sait que c’est possible. Il l’a déjà fait, plusieurs fois, quand il a balancé une poubelle dans un magasin de fringues beaucoup trop chères ou quand il a taggué la vitrine d’une galerie d’art qui ne sert qu’à privatiser le marché des idées. Il l’a déjà fait et lorsqu’il éclate la vitre avec une chaise, il ne ressent même pas l’adrénaline qu’il a l’habitude de ressentir, même lorsqu’il émerge hors du magasin, même lorsqu’il atterrit à côté du bâtard de caissier, les yeux qui lancent des éclairs au milieu des éclats de verre qu’accroche le lampadaire.

« Je sais pas ce que tu croyais, mec. » Et il bouillonne et il crépite, les yeux plissés. Il est détestable, haïssable et il s’en cogne, des estafilades le long de ses bras et les mains qui tremblent. « Mais tu peux aller te faire foutre, connard. »

Il devrait se dépêcher, mais il veut pas que l’autre pense qu’il a peur, veut pas lui laisser imaginer qu’il a gagné. Il court pas vers son vélo, il marche. Ses gestes ne sont pas empressés, ils sont précis, mécaniques, et il enjambe sa selle, observe le cadavre de la chaise explosée au sol.

« Si les flics te choppent là, tu vas te faire embarquer. » Il lui balance, quand même, et il y a une amère satisfaction dans sa voix, quelque chose d’horrible parce que ça va à l’encontre de ce en quoi il croit, parce qu’il sait qu’il vaut ni plus ni moins que le membre le plus lambda de l’électorat de Trump quand il est comme ça. « J’sais pas si tu t’es vu, mais les mecs avec ta dégaine font pas long feu quand ils radinent. »

Et c’est mesquin, terriblement mesquin, petit et lâche, parce qu’il suffit d’une pression sur la pédale pour pouvoir se casser et qu’il le sait, parce qu’il le défie du regard, parce qu’il a rien à perdre.

Y a des sirènes qui sonnent au loin et il esquisse un sourire malveillant.
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Tito Ochoa

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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyJeu 25 Jan - 17:16

Il prend sa dose de nicotine, recrache la fumée, ça prend pas longtemps avant que l’autre con explose la vitrine avec une de ces chaises beaucoup trop lourdes qu’y’a dans les fastfoods, à croire que les gérants ont peur qu’on les vole. Il admire le spectacle, depuis son coin de mur, sans broncher, sans gueuler, sans bouger, il aime le bruit du verre qui se brise et des débris qui tintent contre le tarmac, y’a une nouvelle symphonie pour percussions qui démarrent dans son crâne, Ravel en-dessous comme la litanie perpétuelle de son existence, les takatak qui s’enchaînent à ses oreilles. Il a besoin de jouer, besoin de sentir ses baguettes entre ses doigts et de taper sur sa batterie, mais il a rien de tout ça sous la main. Alors il se contentera de taper sur ce connard. Ça fera l’affaire, encore mieux depuis qu’il a lancé quelques remarques racistes, du genre qu’il se prend tous les soirs parce qu’il fait pas bon d’être latino et black dans le Sud des Etats-Unis, suffit d’regarder le demeuré en charge du pays pour savoir ça, le nombre de fois qu’on lui a lâché qu’il ferait mieux de retourner de son côté de la frontière, derrière le super mur qu’on construit – on leur a jamais dit qu’les murs ça s’escalade ? Peut-être que les gringos sont trop débiles pour savoir ça, hein. Et lui qui leur offre ses plus beaux doigts d’honneur en leur rappelant qu’il est portoricain et donc citoyen américain autant qu’eux, putain d’enfoirés intolérants. Il y a eu droit, aux fouilles gratuites en pleine rue, parce qu’entre le blanc-bec et le mec un peu trop mat de peau, on sait toujours sur qui vont flasher les flics, faut croire que l’accent espagnol et le teint foncé, ça a un charme de malade. Il écrase sa clope sous son pied, avec un peu trop d’insistance, les yeux plantés en plein dans ceux de l’autre type, pour bien lui faire comprendre qu’il va pas pouvoir s’enfuir comme ça, avec son p’tit vélo, mais il se prend pour Lance Armstrong, le gars ? Il espère pour lui qu’il est dopé comme le champion, parce que s’il le rattrape, c’est de piqûres de morphine dont il aura besoin. « Hey, cabrón », il l’interpelle alors que le mec enfourche son vélo, l’index qu’il pointe vers la caméra de surveillance à l’angle du bâtiment, pointée parfaitement sur la vitre cassée. « J’sais que les poulets sont bigleux, mais j’crois pas qu’ils vont croire que j’me suis roulé dans la boue pour m’innocenter. » Il sait qu’il se fera probablement virer pour avoir enfermé quelqu’un dans le KFC, mais c’est pas lui le responsable des dégâts matériels. Rien à foutre du job, ça fait longtemps qu’il aurait dû démissionner. Il trouvera bien un autre moyen pour se payer ses toms hors de prix. Pour l’instant, carpe diem, il va juste massacrer ce mec. « J’espère que tu pédales vite. » Y’a pas de sourire, pas de satisfaction ou de menace dans sa voix, juste une constatation dénuée de toute émotion alors qu’il sort ses clés de sa poche et retire l’antivol, réalise qu’il a oublié son casque dans le vestiaire du KFC, mais c’est pas trop sa priorité, là, il en a rien à foutre. Il veut seulement sentir ses phalanges craquer contre la mâchoire de ce malparido.  
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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyMar 6 Mar - 5:22

Ding, ding, ding, ça tinte dans sa tête, ça résonne, même, et il a juste envie de botter le cul à la mauvaise idée qui lui a traversé le crâne. Ding, ding, ding, il va peut-être crever là, maintenant, tout de suite et le pire c’est que ce serait un peu de sa faute, parce qu’il aurait pu fermer sa gueule et aller bosser mais qu’il a décidé de pas se laisser faire par le serveur connard fini du KFC. Quelle mort pourrie, il pense, et il pédale plus vite. Il se demande s’il devrait envoyer un sms à Mihail pour lui dire que lol, c’est pas ses idéaux qui vont le tuer finalement, se rattrape à temps lorsqu’il entend le bruit du moteur derrière sa bécane. Il va mourir, il va mourir, il va mourir. Il a un peu peur, clairement, mais pas de se faire buter. Mourir, ça a l’avantage d’être définitif, survivre à un massacre en bonne et due règle ça l’est beaucoup moins. Parti comme c’est, y a peu de chances qu’il survive entier, en réalité, c’est ça qui l’inquiète un peu. Ça risque plus de finir avec un de ses yeux sur le pavé et plusieurs de ses doigts sectionnés, peut-être un trou dans le bide pour la bonne mesure. Il sait pas trop, en réalité, mais le mec est un forcené, visiblement, et ça lui donne un peu envie de se jeter à la flotte plutôt que de se laisser rattraper. Non pas que la flotte soit propre mais il préfère risquer de se voir pousser un bras en plus que de se retrouver avec un bras en moins – et c’est clairement ce qui risque d’arriver.

Enfin peut-être, parce que pour une fois les flics vont lui être utile et la voiture dans laquelle il se jette presque lui semble être du pain béni. Ouuuups, pas de bol, y a le moteur de la moto qui se rapproche et peut-être qui se stoppe, il sait pas trop, les mecs sont occupés à le menotter parce qu’il a fait exprès de résister un peu, pour leur donner une raison de l’embarquer. C’est pas forcément la meilleure solution, pas forcément une solution tout court, mais il a le culot de lancer, un peu trop fort, un peu trop haut, peut-être pour narguer le mec, peut-être pour lui foutre les nerfs, peut-être pour lui éviter de se faire arrêter lui aussi, même s’il l’admettra jamais.

« J’avoue, j’aaaavoue. » Il se pavane, répond à une question qu’on lui a pas posé, de toute façon, comme le type l'a dit, y a sa gueule sur la vidéo de sécurité. « J’ai balancé une chaise dans la vitre du KFC, pas besoin de me saouler. Heureusement que leur employé me pourchassait, hein, c’est pas vous qui aurait pu m’arrêter. »

Ouch, il songe, lorsqu’une des menottes entaille sa chair, ouch fois mille, même, et il grimace. Il tire sur la corde, il en est conscient, mais bon il faut bien ça s’il veut espérer s’en sortir vivant et merde, oui, il compte s’en sortir vivant. Il a trop de trucs à faire, trop de cours auxquels assister, trop de combats à mener, pas de temps pour ces conneries, pas de temps pour rendre l’âme et lorsqu’on le balance dans la caisse, il pousse un soupir de soulagement, se laisse glisser, adossé contre le dossier. Les mecs sont cools, en plus, ils prennent même la peine d’embarquer son vélo. « P’têt qu’il l’a volé » a dit l’un et il fait rien pour démentir alors même qu’il peut prouver que le truc lui appartient. Ca lui évitera de repartir à pieds, après tout. Ça lui évitera de se le faire tirer, aussi, il suppose qu’il l’aurait abandonné là si le doute avait pas plané.

Putain de soirée, quoi.
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Tito Ochoa

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MessageSujet: Re: étais-tu chips ou bien comète ? (tito)   étais-tu chips ou bien comète ? (tito) EmptyDim 25 Mar - 23:31

Le mec a pris un peu d’avance, mais à moteur contre pédales, il pourra pas lui échapper, c’est pour ça qu’il prend son temps, Tito, il s’installe sur sa bécane, fait rugir la bête un peu trop fort, juste pour faire comprendre à l’autre qu’il a signé son arrêt de mort. Il se délecte d’avance du sang qui va couler, la langue qui passe sur ses lèvres juste avant de démarrer, pas de casque, tant pis, ça lui fait pas peur de crever. Qu’est-ce qu’il s’en fout, après tout, à cet instant, tout c’qui compte pour lui c’est de faire sa fête à ce type, c’est d’évacuer la rage qui bouillonne dans ses veines, et le vacarme d’enfer qui résonne à ses oreilles. Il met pas longtemps à se retrouver quelques mètres derrière lui. Il met pas longtemps à être juste derrière lui, et sa main qui se tend dans le vide pour attraper son col, le rate quand il se rend compte qu’il en a besoin pour pas se prendre la bagnole de flics de plein fouet. Dérapage contrôlé, il se fait même pas mal, même pas de frayeur, seulement de la rancœur envers le mec qui joue les coupables pour se faire embarquer. Il respire bruyamment, les mâchoires qui se tendent, les yeux qui se plissent, et les doigts qui se resserrent contre son guidon pour atténuer les tremblements qui les agitent. Comme un camé en manque, il a envie de sa dose de violence, et les poulets viennent de se foutre dans son chemin. Il sait pas ce qu’il croit, l’autre, mais il est pas à une arrestation près, et puis un des policiers finit par poser son regard sur lui après avoir réagi trop volontiers aux provocations du bastardo du KFC. « Hey, il est où ton casque, gamin ? » Tito répond rien, les yeux rivés sur lui en descendant de sa moto. Il sait qu’il aura pas grand-chose à faire, il sait qu’de toute façon les forces de l’ordre de Savannah adorent arrêter les mecs un peu trop mats de peau. « Hey ! T’es sourd ou quoi ? » Il se rapproche, même pas doucement, il a plutôt tout du rapace qui fond sur sa proie quand son poing s’enfonce dans la joue du flic, la tempête trop puissante qui engloutit son sens commun déjà pas trop développé, l’envie de se défouler, si pas sur le client chiant, n’importe qui fera l’affaire, rien que la douleur qui irradie ses phalanges lui fait plaisir. Ils finissent par se rappeler qu’ils ont des réflexes et par lui pointer un taser sous le nez, les menottes qui se glissent à ses poignets sans qu’il résiste vraiment, trop heureux de se retrouver dans la voiture en compagnie du gars qui mérite réellement son poing dans la gueule. « Faut croire qu’on a gagné une nuit romantique pour deux. » Clin d’œil appuyé, sans sourire, sans sarcasme dans le ton. Juste ce regard noir pour lui faire savoir qu’il en a pas fini avec lui.
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