il y a d’abord la lumière et puis l’obscurité. il y a le plein et puis le vide. il y a le bruit et puis le silence. il y a tout et puis plus rien. seulement le néant. la pesanteur a disparue, la douleur s’est tue. plus rien à ressentir, plus rien à souffrir. plus rien à supporter, plus rien pour lequel agoniser. c’est vivant et mort. limpide et obscure. c’est chaud et froid. insensible et pénible. puis ça revient tout doucement. les visages du passé qui se superposent au présent. les fantômes d’un autre monde qui reviennent hanter la réalité. hier encore ils n’étaient plus mais, soudainement, ils se laisseraient presque frôler du bout des doigts comme si, quelque part ils étaient encore là. comme si, finalement, ils n'avaient jamais été ailleurs.  

ça y est, le cauchemar s’est enfin terminé ?

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nora, 05:05 pm
tu fais quoi ?

nora, 06:14 pm
allez rep, j'veux que tu rentres à la maison

nash, 06:20 pm
rentrer ?

nora, 06:20 pm
oui rentrer
nora, 06:21 pm
qu'est ce que t'as ?

nash, 06:21 pm
vtf

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— tu viens nash ?
— maman ?
— oui, qui veux tu que ce soit d’autre ?
— le vide…
— quoi ?
— rien.
— allez viens…
— pourquoi ?
— parce que je veux que tu viennes.
— t’en as eu quelque chose à foutre de ce que je voulais moi ? t’en as eu quelque chose à foutre de moi quand tu t’es barré ? est-ce que tu penses à moi là où t’es ? est-ce que t’imagines juste une seconde tout ce que t’as provoqué ? est-ce que t’as au moins conscience de ce que t’as fait ?
— nash..
— ta gueule. t'es rien, t'existe pas, t'as jamais existé pour moi ok ? barre toi comme tu le fais si bien. casse toi putain ! CASSE TOI !

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harold, 10:34 am
nasq ???

nash, 10:34 am
tu veux quoi ?

harold, 10:34 am
tt’ed ou ?

nash, 10:35 am
qu’est ce tu veux ?

harold, 10:35 am
jaibsoin d argdnt
harold, 10:48 am
pa becoup
harold, 10:48 am
promiiu

nash, 10:48 am
pour faire quoi ?

harold, 10:48 am
de truv qu t’a pa bsin dr savoir mn filds

nash, 10:48 am
si j’ai pas besoin de savoir alors t’as pas besoin de mon fric, papa

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— nash…
— je veux pas savoir.
— tu crois que tu pourras me pardonner un jour ?
— jamais.
— pourquoi ?
— parce que faudrait que je me pardonne à moi d’abord.
— qu’est-ce que t’attends pour le faire ?
— t’as raison mais je sais pas.
— c’est ça ton problème, tu sais jamais rien nash. t’as jamais rien compris… non, toi tu subis, t’attend que ça passe. t’attend encore et encore un truc qui n’arrivera jamais.
— tais-toi.
— non. quand je me tais, ça te va pas non plus alors je le ferais plus.
— tais-toi jill, vraiment…
— tu vois, tu continus… tu fais le sourd, tu fais l’aveugle, tu fuis. assume nash, au moins une fois dans ta vie.
— assumer quoi ?
— que ce n'est pas ta faute, que ça ne changera jamais.

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lula, 00:00 am
tu veilleras sur lui pour moi ?

nash, 00:00 am
c’étais à toi de le faire.

lula, 00:00 am
j’ai pas pu nash…

nash, 00:00 am
t’avais pas le droit de l’abandonner lula, t’avais pas le droit de crever, tu comprends ? fallait que tu restes toi, juste toi putain. c’était trop compliqué ?

lula, 00:00 am
je suis désolée.

nash, 00:00 am
ouais moi aussi. je suis désolé pour lui, je suis désolé pour toi. je suis désolé parce que vous méritiez pas ça. je suis désolé parce que si même à vous on a interdit ça, alors ça n’en vaut plus la peine pour personne.

lula, 00:00 am
si.

nash, 00:00 am
non.

lula, 00:00 am
si.

nash, 00:00 am
arrête.

lula, 00:00 am
si, parce que toi t’es encore là pour lui, parce qu’il est encore là pour toi.

nash, 00:00 am
tu sais pas de quoi tu parles.

lula, 00:00 am
ensemble vous y arriverez, t’entends nash ? n’abandonnez jamais.

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ça tourne en boucle dans la tête. ça revient, ça repart. inlassable disque inusable.
ils sont bien là pourtant, comme tu l’as tant souhaité. comme tu l’as si souvent désiré.
juste là, tout près de toi comme il aurait fallu qu’ils le soient.
alors pourquoi tu souffres ? pourquoi tu regrettes ? pourquoi tu luttes ?
parce que leurs mots font mal. parce que leurs vérités ne sont pas les tiennes. parce qu’ils sont l’étranger qui vient tout chambouler, tout gâcher. ils sont l’absence qui s’est faite angoisse et puis cauchemar. parce que soudainement tu comprends. ce n’est pas à eux qu’il faut s’accrocher. ce n’est pas après eux qu’ils faut attendre. ils n’ont plus rien à t’offrir que l’infinie tristesse, que l’insupportable douleur. ils ne sont plus rien. seulement qu’une gangrène qui ronge de l’intérieur, empoisonne ton âme, corrompt le coeur. ils sont ce que tu redoutes, plus que ce dont tu as besoin. ils sont ce que tu dois exorciser, délaisser, oublier. comme eux l’ont fait. ils sont ce morceau de passé qu’il faut maintenant raccrocher pour commencer à vivre dans le présent, parmi les vivants.
est-ce qu’avec eux t’aurais vécu tout ce que tu as vu ? est-ce qu’avec eux t’aurais haïs ceux que tu hais ? est-ce qu’avec eux t’aurais aimé ceux que tu aimes ?
malo, mads, seven, anca, et tous les autres, tous ceux qui n’ont pas encore croisé ton chemin, tous ceux qui feront un autre jour de demain. le prix des morts, des disparus, des envolés, ne vaudra jamais celui de ceux qui te sont restés.  

nora, maman, papa, jill, lula. lula, jill, papa, maman, nora.
je vous déteste putain.