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 santa came on a nuclear missile (alice)

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MessageSujet: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyDim 3 Déc - 23:15

Ce qui est bien, avec les écolos, c’est que tout prend des dimensions impossibles. Non, vraiment. Enfin en tout cas c’est en partant de ce postulat qu’Eoin s’est retrouvé à battre des cils et à tenter de faire monter la colère générale lorsque les premières décorations de Noël ont commencé à fleurir à travers toute la ville. Ça a marché. Ça devrait pas l’étonner mais ça l’étonne quand même un peu, parce que c’est d’une absurdité crasse, d’une part, et parce qu’il s’attendait pas à ce qu’autant de monde prennent à cœur l’électricité et l’argent du contribuable balancée par les fenêtres utilisées pour faire briller ces putains de lumière toute la journée et faire tourner cette putain de musique qui lui reste ancrée en tête toute la journée. Les mauvaises langues chuchotent qu’Eoin est aigri. La vérité, c’est que ces bâtards le prennent pas assez au sérieux, la vérité, c’est que c’est un putain de cornichon trempé dans un vinaigre mille fois trop acide arrosé de citron. Au moins. C’est pas qu’il aime pas Noël, ou l’hiver, ou même les vacances, c’est pas non plus qu’il ait quelque chose à foutre de l’énergie gâché parce que les enfants trouvent ça fun de voir des putains de sapin en néon, c’est juste qu’il déteste foncièrement le maire et que s’il y a bien une chose qui peut le faire chier c’est les manifestations.

Le mieux, c’est qu’il a même pas eu à mettre son image en péril pour organiser celle-là parce que le mec à la tête du mouvement écolo a joué des coudes pour le virer de l’organisation. D’habitude, ça l’aurait saoulé. Non, en vrai, habituellement, il aurait fait un scandale. Il a trop l’habitude qu’on tente de l’écraser pour se laisser marcher sur les pieds sans protester et c’est pas un type qui s’habille en vert, picore des graines et pense que tout le monde peut se nourrir bio mais rate le fait que la moitié du pays crève de faim et que son quinoa a été cultivé et extorqué à des pays qui touchent pas un rond sur les profits que se font les entreprises agroalimentaires qui va prendre le dessus sur lui. Sauf que cette fois, ça l’arrange. Ça l’arrange parce que 1/ c’est ridicule, 2/ le but est juste de bloquer le centre-ville pour faire monter la colère ambiante. Généralement, ça marche très bien. En plus, il a choisi le bon public : c’est pas les putains d’écolos qui vont attirer des mecs qui tentent de bousiller les vitrines – après tout les bombes de peinture abîment la couche d’ozone et les déplacer des cailloux risquerait de perturber l’écosystème, non ?

Enfin ça c’est la théorie, parce qu’il a une pancarte dans les mains et les yeux posées sur une nana qui a absolument pas l’air d’avoir sa place au milieu de ces gens vachement trop bien habillés pour manifester. Non pas qu’elle soit mal fringuée – enfin peut-être, si, il en sait rien en fait – mais elle fait tâche et il se demande si elle est là juste parce qu’elle déteste Noël ou parce qu’elle a vraiment un truc contre les décorations de Noël lumineuse et les amplis qui diffusent de la musique pourrie pendant des heures et des heures. Il se demande s’il doit faire un truc parce qu’il s’attend à tout moment à ce qu’elle se jette sur une vitrine pour foutre le bordel – il aime pas les magasins mais bon, quand même, là c’est pas le but, une autre fois peut-être – et qu’il a jamais été patient, franchement, il a pas des masses envie de rester planté là à attendre qu’elle fasse un truc. En plus, ça fait creepy, parce qu’il la lâche pas des yeux et qu’il a pas envie d’être le genre de type qui a l’air de mater le cul de la première nana un peu bonne qui passe, hors de question.

« Meuf. » Il lance, en guise de salut, lorsqu’il se hisse à son niveau. « Si t’es là pour essayer de péter des vitrines, c’est pas la peine, c’est des cassos, ils suivront pas et tu te retrouveras au poste en trente secondes. »

Ou plus, remarque, parce qu’ils bloquent la circulation et que bon les flics auront sans doute pas spécialement envie de cogner sur une bande de mecs assez riches pour pas se rendre compte qu’ils ont un mode de vie qui convient pas à tout le monde. Il fait un doigt, à la nana qui se retourne et le fixe d’un air choquée – ça doit être la Reine Cassos, il sait pas s’ils ont une monarchie mais ça leur irait bien – et fronce les sourcils en direction de la nana.

« Et si t’es pas là pour péter des trucs, t’es là pour quoi, t’as une dent contre Noël ? Je pensais pas que ça existait vraiment, les gens comme ça. »

Enfin y a des gens qui fêtent autre chose que Noël et il trouve ça cool, on partage pas tous les mêmes croyances, mais des gens qui détestent Noël, c’est une autre paire de manche et il trouve ça vaguement fascinant d’avoir assez d’énergie pour détester un truc qui a fondamentalement pas de raison d’être détesté.

Sauf si on déteste les musiques débiles, c’est vrai, et il grogne lorsque la radio entame un énième passage de Last Christmas.
Peut-être que lui aussi déteste Noël, en fait, en y réfléchissant bien.
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Alice Rivera

Alice Rivera
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptySam 16 Déc - 12:00

Elle ne sait pas trop ce qu’elle fait là, au milieu de la foule avec sa pancarte dans la main. Encore une idée stupide, qui lui est venu au milieu de la nuit, parce que ça lui semblait intelligent, se changer les idées avec sa gueule cassée, les restes des mots de Seven qui lui colle au corps. Puis ça lui semblait vachement important aussi. Manifester comme noël, comme un putain de Grinch vivant, sourire mauvais au visage parce que c’est plus marrant. Enfin pardon, pas contre noël. Plutôt contre tout ce que noël déclenche, c’est-à-dire les illuminations trop précoces- gâchis d’énergie apparemment – et puis la musique. Putain de musique. C’est vrai que c’est une raison de sortir dans la rue et de huer les politiciens, puis les passants. Alors quand elle avait retrouvé el tract, Alice avait craqué. Ca faisait longtemps en plus, qu’elle avait pas manifesté. Trop fatiguée, trop occupée, trop débordée par STELLARR et puis le reste, l’hopital, la thérapie, les gens qui foutent la merde dans sa vie aussi. Trop occupée pour continuer de s’intéresser au reste, de se trouver une cause juste et équitable à défendre comme avant. Souvenir de la manifestation en Arizona chez son père avec tout le groupe des bikers contre la hausse des prix de la bière dans les bars d’autoroute.
Le truc c’est que là c’est différent.
Le truc c’est que là elle fait carrément tache. Putain de déchet, les yeux cernés de noirs d’un maquillage qu’elle n’a pas réussi à effacer la veille, mélangé au manque de sommeil évident. Cheveux en bordel, collants troués et chaussures au cuir éraflé. Elle fait tâche Alice. Comme elle fait toujours tâche en société. Putain de déchet ouais. On le lui fait souvent remarquer. Mais comme elle vient prêter main forte contre les politiciens vendus de la ville de Savannah, ceux qui veulent faire brûler la terre avec leurs guirlandes lumineuses accrochées dans les arbres, on lui donne une pancarte, une brève explication. Et voilà. C’est parti.
Et c’est long.
Pas vraiment marrant.
Tous des coincés dans leurs trenchs qui chauffe bien pendant qu’elle se gèle les doigts avec ses mitaines dépareillées, elle rêverait au fond de s’arrêter pour commander un putain de vin chaud, de quoi la réchauffer un peu, éviter qu’elle tombe malade. Ca serait con pour le concert dans deux jours, manquerait plus qu’elle puisse plus gueuler. Ca serait dommage non ? Tout ça à cause de noël. Foutu noël. C’est pas qu’elle déteste cette fête, juste qu’elle n’en a jamais passé de véritablement joyeuses, sauf peut être l’année dernière avec Tito et Rhoan, quand tout a commencé à aller mieux. Mais noël, non. Noël c’est le froid, c’est la neige, c’est les gens cons et pressés, c’est les gens mauvais. Elle à l’impression que c’est des mensonges le fameux esprit de noël, et c’est pas deux trois sons de carillons à répétition qui vont lui donner envie de s’envoler. Non. Vraiment pas.
Meuf. Elle entend pas au début, surement à cause du brouhaha de la manifestation, de la musique stupide qui passe dans leurs oreilles et puis du fait qu’elle se concentre pour pas finir par péter un plomb. Puis elle le voit, venir à sa hauteur, se mettre à lui parler comme si de rien n’était. Si t’es là pour essayer de péter des vitrines, c’est pas la peine, c’est des cassos, ils suivront pas et tu te retrouveras au poste en trente secondes. Elle s’arrête un instant pour le dévisager, impassible, le manque d’expression habituel sur son visage. Faut pas lui en vouloir à Alice, si elle a constamment l’air énervé. La plus part du temps c’est qu’elle est juste très fatiguée. Alors elle fait la gueule mais c’est pas qu’elle fait la gueule. On parle de resting bitch face ou d’un truc comme ça. Elle s’en fout complètement en vrai. Par contre les mots du gars qui vient de l’interpeller elle s’en fout pas. « Vraiment ? » elle a vraiment une tête à aller péter des vitrines ? Elle a jamais fait ça. Ou du moins, pas en étant totalement sobre comme maintenant. Ni totalement clean. Surtout avec les bleus qui maculent son visage, la lèvre fendue qui lui fait un mal de chien avec le froid. Mais bref. Quand même. C’est à cause de sa veste en cuir ? De son sweat trop grand ? De son look de punk ratée ? Il s’est vu lui avec ses doc et son jean ? Elle s’apprête à répliquer quand elle le voit faire un magnifique doigt d’honneur à une pauvre manifestante qui n’avait rien demandé. Pauvre pauvre manifestante. Et ça la fait marrer. Un peu. Quand il regarde pas. Parce qu’elle a pas finit de râler pour ses foutus préjugés. Le truc c’est qu’il se remet à parler avant qu’elle ai pu caser sa réplique. Et si t’es pas là pour péter des trucs, t’es là pour quoi, t’as une dent contre Noël ? Je pensais pas que ça existait vraiment, les gens comme ça. « Eh cabron » la tape qui par toute seule, elle frappe sa main contre son épaule en forçant l’accent. C’est plus marrant comme ça. « Tu dis ça parce que je suis pas habillée comme les autres ? Tout de suite ça te donne le droit de me juger et de penser que je ne suis qu’une foutue délinquante qui s’infiltre pour foutre la merde dans une honnête manifestation ? » putain ça en fait des mots pour Alice, et le petit sourire qui vient éclairer son visage un bref instant avant qu’elle reprenne plus sereinement. « De toute façon les flics m’auront jamais à temps » ce qui est fort probable aussi, l’habitude de se barrer dès que c’est la merde, filer en vitesse avant de se faire attraper par les flics ou par les autres, trop d’années dans les squats pour oublier les bases de la survie dans la rue. « Je ne déteste pas noël. Et je ne suis pas là pour péter des trucs. Malgré les apparences je manifeste vraiment. » vrai et faux à la fois, elle le dévisage, pour le défier de dire le contraire. « Surpris monsieur l’anarchiste en herbe ? » Non parce que le gars il se fait quand même cramer à des kilomètres avec son look à deux balles et ses gestes colorés, les mots trop vulgaires la bouche. Pas grave, ça la dérange pas. Les gars comme ça, elle peut maitriser. C’est pas trop compliqué, ça apporte pas trop de soucis. Pas vraiment. Juste un peu parfois quand ça dérape. Mais ça ne dérapera pas cette fois.
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyDim 17 Déc - 0:00

C’est pas qu’il est plein de préjugés, Eoin, mais si, en fait. Il en a par paquet de dix, sur lui et sur les autres, et ça le gêne que moyennement parce qu’il vit très bien avec le fait de cracher sur les vegans ou celui de penser que tous les jeunes de moins de trente ans sont des révolutionnaires dans l’âme. Il sait bien que c’est pas vrai parce que les trois quart des gens de son âge sont des putains de larves et qu’il est presque certain qu’il y a sans doute pas mal de gens prêt à poser des bombes chez les plus de trente ans mais il a du mal à en démordre – pour lui, c’est mathématiques, en réalité, une fois que tu vieillis, tu t’installes, une fois que tu t’installes, tu arrêtes de t’insurger, et peut-être que c’est bien ou bénéfique, il en sait rien et il en a rien à foutre, c’est juste comme ça. C’est parce que c’est comme ça, d’ailleurs, qu’il n’est pas le moins du monde gêné par le ton accusateur de la nana. Bien sûr, qu’il demande à cause de la façon dont elle est fringuée, bien sûr qu’il demande parce qu’elle a pas du tout la gueule de quelqu’un qui viendrait manifester pacifiquement contre un truc à la con, évidemment. C’est pas pour ça que c’est insultant, cela dit, il aime plutôt bien les gens comme ça, c’est pas de sa faute si elle tire des conclusions hâtives ou si elle pense que péter des vitrines est une activité qui mérite qu’on plisse le nez. Peut-être qu’elle a plus de trente ans malgré sa gueule, en fait. Peut-être que c’est ça, le truc. Il croise les bras, quand elle l’appelle anarchiste, la scie du regard dans l’espoir de découvrir si elle pense que c’est une insulte ou si c’est autre chose, si elle est en train de tenter de le vexer ou si c’est juste un surnom. Il suppose qu’il devrait s’offusquer, ou hausser les épaules, ou partir, il sait pas très bien, mais c’est comme si elle lui disait qu’il était irlandais, ou brun, ou un sale con, et c’est un peu compliqué pour lui de réagir, sur le coup, parce que ça n’aurait pas de sens de rouler des yeux, pas de sens de la remercier, pas de sens non plus de la reprendre sur ce qui n’est ni plus ni moins qu’une réalité. Il soupire profondément, à la place, tourne les talons pour se caler à son niveau, avancer à son rythme, parce que peut-être qu’elle peut rendre tout ce bordel plus intéressant.

Parce que sans doute qu’elle peut, en vérité, et il a hâte d’y assister.

« C’est pas que tes fringues, regarde autour de toi. » Regarde tous ces bouffeurs de plantes, vas-y, avec leur carton bio et leur gueule toute propre, et leurs cheveux qui sentent les produits hors de prix de chez Lush, et leurs fringues bobo écolo achetées dans une boutique qui se fournit dans des usines indiennes qui sous-payent leurs employés. Regarde-les, avec leurs pompes neuves qui vont leur faire des ampoules et leurs manteaux chauds et leurs pancartes débiles. Regarde, il dit, et il balaye la foule du regard avec un air écœuré. Il se demande combien a donné, la dernière fois qu’une collecte a été organisée pour une catastrophe naturelle, combien a donné quand y a eu des manifestations pour avoir de l’eau potable à Flint, combien a tenté d’empêcher l’ouverture de l’oléoduc de Keystone, combien se mobilisent quand ça les concerne pas eux ou des putains d’animaux, quand ça concerne des humains, quand on leur colle la misère du monde sous les yeux. Pas beaucoup, sans doute, pas plus que les doigts de ses deux mains, il est prêt à parier. « Tu sais ce que c’est la moyenne d’âge, là ? Un truc genre quarante piges, sans doute. Ils sont là pour se donner bonne conscience et parce que c’est rigolo, tu vois, ils pourront dire fièrement à leur pote qu’ils sont mobilisés, qu’ils sont allés manifester. Bande de cons. »

Heureusement qu’il a pas été obligé de faire le guignol et de se trimballer à la tête du cortège parce qu’il en aurait sans doute étranglé quelques uns, sans doute le mec qui lui a dit que les médicaments servaient à rien et qu’il devrait utiliser des plantes quand il l’a vu avaler un comprimé. Peut-être celui qui lui a dit que c’était les médicaments qui le rendait dépressif. C’est ta connerie, plutôt, lui a brûlé les lèvres mais il a tout ravalé. C’est pas qu’il aime les entreprises pharmaceutiques mais il est presque sûr que c’est pas en fumant de la sauge qu’il aura plus envie de se foutre en l’air. Peut-être que ça lui donnera plus envie, en fait, juste pour les emmerder. Peut-être que quand il se laissera tomber d’un pont il laissera un mot pour dire que les vegans bobo écolos l’ont tué avec leur homéopathie. C’est un bon plan, ça. Non, vraiment. Peut-être qu’on pourra même trimballer son cadavre pour parler de l’importance des médicaments et envoyer se faire foutre le système et les prix exorbitants des comprimés. Peut-être que ça sera utile. Sans doute pas.

« Tu manifestes pour quoi, du coup ? Ou contre quoi. » Il agite la main, vaguement, parce que c’est une affaire de sémantique et que ça n’a pas vraiment d’importance dans le fond. Pour ou contre ça revient au même, au bout du compte, ils sont tous les deux là à se geler comme des cons. « Parce que j’ai fait péter cette manifestation juste pour emmerder le maire et faire passer tous ces connards pour des débiles alors je suis curieux comment tu t’es retrouvée mêler à ça. »

Il lui balance une de ses mitaines à la figure pour qu’elle l’attrape, parce que ce serait dommage que ses doigts tombent quand même et que ça le dérange pas de s’en débarrasser, même s’il a l’air débile, avec une mitaine que sur une main et que ça arrange certainement pas sa dégaine de comment elle a dit ? Anarchiste en herbe. Il soupire, une nouvelle fois, enfonce les mains dans les poches de son jean, parcourt du regard la foule.

« Par contre. » Il hausse un sourcil en sa direction. « Cabron, sérieux ? »

Parce que c’est la vraie question, quand même.
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyDim 17 Déc - 17:20

Parler c’est pas son fort à Alice. Elle laisse ça à Rhoan ou à Tito. Et encore. Trio d’imbéciles à la langue volée par le premier chat du coin. Y a bien que sur scène où ils vident leurs tripes, balancent ce qu’ils ont sur le cœur. Mais quand elle est seule c’est différent, dans la rue, hors de son élément, quand elle a l’impression d’être un point rouge au milieu d’une étendue de blanc. Y a son regard assassin greffé à son visage cabossé, l’envie d’insulter le premier qui passe et qui ose lui parler. Comme l’autre. Avec ses mots, ses suppositions, pas du genre à vouloir lâcher l’affaire quand elle le renvoi loin. Elle sent son regard sur elle quand il croise les bras, instant d’incertitude, elle aussi elle peut jouer à ça. C’est sa spécialité même, passer des heures à regarder les gens droit dans les yeux sans même broncher. Quoi ? t’as un problème ? Si tu veux j’peux te foutre ma main dans ta gueule pour te dépanner. L’esquisse d’un sourire, rien qu’un bout quand il vient se mettre à sa hauteur. Il a pas peur l’anarchiste. Ou autre chose. Qu’est-ce qu’elle en sait. Elle s’en fout en fait. C’est juste un mot comme ça qui lui échappes des lèvres. Un mot parmi tant d’autres qui se battent en duel dans son crâne, apocalypse perpétuelle quand elle n’a pas de papier pour tout noter.
C’est pas que tes fringues, regarde autour de toi. Pas besoin, elle sait déjà ce qu’il y a tout autour, le même genre de gens qui viendront glisser quelques pièces quand elle visse son cul par terre, sans un regard quand elle chantonne faussement des airs débiles sur le trottoir. Le même genre à l’inviter – non à l’embaucher – pour venir passer un brunch avec eux, pour combler une chaise vide, un manque, parce qu’ils ont les sous et pas le temps pour prendre leur vie en main. Le même genre à cracher sur sa musique, leur musique, quand ils vont en concert et que les honnêtes gens la dévisagent. Les mêmes gens qui regarderont sa mère et sa tête un instant avant de vaquer à leurs occupations pendant qu’ils se feront faire les ongles, les sourcils, masser la nuque. Encore, encore. Elle connait Alice. Pas besoin d’un gars sorti de nulle part pour le lui rappeler. Alors elle se contente d’hausser les épaules, pas un son qui sort de ses lèvres scellées. Tu sais ce que c’est la moyenne d’âge, là ? Un truc genre quarante piges, sans doute. Ils sont là pour se donner bonne conscience et parce que c’est rigolo, tu vois, ils pourront dire fièrement à leur pote qu’ils sont mobilisés, qu’ils sont allés manifester. Bande de cons. Au fond voilà, il met à plat ses idées à elle, à lui, ça résonne un peu en symétrie quand elle l’entend parler, la façon dont il s’enflamme et l’insulte qui franchit ses lèvres. Le rire qui lui échappe, discret, camouflé dans son écharpe qui lui sert de bouclier. Manquerait plus qu’il l’entende se marrer, prenne ça pour une perche ou un truc du genre. Bien vite elle remet son masque en place, la glace dans ses veines parce que c’est plus simple, moins fatiguant et compliqué.
Tu manifestes pour quoi, du coup ? Ou contre quoi ? le soupire qui la parcourt, comme si la vie était bien trop compliqué, bien trop fatigante. Au fond ça l’est vraiment, les médicaments qui coutent trop cher, les soirées à se niquer la santé et à finir par gerber ses tripes dans les toilettes pendant que Tito lui tient les cheveux, puis ses journées à enchainer les jobs sans importance pour joindre les deux bouts.  Parce que j’ai fait péter cette manifestation juste pour emmerder le maire et faire passer tous ces connards pour des débiles alors je suis curieux comment tu t’es retrouvée mêler à ça. J’ai fais péter cette manifestation. Elle s’arrête vraiment cette fois ci, surprise, le regarde ptêtre un peu mieux cette fois de la tête jusqu’aux pieds. Menteur. Un gars comme lui ça peut pas lancer un truc comme ça. Elle y croit pas ; Encore des conneries de la part d’un pauvre type qui sait plus ce qu’il dit. Ou alors c’est vrai. Et ça devient quand même bien plus intéressant.   « Je manifeste comme tout le monde ici pour que la diffusion de cette musique de merde cesse et qu’on arrête de tuer la planète en allumant chaque année un peu plus tôt les illuminations de noël » sourire angélique, quand elle veut elle peut, avec un peu de maquillage pour cacher les bleus et les cernes, surement qu’elle ferait une jolie petite poupée blonde. Tu parles.   « J’veux dire last christmas I gave you my heart, but the very next day you gave it away. This year, to save me from tears, I’ll give it to someone special »  la voix qui vient chercher la mélodie, c’est Presque juste pour une fois, et quand termine en posant sa main sur la poitrine de son compagnon involontaire, les ongles qui viennent taper là où se trouve son palpitant.   « C’est stupide comme message. Non ? Et moi entendre ça quand j’essaye de pioncer ça me fatigue. »  les nuits qu’elle passe encore dehors, avant que ça devienne vraiment trop compliqué à cause de la neige, quand elle se réveille le matin le visage engourdit et les doigts bleuis.   « Bref en résumé je suis ici, sincèrement, honnêtement, parce que je soutiens ce projet de tout mon cœur » le regard qui plonge dans le sien une nouvelle fois, avant de reprendre   « puis aussi parce qu’on m’a dit de pas venir au travail cette semaine alors bon faut bien s’occuper »  la faute à sa gueule cassée, pas sur que les clients aiment ça, de se faire accompagner par une nana fracassée.

Par contre. - Cabron, sérieux ? Le sourcil qui se lève, elle sait pas vraiment si c’est genre, qu’il est outré par l’insulte ou juste déçu.   « Cabron, Ojete, fils de pute j’peux continuer si c’est ton kink »  elle s’en fout, si c’est ça qui l’excite dans la vie hein, chacun ses délires.    « Donc, connard, quand tu parle de lancer la manifestation, ça veut dire que c’est toi qui a organisé ça ? » l’interrogation dans sa voix, ça hurle convainc moi entre les lignes, retiens moi entre les paragraphes, comme une supplique pour pas changer de cap et l’abandonner.
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyLun 18 Déc - 18:40

Elle le fait marrer, la nana, quand elle essaye de chanter en rythme la chanson débile de Noël qu’il a en tête depuis bientôt une semaine. Elle le fait marrer parce qu’elle a apparemment la même dent que lui contre la musique qu’on essaye de leur enfoncer dans le crâne de force et qu’elle est apparemment très déterminée à faire entendre sa voix. C’est une grande gueule, en fait, il aurait dû s’en douter. C’est une grande gueule même si la cause est ridicule, une grande gueule même alors qu’elle proteste contre Noël. Quelque part, ça a un côté rafraîchissant, parce qu’il suppose qu’elle lui ressemble même dans ses aspects les plus ridicules, qu’elle lui ressemble et qu’elle a l’air de bien le vivre, qu’elle lui ressemble et il a envie de la bousculer et de la secouer et de pas l’aimer comme il se déteste lui-même mais comme il est obligé de se supporter, tout à la fois, les doigts tendus et les crocs sortis, un sourire vorace sur la bouche lorsqu’elle l’insulte de tous les noms. Elle a l’air beaucoup trop fière d’elle et peut-être qu’il trouve ça un peu dérangeant, un peu déconcertant, un peu exaspérant, peut-être qu’il a pas envie qu’elle soit contente d’elle-même pour une répartie aussi débile, peut-être qu’il a envie qu’elle fasse mieux, qu’elle pousse et qu’elle tire et qu’elle vise juste, qu’elle l’abatte comme personne a réussi à le faire avant. Il la voit sniper du bout des mots, le canon du fusil dans sa bouche alors qu’il a les yeux clos, attend la détonation qui fera siffler ses oreilles et explosera l’arrière de son crâne, attend le mot de trop, le mot qui fait mouche, le mot qui fait tout basculer. Il vient pas, évidemment. Il vient pas parce que c’est trop tôt, parce qu’ils apprennent encore à se connaître, parce qu’elle pose une question et qu’il ravale un rire. Elle demande s’il a organisé tout ça et le choix de mots lui donne envie de secouer la tête. Elle lui demande s’il a organisé le chaos et il se demande si elle pouvait trouver quelque chose de plus ironique que ça. Non, bien sûr, qu’il a rien organisé, c’est pas ce qu’il a dit de toute façon, c’est pas ce qu’il a fait. Il a laissé Brad et son sourire colgate faire comme s’il en avait quelque chose à foutre de la politique, Brad et ses cheveux trop bien coiffés et sa barbe trop soigneusement entretenue prendre les devants. C’était fascinant, comme un poussin débile qui essayerait de voler et il attend avec impatience de le voir se prendre un mur, au sens propre comme au figuré, parce qu’il est pas certain de comment il peut voir derrière les lunettes beaucoup trop épaisses qu’il a sur le nez – elles sont sans verres, sans doute, et rien que l’idée lui fait rouler les yeux. Tag, il a juste mis le feu aux poudres. Ça demande du talent, quelque part, parce qu’il faut savoir exactement où lancer l’allumettes pour allumer le plus possible de mèches, où faire démarrer l’incendie pour pouvoir tout dévaster. Ça demande du talent parce qu’il faut savoir rester en retrait pour ne pas se faire brûler, être suffisamment sur le devant pour ne pas être oublié. Il est doué pour ça, Eoin, et il hausse les épaules quelque chose comme le diable qui danse dans les pupilles.

« Ojete, j’aime bien. » Il sourit, ajoute : « Tu m’écoutes pas. » Il a un sourire en coin sur les lèvres, l’insolence au bout des cils. « J’ai rien organisé. J’ai juste poussé le premier domino et j’ai attendu que tout le reste tombe. C’est Brad machin et sa chemise à carreaux et son quinoa de merde qui organise, mais c’est un sale con, j’ai juste eu à le pousser dans la direction qui m’arrangeait. »

La direction qui l’arrangeait est directement liée avec l’avenue principale qui conduit à la mairie et à la congestion des artères du centre-ville, il veut bien l’admettre, directement liée au fait que le maire va s’en mordre les doigts quand il regardera ces bobos s’attacher aux portes de la mairie pendant qu’Eoin esquissera sans doute un pas de danse pour fêter ça, mais ça il a pas encore envie de le lâcher, parce qu’il étudie la nana du coin de l’œil et qu’il a pas envie de tout livrer tout de suite, pas envie de tout laisser échapper d’un coup et que la conversation soit vide après, pas envie de la laisser s’échapper parce qu’il aura tout déballé. Il repense à ce qu’elle a chanté, une seconde, revoit Mihail dans le pub qui lui chante les Pogues, sourit, un peu bêtement, parce que ouais, y a des chansons de Noël à la con mais pas que, il suppose, parce qu’il aime bien celle-là, parce que Mihail avait l’air beaucoup trop concentré quand il la chantait, parce que c’était complètement absurde comme situation.

« On devrait pirater leur radio. » Il pianote du bout des doigts sur sa cuisse pour réchauffer sa main qui n’est plus couverte. « Genre, ça doit pas être bien compliqué, con comme ils sont. On pourrait passer des chants de Noël alternatif. Genre les Pogues. » Il fredonne l’air, sourit de plus belle quand il repense à la gueule que tirait Popescu Junior. « Ou la chanson qui parle du père noël qui arrive sur un missile. » Ça, ça aurait de la gueule, et puis ils auraient l’air de protester contre la guerre sans doute, quelque part, vu qu’on fait pleuvoir plus de poudre que d’eau sur certaine région sur Moyen-Orient depuis plus de dix ans. Peut-être qu’il devrait peindre Bush sur un missile avec un bonnet de Père Noël, un de ces quatre. Ça aurait de la gueule, mais il est pas sûr que y ait grand monde qui se rappelle de sa gueule, à celui-là, depuis qu’on a élu un clown à la Maison Blanche. Un coup chasse l’autre, quelque part. De toute façon, le pouvoir corrompt tout le monde et il peut pas citer un seul politicien qu’il aime bien. Ni dans le passé, ni dans le présent. La seule qui sort son épingle du jeu c’est la princesse Leia et il est presque sûr que c’est significatif qu’elle ne soit pas réelle, presque sûr que ça veut dire quelque chose qu’elle soit à la tête de la résistance, aussi, presque sûr que c’est pas pour rien. Il chasse la pensée, passe à autre chose, comme s’il suivait la conversation dans le désordre, parce qu’il a pas le temps d’organiser sa pensée : « Tu fais quoi comme taff pour que ta gueule pétée t’empêche de bosser, au fait ? »

Non parce qu’il trouve ça curieux, quand même.
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Alice Rivera

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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptySam 30 Déc - 23:42

Ojete, j’aime bien. Elle aussi elle aime bien. Peut être même un peu trop. Comme un jeu trop facile dans lequel on se laisse embarquer, les insultes qui glissent parce qu’elle ne connait que ça, la violence des mots, ceux qu’elle crache depuis trop jeune à tous ceux qui essayent de la foutre en cage. Visage de glace mais langue de feu, surement qu’il serait surpris s’il la voyait à ses concerts quand elle insulte le monde entier sans prendre sa respiration, cris stridents relayés par les baffles et la voix torsadée, modulée, bousillée par l’électronique. Ojete ça sera alors, à la place d’un prénom bidon, ça met des barrières, ça cache la vérité, la misère dégueulasse. Et le sourire fugace qui passe sur son visage le temps d’un instant, le temps d’hocher la tête de façon imperceptible pour lui montrer qu’elle retient.
Tu m’écoutes pas. Non. Désolé. Alice n’écoute jamais. Ou alors ce qu’elle veut entendre seulement. Un trait qu’elle partage avec les deux idiots de son groupe, que du vent dans le crâne quand il s’agit d’être responsable. Mais c’est pas grave, elle a comme l’impression qu’il va expliquer ce qu’il entend pas là. Suffit juste de fermer la bouche et d’attendre sagement, hochant la tête quand il commence à parler de nouveau. J’ai rien organisé. J’ai juste poussé le premier domino et j’ai attendu que tout le reste tombe. C’est Brad machin et sa chemise à carreaux et son quinoa de merde qui organise, mais c’est un sale con, j’ai juste eu à le pousser dans la direction qui m’arrangeait. Elle s’arrête un instant pour le regarder, le rire un peu fatigué qui s’échappe de sa gorge. Il est marrant avec ses grands discours, avec ses grandes explications. Il arrive à la faire tenir un peu, la sortir de sa bulle pour qu’elle l’écoute, quand il insulte Brad et qu’il se présente comme le cerveau de l’opération.   « T’es pas un peu jeune pour prétendre au titre de génie du mal ? » elle hausse les sourcils, le scrute de haut en bas. Plus grand qu’elle, mais surement plus jeune. Pas de beaucoup, non pas de beaucoup.    « Mais t’as raison. Brad est un vrai con. » et un sale con. Brad elle l’a rencontré une fois au meeting quand il expliquait la marche à suivre. Brad il lui a demandé si elle avait sur elle des armes et qu’il devait la fouiller quand même pour vérifier qu’elle mentait pas. Brad et son parfum au savon de Marseille ou une connerie française importée, Brad et sa jolie chemise à carreau légèrement ouverte sur le torse. La bouche qui se tord dans un rictus de dégout. Elle n’aime pas les Brad. C’est une chose de plus qu’ils ont en commun.
Le silence retombe. Un peu. Alice détourne son regard pour le poser autour d’elle, sur la foule de gens emmitouflés dans des manteaux bien trop chauds pendant qu’ils se pèlent le cul avec leurs blousons de prolo. Puis y a les autres, ceux qui les regardent avec mécontentement, les familles honnêtes qui tirent derrière eux des gamins surexcités par les lumières flamboyante, l’odeur du vin chaud qui se dégage au loin et la musique qui résonne dans les rues. La famille. Foutue famille. Ca lui foutrait presque la boule au ventre si elle n’avait pas autant travaillé là-dessus à la thérapie. Alors à la place elle range ses doigts bien au fond des poches de son blouson, le nez qu’elle enfonce derrière son col pour se protéger un peu plus, se protéger du reste, de l’extérieur, remettre sa foutue carapace qu’elle a laissé glissé une seconde de trop y a quelques soirs, avec Seven, avec Nemo. Un jours ils auront sa peau. Mais pas tout de suite. Pas encore. Tant qu’elle a pas décidé de baisser les bras.  On devrait pirater leur radio.     « Pardon ? » ça la sort de sa transe, de ses idées noires et de la douleur sourde qui irradie continuellement sous sa peau. Mais le jeune homme continue, sans vraiment se soucier de sa question. Genre, ça doit pas être bien compliqué, con comme ils sont. On pourrait passer des chants de Noël alternatif. Genre les Pogues. Ah. Elle voit où il veut en venir. Faut quelques instants pour recoller un peu le tout avant qu’elle se mettre à rigoler. Les Pogues elle connait. Son père qui passait ça aux réunions de noël avec sa bande de motards acariâtres. C’était rare de les mettre d’accord mais ça ouais. Ou la chanson qui parle du père noël qui arrive sur un missile.   « Je la connais celle là » l’intérêt qui brille dans ses yeux parce que c’est inattendu, parce que c’est le genre de musique à la con qui meurt sans que personne s’en souvienne. Et de nouveau elle se remet à fredonner. Parce que c’est plus fort qu’elle, parce qu’elle a toujours ce besoin de pousser la chanson quoi qu’il arrive, c’est vital, terriblement vital. Elle s’arrête quand elle se rend compte qu’on la regarde bizarrement. Encore. Toujours. Jamais personne pour la regarder normalement dans ce monde de merde. Sauf peut être l’autre, celui sans nom, le fameux trou du cul. Elle se raccroche à ça Alice, esquisse un petit pas de danse avant de passer son bras atour des épaules du jeune homme.   « Alors ? » elle se rapproche un peu plus, pour montrer aux autres qu’elle s’en fout, qu’elle a lui et que c’est suffisant, que même leurs regards pourront pas la blesser, elle a son blindé qui la protège. Les doigts qui se perdent un instant dans sa nuque, une vieille habitude quand elle se sent bien, quand elle se sent elle. C’est fugace. Mais juste assez pour lui arracher un sourire. Un vrai.
Tu fais quoi comme taff pour que ta gueule pétée t’empêche de bosser, au fait ? Le sourire qui grandit encore plus, elle tourne sur elle-même pour finalement se plaquer contre lui, trop tard gamin fallait pas la lancer, et Alice qui passe ses bras autour de son cou, de nouveau elle envahit sa nuque, se hausse sur la pointe des pieds pour lui faire face, le regarder droit dans les yeux.   « Jpasse des soirées avec les hommes comme Brad. » Comment est-ce qu’elle a eu vent de la manifestation sinon hein ?    « Tu sais quand les gens se sentent seuls, tristes, mal-aimés » le doit qui glisse sur sa joue, l’ongle qui trace le chemin jusqu’à son torse. Joueuse, séductrice. Elle sent bien de toute façon que c’est pas ça qui le charmera. C’est autre chose. Plus brut. Plus sombre. Elle le sent Alice. Parce qu’elle résonne pareil.    « Eh bien ils font appel à des filles comme moi, pour quelques billets on hoche la tête, on fait semblant qu’ils sont tout pour nous, les rois du monde et nous la foule aimante » l’amertume qui perce un peu au fond de sa voix. Non pas qu’elle déteste son boulot, loin de là. C’est juste que plus elle avance, plus elle se rend compte que tout est faux, carton-pâte peint en couleurs chatoyantes pour tromper l’ennui.    « Avant que tu ne pose la question, y a rien de sexuel dedans. Donc rien d’illégal. Mais bon, mon visage est mon outil principal alors tu comprends….» Alice lui adresse un léger clin d’œil avant de s’écarter pour se ranger à ses côtés. Dans sa poitrine ça palpite, elle arrive pas à virer son sourire, ça fait presque mal. Elle a plus l’habitude, trop occuper à chialer, à hurler de douleur, de terreur. Mais là, elle a l’impression d’avoir 5 ans de nouveau. Merci papa noël pour ce joli cadeau.
  « Mais tu vois c’est pas mon vrai métier. Enfin. J’en ai d’autres. La vie est dur pour les gens comme moi. Comme nous » par là elle lui fait comprendre qu’elle a saisit qu’il ne faisait pas parti du cercle des mangeurs de quinoa. Même si elle aime bien le quinoa au fond, surtout quand c’est Tito qui cuisine. Mais passons.   « J’vends des fleurs, je les livre à vélo dans toute la ville » plus pour très longtemps mais elle s’accroche à sa bicyclette autant qu’elle peut, jusqu’à ce que son corps lui supplie d’arrêter.   « Mais la vérité. La vrai. C’est que je suis chanteuse » cette fois ci c’est plus qu’un sourire. Elle rayonne Alice. Littéralement. Comme à chaque fois qu’elle parle de STELLARR à quelqu’un.   « STELLARR 505. Ptêtre que t’as entendu parler ? Un groupe d’électro, beaucoup de cris, de sons chelou, de lumières multicolores » et trois idiots qui n’ont plus rien à perdre, à gesticuler sur scène, à cracher leurs tripes, à mettre leur rage de vivre dans leur musique.   « Alors tu vois ton idée de hacker la radio elle me parle. » un peu, beaucoup. Sourire requin, elle le défie du regard de rebrousser chemin. Des plans à la con comme ça, elle en fait par centaines, par milliers, rodées par ces années à la con dans la rue, à courir plus vite que le vent pour pas se faire choper par les flics, pour pas finir poignardée dans une ruelle, ou juste tout simplement foutue en cage. Encore.   « Alors Ojete, tu veux le défendre ton titre de génie du mal ? »
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptySam 20 Jan - 3:07

Elle dit comme nous, et c’est la première fois depuis longtemps qu’Eoin n’a pas envie d’hurler, comme nous et il hoche de la tête, presque en rythme, parce qu’il y a en elle quelque chose de familier et  de fougueux, quelque chose qui ressemble à l’ouragan qui habite dans son torse, à la tempête qui vit dans sa tête. Elle dit comme nous et oui, il a envie de répondre, oui, il a envie de souffler, même quand elle s’éloigne et qu’elle se détache, même quand elle s’écarte et qu’elle virevolte, reprend sa position à côté de lui comme si c’était sa place, comme si c’était l’endroit d’où elle provenait, la pièce qui manquait au puzzle intriqué de sa vie. Il la connaît pas et il prétendra pas la connaître, avec ses bleus et son sourire acéré et les rasoirs dans ses prunelles. Il la connaît pas et il s’en fout, en fait, même quand elle se colle à lui, même quand elle espère le choquer. Il la connaît pas et il relève le menton, parce qu’il sait ce que c’est, parce qu’il a apprivoisé depuis longtemps le sentiment de nécessité. Les choses sont faites parce qu’ils ont pas le choix, parce que la thune pousse pas dans les arbres, parce que le cash fleurit dans les poches de gros connards et qu’il faut pouvoir le tirer, parce que le sexe est une arme et que la gueule en couteau de la nana doit attirer ces mouches à merde qui cherchent une illusion de danger, suffisamment aseptisée pour ne pas risquer de s’y couper, suffisamment authentique pour faire bouillir l’adrénaline, un soupçon de légalité au goût de grand banditisme, un soupçon d’infidélité dans un mariage préprogrammé, délavé, une femme et un gosse et demi pour les statistiques, une caisse qui consomme trop et un jardin qu’on arrose même quand l’eau vient à manquer pour garder la pelouse la plus verte de tout le quartier. Ils savent pas, ces mecs qui l’achètent et qui la tiennent par les bras qu’il y a le vrai danger en dessous, que sous la thune et sous le maquillage se cache le vrai Problème, le vrai Ouragan. Ils savent pas et ils s’en foutent et ça lui donne envie de rire, à Eoin, parce qu’ils savent pas ce qu’ils manquent non plus et qu’ils s’en soucient sans doute même pas. C’est pas ses affaires, à lui, pas vraiment, mais elle l’intéresse, avec son sourire de requin dopé et ses goûts musicaux trop proches des siens. Je la connais, elle dit, et elle parle de la chanson mais tout ce qu’il entend c’est je te connais et ça a pas sonné aussi juste depuis beaucoup trop longtemps, depuis Rowan qui le regarde dans les yeux et qui lui dit qu’ils se ressemblent, depuis Rowan qui serre ses poignets entre les siens et qui lui dit « Je sais », depuis Rowan qui sourit beaucoup trop grand. Elle résonne comme son sang dans ses veines, comme une évidence, comme un doigt levé face à l’autorité. Elle sonne juste et il heurte son épaule contre la sienne, cogite, analyse.

« J’connais de nom. J’connais Rhoan. » Il a jamais pris la peine de se déplacer, jusque là, parce qu’il a autre chose à foutre, déjà, parce qu’il a pas envie, aussi, pas la tête à ça. J’connais Rhoan et il est pas plus étonné que ça, parce que Savannah est étouffante, parce que Savannah est étroite, parce que Savannah fourmille et qu’ils tous à une longueur de bras les uns des autres, à se collisionner, à se heurter, à se rentrer dedans sans se regarder vraiment. « J’ai un peu écouté, aussi, en vrai. Tu devrais pas parler, tu devrais faire que chanter. » C’est sincère et il la crucifie des yeux, un instant, essaye de la remettre dans la peau de la chanteuse dont il fredonne les airs parfois au musée, essaye de la recoller dans sa peau, de raccommoder les morceaux, des bouts de paroles tatoués sur sa peau. Il a pas retenu son nom, par contre, parce que c’était pas important sur le moment, parce qu’il pensait pas lui tomber dessus de toute façon, parce qu’il pensait pas qu’elle serait intéressante, en réalité. Il a tort, évidemment, et il sort une clope, lui adresse un sourire un peu narquois. « Si la fumée te gêne, bouche toi le nez. » Merci Sherlock, merci sale con, la compassion, tu connais ? Non ? Va te faire foutre. « J’sais pas si j’ai besoin de défendre mon titre, tu sais, y a personne qui cherche vraiment à me le piquer à ce que je sache. » Il a les yeux qui s’attardent sur elle, parce qu’il sait qu’ils sont pareils, parce qu’il sait qu’elle pourrait, parce qu’il sait qu’elle cherche pas, pas vraiment, qu’ils sont alliés, sur ce coup là, qu’il fait pas cavalier seul, qu’ils jouent les Bonnie and Clyde plutôt que les Al Capone. Il sait déjà par quoi commencer, en vrai, il sait déjà comment commencer, même, et il lui lance un sourire franchement amusé.

« T’es prête à courir si jamais ça se passe mal ? » Il incline la tête et il ressemble à un enfant, presque, à ce moment-là, un sale gosse, un petit con, mais un enfant, la tête pleine de conneries et de mauvaises blagues. C’est comme une peinture iridescente qui refléterait jamais deux fois la même couleur, quelque part, un coup trop adulte, un coup trop jeune, le regard changeant et les mains toujours rouges, framboise ou sang, sucre ou douleur, un sourire bien trop affûté pour ne rien cacher. Il hésite pas à la toucher, et c’est étrange, parce qu’il a toujours peur de tâcher ou de salir, lorsqu’il touche les gens d’habitude. Il l’attrape par le poignet, elle l’extraie de la foule, lui intime de le suivre. Elle pourrait se dégager, si elle avait envie, parce qu’il serre pas fort, parce que c’est pas le genre, parce que c’est plus un lien, quelque chose qui hurle au monde entier qu’ils sont ensemble dans ce bordel qu’une façon de la forcer. Il force pas les gens, Eoin, de toute façon. Il pousse, il tire, il déclenche, il allume, il harangue, mais il force pas, jamais, parce que c’est contre-productif, parce que ça amène jamais rien, parce qu’il a pas besoin. Il est discret, lorsqu’il la conduit derrière un des cabanons du marché, pas feutré et sourire de chat. « C’est ici qu’ils gardent le matos qui leur permet de diffuser. Y a un poste à la mairie, aussi, pour les attaques nucléaires et les annonces publiques, tu sais, mais si on force la porte, on peut s’occuper de celui-ci. Une fois qu’on est dedans, c’est facile. »

Il sort un crochet de sa poche et une épingle, sourit de toutes ses dents.

« Toi ou moi ? »

Et il est presque sûr qu’elle sait comment faire elle aussi.
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyJeu 8 Fév - 16:24

J’connais de nom. J’connais Rhoan. Bien sur. Tout le monde connait Rhoan. Et ça la fait sourire ? Tout le monde connait Rhoan – Storm – avec sa tête rasée et son regard glacial. Tout le monde le connait lui, mais jamais elle. Parce que c’est mieux ainsi, se cacher derrière des surnoms que personne ne retient, des noms trop compliqués et des maquillages alambiqués, perruques explosées, camoufler le vrai. Elle joue les invisibles Alice, voudrait s’effacer de la société pour fuir ses vieux démons, comme lorsque Nash était venu lui parler à un concert, trop saoul pour voir la vérité, le masque qu’elle a plaqué aussi fort qu’elle a pu sur son visage imparfait. C’est qu’ils sont tenaces les démons, même après toutes ces années, à lui mordre les mollets pour lui rappeler de courir, encore, encore, sinon ils la boufferont toute crue. Alors ça lui va Alice, qu’on connaisse Rhoan et pas elle. La célébrité elle en a rien à foutre, c’est pas vital non. Ce qu’est vital c’est la scène, petite ou grande, vide ou pleine. Juste la scène. J’ai un peu écouté, aussi, en vrai. Tu devrais pas parler, tu devrais faire que chanter. « Y a des jours où je fais que ça » gueuler sa rage dans un micro en studio, encore, encore, s’époumoner, quand la voix de synthèse monte dans les aigus, reprise dégueulasse de Die Antwoord ou juste une chanson originale aux paroles qui raisonnent trop douloureusement. Get the fuck out of me – get the fuck off of me et tout ce qu’elle voudrait dire aux autres. Sans succès. « Mais les gens seraient vite fatigués si je faisais que ça tu pense pas ? » parce que leur musique aux STELLARR c’est pas quelque chose que tout le monde apprécie, elle en est bien consciente. Mais au fond qu’est-ce qu’elle en a à faire ? Sourire amusé plaqué sur les lèvres, elle se sent fière, juste un peu, d’avoir trouvé quelqu’un dans cette foule affligeante, qui apprécie un peu ce qu’elle fait.
Il tire une cigarette et la place entre ses lèvres, provocateur, elle hausse les épaules à ses paroles. Si la fumée te gêne, bouche toi le nez. Alice attend qu’il ai finit d’allumer le tout pour la lui voler, le bout rougeoyant qui frôle peut être un peu trop près le revers de la main du jeune homme, elle ricane. « A d’autres » et la fumée qu’elle lui recrache à la figure avant de lui rendre son bien. La cigarette elle n’a jamais vraiment arrêté, comme un besoin pour combler le manque, le vide, fumer paquets sur paquets à s’en noircir les poumons plutôt que de l’herbe ou des conneries du genre. Ca marche plus vraiment. Au moins elle aura essayé.
« J’sais pas si j’ai besoin de défendre mon titre, tu sais, y a personne qui cherche vraiment à me le piquer à ce que je sache. De nouveau elle hausse les épaules, là-dessus elle ne le contestera pas vraiment. Parce qu’il a plus ou moins raison. Des gens engagés elle en connait des tas. Des cons aussi. Beaucoup trop. Mais des comme lui ? Elle ne sait pas encore, évalue les dégâts potentiels si elle décide de rester avec lui, le cœur qui bat trop fort, le sourire trop grand, l’impression d’avoir fait la découverte du siècle. Si seulement. Parce qu’il n’y a rien de bien qui sortira de tout ça. Rien de bien, elle le sent, elle le voit.
T’es prête à courir si jamais ça se passe mal ? Ca lui arrache un rire amusé. Tu te souviens Alice ? Des après midi à filer entre les rues avec Nash, le cœur qui bat trop fort et le sourire qui leur barre le visage, l’impression d’être les rois du monde quand ils sèment les policiers. Le regard qui se pose sur son compagnon de fortune, elle le jauge. « Et toi ? T’es prêt à courir ? » et quelque chose lui souffle la réponse, comme une putain d’évidence, et ça fait grandir son sourire usé sur son visage, fait craqueler des cicatrices, lui arrache une grimace douloureuse. Puis il lui attrape le poignet, délicatement, la tire hors de la foule comme le lapin blanc, la comparaison qui la fait se marrer toute seule dans son coin, peut être qu’elle lui expliquera l’image mentale qui se joue dans sa tête.
Puis le sérieux reprend le dessus, le silence qui se fait, juste la chaleur du bout de ses doigts sur sa peau, l’impression de n’être plus qu’un, juste un instant, ptêtre qu’ils ont leur deux cœurs qui battent à l’unisson, symphonie annonçant un chaos trop proches, tambours apocalyptiques si on veut être un brin dramatique. Ils finissent par s’arrêter derrière un des cabanons trop rouges, de ceux qui lui donnent mal au yeux, envie de gerber, trop de couleur, trop de fausseté. C’est ici qu’ils gardent le matos qui leur permet de diffuser. Y a un poste à la mairie, aussi, pour les attaques nucléaires et les annonces publiques, tu sais, mais si on force la porte, on peut s’occuper de celui-ci. Une fois qu’on est dedans, c’est facile. Silencieuse elle accumule les informations, hoche la tête comme la bonne élève qu’elle est, prend des notes. Puis y a le crochet qui apparait devant ses yeux, la voix de l’autre qui résonne comme un foutu défi. Toi ou moi ? Délicatement elle lui prend l’outil des doigts, l’effleure un instant, leurs regards qui se fracassent, elle retient sa respiration parce que c’est ridicule et impossible. Et pourtant. Puis c’est fini, l’instant fugace qui s‘évapore, elle se concentre sur la serrure, un peu rouillée, elle essaye de se souvenir des gestes que lui a apprit son père lors d’une de ses nombreuses leçons de survie.
Après quelques instants, le clic tant attendu se fait entendre et Alice se retourne, fière comme une gamine. Elle se redresse et fait jouer la poignée, ouvre la porte et s’écarte pour laisser passer son complice en premier, petite révérence moqueuse. « Après vous majesté » même si elle sait très bien que le titre de majesté ne lui dira rien.
La porte qui se referme derrière eux, le noir qui les englobes, Alice tâtonne avant d’allumer la lampe torche de son téléphone, soudain très intéressée par tout ce qui se trouve sous leurs yeux : micro, câbles, ordinateur et écran, et la foutue playlist qui semble ne contenir que 4 chansons, bien décidé à inonder les rues de Savannah avec la même merde mièvre heure après heure. « Eh beh la mairie se fout pas de nous, c’est du bon matériel tout ça » qu’elle chuchote, un poil envieuse, se demandant si embarquer la console ne serait pas tentant. Mais ils ne sont pas là pour ça. « Faut la jouer finement. Pas y aller en mode barbare, une idée ? » parce qu’il ne suffit pas de balancer des insanités dans le micro. C’est trop basique. Trop facile. Faut quelque chose de discret, qui s’insinue dans les esprits sans que personne ne s’en rende vraiment compte, comme une image de propagande intercalée entre deux spots publicitaires. « Au fait. Moi c’est Alice. » qu’elle finit par souffler, comme si ça pouvait changer quelque chose.
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MessageSujet: Re: santa came on a nuclear missile (alice)   santa came on a nuclear missile (alice) EmptyMar 6 Mar - 6:29

Y a quelque chose qui se passe, entre elle et lui, quelque chose qui s’enroule et qui se presse, qui se blottit entre eux et qui le relie. Y a un courant, un arc électrique, quelque chose qu’il est incapable de nommer, incapable de comprendre, incapable de cerner, quelque chose qui existe, pourtant, qui a commencé au moment même où il l’a regardé et qui continue, qui court, qui crépite, lui donne envie d’hurler. Il la connaît. Il connaît la façon dont elle effleure sa main pour attraper les crochets, il connaît la façon dont elle sourit, il connaît la façon dont elle se déplace, il connaît la façon dont sa voix se tord, il connaît, il connaît, il connaît, il la reconnaît, comme un double, un reflet, et il lui sourit un peu trop largement, lorsqu’elle fait sauter le verrou, lorsqu’il se faufile à l’intérieur, lorsque d’un coup, ils sont deux, complices, inexorablement liés. Ça tambourine, quelque part dans son estomac, comme un mécanisme bien rouillé, un mot de sa part et ça bat, un soupir et il a les yeux qui se plissent, un sourire et tout déraille, tout dérape, tout déconne. Il lui promettra peut-être la lune, dans une ou deux minutes, parce qu’il sait qu’elle est assez malade pour accepter, parce qu’elle assez démente pour exiger le ciel et se le faire livrer, parce que ça dégouline de ses mots, de sa bouche, parce qu’elle est rongée par le même mal que lui et qu’il peut le flairer, casé l’un contre l’autre dans une cabane trop étroite, inconnus mais pas trop, à se passer une clope qui en a déjà trop vue. Peut-être que c’est ça, le coup de foudre, et ça a beaucoup plus de sens que dans les films romantiques, peut-être que c’est ça, le coup de foudre, tomber sur quelqu’un qui souffre des mêmes pourrissures que soit. Il sait pas. Il s’en fout. C’est ça et trop d’autres choses à la fois et il se penche vers le pc qui fait dégueuler de la musique, pianote du bout des doigts pour trouver une idée, pour pas tout faire foirer.

« J’suis toujours prêt à courir, tu sais. » Il lui balance, dos à elle, un sourire un peu suffisant sur la bouche. Toujours prêt à courir mais pas toujours prêt à fuir, toujours prêt à foncer parce qu’il s’en cogne du danger. Il a passé trop de temps à se cogner à des mecs bien trop forts pour lui, trop de temps à élaborer, prévoir, construire, trop de temps pour tourner les talons, claquer la porte derrière lui, se planquer. Il sait pas faire, profil bas, il connaît pas ça. C’est ce qui le tuera sans doute, du reste, parce qu’il sait pas baisser les yeux, parce qu’il sait pas baisser la tête, parce qu’il sait pas comment faire ce genre de trucs, parce que ça le dépasse, parce que ça lui échappe. Il sait pas reculer, il sait pas choisir ses combats, il sait pas arrêter. Il y arrive pas. Les seuls fois où il proteste pas, il est apathique, les seuls fois où il est pas debout, c’est que le reste l’a rattrapé, l’a avalé, c’est qu’il a passé la nuit éveillé et que tous les mots se mélangent, c’est que l’angoisse l’a cloué au matelas. Il est pas cool, Tag, c’est pas un type bien, c’est pas un type sympa, et peut-être qu’il passe son temps à hurler parce que c’est le seul moyen qu’il a de se sentir vivant, encore et encore et encore, vivant et pas amorphe, vivant et pas vidé, démuni, dépassé, pas une larve, pas terrifié, pas comme sa sœur. « Mon nom c’est Eoin. » Il lui répond, finalement. « Tu peux m’appeler Tag. »

Ou pas m’appeler du tout, il sait pas, il est pas certain que les noms soient très importants pour un mec avec un prénom que les gens savent soit pas écrire soit pas prononcer et une nana qui chante sous un pseudonyme. Y a d’autres façon de faire que de s’appeler, pour les gens comme eux, c’est presque une certitude. Il pianote une nouvelle fois, cherche une idée, quelque chose, n’importe quoi, finit par claquer des doigts.

« On pourrait mettre des reprises des chansons que y a de plus en plus trash et finir par plein de chansons de Noël alternative, genre les Pogues, la chanson du missile, ce genre de trucs, tu vois. »

Oh, elle voit, il en est certain. L’avantage c’est que ça prendrait sans doute un moment avant que les gens s’en rendent compte, avant que les gens captent. Le désavantage c’est que ça leur impose encore un long moment des mêmes chansons en boucle et peu importe à quel point les reprises sont bonnes ça change pas grand-chose à la donne. C’est pas un mauvais plan, pour autant, et il consulte du coin de l’œil sa comparse, en attendant son avis, en attendant qu’elle tranche. Tant qu’à être dans la merde à deux autant être deux, aussi, à prendre les décisions pourries, à faire les mauvais choix, à se planter de voie. C’est plus excitant comme ça, moins tragique, moins douloureux et il la jauge du regard, pour savoir à quel point elle lui ressemble et à quel point elle est différente, ce qui se cache dans son bide, ce qu’elle dissimule sous ses vêtements.

Elle est belle, Alice, comme un fruit pourri, comme un tableau maudit.
Elle est belle, Alice, et il sait déjà qu’elle le fera couler.
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