this is how it feels now
blankness, numbness, nothing

Y a un truc qui cloche. Il se sent lourd ou peut-être trop léger il en sait rien, il regarde autour de lui il fronce les sourcils, on dirait que ça tourne au ralenti ou en vitesse accélérée, il arrive pas à s'décider. Il regarde ses mains il les bouge et elles ça va, c'est tout le reste du monde qui colle pas. Il voit les lumières il entend les musiques il perçoit les mouvements, mais tout est trop loin de lui c'est comme s'il était piégé dans une bulle – ça bourdonne et ça lui vrille les pupilles, il a la tête qui tourne et l'estomac qui fait des nœuds. Les silhouettes sont floues il n'a pas le temps de les distinguer qu'elles ont déjà bougé, le temps qu'il tende le bras elles ne sont plus là. « Hey ? » Sa voix est étrange c'est comme un écho et le reste du monde tourne trop vite ou alors c'est lui, il sait pas il sait plus il est complètement perdu.

Il avance mais tout ce qui l'entoure lui donne la nausée, ça lui retourne les tripes de tout voir tourner.

Il essaie d'agripper les choses et les gens mais il n'y arrive pas, il les sent filer entre ses doigts, les regarde lui échapper sans qu'il ne puisse les retenir. C'est comme si plus rien n'existait, tout va trop vite et lui pas assez. Il essaie de faire comme eux, il court il crie il s'agite dans tous les sens mais rien n'y fait, il est plus sur la même longueur d'ondes, y a eu un bug sur la fréquence et il sait pas comment inverser la tendance. Le monde tourne seul – c'est Zyki qui tourne autour de lui.

Zyki qui n'sait pas comment y entrer, on l'a foutu à la porte il a rien vu arriver et maintenant il est coincé, il trébuche sur les pavés comme ses neurones trébuchent sur les informations, il n'arrive plus à faire le tri il est complètement assailli. Ça fait des échos dans sa tête dans ses tripes jusque dans ses os, il se sent transpercé par mille et unes sensations ; les sons les images les odeurs les saveurs, ses sens sont pris d'assaut c'est trop violent, il a l'impression qu'il va imploser. Il n'est plus capable de réfléchir c'est tout juste s'il arrive à respirer, à continuer de s'épuiser pour tenter de trouver quelque chose à quoi se raccrocher. Un arbre un mur une main un point, n'importe quoi il s'en fout, il veut juste qu'on le rattrape, il peut pas rester là. Dans ce monde sur lequel il n'arrive pas à se calquer, cette vitesse qui n'est pas la sienne, cet environnement qui le traverse comme un million d'aiguilles.

C'est toujours lui qui va trop vite, qui oublie, qui commence tout mais ne termine rien, qui imprime partout la trace de ses mains. Aujourd'hui c'est l'inverse, aujourd'hui c'est le reste qui est trop rapide pour lui, le reste qui le fait sombrer dans l'oubli.

Il est là, planté au milieu de la cacophonie que son esprit est incapable d'assimiler, renversé par les couleurs la chaleur la douleur, putain la douleur. Il sait même pas où ça fait mal.
(Partout.)

Il peut rien faire, il est forcé de regarder la réalité lui échapper, les gens les choses la vie qui glissent sur lui sans s'arrêter, sans le laisser s'y accrocher. Il est perdu Zyki, il n'a plus rien – il n'est plus rien. Un point invisible sur le tableau, une âme paumée dans le chaos. Personne ne le voit et il ne voit personne non plus, il distingue plus rien, c'est à peine s'il se perçoit lui-même. Il est là mais il n'existe pas.

Y a plus rien.

Juste les éclats de sa conscience en ruines, les morceaux qu'il n'arrive plus à recoller. Il sait plus s'il est trop p'tit ou si le monde est trop grand.

Y a plus rien. Le monde tourne, mais il est devenu néant.