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 i don't want to live through my nightmare (rezan)

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MessageSujet: i don't want to live through my nightmare (rezan)   i don't want to live through my nightmare (rezan) EmptyMar 3 Oct - 15:13


Tu te réveilles sur un cri silencieux, du bruit blanc dans les oreilles, le sang qui tape contre tes tempes. Ta respiration reprend peu à peu, saccadée, violente, et tu sens les larmes qui coulent contre tes joues, qui dévalent tes yeux, plus que tu ne les perçois. Ton esprit hurle ce que ta voix ne peut pas exprimer, repasse des images que tu voudrais oublier, et la nausée te prend d'un coup. Tu jettes tes draps dans un coin, tes pieds touchent le sol avant même que tu y penses et tu dévales le couloir en un seul souffle. Tes mains trouvent la cuvette des toilettes juste à temps alors que tu laisses sortir tout ton dégoût, toute ta répulsion, toute ta douleur. Tes larmes se mêlent à tes hauts le cœur, et tu le sais, tu le sens, tu ressembles à une loque Tereza, tu ressembles à Serghei qui a trop bu et à Elena qui s'est encore laissée aller. Tu ressembles à un déchet, mais t'es incapable de te redresser, t'es incapable de te forcer à aller mieux, t'es incapable de sortir de cette salle de bain, ni même de lâcher cette cuvette.

T'es incapable d'oublier.
Putain, pourtant tu veux. Tu veux plus y penser, tu veux plus que ce soit dans ta tête, tu veux plus que ça surgisse dans tes rêves, tes cauchemars. Ça fait quatre ans, quatre foutu années, et t’es incapable de passer à autre chose. Tu peux peut-être faire croire que tout va bien, tu peux leur offrir des sourires, continuer de rire, de paraître rêveuse, d’agir comme si rien ne s’était passé, mais au fond tu peux pas aller de l’avant. C’est toujours avec toi, autour de toi, tu te souviens de tout, trop clairement, trop vivement, ça t’entoure et ça t’emprisonne, et putain tu deviens folle. Tes sanglots bloquent ta gorge, ta nausée te plie le ventre, et tu te sens mourir, là, sur le sol de cette pauvre salle de bain à peine blanche. T’es cassée, t’es cassée de partout, et tu te laisses bouffer depuis des années. Et tu veux juste oublier, mais tu peux pas, et ça se répète encore et encore et encore, en boucle, jusqu’à ce que tu deviennes folle, jusqu’à ce que ça soit trop, jusqu’à ce que veuilles juste disparaître.

D’habitude tu dis rien, d’habitude tu te laisses crever dans ton coin jusqu’à ce que la crise passe, d’habitude tu restes seules et tu le vis seule, et tu l’as fait pendant quatre ans, et c’est juste un pas de plus, et vas-y Teresa, avance putain avance, tu l’as fait mille fois, tu peux encore le faire mille autres fois. Sauf que t’en incapable. Tu peux pas, tu peux plus, et t’as la sensation de vraiment mourir là, et t’es terrifiée, c’est ça la vérité Rez, t’es terrifiée et ça te fait encore plus chialer. «  Io… » Ta voix craque avant que tu puisses finir, un autre haut-le-cœur et t’es à nouveau pliée en deux. Y a personne ce soir, même pas ta mère ou ton père, y a personne sauf Ioan, et tu voulais pas qu’il sache, tu voulais qu’aucun d’eux ne sache, mais t’en peux plus, et t'as besoin d'aide.  «  Ioan. » Tu murmures, les sanglots qui te bloquent, la nausée qui te brûle. «  Ioan ! » T’as besoin de lui, t’as besoin de quelqu’un, tu deviens folle, t’as besoin qu’il se réveille, qu’il arrive, qu’il soit là pour toi, parce que tu peux plus avancer toute seule. « IOAN ! »

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MessageSujet: Re: i don't want to live through my nightmare (rezan)   i don't want to live through my nightmare (rezan) EmptyDim 8 Oct - 6:45


– ANGELS –
light reflects from your shadow,
it is more than i thought could exist.

Il s’est endormi. Ça relève presque du miracle — et, à dire vrai, il n’a que plus ou moins conscience qu’il a finalement réussi. Le sommeil lui est tombé dessus d’un seul coup, après plusieurs heures à regarder le plafond, immobile. Étendu sur ses draps, la respiration sifflante. Étouffant sous une chaleur inexistante, balayée par les courants d’airs que sa fenêtre ouverte faisait passer dans la pièce. Comme à son habitude, il n’avait pas bougé. Il savait ce qu’avoir chaud comme cela voulait dire — savait que les cauchemars n’étaient pas loin, s’il fermait les yeux. Alors il s’était efforcé de les garder ouverts, et de se concentrer sur les bourrasques qui lui flanquaient, à l’occasion, de très légers frissons. Au bout d’une heure ou deux, ça avait fonctionné. Et il s’était enfoncé dans le sommeil, loin des cauchemars pourtant annoncés.

L’esprit noir, il n’a pas conscience de son état. Pas conscience qu’il a finalement vaincu l’insomnie de ces dernières nuits, et que la chaîne de trois nuits blanches vient de prendre fin. Il ne se rend pas compte qu’il peut enfin se reposer, et se laisser aller. Et il ne se rend pas compte qu’à quelques mètres de là, la seule autre âme de la maison s’est, elle, réveillée en sursaut pour se traîner jusqu’à la salle de bain.

Néanmoins, lorsque le premier cri survient, les ténèbres se dissipent à une plus grande vitesse qu’on n’aurait pu s’y attendre. De vieux réflexes qui ne s’oublieront plus jamais — de vieilles habitudes qu’il n’est pas capable de réfréner. Et quand ses yeux s’ouvrent à nouveau sur le plafond à la peinture craquelée, il est à nouveau en nage. Les muscles tétanisés. Tiré de ce sommeil réparateur par l’urgence et l’instinct. Attendant, sans en avoir vraiment conscience, un second indice sur ce qui a provoqué l’appel.

Le deuxième cri explose finalement. Plus fort, plus franc. Plus désespéré. Giflé par l’adrénaline, son esprit s’est immédiatement reconnecté. Et il a bondi du lit, sans prendre la peine d’essayer de penser à ce qui était en train de se passer. Il n’a pas enfilé de t-shirt, ni même de pantalon. Lorsqu’il ouvre à la volée la porte de sa chambre, il est toujours en caleçon. Ses pieds nus absorbent la fraîcheur du parquet, alors qu’il suit instinctivement la direction de laquelle provenait le cri. « Tereza ?! » Il n’entend même pas sa propre voix. Il ne réalise même pas qu’il parle, pas plus qu’il n’a conscience de l’heure qu’il est. Son corps se déplace dans l’espace par habitude, guidé par les quelques petits bruits qui émanent du bout du couloir. De la salle de bain, pour être plus précis. Autour de lui, tout est incertain. La seule chose nette, c’est l’urgence. Celle qui fait rouler l’adrénaline dans ses veines — celle que le cri de Tereza a porté jusque dans son sommeil. Et lorsqu’il pousse finalement la porte de la petite salle d’eau, c’est pour la trouver agenouillée près de la cuvette. Visiblement mal en point.

« Rez… » Ça ne lui prend qu’une fraction de seconde pour tomber à genoux à côté d’elle. Le contact brutal de ses rotules avec le carrelage fait résonner la douleur dans ses jambes, mais il n’en a cure. Il ne la sent qu’à peine, alors que sa main passe dans les boucles de sa sœur. Lentement, le retour à la réalité se fait. L’espace où il se trouve devient net et, s’il ignore l’heure qu’il est, il a conscience d’être au beau milieu de la nuit. Il sait que leurs parents ne sont pas là, et que leurs autres frères et sœurs non plus. Il sait qu’il n’y a que Tereza et lui. Tereza, lui, et la nuit. La nuit pour les enserrer, la nuit pour leur promettre le repos mais leur offrir l’effroi et le désespoir.

Doucement, il sent l’adrénaline retomber. Ses doigts repoussent encore quelques mèches du visage de Rez, avant que ses doigts ne viennent finalement caresser sa tête. « Tout va bien. J’suis là. » Pourtant, il n’arrive pas à calmer les battements effrénés de son cœur. Comme s’il ressentait la souffrance de Tereza, sans parvenir à l’exorciser. Comme s’il n’avait aucun moyen de se calmer avant de savoir ce qui lui tourmentait l’âme au point de la rendre malade. Pas besoin d’un génie pour constater qu’elle n’avait ni bu, ni fumé, ni consommé quoi que ce soit. Pas besoin d’un génie pour comprendre que ce qui la secouait aussi violemment n’était pas explicable physiquement.

Pas besoin d’être un génie pour comprendre que la nuit avait réveillé Tereza.
Pas besoin d'être un génie pour voir qu'elle avait besoin de lui.

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MessageSujet: Re: i don't want to live through my nightmare (rezan)   i don't want to live through my nightmare (rezan) EmptyDim 26 Nov - 12:00


Ioan débarque dans la pièce et tu regrettes déjà. Pourquoi t’es faible Rez, pourquoi t’es pas capable de te débrouiller seule, pourquoi tu peux pas continuer de les épargner ? Ils sont pas tranquilles dans ta famille, ils ont leurs soucis, leurs angoisses, leurs cauchemars, t’as pas besoin de leur faire porter les tiens. T’es pathétique Rez, et tu te dégoûtes. Tu sens la nausée remonter à nouveau dans ta gorge, dans tes sinus, et tu te plies une nouvelle fois au-dessus de la cuvette des toilettes. Disparais Rez, vas-t-en, tu fais pitié, dégage, crève. Mais il y a Ioan maintenant, Ioan et ses mains froides contre ta peau, Ioan et sa touche apaisante dans tes cheveux, et t’es incapable de résister, t’es incapable de te renfermer. Tu sens un sanglot briser ta gorge, terreur et soulagement à la fois, tu sens ton corps s’affaisser contre celui de ton frère alors que tu trembles sans pouvoir t’arrêter. Tout ton être te brûle, tu sens plus tes doigts tellement tu les as crispés, t’es presque sûre que le sang que tu vois viens de tes ongles qui se sont enfoncés dans tes paumes. T’es fatiguée Rez, épuisée de toute ton âme, t’as plus aucune force qui te reste dans le corps.

«  Me laisse pas toute seule. » Ta voix est rauque, cassée, tirée par l’effort que ta gorge a accompli dans les dernières minutes. Tu t’es jamais montrée aussi faible devant l’un des tes frères, tu t’es jamais autant laissée aller dans les bras de Ioan. Tu te détesteras au matin, incapable de sourire, incapable de prétendre, incapable de continuer la comédie, mais pour le moment tu ressembles à une poupée à qui on a coupé tous les fils. Tes jambes tremblent alors que tu essayes de te redresser, t’es même pas sûre de pouvoir supporter ton propre poids, mais t’as jamais abandonné alors tu rampes, te crispes, tangues en te levant. Tu veux pas parler, mais tu sais que Ioan aura des questions et tu sais pas vraiment quoi dire. Tu sens encore la peur qui te serre les entrailles, et tu sais que tu vas te briser à nouveau sans t’y attendre. Tu connais ton corps, tu connais tes limites, et peu importe à quel point tu veux faire semblant, tu te brises Tereza. Tu te brises et tu peux qu’espérer qu’Ioan te rattrapera. « Faut que je boive de l’eau. » Tu repousses ce qui va forcément arriver, tu cherches une excuse pour pas juste regarder ton frère dans les yeux, et en même temps tu sens que tout ton corps réclame un peu d’apaisement. Tu pourras pas crapahuter dans la cuisine seule, tu sais que ton frère va devoir t’aider à chaque pas et la culpabilité s’ancre dans ton estomac. Tu te sens égoïste, à faire subir ça à ton frère, mais rien qu’un regard dans le miroir et tu sais que tu ne ressembles qu’à l’ombre de toi-même. Elle est loin la fille du soleil, alors qu’elle se laisse happer par la nuit.

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MessageSujet: Re: i don't want to live through my nightmare (rezan)   i don't want to live through my nightmare (rezan) EmptyLun 27 Nov - 22:54


– ANGELS –
light reflects from your shadow,
it is more than i thought could exist.

Il a beau essayer de respirer calmement, essayer d’être celui sur lequel on peut compter, sur qui on peut s’appuyer, rien n’y fait. La voir comme ça, sa petite Tereza, ça lui lacère le cœur. Il se sent impuissant, ballotté à droite et à gauche par le courant. Fracassé contre les murs de sa douleur, incapable de les faire s’effondrer et d’atteindre la petite chose qui, recroquevillée sur le bord de la cuvette, continue à être malade. Cette maladie qu’il ne peut pas expliquer, et contre laquelle il ne peut rien faire. Cette maladie qui part de l’esprit — il le sent. Mais il lui manque les clés. Les clés à rentrer doucement dans les serrures, pour faire sauter les cadenas du supplice de Tereza. Il voudrait l’aider. Voudrait la libérer. Voudrait pouvoir faire autre chose que lui parler et lui caresser les cheveux. Il voudrait. Il voudrait. Mais rien n’y fait. Tant qu’elle n’arrive pas à lui parler, rien n’y fera jamais.

Y a un sanglot. Un seul — un premier. Et Rez retombe doucement contre lui. S’échoue dans ses bras ouverts, ses bras qui l’accueillent comme s’ils l’avaient toujours attendue. Ils se referment autour d’elle, aussi fragiles qu’à l’ordinaire, mais pourtant déterminés à ne pas trembler. Y a assez des frémissements de ce corps chétif et perdu, assez de sa peur et de son mal-être. Il n’en rajoutera pas. Il sera là. Et il y restera. Pour toi, Tereza.

Lorsqu’elle parle finalement, il ne peut empêcher sa mâchoire de se serrer, écho à son cœur broyé entre ses côtes. Bousillé par l’empathie, il sent la douleur de Tereza continuer de pénétrer chacune des fibres de sa peau ; continue de le faire tanguer, et de l’envoyer de rocher en rocher. Mais il ne dit rien. Il ne flanche pas, il ne soupire pas. Et lorsqu’il parle, il tente de maîtriser au mieux cette voix qui voudrait pourtant s’accorder à la faiblesse de celle de Tereza. « J’m’en vais nulle part. » Aucune chance. Et les questions ont beau lui brûler les lèvres, il ne les posera. Pas tant qu’il sentira qu’elle n’est pas prête à y répondre. Pas tant qu’elle n’aura pas besoin de lui en parler. La douleur qui vous saute à la gorge, la nuit tombée, il la connaît aussi. Et il sait qu’il n’aurait pas envie d’être obligé à en parler. Il sait que Tereza aussi vaut mieux que ça. Il la respecte, autant qu’il ne respecte sa souffrance. Le jour où elle aura décidé de lui parler, il sera là. Toujours là.

Quand elle lui demande de l’eau, il ne répond tout d’abord pas. Ça lui prend une fraction de secondes, durant laquelle il la serre un peu plus fort dans ses bras, durant laquelle il pose un baiser sur le sommet de ce crâne blond. Et puis, les mots s’échappent. Doux. Bienveillants. Apaisants. « Je vais te chercher ça. Bouge pas. » Il se décolle doucement, prend garde à ce qu’elle ne perde pas l’équilibre, et à ce qu’elle s’installe plus ou moins confortablement. « Garde la porte ouverte, ok ? » Et sur ces mots, il laisse ses pas le guider hors de la salle de bain. L’oreille attentive au moindre grincement, comme effrayé par l’idée que le cauchemar qu’Anca lui avait fait vivre, sept ans auparavant, ne soit sur le point de se répéter. Il descend au rez-de-chaussée, aussi vite qu’il le peut. Dans la cuisine, il attrape un verre et une bouteille d’eau. Dans sa précipitation, il se cogne le pied dans la table, mais s’efforce de faire taire les grognements de douleur et de retourner à l’étage. Il a besoin d’être à côté de Tereza. Il a besoin de ne pas la laisser seule. Il a besoin de voir qu’elle va bien.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il est retourné s’asseoir à ses côtés. Il pose le verre sur le carrelage, le remplit aux trois quarts et le lui tend. Doucement. Il referme la bouteille, la repousse un peu, mais ne l’éloigne pas trop. Au cas où la soif persisterait. Il observe doucement Tereza. Il a mis de côté l’idée de sentir son cœur se desserrer et s’alléger. Faut croire que ce ne sera pas pour ce soir. « Ça va aller ? » Tout est relatif, il le sait. Mais au moins, elle n’a plus la tête enfoncée au fond des toilettes. Chaque chose en son temps. Parfois, les petits progrès comptent plus que les grands, et il ne sert à rien de viser les pas de géant.

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MessageSujet: Re: i don't want to live through my nightmare (rezan)   i don't want to live through my nightmare (rezan) EmptyMer 29 Nov - 13:31


Tu te noies Rez, tu te noies dans tes propres pensées, tes propres émotions. Tu te noies, seule, sans personne à qui tendre la main pour t’aider à remonter la surface. Ton poids, tu l’as toujours portée sans jamais rien demander, ne voulant l’imposer à personne. Mais il t’entraîne, il t’entraîne toujours plus loin, toujours plus bas, et t’as l’impression de crever un peu plus à chaque jour qui passe. Tu sais plus quoi faire, tu sais plus comment t’en sortir, et t’as conscience que tu peux plus avancer enfermée dans ta tête. Ton cœur a beau te hurler que c’est ton problème, ta raison tente de te faire comprendre que tu vas finir par mourir si tu gardes tes lèvres scellées. Et t’es désolée que ça soit tombé sur Ioan, tellement désolée de lui faire vivre ça alors que ses propres nuits sont remplies de fantômes, de cauchemars que t’entends quand même à l’autre bout du couloir, et en même temps… en même temps, t’aurais imaginé personne de mieux. Pas même Mihail. Pas même Anca. Avec Ioan, ça a toujours été facile, ça a toujours glissé, il n’y a pas cette ressemblance trop douloureuse comme avec ta sœur ou ce chemin rempli de tournant comme avec ton jumeau. Avec Ioan, c’est comme respirer, c’est autant vital que naturel.

Ta tête est collée contre tes genoux alors que ton frère court te chercher de l’eau sans une question de plus, tu te forces à respirer longuement, à tenter de reprendre pied dans le monde réel. Tu sais que Ioan a peur, tu sais que Ioan pense à Anca, tu sais que ton frère visualise le corps de ta sœur, tu sais qu’il a peur que tu tentes quelque chose aussi, mais t’es trop perdue entre les bornes qui t’entourent pour attenter ta vie. T’essaye juste de revenir à la réalité, à paraître moins abîmée, à retrouver un peu du soleil qui court dans tes veines. Il est de retour avant même que tu réalises entièrement que tu aies été seule. Ta main tremble sur le verre, mais tu te forces à faire passer le liquide dans ta gorge enflammée. Ça ne te soulage pas en profondeur, mais en surface ça te permet de ne plus te sentir à vif. La tempête se déchaîne dans ton esprit, mais ton corps cesse de hurler.

La question qui passe la barrière des lèvres d’Ioan, tu la connais, trop bien, trop entendue, trop l’habitude. D’ordinaire, tu réponds oui, tu rigoles, tu hausses les épaules, tu leur faire comprendre que c’est ridicule de penser qu’il y a un problème avec toi. T’as pas de problème Rez, t’es libre comme le vent, brillante comme les paillettes qui ornent tes joues. Mais Ioan t’a trouvée la tête au fond des toilettes. Ioan t’a vue en train de te courber de douleur, et tu sais que même si tu lui réponds que tout va bien, il ne te croira pas. « Non. Non, ça va pas. Rien ne va, je. » Ton cœur sursaute dans ta poitrine, ta gorge se serre et tu te hais Rez, tu te hais comme tu t’es jamais haïe. T’as pas à lui imposer ça, pas à Ioan, pas à ton frère chassé par ses propres démons. « Je vais m’en occuper. Merci Io, tu… tu peux retourner te recoucher. J’ai l’habitude de gérer… tout ça. » Combien de fois tu t’es retrouvée ici à vider ton corps, combien de fois tu t’es réveillée de tes songes empêtrés avec la sensation de suffoquer ? Tu t’en occupée, tu t’en es toujours occupée, seule, par toi-même, sans personne à tes côtés. Ignore la raison, ignore ton esprit, ignore la tempête. Lutte Tereza. « Retourne te coucher… t’as besoin de sommeil, tes cernes font aussi peur que celles de Mimi. » T’ignores ta voix rauque, t’ignores tes jambes tremblantes, t’ignores les ombres sous tes propres prunelles. Lutte Tereza.

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