✧ Love oh love Elle était pas comme les autres, elle était pire. De ses beautés cruelles, de celles qui promettent de vous anéantir. Et toi, t'étais un roi, qui confrontait une déesse. Tête haute, même pas peur. Tu l'as eue, tu l'as capturée. Parce que t'étais franc, direct. J'te veux. Pas de ''ça te dit'' ou ''est-ce que tu voudrais''. Tu la voulais, pour toi. Et tu l'as eue. Vous avez été les rois du monde, un moment. Sauf que, comme chaque fois où tu désires quelque chose, puis que tu l'acquiert, après l'excitation, viens la lassitude. Parce qu'elle était toujours là, après cinq ans, comme une évidence, une habitude. Elle était à toi, vous aviez des plans, des projets. Elle te ressemblait, te connaissait. Tu l'as prise pour acquise. Parce que malgré les tsunamis de ta cervelle disloquée, elle restait. Elle resterait toujours, comme une mère. Tu pensais pas qu'une mère pouvait laisser son fils. Tu les voyais ses sms, tu clignais des yeux jusqu'à ce qu'ils disparaissent, jusqu'à ce que tu les noient. Quand votre relation avalait de l'eau par le nez, tu t'excusais, lui plantais des promesses dans le coeur, tu changeais, changeais de masque, une journée, ou deux, avant que les monstres reviennent dire coucou. Coucou. T'entendais, la machine qui faisait un son étrange, tu l'ignorais, tu continuais de rouler, l'avion continuais de voler, de te voiler la face. Jusqu'au crash, jusqu'au moment où tu ne pouvais plus l'ignorer. Quand t'es revenu, elle n'était plus là, elle était perdue, dans VOTRE lit, avec un meilleur menteur que toi, un nouveau menteur. Et, comme un enfant unique, c'est quand on a voulu te prendre ton jouet délaissé que t'as fait ta crise, pour le ravoir, parce qu'elle était à toi, que t'avais pas fini de jouer avec elle. Et même si t'as fracassé sa jolie gueule de beau menteur, ça n'a pas suffi. Elle a préféré ses mensonges, comme des bonbons transpercés d'aiguilles, à tes injections de réalité, tes seringues dans son coeur. Elle ne te laisserait plus la disséquer. Elle est partie, avec lui, te laissant des miettes de déni pour te nourrir. T'as appris à mentir, pendant un mois, à ta famille, en leur disant que vous étiez en ''pause''. Une pause pour toi, pour enterrer doucement ton coeur, petit morceau par petites miettes.✧ Drown me Se noyer, noyer la peine, la douleur brûlante dans ta poitrine, qui se répandait dans tout ton corps. T'empoisonnais de rage et d'envie de mourir. Tu trouvas ta solution liquide au mal solide. La bouteille, le whisky comme seul et unique amant. Tu te noyais de l'intérieur, parce que t'y arrivais pas de l'extérieur. Peu importe le nombre de pierres, de pilules, tu coulais pas, la mort voulait pas de toi. T'as tenté de l'attirer de tous les moyens inimaginable, pas moyen. T'allais nager, tous les jours et chaque jour, ton souffle devenait plus long, t'arrivais à retenir ton souffle plus longtemps sous l'eau. Peut-être qu'au fond, t'avais pas le courage de crever. T'arrivais à rester sous l'eau pendant près de cinq minutes. Et la fois, la fois où t'as vraiment osé. Où t'es resté sous la surface limpide malgré l'eau qui venait violer tes poumons, quand t'étais enfin décidé, fallait que quelqu'un vienne à ton secours. Sauf que s'il sauvait ton corps, y'avait rien à faire pour le reste. Ton âme, ton coeur, étaient submergés, naufragés, rien à faire. Tout ce que t'avais était imbibé. On t'avait menti. Y'en avait pas de belle sirène, pour venir te noyer, dévorer ton coeur avec ses dents acérées. ✧ Cut me open T'as toujours eu cette fascination pour l'intérieur. Tu capturais des petites bêtes, tu les ouvrais avec des couteaux de cuisine, pour jouer dedans. C'était normal, tous les petits garçons faisaient ça, hein ? Sauf que pour toi, ça à continué, c'était pas qu'un jeu d'enfant. C'était pas de la porno, que tu regardais sur l'ordinateur de ton père, la chair tu ne l'aimais pas encore comme ça. Tu parcourais la toile, de momifications en vidéos de thanatologie. Jusqu'à tenter de momifier le chat de la voisine. Personne n'a jamais su, ne saura jamais. Tes parents se sont chargés d'enterrer vivant, tes rêves de croque-mort. Te privant d'ordinateurs, de sorties, te collant un gardien aux fesses pour s'assurer que t'essaies pas d'autres trucs morbides. Ils s’inquiétaient pour toi, mais plus encore de leur jolie petite réputation. Parce que t'aurais pu, charmer la petite voisine, la consoler, lui faire mal, la momifier avec son chat. Ils le savaient. Et il était hors de question de te faire voir un docteur, leur nom ne serait taché ni de sang ni de folie. Pouvoirs de parents castrant, qui contrôlent encore ta vie. ✧ Tear my heart T'aimes ça. Le petit souffle qui quitte la poitrine, quand le coeur se brise. C'est un peu comme mourir, une petite mort. Après la natation, c'est devenu ton sport préféré. Défi lancés par des potes puérils, briser le coeur à la plus belle, à la plus vierge, au plus virile de l'école. Tu l'as fait, c'est devenu facile. Alors t'as cherché mieux, pire, plus malsain. Tu sais pas encore où sont les limites, là où t'iras trop loin dans les relations tordues où tu es le tortionnaire. Tu veux toujours repousser la limite. Si t'aimes jouer avec ta vie, t'aimes encore plus jouer avec celle de gens. Heureusement que t'as quelques potes, des vrais. De ceux qui savent comment t'es cassé, qui acceptent ça, acceptent que, parfois, tu vas trop loin, que parfois, tu t'arrêtes pas et que tu les emmènes, comme un démon. Viens, on va aller toucher le fond. Ceux qui sont incassables, deviennent tiens, pour toujours. C'est comme un test de la nature, sélection naturelle, sadique et cruelle. ✧ Bleed me Vous avez mal ici ? Que tu questionnes, en appuyant encore. En appuyant jusqu'à avoir une réaction, en appuyant jusqu'à ce que l'ecchymose change de teinte. Jusqu'à ce que la plainte vrille dans les aigus. Jouer dans les plaies, sentir les inspirations de douleur, comme s'ils tentaient d'avaler leurs propres mal, lécher leurs propres plaies, alors que tu peux très bien le faire pour eux. T'aimes bien le sang, sa couleur, sa texture, son odeur, t'arrives à en apprécier son goût, sans en être obsédé. T'es pas un vampire, même si, le dos de tes amantes est gravé de d'autres histoires. T'aimerais pouvoir le voir couler, bleu, saigner quelqu'un dans une pièce sans oxygène. T'es pas un docteur gentil. T'es de ceux aux mains trop baladeuses, au sourire trop charmant. Fuck. C'est pour la science, c'est pour la science. ✧ Break my bone T'es passé plusieurs fois à l'urgence, et tu peux pas jurer que ça n'arrivera pas. Parce que dans les bagarres, t'es pas tranquille. Tu frappes, jusqu'à ce que ça casse, toi, lui, elle, ou les deux, les trois, l'armée entière. Tu comptes plus, les fractures. Tu les collectionnes, tu en déjà même fait quelques-unes volontairement. Ton avant bras droit, cassé quatre fois, pour le rendre plus fort, à chaque fois, à chaque fracture. FRAPPES-MOI PUTAIN ! Quand c'est pas pour expérimenter ta propre physionomie, c'est pour jouer à l'intérieur de d'autres. Jouer avec leurs sentiments, leur rage, celle qui agit, mord, brûle, gets shit done. Le son, des os qui brisent, c'est une autre mélodie spéciale. Fracture externe, avec la peau qui s'ouvre aussi pour laisser passer l'os. Une jolie fracture, comme tu les aimes, comme t'en voit trop peu. Crick. Crack. Crock. ✧ Kill me Les troubles mentaux t'ont toujours fascinés. Comment, par désespoir, tous les mécanismes de survie peuvent s'auto-détruire et laisser une personne se donner la mort. Tu rêves d'être là, avec quelqu'un, quand il le fera, s'enlèvera la vie, que tu l'encourageras, à sauter de la falaise, appuyer sur la gâchette, sauter de la chaise. Que tu pourras disposer du corps comme ça te plaira. Presque un meurtre. Si tu te fais prendre, tu plaideras la folie amoureuse, assistance au suicide, meurtre par compassion. Et au pire, t'iras en taule, c'est une expérience comme une autre, peut-être même que tu t'amuseras davantage en prison, que tu t'amuserais davantage chez les fous.✧ Bury me Enterré depuis la naissance. Sous une montagne d'argent, d'or, de possibilité. Tout ce que tu voulais, tout ce que tu nommais, tu l'avais. C'était facile, c'était génial. T'as rapidement appris que tout s'achetait. Qu'avec les billets ou la carte de tes parents, t'étais le roi du monde. Des amis ? Tu pouvais acheter leur amour, avec des nouveaux vélos, avec des voyages, avec des anniversaires luxueux ou t'invitais pas le meilleur ami de ton meilleur ami, pour l'avoir que pour toi. À l'adolescence, t'achetais des petites amies avec des cadeaux, après, des prostitués, du bon vieux trafic humain. Aujourd'hui, c'est différent. Parce que tu t'es rebellé, que t'as plus des fonds illimités. Sauf que ta mère te verse toujours des montants faramineux, tous les mois, sans que papa ne sache. Et toi, tu fais le pauvre, le parasite, à squatter, gratter pour tout avoir pour rien du tout. Taxant des clopes, même pas gêner de tabasser quelqu'un pour lui faire les poches. Parce que ça, c'est encore plus grisant de tout avoir sans sortir une pièce. Et ça surprend toujours, quand tu sors de l'argent de nulle part, t'étais pas pauvre, toi ? Nan. Tu squattes les lits de la 2B, t'aimes en charmer un, puis l'autre, foutre la merde, faire la petite pute, c'est ton kiffe.  ✧ Curse me Tu t'es maudit toi-même le jour où t'as décidé que tes parents ne contrôleraient plus ta vie, que t'étais plus à eux, leur enfant, leur truc, leur jouet, leur trophée. Que tu foutais le camp de la maison, tant pis. Tant pis si tu devais dormir dans la rue, en enfer, ou même la faire, la rue, la faire tienne. Ta mère n'était pas d'accord. Elle avait peur, peur que tu meurs, comme elle te savait ''fragile''. Elle a réussi à te contacter, sans que ton père ne le sache, t'ouvrant un nouveau compte en banque où elle dépose l'argent pour s'assurer que tu ne manques plus de rien. C'est comme avant, les repas de famille chiants, la grosse maison et la castration paternelle en moins. Ça fait presque un an que tu crèches ici et là. Tu sais jamais trop où tu dormiras le soir venu. ✧ Bring me back to life T'es constamment à la recherche de plus, de tout, à tout construire, tout détruire, tout sacrifier, tout brûler, réparer, les gens, les relations. Tu cherches de quoi te faire sentir un peu vivant, les sensations fortes, les douleurs ou plaisirs physiques. Tu fais parfois de trucs qui te dégoûtent toi-même, parce que le dégoût c'est mieux que le vide, l'apathie. Il même s'il faut te mutiler le coeur pour t'assurer que tu ressens, t'ouvrir les veines pour te rappeler que t'es en vie ou te crever pour te faire du bien, tu le feras.