✧ PRÉNOM(S), NOM Rafael, Augustín, Andrés, Julian, Elias. On sait pas, on s’prend des balles sous chaque semelle avant même d’avoir pu entamer le moindre mouvement salutaire. Faut dire qu’il y croit dur comme fer quand il jette un coup d’œil curieux pour chaque voyelle de son nouveau prénom. Pourtant il est bien né sous le nom disgracieux de Paulo Kempes Simeone, même si, récemment, il a adopté le nom de Casey Kiernan pour faire ramper les grosses coupures jusqu’à son humble cabinet.
✧ ÂGE Trente-six ans de cavale, de contrats signés en lettres d’or. La quarantaine il n’y pense pas, il ne compte plus les années, ne voit plus le temps, il reste figé, prisonnier malgré lui des secondes qui défilent sur sa montre flambant neuve. Quand il ne fait rien, il a l’impression de perdre son temps Paulo, et ça il aime pas. Alors souvent il change les chiffres, ça lui donne l’impression d’avoir le contrôle sur le temps quand il se dérobe.
✧ LIEU DE NAISSANCE Né à Ellis Island dans ce qu’on appelle plus communément la jungle new-yorkaise.
✧ NATIONALITÉ De nationalité américaine, quoi qu’on puisse en penser, au-delà des regards nauséabonds de ses voisins jetables. Il est né sur un nuage toxique, un nuage adoré, vendu, chéri par la mère patrie. Parce qu’ils cherchent tous le rêve quand ils arrivent, c’est après que ça se complique. C’est après qu’ils comprennent que le seul rêve auquel ils peuvent aspirer c’est une maison à crédit sur cinquante ans avec une bourse d’étude seulement pour trois gosses. Il fait Paulo, comme tout un chacun. Il change seulement de prénom quand il s’amène au Starbucks pour commander un grand Macchiato.
✧ ORIGINE Quand c’est pas le café, c’est le maté qu’il boit à la paille comme du Coca-Cola. Ses origines diffèrent et s’étendent des plages brésiliennes de Salvador aux quartiers pauvres de Buenos Aires en Argentine.
✧ ÉTUDES, EMPLOI C’est comme s’il avait été façonné pour autre chose, mais pas l’école. L’école, les études, les jours qu’il tuait à découper sa gomme à l’aide de ciseaux, il ne les regrette pas. Et tout le reste qu’il n’a jamais appris, mais qu’il comprenait pourtant. Parce qu’il assimile très vite l’information Paulo, il en use très vite aussi, du moment qu’il y gagne quelque chose. Il a fait des jobs merdiques, évidemment, comme les autres mais il y avait toujours un truc. Un plan pour mettre en banqueroute tout le monde sauf lui. Il a volé quelques voitures, avant, avant d’extorquer de l’argent auprès de petites grands-mères qui étaient, tellement ravies de lui servir le thé. Il était tellement charmant Paulo. Agent Immobilier, conseiller financier, maître-chanteur, voleur, menteur. Il a toujours tout fait bien comme il faut pour vivre au-dessus de ses moyens. Aujourd’hui il est psychiatre au sein d’un cabinet rutilant de Savannah, psychiatre pour « stars et starlettes » Paulo, qui se refait une santé avant de repartir tambours battants pour Dallas.
✧ STATUT CIVIL Célibataire, il n’a jamais ressenti ni le besoin ni l’envie d’avoir ce quelqu’un pour lui tenir la main, pour lui dire à quel point il est génial, pour lui faire des cadeaux absurdes qui finiront par prendre la poussière sur une étagère ou dans un carton. Il faudrait qu’il arrête son numéro de cartes, il faudrait fixer des limites, dire non si la situation l’exige. Dire non, penser oui. Seulement sa vie, c’est pas Bonnie & Clyde, il y a de place pour toutes ces fillettes qui se donnent des airs de Madone. Paulo il préfère faire ce qu’il veut, sans jérémiade, sans sentiment. Plus qu’une fille facile, docile, il préfère crever l’abcès d’un adultère consenti.
✧ CARACTÈRE Faudrait décrypter le code pour prétendre le connaître, un peu, comme un ami, comme une amante, comme une connaissance qu’il chérirait un minimum. Pas comme ce monstre qu’il laisse comme un animal dans un zoo. Paulo il joue beaucoup trop, il se déguise, endosse un par un tous les rôles. Paulo il se cache derrière une multitude de personnages. Il y a un peu de lui c’est vrai, quand il adopte ce comportement séducteur. Quand il dit les trucs, sans détour, avec une franchise qui fait bégayer. Paulo il reste pas suffisamment pour s’attacher à quiconque mais chaque adieu est un crissement sur son beau tableau noir. Parce qu’il peut se murer sous un ciel des plus cyniques, ça change pas qu’il interprète tout beaucoup trop vite, que sa caboche fonce à 2000k/h. Alors dès fois, il voit des signes, trompeurs. Il voit des relations plus intimes qu’elles ne le sont en réalité parce qu’il est trop pris Paulo, il sort jamais vraiment du jeu. Incapable de définir ce qui le rattache pourtant à ses fréquentations épisodiques. Alors il a ce sourire qui recherche constamment l’attention, pour tromper, pour ne pas s’éterniser là comme s’il était finalement en compagnie d’un banc de piranhas. Manipulateur il l’est, sans une once de sympathie ni de regrets. Il fait sans, sans le facteur empathique si cher à tout le monde. Pourtant il est lui-même influençable Paulo, par les circonstances, ce qui se proposent à lui quand il ment. Il est toujours en représentation, comme un funambule sans filet, il improvise chacune de ses sorties. Il y a cette recherche du vrai, de l'authenticité qui lui échappe, qui s’évapore dès qu’il ouvre la bouche. Il y a de beaux vers, verbes. Paulo il est dans la démonstration constante (superficielle), dans le style et rien sur le fond. Paulo c’est un comédien, sa vie est un théâtre, dédale dans lequel il s’est perdu depuis bien trop longtemps, par vanité. Convaincu d’être intellectuellement supérieur aux autres.
✧ GROUPE Fixed.