Je cligne des yeux alors que je me demande ce que je fous là. Ce n’est pas au mec normalement de faire ça ? Hum. Si sans doute. Je ne suis plus vraiment sûre pour le coup. Je sais qu’il l’a déjà fait, sur quelques verres… Ah oui, et j’ai dit que je prenais les suivants donc. Ma tournée. Sauf qu’au final, j’ai commandé la bouteille. Mais ce n’est qu’une bouteille, un peu chère certes, mais quelle importance ? Autant finir sur une bonne note non ? Et non, une bouteille pour deux, ce n’est pas trop. Enfin, je ne crois pas. C’est du champagne, pas de la téquila non plus. Et oui, je vais le regretter demain, d’avoir fait tant de mélanges, mais il m’a proposé de goûter plusieurs cocktails, ça ne se refuse pas, quand bien même les connaissais-je déjà.

Je sais, certains diraient que j’oublie bien trop vite les leçons que je suis censée retenir, mais tout cela est tellement ennuyant sinon. J’ai fait des efforts, et je continue d’en faire, pour ne pas me retrouver dans le même état que la dernière fois, quand Truc m’a ramassé. Ah oui. Serghei pardon… Enfin, en l’occurrence, c’est lui qui m’avait laissé plus de traces sur la peau que ces connards, je tiens à le rappeler. Je sais, ça aurait pu être pire. Ou ça a peut-être été pire de ce qu’il a dit, je n’en sais trop rien. Oui, on va dire que je m’en fous, c’est plus simple comme ça. Et heureusement que je n’ai plus de bleus, parce que ça a été une catastrophes à camoufler, une vraie perte de temps. Ça ne m’a pas empêché de continuer à être canon, mais je passais un temps fou à mettre du fond de teint, alors que j’ai un teint parfait. Comme tout le reste on est d’accord.

Et je le reconnais, ce soir, j’ai peut-être forcé la dose. Plus que les autres soirs, presque autant que cette fois-là. Mais je tiens encore debout, et j’arrive à avoir des pensées cohérentes, c’est donc que tout va bien. Pour ma défense, ce mec est canon, vraiment canon. Un brun, cubain peut-être, musclé sans l’être trop, avec un sourire à tomber, et faut le voir danser... Je ne suis pas spécialement sortie pour ça, mais il est venu à moi, normal oui quand on me voit, et je n’allais pas dire non à ça, il faudrait être stupide. On a énormément dansé, ma courte robe rouge Dior me mettant parfaitement en valeur quelque soit les mouvements enchaînés. Et j’arrive assez bien à le suivre malgré la dose d’alcool et autres que j’ai déjà dans le corps, je suis plutôt fière de moi. On a beaucoup bu aussi, à coup de shoots et de divers cocktails donc. Oui, bon, je n’ai pas fait que boire, mais on évite les cours de morale sur la drogue, l’alcool et tout ça, je connais bien et je gère parfaitement. Et de toute manière, je n’ai pas été toute seule une minute, j’étais avec des amis. Amis que j’ai à nouveau quelque peu perdus en traînant avec lui, mais ce n’est pas grave, je ne vais pas aller me perdre dans des ruelles sordides, c’est promis. C’est hors de question que je me retrouve à toquer chez lui non plus, aussi doué soit-il. Je suis sûre qu’il l’est tout autant lui… Javier… Rafaël… Carlos… enfin le cubain quoi. Ouais, ça mérite d’être tenté et pas qu’un peu.

Je soupire alors que j’attrape la bouteille et les verres. Trop de monde, beaucoup trop de monde. Je déteste ces boîtes qui ne savent pas gérer leur clientèle et qui sont incapables d’amener des bouteilles aux tables. Franchement, on dépense des centaines de dollars, la moindre des choses serait d’être servis non ? Soit, je ne pensais pas prendre une bouteille, mais tout de même… Enfin, cela ne compte pas vraiment. Tout ce qui compte, c’est que je le rejoins et que j’aurais bientôt ses mains à nouveau sur moi… un peu plus que quand on dansait. De toute façon, j’ai trop bu pour décider autre chose. Non, je me contredis pas, je dis juste que j’ai bu quelques… beaucoup de verres et que ça tague un peu. Je me faufile tant bien que mal entre les danseurs, un sourire aux lèvres, et pose le tout sur la table avant de me tourner vers lui, prêtant à peine attention aux coupes qui vacillent et tombent.
Et je ne réfléchis pas davantage alors que mes mains entourent son visage et que mes lèvres se posent sur les siennes. Et si j’avais l’intention de le faire doux, ou pas vraiment, peu importe, je ne suis plus vraiment maître de mes actes. On va dire ça. Ma langue va effleurer ses lèvres et franchit la barrière de nacre alors que je me rapproche de lui, voulant à nouveau sentir la chaleur de son corps. Et je fronce un peu les sourcils. Pas que je le sens réticent, mais en général, on me rend mes baisers et c’est quelque peu vexant que ce ne soit pas le cas.

« Ça va p… »

J’écarquille les yeux en voyant la nana qui me fait face, haussant un sourcil, avant de regarder autour de moi.

« Où est passé ce… t’aurais pas vu un mec super canon ?… Et t’es qui ? »

Je regarde à nouveau, mais il y a beaucoup trop de monde et je ne sais absolument dans quel coin il peut se cacher. Merde. J’ai une moue boudeuse, qu’est-ce que je vais faire maintenant hein ?... Je soupire et attrape la bouteille. Et voilà, plus de verres en plus, c’est bien ma veine. Ma moue s’accentue. Pleurer au lieu de se faire baiser, ce serait une fin de soirée particulièrement moche. J’attrape la bouteille et bois quelques gorgées, avant de la tendre à la blonde. Comment j’ai pu ne pas faire gaffe à ça putain ? Elle est blonde ! Et c’est une putain de gonzesse quoi… Je vois plus très clair je le reconnais.

« T’en veux ? »

Et qu’on vienne pas dire que je suis pas sympa.

La musique m’entoure et je me trémousse sans même m’en rendre compte aux rythmes qui passent et changent. Rien qu’avec ça, je devrais me dire que j’ai un peu dépassé la dose et que je devrais me calmer. Se trémousser… on dirait une gosse  ou une pute ou je ne sais pas quoi. Quand tu arrêtes de danser et que tu commences à t’agiter et remuer n’importe comment, c’est que tu ne contrôles déjà plus grand-chose. Bon, après, avec lui, je veux bien faire une exception et me trémousser encore, tant qu’il le fait avec moi. Et je veux bien faire plus avec lui, on est d’accord, même si je ne suis pas certaine à 100% d’être en état de vraiment faire quoi que ce soit, et encore moins d’en profiter de mon côté. Et ça, c’est nul. Du coup, cette salope de petite voix me demande si c’est vraiment une bonne idée de continuer à le chauffer comme ça. Mais je fais que danser. Me trémousser. Et après, je n’en sais rien, on verra bien, je ne prévois pas aussi loin que ça. Et je fais taire cette voix donc, qui a pris sans que je ne pige comment une intonation vachement plus masculine que j’arrive pas trop à resituer pour le moment, quand elle me dit que je cherche les problèmes et qu’il faudra pas s’étonner de si je me retrouve dans la merde à nouveau. Mais je l’emmerde. Fait chier quoi. Si je peux même pas m’amuser, à quoi ça sert hein ? Et puis, lui au moins je l’ai choisi.
Je reprendrais une dose, pas tout de suite, ça serait trop tôt… je crois… mais tout à l’heure, ça me réveillera et me boostera assez pour que je m’amuse avec lui un certain temps. Non, je ne sais pas trop où, chez lui peut-être, pas chez moi, jamais chez moi. Et puis on s’en fout non ? On danse encore, on boit encore, et on continuera jusqu’à ce que ça ferme, jusqu’à ce qu’il m’emmène ailleurs. Je m’en fous, tant que je  n’ai pas à réfléchir ou à rentrer chez moi. Enfin, rentrer chez moi ne me dérange pas tant que ça, je n’ai pas envie de me retrouver seule en vérité, c’est toujours la même chose. Ou me retrouver avec ma tante, ce qui est pire en vérité. Alors n’importe quoi fera l’affaire plutôt que ça. Et puis, là, je n’ai pas trop à me plaindre.

Entre deux moments d’absence, je songe vaguement à envoyer un message à Atlas, mais il m’a dit qu’il avait un truc ce soir, je ne vais pas l’emmerder plus que nécessaire le pauvre. Je le harcèle déjà suffisamment, je ne sais même pas pourquoi, il ne m’a pas encore envoyé bouler. Mais ça me va super bien, tout comme les mails et messages instantanés, je me suis vite habituée, trop vite, à pouvoir lui envoyer des sms et à avoir de ses nouvelles comme ça aussi. C’est tellement facile aussi. De lui parler. De déconner avec lui. De me confier. Il n’est pas réel, alors… Hum. Non, ce n’est pas le moment de penser à lui. Idée à la con oui. Tellement.

J’ai un sublime brun pour me divertir. Tout va bien. Ou du moins j’avais. Même si je ne m’en rends pas compte de suite et que je me retrouve à embrasser une ravissante poupée blonde. Pas aussi jolie que moi, mais elle se défend. Bon, elle est plus grande, mais tout le monde l’est, alors ça ne compte pas. Et elle n’est pas bien épaisse non plus. Oui, j’aurais mieux fait de remarquer tout ça avant de l’embrasser comme je l’ai fait. Mais elle aurait pu m’arrêter aussi elle… Tu parles, elle semble aussi à l’ouest que moi. Mais ça reste pas cool, aussi mignonne soit-elle. Je veux Javier. Oui, j’ai décidé que c’était Javier. Il s’est barré ? Non, il ne m’aurait pas laissé, même s’il avait trop bu aussi. Ça ne se fait pas, pas vrai ? Carrément que non.

Je fronce un peu les sourcils quand elle se met à rire. Non pas que je sois susceptible, mais peut-être un peu… Surtout quand je suis aussi défoncée que bourrée. Non, ce n’est même pas vrai, en général, je suis plutôt d’humeur joyeuse. Sauf qu’en général, je ne me fais pas planter par un mec comme ça. Là, je boude. Et je ronchonne un peu alors qu’elle parle et se remet à rire.

« Je te signale que tu m’as pas non plus repoussé d’abord ! Et euh… J’ai pas regardé. T’es à sa place, et… Merde. En plus, il est cubain, et toi t’es…blonde et grande et… enfin le stéréotype de la barbie. »

Je grimace un sourire, même si je suis toujours mécontente. Ouais, je sais, en barbie, je me pose aussi, surtout quand je suis apprêtée comme ça… Et avec des talons de 12 cm, je fais presque illusion… Je lui lance un regard et hausse une épaule.

« C’est lui qui perd dans l’histoire, pas moi. Abruti…
Wendy. Comme la gourde dans Peter Pan. »

Pourquoi je sors ça ? Je soupire de ma propre bêtise avant de m’emparer la bouteille. Il m’a couté assez cher ce champagne pour pas que je le gâche. Et puis, rien de mieux pour oublier non ? A part la coke, mais faudrait que j’aille jusqu’aux toilettes tout là-bas, et je ne m’en sens pas le courage. C’est loiiiin… Ne plus penser. Ne plus se sentir si… vide, seule, mal, ridicule. Parce que merde, c’est quand même totalement risible et ridicule de ma part tout ça. Sérieusement, je vaux mieux que tout ça, je suis mieux que ces cassos et autres dépressifs minables.
Et je me retrouve à lui tendre la bouteille. Pourquoi ? Pas par bonté d’âme, juste pour pas picoler seule. Parce que ça, c’est moche. Je la dévisage alors qu’elle hésite. ‘tain, elle voit pas l’étiquette ou quoi ? Enfin tu me diras, elle arrive peut-être pas à lire davantage que moi. Parce qu’on ne dit pas non à Dom Perignon de cette année-là… J’ai même dû faire une scène la dernière fois, parce qu’ils en avaient pas. Comme quoi, ça sert de se plaindre non ? Maintenant, j’en ai. C’est cool. Et son hésitation dure pas longtemps, vu qu’elle s’en empare à son tour. C’est sacrilège un peu de boire ça comme ça non ? Je crois oui, mais ça n’a pas grande importance. Je la fixe, hésitant à mon tour, ma moue toujours présente. Retrouver mon beau gosse est tentant je l’avoue.

« Non. Il veut partir, qu’il parte. Je serai mieux sans lui, c’est tant pis pour lui j’ai dit. Il sait pas ce qu’il loupe. »

Je soupire avant de reprendre la bouteille et de boire à nouveau un peu, soufflant un rire incertain en sentant les bulles sur mon palais et reprenant une gorgée uniquement pour les sentir de nouveau. Je lui tend la main alors que je retrouve le sourire.

« Danser. Je veux danser. Et puis, on va rendre tous les mecs fous en dansant ensemble, ça va être rigolo. »

Ou pas. Moi, je m’en fous, je veux juste m’amuser.

C’est pas juste. Depuis quand les mecs pensent pouvoir me planter comme ça ? Bon, d’accord, ce n’est qu’un mec, mais même un, c’est trop. Je suis pas le genre de nanas qu’on laisse en plan surtout après avoir tant offert de shooters et tant bu… Alors non ce n’est pas juste de me chauffer et de partir sans rien dire. Je vais faire quoi moi maintenant ? Non, me dire que j’ai un pommeau de douche ou un vibro dans ma table de chevet n’est pas une réponse acceptable. Parce que je voulais sentir ses mains sur moi et entendre ses soupirs au creux de mon cou. Je soupire et fixe la jolie blonde éthérée qui se trouve à la place du beau brun que j’espérais. Je fronce les sourcils. Quoi ? Je regarde de nouveau autour de moi, comme s’il allait soudainement apparaître entouré d’un  halo lumineux, mais non, absolument pas. Les couleurs sont plus vives, les gens sont bruyants et joyeux, pour la plupart aussi alcoolisés que moi, mais en dehors de ça, je ne vois rien de particulier. Rien qu’elle qui me fait face et je me retiens de trépigner sur place en boudant, même si je n’en suis pas loin.

« T’es sûûûûre ? Non parce qu’y a pas d’autres tables de libres et je me souviens parfaitement qu’il y avait ce truc-là, pour le concert de je sais plus quel groupe, pas loin… L’affiche, cette affiche-là. »

Je la désigne du menton, même si en vérité, maintenant en le disant, j’en suis vachement moins persuadée. Peut-être qu’on a juste dansé à côté. Peut-être que c’était carrément une autre affiche. Peut-être même que c’était juste le menu ou une connerie du genre. Mais on s’en fout. Et je dirais certainement pas que j’ai tord, même si je suis bourrée. La mauvaise foi va de pair avec l’alcool… Bon, et oui, je le suis déjà potentiellement de base, donc ça n’arrange rien dirons-nous.
Je lève la main et la secoue, geste trop grand et pas maîtrisé quand je voulais uniquement nier d’un doigt et chasser son propre index moqueur.

« Sauf que je suis petite. Vachement trop petite pour ressembler à cette conne aux jambes aussi haute que moi. » Je souffle un rire. « Mais oui, sinon, je suis canon je sais. Ce qui est encore plus incompréhensible non ? Faut être débile pour partir et me laisser. T’es pas d’accord toi ? »

Non pas que son avis compte, pure question rhétorique. Et le volume de la bouteille diminue alors que je la partage avec elle, après que les bulles pétillent sur ma langue et dans ma gorge, et me fassent rire. Bon, mon rire disparaît presque aussi vite qu’il est apparu quand elle parle d’un chien. C’est bien un chien un cocker non ?

« Hééé ! » Je la dévisage les sourcils froncés, sans trop savoir quoi lui dire. Elle m’a comparé à un chien ? « Tu m’as comparé à un chien là ? Laisse tomber, ouais, Wendy c’est joli, j’aime bien. » Encore heureux en fait. Je hausse une épaule. « Et tant pis pour le cubain… je devrais me satisfaire autrement. C’est quand même trop nul ! »

Comme elle le dit, je pourrais le chercher, ce n’est pas si grand que ça, même si je ne suis pas persuadée de savoir en faire le tour vu que je dois déjà me concentrer sur Eden quand elle me parle, histoire de capter tout ce qu’elle dit. Mais du coup, là, elle est sérieuse ou elle se fout encore de moi ? Je lève un doigt, puis deux, alors que j’énumère.

« Alors déjà, dans Peter Pan, ils imaginent pas des trucs, le Pays imaginaire et Clochette existent vraiment. De deux, donc non, je l’ai pas rêvé. Je veux bien être légèrement saoule, mais j’ai pas imaginé ses mains et son sourire. Et de droit…trois… j’ai toujours très bon goût. »  

Que ce soit en boisson, en coke ou en mecs. Et elle a de la chance que j’ai trop bu, et trop snifé oui, pour m’offusquer de ses paroles et l’envoyer chier. Parce qu’elle vient de dire que j’étais folle non ? Bon, d’accord, peut-être pas vraiment, mais quand même… j’imagine pas des trucs. Enfin, pas autant. Et elle continue et se met à rire. Parce que je dis que je m’en fiche ? C’est pourtant le cas. Je ne connais même pas son prénom, et à part qu’il était carrément mignon, je ne sais rien de lui. Il ne va pas me manquer. Un autre aurait pu me manquer, je l’aurais cherché, mais je ne suis pas sûre qu’il existe vraiment lui par contre, alors je sais pas trop…  Peut-être qu’un jour j’irai le chercher. Je ris un peu en y pensant, sans me dire que c’est carrément improbable et que je serais probablement déçue qui plus est. Alors je me contente de boire encore, sans prendre en considération que j’ai déjà beaucoup trop bu. Et puis, personne ne me fera la morale pas vrai ? Qu’ils essaient donc… Je grimace une seconde en croisant les doigts pour ne pas tomber sur la connasse en chef en rentrant, sous peine d’avoir le droit à un énième sermon et autres regards désobligeants.
Mais là, je m’amuse non ? Là, je peux juste en profiter et continuer, ne pas penser à tout ce qui m’attend, à ce froid, cette solitude et cette superficialité sur lesquels j’ai construit ma vie. Ou autour desquels ? Et pourquoi je pense à ça ? Dans le doute, je reprends la bouteille et bois quelques gorgées supplémentaires.

Elle attrape ma main et mon sourire s’agrandit, faisant pétiller mes yeux. Je l’emmène sur la piste de danse, ignorant les mecs qui nous dévisagent et nous matent ouvertement. Je danse avec elle, contre elle, pour elle. Je ne sais pas trop moi-même et je suis pas sûre que ce soit vraiment important. Il n’y a que la musique qui guident nos pas et impose le rythme. Et elle joue le jeu. Ou elle s’oublie tout comme moi, juste pour profiter de la soirée et ne penser à rien d’autres. Même si la chaleur devient étouffante, même si parfois, certains nous rejoignent et tentent de s’immiscer, ou de s’intégrer du moins. Et puis, vite, trop vite, la bouteille se révèle vide et me tire une moue contrariée alors que je la tend au mec le plus proche, qui sourit et la prend, comme si je lui offrais un bouquet de fleur ou un rencard. Je l’oublie aussi vite et mes bras rejoignent le cou de la blonde. Je penche la tête sur le côté, essayant de rassembler mes pensées et mes lèvres s’incurvent en un sourire enivrée.

« Sex on the beach trésor… »

Evidemment, quoi d’autres ? Des dizaines de cocktails et d’alcools divers me viennent en tête en vérité, mais ce nom sonne plutôt bien pour l’occasion, non ? Et je tourne la tête vers le garçon qu’elle désigne lui faisant un geste de la main pour qu’il me rejoigne alors qu’elle s’éloigne. Et ses mains prennent le relai de celle du cubain et d’Eden, et je danse contre lui, laissant mes mains monter dans ses cheveux alors que je danse mon dos contre son torse, les siennes me plaquant contre lui, et déjà, je sens qu’il aime bien danser ainsi contre moi. Je la vois revenir, slalomant entre les corps et je souris, tendant les bras vers elle. J’attrape le verre qu’elle me tend et en bois une gorgée avant de l’attirer vers moi, me penchant vers elle, sans cesser de danser, sans repousser le mec derrière moi.  

« Non pas qu’il me déplaise, mais il fait chaud… Et je vais pas te laisser seule… Tu le veux ? »

Je lui souris, amusée, perdue, engourdie. Quelle importance en vérité ? Je la connais pas, lui non plus d’ailleurs, alors quoi ? Tu comptes faire quoi petite fée ?