J'aime bien me faire des cinés tout seul. Personne qui m'emmerde à commenter le film, à tenter de se blottir dans mes bras ou à réclamer de se faire tripoter. Sérieusement, j'ai une tête à faire ça ? Donc autant dire que ouais, des nanas, j'en amène jamais. A part mes sœurs et encore, je me rappelle plus de la dernière fois où c'est arrivé. Et puis, c'est pas comme si je sortais avec mes sœurs comme je sors avec les pétasses que je peux croiser. D'autant que le jour où je paierais des trucs aux filles dans l'optique de les sauter est clairement pas arrivé. Je l'ai fait hein, à une époque, au début. Mais je me suis rendu compte qu'en mettant les formes ou non, ça finissait toujours comme je voulais. Donc autant m'épargner le diner, le ciné et finir direct dans mon pieu et se faire plaisir non ? En tout cas, ça marche plutôt bien jusqu'à présent. Surtout qu'en agissant comme ça, elles pigent aussi très vite que s'attarder ne sert à rien. J'avoue qu'une fois que je les ai sautées, j'attends qu'une chose, c'est qu'elles se tirent.

Bref, tout ça pour dire que ouais, une petite séance de ciné tout seul, de temps en temps, c'est cool. Même si je sais que j'oublierais le film dans à peu près 10 minutes mais au moins, ça m'a vidé la tête. J'allume une clope alors que je commence tranquillement à marcher et que je resserre ma veste dans un frisson. Il fait super froid ce soir et j'ai pas vraiment les fringues les plus chaudes du monde. Je vais quand même pas me plaindre, ça se fait pas et je suis pas un gamin qui piaille pour rien. Je l'ai été peut-être, il y a longtemps. Tellement longtemps que je serais infoutu de m'en souvenir. Et que, de toute façon, ça serait gommé par les tartes, les punitions et j'en passe. Donc ouais, j'évite de trop y penser en fait. Je presse le pas, fronçant les sourcils en réalisant que je me perds dans mes pensées malgré moi. Et que c'est typiquement le genre de trucs qui me met de mauvais poil. Mais vraiment hein, pas genre grognon et tout. Parait que ça, je le suis tout le temps. Ou souvent en tout cas.

Je soupire et je me rends compte que j'ai pris un mauvais tournant et que je me suis un peu paumé. Je suis dans une rue un peu glauque, totalement vide si ce n'est des types un peu plus loin. Qui ont l'air d'être en train de bien se marrer vu que, de ce que je vois, t'en as qui a le pantalon baissé. Okay, je veux pas savoir ce que deux types peuvent être en train de foutre dans une ruelle, tous les deux. Mais vraiment pas. Jusqu'à ce que je remarque une chevelure blonde appartenant à une nana avachie entre les deux. je fronce les sourcils et une part de moi me souffle de me tirer, que ça me regarde pas et tout. Pourtant, je m'avance et je plisse des yeux en voyant qu'elle a l'air aussi molle qu'une poupée, comme si elle était pas consciente. Oh putain.

Qu'on soit d'accord, je suis pas un foutu bon samaritain. Mais quand même, je suis pas un connard au point de me casser sans savoir ce qui se passe. Histoire de pas me dire que j'aurais laissé deux types violer une nana inconsciente. Si c'est pas déjà fait. Merde.

"Oh les mecs, vous jouez à quoi là ? Elle est dans les vapes putain !"

Je les entends se marrer et l'un d'eux, celui qui la maintient dans le dos, hausse les épaules avant de lâcher, comme si de rien était.

"Allez, tu veux jouer toi aussi ? Elle gémit un peu mais elle fera rien de plus. Et elle est sacrément bonne. Et puis, elle sait même pas qui on est, elle pourra même pas se plaindre après."

Je croise les bras et je jette un regard à la fille. Vrai que, même dans les vapes, c'est tout à fait mon genre. Enfin pas les fringues ni la tonne de maquillage qu'elle a sur la gueule, mais elle est sacrément bien roulée. Et ouais, j'avoue qu'une part de moi trouverait presque ça marrant. Juste pour voir ce que ça fait, sans avoir à la supporter après coup. Mais, d'un coup, je me demande quel effet ça me ferait si devant moi c'était une de mes frangines et pas une blondasse quelconque. Non pas que mes sœurs soient du genre à se retrouver dans une situation pareille, en tout cas j'espère, mais bon, maintenant que j'y ai pensé, impossible de le sortir de ma tête.

"Non. Cassez-vous et laissez la. Vous êtes tellement imbibés que même à deux contre un, je vais vous défoncer la gueule. Donc vous voulez vraiment jouer à ça ?"

Le mec qui la maintient dans le dos se marre et glisse sa main dans son débardeur avec un sourire qui me donne envie de lui péter les dents. L'autre a l'air de me prendre un peu plus au sérieux et se tourne, remonte son pantalon et se dirige vers moi en titubant.

"Tu vas continuer ta route et oublier ce que t'as vu ouais. Cette salope est à nous et tu ferais mieux de t'en souvenir."

Ok, j'ai même pas réfléchi que le premier coup est parti. Et qu'il est déjà par terre, se tenant le nez à deux mains en m'insultant de tous les noms. Pour le principe, je lui mets un coup de pieds dans le ventre. Puis un deuxième. Avant de viser les couilles. Le cri de douleur qu'il laisse échapper me fait sourire et je lève un regard en direction de l'autre type. Qui lâche la blonde sans ménagement et se tire sans demander son reste.

Bien. Je fais quoi maintenant moi ?

Je me remets du rouge à lèvres, avant de me regarder dans le miroir sous la lumière blafarde de l'ampoule à nue qui le surplombe. Et qui ne m'avantage vraiment pas. Certes, ça doit être le cas pour tout le monde, mais les autres ne ressemblent à rien de base, ils ne doivent pas trop voir la différence. Je soupire, avant de me sourire. Je suis toujours parfaite, lumière ou pas.  Replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille, je sors pour rejoindre les autres d'un pas relativement assuré. Je m'assois et répond une connerie à Kyle, avant d'attraper son verre que je finis en souriant et de l'emmener sur la piste en riant.  

Enfin, ça, c'était en début de soirée. Il doit y avoir au moins deux heures donc. Là, je suis en train de me demander comment je suis arrivée dans ce coin pourri. Quoique me demander est un bien grand mot. J'ai un peu de mal à garder des idées ou pensées en tête plus de 30 secondes. Même si j'essaie.

Je me souviens vaguement avoir repris une dose peu de temps après, tout en me disant que c'était pas vraiment raisonnable. Et d'avoir ri d'avoir pensé ça. Je me souviens qu'on est tous partis, à moitié défoncés pour la plupart, aucun vraiment cohérents, moi pas davantage que les autres. Que je leur ai dit de m'attendre parce que j'avais oublié mon sac. Et que j'ai ma vie dans mon sac. Comprenez par là que j'ai mon téléphone, ma Visa Palladium et ma réserve. Je me souviens que je suis ressortie et que je me suis retrouvée face à un trottoir vide. Bande de sales cons. Pas un pour rattraper l'autre dans cette bande de guignols. C'était pas vraiment grave, j'étais encore en plein trip et j'étais vachement bien. Vraiment. Alors j'ai commencé à marcher. Et c'était une putain de mauvaise idée. Parce que j'ai marché et je me perdais sans même y penser, alors que mon esprit s'embrumait de plus en plus et que je commençais à vraiment m'angoisser. Tout en essayant de me rassurer parce que c'était que les effets secondaires de la coke. Ouais, voilà. Je flippe parce que je redescends. La preuve, je commence à vraiment plus savoir marcher, et à... perdre un peu mes capacités de réflexions. Juste un peu... Ou beaucoup okay. Et je suis parano, toujours à cause de la coke, en croyant que ces mecs me suivent, parce que...

Je ferme les yeux et m'appuie contre le mur. Juste me poser un peu et ça ira mieux après. Quand je pourrais réfléchir. Un minimum. J'ouvre les yeux quand je les entends rire. Je dégage mon bras quand l'un des deux l'attrape.

« Lâchez-moi ! »

D'accord, je suis pas hyper convaincante. Je suis même pas sûre d'avoir été intelligible. J'ai de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts en plus. Fais chier. Pourtant, quand le premier me met une main au cul en montant l'autre sur mes seins, je le repousse plus fermement, le giflant comme je peux. Sans doute pas de façon super efficace toujours est-il.

« Va te faire foutre, tu me lâches et tu dégages bordel ! »

« Oh, c'est pas moi qui me faire foutre pétasse. »

Et aussitôt je me prends un coup qui m'aurait fait tomber à terre sans souci, si l'autre ne m'avait pas retenu.  Et je sens du sang couler le long de mon menton. Et non, c'est pas parce que je saigne du nez. Et je crois que ma dernière pensée c'est de leur dire que putain de merde, c'est du Chanel, ce putain d'ensemble, et qu'à cause de leurs conneries, il va être foutu.

Le pire c'est qu'encore une fois, y a une partie de moi qui est consciente de ce qu'ils font et qui essaie de me secouer pour me réveiller. Je les sens me tripoter, descendre mon string, et puis... j'entends du bruit. Des voix. Mais je capte pas ce qu'ils disent. Et j'essaie vraiment de me réveiller. De leur gueuler dessus parce que ces pouilleux osent me toucher. Sérieux, ils sont pas capables de bander quand une fille leur fait face ou quoi ? En même temps, une autre partie de moi, une très grande partie de moi, se dit que ça n'a aucune importance, que ça change rien après tout quoiqu'il se passe. Je suis assez forte pour m'en sortir. Et puis, c'est juste deux abrutis. Ils ne m'arrivent pas à la cheville.

Et je tombe à genoux. Ou carrément à terre même pour être précise. Et ça me réveille un peu. Assez pour que j'attrape mon sac et que je me relève tant bien que mal. Sortant ma bombe au poivre, mieux vaut tard que jamais je sais, j'en asperge le gars face à moi. Pendant que j'ai encore un minimum de présence d'esprit, pendant qu'il se fait cramer les yeux, parce que j'ai quand même réussi à viser un tant soit peu, je remonte mon string, avant de tituber en arrière et de retomber contre le mur.

Putain de merde.

Je le savais, j'aurais mieux fait de continuer ma route ou, au mieux, de tirer mon coup comme ils me l'avaient si aimablement proposé. Parce que, clairement, je m'attendais pas du tout à ce genre de réaction. Bon, je dis pas que je pensais qu'elle allait me tomber dans les bras en mode prince charmant et tout, faut pas déconner vu l'état dans lequel elle est, mais entre ça et ce qu'elle me fait, y a quand même une putain de palettes qu'elle aurait pu utiliser.

Enfin ça, je vais y penser après parce qu'en vrai là, de suite, je me contente de prendre un coup de bombe au poivre en plein dans la gueule et de lâcher, du ton le moins amène du monde.

"Mais c'est pas possible, t'es vraiment trop conne ou quoi ?"

Et paf, je vois plus rien. Mais vraiment. Ca me crame les yeux et plus ça va, plus c'est pire. Je me rends même pas compte que je lui en colle une par réflexe mais de toute façon, elle l'a bien cherché cette connasse. Et qu'on me parle pas de légitime défense. Elle aurait pas été aussi défoncée, elle aurait vu que je lui ai sauvé la mise.

Je sais pas combien de temps je reste comme ça sans bouger, à appuyer mes poings sur mes yeux et à balancer toutes les insultes qui me passent par la tête. Elle a pas l'air de bouger et j'arrive même pas à voir si elle est éveillée ou si elle est dans les vapes. Et, très honnêtement, je m'en cogne complètement. J'inspire lentement, histoire de me calmer alors que, petit à petit, je retrouve un semblant de vision. Je vois super flou et ça me brûle putain.

Mais ça s'arrange petit à petit. Au bout de combien de temps ? Pas la moindre idée. Je pense que ça fait un petit moment mine de rien vu que c'est encore plus calme qu'avant, quand je finis par voir assez net pour faire plus que vaguement distinguer sa silhouette. Et, comme je la vois encore bouger, gémir ou je sais pas quoi, que ça me gonfle, je la frappe de nouveau et ce coup-ci, je suis sûr d'avoir fait mouche alors que je sens le contact de sa joue sur mes phalanges.

"Et merde…"

Je me relève et je tangue un peu, me tâtant sérieusement à la laisser plantée là. Mais y a l'autre type qui commence à émerger et j'ai beau avoir les nerfs, s'il la voit, ce qu'elle vient de vivre sera une douce comparaison de ce qu'elle va prendre. Alors je me penche vers elle et je souffle, d'un ton mauvais, sans savoir si elle m'entend ou pas.

"Si tu te débats ou si tu dis quoi que ce soit, je te promets que je te laisse dans ce putain de caniveau en criant que c'est open bar et que le monde entier peut te passer dessus, après t'avoir cognée encore une fois."

Je l'attrape et je la balance sur mon dos, comme un vulgaire sac de patates, grimaçant en me disant qu'elle pèse plus lourd que je l'aurais cru. Heureusement qu'il est super tard et que je croise personne sur la demi-heure que je mets à rentrer chez moi. Je galère sacrément à monter les escaliers et je pousse un soupir de soulagement quand je la balance sur mon lit.
Une bonne chose de faite au moins. Et je soupire alors que je secoue la tête, dépité par ce que je viens de faire. Je vais me rincer la gueule dans la salle de bains et je jure de plus belle en voyant mes yeux. Super. Quelle pauvre conne. Heureusement que je bosse pas demain sinon, je sens que j'aurais rigolé à justifier cette gueule.

Je reviens dans la seule pièce de mon appart' et je secoue la tête de plus belle en la voyant. Même pas elle a bougé et en plus, elle bave sur mes oreillers. Je vire mes pompes avant de faire de même avec les siennes et je la pousse contre le mur sans ménagement pour me faire de la place. Putain je vais jamais réussir à dormir moi, même avec les deux cachetons d'aspirine que je gobe sans même boire un verre d'eau. Pourtant, je m'allonge avec un profond soupir, repliant un bras sous ma tête et méditant sur cette soirée de merde.

C'était une journée qui avait pourtant bien commencé. Je vous jure. Je n'avais pas vu ma tante, j'avais pu farfouiller un peu sur des sites intéressants, et j'avais trouvé un nouveau sac. Que demander de plus ? Forcément, il a fallu qu'un truc se passe mal. C'est sans doute trop demander que de n'avoir aucun souci dans une journée. Oui, soit, en général, c'était des soucis qui me faisait trépigner, dépenser de la tune ou un truc du genre. Rien d'irrésolvable donc. Rien qui ne mérite que je ne m'appesantisse dessus en tout cas. En même temps, il y avait peu de choses ayant une importance à mes yeux, ça facilite grandement la vie de n'attacher de l'importance à rien, vous pouvez me croire.

Et alors que j'émerge tout juste assez, parce que le connard qui me tenait m'a enfin lâché et que je me suis donc vautrée, je retrouve assez de réflexes pour utiliser cette foutue bombe. Ouais, la prochaine fois, j'emmènerais un garde du corps, ce sera vachement plus simple. Parce que là, c'est pas gagné. J'entends le mec qui gueule, mais j'y prête pas le moins du monde attention alors que je m'écroule de nouveau à moitié. Et ce con a essayé de me frapper en plus ? Mais ils ont quand même un grain, c'est quoi ces mecs qui se sentent obligé de montrer qu'ils savent cogner une nana deux fois plus petite ? Ils peuvent pas trouver autre chose pour démontrer leur virilité ou je sais pas quoi ?... Je sais. C'est ce qu'ils veulent... voulaient ?... faire. Et vous allez pas me croire, mais l'un dans l'autre, je préfère. Oui bah pensez ce que vous voulez, au moins, ça ne se voit pas. Alors qu'un coup sur le visage, je vous raconte pas le boulot pour le cacher. Après, on arrive à se faire à tout, c'est pas si grave... Bref !

Je reste contre le mur, et tente d'ouvrir les yeux. Là, voilà. Je cligne des yeux et vois un mec à terre. Et pas celui qui m'a frappé et tripoté et qui s'apprêtait à me montrer ce qu'était un homme, un vrai ? Je suis pas vraiment sûre, mais je souffle un rire malgré tout. Et en tournant la tête, je vois l'autre non loin de moi, qui se cache les yeux. Ah je savais bien que j'avais réussi. J'ai un sourire absent, avant de reposer ma tête contre le mur. Faudrait que je me lève et que je rentre. Avant qu'ils reprennent leur esprit. Mais je n'arrive pas à bouger mes jambes. Je lâche un soupir. Tant pis. Je fronce un peu les sourcils quand il commence à m'insulter. Laissant tomber avant de réagir, si encore je pouvais réagir, je ferme de nouveau les yeux. Et tout s'éloigne. Ça c'est cool. J'ai toujours mal au cœur, mais c'est mieux. Je pourrais pas plus réagir, mais c'est mieux.

Je finis par ramener mes genoux vers moi. Premier geste. Déjà pas mal. Bon, je pourrais quand même pas me lever comme ça. Toute façon, je vais finir par devoir me mettre à genoux pour me lever on est d'accord. Je reste comme ça un certain temps, je ne sais pas trop combien...
Je me redresse un peu. Juste assez visiblement pour attirer l'attention du mec pas loin de moi. Juste assez pour me prendre une droite. Je pousse un cri et me retiens d'une main pour pas m'écraser à terre.

« Oh putain de bordel de merde. »

Quel fils de pute. Je sens le goût du sang envahir ma bouche. Vous voyez quand je disais que c'était pire, bah je confirme. Et encore, je suis encore un peu anesthésiée, je m'en rends bien compte. Mais si ça se trouve cet abruti m'a pété une dent ! J'entrouvre un œil et lui lance un regard mauvais, avant de me crisper un peu quand il s'approche. Mais il raconte quoi ? Non sur le principe, j'ai aucune envie de rester là. Mais d'un autre côté, j'ai pas envie de... de quoi d'ailleurs ?
Et je ne crie même pas alors qu'il me soulève, retenant le haut-le-cœur qui me prend. Evite de vomir s'il te plait, c'est vraiment pas classe. Il est marrant lui. Pas me débattre ? Mais bordel, j'en ai même pas la force, c'est bien le problème. Je dois marmonner un lâches-moi et un autre truc, mais visiblement, c'est pas assez pour qu'il me jette à terre. Ou alors j'ai pas vraiment parlé. Possible aussi. Et je me dis que s'il avait voulu me violer, il l'aurait fait sur place non ? Pour ce que je m'en fous. Peut-être que c'est un pervers, un sociopathe ou pire. Et je dois à moitié retomber dans les vapes, parce que je me souviens plus vraiment de la suite.

Je fronce les sourcils en clignant des yeux, avant d'ouvrir lentement les yeux sans bouger. Parce que je suis pas seule et que je sais vraiment pas où je suis. Ni qui c'est lui. Bon okay, il a beau avoir des cheveux à moitié sur le visage, il est quand même plutôt beau gosse. Je tourne légèrement la tête et grimace en voyant la pièce. L'appart vu la cuisinière qui trône dans un coin. Oh putain. Réfléchis. Et ça me revient. Vaguement, sous forme de flashs et d'images éparses. Ma mâchoire se crispe et je me redresse un peu. Okay, j'ai toujours mes fringues, mais bon, ça veut rien dire. Je hausse un sourcil avant de le pousser, d'une jambe et de mes bras, jusqu'à le faire tomber à terre.

Bien. Okay. Je me lève et m'éloigne... même si dans ce trou à rat, ça ne rime à rien. Seigneur, mais il arrive vraiment à vivre là-dedans ? Je grimace, et m'appuie contre le mur quand ma tête pulse à nouveau.

« T'es qui et je fais quoi ici ? Pourquoi tu dormais à côté de moi ?! »

Je le fixe, les sourcils levés, la mine dédaigneuse.

« Ça t'a pas suffit de me passer dessus dans la ruelle, tu t'es dit que je voudrais de toi au réveil parce que je te serais trop reconnaissante de pas m'avoir laisser dans la rue ? »

Je me passe la main sur la mâchoire, jurant de nouveau. Et là, je me souviens de ça aussi. Il m'a cogné ! C'était lui ! Tout comme c'est lui qu'à raconté je sais pas quel connerie en me menaçant ! Et qui m'a porté comme si j'étais... Mon regard s'assombrit un instant et je prends le premier truc qui me tombe sous la main, un bouquin de je sais pas quoi, et je lui balance dessus.

« Mais t'es un grand malade bordel ! Tu m'as frappé ! Tu crois que je suis une cassos de ton quartier pourri ou quoi ? »

Je devrais me dire que c'est une mauvaise idée, que je devrais faire gaffe à ce que je dis et fait, mais non, pas du tout en fait, ça m'effleure même pas l'esprit.
J'inspire et me redresse, relevant le menton pour le regarder.

« Je sais bien que tu dois pas forcément en avoir l'utilité, mais t'as une salle de bain dans ce trou ? Tu sais, la pièce où les gens normaux se lave ? »

Oh, je vous en prie, il devrait déjà être content si je vais pas porter plainte en sortant, ce qui n'est pas vraiment garantie. Qu'il essaie au moins de... oui, bon, se montrer civiliser est peut-être trop lui demander...

J’essaie d’ouvrir les yeux depuis dix minutes et j’y arrive pas. Enfin si, je commence à pouvoir décoller les paupières mais putain, ça fait super mal. Alors ouais, autant dire que pour me mettre de bonne humeur au réveil, c’est pas gagné, c’est sûr. Pourtant, ça pourrait être pire. Je me dis qu’elle va se réveiller, qu’elle va se montrer reconnaissante et se faire pardonner de m’avoir aspergé. Parce que ouais, de ce que j’en vois, je serais carrément ravi qu’elle le fasse. Mais je devrais savoir que ça se passe jamais comme je le veux. Mais genre jamais. De toute façon, c’est karmique dans cette famille. J’arrive à ouvrir entièrement les yeux, les plissant à cause de la lumière avant de les recouvrir de mon bras. Ca m’a pas empêché de lui jeter un coup d’œil qui me conforte dans mon impression la concernant. Un sacré petit lot ouais. D’un coup, je sens qu’on me pousse. Bon, c’est elle, forcément. Je me demande si elle a une méthode de drague un peu foireuse ou pas alors j’attends, histoire de voir la suite… et je me retrouve le cul par terre. Autant dire que c’est pas la meilleure façon de me réveiller. Ou de me remercier. Mais, à sa tête, j’ai comme l’impression que c’est pas dans ses projets.

Je la fixe, un peu incrédule alors qu’elle démarre au quart de tour. Okaaaaay, je suis tombé sur quoi moi exactement ? Je l’écoute parler, un peu éberlué avant de souffler alors que je me redresse et que je m’assois correctement par terre.

"Oh détends-toi princesse et si tu veux des réponses, ferme la deux minutes et laisse-moi parler. T’es toujours aussi causante au réveil ou tu fais une exception pour moi ?"

J’arque un sourcil en voyant le bleu sur sa mâchoire. Je déteste cogner les filles, mais vraiment. Ca doit arriver genre… en fait jamais. Je dis pas que ça m’arrive pas d’en bousculer une de temps en temps hein, pour des raisons totalement justifiées, qu’on soit bien d’accord. Mais là ouais, cette pétasse l’a cherché. Et elle recommence de plus belle. Je secoue la tête, atterré alors qu’elle continue de déblatérer connerie sur connerie. J’esquive le bouquin qu’elle me balance à la gueule et je commence à la regarder d’un air mauvais. Non mais elle veut vraiment s’en prendre une autre ou quoi ?

Je me relève alors, croisant les bras et la toisant en plissant des yeux. Je fais bien une bonne tête de plus qu’elle et, vu son petit gabarit, j’espère que ça va la calmer deux minutes. Sinon ça va mal finir pour elle. Mais vraiment.

"Sérieux, ta gueule. Me fais pas regretter de t’avoir laissée te faire passer dessus par ces connards."

J’inspire longuement pour me calmer, songeant vaguement que c’est trop tard et que je le regrette déjà profondément. Et le lève un index dans sa direction, comme pour la prévenir que si elle bouge ou que si elle parle, ça va pas le faire. Pas dit qu’elle m’écoute mais là, le peu de patience que j’ai commence déjà à s’étioler. J’ai pas assez dormi, j’ai encore super mal aux yeux donc ouais, j’ai des raisons tout à fait valable de vouloir cogner sa jolie petite tête contre le mur. Parce que oui, même avec ce foutu bleu, elle est jolie. Plus que ça même. Même si elle devrait la fermer parce que ça gâche un peu tout.

"Donc. Pour répondre à tes questions. Si tu veux vraiment des réponses. Qui je suis, je pense que tu t’en branles complètement. Tu fais quoi ici ? C’était ça ou te laisser dans le caniveau à côté du mec qui avait essayé de te sauter et qui l’avait mauvaise. J’ai beau être un sale type, j’ai mes limites. Pourquoi je dormais à coté de toi ? Parce que je sais pas si t’as remarqué princesse, mais l’appart est pas super grand. Et j’avais pas envie de dormir par terre."

Je me frotte la mâchoire, non sans remarquer qu’il faudrait qu’elle se change si elle veut pas se faire violer par un voisin. D’autant que là, j’ai une vue plongeante sur son soutif et ses seins qu’on fait plus que deviner vu que ledit soutif est transparent. Je toussote et je détourne les yeux avant de reprendre, comme si de rien était, cherchant des fringues à lui filer.

"Contrairement à ce que tu balances, je te suis pas passé dessus dans la ruelle. J’ai empêché ces deux types de le faire et en remerciement, tu m’as balancé ta bombe au poivre à la gueule. Comme dit, j’avais deux options, te laisser dans ta merde ou te mettre en sécurité le temps que tu retombes. J’ai pas choisi la bonne visiblement."

Je lui tends alors un t-shirt en levant les yeux au ciel.

"Pas de risque de te confondre avec les gens du quartier princesse. Eux ils ont le bon sens de pas avoir de sang coagulé autour du nez. La salle de bains est derrière toi. Tu seras capable de la trouver sans te perdre ?"

Alors ouais, je passe sous silence le fait que je l’ai frappée parce que je sens que sa réaction va me gonfler. Et qu’elle va finir plaquée contre le mur. Et que ce sera clairement pas pour la sauter.

C'est dans les moments comme ça que je me dis qu'il faudrait que j'arrête. Pas forcément la dope tout court, parce que ce serait bien trop chiant sans, mais du moins de traîner avec des boulets et de me défoncer n'importe où. Et vous aurez deviné, c'est pas la première fois que je me le dis. Ce n'est donc pas super efficace. L'idée du garde du corps par contre effleure à nouveau mon esprit. Même si l'idée d'avoir un relou qui me stalke et qui me juge, même sans rien dire, m'exaspère d'avance.
Mais il n'empêche que tout ça ne serait pas arrivé. Je me retrouverais pas dans un truc minable, plus petit que le boudoir de ma tante, avec un mec pas net.

Je plisse les yeux en l'observant alors qu'il se rassoit. Mais pour qui il se prend lui ? Il croit que je vais sagement me taire alors qu'il m'a ramené dans son bouge et qu'il me parle comme ça ?

« D'habitude, je me réveille pas aux côtés d'abrutis grossiers et violents. Et ne me parles pas comme si j'étais une des pétasses que tu te tapes ! »

Non mais sérieusement ! Si j'avais trouvé plus lourd, je lui aurais balancé, plutôt que ce bouquin qu'il esquive sans même y faire gaffe, tout comme il ignore soigneusement ce que je dis. J'inspire et tente de ne pas commencer à lui hurler dessus. Et ce n'est pas facile. Ce n'est pas parce qu'il est mignon, voire même carrément sexy quand il se lève, que je vais me taire et dire amen. Bon... peut-être un peu. Pas parce qu'il est mignon, mais parce qu'il a quand même pas l'air content et qu'il a 30 bons centimètres de plus que moi. Et j'ai beau être fière, je ne suis pas non plus suicidaire. Ma mâchoire me fait suffisamment mal comme ça, surtout alors que je la crispe en lui lançant un regard noir. J'ai dit que j'étais pas suicidaire, pas que j'allais tout laisser passer non plus. Et puis quoi au pire ? Il me frappe ? Il me viole ? Grand bien lui fasse. Je le démolirais derrière, et pas qu'un peu. Sauf s'il me tue, ce qui serait plus problématique j'en conviens... Mais on ne va pas envisager le pire, n'est-ce pas ?

Je ne rajoute pourtant rien en l'entendant. Je le dévisage, le visage toujours fermé, même si j'essaie de reprendre contenance et de redevenir un peu plus impavide. Mais je contracte de nouveau ma mâchoire quand il lève l'index. Et ça fait mal. Et ça me fout un peu plus en colère encore.

J'inspire. Effectivement, je m'en fous totalement de qui il est. Je grimace quand il parle de l'appart, oui, j'avais remarqué, malheureusement. Je fronce les sourcils et remonte mon t-shirt sans y penser quand il me mate ouvertement. Mais quel sale con. Je croise les bras et redresse les épaules. Rien à foutre qu'il ait une tête de plus que moi, s'il est pas content, il peut toujours se barrer. Et le fait que ce soit chez lui n'y change absolument rien.

J'hésite pourtant alors qu'il reprend. Il les en a empêché. Pour de vrai ?La seule douleur que je ressens, c'est au visage, mais on ne sait jamais vu que je suis encore un peu à l'ouest...

« Genre tu les en as empêché alors que l'un d'eux avait déjà ses doigts à l'intérieur ? Je suppose que je dois te remercier ? D'avoir jouer au super héros et de m'avoir ramené dans ta cage à poules ?... Merci donc d'être intervenu et de ne pas m'avoir laissé dehors. » Je hausse un sourcil en le fixant. « Satisfait ?
Je m'excuserai pas pour la bombe, rêve pas... »

J'attrape le t-shirt qu'il me tend. Et non, je ne ferais aucun commentaire sur le fait qu'il soit moche et vieux, même si mon expression doit en dire assez long. Je lui offre un sourire sardonique.

« … Mais comme tu sembles déterminé à faire comme si tu m'avais pas à moitié démoli la gueule, tu m'en voudras pas, pas vrai ? »

Mon regard redevient de glace, je sais très bien faire ça, alors que je le fixe quand il poursuit.

« Si vous n'aviez pas jugé convenable, toi et les deux pauvres types, de frapper une femme, je n'aurais certainement pas de sang autour du nez. Et je devrais pouvoir trouver oui. »

Parce qu'en partant du club, je saignais pas, j'avais vérifié. Et qu'après, je m'étais quand même pris deux coups dans la gueule, donc de là à chercher... Et même si ce n'était pas ça, je n'avais carrément pas envie de lui donner raison. Je lui tourne le dos et ouvre la porte qu'il m'a montré, avant de stopper sur le seuil. Inspire, expire. Ça, c'est pas une salle de bain. C'est... Je ne trouve même pas de mot. C'est plus petit que mes toilettes ça. Ça va aller.
Je fais un pas en avant et pousse la porte derrière moi. Au moins, ça a l'air propre. Pas autant que chez moi, mais je pouvais difficilement attendre plus au vu de celui qui y habite. Et je me regarde dans le miroir, mes yeux s'écarquillant malgré moi. J'ai effectivement du sang autour du nez, mais sans déconner, je pense que c'est plus dû au coup... au premier coup. Lui... Putain. J'ai un bleu sur toute la joue droite, qui descend même un peu sous la mâchoire. Il est encore clair, gonflé mais clair... et d'ici quelques jours, il sera bleu-violet, bien visible et tout aussi douloureux. J'ai des cernes, pour changer, et je parle même pas de mes cheveux.

Lâchant son t-shirt à côté de l'évier, je lance un coup d’œil sceptique à sa douche, avant de retirer mes vêtements que je laisse tomber à terre, vu leur état toute façon, autant les jeter, et d'allumer l'eau. Je finis par me glisser sous l'eau, grimaçant en sentant la brûlure sur mes mains et mes genoux. Ah oui, je suis tombée. Je lève la tête en soupirant, poussant l'eau chaude, sans me soucier de savoir s'il en restera après, ni même de ressortir rouge écrevisse. Je cherche, finissant par trouver du shampooing et du gel douche, et commence à me laver, passant précautionneusement sur mon visage. Enfin, vu que je doute qu'il ait quoique ce soit d'autres comme produits, j'essaie un maximum d'enlever mon maquillage. Ah !

« Hé truc ! T'as des serviettes ? Propres j'entends. Et si tu pouvais aller m'acheter une robe, un truc potable, doit bien y avoir une boutique dans le coin, même un truc aussi minable que ton appart. Histoire de te rendre utile. A moins que tu saches juste cogner les nanas inconscientes ? »

Sérieux, la prochaine fois que je me décide à faire un truc sympa, du genre empêcher une pétasse de se faire passer dessus, promis, je m'abstiens. Parce qu'elle me gonfle déjà, alors qu'elle a à peine ouvert les yeux. Heureusement pour elle qu'elle est bonne, même si elle a carrément la gueule d'un lendemain de mauvaise soirée, parce que sinon elle aurait rien pour elle au premier abord. Je me frotte le nez et j'inspire, secouant la tête de dépit à sa remarque avant de lâcher, sans même essayer de masquer mon ironie.

"Va pas me faire croire que tu t'es jamais réveillée sur un matelas dégueulasse en compagnie d'un type que tu connaissais même pas. Et j'ai pas besoin de leur parler comme ça aux pétasses que je me tape, elles savent à quoi s'en tenir."

Alors clairement, c'est pas le cas, mais on s'en fout, elle a pas à le savoir. D'autant qu'en vrai, je leur parle pas des masses en fait. Je ramasse le bouquin qu'elle m'a balancé et je le pose sur le lit, grimaçant alors que j'ai encore l'impression que mes paupières se collent dès que je ferme les yeux. Le truc hyper chiant, autant le dire tout de suite. Donc ouais, entre ça et le ton qu'elle prend, autant dire que j'ai pas la mine la plus amène du monde. Même si ouais, je peux pas m'empêcher de la mater. Autant au moins profiter de ce que j'ai sous les yeux non ? Sinon je vais juste avoir envie de lui éclater la tête contre le mur. Enfin j'ai déjà envie un peu en fait… bon, beaucoup. J'inspire alors que je commence à avoir sérieusement mal au crâne et qu'elle a l'air de clairement en avoir rien à foutre de ce que je lui raconte. Elle est vraiment en train de dire ce qu'elle est en train de dire ? Pour de vrai ? Là, pour le coup, j'oublie presque d'être énervé et je la fixe, un peu éberlué avant de secouer la tête.

"Putain, si tu remercies vraiment les gens comme ça, j'ose pas imaginer ce que ça donne quand tu les insultes. Remarque, j'ai une petite idée hein. Et je suis pas sûr que c'était ses doigts qu'il avait dedans princesse, mais visiblement, ça a pas l'air de te poser problème. J'aurais dû laisser faire c'est ça ? Tu regrettes de pas t'être fait passer dessus par ces abrutis ?"

Elle prend quand même mon t-shirt alors que je grimace au reste de ses propos. Okay, elle marque un point. Un peu. Elle a quand même un putain de bleu sur la mâchoire. Mais hors de question d'avoir mauvaise conscience pour cette petite pétasse friquée qui s'amuse à jouer à la rebelle dans les ruelles sombres.

"N'exagère pas. Je t'en ai juste collé une après que t'aies balancé ta putain de bombe. Si je t'avais à moitié démolie, je te garantis que tu ferais pas autant la fière."

… bon une deuxième aussi. Mais elle était déjà dans les vapes, elle est pas censée le savoir ça non ? A son regard de glace, je plisse des yeux, me demandant si ce genre de tête marche avec les autres. Parce que, perso, avec un père comme le mien, autant dire qu'il n'y a pas un seul regard sur cette terre qui peut me faire flipper. Je dis pas m'attendrir, là c'est autre chose. Mais là, clairement, elle me fait ni chaud ni froid.

"Désolé de te péter dans tes élans de victimisation, mais c'est ta mâchoire que j'ai frappé. Le sang de ton nez, il vient des saloperies que t'as sniffées. Vu que t'as commencé à saigner du nez au milieu de la nuit et que j'ai dû éponger pour pas que tu t'étouffes avec. Et parfait va donc."

Je lève les yeux au ciel, exaspéré et me demandant pourquoi je la fous pas encore à la porte. Probablement parce que je suis pas habitué à autant d'aplomb réuni en une si petite personne. Enfin si, avec mes frangines, mais venant d'une inconnue, c'est assez déstabilisant pour qu'elle ait réussi à s'esquiver dans la salle de bains sans que je la foute dehors.

J'entends la douche commencer à couler et je soupire, sans bien savoir quoi faire. Avant de l'entendre qui commence à parler. Mais quelle conne sérieux, elle le fait exprès de parler comme une pétase d'un quartier guindé ou c'est naturel ? Je secoue la tête alors que je fouine dans les placards pour récupérer deux serviettes et le plus petit jeans que je puisse trouver. J'ai beau ne pas être bien épais, elle risque quand même de flotter dedans. Mais je m'en cogne, elle aura qu'à se démerder en sortant. Et, sans même toquer, j'ouvre la porte de la salle de bains, lui tendant les serviettes avec un sourire narquois, vu que le rideau de douche ne cache absolument rien.

"Inutile de te dire que je m'appelle pas truc. Je suppose que tu t'en fous. J'irais pas t'acheter une robe, tu peux bien aller te faire foutre. Par contre, j'ai un jeans qui devrait à peu près t'aller. Tu devrais survivre quelques heures, le temps de te jeter dans une boutique huppée et de cramer tout ça. Par contre, je serais toi, je jetterais un œil à mon sac à mains, ils avaient l'air d'avoir joué avec princesse."

Et je pose le jeans par-dessus le t-shirt que je lui ai déjà filé, attendant de voir si elle va me balancer un truc à la gueule. Je me rince l'œil aussi ? Carrément. Au moins que ça ait un point positif d'être pris pour de la merde non ?

Sérieusement, mais qui m'a foutu ce boulet ? Quoi, je devrais lui être reconnaissante ? Même pas en rêve. Ma mâchoire se crispe alors que je relève mon menton dans une attitude de défi. Je hausse un sourcil et le toise.

« Je t'arrête tout de suite, je ne suis pas comme tes copines à baiser tout ce qui a possiblement une queue. Et je ne suis pas non plus comme tes pétasses qui savent donc que t'es un connard. »

Non mais franchement, il me prend pour une conne ou quoi ? Il va me faire croire qu'il se comporte comme un abruti de premier ordre et que les nanas trouvent ça sympa et lui disent oh, oui, baise-moi ? Okay, il est sexy, mais pas au point d'avoir envie de me faire sauter par un homme des cavernes. Et puis bon, il a pas à savoir où je me réveille, ni dans quel état. Parce que oui, j'ai déjà fait clairement pire que ça. Même si j'évite dans ce cas de parler au mec et que je me casse aussi vite. Ce que j'aurais visiblement dû faire là aussi. Sauf que je suis encore un peu dans le coltard et que malgré tout, j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé hier soir. Je réprime un sourire quand je le vois grimacer. Oui, la bombe au poivre, ça fait mal. Bien fait. Et je m'en fous qu'il me regarde comme s'il avait envie de me cogner, encore donc, après m'avoir presque déshabillé du regard. Je vous jure, les mecs, tous les mêmes ! Tellement prévisibles....

Mais j'essaie de faire un effort, parce qu'après tout, s'il m'a vraiment aidé, je peux bien dire merci. Mais faut croire que ça lui suffit pas. Je plisse à nouveau les yeux. Fais chier, je suis bonne pour aller faire un test. C'est rien, ce n'est pas grave, tout va bien.

« Si c'était sa bite, je le plaindrais presque. Non, parce que me faire passer dessus par des mecs qui savent pas bander correctement, c'est déjà pas mon kiffe en temps normal, donc bon. Et oui, c'était des remerciements. Tu veux que je t'insulte pour voir la différence ? »

Je grimace alors qu'il reprend, ne sachant pas si je dois rire ou pleurer.

« Oui, c'est vrai que ça fait toute la différence. De frapper une femme juste une fois. Surtout quand elle est dans les vapes. C'est courageux et tout. »

Il en a carrément rien à foutre de ce que je dis en fait. Et il fait chier. Parce que pour le coup, si c'est vrai, je ne peux même pas vraiment gueuler. D'un autre côté, c'est la base non ? La mauvaise foi et l'indifférence.

« Donc si je dois aller chez le dentiste, je t'envoie la facture. Et je t'ai empêché de passer une bonne nuit ? J'en suis sincèrement désolée. Tu vas réussir à t'en remettre ? Tu dois avoir le reste de la journée... et de toute la semaine... pour dormir et récupérer. Ça devrait aller, t'es un grand garçon. »

Et je m'esquive dans la salle de bain. Quoique non. Dans sa microscopique salle de douche. Respire. Je suis quand même dans un sale état. Sans doute en grande partie grâce à lui, alors qu'il vienne pas trop me faire chier avec je sais pas quoi. Comment je vais faire moi ? Je vais avoir le choix entre me terrer pendant 10 joues ou passer 3h à camoufler le résultat ? Mais franchement, on cogne pas les filles. On me cogne pas moi ! Je soupire alors que ma mâchoire se rappelle à moi quand je sers les dents. Je délie mes épaules et relève la tête. Il ne sait pas qui je suis et il... Les gens d'ici, de ce coin pourri, sont tellement minables.

A défaut de ressembler à une vrai salle de douche, au moins, c'est propre. Je doute qu'il ait de quoi se payer une femme de ménage, alors quoi ? Une copine ? Sa mère ? Je souffle un rire en rentrant sous l'eau chaude, laissant l'eau me laver de tout ça, laissant l'eau rougir suffisamment ma peau pour me donner l'impression de la désinfecter un peu. De me purifier ouais si vous voulez.
Je fronce les sourcils en entendant la porte. Je sais bien qu'on est chez lui, mais putain, la politesse, il connaît ou on lui a pas appris ça ? Et en plus, il peut pas juste poser les trucs sur l'évier et se casser ? Je reste le visage levé vers l'eau. Non, si tu gueules ou si tu t'en offenses, il va se marrer. Ou te foutre dehors à poil. S'il avait voulu me violer, il l'aurait déjà fait non ? Peut-être qu'il l'a déjà fait va savoir, si effectivement il a essuyé du sang et que j'ai pas ouvert un œil.

Je soupire avant de me tourner vers lui. S'il veut mater qu'il le fasse donc, pour ce que ça change... Je ne répondrais même pas vu que oui, je me fous de savoir comment il s'appelle. Truc, c'est bien donc.

« Un jean à toi ? Tu m'as bien regardé ? Sérieux, tu veux pas être mignon et te rendre utile pour une fois ? » Je me fige malgré tout en entendant la fin. « Ils ont fait quoi ?! »

Oui, j'aurais dû m'en douter, mais quand même...
J'ouvre le rideau de douche, le fixant une seconde.

« Ça va ? Ce que tu vois te plaît ? »

Je sors de la douche et attrape une serviette, non sans y jeter un coup d’œil sceptique, et me penche en avant pour l'enrouler autour de mes cheveux, sans lui prêter plus attention. J'attrape l'autre et l'enroule autour de moi, le regard fixé sur lui alors que je hausse un sourcil.

« Tes pétasses sont pas aussi bien foutues ? T'as pas l'habitude ? Navrée, mais t'as déjà assez maté, truc. »

Je sors de la pièce, cherchant mon sac du regard, et l'ouvre précipitamment quand je le trouve.

« Fait chier ! Quel bande de merdeux. »

J'esquisse un sourire grimaçant malgré tout en trouvant ma carte dans la doublure. Je savais bien que c'était une bonne idée. Mais merde quoi mon liquide, mon téléphone et... Merde. Je range ma carte et ferme les yeux un instant. Je m'assoie sur le lit, alors que je sers mon sac d'une main tremblante. Quelle journée pourrie.
Je lui jette un coup d’œil.  

« T'as un boxer ou... un truc que je pourrais enfiler sous ton jeans ? »

Au moins, elle se démonte pas. Bon ok, vu sa situation, elle devrait la fermer et faire profil bas, ce serait clairement ce qu'il y a de mieux à faire. Mais j'aime pas trop qu'elle me toise comme ça quand même alors, forcément, je lui jette un autre regard mauvais. Je me dis que ses tartes, elle les a pas volées.

"Ah ça, je te confirme que t'es pas du tout comme les filles que j'ai l'habitude de baiser. J'ai un certain standing et t'es loin d'avoir les critères qu'il faut. Mais tu vois, tu sais déjà que je suis un connard, tu progresses vite."

Okay, elle a exactement les critères qu'il faut mais sa grande gueule gâche vraiment tout. Heureusement qu'elles sont pas toutes comme ça, sinon ça fait longtemps que j'aurais arrêté de baiser qui que ce soit. Par contre, j'avoue que son absence de réaction quand je lui dis qu'elle a manqué de se faire violer, ou que c'était peut-être le cas, me laisse passablement perplexe. Elle est encore pire que ce que je croyais en fait, ça lui arrive tous les weekend ou quoi ? Sérieux, faudrait vraiment qu'elle apprenne à se tenir ou qu'elle soit au moins en pleine possession de ses moyens, comme moi quoi. Elle craint, vraiment. Je secoue la tête, me demandant à quel point je dois la traiter de pétasse ou pas avant d'arquer un sourcil dans sa direction.

"Alors là, tu peux t'en prendre qu'à toi-même si t'arrives pas à faire bander les mecs correctement. Perso, j'ai jamais eu ce genre de problème. Et ça donne quoi quand tu m'insultes alors ? Que je me rende compte à quel point je dois t'être reconnaissant pour avoir pris la peine de me remercier."

Ou une connerie dans le genre donc.  Et je me pince l'arrête du nez quand elle reprend, me contentant de souffler, d'un ton dépité.

"Mais va te faire foutre, j'ai pas à me justifier, surtout face à une nana comme toi… et ta facture, tu pourras te la mettre où je pense. D'autant que je bosse moi demain, contrairement à d'autres qui doivent juste avoir à refaire leur putain de manucure."

Non mais elle me prend pour qui ? Moi aussi je peux être aussi con qu'elle et imaginer des trucs. Je sais pas ce qu'elle fout de ses journées et je m'en moque mais putain, d'où elle croit pouvoir dire ce genre de trucs ? C'est pas moi qui était trop défoncé et en train de me faire sauter dans la rue. C'est pas moi la pauvre merde dans l'histoire. Bon, pas dans ce cas précis quoi. Bref… elle va dans la salle de bains et j'en profite pour respirer un bon coup, essayer de me détendre avant de la fracasser contre un mur. Je récupère des fringues et des serviettes, en bon samaritain que je ne suis pas et je rentre dans la salle de bains, faisant comme chez moi. Forcément, elle aime pas mais je m'en moque totalement. Et je lève les yeux au ciel quand je vois sa façon de réagir quand je lui propose mes fringues.

"Et détends-toi, je vais pas te refiler la rage ou un truc dans le genre si tu mets mes fringues. Et t'as plus un rond. Enfin, j'ai pas fouillé plus que ça hein, j'ai juste ramassé ce qui trainait pour pas que tu paumes tout."

Et là, elle ouvre en grand le rideau de douche. Alors ouais, là, clairement, je m'attarde et pas qu'un peu sur chacune de ses courbes, un léger sourire flottant sur mes lèvres à sa question. Je sais, avec son ton agressif, un mec normal aurait rien dit de particulier mais moi, je souffle, la mine satisfaite.

"Ouais, c'est pas mal. J'ai vu mieux avec certaines de mes pétasses comme tu dis mais tu te défends bien. Enfin, c'est pas de la cellulite là ?"

Non, c'en est pas, elle est … bandante ouais et heureusement qu'elle s'enroule dans la serviette parce que, chieuse ou pas, je me la ferais bien. Et puis, ça lui ferait peut-être fermer sa gueule un peu. Parce qu'elle recommence de plus belle mais, pour le coup, elle me fait presque pitié. Ouais presque hein, faut pas déconner. Elle a vraiment passé une soirée de merde au final, même si elle l'a surement cherché. J'inspire à son coup d'œil et je souffle, songeant vaguement que je devrais peut-être enfiler un jeans de mon côté.

"Je… vais faire du café. T'en veux ? Histoire que tu … enfin que ça te remette un peu sur les rails quoi."

Sans vraiment attendre de réponse, je me relève et je farfouille un instant dans les tiroirs avant de lui lancer un magnifique boxer Spiderman, sachant déjà que je vais avoir droit à un commentaire à la con. Mais au moins, celui-là, je me fous de le récupérer. Parce que j'ai comme un doute sur le fait de revoir mes fringues un jour. Et je commence à préparer la cafetière. Un grand mug de café noir, bien tassé, voilà qui devrait même arriver à me réveiller moi non ? J'attrape aussi la boite d'aspirine et je gobe deux cachets avant de les lancer dans sa direction.

"C'est pas aussi fort que les saloperies que tu prends par contre, mais c'est tout ce que j'aurais en stock."

C'est le moment où je lui dis que j'ai balancé la poudre qui restait dans son sac dans les chiottes ou pas ? Nan, je vais éviter, elle serait foutue de me demander de la rembourser. Et je suis pas sûr que ce que j'ai chez moi suffise à payer. Non, en vrai, je suis sûr du contraire en fait. Hum. Mais hors de question qu'il y ait des merdes pareilles chez moi. Autant lui laisser croire que ce sont les types qui ont piqué le reste qui se sont servis. Ils l'auraient probablement fait.

Je plisse les yeux en le dévisageant. C'est fou comme j'oublie vite qu'il a presque une tête de plus que moi et qu'il m'a déjà cogné cet abruti tellement il m'énerve. Et je vais certainement pas restée sans rien dire alors qu'il se fout de moi et pas qu'un peu.

« Tu veux parler de seins siliconés et de l'absence totale de réflexions ? J'avoue que c'est effectivement pas vraiment moi, mais je comprends que tu préfères les cerveaux de poule de certaines. Ça évite d'avoir à répondre à trop de questions et qu'elles ne progressent trop vite. »

Et si je me montre quelque peu sarcastique, et que j'en ai absolument rien à faire de ce qu'il peut bien penser de moi, la suite de la conversation me plaît vachement moins. C'est déjà déplaisant de ne pas se souvenir de ce qu'il s'est passé, de se réveiller chez un mec qu'on ne connaît pas, et qui vous a cogné en l'occurrence pour l'occasion, mais savoir qu'il est possible que des pauvres mecs aient joué plus que prévu, c'est un peu trop. Oui, je me dis que ce n'est pas la première fois, et oui, je sais, ça devrait me faire réfléchir. Mais non, ce n'est pas la question. Et je ne vais certainement pas lui montrer que ce genre de trucs peut m'atteindre. Parce que c'est pas le cas en plus, ça n'a aucune importance.
Je le fixe et hausse un sourcil, retenant de peu le "je demande à voir" parce que ce serait clairement con avec ce genre de mec, et je secoue la tête.

« Peut-être parce que les nanas ont trop peur pour te le dire. Mais de mon côté, t'en fais pas, les mecs ont jamais eu à se plaindre, si tant est que j'ai mon mot à dire. Et non, je ne vais pas entrer dans ton petit jeu débile, juste parce que tu es incapable d'accepter un remerciement. »

Et j'ai clairement pas l'esprit assez vif pour jouer avec lui dans l'immédiat. Et puis, sans même le faire exprès, j'arrive à l'exaspérer, ou du moins à l'énerver un peu. Je hausse une épaule.

« Une nana comme moi ? Une nana qui sait lire et écrire ? Ou une nana qui a plus de responsabilités que t'en auras jamais ? Effectivement, te force pas à te justifier, je sens d'avance que ça me donnera mal à la tête. Mais tu fais bien de me faire penser à ma manucure tiens, il va falloir que je reprenne rendez-vous après tout ça. »

Sérieusement, mais pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?... Non, oubliez, c'était une question rhétorique. Même si honnêtement, c'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer. Et plutôt que de chercher à lui répondre une autre vacherie, plutôt que de le voir essayer de trouver une nouvelle connerie à me sortir pour tenter de m'insulter, je le plante là et vais me doucher. Non mais quand même... vous avez vu où il vit ? Dans quoi il vit ? Je n'imagine même pas pouvoir rester ici plus d'une heure, alors y vivre ? Seigneur, et il travaille pour se payer ça ? Je ne comprends pas, et il ose me parler de standing ? Mais quel culot ! Pauvre mec. Et oui, j'aurais dû fermer à clef. Y a une serrure sur sa porte ? Je suis même pas persuadée de ça. Mais il a aucune éducation donc, ça ne fait que confirmer le reste. Et il peut faire son offusqué et lever les yeux au ciel, c'est pas ça qui va me convaincre que ses fringues sont cleans.
Je le fixe et ma mâchoire se crispe. J'ai même plus de liquide ?... Je dois le remercier aussi pour ça ? Pour ne pas avoir fouillé et avoir ramassé quelques morceaux de ma vie ?

« C'est pas la rage qui m'inquiète, c'est les bestioles pouvant s'y trouver. Pas fouillé ? Surprenant tiens. Et le liquide, c'est pas un souci, je n'avais pas tant que ça. »

Oui c'était la pique gratuite. Et bon, peut-être 3 ou 400 dollars, pas la fin du monde donc. Ai-je envie de savoir ce qu'il a ramassé ? Non pas vraiment. J'ai déjà une boule qui se forme dans ma gorge, je vais attendre que ça passe avant d'en rajouter. Quoique ça passe vite alors qu'il rouvre la bouche quand je me trouve nue devant lui. Et comme une idiote, je regarde ce qu'il désigne, mes hanches donc, avant de lui retourner un regard noir.

« Je me défends bien ? Heureuse d'apprendre que je pourrais peut-être te plaire. Quel dommage que ce ne soit pas réciproque. »

Évidemment que je lui plaît, il me matte plus qu'ouvertement et il a vachement l'air d'apprécier. Et oui, il me plaît aussi. Enfin physiquement, parce que sinon, c'est quand même un des plus gros abrutis que j'ai jamais vu. Bref. Peu importe, parce qu'au final, je finis par ressortir pour m'assurer par moi-même de ce qu'il me reste ou pas dans mon sac. Et autant dire qu'il me reste pas grand chose. Et c'est un peu... déprimant oui.
Je relève la tête vers lui, fixant un instant le boxer qu'il me tend, avec un mince sourire.

« Tu l'as volé à ton gamin ou t'as juste des goûts de pré-ados ? »

Je le regarde un instant et je soupire.

« Et eu ouais, je veux bien un café noir. Ou euh non, avec du sucre, plein de sucre si tu as... S'il te plait. »

Oui, j'ai dit s'il te plaît. Je sais pas d'où ça vient, c'est sorti tout seul, faut pas m'en vouloir. Je le suis des yeux un instant alors qu'il s'occupe de mettre en route le café. Vu la gueule de la machine, ça va pas être du grand cru non plus hein.
Je m'essuie rapidement, et soupire en enfilant son boxer, trop grand forcément, mais ça ira.
Je me lève et retourne dans la salle de bain pour récupérer et enfiler mon soutien-gorge. J'attrape ses vêtements que je fixe un instant sans les voir. Je passe son t-shirt, qui m'arrive à mi-cuisse donc... Je vais ressembler à rien, je peux pas me promener comme ça... Je retourne... bah dans la seule autre pièce, en retirant la serviette que j'ai sur les cheveux et en les frottant.

Je me rassois et attrape au vol la boite qu'il m’envoie, avant de la poser à côté de moi.

« Tu sais même pas si je prends un truc, ni ce que ça pourrait être. Tu t'es pas dit que c'était le contrecoup de vos coup ? »

D'accord, peu crédible, mais il me saoule avec son jugement à deux balles. Je prends deux cachets quand même, avant de le regarder à nouveau.

« T'as des trucs à manger ? J'ai faim. Des croissants, ou des cronuts ce serait cool. Mais je suppose que c'est trop demander... Un truc pas périmé ? »

Bon... Son jeans... Mais je n'ai tellement pas envie. Je ressemble déjà à un clown. Je finis par me décider et par le mettre. Et voilà. Le truc me tombe sur les hanches et je marche dessus. Je soupire et tente d'y faire des ourlets.

« Tu y tiens à ton jeans ? Parce que j'en ferais bien un short, j'aurais moins l'air ridicule. T'as des ciseaux ? Et une brosse ? Je peux pas sortir comme ça, c'est hors de question. »

Je m'assoies sur le... clic-clac, super, et regarde autour de moi. Des Pops ? De super héros ?... Merde, en fait, c'est vraiment son boxer... Je suis tombée sur un connard boulet ringard.

Et après, on se demande pourquoi je suis méprisant avec les gonzesses en général. Mais putain, elle devrait pas me dévisager comme ça. Elle devrait baisser la tête, faire profil bas, surtout avec ce qui vient de lui arriver. Mais non, elle continue de garder la tête haute et pire, de me donner l'impression de me mépriser. Putain, je déteste tellement ça.

"C'est vrai que t'as l'air tellement réfléchie toi ! Surtout quand on voit ton comportement avec ces mecs. Donc si je voulais une poule qui sait pas se tenir, je saurais où chercher on dirait."

Et je la toise de mon coté, secouant la tête pour la énième fois alors que je me demande vraiment ce qu'elle a dans le crâne. Heureusement pour elle qu'elle est bien foutue. Ouais, je sais, je me répète mais je peux clairement pas lui enlever ça. Et je peux comprendre que les mecs aient voulu jouer avec elle. Et qu'ils aient pensé à la mettre KO avant. Je grimace, me retenant de lui dire que si elle a un souci, je peux lui prouver en deux deux de quoi je suis capable mais elle serait foutue de tellement me prendre la tête que j'en arriverais même plus à être excité par elle. Donc je soupire profondément avant de souffler, sur le même ton qu'elle.

"Je crois pas non. Et je m'en fais pas pour toi, même si visiblement, ils ont quand même trouvé plus pertinent de te faire taire. Mais c'est toi qui cherche la merde, je fais que te poser des questions hein."

Putain mais elle s'arrête jamais en fait. Elle pourrait pas genre la fermer et aller prendre sa douche. Non, faut qu'elle se la pète, qu'elle en rajoute une couche et qu'elle me les brise un peu plus. Et sa façon de parler, comme si savoir lire ou écrire ou avoir des responsabilités rendait les gens… quoi au juste ? Plus intelligents ? Supérieurs ? Quelle connerie.

"Ca te plait ça hein, de rabaisser les gens. Tu te sens mieux princesse ? Tu te sens supérieure à la terre entière ? Je te rappelle que vu comment je t'ai trouvée, y a rien que tu diras ou que tu feras qui me fera changer d'idée sur toi."

J'aimerais bien qu'elle se casse la gueule et s'éclate la tête dans ma douche mais je me dis qu'elle serait foutue de s'en tirer et de me faire un procès ou une connerie dans le genre. Alors j'attends un peu, histoire de me calmer et je finis par la suivre, uniquement pour lui filer ce qu'elle demande et me conforter dans l'idée que ouais, elle est carrément baisable. Genre, j'en avais besoin. Elle arrive pourtant à en rajouter une couche de plus et je tousse un rire à ses propos.

"Les rats sont propres, t'en fais pas. Et ils sont bien plus aimables que toi. Et j'ai pas besoin de faire les poches des pétasses friquées, j'ai assez pour vivre comme je veux, même si tu dois être persuadée du contraire."

En tout cas, j'ai comme l'impression que son "pas tant que ça" doit représenter un bon quart de ma paie. Mais bon, on s'en fout hein. Surtout qu'elle suit mon regard quand je fais mine de dire qu'elle de la cellulite.

"Ah tu me brises le cœur là. Je devrais m'en remettre même si t'as pas idée de ce que tu perds princesse."

Bon, j'enregistre quand même sa silhouette parce que je vais pas me priver pour sa grande gueule avant de sourire en retour. Je m'attendais à une réplique comme ça en lui tendant ce caleçon et je souffle, après l'avoir fixée une seconde.

"Ah merde, tu sais sourire. Tu vas pas être foudroyée ou un truc dans le genre ? Mes goûts t'emmerdent princesse."

Je me fige au reste de ses propos. Elle a vraiment dit s'il te plait ? Genre, sans déconner ? Bin ça, c'est la meilleure. Je préfère ne pas en rajouter une couche et je me contente de hocher la tête alors que je sors deux tasses, lui préparant exprès un mug Marvel, juste pour voir sa tête. Je lui jette un bref regard quand elle retourne dans la salle de bains, tout occupé que je suis à bailler et à m'étirer longuement. Je commence enfin à vraiment émerger, il était temps. Et, quand elle ressort, autant dire que je buggue un peu. Dire qu'elle est sexy est un doux euphémisme et je toussote avant de tourner de nouveau la tête vers la cafetière et de lâcher, en réponse à ses propos.

"Alors vas-y, dis moi ce tu prends. Je sais que tu me prends pour un taré, mais j'en ai assez vu pour que ton état ne soit pas dû à quelques claques. Ou alors, t'as un sérieux problème."

Sérieux, j'en ai pris des coups et j'ai jamais fini comme ça. Alors qu'elle essaie pas de me faire croire autre chose. Ou alors, ce serait vraiment me prendre pour un con. Remarquez, venant d'elle, ce serait pas étonnant. Je finis par remplir les deux mugs et par poser le sien sur la petite table basse étonnamment vide qui trône devant elle. Et de lui poser le sucre juste à coté.

"J'ai une gueule à bouffer des croissants ? Et des croquoi ?"

Je préfère pas relever les trucs pas périmés et je me contente de poser de la brioche à coté d'elle. Et un paquet de petits gâteaux. Et je la suis des yeux alors qu'elle se décide à enfiler mon jeans, beaucoup trop long pour elle soit dit en passant, avant d'allumer enfin ma première clope de la journée. Vache, ça fait du bien. Je soupire de plaisir alors que j'aspire une longue taffe et je finis par hausser les épaules à ses questions.

"Je te dirais bien que j'y tiens mais tu te demanderais pourquoi. Et je pense pas que je reverrais ces fringues un jour alors fais-toi plaisir donc."

Je fouine dans un tiroir, la clope au bec, sans lui demander si la fumée la dérange ou pas, avant de lui tendre une paire de ciseaux.

"Evite de m'agresser avec par contre ce serait sympa. Et y une brosse sur l'étagère du dessous de la table princesse."

Je m'installe en tailleur sur le petit pouf qui traine en temps normal dans un des coins de mon petit studio, lui jetant un regard curieux et attendant presque la prochaine pique. Et, au vu de la tronche qu'elle tire, m'est avis que ça va pas tarder. Ca se fait de la foutre dehors ou pas ? Je me rends pas compte. Enfin, elle va finir par se barrer d'elle-même dans tous les cas, elle va pas me supporter trop longtemps.

Je hausse un sourcil et mon regard se durcit. Non pas que je pense que ça l'impressionne, loin de là, mais c'est instinctif, automatique. Tout comme le fait de redresser les épaules et de crisper la mâchoire en le toisant.

« Mon comportement ? Parce que je suis en cause ? Parce que c'est moi qui les ait violenté ? Je suis la responsable ? Et après ça, tu ne t'es jamais demandé pourquoi on vous considèrent comme des connards égoïstes et brutaux ?... Tu n'auras qu'à aller chercher du côté des copines de tes frangines oui. Je suppose que t'as des frères et sœurs n'est-ce pas ? Vous êtes le genre à vous reproduire assez vite non ? »

Un peu comme les cafards. Ou les rats. Mais le pire c'est qu'il me juge ! De quel droit croit-il pouvoir émettre un jugement me concernant ? Il ne sait rien me concernant, il ne me connaît pas. Et le fait que je le fasse de mon côté ne change rien. Est-ce que c'est de ma faute si ces connards se croient tout permis ? Non mais à l'écouter, on croirait que j'ai cherché à me faire violer par deux abrutis. Mais quel sale con !

« Pourtant, vu ta gueule, ça m'étonnerait qu'à moitié. Surtout si tu trouves ça "pertinent" de frapper une femme pour la faire taire. Parce que chez moi, c'est de la violence gratuite, tu sais, coups et blessures, tentative de viol, viol, etc... ce qu'on qualifie de crime en fait. »

Je le dévisage en souriant et en secouant la tête.

« Pas à la terre entière non. À une grande partie oui. Et si tu savais comme je me fous, mais totalement , de ce que tu peux bien penser de moi. Tes jugements et avis à deux balles à mon sujet m’indiffèrent tellement... »

Je m'en fous autant que le fait qu'il utilise le terme princesse de façon sarcastique. Même s'il me porte sur les nerfs en fait, et pas qu'un peu. Bon, lui et les traces sur mon visage. Et le fait que ces connards m'aient touché. Et que je me retrouve ici. Et... Heureusement que la douche me fait du bien, même si elle a tendance à éveiller des tendances claustrophobes vu sa taille. Et si durant une seconde j'ai envie de lui arracher les yeux parce qu'il entre comme chez lui et me mate alors que je sors de la douche, je préfère jouer le jeu et m'en foutre. Parce que ça n'a aucune importance, il peut bien faire ce qu'il veut. Et puis, je suis plus que jolie, non ? Normal du coup.
Et s'il se marre, je me contente de hausser les épaules, un peu désespérée, avant de le fixer en plissant les yeux. Il a dit que j'étais grosse, j'ai pas rêvé là ? Je soupire en levant les yeux au ciel, avant de le regarder à nouveau en esquissant un sourire narquois.

« J'essayerais de m'en remettre aussi, même si tu es loin d'imaginer ce qui t'échappe de ton côté. »

il m'énerve aussi. Il est chiant. Et oui, il est canon. Mais c'est un connard arrogant, qui me mate et me traite de grosse. Et même s'il disait rien d'autre, ça serait plus que suffisant pour que je lui en veuille. Et pourtant depuis le début, il en rajoute, c'est même plus être exaspérant, c'est... oui, un connard arrogant.
Je le fixe.

« Quand je trouve quelque chose de joli ou de drôle, comme tout le monde. Ça n'arrivera pas souvent avec toi, t'en fais pas. Et des goûts de pré-ado donc. Ça m'étonnait aussi qu'une nana ait voulu de toi assez longtemps pour pondre un môme... »

Et je préfère pas relever le fait qu'il a entendu mon s'il te plait et qu'il s'en est figé. Oui, je suis polie. Ça m'arrive. Quand je suis avec des gens que j'estime, c'est pas souvent, que j'aime bien, c'est encore moins souvent, quand je suis fatiguée... Peut-être comme là donc. Fatiguée, stressée... et j'ai envie d'une dose. Ça ne va pas m'aider ça. Surtout si j'ai plus de liquide sur moi. Je vais devoir retirer, ou attendre d'être à la maison. Oui, ce serait pas plus mal. Et après, je prendrais un vrai bain, avec de la mousse, de la musique et le jacuzzi.... et j'oublierais ce cauchemar. Je relève la tête quand il toussote, me demandant comment je vais faire pour survivre jusque-là, surtout si je dois sortir dans cette tenue. Non mais la blague quoi.
Je fronce les sourcils un instant, avant de secouer la tête en haussant une épaule.

« Rien qui t'intéresse quoiqu'il en soit. Et taré n'est pas forcément le premier mot qui me viendrait à l'esprit te concernant, mais ça colle quand même. »

Franchement, comme s'il en avait quelque chose à foutre. Et si c'est pour me faire la morale, c'est clairement pas la peine. Surtout que vous me ferez pas croire qu'il a jamais rien pris. Non, mais vous avez vu sa gueule et ses tatouages ? Sérieusement ? Le branleur délinquant dans toute sa splendeur. Je hausse un sourcil quand il pose la tasse devant moi. Okay, c'est clairement du foutage de gueule.

« T'as rien qui n'ait pas Spiderman ou Captain America dessus chez toi ?... Des cronuts, c'est... Laisse tomber. »

Je le regarde déposer de la brioche et des gâteaux. En vrai, je devrais déjà m'estimer heureuse qu'il ait à bouffer. Et qu'il me foute pas dehors. Enfin, ça, j'y pense rapidement, mais je l'oublie aussi vite. Surtout que j'essaie son jeans et que ça ne fait que confirmer ce que je pensais déjà. Il est grand quand même. Ou je suis petite. Oui, enfin, ça, je le savais déjà, c'est pas pour rien que je mets des talons de 10 cm minimum. Je le fixe quand il allume une clope, le suivant des yeux quand il sort une paire de ciseau.

« Si c'est que ça, je te les rembourserais va. Même si ça ne doit pas valoir grand-chose, on est bien d'accord. Mais je voudrais surtout pas te priver de l'achat d'un de tes trucs de mômes. »

Je lui jette un coup d’œil en les attrapant.

« Si je tombe, ce sera pas fait exprès, c'est promis. Évite de me donner encore plus de raison de t'en vouloir dans ce cas. »

Je regarde la brosse avant de le regarder à nouveau quand il s'installe sur le pouf. Ça se fait ou pas de se dire qu'il est sexy là comme ça malgré tout ? Je m'approche de lui et me penche un peu.

« On t'a jamais dit que c'était mauvais pour la santé de fumer ? »

J'attrape sa clope et la porte à mes lèvres, inspirant et fermant les yeux de plaisir. Putain que c'est bon. La clope toujours entre les lèvres, je vire son jeans avant d'aller me réinstaller sur son canapé, dans la même position que lui. En ayant gardé sa clope oui, et alors ? Il en a d'autres, il va pas me piquer une crise pour ça quand même ?
Je tire une taffe, les ciseaux dans une main, essayant de voir où je peux couper. Je pose la cigarette en équilibre sur la table, avant de commencer à couper une jambe et puis l'autre. Ouais bon, ça ira, au moins, c'est à la même hauteur.
Je me lève et enfile le short, essayant de voir si ça me va un minimum. Okay, c'est pas si mal, ça me fait un joli cul. Je me rassois et récupère la cigarette d'une main, l'amenant à mes lèvres d'une main tremblante. Et merde. J'inspire profondément et le tremblement cesse. Parfait. Je rajoute deux-trois sucres dans la tasse, mélangeant sans y penser en lui jetant des coups d’œil.

« … Et donc, tu collectionnes les trucs de super héros ?... T'as quel âge dis-moi ? »

je suis à peine incisive. Y a du progrès je trouve. La clope et le café ça. Ah le café tiens. J'attrape ma tasse et en boit quelques gorgées. Je serais presque bien là. Je me penche et attrape les gâteaux, esquissant un sourire en voyant qu'il y a du chocolat. Clope, café, chocolat, que demander de plus ?

Marrant, je suis sûr que quand elle fait cette tête, t'as tout le monde autour d'elle qui moufte pas et qui baisse la tête. J'imagine tellement la petite pétasse friquée qui domine son petite monde. Sauf que bon, clairement, c'est pas le truc qui va m'impressionner, surtout pas venant d'une fille. En même temps, quand on a eu un père comme le mien, difficile de flipper face à qui que ce soit.

Si j'ai un sourire narquois quand elle commence son blabla, il disparait aussi sec quand elle parle de ma famille. Je me fige et je la fixe, vraiment pas content, avant de me pencher et de souffler, à mi-voix.

"Balance encore un truc comme ça sur ma famille et je te jure que ta soirée d'hier te semblera avoir été un vrai petit paradis en comparaison."

J'inspire doucement pour essayer de me calmer parce que là, clairement, elle se doute pas à quel point elle a touché un point sensible. Ou elle s'en cogne ce qui, vu sa gueule, m'étonnerait pas. Sauf que là, en général, je pars au quart du tour. Heureusement pour elle, que je suis un peu moins énervé qu'hier soir, même si elle arrive à bien me remonter en pression là. Je lâche d'un ton sec, quand elle en rajoute une couche. Non mais elle se rend compte ou pas que je vais de nouveau la cogner là ?

"Blablabla… ouais bah si t'aimes pas la violence gratuite, arrête de trainer n'importe où. Reste dans ton joli petit monde tout beau et tout propre et tu verras, les mecs qui essaieront de te violer seront bien plus propres sur eux."

Genre, elle me menace là un peu non ? Je me rends pas compte. Et merde, j'ai pas envie de finir au poste à cause d'une connasse pareille. Surtout que, clairement, j'ai aucune chance face à elle. Je sais que j'ai la gueule de l'emploi et elle peut tout me balancer sur le dos, je pourrais rien dire ou faire qui me sortirait de là. Putain, la prochaine fois que je croise une nana en train de se faire agresser, je passe vraiment mon chemin. Mais sans me retourner. Je secoue la tête au reste de ses propos, lui jetant un regard mauvais. Pauvre fille va. Je préfère même pas lui répondre et je laisse filer quelques instants alors qu'elle va se planquer dans la salle de bains pour ravaler ma colère et l'envie que j'ai de lui apprendre la vie.

Et la mater un peu… bon ok, beaucoup, alors qu'elle est à poil dans ma douche, ça aide à me calmer. Marrant hein. Enfin, l'asticoter me calme tout autant et j'ai un ricanement alors que je continue clairement de me rincer l'œil.

"Oh, j'imagine très bien. Et j'en suis ravi."

Je la suis alors qu'elle sort pour lui filer un boxer donc. Forcément, je cherche un peu la merde mais c'est juste pour voir sa réaction. Et ouais, elle a un joli sourire. Très joli. Je penche la tête sur le coté et je lui souris en retour, comme si elle se faisait pas insultante pour la énième fois.

"Et bin, je parie que ça t'arrive pas souvent princesse. Tu devrais essayer pourtant, ça te va bien. Mais mes goûts de pré-ado t'emmerdent, tout autant que le fait que ouais, j'évite les nanas qui veulent pondre un chiard. Soit la plupart des filles, c'est ça non ?"

Bon, elle a l'air assez paumée et… en manque ? Je sais pas trop, on dirait ouais, pour que j'en rajoute pas une énième couche. Comment je déteste voir ça, c'est un truc de dingues. Je me contente de poser les trucs sur la table en silence au début, la fixant un instant avant de hocher la tête.

"On est d'accord sur un truc. Y a vraiment rien de toutes ces merdes qui m'intéressent. Mais… ouais, laisse tomber."

Je vais quand même pas m'inquiéter pour elle non ? Faut vraiment pas déconner. D'autant que bon, elle est grande, elle a clairement pas l'air d'une pauvre fille des rues dans la merde. C'est juste une gosse de riches qui cherche le grand frisson ou un truc dans le genre. J'ai un bref soupir avant de lui poser ma tasse et de lui décocher mon plus beau sourire à sa réaction.

"Bien sûr que si. Mais tu pourrais plus te foutre de moi et je verrais plus ton sourire. Et ce serait… triste ? Ouais non, faut pas déconner. C'est surtout que si tu pètes cette tasse, j'en aurais rien à foutre en vrai. Et donc, je suis trop con pour savoir ce que c'est des cronuts ?"

Je me contente de lui jeter un bref regard quand elle essaie mon jeans, savourant cette première foutue clope de la journée. Putain, ça fait du bien, j'aurais dû faire ça en premier, avant même de lui parler en fait. Ou alors j'aurais même dû ne pas lui parler du tout en fait. Ouais, ça aurait carrément plus intelligent ça. Et je lève les yeux au ciel quand elle reprend.

"Tu peux pas t'en empêcher hein. Ouais, j'ai pigé que t'étais plein de fric et moi non. Mais tu sais où tu peux te le mettre ? Hors de question que tu me files même un cent."

Je lui file quand même les ciseaux, parce que je suis un peu con ouais, je sais. Mais elle m'a déjà filé mal au crâne en 10 minutes, j'ose pas imaginer de quoi elle peut être capable. Je secoue la tête et je baille largement avant de rétorquer, avec un sourire.

"Moi qui pensais que ma simple présence te suffisait pour m'en vouloir. Faut en plus que je parle ?.. Hééé !"

Je fronce les sourcils quand elle me pique ma clope, prêt à l'envoyer chier si elle compte vraiment me faire un sermon sur le fait de fumer. Parce que, clairement, elle est mal placée pour me dire quoi que ce soit. Mais je la vois la porter à ses lèvres et mon sourire se fait plus large avant que j'en attrape une autre, posant le paquet entre nous deux. Je la rallume aussi sec, inspirant doucement, laissant tomber ma tête en arrière quelques instants avant de la relever quand elle recommence à parler.

"Ouip. Et tu l'as dit, pré-ado c'est quoi 11 ans ? 12 ? Donc j'ai 12 ans. J'imagine que toi tu dois collectionner les Monnet. Encore que, je te vois bien collectionner des Dali. Ou des petites saloperies en cristal de chez Swarovski. Histoire d'avoir encore plus l'air d'une pétasse friquée."

A sa tête quand elle voit que les gâteaux sont au chocolat, je me relève et je farfouille dans mes placards avant de poser une tablette de chocolat à coté d'elle sans rien dire. Et je commence à siroter mon café, avec un soupir de plaisir. Sans sucre moi ouais. Je garde toutes ces cochonneries quand Rez' vient, histoire qu'elle ait sa dose de sucreries même ici.

Je n'aime pas ça. Du tout. Je sais bien que je n'impressionne pas vraiment, du haut de mon mètre 60, , mais c'est justement pour ça que j'ai rapidement appris à... m'exprimer et exprimer mon mécontentement dirons-nous. Sauf qu'avec certaines personnes, ça ne marche pas. Elles ne sont pas nombreuses, mais il y en a. Et lui... Lui il s'en cogne totalement. C'est même pire que ça. Je me recroqueville   un peu, pas beaucoup, mais suffisamment pour que ça m'emmerde, quand il se penche vers moi, visiblement vraiment pas content. Okay, lui, il fait peur, ça marche de suite mieux... Et on touche pas la famille. Pffff, n'importe quoi je vous jure. Et donc, je n'aime pas ça du tout. Parce que bizarrement, je le crois sur parole, et je n'ai pas du tout envie de me reprendre un coup parce que j'aurais ouvert la bouche une fois de trop. Même si je suis hyper tentée, parce que clairement, non seulement je suis sûre que j'ai raison, mais qu'en plus, la famille, c'est carrément surfait. Mais j'ai suffisamment mal à la mâchoire et au cou pour prendre sur moi et être sage.
Bon, si je lâche l'affaire sur la famille, comme quoi je suis pas totalement inconsciente, ce n'est pas pour autant que je vais accepter tout ce qu'il raconte sans broncher. Je hausse un sourcil amusé.

« Mon petit monde tout beau tout propre hein ?... Je dois restée cloîtrée parce que les gens d'ici ne savent pas se tenir ? Mais tu as raison, les mecs sont des connards d'où qu'ils viennent, là-dessus, on est d'accord. »

Il y en a juste qui savent un peu mieux se tenir, ou qui n'ont pas besoin d'agresser une fille pour la sauter. Soyons honnête, il y a clairement des mecs que tu peux vouloir dans ton lit. Et d'autres incapable de bander ou de satisfaire une fille correctement, qui sont juste des losers, et qui mériteraient juste de finir derrière des barreaux. Pas de pas savoir s'y prendre, mais de rien trouver d'autre que la violence pour satisfaire leurs pulsions. Et lui, clairement, pour le moment, je le classerais volontiers dans la seconde catégorie... D'accord, d'accord, il est sexy, je l'ai déjà dit... Et je sais, il m'a sauvé, blablabla. Moi, je retiens le coup surtout j'avoue. Surtout quand je vois le résultat. Je pourrais presque en pleurer, tellement ça va se voir dans les jours qui viennent. Et oui, ça fait mal.
Et s'il me mate sans vergogne, je vais pas lui faire le plaisir de jouer la prude. Ouais, enfin peut-être que c'est le contraire que je devrais me dire. Mais il était déjà en train de me mater, je me serais révolter, ça aurait fait quoi ? Ça l'aurait fait marrer. Et c'est hors de question que je lui donne ce plaisir... Bref, je me comprends.
Je plisse les yeux en le fixant, quand il me sort qu'il est en est ravi, avant de hausser les épaules. Comme s'il pouvait ne pas avoir envie. Franchement, faudrait être aveugle pour pas me trouver désirable, alors il peut bien sortir les conneries qu'il veut, je sais très bien à quoi m'en tenir.

Je hausse un sourcil en le regardant.

« Ça me va bien ? Ravie de l'apprendre. Et maintenant que tu me l'as dit, je vais être obligée d'essayer.
… Quant à la plupart des filles, ma foi, si elles veulent des mômes, grand bien leur fasse. Comme s'il y avait pas assez de crétins sur Terre... »


Et de malheurs, et d'enfants qui meurent, blablabla... Et oui, mes parents seraient sans doute horrifiés s'ils m'entendaient. Fort heureusement pour eux, ils sont morts, ça ne risque donc pas... Hum... Mauvais plan de penser à ça, surtout si j'ai déjà envie de... Mes sourcils se froncent encore plus alors que je le dévisage.

« Ça t'intéresse pas, mais t'as déjà essayé ? Tu veux essayer ?... Mais quoi ? C'est pas bon pour la santé ? »

Non, il ne peut pas me sortir ça, vous avez vu sa gueule ?... Okay, il a pas l'air de prendre quoique ce soit, mais quand même... Et puis, oui, dans le fond, je m'en fous totalement.
Je le fixe un instant, lui et son putain de sourire, et bien malgré moi, sisi promis, je grimace un sourire.

« Non faut pas déconner. Même si ça me va super bien. C'était ça hein ?... Et si c'est ce qui t'inquiète, je vais pas t'envoyer la tasse à la gueule. Quand bien même j'en aurais envie, c'est du café. Du mauvais café, mais du café, et Dieu sait que j'en ai besoin. Et donc des cronuts, c'est un mélange de croissant et de donuts... Des croissants en forme de donuts... plus ou moins. C'est super bon. Tu devrais essayer un jour. Et tu te coucheras moins bête ce soir grâce à moi. »

Je suis trop bonne. Dans le sens gentille. Quoique dans l'autre sens aussi on est d'accord. Et j'avoue, je fume pas beaucoup, on peut pas tout faire, mais là, clairement à défaut d'autre chose, je fumerais bien. Je hausse une épaule et lui jette un coup, me demandant comment je vais couper ce jeans. Et accessoirement ce que je risque en plus en lui piquant sa clope.

« Sérieusement ? T'es trop fier pour ça, c'est ça ? Enfin, si tu veux pas, c'est ton problème, ça changera pas ma vie. »

Faut être un peu con quand même pour refuser de la tune quand t'en as besoin non ? Je vais pas dire qu'il vit dans la misère, je dis juste que je brûlerais ses fringues en arrivant histoire d'être sûre que ça contaminera pas les miennes. Mais comme dit, c'est son problème.
Et puis bon, je finis par lui piquer sa clope, parce qu'il faut pas déconner. Et s'il a pas l'air content, ça lui passe vite, et il sourit de plus belle en s'en rallumant une. Et oui, j'avoue, son sourire est sexy... et le café et la clope n'y sont presque pour rien. Même si je tilte seulement qu'il est quasiment à poil. Oui, non, mais j'avais remarqué avant, mais disons que j'avais pas percuté... Là, j'ai presque tout ce qu'il faut, alors je commence à vraiment émerger, et à capter donc.

« A chaque fois que moi je parle, ça suffit à ce que je t'en veuille. Parce que j'ai mal ! »

Abruti. Respire. Ça allait un peu mieux, ce serait idiot de te stresser à nouveau. Les rides, tout ça... se concentrer sur le café c'est bien. Oh, et les gâteaux au chocolat !

« Haha. Et tout comme toi, mes goûts t'emmerdent. Tout comme la pétasse friquée... J'aime pas trop Dali. Même si y en a un dans le bureau de mon père... Mais Monnet oui. Et Degas. Et Renoir. Et Swarovski aussi, ils font de jolis lustres aussi.
... Je sais pas ce qui m'étonne le plus, que tu connaisses les noms ou que je te réponde... »

Je soupire en haussant les épaules, le suivant des yeux, la tasse entre les mains pour les réchauffer, alors que j'inspire doucement. Et je fixe le chocolat une seconde, avant de relever les yeux vers lui.

« T'essaie de m'acheter à coup de chocolat ? »

Je jette un coup d'oeil à la tablette, et pose ma tasse pour l'ouvrir. Je ferme les yeux en croquant un morceau, laissant échapper un soupir.

« … Merci. » Je croque un autre morceau. « Oui, je sais dire s'il te plait ET merci. T'as le droit à la totale, profites-en. »

Je le dévisage un moment, ma tasse à nouveau dans une main et la clope dans l'autre. Oui, je sais, c'est mal. Je prends une taffe, avant de souffler et de désigner ce qui traîne sur la table.  

« Pourquoi ? Le café, le chocolat, tout ça ?... T'espère quoi ? Pourquoi t'essaie d'être... gentil ? »

Et bin, au moins, pour la première fois, on dirait qu’elle a une réaction à peu près logique. Qu’on soit d’accord, je n’aime pas faire peur aux gens, les intimider et voir dans leur regard ou leur attitude ce que je peux voir là, tout de suite, face à moi. Mais putain, je déteste encore plus qu’on s’en prenne à ma famille, surtout comme ça, surtout sans savoir de quoi on parle. Cette petite pétasse trouve ça marrant de me juger du haut de son petit univers parfait ? Et bah voilà, elle est un peu calmée là. Je compte pas lui en coller une autre, vu les bleus qu’elle va avoir, je pense qu’elle a compris que je pouvais vraiment lui faire mal si je voulais. Enfin, je vais quand même pas me mentir, y a une petite par de moi qui reste étrangement satisfaite de se la voir se recroqueviller comme ça et, surtout, d’arrêter de faire des commentaires de merde.

Mais bon, évidemment, faut qu’elle en rajoute une couche sur un autre sujet. J’inspire longuement, histoire de pas l’envoyer chier pour de bon, ou de l’éclater contre le mur et je la fixe en haussant les épaules.

"Vu ce que ça donne quand tu sors, je serais toi, je réfléchirais quand même à cette suggestion. Histoire de préserver ton joli petit cul de princesse. Et ravi qu’on soit d’accord sur un truc."

Enfin, toute pétasse qu’elle soit, y a de quoi se rincer l’œil alors j’en profite. De toute façon, quoi que je dise ou que je fasse, elle va pas aimer. Autant qu’au moins, j’en tire un minimum de plaisir, même si ça reste grave limité rapport au mal de crâne qu’elle en train de me filer. On continue de se balancer des piques et je me rends compte qu’elle est à peu près autant touchée que moi, donc autant dire pas beaucoup. Même si ouais, elle manque pas de répartie pour une gosse de riches. Je me contente de lever les yeux au ciel quand elle réplique et je cherche même pas à faire de commentaires sur les gamins. Faut dire que ouais, clairement, faire un môme est probablement la dernière chose qui me viendrait à l’idée. A son froncement de sourcils et au reste de ses propos je hausse les épaules et je la fixe, avec un sourire en coin.

"Quoi ? J’ai une tête de camé, c’est ce que tu veux dire ? Parce que j’ai des tatouages et que j’ai pas l’air d’être le premier de la classe ? Dans le genre cliché de merde, tu te poses là. Vu que, contrairement à toi princesse, j’ai effectivement jamais touché à ce genre de merde. Et ça m’intéresse vraiment pas. Je vois pas l’intérêt de lâcher prise au point qu’il puisse m’arriver n’importe quoi et que je sois incapable de réagir."

Déjà que bon, des emmerdes, j’en ai suffisamment eu en étant parfaitement conscience de ce qui m’arrive, donc on va éviter de tenter le coup autrement hein. Et je laisse filer un silence avant de reprendre, un ton plus bas.

"… tu vas pas me faire croire que t’es pas au courant que ça va te bousiller la santé. Enfin… laisse-moi deviner, tu gères parfaitement, tu contrôles tout à fait la situation et blablabla."

Je lève les yeux au ciel alors que je me rends compte que je réussis à me calmer, à ignorer la douleur qui tambourine dans mon crâne alors qu’elle finit par grimacer un sourire en réponse au mien.

"Exactement, ça te va bien. Et ce café est très bon, arrête de faire ta pétasse aux goûts de luxe et savoure ce que t’as entre les mains au lieu de râler. Je note pour les cronuts donc, tu vois, c’était pas si compliqué de m’expliquer ce que c’est. Ça t’a même pas écorché la gueule."

J’inspire une longue taffe et mon organisme bourré de nicotine me remercie. Ouais, je sais, un jour faudrait que je me calme là-dessus, sinon je vais crever comme un connard à cracher mes poumons dans tous les coins. Mais putain, ça fait trop bien là, de suite, pour que j’ai envie d’arrêter. Et heureusement, ça me détend, vu qu’elle recommence à me casser les couilles.

"… j’ai pas dit ça. J’ai dit que j’avais pas besoin de ton fric. Je… ouais, laisse tomber, c’est mon problème donc."

Je secoue la tête, soupirant de plus belle avant de sourire en rallumant une clope. Si elle croyait que ça allait me gonfler, c’est pas comme si j’avais pas l’habitude de me faire piquer mes clopes. Elle a l’air d’émerger un peu et je grimace quand elle reparle avant de rétorquer, avec un sourire narquois.

"Et moi j’ai les yeux qui me crament à chaque fois que je te regarde. Alors si tu comptes me faire avoir mauvaise conscience, tu t’adresses à la mauvaise personne. Tu m’aurais pas bombardé, t’aurais presque une gueule potable ce matin."

Et j’aurais pas aussi mal. Parce que putain, la douleur commence à se réveiller elle aussi et je me dis que le mal de crâne est pas uniquement dû à son caractère de merde. Je me retiens de me frotter les yeux, ça lui ferait trop plaisir j’imagine et je préfère me focaliser sur le reste. Même si la conversation prend un tour presque inattendu alors que je réponds, sans même y réfléchir.

"Je suis pas fan de l’impressionnisme, même si j’aime bien les pastels de Degas. Trop bling blng pour moi ces foutus lustres. Et, contrairement à ce que t’as l’air de croire, je suis pas aussi con que j’en ai l’air. Mais tu m’étonnes aussi à me répondre, comme si tu pouvais te comporter comme une personne civilisée avec le pauvre type violent et désagréable que je suis."

Je préfère même pas lui répondre quand elle me demande si j’essaie de l’acheter à coup de chocolat, sinon je vais être désagréable en lui rappelant un peu sèchement qu’on peut pas tout acheter, même la bonne humeur des gens. Surtout ça d’ailleurs. Je me contente de hausser les épaules avant de boire une gorgée de café, de me relever et de remplir de nouveau ma tasse avant de me poser de nouveau.

"La totale ouais, je suis impressionné."

Et, à sa question, je me fige une seconde. Non, mais elle demande vraiment pourquoi je me comporte pas comme un connard de première en fait, c’est ça ? Putain, mais j’ose même pas imaginer ce qu’elle peut vraiment penser de moi au final. Je me retiens encore de balancer une connerie et j’ai un mince sourire alors que je m’amuse à la déshabiller des yeux, m’attardant sur ses jambes avant de rétorquer, d’un ton amusé.

"Bin, je me suis que visiblement, me comporter comme un connard marchait pas des masses pour te baiser. Alors je tente de faire le mec gentil, avec un peu de bol t’écarteras les cuisses et je serais pas obligé de faire des efforts pour te maitriser."

Je me penche et j’attrape un bout de chocolat avant de reprendre, d’un ton plus sérieux.

"Et en vrai, t’as quand même passé une sale soirée, je me suis dit que ça te ferait pas de mal de te requinquer un peu avant de retourner affronter le monde. A ta place, c’est… j’aurais bien aimé quoi. C’est un problème ?"

Je déglutis et tente tant bien que mal de faire bonne figure. Soit, sans trop de succès, j'en conviens, mais j'essaie quand même. Même si je me suis recroquevillais, même s'il me fait clairement un peu trop peur. Je calme mon cœur, et respire lentement. Non mais sérieusement, ce n'est quand même pas un bouseux qui va m'empêcher de dire ce que je pense, si ?... Bon, si, oui, parce que blablabla... Je relève la mâchoire, quand bien même mes yeux doivent être encore un peu trop écarquillés à mon avis et qu'effectivement, je ne dis plus rien sur sa famille.
Je grimace un sourire.

« J'y réfléchirais, c'est ça. Moi et mon joli petit cul de princesse te remercions de l'intérêt que tu nous portes. »

Non mais sans déconner, comme si c'était à moi de surveiller mes actes, comme si c'était à moi de ne plus rien faire parce qu'il y a des connards partout. Parce que bon, même lui là, qui se la joue à moitié sauveur de ces dames, il se gêne carrément pas pour me reluquer. Et une petite partie de moi essaie de me dire de faire gaffe, mais je la fais taire. S'il avait voulu me sauter dessus, ce serait déjà fait. C'est peut-être déjà fait. Fait chier. Enfin, au moins, lui je saurais où le trouver  si jamais je porte plainte. Quoi ? Il m'a frappé ! Et on s'en fout que je l'ai gazé avant, ça ne justifie rien. Même s'il m'a ramené chez lui pour me protéger, enfin, ça c'est ce qu'il dit. Bref.
Je cligne des yeux alors que je le regarde quand il parle. Et c'est à mon tour d'avoir un sourire en coin.

« Oh, monsieur est un maniaque du contrôle ? Genre comme l'autre là dans la série que toutes les nanas en manque adorent ? Et oui, cliché ou pas, c'est exactement ce que je voulais dire. Je suis sûre qu'il suffit qu'un vigile te voit pour qu'il te suive partout, alors me fait pas croire que ça vient de moi. Et puis, tu te poses pas mal non plus dans le genre cliché de merde. »

Et on va zapper l'intérêt de lâcher prise, parce que ça ne le regarde absolument pas et que bon, clairement comme dit, il est plutôt pas mal aussi dans le genre cliché. Oui, je sais, je suis la parfaite démonstration et exemple de la jolie fille friquée superficielle, et j'en suis parfaitement ravie. Je suis jeune, belle, riche, pourquoi est-ce que je m'embêterais à sembler autre chose ? Je le dévisage et j'esquisse un sourire froid et hautain.

« Oui, je contrôle parfaitement la situation, merci encore une fois de t'en inquiéter. Je vais bien. Et dans l'absolu, on sait tous les deux que tu t'en fous totalement, alors par pitié, inutile d'essayer de paraître... inquiet ou concerné. »

Parce qu'il ne l'est pas, concerné. Parce qu'à part moi, personne ne l'est, donc personne n'a rien à dire. Je hausse les sourcils et secoue la tête quand il répond en levant les yeux au ciel.

« Tu pourrais arrêter de me traiter de pétasse ? Ça ne me donne pas super envie d'être agréable avec toi. Encore moins de te sourire... Et il n'est pas très bon, il est... passable au mieux. Et tu n'en sais rien, de ce que ça me coûte. »

Même si en l'occurrence, non, ça ne m'a pas écorché la gueule, mais je ne vais pas trop lui faire plaisir. Et son café n'est PAS bon. C'est con de sa part de refuser du fric, ça lui aurait peut-être permis d'en acheter du meilleur... Enfin, on va pas trop lui en demander, et c'est son problème, je survivrais, sans doute, pour une fois. Je me contente de hausser les épaules, avant de lui piquer sa clope. Et il ne râle pas. Tant mieux sans doute, une prise de tête en moins. Je grimace quand il sourit et me répond. Un point partout. Gnagnagnah... oui, je dois le mimer en levant les yeux au ciel quand il parle, mais ce n'est pas ma faute.

« Je ne savais même pas qui t'étais ! J'ai réussi à choper ma bombe, pas de chance, c'est tombé sur toi. Mais je ne pouvais pas savoir... Et c'était pas une raison bordel ! »

Et par réflexe, je me passe la main sur la mâchoire. Si même un mec comme lui trouve que j'ai une sale gueule, j'ose même pas imaginer ce à quoi je dois ressembler. Je me suis vue oui, mais j'étais pas vraiment réveillée, et j'ai préféré ne pas y faire trop gaffe. Et là, si je commençais à ressasser à nouveau tout ça, je l'oublie presque aussi vite alors qu'il me répond sans réfléchir. Je le fixe un instant, tirant sur la cigarette, avant de souffler un léger rire.

« Si on m'avait dit que je discuterais, comme une personne civilisée, avec un type violent et geek, d’impressionnisme et d'art moderne, j'avoue que je ne l'aurais pas cru. Alors quoi ? Tu préfères le cubisme ? Le surréalisme ? Le classicisme ? Et les lustres sont super chouettes, y a jamais rien de trop bling bling comme tu dis. »

Non, je vous assure que non, le bling bling c'est la vie. Je croque du chocolat en le suivant des yeux quand il va se resservir un café. Okay, il est aussi mignon vu de derrière que que de devant. Mais ça, je vais certainement pas lui dire ou lui montrer, alors je me concentre sur la fin de ma propre tasse de café. Et là, la question vitale : est-ce que je me barre de suite pour avoir un vrai café, un vrai bain, de vrais vêtements, ou est-ce que j'essaie de vraiment émerger pour de bon ? Vu la difficulté que j'ai à répondre à ça, on va dire que je vais attendre encore un peu...
Je stoppe mon mouvement une seconde quand il me répond, avant de finir de porter la cigarette à mes lèvres, non sans croiser les jambes. Comme si ça changeait quelque chose. Je plisse les yeux en le fixant, restant quelques secondes à le dévisager alors qu'il reprend, plus sérieusement.

« T'es quand même doué pour brouiller les pistes. Entre la violence d'hier et la gentillesse de ce matin, c'est un peu perturbant. Et non, ce n'est pas un problème, c'est... gentil. De penser à ça... à moi...
Je me sentirais presque obligée d'être gentille à mon tour, mais t'as de la chance, je suis juste une pétasse friquée, tu ne risques rien. »

J'esquisse un sourire, écrasant le mégot de ma cigarette dans le cendrier, avant de me lever pour me resservir un café.

« Et ça aurait pu être pour ça. Pour me sauter je veux dire. T'aurais pas été le premier à croire qu'il suffit d'être agréable pour que j'écarte les cuisses. Mais si t'avais voulu me baiser sans devoir me maîtriser, tu l'aurais fait cette nuit, doooonc j'espère juste que c'est pas ton truc... Et puis, j'ai de la cellulite en plus d'être insupportable, je ne dois pas avoir trop de souci à me faire.  »

Je retourne m'asseoir en tailleur, le mug entre mes mains. Bon, si déjà j'arrive à le boire sans sucre, c'est que ça va mieux.

Marrant qu'elle ait quand même l'air de songer à se rebiffer. On voit qu'elle a pas grandi avec un père comme le mien. Parce que, quand on te regarde comme ça, on la ferme et on baisse les yeux, en espérant que la tempête passe. Sauf que, bien souvent, elle passe pas et le tonnerre s'abat sur nous. En tout cas, pour moi, ça a toujours été le cas en fait. Mais bon, je m'en suis remis donc c'est le principal. Et je m'en sors pas si mal non ? Enfin, en tout cas, vu son gabarit à elle, cette petite pétasse devrait quand même la fermer. Et baisser vraiment les yeux. Ca va, elle insiste pas mais putain, elle relève quand même le menton, comme si elle cherchait un autre truc à balancer pour me prendre encore la tête. Je me contente pourtant de secouer la tête et de lever les yeux au ciel.

"Tu parles… comme si t'allais vraiment réfléchir sur quoi que ce soit que je vais te balancer. M'enfin, tu te plaindras pas quand ton cul de princesse en prendra pour son grade la prochaine fois."

Et ouais, une part de moi se dit que ce sera bien fait pour sa gueule. Elle a qu'à pas se comporter comme une pute et à se fringuer comme tel si elle veut pas s'en prendre plein la gueule. J'irais pas jusqu'à dire qu'elle ferait mieux de rester chez elle à s'occuper de sa baraque et de sa famille mais ouais, c'est l'idée. J'arque quand même un sourcil, un brin perplexe, quand elle reprend.

"Hein ? De quoi tu parles là ? J'ai une gueule à mater des trucs pour nanas en manque ? Mais je note que toi oui visiblement. Et j'ai quoi dans le genre cliché de merde ? Je suis tatoué donc forcément un toxico ?"

Je note qu'elle relève pas tout ce que je lui dis. Visiblement, j'ai touché juste. Evidemment, j'ai un sourire narquois, surtout quand elle reprend, la mine hautaine, en parfaite petite pétasse qu'elle donne l'impression d'être. En tout cas, ça marche plutôt bien, elle est vraiment super convaincante et elle donne clairement envie de lui en coller une.

"Evidemment, tu contrôles parfaitement les choses. Te retrouver ici était exactement ce que tu voulais, n'est ce pas ? Mais d'accord, j'arrête de m'inquiéter donc, message reçu."

Et je la fixe un instant, n'essayant même pas de réprimer mon sourire alors qu'elle reprend, visiblement agacée par ce que je lui dis. C'est qu'elle a vraiment son petit caractère la princesse et je hausse les épaules, me passant une main dans les cheveux avant de rétorquer, non sans ironie.

"Je pourrais oui. Et comme si t'avais besoin d'excuses pour être désagréable avec moi. M'est avis que tu fais toujours ce que tu veux, quand tu veux hein, sans écouter ce qu'on te dit. Mais… on dirait que t'as l'air de survivre quand même malgré tout."

Je m'en fous qu'elle aime ou pas mon café, moi il me convient très bien et il est carrément meilleur que certaines saloperies pas chères que je pouvais me payer avant. Mais bon, je suppose que même si elle le trouvait super bon, elle dirait rien, juste pour m'emmerder. Enfin, dans le fond, c'est pas comme si ça m'intéressait, comme si j'avais envie de bien m'entendre avec quelqu'un que je recroiserais probablement jamais. Ca m'arrive souvent ça, de toute façon, de ne plus revoir la fille avec j'ai passé la nuit. A la différence près c'est que généralement, la nuit a quand même été plus agréable pour moi. Bref, détail dont tout le monde se fout, c'est pas comme si ça m'intéressait de garder une nana dans mon pieu ou dans ma vie plus de temps que nécessaire. Et me vider les couilles prend pas tant de temps que ça. Et voilà qu'elle recommence à se plaindre. Putain mais si au moins j'avais pris mon pied, ça la rendrait peut-être un peu plus supportable. Encore que, j'ai quand même un sérieux doute là-dessus.

"Bien sûr que si c'était une raison. Quand on m'agresse, je cogne, je me contente pas de couiner en pleurnichant comme une pédale, c'est tout."

J'arque un sourcil alors qu'on parle… ouais peinture. C'est bizarre, autant venant qu'elle que de moi, surtout au vu de nos échanges particulièrement cordiaux, mais c'est pas désagréable pour autant.

"Je t'emmerde princesse. Et si tu faisais attention à ce qu'il y a autour de toi, t'aurais vu une affiche de l'arbre de la vie de Klimt. Sinon j'aime bien les peintres de la renaissance italienne. Je suis pas particulièrement branché art moderne et figures de style. Je dois être trop con pour comprendre l'abstrait… ou l'intérêt des lustres donc. Laisse-moi deviner, t'en as un chez toi."

Une fois debout, j'agite la cafetière dans sa direction avant de la laisser au chaud, dans le doute. Au pire, je me ferais une troisième tasse, ce sera pas du luxe. Elle a l'air d'hésiter à faire je sais pas quoi, se tirer peut-être, grand bien lui fasse, au pire, je pourrais me laisser mourir dans mon plumard quelques heures de plus, mais non, elle reste et elle continue de fumer. J'ai un mince sourire alors que je hausse les épaules à ses propos.

"Oh, on dirait presque un compliment. Et c'est bon, la violence, elle vient aussi de toi donc va falloir se calmer à me coller cette étiquette. C'est… normal vu ton état. Je t'ai pas laissée dans la rue, j'allais pas te laisser ruminer… ou alors c'était juste dans l'espoir que tu me fasses un peu moins chier. Remarque, ce serait cohérent aussi."

Je la suis des yeux quand elle se relève, la matant sans m'en cacher avant de lâcher, toussant un rire.

"Un point pour toi. Mais non baiser une nana inconsciente, c'est pas mon délire. Et j'ai jamais eu à être agréable pour qu'une nana écarte les cuisses, je vais pas m'y mettre pour toi, même si, aussi insupportable et pleine de cellulite que tu sois, tu restes sacrément baisable."

Alors ouais, en temps normal, je parle pas aussi crument aux filles. Mais là, c'est juste pour l'emmerder, j'avoue. Et je bois une gorgée de café, avec un sourire amusé.

Je ne devrais même pas prêter attention à ce qu'il dit. Enfin si, je fais bien et je n'ai pas trop le choix, parce qu'il fait peur quand même, et que je n'ai pas envie de tester ses limites. Surtout que vu sa réaction, ses limites semblent être vachement réduites concernant sa famille. Alors même si c'est un connard, je baisse les yeux un instant et je ne dis plus rien à ce sujet, quand bien même c'est difficile pour moi de rester silencieuse face à cet idiot.
Je hausse une épaule, mon regard se refaisant indifférent alors que je perds mon sourire.

« T'en fais pas, si ça arrive, je me plaindrais pas, et mon cul de princesse s'en remettra. »

Quel sale con. Qu'est-ce qu'il peut savoir, qu'est-ce qu'il croit savoir ? Il me juge sérieusement ? Et si je fais la même chose, sans doute, je trouve ça exaspérant venant de lui, comme s'il pouvait se permettre d'avoir des préjugés comme ça sur moi. Moi et mon cul de princesse... Je vous jure, dans le genre connard misogyne... et puisqu'on parle des préjugés... Mon sourire s'agrandit et je hausse les épaules.

« J'en sais rien de ce que tu mates, et je m'en fous. Et pour te répondre, moi oui, je regarde, le soir souvent, je trouve ça amusant, même si c'est pas le but premier. Et oui, c'est un cliché, mais c'est un de ceux que moi j'ai. Mais je parlais de tes clichés de merde à toi, sur moi et mon cul de princesse, et ma jolie vie parfaite. Mais on s'en cogne un peu non ? »

Et je parle déjà un peu trop de moi à mon goût, sans doute le contrecoup de toute ce bordel. Parce que sinon, je m'attarderais même pas à lui adresser la parole. Bon, sans doute quand même un peu vu qu'on est chez lui et que je suis un minimum bien élevée, contrairement à ce qu'il semble croire. Je plisse les yeux, et secoue la tête. Je ne répondrais même pas à ça. Surtout parce que ça ne joue pas beaucoup en ma faveur et qu'il a potentiellement raison. Au moins un peu. Mais jamais je ne reconnaîtrais ce genre de trucs, encore moins devant lui. Surtout alors qu'il sourit, se moquant ouvertement de moi.

« Parce que toi, tu écoutes ce que disent les autres ? Pourquoi je ne pourrais pas faire ce que je veux quand je veux tu m'éclaires ?... Et oui, je survis, ça reste du café malgré tout. J'ai connu pire. »

Même si ce n'est pas trop visible là et que même moi, j'ai du mal à le croire, mais le fait est oui, j'ai connu pire que ce café dégueu... ou que de l'avoir lui face à moi, parce qu'il est carrément pas dégueu lui par contre. Alors oui, j'ai connu pire. Sans oublier que, malgré le coup que je n'oublie pas, il m'a visiblement rien fait cette nuit. Je devrais lui en être reconnaissante de ça aussi ? Sans doute ouais. Mais faut pas abuser, je lui ai rien demandé moi. Bref. Je le fixe en fronçant les sourcils et en secouant la tête.

« Comme une pédale ? Sans déc ?... Ah oui, j'ai pigé, tu chiales pas et tu cognes par réflexe. Un vrai mec quoi. »

Merde, je sais pas si je dois en rire ou en pleurer de voir que des mecs comme ça existe vraiment. Parce qu'entre ça et ses remarques sur moi et mon cul de princesse, j'avoue que... merde, un pur et dur macho ? Beurk. Bon, j'oublie un instant tout ça alors qu'on se met à papoter peinture. Ma conversation avec lui est bizarre depuis le début, mais là, je reconnais que ça atteint un nouveau stade. C'est plus civilisé, c'est toujours ça.

« Une affiche ?... Pardon, j'ai l'attention qui revient toujours vers tes trucs de super héros, ça occulte un peu le reste... Mais oui, je vois ça maintenant, il est chouette. Et donc, t'es fan de de Vinci et Raphaël ? T'as un tableau préféré ? Je ne suis pas super fan non plus de l'abstrait, je trouve ça dénué de sens... et d'âme aussi sans doute... Et oui, j'ai un lustre chez moi... Et des peintures donc. »

Dire que même avec la plupart de mes potes j'arrive pas à discuter art, et là, je vais vraiment discuter des madones et autres Vénus avec lui ? Non faut pas déconner, surtout avec une seule tasse de mauvais café dans les veines. Oui, je vais sans doute en piquer une deuxième comme lui avant de partir, histoire de moins avoir la gueule dans le coltar.
Je finis mon café et secoue la tête.

« Moi, c'était pour me défendre. Même si je me suis gourée de cible... Mais okay, je vais essayer d'arrêter. Mais j'ai mal. Et j'arrête. » J'esquisse un sourire. « Normal signifie que la plupart des gens l'auraient fait. Non ? Et ce n'est pas le cas. Quant à l'espoir, ce serait cohérent, mais c'est loupé. Il m'en faut plus que ça pour que je sois... je sais pas, douce et aimable ? »

Je le suis, parfois, quand j'en ai envie. Là, malgré le café et le chocolat, ce n'est pas encore vraiment ça. J'essaie de ne plus être agressive et condescendante, ce n'est déjà pas si mal que ça je trouve. Et on sait jamais, peut-être que le deuxième café aidera à être un peu gentille. Et qu'il me mate s'il le souhaite, ce ne sera pas pire que sous la douche.
Je le dévisage et je hausse un sourcil.

« T'as jamais eu à être agréable ? Genre tu les attrapes, les balances sur ton épaule et les ramènes dans ta hutte pour les sauter ? » Je souffle un rire et hoche la tête. « Et je sais que je suis plus que baisable, je n'ai pas non plus trop de soucis à trouver un mec quand je veux. Toute insupportable et énorme que je sois, je suis sacrément baisable donc. C'est bon à savoir. »

Il espérait quoi ? Me choquer ou... J'en sais rien, et je m'en fous. Je croque un nouveau de chocolat et inspire au-dessus de ma tasse de café en fermant le yeux. Ça va, j'arrive à réfléchir et je n'ai plus l'impression d'avoir la tête dans du coton, c'est cool. Je vais pouvoir rentrer. Et bizarrement, cette pensée me réjouit moins que ce qu'elle devrait.

Je sais, je sais, ça devrait pas me plaire autant qu'elle baisse les yeux. A quel point ça fait de moi un connard ? Bon, c'est pas comme si c'était vraiment un problème en fait. Et puis, je suis pas particulièrement rancunier pour le coup alors qu'en général  c'est probablement un des traits qui me caractériserait en premier. Et je me contente de hausser les épaules quand elle reprend, esquissant un sourire quand elle perd le sien.

"Oh je m'inquiète pas. C'est pas comme si ça allait être mon problème et je me doute que ton cul s'en remettra."

C'est pas comme si, visiblement, il s'était pas déjà remis d'autre chose. Pour un peu, je me dirais qu'elle a ce qu'elle mérite mais bon, au moins, j'aurais évité que ça finisse mal pour elle hier, c'est toujours ça de pris pour elle. Et si elle veut pas d'emmerdes, elle sait bien ce qu'elle a à faire non ? Pas mon problème ouais. J'arque un sourcil quand elle reprend et je secoue la tête, souriant de plus belle, même si ouais, c'est plus sarcastique qu'autre chose.

"Je comprends pourquoi tu te retrouves dans les ruelles comme ça en fait. C'est toujours mieux que tes trucs de nanas en manque. Mais tu sais, tu peux aussi trouver un vrai mec, ça marche bien aussi. Pour ce qui est des clichés je… laisse tomber. C'est moi qui en ai, évidemment. Toi t'as la science infuse ou une merde dans le genre."

C'est quand même dingue de trouver une nana à la fois aussi insupportable et aussi bonne. Je suis carrément pas habitué alors, forcément, je suis un peu moins sur mes gardes que je peux l'être. Et je pourrais être vachement plus agressif aussi soit dit en passant, même si je suis pas mal. Je la fixe un instant, plissant des yeux. Non mais elle fait exprès de jouer à la pétasse pimbêche à qui le monde appartient là ou quoi ? Alors que bon, vu dans quel état je l'ai récupérée, elle devrait un peu moins la ramener quand même.

"Qu'est-ce que ça peut te foutre de savoir qui j'écoute ou pas ? Et tu veux vraiment que je réponde à cette question ou c'est juste pour te donner un genre ?"

J'ai un profond soupir alors qu'elle a encore l'air d'avoir des munitions en réserve et je lui jette un regard mauvais alors que je reprends, toujours sur le même ton.

"Quoi ? Qu'est ce que j'ai encore dit qui te plait pas ? Et… ouais un vrai mec c'est ça. Si tu veux."

Et j'arrive même pas à piger comment on en vient à avoir un semblant de discussion normale et à parler… peinture. Autant dire que c'est le sujet que j'aborde avec personne. Ouais, ça fait un peu pédé de dire que j'aime bien aller faire des tours dans les musées et que je passe du temps sur Internet à regarder ce genre de trucs. Je pourrais en parler avec Rez, elle trouverait peut-être trouver ça sympa d'ailleurs. Mais, bref, ça me surprend d'en parler à Barbie pétasse.

"Faut arrêter de faire une fixette sur les supers héros hein. Et je préfère Botticelli. J'ai vu la naissance de Vénus quand ils ont réussi à l'avoir au musée il y a deux ou trois ans et… bref. Laisse tomber. Un lustre alors hein. Cool pour toi."

Bref. J'en viens presque à être civilisé en fait, c'est marrant ça. Comme quoi, tout peut arriver. Et au moins, je peux continuer à me rincer l'œil sans qu'elle fasse son offusquée. J'ai un sourire en coin alors qu'elle reprend et je finis quand même par lever les yeux et par me lever tout court, fouinant un instant dans mon le petit freezer avant de lui tendre un paquet de petits pois surgelés.

"Ca va calmer la douleur. Un peu. Même si c'est un peu tard pour ça. Ca va au moins l'anesthésier et t'arrêteras peut-être de te plaindre cinq minutes." Et de me casser les couilles donc. "Et je m'en branle de ce que les autres feraient ou pas. C'est normal pour moi. Donc, ça t'arrive d'être douce et aimable ? Genre en vrai ?"

J'avoue que là, elle arrive même à me faire rire. Je la laisse croquer dans son chocolat et je rétorque, le regard pétillant.

"Nan je les tire par les cheveux jusqu'à ma caverne avant de les tirer tout court."Je lui décoche un large sourire avant de reprendre, en secouant la tête. "C'est effectivement le cas et ça m'étonne pas que tu trouves ce qui te faut pour te faire baiser, mais te monte pas trop la tête non plus. Je vais refaire du café dégueulasse, t'en reveux ? Je te dirais bien de le faire, mais je suis pas sûr que tes petits doigts de princesse aient déjà fait ce genre de trucs, je me trompe ?"

Je me relève et je commence à préparer une nouvelle cafetière, grimaçant alors que je vois un peu flou et que j'ai du mal à viser pour mettre la flotte. Ouais, ça craint carrément là.

J'essaie, un peu, de reprendre mon masque d'indifférence, simplement pour ne pas trop lui montrer qu'il me fait peur et pour me dire que je ne me laisse pas impressionner par lui. C'est faux, mais en général, ça marche bien et j'arrive à dépasser les trucs, à devenir plus forte en quelque sorte... Plus indifférente oui donc. L'indifférence, c'est cool. Et ce n'est pas lui qui va changer ça. Je le laisse sourire, me contentant de hausser à nouveau les épaules. C'est clair ce n'est pas son problème, et je me porterais très bien quoiqu'il arrive.
Je les fixe, lui et son sourire peut-être un poil narquois, et je secoue la tête en souriant.

« Les trucs de nanas en manque, je les regarde parce que je trouve ça drôle, pas parce que je suis en manque. Enfin bref. Un vrai mec... Un mec bien, ce serait déjà pas mal, mais jusque-là, j'ai fait chou blanc... Quoique je cherche pas vraiment, ceci doit expliquer cela. Et sérieux, t'écoute quand je parle ? Je n'ai jamais dit que je n'avais pas de clichés, mais t'en as tout autant et... Ouais, laisse tomber donc. »

Non mais le relou sans déconner. Je n'ai jamais vu un mec plus buté et horripilant que lui. Bon si peut-être, parce que des abrutis, j'en connais quand même la blinde on est d'accord. Mais il n'écoute rien et puis, un vrai mec sérieux ?... Je veux même pas savoir ce qu'il pense ou entend par là. J'ai tellement horreur des machos soi-disant supérieurs bien pensants et sûrs de leur bon droit... forcément, fallait que je tombe sur l'un d'eux. Oui, je sais, il a sauvé mon cul de princesse hier soir. Je devrais être sympa... ou gentille un peu du moins. Mais je n'y arrive pas. Pas trop, surtout alors qu'il plisse les yeux et se montre encore plus désagréable.

« Je m'en fous royalement, c'était juste pour dire que j'ai pas à écouter les autres. Et j'ai pas à me justifier. Et vaut mieux pas que tu répondes non. »

Parce que plus ça va, plus je me dis qu'il va me sortir une connerie datant des années 30, avec mémère au foyer, et la robe à fleur jusqu'aux chevilles, ou un truc aussi ringard et minable... Genre comme là, juste après. Et pour le coup, ce n'est pas son regard qui va me faire changer d'avis, contrairement à tout à l'heure.  

« Ce que t'as dit ? Mais tu t'écoute quand tu parles ? On dirait un stéréotype du 19ème siècle, avec les vrais mecs, purs et durs d'un côté, et les tapettes qui chialent de l'autre côté... Tu sais quand même que c'est pas une maladie d'être homosexuel ? Que les nanas aiment bien les mecs sensibles et drôles ? Ce genre de trucs ?... Mais je suis sûre que les vrais mecs comme toi, ça plaît aussi hein, t'en fais pas. »

Bon je sais, je cherche un peu la merde. Mais il a l'air tellement sérieux en me sortant ce genre de trucs, je peux pas le laisser faire quoi. Et ce n'est pas ma faute si je souris et que ça m'amuse un peu pour le coup, même si je ne devrais sans doute pas trop pousser le bouchon avec lui. Mais j'étais cool là non ? Et puis, on en arrive à parler peinture, c'est surprenant, mais c'est signe que ça s'améliore non ?... ou qu'on est passé dans la 4è dimension ouais, vu qu'au final, on a bel et bien cette conversation.
J'esquisse un sourire amusé.

« Je fais pas une fixette dessus, ça prend toute la place, j'y suis pour rien.... Et Botticelli donc. Y a trois ans. Et quoi ? Tu l'as trouvé encore plus magnifique en vrai ? Oui, elle l'est. Ça fait souvent ça, les peintures. Surtout quand elles sont célèbres, ce n'est pas pour rien. C'est qu'elles ont un... truc en plus. Une âme sans doute. T'as déjà été au MET ?...
Et donc on passe à autre chose, parce que c'est pas assez... vrai mec ?  »

Je lui jette un coup d’œil, de nouveau un peu amusé, mais promis cette fois, y a rien de méchant. Ou presque pas. J'aime bien lancer des piques, me prendre la tête, ce genre de trucs, mais bon, là, c'est trop tôt, je ne suis pas vraiment en état, même si on ne dirait pas, et je veux juste siroter mon café aromatisé au chocolat. Ou un truc du genre. J'insiste un peu sur le fait que j'ai mal, mais c'est la vérité, et je n'ai pas l'habitude moi. Contrairement à lui oui c'est ce que je sous-entends dans toute la splendeur de mes préjugés. Je le regarde, fixant avec scepticisme son paquet un instant. Son paquet de petits pois hein. Je l'attrape et le pose sur ma joue, grimaçant au contact, avant de relever les yeux vers lui qui s'est rassis face à moi.

« Merci. Et je me plains pas beaucoup je trouve. » Je plisse les yeux un instant, avant de soupirer lentement. « Normal pour toi donc. C'est déjà pas mal... Et oui, ça m'arrive. Je crois. Sans doute. C'est important ? Les gens gentils et aimables se font bouffer en général, j'ai tendance à me dire que ça ne me plairait pas des masses. »

Je rouvre les yeux pour le fixer alors qu'il rit. Et j'ai un sourire en coin alors que je me dis qu'avec ce regard, oui, il est carrément canon. Et je ris à mon tour en l'entendant.

« Élégant. Mais je l'ai cherché oui. » Je hausse un sourcil amusé, refusant de me départir de mon amusement pour le moment. « Me monter la tête ? Je n'ai pas besoin de me monter la tête, je sais très bien ce que je vaux. Mes petits doigts de princesse savent faire bien des choses, mais effectivement, ça, ce n'est pas certain, c'est bien trop compliqué... »

Je le suis des yeux alors qu'il se lève, et soupire en me levant à mon tour en voyant le désastre. J'attrape la cafetière qu'il tient et la remplis d'eau.

« … Bon. Okay. Je ne sais pas faire. Mais à deux, on devrait y arriver, sans inonder ton minuscule appart, ce qui nous évitera de nous noyer. »

Je lui jette un coup d’œil par en-dessous, mes doigts pianotant sur le verre. J'aurais dû remettre mes chaussures, j'aurais moins l'impression d'être une naine à ses côtés...

J’avoue, j’ai un plaisir un peu malsain à la voir se renfrogner, quoi que je puisse lui dire. Comme si ça pouvait lui rappeler qu’elle peut pas tout régenter, qu’elle peut pas avoir raison sur tout. Alors ouais, je la connais depuis trente secondes et j’ai décidé qu’elle était comme ça. Et donc ? Ça se voit sur sa gueule de pétasse de toute façon. Qu’on soit d’accord, j’ai pas le moindre complexe là-dessus, mais je supporte pas les gens qui se croient meilleurs que les autres, tout ça parce qu’ils sont nés du bon côté de la barrière. Et mon sourire se fait plus narquois quand elle répond.

" Pas besoin de te justifier princesse, tu fais bien comme tu veux. Et un mec bien ? Ça veut tout et rien dire ça, normal que tu trouves pas. Enfin, je dis ça… on s’en fout hein. Mais donc t’es pleine de clichés, moi aussi, c’est merveilleux."

Sérieux, elle est vraiment relou ou elle fait juste ça pour m’emmerder ? Jamais vu une nana aussi contrariante quoi. Je me contente de lui jeter un regard mauvais quand elle dit qu’elle a pas à se justifier. Parce que ouais, ça ne fait que confirmer ce que je pense d’elle depuis qu’elle a ouvert sa gueule. Je secoue la tête alors qu’elle en rajoute une couche. Mais, au lieu de m’énerver, je laisse filer un rire, comme si je me foutais totalement de ce qu’elle raconte. Alors oui, c’est un peu le cas mais bon, j’écoute quand on me parle, contrairement à ce qu’elle a l’air de croire.

" Alors d’un, le stéréotype t’emmerde. De deux, ça s’appelle une figure de rhétorique. Comme de dire que les blancs ne savent pas sauter. Tu vas pas me condamner pour toutes les expressions de merde qui existent sur cette terre et qui sont un tant soit peu racistes ou autres ? Nan parce que là, t’as du boulot princesse parfaite qui, bien évidemment, est bien plus tolérante que je le serais jamais visiblement. Et pour ce qui est du mec sensible… mon cul ouais. Je suis pas persuadé que tu serais ravi d’avoir un mec qui se met à chialer quand il voit que tu te fais emmerder parce que ça lui brise son petit cœur tout mou."

Et je suis drôle. En tout cas, t’en as qui me trouvent drôle. Genre Pixie. Elle au moins, c’est pas une emmerdeuse finie comme cette pétasse qui croit tout connaitre, qui a décidé que j’étais le genre de mec qui visiblement ne ressent rien. Mais merde quoi, elle a aucune idée de ce que je suis ou de mon passif qu’elle s’amène avec ses grands chevaux, persuadée de tout savoir. Je lève les yeux au ciel avant que la conversation prenne une tournure vachement surprenante. Et carrément plus agréable en fait.

" Ça prend pas toute la place, t’exagère. Et ouais, c’est à peu près l’idée. C’est con mais ouais, j’ai eu l’impression qu’elle était vivante, qu’elle avait une âme comme tu dis. C’était assez bluffant. Et non, je suis jamais allé au MET. Sauf si les visites virtuelles ça compte. Mais oui, vaut mieux passer à autre chose, tu risquerais de croire que je suis autre chose qu’un connard des cavernes du 19ème siècle."

Bon, et vu qu’elle commence à me gonfler à se plaindre, je lui ramène de quoi anesthésier un peu la douleur. Pas que je me sente coupable hein, ça c’est acté que non. Mais au moins, elle la fermera peut-être un peu. Ou pas, d’accord.

" C’est vrai. Tu le dis que toutes les deux minutes depuis que t’as ouvert les yeux. Tu pourrais faire pire et te rouler en boule dans un coin en répétant que t’as mal ou un truc du genre. Et ça devrait être normal pour tout le monde mais ça, c’est un détail. C’est pas important que tu sois aimable en règle général, je me posais juste la question. Même si pour le coup, je suis d’accord avec toi sur le reste. Dès que t’es sympa tu te fais bouffer."

Ou frapper. Ou pire encore. Alors, pourquoi montrer ce genre de faiblesse hein ? Elle arrive quand même à me faire marrer et, vu qu’elle a l’air décidée à plus être aussi casse-couilles, j’arrive presque à être aimable.

" Elégant, c’est mon deuxième prénom. Truc élégant donc. C’est pas mal. Et je me doutais bien que ce serait trop complexe pour toi. T’en fais pas, tu peux laisser ton joli petit cul sur mon clic-clac, je devrais m’en sortir."

… bon, visiblement non. Mais putain, ça commence vraiment à gratter en fait cette saloperie. J’ai souvenir que j’ai eu super mal hier mais je pensais pas que ça durerait aussi longtemps. Faudrait ptet que j’aille voir un médecin. Fait chier, c’est pas comme si j’avais pas d’assurance et pas vraiment de fric pour ce genre de connerie. Je lui jette un bref regard en coin quand elle se rapproche, me fendant d’un sourire avant de lever un index dans sa direction.

" Attend deux secondes."

Et j’ouvre le robinet pour faire couler de l’eau et m’asperger les yeux, poussant un soupir de soulagement. Ouais, c’est mieux. Bon, je vois toujours flou mais ça crame déjà moins. J’inspire alors et je reporte mon attention sur la blonde, me grattant l’épaule pensivement.

" Non mais en vrai, tu sais pas faire du café à l’ancienne ? Tu te fous pas de moi ?"

Je laisse échapper un sifflement et j’ai un sourire alors que j’attrape sa main et que je la pose sur la poignée de la cafetière.

" Regarde, c’est pas bien compliqué. Tu verses là-dedans, tu remplis à ras-bord, y en a jamais trop. Et tu fais pas comme moi à rater le trou parce que tu vois trop flou pour viser. Là. Ca va, tu suis ? Après, tu prends le paquet de café, tu lis ce qu’il y a de marqué sur la quantité par tasse avant de t’en foutre et de remplir le filtre aux trois quart. Et t’appuies sur le bouton rouge."

Tout en parlant, j’ai utilisé ses mains comme un marionnettiste.

" Voilà, tu sais faire du café. La classe non ?"

Et là, alors que je la surplombe, je me dis qu’elle est quand même vraiment, mais alors vraiment … ouais bandante c’est le bon terme. Alors je toussote et je me recule d’un pas, comme si de rien était.

Sale con. Je sais, je vais pas revenir dessus, j'aurais pu tomber sur pire, il aurait pu me laisser, blablabla, mais franchement, c'est quand même un connard. Qui essaie de faire croire qu'il est meilleur que moi. La bonne blague. Ce n'est qu'un pouilleux misogyne, simpliste et rustre. Comme s'il pouvait m'arriver à la cheville.

« J'explique nuance, je ne me justifie certainement pas. Et non, ça ne veut pas tout et rien dire, c'est des critères précis et je n'y suis pour rien si aucun mec n'y colle. Mais peu importe donc, comme le reste. »

Il va me prendre la tête longtemps là ? Non parce qu'il est chiant quand même et je vois vraiment pas pourquoi j'essaie de discuter avec lui. Il croit que je dois faire plus de trucs parce que je suis une nana ? Ou moins de trucs ? Que je dois rester le cul chez moi habillée en nonne parce que des mecs sont des connards ? Que j'ai pas le droit d'espérer tomber un jour sur un mec qui soit pas violent ou crétin ou égoïste ou... Ouais, bon, j'arriverais à me faire rire toute seule pour le coup. Mais quand même. Et il peut se marrer, ça ne change rien à ce que je pense. Et okay, je ne suis pas forcément hyper tolérante, on ne peut pas n'avoir que des qualités, n'empêche qu'on touche pas à Matthew... alors lui là et sa figure de rhétorique sur les homos peuvent aller se faire foutre.

« Ce n'est pas les expressions de merde qui me posent problème, c'est ceux qui s'en servent. Et en l'occurrence, c'est toi qui le dit. Et je ne sais pas si tu te fais plus con que tu ne l'es ou si tu n'exagère même pas en parlant, mais m'engueule pas quand je parle de stéréotype après que tu aies parlé comme ça... Son petit cœur tout mou ?? Oh pitié... »

Faire l'amalgame entre un mec qui réfléchit trente secondes avant de cogner et... Je soupire. Désespérant un peu. Affligeant aussi. Je l'ai déjà dit ? Je ne sais pas trop. Et encore une fois, je me demande pourquoi je reste et pourquoi je lui parle. Et encore une fois, ça me revient. Je suis dans le coltard. Et il m'a offert du chocolat et un café. Et puis, on dépasse un peu ça, même si je ne sais pas trop comment. Mais c'est cool. C'est même plutôt chouette. Même si une partie de moi se dit que ça risque d'être moins cool si effectivement, je ne peux plus l'imaginer comme le connard qu'il est depuis le début. Merde, je vais devoir revoir mon jugement le concernant ?... naaaan... Même si...

« Vivante... C'est ça. C'est surprenant, mais ça m'arrive d'être ouverte d'esprit. Parfois. Les hommes des cavernes ont laissé les grottes de Lascaux et tout non ? Ils étaient pas totalement dépourvus de talents artistiques, ça peut être ton cas aussi. Et les visites virtuelles comptent, même si ça vaut pas une vraie visite. Tu devrais y aller, ça plairait à un connard des cavernes du 19ème siècle comme toi. »

Je lui souris sans y penser. Faut croire qu'une douche, une tasse de mauvais café et du chocolat me rendraient presque gentille. Ou c'est d'avoir une conversation censée et presque intéressante sur l'art avec lui. Et ça marche aussi sur lui visiblement vu qu'il me ramène de quoi soulager la douleur.

« Quand ça va pas, je le dis, je me roule pas en PLS dans un coin, ça ne servirait à rien. Oh, et tu t'attends à ce que je le sois avec toi ? Je suis aimable là remarque. Et gentille, je ne le suis qu'avec ceux qui le méritent et ils ne sont pas nombreux. Ceux qui chercheront pas à me bouffer parce que je suis trop sympa donc... »

Mon sourire s'agrandit et se fait plus espiègle. Oh. Il est vexé parce que je connais pas son prénom ? Mais on reste de bonne humeur on a dit. Moins de stress, moins de rides, moins de prises de tête. Et le froid me fait presque autant de bien que le chocolat. Donc ça va aller.

« Et là, je dois te demander quel est ton prénom c'est ça ? Mais j'aime bien Truc élégant sinon, c'est original. Et Truc, c'est court et ça se retient facilement. Toute façon, je suppose que tu vas rester sur le Princesse non ? »

Bon, et mon joli petit cul ne reste pas longtemps sur son clic-clac pourri vu qu'il a l'air de galérer un peu. Beaucoup. Et que techniquement, j'en suis sans doute un peu responsable. Même s'il l'a cherché. Je reste sage, même si je plisse les lèvres malgré tout quand il se rince les yeux.

« … Désolée... Pour tes yeux... »

Là, je suis gentille. Pas parce qu'il le mérite ou que je l'apprécie, je ne le connais pas, mais oui, c'est possible que je me sente un peu, un tout petit peu coupable quand même... Je fronce les sourcils.

« Pourquoi je saurais faire ? » Je le fixe une seconde alors que de l'eau goutte de son visage. « Ma grand-mère avait une cafetière à l'italienne, je le préparais avec elle quand j'étais petite. Mais ça... non, je sais pas faire. J'ai une machine à dosettes, qui fait de supers bons cafés, et où il suffit de faire pschiiiit. »

Je hausse les épaules, les sourcils levés. A quoi bon apprendre à faire du café ? Surtout dégueu ? Je me fige une seconde quand il attrape ma main et commence à jouer au marionnettiste avec moi. Avant de soupirer et de le laisser faire.

« … Okay, je comprends pourquoi il n'est pas bon. C'est pas la machine. C'est que tu fais n'importe quoi. Tu t'es jamais dit que s'il y a des mesures, ce n'est pas pour rien ? »

Et on appuie sur le bouton rouge. Youpi, je sais faire du café. J'ai l'air ravi non ? Je relève la tête pour le dévisager.

« Trop la classe. Je pourrais le rajouter dans mon CV et m'en vanter devant les copines, ça va être trop sympa ! »

Je le suis de yeux et penche la tête sur le côté, avant d'avoir un sourire en coin alors que je le regarde de bas en haut.

« C'est parce que c'est le matin ou c'est de tenir ma main qui te fait cet effet là ? »

Je lui souris, le détaillant une nouvelle fois ostensiblement. Je croise les bras, appuyant ma hanche sur le meuble, le regard fixé au sien, sans perdre mon sourire. Il est grave sexy, je le reconnais, mais en l'occurrence, c'est pas sur moi que c'est visible...  

Je me demande quand même quelle probabilité j’avais de tomber sur la reine des pétasses pour une fois que j’essaie de jouer au mec sympa. Non mais, je note, ça me servira de leçon. Et autant je me rince l’œil, autant ça compense absolument pas le putain de mal de crâne qui me gagne à mesure que je parle avec elle. Ou alors, c’est cette saloperie de bombe au poivre, je sais pas trop. J’arque un sourcil à ses propos, la fixant un instant avant de laisser filer, avec un sourire amusé. "Des critères précis. Putain, on dirait une liste de courses quoi. C’est pas un pull que tu cherches non plus. Bref, on s’en fout, t’as raison. Bon courage pour ta session shopping de mec qui réponde à tes critères. M’est avis que vu ton style, tu répondras direct aux siens, surtout le coté pétasse."

Et pour un peu, c’est qu’elle monterait presque sur ses grands chevaux pour une expression à la con. "Quoi ta meilleure amie de toujours est homo ? C’est ça ? Alors tu défends la cause devant les connards comme moi ? Bin je te souhaite bien du courage." Parce que ouais, fondamentalement, j’en ai rien, mais alors rien à foutre de la sexualité des gens. Tant qu’on vient pas m’emmerder avec ou que, pire, on essaie pas d’en parler au vieux quand je suis dans les parages. Chacun fait bien ce qu’il veut de son cul, tant qu’on s’approche pas du mien. "Et je note donc que c’est moi qui pose problème. Même si j’ai jamais dit que t’avais l’exclusivité du stéréotype Princesse."

Bref, je sais même pas pourquoi je la fous pas dehors à ce moment précis mais, quand on se met à parler, genre de vrais trucs, je me dis que j’ai peut-être bien fait. Je dis pas que ça va pas me reprendre dans cinq minutes et qu’elle va pas de nouveau me donner envie de mourir ou de la tuer hein, mais là, dans l’immédiat, c’est presque cool de parler avec elle. J’ai même un rire alors que je secoue la tête à sa répartie. "Un point pour toi. Remarque, je pourrais peindre avec mes doigts sur les murs, voir si ça rend pareil. Si les visites virtuelles comptent, j’ai fait des tonnes de musées donc. Et aller à New-York c’est…" Je secoue la tête et je grimace. "… compliqué ouais. Même si ce serait cool." Un jour. Peut-être. Quand … je sais même pas quand en fait, ou ce que j’attends. Peut-être que je me dis que si je pars d’ici, même une journée, j’aurais juste plus jamais envie de revenir. Et je ferais quoi alors ? Je veux pas être comme ces putains de lâcheurs qui reviennent juste pour avoir bonne conscience.

"Tu sais, t’aurais beau le dire, je suis pas sûr que j’aurais envie de t’écouter. Surtout si tu prends une voix geignarde qui me donne envie de te secouer comme un prunier. Et je m’attends jamais à rien, c’est bien mieux comme ça. Même si ouais, t’as été carrément plus désagréable depuis que t’es réveillée." Et je lui jette un regard en coin, incapable de pas lui rendre son sourire parce là, ouais, sa compagnie est plus que supportable. "Nope. Par principe, tu l’aurais pas de toute façon. Ma fierté d’hommes des cavernes en a pris un coup. Donc Truc, c’est parfait. Et de toute façon je comptais bien garder le Princesse."

Je galère un peu à refaire du café alors que ouais, c’est moi qui pourrait me mettre à me plaindre d’une voix geignarde si je fais pas attention. Je grimace alors que je me retiens de me frotter les yeux et je me fige quand elle reprend. "Oh… euh… okay. C’est… inattendu un peu. Mais d’accord. C’est… on est cool." Alors ouais, je me sens un peu mal à l’aise, sans bien savoir pourquoi. Ah si, parce que je me suis pas excusé de l’avoir cognée. Oh et puis merde, je maintiens qu’elle l’avait mérité cette conne. "Une machine à dosettes ? J’ai pété la mienne en fait, y a quelques semaines. Au cas où ça se verrait pas que je sais pas utiliser cette putain de cafetière que j’ai prise en attendant."

Je fais un peu n’importe quoi, j’avoue, mais bon, ça reste du café et buvable. En attendant que j’ai du fric pour me racheter un truc plus cool. "Et non, je me suis jamais posé ce genre de questions existentielles, c’est une perte de temps. Et donc, grâce à moi, t’es la reine du café dégueu. Heureuse ?"

Bon, là, ça devrait devenir gênant. Parce que la toucher, la sentir près de moi, ça m’a fait un peu plus d’effet que je l’aurais cru. Mais bon, on s’en fout. J’ai donc un sourire en coin avant de hausser une épaule et de souffler, comme si de rien était. "Faut dire que cette partie-là réfléchit encore moins que les autres. Et niveau instinct de survie, à partir du moment où y a un joli petit cul, c’est même plus la peine.  Alors ouais, c’est le matin ça joue. Tout comme le fait que, comme je l’ai déjà dit, je trouve sacrément baisable. C’est un problème ? Je sais me tenir t’en fais pas et tu finiras pas violée contre mon plan de travail parce que t’as pris la peine de m’aider à faire le café va."

Bah quoi ? Je vais pas lui mentir et la prendre pour une conne. C’est plus que visible là et puis, clairement, ce qu’elle peut penser, je m’en cogne. Surtout que, vu le numéro, c’est un coup à se prendre un sacré retour de flamme. Pourtant, cette part de moi, celle qui pense donc avec sa bite, serait carrément open pour la culbuter là, tout de suite. Ouais je sais, quand on voit à quel point elle a pu me casser les couilles dès le réveil, c’est pas hyper cohérent mais quand on voit son cul… et ses seins… et… bref. Voilà quoi.

Je plisse les yeux en le dévisageant.

« T'es sérieux ? Genre tu préfères pas les brunes ou les blondes, des petits seins, des gros seins, etc... Tout le monde a des préférences et des critères. Et mon style ? Tu comptes vraiment essayer de partir sur ce terrain-là ? Avec moi ? Alors que tu me connais pas et qu'on est entouré de ton mauvais goût ? »

C'est une mauvaise blague ? Oh, une caméra cachée ? Non, ce serait ridicule, et surtout, je les démolirais... Donc, je suis vraiment là, et lui aussi, et... Okay, il faut que je me réveille un peu. Surtout qu'il continue et enchaîne. Ma mâchoire se crispe.

« J'ai pas à défendre de quoi que ce soit, et encore moins devant des abrutis obtus. Je trouve juste ça aberrant ce genre de pensées aujourd'hui. » Je secoue la tête et lève les mains en fermant les yeux. « Laisse tomber. Il est trop tôt, et j'ai clairement pas envie de me prendre la tête comme ça avec toi, ou qui que ce soit, pour des trucs du genre. »

Même si c'est évident que c'est lui qui pose problème. Enfin lui et tous les mecs dans son genre. Et vu sa gueule, je suis sûre qu'il se demande aussi ce que je fous là. Et peut-être aussi pourquoi il ne me fout pas dehors, tout comme je me demande pourquoi je ne me casse pas. Jusqu'à ce que ça dérape un peu. Non, pas dans ce sens-là. Même s'il est canon. Donc on parle arts, musées, tout ça. Et c'est étrangement cool. Ça détend vachement la situation. En même temps, ça ne pouvait pas être pire je pense. Si, ça pourrait, mais... Bref ! Mon sourire s'agrandit à son rire et je hausse les épaules.

« J'éviterai ce genre de trucs. Je ne suis pas certaine que ça marche encore beaucoup, la peinture aux doigts... Compliqué ? Ce n'est pas le bout du monde, ce n'est pas comme si je te parlais du Louvre ou du musée du Prado... Quoiqu'ils valent le coup aussi. Les vraies visites n'ont quand même rien à voir. Faut essayer. »

Ouais, en le disant là, je me rends compte que ce n'est pas donné à tout le monde et qu'il ne peut pas forcément se payer le voyage. Je veux bien être gentille, mais faut pas pousser, je ne vais pas en plus faire attention à ce que je dis pour pas heurter son amour-propre. Il a pas de tunes, il a pas de tunes, et je m'en cogne.

« J'ai pas une voix geignarde déjà. Et tu m'écoutes un minimum de deux, vu que j'ai le droit à des petits pois surgelés... Le café et le chocolat, ça fait des merveilles sur tout le monde faut croire, même sur moi. » Et son sourire doit jouer aussi, même si ça, je ne le dirais jamais, faut pas déconner. Même si mon propre sourire doit donner un indice... « Trop vexé pour donner son prénom ? Tu m'en diras tant... Et depuis quand les hommes des cavernes ont une fierté ?... Et Truc c'est pas pire qu'un Princesse venant de toi. »

Bon, et j'avoue, ce n'est pas souvent donc c'est à noter d'une pierre blanche, mais il me fait un peu pitié... Et je me sens un peu coupable. Donc non seulement je vais l'aider, mais je m'excuse. Une dolmen même qu'il faudrait plutôt qu'une pierre. Hum... Et si je lui jette un coup d'oeil, j'évite de trop le fixer. C'est moi ou il est encore plus gêné que moi ? Et ma mâchoire se crispe un tantinet. Oui, il aurait pu s'excuser aussi. Hommes des cavernes et orgueil à la con oui. Laisse couler, ce n'est pas grave. Et puis, j'arrive à l'embarrasser, c'est toujours ça de pris.

« Tu pourrais ne pas savoir l'utiliser tout court, même si ça faisait... des semaines donc. Rachète une machine à dosette. C'est meilleur et c'est plus classe. »

Je secoue la tête, faisant claquer ma langue.

« C'est pas une perte de temps. Du BON café. C'est important. Et ouais, trop heureuse. » Je le regarde et lui souris, en haussant un sourcil. « C'est une question que tu poses souvent aux filles en espérant que ce soit une réponse positive ? »

Et alors que je le détaille, ne pouvant effectivement manquer que j'ai l'air de lui faire de l'effet, je le fixe un instant. Mais en vrai, il en a rien à foutre cet abruti. Les mecs sont gênés et font genre ahem ou un truc dans le style. Alors ouais, je le fixe, la tête un peu penchée sur le côté. Et non, je vais pas me retrouver gêner de mon côté, hors de question... Même si je me dis qu'il faudrait pas grand-chose pour que ça dérape. Dans ce sens là oui maintenant. Reste à savoir si je le veux ou pas...

« Non, ce n'est pas un problème. Et j'ai retenu que tu savais te tenir t'en fais pas, tu me l'as déjà dit, tu m'as pas sauté dessus cette nuit, et cetera, et cetera. Comme quoi, même si cette partie ne réfléchit pas et semble aimer mon joli petit cul, le reste parvient à garder le contrôle, c'est bon signe. » Je jette un coup d'oeil au plan de travail en question. « Et on risquerait de renverser la cafetière, de se brûler et de foutre du café partout... Ce serait dommage. » Je hausse une épaule, la hanche toujours posée contre ledit plan de travail. « Et puis, ces abrutis m'ont piqué mes préservatifs. Vu qu'ils savaient visiblement pas s'en servir, je suppose que c'était pour faire des ballons remplis d'eau. Donc tant pis... »

Je me décolle du plan, passant à côté de lui. Ma main monte pour frôler son ventre, alors que je fais la moue, avant de rejoindre le canapé. Okayyyy, je sais. Mais je suis en manque. Grave en manque. D'une dose, pas forcément de ça, mais ça pourrait compenser. Ça libère de la dopamine, vous savez, ce qui vous donne envie de recommencer, et l'endorphine, l'hormone du bonheur, donc ça pourrait m'aller pour le moment. Et il est grave sexy. Je sais, je me répète. Mais le fait est qu'il n'est pas totalement impossible que je puisse avoir envie de lui tout simplement.

Je la fixe un instant, haussant une épaule, me demandant si je m’amuse juste à la provoquer ou si je lui réponds vraiment. Non parce que je pourrais lui dire qu’un trou est un trou, peu importe ce qu’il y a autour. Mais elle serait foutue de repartir de plus belle et d’aggraver mon mal de crâne. Alors je me contente de souffler, avec un sourire en coin. "Non, je suis plutôt éclectique comme garçon. J’aime les jolies filles. Et tu peux encore faire mieux en jugement au premier coup d’œil, vas-y, fais-toi plaisir." Je lève les yeux au ciel quand elle renchérit sur ce que je viens de dire. Non mais vraiment, faudrait qu’elle apprenne à fermer sa gueule, surtout devant un mec qu’elle connait pas. Remarque, vu les emmerdes dans lesquelles elle a l’air de se mettre, elle a pas l’air d’être du genre à comprendre la leçon, je vais pas me fatiguer pour elle. "Ouais, ouais, si tu le dis. C’est évidemment ce que je pense, je dis pas ça du tout parce que ça se voit à des kilomètres que tu vas monter sur tes grands chevaux." Bon, okay, vu mon père je le pense peut-être un peu. Mais on s’en branle, elle a pas à le savoir. Mais pour le coup, je suis d’accord avec elle, il est beaucoup trop tôt pour se prendre la tête avec qui que ce soit.

Pour autant, je comprends même pas comment les choses finissent par s’arranger un peu. J’ai un peu moins envie de lui faire fermer sa gueule et je pense même plus à la foutre directement dehors. Comme quoi, tout arrive. Elle arrive même à me faire sourire et pas uniquement parce que c’est ça ou lui en coller une. Mais parce que ce qu’elle dit est intéressant. Truc de dingues quoi. "Rokkaku Ayako. Elle peint avec les doigts. Et c’est assez bluffant ce qu’elle fait. Et c’est pas le bout de ton monde Princesse, mais du mien."

J’ai pas particulièrement envie d’épiloguer sur le sujet et de me prendre son arrogance, son fric ou je sais pas quoi en retour de bâton. Je le vis pas mal et je m’en sors plutôt bien je trouve. Donc je l’emmerde. Voilà. "Je suis persuadé que tu dois avoir la pire voix geignarde du monde quand tu t’y mets Princesse. Mais oui, j’écoute. Ca t’étonne tant que ça ?" Mon sourire se fait plus large quand elle reprend, sans même que j’ai besoin de me forcer pour le coup. "Attends, c’est la base pour un homme des cavernes. Vexé pour tout et rien, il tape avec son gourdin dès qu’un truc lui plait pas. Ou lui plait. Je sais plus. Mais tu marques un point pour le reste."

Faire le café donc. Epreuve vraiment galère quand on voit dans quel état sont mes yeux. Enfin je vois pas mais… bref, on a compris l’idée. Je suis pourtant habitué à la douleur. Physique s’entend. J’ai pris des coups, j’ai eu des bosses, des bleus, des coupures et j’en passe. Mais au final, on s’y fait jamais vraiment. Parce que ça rappelle juste qu’on est assez faibles pour pas avoir réussi à esquiver et que, pire encore, ça peut recommencer n’importe quand. J’imagine que la blonde-là, elle a pas ce genre d’interrogation. Je dois probablement être un des premiers, pour pas dire le seul, mec qui lui en a collé une. Ah non, deux. Et ça l’empêchera pas de dormir ce soir. Elle se roulera pas en boule sous les couvertures en espérant que ça n’arrive plus jamais. Alors ouais, qu’elle s’excuse me surprend carrément plus que je veux bien l’admettre. C’est probablement pour ça que je pars un peu plus en mode déconne, comme si on avait pas eu envie de s’étriper mutuellement il y a quelques minutes à peine. "Je pourrais ne pas savoir ouais, j’avoue. Et c’est prévu mais je sais pas laquelle acheter."

On parle vraiment de cafetière là ? Mais genre pour de vrai ? Ca devient vraiment n’importe quoi. "Important ouais. Enfin j’ai envie de te dire que pour émerger, bon ou mauvais, on s’en fout. Tant qu’il y a de la caféine dedans." Je peux quand même pas m’empêcher de lui sourire en retour avant de secouer la tête. "Nope. Si ça lui a pas plu, elle a qu’à le dire et on arrange les choses. Et poser la question, c’est débile."

Et là donc, je devrais être mal à l’aise. Enfin je suppose. Parait que bander comme ça devant une fille, c’est pas terrible surtout en plein milieu d’une discussion à peu près normale. Elle me plait et j’ai pas la moindre envie de m’en cacher, ne serait-ce que pour la mettre mal à l’aise. Bon, visiblement, c’est pas le cas. Je finis même par me marrer à sa répartie, la fixant avec un sourire amusé alors qu’elle continue de parler. "Le reste a pas trop besoin de lutter pour garder le contrôle donc ça va. Mais oui, j’aimerais autant éviter de pourrir ma cafetière, même si je sais pas m’en servir." J’arque un sourcil quand elle parle de préservatifs. Genre, ce serait vraiment un critère pour me freiner ça ? Remarque ouais, j’ai pas envie de choper une saloperie ou, pire encore, qu’elle chope un gosse. "Tant pis ouais." Je me fige quand même quand elle passe à côté de moi et qu’elle effleure mon ventre. Okay, là, elle me chauffe. Mon bas-ventre se contracte et j’inspire, un peu frustré, alors qu’elle s’éloigne pour s’installer sur le canapé.

Et je reste à ma place quelques secondes, un rien indécis. Enfin non, je le suis pas. Je m’écouterais, je lui aurais déjà viré ses fringues et je lui montrerais ce qu’elle peut faire d’utile avec sa bouche. Mais non, je sais me tenir j’ai dit. Ou pas. Okay. J’inspire avant de me rapprocher d’elle, un sourire narquois flottant sur les lèvres. Et je laisse filer un instant de silence avant de me pencher, une main agrippant sa nuque et l’autre remontant le long de sa cuisse pour se glisser sous son t-shirt l’espace d’un instant, alors que je l’embrasse sans la moindre délicatesse. Je me redresse, croisant les bras et reculant de quelques pas pour me laisser tomber dans le pouf, non sans la quitter des yeux. "Alors là, on a deux options. Soit tu récupères une des capotes que j’ai dans le meuble juste à côté de toi et on fait ce dont on a envie tous les deux, là maintenant, sans se prendre la tête, soit tu te tires parce que clairement, j’ai pas envie de te regarder t’amuser à me chauffer pour devoir aller me finir dans la salle de bains pendant que tu seras en train de te foutre de moi." Et je la déshabille des yeux, guettant sa réaction. Autant dire que si elle prend la première option, je vais pas me faire prier. Aussi prise de tête soit-elle.