◈ juillet 2003 (PAPA) - 8 ans.
Tu rentres plus tôt de l'école et découvres ton papa au lit avec une autre que ta maman. La femme est chassée gentiment et tu passes l'après midi en tête à tête avec ton papa. À déguster de la glace. À dévorer des bonbons. « L'amour, c'est parfois compliqué. La tête, le coeur et le corps n'ont pas toujours les mêmes besoin. Mais J'aime maman. Elle est dans mon coeur, elle est dans ma tête. » « Et ton corps alors ? » « Mon corps à parfois faim d'autre chose. Parce que celui de maman est un peu délicat, parce que je ne veux pas lui faire mal. Tu comprends, ástin mín ? » Tu n'avais probablement pas compris et pourtant, tu as hoché la tête. Fin de l'histoire.

◈ décembre 2009 (CHACE) - 14 ans.
Tu as décidé que c'est à lui que tu allais offrir ta virginité. Parce que tu penses l'aimer. Parce qu'il est trop beau, Chace, avec ses deux ans de plus que toi. Avec son sourire en coin. Avec sa voix rauque. Et tu t'es planté, Medbh. Parce qu'il n'en à rien à faire, parce qu'il a un sourire arrogant au coin des lèvres le lendemain. Mauvaise pioche, tout le monde ricane en te regardant. « Bah dit donc, Meb, t'es pas si coincée que ça ! Chace raconte que tu miaulais comme une chatte, hier. » C'est faux. Évidemment que c'est faux. « Tu as du apprendre tout ça à l'église. C'est toujours les plus prudes qui sont les plus vicieuses. Tu veux pas qu'on se retrouve dans les toilettes après mon cours de maths ? » Il suffit de les ignorer, de ravaler. D'oublier la douceur de ton ventre, celle d'avant. Fin de l'histoire.

◈ mars 2012 (TYFY) - 17 ans.
Tu n'es pas ce qu'il croit et il commence à le réaliser. Il croyait te balancer dans ses draps, ce serait peut-être contenté de ses bras, mais tu as refusé. Trop bonne, trop conne qu'ils ont du lui raconter - ils avaient tort. Tu joues avec lui. Adorable petite chose devant tout le monde, souriante, rougissante. Il comptait ne faire qu'une bouchée de toi. Malheureusement, tu es un sacré morceau à avaler. À digérer. Et tu ne comptais pas même lui donner l'heure, avant de l'apercevoir avec un autre. C'est sa violence qui t'a appelé. La haine dans son regard. Sa prise, impitoyable, sur sa victime, qui t'a décidé. Alors tu joues, attendant d'être seule - isolée - avec lui, pour te jouer de ses sens. Pour le séduire. Petite succube en devenir. Et son regard qui se brouille devant toi, incrédule - intéressé - alors que ta jambes glisse contre la sienne. Que ta main guide la sienne. « Peut-être que tu devrais m'inviter à sortir. » Le début de la fin de l'histoire, évidemment.

◈ 2015 octobre (TYFY) - 20 ans.
Tu le sens. Tu le sais. Il commence à se lasser. Il est trop souvent en retard. Il ne répond pas à tes sms, pas avant des heures. Il ne rentre pas même tous les soirs. Tyfy à toujours une excuse - presque bonne d'ailleurs. Seulement, tu sais. As toujours sut. Il en voit d'autre - le drame, sauf que non. Tu n'as rien à faire qu'il aille baiser ailleurs - tu l'as fais aussi, 2-3 fois, pour le plaisir. Pour mesurer le plaisir des autres - l'infidélité, c'est du réchauffé. Le souci, c'est qu'il ne rentre pas. Qu'il ne veuille plus même sortir. Plus tabasser quiconque avec toi, pour toi. Le sang ne le fait plus frémir. Toi non plus - plus autant. Et pourtant, tu tentes de lui pardonner, faute de croire à ses bobards. Tu l'aimes. Jusqu'à ce qu'il détourne le regard de ta silhouette, là dans une foule compacte, ton corps contre le sien. Pour en suivre une autre. Tu vois rouge. L'humiliation se mêle à la douleur et tu le dévisages - insultée. Blessée. Écorchée. Tu tournes un sourire dans sa direction, tout en enfonçant tes ongles dans son bras. Le marque. Le fait saigner. « Jolie... j'y enfoncerais bien les dents aussi. » Et quand il te rend ton sourire, tu sais que c'est le début de la fin. Parce qu'il est d'accord. Parce qu'il n'y a pas assez de violence dans son regard. Dans son sourire. Il doit payer.

◈ 2016 février (TYFY) - 21 ans.
Tu as longuement préparé ta vengeance. Tu as semé des indices, ici et là. T'absentant certain soir, cherchant des excuses - terriblement mauvaises - pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Qu'il comprenne. Que tu en vois un autre. Mais non, il n'a pas fait attention. Il ne regardait plus dans ta direction. Il a cessé de te vénérer. Il n'est pas ton père et tu n'es pas ta mère. C'est dommage. C'est triste. Mais pas impossible à arranger. Pas à la saint-valentin, pas quand vous avez prévu une sortie. Même pas quand il te sms qu'il est fatigué tout compte fait - des mensonges, il n'en a juste plus envie, pas avec toi - qu'il préfère rester à la maison avec toi. Parfait. C'est ce que vous allez faire, parce que dès qu'il passe le seuil, il est alerté par tes gémissements. Jefferson est arrivé il y a une trentaine de minute et il est actuellement profondément enfoncé en toi. Ses mains vissées sur tes hanches, haletant contre ta nuque, combien tu es belle. Bonne. Délicieuse. Serrée. Divine ? Oh oui, il ose aller jusque là et tu ronronnes, redressant tes grands yeux vers la porte. Là où Tyfy endosse son rôle de témoin. De victime. Parce que toi, sa petite amie, tu es en train de le tromper avec l'un des cardiologues qu'il aime tant à l'hôpital. Parce que tu roules des hanches, te mordant la lèvre, là sous ses yeux. « Plus fort, Jeff... » que Tyfy voit tout. Que son coeur se brise. Qu'il réalise. Tu n'es pas un objet à remiser. S'il ne te vénère pas, un autre le fera. Mais « Jeff » n'a pas même le temps de finir son affaire, que le sang coule. Qu'il est jeté hors de la chambre. Que Tyfy te rejoint, bouillant. De rage. De désir. Jusqu'à ce que tu ne puisses plus bouger, pleinement satisfaite. Avant de disparaitre, dès le lendemain. La leçon peut commencer.

◈ 2017 (NEW YORK) - 22 ans
Tu vas enfin pouvoir faire tes preuves. Et lui échapper, à Tyfy, ton démon personnel. La tentation incarné. C'en est fini de ses supplications, de ses grands yeux malheureux et de ses promesses de faire mieux. Il n'a pas assez payé. Pas encore. Et tu ne peux pas refusé le stage qu'on t'offre aussi gracieusement. Trois mois, à New York. Hors d'atteinte de Tyfy. Tu n'auras plus à surchargé tes soirées, à dormir chez des amis ou chez tes parents, pour lui échapper. Plus à rentrer trop tard à l'appartement, que tu connais à peine - trop occupé à jouer la pauvre fille trainant des casseroles derrière elle, l'ombre de son ex comme une malédiction. Et c'était ce que tu comptais faire, disparaitre entièrement durant trois mois. Revenir ensuite et le récupérer. Mais il fallait qu'il tente de s'arracher la vie. Que tu reviennes en catastrophe. Chamboulée. Furieuse aussi. À lui tenir la main toute la nuit. Il ne va pas mourir, on te l'a affirmé, sa mère t'as même pleuré dans les bras. Mais il est amoché. Il ne va pas bien. Alors tu promets à sa mère que tout ira bien et après avoir embrassé la joue de Tyfy - toujours inconscient - tu rentres avec elle. Tu dors dans son ancien lit. Dans son odeur. Avant de retourner à New York dès qu'il est réveillé. Et sa mère qui te serres doucement dans ses bras, devant l'aéroport. « Je lui dirais que tu es venue, mais que tu ne pouvais pas rester. Il comprendra, ma petite chérie. » Et tu souris, cajolant la femme gentiment. « Merci, mam » que tu susurres avec douceur, son surnom irlandais. Parce qu'elle est ta seconde mère. Parce que Tyfy est foutu, que tu es là pour rester. « J'aurais préféré resté... mais dite lui que je l'aime, d'accord ? » Un dernier baiser sur sa joue et tu la laisse rejoindre son fils. Ton tien. La leçon peut continué.

◈ now (2B) - 22 ans
Tu aurais pu resté, encore un peu. Longtemps, même. Mais tu ne peux pas. Ne veux pas. New York est fabuleuse avec ses lumières, mais c'est l'obscurité qui te rappelle chez toi. L'ombre dévorante qu'est Tyfy - enfin remis. Probablement trop bien, même. Selon Mam, qui s'inquiète que son fils ne prenne l'expression « loin des yeux, loin du coeur », trop au sérieux. C'est mal te connaitre. Alors tu boucles tes affaires au bout de trois mois, souriant adorablement. Remerciant tous et chacun. Pour rentrer. Pour revenir. Et le découvrir, lui, ton monstre chéri, dans les bras d'une de tes colocataires. Le regard suivant parfois les autres. Presque guéris de toi. De ce vous toxique. Mais pas totalement. Jamais. Impossible.