Ça tape, ça tape tellement fort ! Que s'est-il passé ? Otto n'en a pas la moindre idée. À dire vrai Otto n'a pas la moindre idée de où il est et quelle heure il est car actuellement... actuellement tout est noir, ayant encore les yeux fermés, tandis qu'il se bat pour que cette terrible sensation qu'il connaît trop bien se dissipe un peu : La gueule de bois. Bien sûr il sait que cela ne risque pas de disparaître en quelques minutes mais qu'au moins il puisse se relever, qu'il n'ait pas l'impression que le sol bouge autours de lui. Seulement voilà... le sol bouge en effet ! Et quand enfin il ouvre les yeux, les rétines brûlés par un soleil trop éclatant, il tâtonne sur les côtés pour trouver appuie, frappant d'abord dans un corps mou par inadvertance, le rassurant ou pas sur le fait de ne pas être seul, avant de sentir un rebord et de parvenir à se mettre en position assise. Otto... il est dans un putain de bateau ! Qu'est-ce qu'il a foutu encore ? Il tente de se concentrer, de reprendre un peu ses esprits et est ravi de voir que le bateau, ou du moins la petite barque, est amarrée sur la rive. Il est moins heureux en se rendant compte que cette rive est au milieu de nul part dans le bayou et que, aussi profondément enfoncé, aucun moyen de savoir de quel côté se trouve Savannah...

Il s'étire alors comme un chat, va pour prendre son téléphone dans sa poche histoire de au moins savoir l'heure, avant de se rendre compte que... non seulement il n'a pas son portable... mais il n'a pas de pantalon tout court ! Se trouvant littéralement en slip et rangers dans ce putain de marécage avec le reste de ses vêtements absent à l'appel. D'un coup c'est la panique, il passe sa main à sa taille et se rend compte avec soulagement que, si il n'a plus ni haut ni bas, il a au moins gardé sa ceinture, affublée de toutes ses têtes de poupées et caressant affectueusement son meilleur ami Lulu, le gode bleu. Cette soirée en tout cas... cette soirée a vraiment dû être explosive ! Et quand il porte son regard au loin il voit en effet les reste d'un énorme événements, c'est à dire des déchets, des déchets et des déchets. Cela faisait longtemps que Otto ne s'était pas joint à ce genre de fête... il est juste triste actuellement de ne pas s'en rappeler et panique de nouveau un peu en espérant qu'il n'a couché avec personne car il s'en voudrait à vie si il avait trompé Lenny. Cependant il n'a pas la sensation d'avoir dérapé, il n'a pas l'impression que qui que ce soit ne lui soit passé dessus ni que son engin soit entré en qui que ce soit. Il espère avoir raison là dessus.

Mais pour le moment il doit rentrer ! Car le bayou c'est bien mignon cinq minutes mais à un moment... Disons qu'il n'a pas envie de s'éterniser dans cet endroit moite et visqueux plus longtemps ! Alors il se tourne vers son camarade de gueule de bois, sourit en reconnaissant parfaitement la tête blonde de ce dernier et le secoue légèrement « Hey, Glenn. Glenn ! Réveille toi. Glenn ? » Il ne réagit pas sur le coup. Otto pourrait le laisser dormir un peu mais Otto n'est pas patient et il veut rentrer vite. Alors il lève la main, prend son élan et lui fout la plus grosse fessée que son état lui permet. « GLENN ! » Il le regarde alors, tout sourire, faisant l'innocent, avant de lui demander « T'as moyen de me ramener à la maison ? Je crois que j'ai trop bu... je sais pas c'est où la maison. » Après tout Glenn est un vrai adulte, il pourra forcément le ramener à la maison. Oui, Otto en est certain, Glenn ne les laisserait pas crever dans le bayou ! En tout cas il ne le laisserait pas crever lui, non ?

Ca sentait bizarre … Genre vraiment bizarre … Humide avec comme une odeur de nature en putréfaction, pétrichor mais bien trop fort pour être aussi agréable que d’habitude. Bref, ça sentait mauvais et Glenn n’avait pas du tout envie d’ouvrir les yeux  et de savoir pourquoi sa chambre avait soudain une odeur d’égout. Ni pourquoi il avait aussi mal à la tête, la langue gonflée et putain quelqu’un pouvait-il faire taire cet enfoiré de piaf qui lui vrillait encore plus le cerveau ? Ou plutôt ces enfoirés de piafs, au pluriel. Et voila que son lit se mettait à tanguer. Ce qui n’était vraiment pas une bonne chose dans son état. Damn … Il tenta de se rendormir. Il pouvait s’occuper de tout ça plus tard.

Sauf que … sauf qu’une voix qui lui semblait venir de très loin l’appelait.   « Ta gueule putain ! », lui échappa, en français dans le texte, la langue qui lui demandait le moins d’effort et qui lui venait le plus naturellement. Son autorité ne semblait pas être au mieux vu qu’on continuait de le secouer. Se fut la fessée soudaine qui lui fit ouvrir ses yeux gris pâle qui se fixèrent au dessus de lui, sur l’arbre au dessus de lui. Uh, l’arbre. Okay, il y avait un problème là. Il tourna la tête vers Otto qui lui parlait mais il n’avait encore rien saisit de ce qu’il pouvait bien palabrer.

-Ugh, Otto ? Mais qu’est ce que … Qu’est-ce qu’on fait ici ? Et où sont tes vêtements ?

Encore une fois en français alors qu’il se relevait pour découvrir qu’ils étaient tous les deux sur une barque, Otto simplement vêtu de sa ceinture et de ses boots. Et lui-même, vêtu d’une minijupe plissé en cuir et d’un sweat Pikachu avec des oreilles sur la capuche. Okay. Il essaya de se souvenir de quelque chose.

Il avait fini de bosser vers 18h et était rentré chez lui avant de décider de sortir ; Il avait envoyé un sms à Otto et ils s’étaient rejoint en boîte. Ce dernier avait été habillé et lui-même portait un magnifique jean 7 All Mankind et une chemise col Mao et manches courtes Alexander McQueen. Glenn se souvenait avoir pensé qu’ils étaient plus que délicieux tous les deux, prêts à conquérir le dancefloor comme les deux reines de la nuit qu’ils étaient. Il se souvenait aussi d’une ligne de shots d’un mètre, de beaucoup de monde autour de lui et peut-être de petites pastilles blanches. Et après ça, le trou noir.

Bon il avait peut-être un début d’explication à la gueule de bois terrible qu’il se tapait (et il en fallait beaucoup pour qu’il en ai une, son sang irlandais et français faisant montrent d’une résistance toute particulière à l’alcool) mais pas pour le reste. Comme où était ses vêtements originaux (et si chers !) ? Où avait-il trouvé cet accoutrement ? Et où étaient ceux de Otto d’ailleurs ? Et surtout, surtout, qu’est ce qu’ils faisaient là, dans une barque, au milieu d’un marécage (bayou lui souffla la part de son cerveau qui se souvenait du guide qu’il avait lu dans l’avion qui le menait à Savannah) à l’aspect maléfique même en plein jour.

-Désolé de te dire ça mais je sais pas non plus où on est. Ou même comment rentrer. Je crois que je n’ai pas fais que trop boire en plus …

Essayant de ne pas céder, pour l’instant, à la panique, le blond s’assit en tailleur dans la barque, se tenant sa tête douloureuse dans les mains.

-Okay, okay. Est-ce que tu te souviens de quelque chose ? Parce que moi  après les shots, je  me souviens de rien. Faudrait qu’on trouve des indices genre comme dans The Hangover tu sais ?
Apercevant le téléphone de son ami, il se tâta afin de trouver le sien, dans la poche du sweat , la seule poche qu’il avait d’ailleurs. Galvanisé par un espoir soudain, Glenn saisit son appareil et remarqua immédiatement le misérable trait de sa batterie et l’inexistence de réseau dans le coin. Il sortit de la barque en manquant plusieurs fois de tomber à l’eau, préférant retrouver la terre ferme et s’apercevant enfin de la dévastation autour de lui.

-Mais qu’est ce qui s’est passé putain ? Qui fait une fête dans un coin pareil ?

La liste des questions ne faisait que s’allonger.

Elle tourne sa tête, elle tourne encore. Otto peine a voir toute l'ampleur de sa situation actuelle. Tout ce qu'il voit... c'est qu'il a l'air d'avoir passé une belle soirée ! Une dont il ne souviendra pas avant quelque jours au moins mais une bonne soirée pour sûr, le genre soirée d'enfer avec musique à fond et tellement d'alcool qu'il se réveille en effet sans le moindre souvenir ni le moindre vêtement. Mais ça ne l'inquiète pas, ça ne l'inquiète pas plus que ça Otto car cela lui est déjà arrivé tellement souvent. Et puis il n'y a rien à craindre qu'il se dit, il n'y a rien à craindre car Glenn est là et Glenn, en « adulte responsable » saura s'occuper de lui et le ramener à la maison. Mais pour ça il a dû le réveiller son adulte de compagnie, il a dû le réveiller sans y mettre trop de douceur car bordel... il est loin lui aussi ! Mais il espère que son sourire pourra l'apaiser, qu'il pourra l'attendrir assez pour qu'il le ramène tranquillement et rapidement car putain... c'est qu'il est pas à l'aise en slip dans le bayou le Otto ! Cela dit ça ne veut pas dire qu'il n'a pas le droit de s'amuser un peu aux dépends du plus vieux. Car même si il n'a pas pigé grand chose à ce qu'il a dit, il voit bien à son visage qu'il est totalement paumé ! Et puis... il sait au moins dire : Enlève tes vêtements en français donc il devine bien qu'il lui parle de son accoutrement « Bah ? Tu te souviens pas ? On a fait la fête tout ça, c'était cool d'ailleurs puis t'as dit que t'en pouvais plus, que t'avais besoin de te prendre mon manche, que t'en pouvais plus de te retenir alors tu m'as amené dans cette barque où on a baisé quasiment toute la nuit. Me dit pas que t'étais trop bourré pour t'en rappeler quand même ? Putain Glenn ! » Et c'est qu'il est bon acteur Otto, assez pour prendre un air vraiment contrarié, vraiment vexé que le plus grand ne se souvienne pas de leur nuit torride au point d'en blesser son ego.

Mais au bout d'une minute... Otto fini par pouffer de rire avant de rire aux éclats, faisant tanguer la barque et se prenant la tête pour la douleur qu'il se provoque lui même alors que clairement... il est toujours dans le cirage « Je déconne va ! Tu crois vraiment que je ferais ça à mon mec ? Déjà assez exceptionnel d'en avoir un, c'est pas pour coucher n'importe où avec n'importe qui... enfin presque n'importe qui. » Et il a ce petit sourire en coin, lui faisant un clin d'oeil avant de lui lancer un baiser. Cela dit ce qu'il trouve beaucoup moins drôle... c'est que Glenn ne soit pas plus avancé que lui sur où ils sont et que de ce fait... il n'est pas près de rentrer ! « Putain Glenn, abuses pas ! Je veux pas me faire bouffer par un alligator ! T'imagine la perte que ce serait pour Savannah ? Et je suis trop jeune pour crever ! » Mais il se force à se calmer Otto, il se force car il sait que c'est pas la faute du pauvre Glenn. Juste... il aurait préféré que cela se passe plus simplement, qu'il pourrait juste dormir comme un gros bébé tandis qu'on le ramenait à la civilisation.

Alors il regarde autours de lui Otto, adoptant une pose digne de Peter Pan dans son boxer rose pétant qui cache à peine sa trique du matin en train de lentement s'estomper. « En vrai je sais pas comment on a fini là... ni ce qui m'est arrivé à mes vêtements et putain, j'espère que j'avais de la merde sur le dos car sinon ça me ferait bien chier de m'être fait tirer mes fringues préférées ! Je sais juste qu'il y a dû y avoir une soirée... une grosse soirée car vu le nombre de gobelets de bières qui traînent là bas... je veux bien qu'on soit des trous... dans tous les sens, héhé... mais je pense pas que l'on ai tant bu que ça quand même. Et pour être tout à fait franc je me souviens même pas des shots dont tu as parlé. Et oh ! Tu pense qu'il y a un petit asiat caché dans le coffre !? Sauf qu'on a pas de coffre... » Finalement Otto s'assoit, bercé par le courant qui étrangement fait du bien à sa gueule de bois plutôt que de lui donner la nausée. Il faut qu'il reste concentré... « T'as un look d'enfer... t'as quelque chose là dessous ? » et il glisse sa main sous la jupe de Glenn sans ménagement pour vérifier par lui même. « Tu voudras bien me filer tes fringues après ? Tu veux bien me les filer maintenant ? Je kiffe trop ! Surtout le sweat ! » Il n'a toujours pas retiré sa main, il a un peu zappé, tout comme il a zappé qu'il devait se concentrer. Mais ça au moins ça lui revient et il retourne donc sur le sujet « T'as jamais fait de fêtes dans des coins zarbis ? Genre dans des égouts ou de vieux entrepôts ? C'est génial ! Et c'est là que tu trouves les gens les plus fun pour faire la fête. Si tu veux mon avis... c'est peut être bien ma faute si on a fini là, hahaha ! Le seul problème c'est que... bah généralement beaucoup de ces soirées sont illégales ! Et donc pour éviter les soucis avec la police ça a tendance à se passer dans des coins vraiment paumés du coup... on est paumé, tadaaaaaaaaa ! » Et il est fier Otto, fier de son constat qui au final... ne les aide absolument pas ! « Enfin ça peut pas être si grand un bayou, non ? Si on rame un peu on finira bien par retrouver soit la ville, soit la mer, tu penses pas ? Juste... elles sont où les rames ? »