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 how high (jael)

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Nash Caldwell

Nash Caldwell
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MessageSujet: how high (jael)   how high (jael) EmptyDim 21 Mai - 17:06

les derniers verres se vident, les derniers billets tombent. dans les reflets délavés et usés des bocks de bières, les derniers piliers de comptoirs s’en vont. seuls quelques survivants demeurent. les échoués que personne n’attend. les vies gâchées qui n’ont plus d’ailleurs où aller. ceux qui comme toi, n’ont plus que ce misérable eldorado pour leur donner encore le sentiment d’exister. ces frères de misère que ce soir, comme tous les autres, il te tarde de renvoyer. seulement pour voir la journée se terminer. énième étape d’une existence morne qui s’achève. sauf que ce soir, à la différence de tous les autres, tu n’es pas pressé de rentrer. parce que ce soir, contrairement à tous les autres, tu sais que personne ne t’attend. pariât délaissé à l’instar de tes camardes d’infortune qui font trainer leur agonie en longueur. des mains se lèvent pour commander le retour opportun d’une dernière pinte alors que toi, tu souffles d’ennui. non. c’est fini pour aujourd’hui, on remballe. des protestations se manifestent dans l’écho sévère de ta voix, puis s’éteignent contre la noirceur de tes obsidiennes. ils capitulent. depuis le temps, ils ont appris à ne plus se plaindre au moment de voir la journée se terminer. peut-être qu’ils ont compris, aussi, qu’aujourd’hui la patiente te manquait et surtout l’envie. dans le sillon de leur départ, tu  prends le temps de ramasser les ruines de leur alcoolisme sans oublier de consoler le tien une dernière fois. de longues minutes étalées pour retarder à maxima le moment de rentrer. dernier verre englouti, dernière table rangée, dernières lumières éteintes et tu refermes la porte sur cette journée de plus achevée. le chemin du retour, n’est qu’une longue interlude de plus malgré les quelques minutes qui te séparent de l’arrivée. tu traines, les mains dans les poches à regarder le bitume défiler. tu traines, dans les volutes corrosives d’une blonde qui se consume presque toute seule contre ton souffle épuisé et lassé. tu traines dans la nuit tombante, à laisser ton esprit ankylosé refaire l’histoire d’une vie déjà révolue. retardataire qui joue les lâches sur le pallier de son appartement trop silencieux derrière la porte, trop vide une fois ouvert. rien ni personne. seul le silence angoissant laissé dernière un trio qui manque à l’appel. pas de frères, encore moins de soeur. seulement l’ombre fatiguée de ton reflet qui rase les murs en refermant la porte derrière elle. dans un énième soupire, tu abandonnes ta veste sur le canapé avant de te délester de tous tes fringues lourds d’effluves tabagiques et marbrés d’alcool pour filer sous la douche. t’aimerais que tout disparaisse sous le morsure glaciale de l’eau contre ta peau. jusqu’au fond du siphon. t’aimerais que tout s’achève sur l’instant. t’aimerais pouvoir ouvrir les yeux et que tout soit différent. comme avant. t’aimerais pouvoir émerger et retrouver ceux qui ce soir commencent à te manquer. ou alors à défaut, pouvoir te noyer dans un fond de baignoire pour ne plus avoir à faire face à cette solitude pesante qui ne lâchera jamais. mais, rien. ni tu te noies, ni l’appartement reprend vie dans les écho rieurs de ta fratrie. l’absence persiste et le vide se creuse. les secondes se déploient, les minutes s’étalent mais, rien ne change. il n’y a que le ruissellement irrégulier de l’eau pour troubler le silence, bientôt accompagné par le tintement strident d’une sonnette que tu ne pensais plus entendre pour ce soir. machinalement, tu sors de ta transe de fin de journée pour couper l’eau et confirmer la provenance de ce bruit dérangeant. dans un espoir fou, tu pries pour qu’un idiot de caldwell puisse avoir oublier ses clés en partant. même si au fond de toi tu sais qu’ils ne sonnent jamais. tu as besoin d’en être certain. alors, rapidement tu renonces à poursuivre ta douche pour t’enrouler à moitié dans une serviette encore humide de la veille avant d’aller ouvrir. le pas pressé, impatient, tu manques presque de t’écrouler dans le sillon trempé de ta route. mais, tu y arrives enfin. d’un geste hâté tu ouvres le verrou et puis la porte pour constater dépiter qu’aucune de tes espérances n’a été entendue. ah c’est toi… toi. un peu froid, un peu boudeur. c’est juste jael qui se détache dans la semi obscurité de l’entrée. visage familier mais, trop peu attendu, trop peu désiré pour que tu sois capables de manifester autre chose qu’une mine blasée. bon va s’y entre et ferme la porte. que tu finis par lâcher en t’enlevant de la porte pour la laisser rentrer. d’un coup de main tu resserres ta serviette autour de toi avant de t’éloigner jusqu’à ta chambre en lui désignant du doigt le canapé. il n’y a que quand jael se trouve dans les parages que tu te découvres un semblant de pudeur. gêne abstraite qui se matérialise dans l’azure de ses yeux fuyants. alors, tu traines pas pour te rendre un minimum plus présentable. à la volée tu ramasses quelques fringues éparpillés dans ta chambre sans prendre le temps de vérifier leur état ni dans quel sens tu les mets, encore moins si tu es assez sec pour ne pas les tremper. c’est machinal et hasardeux. dans ta tête tournent d’autres préoccupations plus obscures, comme, le motif de sa venue. souvent, ses allées et venues n’ont d’autres raisons que la présence de nora. nora, dont l’absence pèse lourde dans le rythme de tes journées. nora, dont l’absence pèse lourde sur la balance de ta culpabilité. nora, qui n’est plus là où tu l’aurais voulu. nora, qui n’est devenu qu’un souvenir tabou auquel tu t’interdis de vraiment penser pour ne plus souffrir d’avoir tout fait pour qu’elle n’ai plus qu’une seule envie. celle de te détester. elle est pas là… soupire amer qui s’échappe dans l’embrasure de la porte où tu passes furtivement la tête le temps de finir de t’habiller. non, elle n’est pas là. elle n’est plus là. fugitive insaisissable qui n’existe plus que dans les murmures de tes frères, de ses amis. nora s’en est allé sans te laisser la moindre chance de la rattraper. et, pour toutes ces fois où elle t’a fait jurer de ne jamais l’abandonner, nora n’en souffre jamais quand c’est elle qui disparait. quand c’est toi qu’il faut oublier. je l’ai pas vu depuis deux jours mais, je suppose que toi non plus, sinon tu serais pas venue. que tu reprends en te décidant finalement à la rejoindre en finissant de boutonner ton jeans sans la moindre conviction pour échapper à son regard. l’admettre, c’est aussi admettre ta faute. c’est admettre ta culpabilité. c’est admettre que malgré la peine qui t’étouffes discrètement derrière ton assurance, elle est partie par ta faute. parce qu’hormis à cause de toi, jamais nora ne s’en va. douce ironie qui veut que tu sois le seul capable de la ramener quand tu es aussi le seul à lui donner toutes les raisons de s’échapper. ou alors, c’est moi que tu voulais voir ? rire jaune et crispé quand tu prends enfin la peine de recroiser son regard. la vérité, c’est que tu n’as même pas la force d’en rire. aujourd’hui, tu as compris que l’idée même que l’on puisse se préoccuper de toi n’avait aucune raison d’exister. mais, à cet instant, tu comprends aussi que jael est ce qui se rapproche le plus cruellement du reflet de ta soeur aux abonnées absentes. jael, est ta misérable dernière chance de combler ta solitude pour ce soir. alors, contre un semblant d’amabilité, tu espères secrètement qu’elle trouvera l’envie de rester.

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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MessageSujet: Re: how high (jael)   how high (jael) EmptySam 27 Mai - 23:47

J’ai envie de voir Nora. J’ai envie de voir Nora terriblement. Parce que depuis trop longtemps que j’oublie de lui envoyer de messages pour prendre des nouvelles, des photos stupides de Dents-Tranchantes. J’ai envie de voir Nora et en même temps je l’ai évité consciencieusement ces derniers temps. Parce qu’il y a eu l’hôpital, la foutue overdose et la trahison de Tobias. Parce qu’il y a eu Seven, une deuxième fois et les bleus sur le corps qui s’effacent progressivement mais pas sur le cœur. Parce qu’il y a eu toutes ces choses dont j’ai honte, les joints qui s’enchainent, et les piqûres qui reprennent. Lentement. Doucement. En cachette avec Peter quand personne ne regarde. Mais y a ce besoin impérieux qui gronde en moi, qui me dit que je dois voyager, sinon jvais finir par me réveiller et que la réalité ne va pas me plaire. Mais aujourd’hui je craque. Aujourd’hui c’est plus fort que moi, c’est l’envie de voir une amie, une vrai, une fille qui ne me juge pas qui ne me voit pas comme je suis réellement. J’ai envie de voir Nora, de voir son sourire trop secret et sa flamme qui brûle. Parce que Nora me donne envie de soulever des montagnes, et j’en ai besoin aujourd’hui.
Alors j’attends la fin de journée. Peut-être que par reflexe j’me poste pas très loin de chez eux et tant pis si je croise quelqu’un qui me connais, je dirais que j’étais fatiguée et que je me suis assise par terre pour me reposer. J’attends là, sagement, ma main tendue et les quelques pièces qui finissent bien vite dans mes poches trop vides. Je me dis qu’il serait temps que je recommence les autres courses, faudrait que j’en parle à Peter, voir ce qu’il en pense. Mais en attendant je reste là, à faire la manche comme toujours, sourire plaqué sur les lèvres et regard presque larmoyant, ptite blonde déchue qui attise la pitié des passants. Je suis pas naïve. Je cultive le look, la robe légèrement déchirée, le blanc du col claudine tâché par le temps. Puis y a les genoux un peu abimés, les chaussures sans lacets et la pancarte comme touche finale. S’il vous plait ainsi que quelques conneries bibliques pour attirer les plus religieux.
Puis quand l’heure tourne et que je suis certaine que le bar est fermé, qu’ils sont tous rentrés dans leur appartement, je me redresse, fait tinter les pièces dans mes poches et m’élance vers chez les Caldwell en sautillant joyeusement. J’ai Ali dans ma poche qui décide de pointer le bout de son nez et je fouille dans mon sac pour lui trouver un morceau de pain à grignoter, qu’il crève pas de faim et qu’il reste tranquille à sa place. J’espère que Nora sera heureuse de le voir. J’espère que Nora sera heureuse de me voir.
Quatre à quatre je monte les escaliers, la mélodie d’une chanson stupide dans la bouche et j’me met à siffler pour éloigner le stress. Parce que je stress. J’ai peur. J’ai toujours peur. Et quand j’appuie sur la sonette je ferme les yeux un instant pour prier que Nora ouvre et pas Nash. Ou Nate. Aujourd’hui j’ai prévu de rendre visite à Nora. Pas à eux. Mais bien sur c’est jamais comme je veux. Jamais. Et quand la porte s’ouvre c’est Nash qui m’accueille. Nash. Nu. Ou presque. Nash et une serviette autour de la taille, Nash et mes yeux qui se referment par reflexe, le rouge qui monte à une vitesse grand V et mon cœur qui bafouille. Putain. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à faire les exhibitionnistes ces derniers temps. A croire que j’ai vu assez de corps humain pour toute une vie. Ou presque. ah c’est toi… En panique, c’est le ton de Nash qui me fait redescendre, qui me fait ouvrir les yeux pour le dévisager. Y a les cernes sous ses yeux, et la tristesse qu’il cache tant bien que mal. La déception aussi. C’est toi. Oui. C’est moi, que moi, seulement moi. « Pardon » que je finis par murmurer tout bas, bien consciente qu’il ne m’attendait pas. bon va s’y entre et ferme la porte. je m’exécute sans faire de bruit, fermant la porte derrière moi, les yeux rivés sur le sol plutôt que sur Nash, histoire de pas trop regarder son corps, de pas trop associer ça au torse de Seven, aux images que j’ai enfermé loin dans mon esprit. Faites qu’il aille s’habiller. Et pour une fois on entend ma prière, Nash me désigne le canapé et je m’y enfonce sans me faire prier, pendant qu’il va dans sa chambre pour enfiler des vêtements. En l’attendant je sors Ali de ma poche et commence à le caresser, histoire de me détendre. Je me demande quand est ce que Nora va arriver, c’est bizarre qu’elle soit pas venue alors qu’elle m’a entendue. elle est pas là… La voix de Nash répond à ma question muette et je sens mon cœur s’arrêter pendant un instant. Comment ça elle est pas là ? Et il réapparait devant moi, terminant de s’habiller. je l’ai pas vu depuis deux jours mais, je suppose que toi non plus, sinon tu serais pas venue Ya quelque chose de différent en lui, quelque chose dans la façon dont il parle de Nora, dans la façon dont ses yeux évitent les choses en général. Y a cette aura qui m’étouffe un peu tout autour de lui. Noir. Trop noir. « Non.. Enfin ça fait un moment » ouais. Un moment. Je me sens toute petite quand y a que Nash et moi dans la même pièce. Je me sens minuscule, ridicule. Encore plus qu’avec Nate. Parce que Nate a cette douceur qui m’apaise. Nash, y a la violence latente qui se cache sournoisement. Je sais, j’ai appris à voir ces choses dans la rue, à reconnaitre les personnes. Mais Nash ne m’a jamais rien fait. Rien du tout. Au contraire. Y a ce lien un peu étrange entre lui et moi, les heures passées allongées sur son lit à se passer un joint pour s’envoler un peu. Il sourit parfois Nash. C’est rare, fugace. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui y a que le Nash brisé, le Nash qui me donnerait presque envie de le prendre dans mes bras. Presque. ou alors, c’est moi que tu voulais voir ? Il rigole, ricane, et c’est amer, un peu acide, ça pique sur la peau. Je fais en sorte que mon rat reprenne sa place et me redresse doucement pour arriver devant lui. « Non c’était Nora que je venais voir. Pourquoi est-ce que je viendrais te voir toi » c’est méchant, je m’en rend compte juste après et soupire doucement. « Enfin pas comme ça, disons que nous deux c’est différent, c’est pas maintenant. » c’est pas notre heure. Non. Tous les deux c’est après minuit, c’est quand tout le monde est endormi et qu’il ne reste plus que nos deux âmes insomniaques. « T’as mal Nash ? » Lentement je lève ma main pour la poser avec hésitation sur sa poitrine, un peu à gauche, au niveau du cœur. Ca bat lentement. Trop lentement sous mes doigts. Alors je m’écarte un peu, avant de reprendre, serrant mes mains ensemble. « Si y a que toi. Est-ce que je peux rester ? J’ai pas envie de rentrer ce soir » c’est à moitié vrai. C’est vrai et faux. C’est l’envie de fuir Peter qui devient trop pressante, c’est le besoin d’évasion que m’apporte le foyer des Caldwell, et puis c’est la détresse silencieuse de Nash. C’est surtout elle. Je fouille dans mon sac que j’ai toujours en bandoulière et en sors un sachet d’herbe que j’agite sous son nez. « J’ai mal aussi. Je propose qu’on fasse une pause pour se soigner toi et moi ok ? » je parle doucement, hésitante, j’ai peur qu’il ne s’énerve et qu’il me foute à la porte. J’ai peur aussi de rester, d’oublier Nora pour me concentrer sur lui, de ne rester qu’avec lui sans personne d’autre. C’est un mélange de tout, de pleins d’idées, de cœur qui décide de faire n’importe quoi, comme d’hab, parce que j’aime trop jouer avec le feu.
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MessageSujet: Re: how high (jael)   how high (jael) EmptyDim 4 Juin - 21:11

et, la porte s’ouvre sur le néant. les espoirs se balayent dans un mirage blond doré qui ne se faisait plus attendre. plus espérer. t’aurais voulu qu’une autre frimousse apparaisse derrière elle. plus familière, plus adorée. tornade brune dont les yeux se seraient plantés droit dans les tiens sans jamais les lâcher. t’aurais voulu qu’un autre regard sonde le tien pour y lire ce qui ne va pas. t’aurais voulu entendre une autre voix s’excuser, là devant toi. une voix plus rassurante, plus apaisante. murmure de reproches qui finissent par manquer à force de ne plus avoir à les écouter. t’aurais voulu que ce soir s’achève le doute et qu’un autre chapitre commence. une autre histoire bancale, construite sur les incertitudes de vos colères, de vos explications, de vos excuses. de vos sentiments refoulés, de vos émotions bafouées. mais, ce que tu souhaites n’arrive jamais. jamais comme tu le voudrais. quand c’est nora que tu attends, c’est toujours quelqu’un d’autre qui vient quand elle s’éloigne encore. c’est seulement jael. c’est seulement elle mais, c’est mieux que rien. c’est mieux que d’attendre éternellement quelqu’un qui ne reviendra pas. pas ce soir en tout cas. c’est mieux que le silence et l’absence. c’est mieux que la solitude. c’est mieux que de n’avoir à faire face qu’à ton reflet brisé, qu’à ton ombre esseulée. c’est mieux que rien. trop pour simplement refermer la porte sans la laisser rentrer. trop pour ne pas profiter du peu qu’elle pourrait t’apporter. une simple rumeur du bout de sa bouche timide qui voudrait laisser croire qu’elle sait où se trouve nora. qu’elle sait comment va nora. un simple indice, aussi fragile soit-il, pour soulager tes craintes, confirmer tes angoisses. Non.. Enfin ça fait un moment. ou pas. parce que c’était simple qu’elle puisse l’avoir vu aujourd’hui ou même hier. parce que c’était impossible qu’elle se retrouve ici, avec toi en sachant pertinemment que nora, n’y serait pas. Non c’était Nora que je venais voir. Pourquoi est-ce que je viendrais te voir toi. ton sourire aussi peu franc soit-il se fane directement. touché en plein coeur. un peu plus écrasé sous le poids de la dure réalité. lourde et venimeuse réalité. jael n’est pas méchante, sans coeur et sans peur. elle dit simplement ce qu’elle pense sans filtre et sans crainte. jael, avoue seulement la vérité. mais, qu’est-ce que tu croyais ? rien. t’as demandé ça comme ça, pour la forme. pour meubler le silence et asséner un dernier coup à ta fierté, parce que tu savais déjà ce qu’elle répondrait. ce n’est jamais toi qu’elle vient voir. ce n’est jamais toi que l’on vient voir. Enfin pas comme ça, disons que nous deux c’est différent, c’est pas maintenant. nerveusement tu ricanes pour palier à la dureté de ce coup franc, rejetant d’un revers de la main ses derniers mots. elle n’a pas besoin de s’excuser sur ce que tu sais déjà. elle n’a pas besoin de remuer le couteau dans la plaie quand tu en souffres assez déjà. te fatigue pas va. que tu soupires la gorge un peu serrée. elle a raison, pourtant. c’est jamais comme ça que ça se passe entre vous. c’est jamais dans la lumière déclinante du jour que vous vous regardez. c’est jamais à voix haute que vous vous parlez. c’est toujours au creux de la nuit, au fond des secrets. quand il n’y a plus personne pour surprendre vos envolées sauvages qui naissent dans l’euphorie droguée. quand il n’y a plus personne pour vous en empêcher, ni vous juger. c’est toujours quand le premier jour s’achève, juste avant que celui d’après ne commence. c’est toujours dans cet entre d’eux où il n’appartient qu’à vous de redessiner vos rêves dans les volutes de fumée, dans les miettes de poudre cocaïnée. c’est toujours dans cet entre deux où vous oubliez qui vous êtes pour devenir ce que vous voulez. cette fille et cet garçon à cent lieux de ce que vous avez toujours été. T’as mal Nash ? un geste hasardeux qui te sort de tes pensées quand sa voix te ramène à la réalité. perplexe, tu la dévisages un quart de seconde avant de reporter ton attention sur cette main qui a osé. osé braver tous les dangers. osé matérialiser quelque chose que même toi tu n’arrivais plus à espérer. osé supposer que quelque part, là-dessous, se trouve encore quelque chose qui peut souffrir. c’est peut-être le geste le plus humain que l’on ai pu faire pour toi aujourd’hui. ces derniers temps. depuis longtemps. pourtant, tu ne l’apprécies pas. t’aime pas qu’elle puisse lire aussi facilement en toi. t’aimes pas savoir que tes maux puissent transparaître aussi facilement à travers toi. qu’est-ce que ça peut faire ? c’est froid, presque mauvais alors que tu te soustrais à ce contact comme si du bout des doigts elle avait pu brûler ce fameux palpitant déraillant. comme si t’avais peur qu’en frôlant un tant soit peu la croûte déjà trop abîmée de ton myocarde, elle finisse par le réduire en miettes. peut-être bien que t’as mal, oui. peut-être bien mais, t’as pas envie de le voir. t’as pas envie de l’admettre. t’as pas envie de le lui dire non plus. t’as pas envie de lui donner raison. t’as pas envie que ce soir cette douleur revienne te hanter juste parce que jael l’a vu, l’a compris quand tous les autres l’oubli. c’est pas elle qui pourrait y changer quelque chose quand elle donne l’impression de porter la misère du monde toute entière sur ces épaules. c’est pas elle qui pourrait rendre ça plus abstrait juste en posant le doigt dessus. juste en mettant des mots dessus. jael, c’est le réconfort égoïste de voir qu’il y a pire ailleurs. jael, c’est le réconfort triste de voir que t’es pas tout seul. qu’autour de toi tout un tas d’autres souffrent, peut-être même plus que toi. mais, tu t’en fous tellement des autres ce soir. il n’y a que les sanglots de ton âme qui se font entendre. peut-être un peu aussi ses prières à elle. Si y a que toi. Est-ce que je peux rester ? J’ai pas envie de rentrer ce soir. ses mains suppliantes te font lever les yeux au ciel. comme si elle avait besoin de ça pour te convaincre. comme si elle avait besoin de ça pour trouver grâce à tes yeux. ni ça, ni le sachet d’herbe qu’elle agite pour peut-être te décider. avec le temps, jael est devenue comme un membre à part entière à l’instar de toutes ces âmes égarées qui viennent parfois s’échouer par ici. qu’il y ai du monde ou non. J’ai mal aussi. Je propose qu’on fasse une pause pour se soigner toi et moi ok ? une dernière fois tu soupires les yeux rivés au sol comme si soudainement il était devenu passionnant, faussement hésitant. la vérité, c’est que si elle ne l’avait pas demandé, c’est toi qui l’aurait supplié. bon… si tu me prends par les sentiments. mais j’ai rien à soigner moi. c’est ça, crois-le. le ton ferme peut-être mais, tu n’y crois pas toi même. c’est pas convainquant, encore moins convaincu. il y a tellement de maux profondément enfouies qui nécrosent jusqu’à la plus infime parcelle de de ton âme. tellement de peur et d’angoisse qui ne trouveront jamais remède. une infinité de névroses qu’il vaudrait mieux oublier pour ce soir. juste pour cette fois, parce qu’elle est là avec ses placébos magiques, éphémères. ceux qui soulagent un temps, aident un peu à voir les choses autrement. ressentir différemment. va s’y roule, je vais chercher le reste. de nouveau un sourire s’esquisse avant que tu disparaisses pour retrouver ta chambre, attraper tes clopes et le cendrier que tu y as laissé ce matin. dissimulé sous le lit, tes orteils frôlent une consolation de plus. dans ta main lancée au hasard en éclaireuse se découvre un paquet de gâteaux tout neuf plus vraiment attendu. dernier restants d’un abandon mal géré par nora que t’aurais pu laisser là en espérant qu’un jour ce soit elle qui les retrouve. au lieu de quoi, tu les récupères pour toi. pour jael aussi. petite vengeance personnelle qui fait du bien sous la peau de ton myocarde écorché. petit réconfort de plus qui viendra combler la faim creusée par vos malheurs consumés. triomphant, tu sors finalement de la chambre en brandissant fièrement ta trouvaille avant de la lancer jusqu’au canapé. tu payes ton joint et moi la bouffe. que tu lâches accompagné d’un clin d’oeil silencieux avant de prendre la direction de la cuisine pour récupérer quelques ressources de plus avant le début des hostilités. juste pour éviter d’avoir à te relever. quelques bières qui finiront d’apaiser les maux, de décoincer les mots. le ravitaillement terminé, tu t’empresses de retourner vers elle jusqu’à te laisser tomber mollement à ses côtés. c’est ce moment là où ta journée s’achève, où votre moment recommence. dans le tintement des bières et de tout ton bordel improvisé qui échouent sur la table basse, dans le bruissement des feuilles slim et les effluves rêveuses du pollen envolé. du coin de l’oeil t’observes ton invité, en silence jusqu'à matérialiser le fond de ta pensée. ça serait tellement mieux si tout pouvait être aussi simple que toi. aussi simple que jael. sans prise de tête aucune, ni reproche. juste cette douceur maladroite et cette pureté foireuse qui laisse mal imaginer qu’il puisse y avoir autant d’ombres autour d’elle. juste cette aura apaisante et rassurante qui fait presque oublier tout le reste à côté. pourquoi t’as mal la miss ? souffle curieux qui s’échappe avec hésitation alors que tu te remues à nouveau pour décapsuler deux bières. tu sais pas si t’as vraiment envie de le savoir. si t’as vraiment envie de le comprendre. tu sais pas non plus si elle a vraiment envie de te le confier, à toi qui n’a jamais été là pour ça. ni pour elle, ni pour personne. pourtant, tu oses, pour peut-être un peu oublier tes propres maux. peut-être un peu pour t’oublier aussi.

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MessageSujet: Re: how high (jael)   how high (jael) EmptyLun 24 Juil - 12:47

te fatigue pas va. Pourtant j’me sens coupable. Je suis peut être stupide et déconnectée mais ça veut pas pour autant dire que je ne suis pas empathique. J’vois bien que je l’ai blessé en disant que c’était pas lui que je venais voir. Mais en même temps c’est la vérité et j’ai pas envie de mentir aujourd’hui. Nash et moi c’est pas comme ça, c’est pas à cet instant, c’est trop rare qu’on soit que tous les deux sans la respiration de Nate ou Nora dans la pièce d’à côté pour nous rappeler à quel point on va tout faire foirer. « Désolé je voulais pas que ça sorte comme ça» que je murmure tout bas quand même, histoire de lui faire comprendre que j’ai des regrets. Je suis pas la première à le blesser, ça se voit dans son regard, y a un truc un peu cassé, un truc qui pourrait presque me donner envie de pleurer. Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi ça résonne entre nous ? Deux jouets bousillés qu’on a abandonné au fond du coffre ?
Y a ma main sur son torse et mes mots qui s’envolent, je fais pas exprès, c’est plus fort que moi. Mais lui me fuit, lui se rétracte comme si j’étais brulante, comme si j’étais poison. qu’est-ce que ça peut faire ? C’est vrai ? Qu’est-ce que ça peut me faire ? Parce qu’au fond Nash c’est même pas mon ami. On partage quoi à part quelques vapeurs hallucinogènes ? A part ce moment perdu dans la nuit ? Je sais pas trop. Mais pourtant ça me bouscule, ça me fait mal dans la poitrine de le voir comme ça, comme s’il le méritait pas.  « Je sais pas Nash, je sais pas, mais ça me fait quelque chose de savoir que ça va pas. »  que je répond tout bas, les yeux qui fixent mes pieds, un peu comme une gamine prise en faute.
J’ai surement l’air ridicule, surement que je devrais partir, retourner chez moi, chez nous plutôt que de l’embêter un peu plus. Pourtant quand je regarde Nash je me vois moi, je vois la solitude, je vois la tristesse. Sauf que moi je l’exprime en chialant comme une môme là où lui vibre de colère. Chacun sa façon de réagir à ce qu’il parait, y en a pas des plus saines que d’autres. Mais rien qu’à cause de ça je décide de rester, de m’incruster un peu plus, sors le sachet d’herbe alors que j’avais promis à Peter d’arrêter, ou du moins d’essayer. bon… si tu me prends par les sentiments. mais j’ai rien à soigner moi. Sourire victorieux qui viens chasser ma moue je bats des mains comme une enfant à qui on a annoncé que le Père Noël vient de passer.  « Merci Nash. Merci. »  je déposerais presque un baiser sur sa joue. Presque. Je rebondis pas non plus sur la fin de sa phrase, sur le fait qu’il refuse d’avouer que ça déconne dans son palpitant. Tant pis, chui pas du genre à forcer, j’espère au moins qu’un peu d’herbe dans les poumons ça l’aidera à se laisser aller un peu. va s’y roule, je vais chercher le reste « Chef oui chef »  je fais un petit salut militaire raté pendant que Nash quitte la pièce. Sans attendre je m’installe, fouille dans mes poches pour sortir mon matériel et commence à rouler. Ca fait longtemps que j’lai pas fait. Pourtant j’aime bien, y a quelque chose de relaxant dans l’odeur qui imprègne les doigts, le crissement des feuilles, la recherche de la proportion juste.
tu payes ton joint et moi la bouffe. Je relève la tête pour voir un paquet de gâteaux atterrir  à côté de moi sur le canapé.  « Mais c’est à … » et déjà Nash qui repart, et moi qui fiche les sucreries, le cœur un peu trop serré. C’est pour Nora. Je le sais bien, je le vois bien. C’est leur rituel dans cette famille, le paquet de pepito pour la princesse. Alors pourquoi le sortir maintenant ? Pourquoi l’utiliser ? Et elle est où Nora de toute façon ? Mais je dis rien, je reprend mon activité, silencieuse, concentrée. C’est pas mes affaires. C’est plus mes affaires pas vrai ?
Nash revient et pose tout un fatras sur la table, bière et cendrier, clopes, un peu de tout et je pose le paquet de gâteau à côté, l’air de rien. Y a le silence pendant un instant, moi qui termine le joint et que je fais tourner entre mes doigts, pensive. ça serait tellement mieux si tout pouvait être aussi simple que toi. je relève doucement la tête pour le regarder, interloquée.  « Je suis pas simple Nash. Je suis pas simple. J’en ai juste l’air »  sans doute une des paroles les plus sincères que j’ai prononcé depuis quelques temps. Parce que j’en ai marre un peu, de jouer la gamine, la gosse paumée. Que y a plus que Jael, y a Luce aussi, la gamine de la Sicile, celle au sang italien, au sang mauvais. Je lui offre un petit sourire désolé avant de glisser le joint entre mes lèvres, fouillant dans le bordel sur la table pour attraper le briquet. Nash de son côté décapsule les bières avant de recommencer à parler. Il est bavard ce soir Nash. Ca change. C’est différent. pourquoi t’as mal la miss ? J’inspire une longue bouffée, laisse la fumée glisser dans mon organisme, la garde aussi longtemps que possible avant de la recracher pour pas étouffer. Je lui tends le joint, comme un échange pour la bouteille de bière que j’attrape. J’aime pas spécialement ça la bière. Mais ce soir j’en ai envie, histoire de changer la routine. « C’est permanent tu sais, la douleur. Comme une impression que ça hurle dans ton cerveau, et ça veut jamais se taire » j’essaye de mettre des mots, des images sur ce que je ressens.  « Soucis de famille, je sais pas trop quoi faire »  entre Jedediah et Tobias, entre Peter et Merle. Je sais pas. Je sais plus. J’avale une gorgée de bière avant de m’enfoncer un peu plus dans le canapé, ramène mes genoux contre la poitrine un peu comme pour me protéger. « Pis j’ai mal en général, les bleus qui veulent pas s’effacer et toutes les conneries du genre »  la violence permanente, celle qui reste même quand le corps guérit, la sensation des doigts, des griffes, des dents.
Le silence qui s’installe de nouveau, je tends la main pour récupérer le joint, cherche un peu de calme, de tranquillité dans ce bout de papier ridicule. J’inspire, j’expire, ferme les yeux avant de me tourner vers Nash, sérieuse. Putain de sérieuse.  « Dis Nash. Elle est où Nora ? »  c’est pas innocent, pas innocent du tout. Je sais que c’est là le problème, avec ce foutu paquet de gateau sur la table, les lits vides alors qu’il est trop tard. Elle est où Nora, dis le moi
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