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MessageSujet: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyDim 14 Mai - 1:30

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Nate s’ennuyait un peu. Non, beaucoup.
Mais Nate ne cherchait pas aujourd’hui. Il était un peu las. Il ne savait plus trop où aller, quoi faire; qui aller voir surtout. Nate passa une main sur ses yeux et laissa le silence lui vriller les oreilles un peu. Il écouta le bourdonnement dû au manque de bruit, puis écouta son cœur. Les battements pulsaient dans ses oreilles et à chaque fois qu’il s’arrêtait pour écouter cette douce musique, il s’imaginait une troupe armée défiler. Chaque battement lui rappelait des bruits de pas au sol, des pas coordonnés et lents, tellement lent. Comme quoi il y avait vraiment quelque chose qui battait là, dans sa cage thoracique. Ce bruit, c’était ce qui lui rappelait qu’il était en vie, c’était aussi ce qui venait le narguer. Ça lui disait clairement « En fait, tu n’es pas vide. En fait, il y a quelque chose en toi, tu sais? Mais même si tu as un cœur, jamais ô grand jamais, tu ne seras comblé. C’est ton fardeau, Nate. C’est la seule leçon que l’on aura pu te donner. Alors assume et souffre, souffre pour ceux à qui tu as fait du mal. » et ce même s’il ne savait pas qui étaient ces personnes qu’il avait heurté.

Bref. Nate se faisait chier.
Nate ne savait pas ou aller, alors il embarquait Soan pour une viré.
Une soirée avec la demoiselle Barlow. Et Barlow qu’est-ce qu’elle a elle ? Sa beauté, sa grandeur, son charisme ? Quelle puissance, ma belle. Quelle reine tu aurais fait si tu en avais eu l’envie. Mais voilà qu’il faut retourner à tes occupations ma douce… Barlow était bonne, il n'y avait aucun doute. Elle était de cette beauté qui s'affaisse avec le temps, de ses beautés qui perdurent longtemps. Un plaisir qui ne périt jamais. Une grande enfant qui n'a déjà pas encore un pied dans la tombe.

Nate entre dans la salle, passe devant les maquilleurs et les photographes, reluquant la jeune femme allègrement. Ah, miss Soan. Nate prit place sur une table, s'en foutant bien d'avoir le droit de se trouver là où pas. Et lorsqu'on vient lui demander ce qu'il pouvait bien foutre là, regard de travers jeté sur sa cigarette, air perplexe face au bleu vieillit qui s'étalait sur sa joue comme une peinture de guerre, monsieur se contenta d'un sourire moqueur et d'un sourcil ironiquement arqué. Ah ouais?

▬  J'suis son mec.

... Putain est ce qu'il leur en posait des questions lui?
Après un bruyant soupir de sa part, Nate se débarrassa de sa veste et abandonna même l'idée de fumer sa clope à l'extérieur. Rater la brune serait contre productif et quand bien même, il n'avait pas fait tout ce chemin jusqu'ici pour baisser les yeux face à un ramassis de pètes couilles.  Et puis en soit, ignorer les regards des uns et des autres était bien plus aisé qu'il aurait bien voulut se l'avouer.

Parce qu'il y avait Soan.
Soan et ses longues boucles brunes, Soan et ses délicieuses courbes de femmes, ses hanches, sa taille, ses cuisses, ses poignets et puis, cette rondeur, cette douceur mensongère qu'on couvait presque du regard, même ses lèvres pleines, cette bouche insolente, cette langue de vipère, son parfum de sorcière - ah, il était facile de se perdre dans Soan. Nate eut un sourire en coin. Cette femme là méritait bien son statut de lionne. Elle, elle était délicieuse. Un interdit à la peau mate, aux paupières allumeuses. Un mal dont il n'avait jamais tenté de se défaire, à chaque fois que son regard se portait sur elle. A quoi bon? La privé de sa liberté serait cruel de sa part. Et puis, il le savait bien Nate, il le savait très bien que jamais, ô grand jamais, mademoiselle ne se laisserait faire. Soan, ce n'est pas n'importe qui. Il pourrait s'en méfier, mais jusqu'alors, il n'en avait jamais ressentit le besoin. Nate il l'aimait comme ça sa Soan, belle dans sa liberté, enivrante dans son insolence. Elle perdrait de son éclat, si elle était semblable à toutes les autres.
Il eut un soupir en tournant son regard vers la fenêtre.
A la longue, il se faisait chié quand même.  
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyLun 15 Mai - 17:33

Shadows fall
Nate & Soan
LOVE LOCK DOWN

La mèche vaporeuse et l’œil langoureux. Moue mutine et une pose facile. Chaque flash décalquait une ombre, chaque ombre enveloppait la silhouette. J'étais l'écume sur le haut de la vague. Féminité au milieu de la grisaille, attentive au rythme cadencé de l'objectif. L’œil de verre du cyclone. J'étais en train de participer à cette fantastique machinerie bien huilée chargée de vous vendre tout et n'importe quoi. J'étais la poupée de vitrine soigneusement choisie pour mettre parfaitement en valeur les habits hors de prix que j'avais sur le dos. Tellement bien que ce ne serait pour répondre à un besoin, ou même une envie pré-existante dans votre cerveau. Je la créerais. Bah ouais les gars, ce qu'on faisait là c'était de la chimie. Du rêve à la chaîne pour stimuler vos petits capteurs intracrâniens!
"C'est bon on a tout... Merci l'équipe!"
Les mots magiques claquèrent dans le studio, libérant chacun de ses sujets de sa tâche assignée. Une fébrilité soudaine s'empara des lieux alors que je me dirigeais vers la cabine (entendez à ça une assistante protégeant ma pudeur d'un drap suspendu) pour m'y changer. Assommée par la redescente d'adrénaline qui ne manquait jamais de m'habiter après un shooting,  je ne fis même pas attention à sa haute silhouette. Ajouter à cela les projos aveuglant et son visage de jeune premier s'évanouissait dans l'obscur.
J'étais en train de me tortiller pour m'extirper de la guêpière grande classe lorsque sa voix gronda comme un orage. Je levais les yeux au ciel en m'empressant de laisser tomber les bas au sol pour repasser mes fringues, plus confortables. Un simple débardeur noir et un jean plus ajusté qu'il ne fallait pour galber mes jambes interminables. Y avait pas de temps à perdre: Caldwell pouvait pas s'empêcher de faire son show et on était sur mon lieu de travail.
"Si c'est OK pour aujourd’hui Jane, je file." j'émergeais échevelée mais maquillage impeccable du shooting laissé en place. "Désolée pour mon ami, il débarque de province."
Un clin d’œil entendu suffit à la faire pouffer de rire et s'écarter pour me laisser la place. Je rejoignis Nate à grandes enjambées en le fusillant d'un regard glacial qui contrastait avec le sourire d'ange servit à la directrice du shooting. Avant que l'un ou l'autre n'ouvre la bouche pour se montrer trop curieux et proférer une énormité, j'attrapais fermement le poignet du jeune homme pour l'embarquer derrière moi. Le contact de son épiderme contre le mien suffit à apaiser très légèrement la colère rugissante sous mon crâne. Le jeune assistant du photographe, qui m'avait fait du gringe pendant toute la séance, nous adressa un long coup d’œil avant de se détourner avec une mine contrarié. Curieusement, cela me procura un doux frisson remontant directement de ma paume brûlante sur son avant-bras. Le genre qui donnait envie de cambrer les reins et entrouvrir les lèvres. Ma main fila s'entremêler à celle de Nate.
De l'autre bras je m'emparais de mon sac et de mes dernières affaires pour finir par sortir. Aussitôt le seuil franchit je déliais nos doigts et m'allumais une blonde en proie à une intense frustration. Je le fixais sans rien dire, les prunelles luttant contre une fracture de la rétine. Même ce bleu disgracieux qui s'étalait sur sa pommette le rendait plus attirant. Canaille. Mais pour le moment j'aurais plutôt préféré lui appuyer dessus pour l'étaler davantage. Pour lui faire mal. Je croisais les bras dans une attitude de défi en impératrice courroucée. (Le pire étant que mon myocarde faiblissait déjà devant son sourire enjôleur.)
"Alors? C'est quoi l'excuse aujourd'hui? Ton portable est encore en rade je suppose pour pas m'avoir prévenu. Ou alors t'as juste eu envie d'ensoleiller ta journée en venant me voir?"
Oui Nate, c'était quoi le jeu aujourd'hui?  Parce que derrière tes sourires brûlants et ton timbre ronronnant y avait toujours cette petite part de vice. Une face cachée. Toujours le grand point d'interrogation qui me procurait la sensation de plonger dans l'inconnu avec abandon.
Nate avait été le calme après sa tempête de sœur. J'me souvenais de notre rencontre comme si c'était la veille. Quand Nora me l'avait présenté au Dog. Un gosse au corps d'homme avec une expression d'ennui radieux. Un homme à l'instinct de gosse qui fouillait vos fêlures. Au fil du hasard de nos rencontres, et bien en dépit de la première idée faite à propos de lui, Nate avait su rafistoler mon cœur en lambeaux. Ç’avait été douloureux et pénible mais le réconfort inattendu de sa présence m'avait solidement raccroché à la terre ferme. Puis Nate avait encore grandi, dépassant le stade du bon pote déjanté. J'avais eu de plus en plus de mal à ignorer l'ourlet de ses lèvres, la ligne de sa mâchoire. Jusqu'à ce fameux soir où, perchés comme des comètes, on avait fini par s'introduire dans la piscine chauffée d'une villa de Tybee. Vapeur, caresse de l'eau et ses foutus abdos avaient fini par m'avoir. J'en avais pas parlé à Nora, et depuis le temps elle non plus. Elle devait croire qu'on lui ferait jamais ça. Dans tous les cas ce fantôme de culpabilité noircissait toujours légèrement mes instants passés avec lui. Mais ce n'était rien à côté de l'indicible attirance qui ravageait tout sur son passage.
"T'étais obligé de faire ton cinéma à mon boulot? Avoir un mec d'un mètre quatre-vingt dix et esquinté se revendiquant être mon copain est pas au goût de tout l'monde..."
J'repensais brièvement à l'assistant. Pas mal dans le style artiste maudit mais... pas ma came. Pas comme cette putain de dose d'héroïne qui venait, en effet, ensoleiller ma journée.



Dernière édition par Soan Barlow le Jeu 25 Mai - 21:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyLun 15 Mai - 22:16

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Du désir, il en avait sur le bout des lèvres.
Du désir, il en buvait à la source même du creux de ses seins, il venait les chercher du bout de ses doigts abîmés dans la chaire blanche des hanches et c'était ses coups de reins qui en récoltaient les soupirs. Le désir, c'était ce pli sur la bouche de Soan, c'était ses mains sur son poignet,  c'était ses yeux et plus encore - sa rage. Le désir, il y en avait dans le roulis effilés qu'elle exhalait entre deux phrases sèchement jetés, il y en avait dans cette salive devenue alcool, dans cette alcool à la saveur d'hydromel - le désir c'était leurs peaux, c'était leurs chaleurs, leurs ardeurs qu'ils piquaient tout au long de leurs disputes.
Le désir, c'était Soan - ou Nate.
Le désir était Soan qui se mêlait à Nate, Nate qui s'enchevêtrait à Soan.


Il avait le sourire sur ses lèvres et dans les yeux.
Il avait le sourire et la moquerie qui baignait son visage de gamin insolent à chaque fois qu'il entendait la voix de Soan persifler à ses oreilles, cet air là lui seyait mieux que la plus délicate des parures - Soan était de ces femmes qui demeuraient belle même dans la rage. Il en avait cette certitude, car Nate était toujours certain de beaucoup de chose, et surtout des choses qui concernaient la lionne accrochée à son poignet, comme son irritation faiblissante. Mais la situation actuelle - du désir- n'était pas faite pour lui montrer ce qui tambourinait dans la forme la plus primaire de toutes les aliénations, la gourmandise ou la luxure. Il était là pour elle après tout. Pour Soan. Pour celle qu'il adorait embrasser et avec laquelle il aimait bien se disputer.  Pour celle sur qui ses doigts virent courir, caressant la courbe de sa mâchoire, le tendre de ses lèvres.  C'était une intrusion spontanée, délicieuse, mais profondément dérangeante. C'était de l'amusement, un grand amusement pour la jeune Caldwell– et il riait , souvent, deux morceaux de charbons brûlant à la place des yeux, il attrapait un menton, il embrassait.
Nate aimait voir les désirs de Soan pour la raison la plus égoïste qui soit– ça l'amusait.
Ou il l'appréciait.


▬  Je suis venu te  chercher pour t'emmener faire un tour et je sais plus où j'ai laissé mon portable. C'est vraiment important?

Les doigts du brun s'étaient emparé d'une de ses mèches, jouant avec, l'enroulant autour de l'index, dans un sens, puis dans un autre; mais tous ça sans lui faire mal. Parce qu'il ne faudrait pas l'abîmer un peu plus; mieux valait ne pas ébouriffer son pelage de chaton contrarié.  Alors oui, peut être que Nate était là pour lui voler un peu de sa lumière. Pour se nourrir de ce trop plein de hargne, pour en imprégner sa chaire comme d'autres s'embelliraient de peintures de guerres. Peut-être aussi que Nate voulait retrouver une Soan qu'il n'avait jamais connu, en réalité. Mais pas sans un autre dessein. Pas sans un autre désir, qu'il serait le seul à garder, cette fois. Dans le mensonge de ses sourires, dans la caresse de ses rires. Et surtout, qu'il s'emploierait à sans cesse faire miroiter sans jamais pleinement s'y attarder. Soan. Un regard sur son visage, un haussement de sourcil un brin sarcastique: Bah quoi ma belle, t'as honte de ma gueule ou quoi?

▬  Ils m'ont posé la question, je répond. T'aurais voulu que je dise quoi? J'suis son strip easer personnel j'attend qu'elle finisse pour baiser avec?

Adorable.
Qu'il était charmant.
Ses cordes vocales s'agitèrent soudainement dans un éclat de joie, il fit l'effort de s'écarter avant qu'elle ne le frappe, espiègle, taquin, pour pouvoir à nouveau la noyer sous son regard, en enroulant son bras autour de sa taille. La courbe d'un sourire adoucissait à peine l'ironie de son regard. Un coin de ses lèvres se tendaient dans le bonheur. Il soupirait, amusé de son attitude soudaine et de ses boucles folles qui dessinaient des nymphes.

▬  Dans un cas comme dans l'autre c'qui est dit est dit. Au pire tu raconteras que j'étais bourré, un taré obsédé, ton pote pédé. J'm'en branle. Mais si tu veux voir où je t'emmène faut partir maintenant .

Et de toi à moi, tu pouvais tout aussi bien l'engueuler dans la voiture. Pour ce que ça changerait de toute façon, cet enfant là n'en faisait toujours qu'à sa tête, et qu'importe que ça vous déplaise.
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyJeu 25 Mai - 21:24

Shadows fall
Nate & Soan
AGAIN

Du bout des doigts il se saisit d’une mèche folle. Le geste était délicat mais j’eus l’impression qu’il me retenait aussi solidement qu’un filin d’acier. La partie avait à peine commencé que je me retrouvais déjà échec et mat avec le cœur tambourinant entre les côtes. Y avait quelque chose dans sa nonchalance qui m’apaisait. Y avait ce désir coupable qui rougeoyait. Cette revendication au coin des lèvres : mon Nate. Sa Soan.
Je lui recrachais ma bouffée en plein visage en tentant de ne pas frémir à son contact. De ne pas sourire. Un refus volontaire et inutile pour jouer la dure alors qu’une partie de mon âme se repaissait de ses caresses. Elles m’avaient manqué, comme d’habitude. C’était l’éternel dilemme avec Nate : moins je le voyais et plus j’en voulais, plus je l’avais et plus j’aspirais à le fuir. Il était un plaisir défendu ; qui allait se taper le petit frère de sa pote ? Et dans son dos ? Une mauvaise amie. Quelqu’un qui n’était pas digne de confiance. Mais c’était plus fort que moi, l’attraction m’emportait en refourguant mes pauvres remords à l’arrière-plan.
« Je… Non oublie, de toute façon ma vie privée les regarde pas. »
Mon égo ronronnait plus à ce stade-là, il rugissait. Ça m’donnait envie de me gifler. J’étais flattée qu’il se présente ainsi aux yeux des autres, fière qu’il s’affirme à la face du monde. Et j’étais trop faible pour l’engueuler véritablement. Je le laissais me saisir en enfouissant mon sourire bienheureux dans le creux de son épaule puis en profitais pour effleurer la tendresse de son cou du bout des lèvres.
« Tu m’fais genre… une surprise ? »
Je m’écartais de lui, paumes à plat sur son buste, pour planter mes iris lumineuses dans les siennes. Je guettais l’indice sur une blague à faux-espoirs avant de décider timidement de le croire. J’adorais les surprises. Surtout si elles me permettaient de passer du temps avec lui.
« Donc, pour résumer, je te vois pas pendant trois semaines et tu débarques pour m’enlever avec mon consentement la bouche en cœur ? J’pensais que t’étais trop occupé ailleurs… »
Les coins de ma bouche s’étaient affaissés en moue boudeuse, déjà éloignée de la colère des instants précédents. Colère qui quelque part se muait en jalousie. Jalousie que je n’avais aucun droit d’exprimer franchement puisque Nate me laissait toujours tranquilles sur les ‟petites affaires” de mon côté. Au point que s’en était vexant parfois, jusqu’à ce qu’il parvienne à force de cajoleries à me persuader d’être sa préférée… Il ne parlait jamais des autres, de ses autres, mais pouvait prêter une oreille attentive lorsque j’avais besoin d’épancher mon cœur plus lourd qu’à la normale, tiraillée par ses tourments affectifs.
J’observais ses traits, que j’avais appris par cœur malgré moi et qui ne cessaient jamais de me surprendre. Son nez droit de statue grecque qui se fronçait quand il riait. Sa bouche étroite en perpétuel mouvement. La ligne de ses yeux ombrageux. Sa chevelure sombre qu’il aimait dissimuler sous une casquette. J’y promenais mon regard comme on se baladait dans un coin familier et rassurant à l’affût des nouveaux détails.
« T’as de la chance je suis de bonne humeur. » je me gardais bien de préciser grâce à qui… « T’es venu en voiture ? Faut que je laisse la mienne ici du coup ? »
Détail technique pour continuer à faire durer l’instant de suspense. Rester dans ces quelques secondes de vide, uniquement raccrochée par la chaleur de son corps et ses paroles tournoyantes. Prémices de plaisirs envolés. Bâton de cendres aux lèvres, je daignais me déshabiller de la tension recouvrant ma nuque et mes épaules avant d’esquisser mon premier vrai sourire. Un qui rajeunissait. Un qui s’évanouissait en mystérieux rayon de bonheur. Un de ceux qui annonçait la joie.
Nate il émerveillait toujours les autres comme un enfant. On se sentait exister avec lui. On se sentait meilleur et notre cœur débordait. On comprenait tout à coup ce que signifiait être jeune. On l’ignorait. On se disait qu’on aurait pu mourir en l’ignorant. Alors j’acceptais de le suivre dans sa bagnole avec le sentiment qu’il me tenait, par ses yeux, en joue. J’allais même jusqu’à déposer l’ombre d’un baiser sur sa joue rêche qui m’égratigna la pulpe des lèvres. C’était ça qu’on appelait un engrenage. Une fois qu’on y avait mis un doigt, la main, le bras, tout le corps y passait. Plus moyen de reculer, de revenir en arrière. Au début on y pensait pas. Après, on réalisait qu’on était prisonnier.


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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptySam 27 Mai - 1:23

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Nate.
Il avait arqué un sourcil, avec cet air si bien établit, doux mélange de surprise, d'amusement et de scepticisme, une approbation de la pointe de son menton à la profondeur de ses iris, une joie à peine esquissée. Ses yeux étaient amusés, attentifs et moqueurs. "Evidemment", semblait il presque énoncé, comme si sa sincérité n'aurait jamais put faire l'objet du moindre doute, comme si l'idée même de lui jouer un tour de si mauvais goût n'aurait jamais pût lui traverser l'esprit. Elle ne semblait plus prête à mordre Soan. Elle irradiait à présent une toute autre chaleur, une de celle qui tendait inévitablement ses propres lèvres haut vers les cieux, avec une petite moue ironique, juste ce qu'il fallait pour ne pas paraître vexant. Il les connaissait à force, toutes ces choses qu'elle ne lui disait jamais, il les reconnaissait, ces piques acides, ces moindres caprices qui louvoyaient dans ses rétines. Il avait apprit à les différencier du reste, à reconnaitre ses joies et ses peines.

▬  Ouais ma belle, j'te fais une surprise.

Et ça semblait résonner si fort entre eux, soudainement.Ca brillait, ca dansait dans son esprit tout sourire. Ca brillait fort, ca brûlait. Parce que pour Soan, c'est spécial. Pour elle, qu'importe qu'il se soit tapé la moitié de la ville, qu'il ait erré cent jours comme trois heures avant de revenir vers ses rivages, dès qu'il était question de mademoiselle, le sens de ses priorités changeait et les "autres" disparaissaient sous le bleu entêtant de ses yeux. Tout semblait futile lorsque ses lèvres venaient se promener sur sa peau et, petit à petit, la force de lui refuser ce qu'elle désirait devenait de plus en plus ardu, alors il s'éloignait pour mieux revenir, revenait pour mieux repartir. Soan, elle était cette chaleur insidieuse, douceur amer dont il ne parvenait à se défaire, à la fois sucrée et salée, tendre et épicée. Soan, il n'avait jamais eut le coeur de lui cacher l'importance qu'elle avait pour lui. L'affection qu'il lui portait ne pouvait qu'être vrai, sinon, il n'aurait pas prit le temps de la retenir, de n'en goûter que d'avantage. A s'en rendre dépendant, foutu masochiste boulimique. Il n'aurait pas pris le temps d'épancher ses peines, de combler les vides. Il ne l'aurait pas fait rire. Qu'il ne se passe pas une foutue seconde dans son esprit sans qu'il ne pense à vouloir la foutre dans son lit, que chaque nano-seconde il mette en œuvre un nouveau stratagème pour le simple plaisir de la rendre folle. L'Angleterre ne souhaite que voir l'Italie à ses pieds, petit rêve qui trottine depuis un siècle dans sa caboche. Et, dans les remous à regarder s'écouler le flot de bulles orphelines, il  suit du regard cette silhouette qu'il n'a fini que trop bien par connaître et cette envie qui cogne trop fort dans le creux de sa gorge. Ses yeux la guettait comme un rien de précieux, pas le temps pour les réflexions qui divergent, dans son esprit elle était une priorité qui clignotait, son nom était frappé en rouge dès qu'il se faisait prononcer. Il riait alors, allant jusqu'à hausser ses épaules, lui claquant une bise sur la joue face à cet air accusateur.


▬  J'étais occupé, mais pas à c'que tu crois. Et si tu voulais me voir en trois semaines tu pouvais aussi m'appeler. J't'ai déjà envoyer chié?

Oh, tout était toujours simple avec Nate. Il suffisait qu'elle ait besoin de lui pour qu'il rapplique dans la minute. De sa voix à son oreille pour que l'idée même de rejoindre ses potes au bar du coin semble soudainement bien moins intéressante que celle de resté assit sur les toits à l'écouter parler de tout. Mais surtout de rien. Soan, elle avait bien plus à dire que ce qu'on aurait put croire. Elle avait le coeur féroce et l'ambition grondante, et c'était les coups du sort qui lui avait permit de devenir celle qu'elle était aujourd'hui. Nate respectait ça. Elle avait cette force de caractère et ce ton affirmé qui l'avait séduit bien plus surement que son joli minois. Il attendait simplement ce jour où elle se l'avouerait. Où elle comprendrait que peu importe ce qu'il y avait entre eux, peu importe le tournant que prenait leur relation, elle occuperait toujours cette place privilégié. Il lui désigne une voiture garé sur le parking, voiture emprunté à un pote le temps de leur viré, comme d'habitude, comme toujours. Nate, c'était le mec qui n'aurait sans doute jamais assez pour se payer sa propre bagnole mais qui trouvait toujours quelqu'un pour le dépanner le temps d'une escapade. Une chance insolente, sans aucun doute.

▬  J'te conduis, tu pourras récupérer ta voiture après promis.

Et il n'eut que le goût de sourire lorsque ses lèvres vinrent effleurer sa joue, sa main se perdant dans les mèches brunes le temps d'une caresse, effleurement de ses doigts dans ses boucles folles avant qu'il ne lui ouvre la portière et lui désigne le siège d'un geste du menton.

▬  Je ne savais pas si t'aurais faim en sortant de ton boulot alors j't'ai pris un sandwich au passage dans le doute.

Oui Soan, sans doute la préférait-il à toute autres, exception faite de sa soeur qu'il plaçait à un tout autre niveau. Ceci expliquerait cela et bien d'autres choses. Mais cet attachement - cette affection qu'il étalait à la face du monde comme la plus banale des évidences - ne lui semblait pas si menaçante alors qu'il s'installait derrière le volant. Quelque chose qui engorgeait ses yeux de cette joie presque primaire ne pouvait pas être mauvais, il en était certain. C'était juste ça, juste eux. Nate et Soan.
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyVen 2 Juin - 11:46

Shadows fall
Nate & Soan
SHARK

Non, jamais Nate ne m’avait tourné le dos. Il avait pu s’emporter, crier, blasphémer, mais jamais osé partir complètement pour me laisser sur le carreau. Déjà, il était rare qu’il se mette en colère. Fallait être sacrément abjecte pour y arriver ou alors complètement stupide. Je l’avais parfois été. Jusqu’à m’excuser. A demi-mots, à mots voilés pour me dévoiler.
Nate c’était le pilier improbable mais inébranlable. Une tête bien faite et des racines solides. Tout devenait plus simple, lissé par sa seule présence à l’image des flots rugissant continuellement au creux de ma poitrine. Courants chauds – l’amour, le rire, l’espoir- contre courants froids – la colère, l’angoisse, l’indifférence- se fracassaient l’un contre l’autre en créant de violents tourbillons. J’avais appris à m’y faire, tanguer au milieu jusqu’à l’épuisement. Mais ce déchaînement intérieur se taisait miraculeusement lorsque surgissait Caldwell, fier capitaine à la barre de son navire effilé.
« Les princesses font pas le premier pas, tu le sais bien pourtant. » j’élargis encore mon sourire en dégainant mon regard de velours. Les griffes aiguisées soigneusement rangées. « Et non en effet, t’as toujours été beaucoup trop gentil avec moi. »
Les caprices et les coups de gueule glissaient systématiquement sur lui, sans prise. J’essayais de ne pas en abuser par crainte d’user jusqu’à la trame sa patience peut-être pas si infinie que ça. Soan craignait l’abandon et Nate restait un homme. Imparfait, n’est-ce pas ?
J’observais la voiture empruntée qui nous servirait de carrosse avec un haussement de sourcil dubitatif. Bon, on était loin des berlines que j’affectionnais particulièrement, mais je supposais qu’au moins elle n’allait pas se transformer en citrouille. J’acceptais donc de bonne grâce de me hisser dedans, flattée par les attentions gentleman du jeune homme. Sérieusement, c’était quel genre d’ovni masculin qui prenait encore la peine de vous ouvrir la portière ? L’intérieur de l’habitacle, bien qu’étouffant de chaleur, avait le mérite d’être propre. En écho à la question du brun, mon estomac gronda discrètement devant l’évocation du sandwich. Pendant les shootings on ne mangeait pas : premièrement parce qu’on n’avait pas le temps (c’était prendre le risque de se faire pourrir par le directeur artistique), et deuxièmement parce que ça faisait mauvais genre. Je comptais plus le nombre de fois où j’avais failli emplafonner le photographe hystérique ou une habilleuse névrosée, rendue mauvaise sous l’influence de la faim. Ca me foutait sur les nerfs aussi sûrement qu’une remarque sur le nombre de calories dans les barres de Toblerone que j’avais le malheur d’amener.
« Poulet crudités ? T’es vraiment parfait Caldwell, ça cache un truc pas net ça… Pourquoi t’es le seul de ta fratrie à être aussi sympa ? ‘Fin No l’est aussi à sa manière tu m’diras, mais c’est pas elle qui dépenserait des ronds pour moi. »
Je déballais le sandwich avant d’y croquer à pleines dents. Nate s’engouffra derrière le volant tandis que je fermais les yeux de délice en savourant lentement l’explosion de saveurs sous mon palais.
« Tu veux pas que je t’embauche comme assistant personnel ? J’te rémunèrerais par des câlins et des bonnes blagues. Équitable comme troc je trouve. »
Je cherchais pas à savoir où il m’emmenait. De toute façon il me le dirait pas et puis la surprise n’en serait que meilleure. J’espérais simplement qu’on serait en plein air pour profiter du soleil radieux dont les rayons ondulants venaient me caresser la peau. Le paysage familier défilait par les vitres alors que la radio diffusait un vieil air des années cinquante, apportant une touche de légère nostalgie à notre virée. C’était doux.
J’engloutis mon repas à une vitesse record avant de porter une blonde à mes lèvres pour la passer à Nate. Une vieille habitude que j’avais prise avec lui et le seul à qui j’accordais ce discret privilège. Une sorte de baiser indirect. Une petite complicité. Il était beau dans la lumière chaude. Tellement que je me pris à soupirer d’aise en m’apercevant que je crevais d’envie de le toucher sous toutes les coutures. Passer mes doigts le long des creux de son visage. Détailler le roulement de ses muscles sous mes paumes. Décortiquer son odeur rassurante. L’embrasser jusqu’à oublier de respirer.
J’étais perdue dans un espace sans temporalité, embrumé d’euphorie. Entre l’amour et l’oubli. En redoutant de perdre sa lumière et attendant sans empressement un signe. Qu’il appelle mon nom.


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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyMar 6 Juin - 13:53

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Il sourit en levant les yeux au ciel; Nate. Il songe qu'elles lui collaient définitivement à la peau, ces manies de princesse.
C'en devenait absurde, cette affection résignée qu'il avait pour ses mains, ses lèvres; cette logique irrationnelle que mademoiselle lui jetait au visage comme un bout de pain aux nécessiteux. Soan, tu parles d'un mystère. Soan, sa chère Soan. Là il aurait pu – il aurait pu garder son sourire et son rire et les faire s'entrechoquer avec moquerie . Il aurait pu agiter sa main désinvolte encore, balayer l'argument, l'absoudre, attraper sa mâchoire entre son menton et son index et lui souffler son air de vin droit entre les lèvres pour la faire taire – mais, non, ça ne s'était pas passé comme ça. Il avait abdiqué, sourire en coin et épaule haussé. Il avait abdiqué, le lui avait accordé.

▬  J'te l'accorde.

Et il se détournait déjà, maintenant assit derrière le volant. Il y avait cet air de rien qui lui passait sur le visage, un rien d'affectueux qui réchauffait ses iris et donnait une toute autre nuance à ses sourires, un haussement d'épaule face à l'évidence, celle qu'on lui mettait éternellement sous le nez sans qu'il ne puisse vraiment l'expliquer. Il y avait chez Nate la trace des Caldwell. Dans son sang, dans sa chaire, dans ses yeux sans filtres, dans ses gestes, dans ses pertes de contrôle et parfois même dans ses coups de gueule.  En même temps qu'il fendait la masse épaisse de véhicule bourdonnant, Nate aimait se dire que c'était peut être bien là toute l'ironie de leur famille, qu'il n'était pas tomber si loin qu'on aurait put le croire. Ou qu'au contraire, c'était eux dont le coeur généreux battait fort encore. Qu'il était juste enfouit. Sous des couches et des couches de méfiance et de rancoeur. Anesthésié pour mieux se protéger. Barricadé dans l'espoir de l'étouffer. Faudrait pas que ça s'infiltre ces choses là, faudrait pas que ça les prenne à la gorge encore. Que ça les étrangles. Les sentiments c'était tout ce qu'on avait peur de livrer, tout ce qu'on ne souhaitait pas étaler à la face du monde. Parce que les sentiments étaient synonyme de faiblesse et la faiblesse était le premier pas vers le début de la fin. C'est ce qu'une vie de misère lui avait prit. C'est tout ce qu'il avait soigneusement choisit d'ignorer aussi. Nate, il ne voulait pas vivre sous cloche, à faire comme s'il suffisait d'un instant d'inattention avant que la vie ne l'égorge. Il préférait croire à la loi du Talion: Oeil pour oeil, dent pour dent.

▬ Qui sait, peut être qu'au fond c'est eux qui le sont et moi qui ne le suit pas. Peut être qu'en étant comme ça, ils font plus de bien que d'mal.

Un léger rire lui échappe. Toujours si proche, à la fixer de temps à autres, droit dans les yeux.  Il aime ce bleu profond, ces océans miniatures qui lui demandent presque de se noyer en eux. Heureusement que tu sais nager. Chose certaine, il ne se lassera jamais de les voir revêtir leur robe de joie, et ça a quelque chose d'incroyable. L'éclat des diamants qui se répercute dans son regard affectueux. Il tira doucement dans la cigarette qu'elle lui retendait; lui soufflant dessus. L'air taquin. Un sourire en coin, soudainement.

▬  La paye est intéressante, mais je finirai sans doute par étrangler le trois quart des cons qui bossent avec toi.

Avec leurs foutus regards jetés de travers, avec ces murmures soufflés dans son dos sans la moindre discrétion. Ce genre de milieu, c'était pas pour lui. Ces lieux de cultes où le premier paon venu se pavanait comme s'il détenait le monopole du bon goût et du savoir vivre, imbécile bienheureux juché sur des chaussures hors de prix dont la hauteur seule suffisait à lui filer le vertige. Toutes ces choses là, il les laissait volontiers à Soan. Elle, elle pouvait comprendre. Elle, elle était belle dans ces tenus d'apparats. Elle les mettait en valeur, donnait un sens à ces yeux à cet étalage de fioritures qui hier encore le faisait rire aux éclats à la terrasse des bars. Lui, il faisait tâche. Un provincial jeté dans la cour des rois.

▬  Mais j'pourrai réfléchir à venir te voir plus souvent. Peut-être.

Comme une porte entrouverte sur l'ébauche d'une promesse. Il préférait voir les choses de cette manière, reportant son attention sur la route et sa circulation trop dense. Sur la ville qui s'estompait peu à peu alors qu'ils se rapprochaient du bord de mer. Nate, il lui rendit sa cigarette. Et il eut le désir soudain, presque impulsif d'ouvrir la fenêtre. De peur que son odeur ne l'intoxique. De peur qu'il ne s'en retrouve étourdit. Soan, elle se plaignait de leur distance, elle se plaignait de ses trois semaines d'absences. Pourtant il avait la sensation ténu qu'hier encore ils s'étreignaient à s'en brûler les doigts. Que ses boucles folles lui griffaient la joue et que ses mains redessinaient le monde sur la toile de son dos. Oui Soan, elle avait toujours eut ce pouvoir là. Un pouvoir sur lequel il ne s'attardait jamais. Auquel il ne songeait jamais. Il aurait put pourtant. Il aurait put le lui dire avec sa sacro-sainte sincérité. Avec cette prétendu spontanéité. Il aurait put lui dire qu'en trois semaines, il avait juste accumulé les anecdotes les plus débiles à lui raconter. Qu'en trois semaines, il avait juste eut envie de la retrouver. Qu'il s'était retenu. Par soucis pratique ou par fierté. Il aurait put Nate.  Mais il se contenta de se garer dans un coin tranquille et de lui sourire.

▬  On est arrivé.

Parce que ce soir, il se contenterait de lui faire profiter de la chaleur d'un soleil mourant et des étoiles qui tombent.
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyJeu 15 Juin - 2:47

Shadows fall

Étrangement, j’me représentais sans trop de difficulté Nate en castagneur. Je l’avais déjà observé en allonger des belles, tout en finesse, comme un enfant jouant à se bagarrer dans la cours de récrée. Il évitait la plupart du temps de se retrouver dans se genre de situation en désamorçant le conflit par des mots ingénieux et ne finissait qu’en dernier recours par parler avec ses poings. Puis, si je voulais être honnête, ça m’aurait pas dérangé qu’il foute une rouste à deux ou trois cons de ma connaissance. C’était primaire. Animal. Attirant. Un mélange de douceur légère et de colère contenue dont il pouvait faire preuve.
« Je pense que ce serait dans ton intérêt de t’y tenir. J’ai une bonne influence sur toi, c’est bien connu. »
Bien sûr. En réalité j’avais plutôt l’impression de le tirer vers le bas, ce qui le rendait d’autant plus addictif puisque lui me poussait vers le haut. Cela créait peut-être un équilibre précaire et bienfaisant. Pourtant il était abîmé Nate, au moins autant que moi. Une enfance fracassée sous le joug parental peu recommandable. Une éducation à se tirer les cheveux en autodidacte. Mais y avait cette façon de pas se laisser abattre en commun. Cette envie d’observer le monde dans son intégralité, en prenant les bons et aussi les mauvais côtés. On n’avait pas vrillé, ou rien de plus que la norme, et on savait garder notre curiosité à l’égard du genre humain en refusant de s’en couper.
J’aurais voulu le remercier de savoir être là, comme aujourd’hui alors qu’il surgissait sans prévenir. J’aurais voulu lui expliquer à quel point c’était bon de se reconnaître autant en quelqu’un qui nous donnait l’impression de ne plus être un OVNI au milieu des autres. Une véritable terre promise. Mais les mots s’étranglaient dans ma trachée et mourait sur ma langue. Ma bouche resta irrésistiblement scellée pendant que je finissais ma cigarette et qu’il garait la voiture. Prestement, je me saisissais de mon sac pour bondir hors de l’habitacle. Je plissais les yeux sous la surprise des rayons du soleil et souriais avec envie. L’air marin me fouettait le visage, gonflant mes poumons d’une brise rafraîchissante. Il se répandit jusque sous mon palais en y déposant une note salée. J’adorais la plage.
Avec empressement je me dirigeais jusqu’aux premières dunes et retirais mes chaussures pour sentir la caresse du sable chaud sous mes plantes de pieds nus. Une libération. De loin, entre deux mèches de cheveux virevoltantes, je glissais un coup d’œil vers Nate qui s’approchait sans hâte. Mains dans les poches, la dégaine tranquille et le sourire coquin.
Image du bonheur.
La culpabilité me hérissa directement la colonne vertébrale. Je me fustigeais déjà de ces instants volés aux côtés du Caldwell, de la terrible personne que je devenais en sa présence. Soan la traîtresse. Soan l’arnaqueuse. Celle qu’on prenait pour son amie alors qu’elle séduisait le petit frère… La haute silhouette de Nate me plongea dans l’obscurité. Ma ligne d’horizon s’arrêtant à la naissance de ses épaules je dus me démancher le cou pour le regarder dans les yeux.
« Bon t’as tapé juste avec le lieu. Mais pas dit que la suite me convienne, déjà que la compagnie est pas terrible… »
Je me retournais en me mordant l’intérieur de la joue. Dans ma tête c’était l’irruption. Une pagaille sans nom. Je continuais à user de cette stratégie mille fois répétée : utiliser l’attaque pour mieux se défendre. Mon cœur se serrait en essayant vainement de refouler le bonheur qui débordait. L’amour ? Une forme en tout cas puisque j’espérais déjà qu’il passe outre.
Nate me connaissait sur le bout des doigts après ces milliers de secondes passées ensembles. Dans le creux des nuits. Aux levers des jours. Dans les étreintes et les rires. Dans les éclats de tendresse. Les mots qui blessent.
« Mais bon j't’accorde le bénéfice du doute. »
J’ai rarement été déçue. Mes doigts se tendirent vers lui muettement. Tentative de paix, piètre excuse afin d’être pardonnée.



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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyVen 16 Juin - 3:56

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Il y a des mots qui parfois se taisent à la belle douceur.
Et la douceur, il la cueillait aujourd'hui dans cette silhouette de femme qui déambulait entre les dunes brûlantes - dans ce sourire d'enfant, dans ces yeux en écume avalant la mer, une odeur de sel marin, de sable chaud et d'étreinte nostalgique, qui remonte jusqu'au nez; des joues empourprées fouetté par la brise, un soleil qui darde ses derniers rayons pour embrasser le creux des nuques, un souffle qui dérive vers la chute des reins, il l'effleure, le survole, l'envole . Et des boucles folles qui s'entortillent sur l'arrondit des épaules. Alors qu'il pouvait simplement se dire que oui, il y a des mots qui parfois se taisent à la belle douceur.
Une douceur de femme soumise au regard d'un homme - de cet homme.

Nate.
Il avance vers elle, les mains enfoncés dans ses poches. Un rire encore, et elle s'envolerait, le coeur léger gonflé de trop de bonheur. Des perles d'ivoires s'écouleraient de ses lèvres, parce que c'était forcément le genre d'instant qui se muait inévitablement en quelque chose de tangible. Alors il suffirait de s'en saisir. Alors il suffirait de l'attraper à bout de bras pour que l'éphémère devienne éternel. Alors cette vie qu'il se plaisait continuellement à peindre de tons pastels, cette vie qui peut être si clémente, si douce, qui revêt toujours ses plus belles robes de courtisanes, n'aurait que le goût de teinté son sourire moqueur.
Il lui semblait parfois qu'il n'avait toujours fait que ça Nate, lui sourire. Même lorsqu'il rêvait de lui arracher la tête.

▬  Tu m'en avais parlé, une fois. D'la plage.

Il y avait un désordre permanent dans les couloirs de son esprit, une sorte de cacophonie juvénile qui se faufilait au travers de ses actions comme une toute autre forme de démence, qu'elle fut consciente ou passive. Quand Nate se plongeait dans ses souvenirs, leur ingérence embourbait inévitablement le fil de ses réflexions, des airs de cavités pourries dont s'écoulait un flot continu de débris rouillés enrobés de leurs persistances fétides, et quand bien même il faisait l'effort de n'en garder que le meilleur, le mal ne disparaissait jamais, il s'enfonçait simplement plus profondément, l'amas informe devenait racine et ces racines devenait rancoeurs. Elles devenaient cette colère rentrée qu'il s'était toujours fait un devoir de maitrisé. Mais parfois - oui parfois, il ne songeait à rien d'autre qu'au meilleur. A un après midi passé à se chamailler avec Nash, à un mauvais coup échafaudé aux côtés de Néo. A une tête posée sur son épaule qui parlait de la mer, du sable, de l'envie qu'elle avait parfois, d'y partir pour un week end, pour une semaine. Une voix qu'il feint de n'écouter que d'une oreille, alors que ses doigts pianotes sur son téléphone. Cette même voix qui le recadre de ce ton un peu peste, qui lui tire un bruit de gorge incrédule et lui fait baisser les yeux vers ce visage levé vers le sien. Simplement parce que c'est Soan. Soan et ses mimiques de chats, Soan et ses mots de garces. Et cette main tendu vers lui comme un calumet de la paix. Qu'il observe d'un air peu convaincu avant de sourire en coin et de s'en saisir, l'attirant vers lui d'un simple mouvement de bras. Et ça c'était fait d'un coup, ce corps qu'il fit s'écraser contre le sien.

▬ Peut être bien que tu devrais pas.

Il riait Nate.
Il riait déjà lorsque ses bras vinrent la soulever. Lorsque sans plus d'égard pour leurs affaires abandonnés dans la voiture encore ouverte, il franchit les quelques mètres les séparant de l'eau clair. Et il riait sans doute encore lorsque soudainement, il vint les immergés. Ce son là se confondait presque au roulis des vagues. Il en devenait alors tangible, lui aussi. Liquide. A s'en remplir jusqu'à l'oubli.
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Dernière édition par Nate Caldwell le Sam 24 Juin - 2:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyMar 20 Juin - 18:36

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Tu m'en avais parlé, une fois. D'la plage. Ça fouilla la retraite de mes souvenirs, en dérangeant quelques uns empoussiérés. Ce soir d’été, le deuxième seulement qu’on passait ensemble, sous le ciel d’encre et les diamants. Ça sentait le chèvrefeuille sauvage et crissait de cigales. On s’était trouvé un spot à l’écart des lumières, une caravane désossée abandonnée au milieu d’une clairière. Y avait rien d’autre qu’un canapé défoncé auquel on avait arraché la banquette pour la foutre sur le toit. Pendant près d’un mois, et lorsque nos vies nous le permettaient, on s’était retrouvé là, assis sur un tas de rouille en fumant des petits bozes par petits bozes. A vivre de rêves et d’humour noir. J’y avais évoqué un nombre incalculables d’envies dont je ne me souvenais même plus pour la plupart. Mais lui il avait tout écouté, sélectionné et soigneusement rangé les choses importantes. Comme cet amour pour les grands espaces et plus particulièrement l’océan. Cet objectif ultime de posséder ma propre maison en bord de mer, les pieds dans le sable et les yeux sur l’horizon. Pouvoir vivre au soleil. Un fantasme m’évoquant le désagréable fantôme de Faust, m’interdisant irrationnellement de m’établir sur la douce côte Californienne. Mais je me refusais à penser un peu plus à cette image fugace qui me poignardait le cœur. Je préférais me savoir là, au sommet d’une carcasse vide, blottie contre lui comme à cet instant.
Cette dernière partie fut tue et enterrée.

Soulagement, lorsqu’il se saisit de ma main en abandonnant cet air sarcastique. Surprise, quand je sentis la pointe de mes pieds quitter la terre ferme. Je m’envolais entre ses bras, son corps prolongement du mien. Un énième rire complice teinté de peur raisonna dans ma cage thoracique en écho au sien. Sous mes doigts s’échappèrent mes chaussures, et ils vinrent se crisper sur le roulis des muscles de ses épaules. Y avait que le souffle de Nate mêlé à celui du vent qui rugissait à mes oreilles. Et son rire qui prenait toute la place.
Mes boucles s’enroulèrent autour de sa nuque sous l’effet des embruns, m’aveuglant momentanément. Et la fraîcheur inattendue de l’eau me saisit. Elle s’infiltra dans la moindre fibre de tissu, me détrempa les cheveux. Je bus la tasse à gros bouillons que j’éructais en riant. Le crâne de Nate creva la surface à son tour dont il sortit ruisselant. Une myriade gouttelettes translucides venait le parer de diamants bruts donnant un éclat sauvage à son regard malicieux.
« Tu déconnes, j’ai aucune fringue de rechange. » grognais-je avec un sourire. Je me faisais davantage l’effet d’une mauvaise imitation de sirène en essayant de limiter la casse avec son mascara dégoulinant. Fort heureusement, il était waterproof. La honte du panda au sortir du bain devant ce jeune demi-dieu me serait évitée. « T’es complètement cinglé. »
Au milieu des remous je me jetais à son cou pour le faire basculer au milieu des vagues. Évidemment vu son gabarit il se contenta de légèrement vaciller. Seules les minces couches de tissus séparaient nos deux corps, stimulant des instincts que je tentais vainement de refouler. L’un d’eux l’emporta pourtant et je me laissais aller à l’embrasser. Le faire vraiment en goûtant le salé de ses lèvres et agrippant sa ligne de mâchoire entre mes doigts. La douceur de sa langue vint rencontrer la mienne et hérissa chacun de mes nerfs. J’avais pas froid, pas faim, pas soif. J’avais Nate. Et l’adrénaline qui me bousculait les perceptions en me donnant l’impression d’être seule à deux. Ça dura le temps d’une expiration. D’un coucher de soleil. Ça dura le temps d’une infime seconde étirée jusqu’à la presque rupture.
« Tu te rends donc coupable de kidnapping et de tentative de noyade. Ça va faire lourd dans ton casier. » fis-je en m’écartant de lui. « Attends-moi deux secondes, j’vais mettre tout ça à sécher. »
Je ressortis de l’eau souplement et me défis maladroitement de mes affaires. Trois minutes plus tard je plongeais en l’éclaboussant, seulement vêtue de mes sous-vêtements d’un noir sobre sans fioritures. Dans mes prunelles les délices du jeu. Sur ma peau l’envie d’un partenaire.




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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptySam 24 Juin - 3:53

Vous savez comme, quelques fois, –lorsque vous faites du vélo et que vous dérapez sur du sable, ou lorsque vous trébuchez et dégringolez dans l'escalier – vous expérimentez ces longues, longues secondes où vous savez que vous allez être blessé, et gravement ?

Tuyo
Nate.
C'était un long frémissement de son corps balloté par l'écume et la tranquille découverte de ces grands yeux malicieux. C'était un corps qui ne frémit même pas lorsque le sien vint s'écraser contre la rempart de son torse, un regard moqueur qui vint chercher le sien et un nouveau rire naissant dans le creux de la gorge - et ça cognait fort, si fort, juste là, dans le creux du ventre. C'était un désir ardent pour une femme, cette femme, Soan, sa chieuse, sa peste, son échappatoire. Une tension retenu dans cette main qui vint se poser sur sa hanche. Une souffle suspendue. Alors que son regard vagabondait sur ces lèvres qui toujours s'agitaient en songeant, qu'il suffisait simplement...

D'un instant, d'un soupir, d'une ultime seconde, des membres emmêlés dans la plus impropre des explosions, des flancs échauffés, effleurés, et des mots qu'il n'y aurait pas besoin de prononcer. Tout deviendrait soudainement plus simple si la vie se faisait primaire, animale, décousue jusqu'à l'usure dans sa désorganisation hiérarchique. Et cette créature insolente, cette chose à la tension omniprésente, que les uns nommaient désirs, que les autres appelaient envie, se consumerait dans le creux de ses bras. Alors oui, il n'avait besoin que de ça Nate.
D'un instant figé, de la morsure de leurs baisers.

▬  Cinglé? Moi qui pensais que je m'étais transformé en génie du mal

Et s'il avait put mordre le tendre de sa chaire, si, il avait put boire au bassin de ses lèvres son insolence et ses excès alors, Soan, les mains brûlantes et les paupières passions, lui offrirait les courbes de sa nuque.  Mais il n'eut pas le temps de bouger. A peine eut-il la présence d'esprit de respirer. Parce que Soan, elle fut soudainement une invasion de chaleur, et si elle avait put lui ravir ses lèvres, il n'eut que l'impulsion de s'y accrocher un instant, une main plongés dans l'épaisseur de ses cheveux. De crainte qu'elle ne s'échappe. De crainte que d'aventure - elle ne s'en aille déjà. Mais ça le fit doucement sourire lorsqu'elle s'écarta, ça le fit tendrement frémir lorsque l'oeil faussement critique glissa sur le tissu humide qui moulait ses courbes de femmes, cette douceur, ces rondeurs qu'on caressait toujours du regard. Quel dommage en effet qu'il l'ait ainsi trempé. Encore un peu, et il aurait presque put se mettre à le regretté.

▬ Si on me pose la question j'plaiderai l'amnésie passagère.

Un sourire après, il ne bougea pas, et ce fut comme si le balancement de ses hanches tentait de lui griller les nerfs et ses paupières pourtant grandes ouvertes - et sans doute qu'il y arriverait, sans doute qu'elle y était parvenu dès le premier jour qu'ils s'étaient connu. Et il avait le soleil sur sa langue et l'ivresse qui battait entre ses côtes. Il observa Soan.  Elle l'éclaboussait à son tour, son regard aurait put retourner le monde. Elle le retournait. Il se rapprochait alors de son corps, une plaisanterie sur le bout de la langue, affichant une moue taquine. Le crépitement de ses iris éclata une dernière fois dans un millier de choc juvénile avant de s'éteindre, éphémères soudainement, se muant en un quelque chose d'autre. Un quelque chose qui vint lié ses lèvres aux siennes, dans un baiser au goût de sel, un baiser de fonte de neige. Il y avait de tout sur ses lèvres, un goût de renouveau et de reconquête, passion insoumise qui sans doute toujours brûlerait. C'était sa force. Cette dureté doucereuse qui toujours glissait, qui insidieuse s'insinuait dans les pensés, dans les songes, dans les espérances comme dans les espérance. Elle avait ce joli culot mademoiselle Barlow, elle l'avait enfouit à même la peau, à même son souffle. Une douceur de femme enfermée dans la cage de ses bras. Un battement de coeur encore et il se recula. Avec ce regard qui tentait de lui percer de crâne, de s'insinuer à même la source de ces cellules grises pour y laisser sa marque. De dire qu'il y avait une part de cette femme là qui était à lui. Juste Nate. Un désir parmi tant d'autre. Un caprice qu'il avait bien du mal à réprimer parfois. Avec elle. Avec Soan.
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MessageSujet: Re: shadows fall ▲ Sate   shadows fall ▲ Sate EmptyVen 28 Juil - 15:19

Shadows fall
Nate & Soan
YOU DON'T OWN ME

Je retrouvais dans ses yeux cette flamme doucereuse, enivrante qui se propageait au travers de chacun de ses nerfs, chacun de ses muscles. La même qui m’habitait présentement. Cet éclair d’envie me foudroya instantanément, attisant encore la luxure qui couvait entre nous. J’aimais découvrir dans ses prunelles le désir du premier jour. J’aimais y trouver le goût de la surprise. D’une presque dévotion éphémère, reflet de celle qui m’agitait souvent en sa présence. J’aimais ce besoin irrévocable contre lequel je luttais de me blottir contre lui jusqu’à ressentir la moindre de ses cellules. Chacune de ses respirations. Chacun des frémissements de son palpitant.
A moitié nue, sous la caresse de l’océan, je nageais en cercle autour de lui. A la distance idéale pour être aussi proche qu’un fantasme ballotté par le courant. Chaque vague roulant contre ma peau m’apportait une sensation de paix qui m’envahissait progressivement. La seule qui pouvait être apportée par la légèreté de l’eau nous coupant illusoirement de notre gravité terrestre. Elle amenait la sensualité. Aux caresses de mes paumes sur ses bras, puis son torse. A la chaleur de mes cuisses qui s’enroulèrent autour de ses hanches. A mes lèvres venant trouver les siennes pour s’y apposer une nouvelle fois. Marques brûlantes que même l’encre d’un tatouage ne saurait dissimuler.
Je respirais à petites bouffées le vent tiède qui mêlait merveilleusement l’amertume de l’océan et la fragrance boisée que dégageait Nate. Puis dans un ballet érotique, familier mais terriblement excitant, nos deux langues vinrent s’explorer l’une l’autre. Un bref écart de conduite qui dura l’espace de secondes quasi immobiles selon nos sens.
« Tu devrais peut-être faire pareil… » lui fis-je en tiraillant le col de son Tshirt détrempé. « Après tu vas chouiner d’être enrhumé. »
Un sous-entendu à peine voilé. J’aimais jamais plus Nate que lorsqu’il était nu. Que désarmé, dans un dépouillement total. Que désirable alors que la lumière se jouait des creux intimes de son corps, l’animant d’ombres insolentes. J’y avais longtemps promené mes doigts, mon souffle et mes lèvres. Nate avait le goût de l’eau fraîche. Comme celle qui parsemait sa tignasse de gouttes translucides.
Un éclat de rire féminin m’interrompit dans ma contemplation. Nora ? Je la voyais partout dans ces moments-là me gâchant toute seule le plaisir. Je suivis le sillon de mon compagnon au milieu des remous, la tête baissée en me mordant la lèvre. Sur la grève, la jeune femme blonde riait toujours en saccades qui ponctuaient le roulis.
Pendant qu’il entreprenait de se dévêtir je retournais à la voiture pour embarquer mes affaires et ramasser celles que j’avais semé en chemin. J’attendis de pouvoir m’asseoir dans le sable tiède pour mettre les pieds dans le plat.
« Dis, t’as eu des nouvelles de ta sœur récemment ? J’ai appris que ce crétin de Nash l’avait viré de la maison-mère. Ou qu’elle s’était tiré, j’ai pas bien saisi. » j’allumais dans un crachat d’étincelles la blonde pendue à mes lèvres avant de lui jeter un coup d’œil en biais. « Sans offense évidemment. »
Quoique… Il savait bien que j’avais du mal à supporter ses frères, même si j’avais presque révisé mon opinion sur l’aîné des Caldwell lors de notre dernière entrevue. Épisode, soit dit en passant, « oublié » d’être narré à mon amant. Parce que… parce que je voulais pas qu’il se fasse des idées ? Comme si c’était son genre. Comme si de toute façon le simple effleurement de l’idée d’un début de quelque chose entre Nash et moi n’était pas complètement impossible. Tout au mieux nous pouvions être un semblant d’amis.
Je n’avais pas d’autres barrières que celles que je m’imposais seule. L’esprit souple et le corps libre. Quelques uns, quelques unes, qui me marquaient de manière indélébile. Dont Nate.
« Tu vas prendre parti ? »
Les interactions sociales au sein de leur famille me fascinaient. Elles présentaient des schémas intemporels ponctués de constants changements. Comme un air nostalgique repris par de nouvelles voix.



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