Invité ☽ ☾
| Sujet: broken crown (caïn) Mar 27 Juin - 15:26 | |
| Elle était là. Elle avait entendu Caïn en parler. Pas à elle, à quelqu’un d’autre. Elle avait entendu Caïn dire son nom, en toutes lettres. Swann. S. W. A. N. N. Ces petites lettres, ce petit mot. Anodin et juste poétique pour les autres. Bambi, elle, elle a eu l’impression qu’un orage déchirait le ciel à ce moment-là. Elle a eu l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds et qu’un bateau tanguait dangereusement. Elle a senti un feu dévorer ses entrailles et un blizzard lui glacer les os jusqu’à la moelle. Elle avait entendu Caïn en parler et elle n’avait pas su quoi faire. Encore une fois il n’avait pas fait attention à elle. Pas volontairement. Elle était juste là, dans son coin, comme d’habitude. Courbée et muette. Deux petits yeux qui scrutent quand ils ne sont pas perdus dans le vague et deux oreilles attentives quand ils n’écoutent pas la musique de son esprit. SWANN. Ça avait claqué comme une voile qui se déplie sous un vent colérique. Elle n’avait pas su quoi faire, quoi dire. Alors elle avait attendu que les gens quittent la pièce, la laisse dans son recoin. Et elle avait continué. Dire bonjour aux clients, nettoyer la boutique, aider Madame à faire des baumes, lire ses livres d’astronomie, dessiner les tatouages de Caïn du bout des doigts. Et ça faisait trois jours que ça durait déjà. Que ça tournait dans sa tête. Que les images s’affolaient et se confondaient. Swann était-elle comme elle était il y a sept ans ? Ses cheveux avaient-ils poussé ? Ou au contraire les gardait-elle court ? Son sourire était-il toujours le même quand elle s’adressait à elle ? Chaud, réconfortant, aimant. Et ça avait tellement tourné dans sa tête que Bambi était perdue. Alors, trois jours après avoir entendu son nom, elle quitta sa chambre. De ses petits pas silencieux, elle descendit les escaliers qui mènent à la boutique et navigua entre les étagères. Comme une jolie petite marionnette, elle ouvrit la porte du bureau de Caïn sans frapper. Sans jeter un œil au client dans la pièce, elle resta silencieuse dix longues secondes, les yeux rivés sur le tatoueur. « C’est vrai que Swann est revenue ? » |
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| Sujet: Re: broken crown (caïn) Mer 5 Juil - 12:51 | |
| C’était parti d’un besoin de tout avouer, d’une conversation à la dérobée avec Madame quand il pensait que personne n’écoutait. Il avait gardé ça trop longtemps, avouant la chose qu’à Asher au détour d’une soirée trop alcoolisée. Asher. Et la culpabilité qui ronge les os, qui monte comme un serpent, sournoise. Foutue culpabilité, qu’il pensait ne jamais ressentir. Mais dans tout ça y avait Elena. Y avait Swann. Y avait Bambi. Bambi qu’il essaye de protéger, qu’il refuse d’impliquer. Il veut pas. Pas tout de suite, pas maintenant. Il a réussi à lui faire promettre à Swann, de rester loin pour le moment. Qu’il hésiterait pas à frapper, à bouffer, à cracher si elle osait tenter de s’incruster dans leur petite bulle dorée. Pourtant y avait Bambi, Bambi et ses yeux trop grands, Bambi et sa douceur perpétuelle, Bambi et le cœur qu’il sait qui se brisera quand il avouera. Parce qu’il aurait du, dès le premier soir en rentrant, au lieu de se cacher comme un lâche pour décuver son alcool dégueulasse et toute la douleur qui avait grimpé en lui. Il aurait du dès le premier soir mais il n’avait pas pu. Lâche. Tellement lâche. Quand est-ce qu’il était devenu comme ça ? Alors oui y avait eu les mots de Madame, les réconforts du bout des ongles et le sourire qui efface les peines. Y avait eu les conseils de Madame, ceux qu’il chérit plus que tout depuis qu’il est là. Madame, roc solide dans la maison, le dernier truc qui tient encore droit au Troisième Œil, c’est ce qu’il se dit parfois. Et ça tourne dans ça tête. Même aujourd’hui, alors qu’il tente lamentablement de tirer les cartes à une grand-mère qui essaye de savoir si son chien survivra à sa rage de dent. Il bafouille, il bredouille, la fatigue sur le visage et les rides qui doivent sans doute commencer à apparaitre. Il se foutrait de sa gueule Merle, disant à quel point il est vieux, trop vieux. 32 ans pourtant, c’est la moitié d’une vie, c’est pas grand-chose, c’est tout petit. Mais y a le temps qui a déjà fait trop de ravage, le temps qui se montre jamais vraiment clément. Et soudain y a la porte qui s’ouvre, tornade imprévue, Caïn qui ouvre la bouche pour insulter le premier venu et les mots qui meurent dans sa gorge quand il découvre Bambi. Elle sait. Pas besoin d’être devin, après tout il la connait sur le bout des doigts, et y a ce truc dans son regard qui ne trompe pas. Elle sait. Et soudain y a tout qui se met à aller trop vite, le souffle qui lui manque, la panique qui l’enveloppe. Non, non, non. Pas comme ça qu’il voudrait hurler. C’est vrai que Swann est revenue ? Ah Bambi, petite biche qui a appris à parler, elle montre les crocs le faon, et alors qu’il devrait être heureux de la voir prendre des initiatives, aujourd’hui il n’arrive pas à s’en réjouir. « Je suis désolé Madame Jackson…C’est une urgence. Revenez demain, même heure, la séance sera gratuite. N’hésitez pas à passer voir Robin à l’accueil pour un dédommagement » Et sans attendre il aide la vieille dame à sortir du bureau, refermant la porte derrière elle sans doute un peu trop fort. Il s’adosse à cette foutue porte, le regard qui se pose sur Bambi, sur son visage de poupée. Tellement différente de Swann, et pourtant il arrive à voir la ressemblance dans certains traits. Et ça fait mal. Parce que ça lui rappelle constamment ce qui lui a été arraché et ce qu’il lui a arraché. « Oui c’est vrai » il ne demande même pas comment elle a su, sans doute que les mots ont été transporté, sans doute qu’elle a écouté. Il la sous-estime encore trop souvent, Bambi fantôme, celle qui se colle aux murs et qui se fond dans le décor. « Je crois. » Parce qu’au fond ptêtre qu’il en est pas sur. Pas certain encore, de cette illusion dégueulasse, de ce tour joué par l’alcool et le trop plein de nicotine.
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